Le con, la brute et le truand...
Sélenne
Ce connard m’a suivi jusqu’au bar. Un dur à la compréhension. Je lui ai pourtant bien expliqué !
Je lui ai dit gentiment « Non Merci ! », sous-titré « Va te faire voir ! »
Il me colle au train. Littéralement. Je pose mon plateau rempli de verres vides et commence à débiter la liste de mes commandes. Pourtant ce n'est pas le moment pour une prise de tête. Mes nerfs sont tendus à craquer. Je n'ai pas réussi à joindre mon frère de la journée, donc entre lui qui est aux abonnés absents et Richard le Connard avec un grand C, j’ai un peu de mal à garder le sourire. Au lieu de me soutenir, il m'enfonce et se sert de la situation pour essayer de me manipuler et me forcer à coucher avec lui. Et pour couronner le tout, je doute de ma décision de séduire Anton. Quel chef mafieux se laisserait tourner la tête par une paire de seins ? Aucune idée mais j’ai de plus en plus de mal de me convaincre que ma stratégie sera payante.
— Hé, Salope, ne me tourne pas le dos !
Je sens une poigne dans mes cheveux. Il tire dessus et se plaque contre mes fesses. Il bande en plus. Beurk !
– Aie !
Je ne peux pas m’empêcher de crier. J’arrive à me retourner, mais il m’agrippe et se jette sur ma bouche. Je me débats et il me mord méchamment la lèvre.
Ça suffit ! Je lui mets un coup de genou où je pense et il se plie en deux. Ce bâtard me lâche et s’accroche d’une main au comptoir.
— Pétasse ! Pourquoi tu as fait ça ? crie-t-il d’une voix aiguë.
Je vais lui répondre quand une ombre tombe sur nous. Nous sommes entourés par Anton et ses hommes. Youri fait une clé de bras à mon client et lui colle fort sa main restée libre jusque-là sur le rebord du bar.
— Hé ! Arrêtez ! Vous n’avez pas le droit.
Il commence à paniquer quand il reconnaît ses agresseurs. Youri annonce, avec un sourire sadique :
— On a tous les droits ici. Par contre toi tu connais les règles. Si la petite demoiselle repousse tes propositions, elle en a la possibilité. Les danseuses sont là pour baiser, les serveuses peuvent refuser qui elles veulent.
— Elle m’a allumé, c’est sa faute.
— Je n’ai rien fait, Connard ! Si tu ne penses qu’avec ta queue, c’est bien dommage pour toi, je réponds, énervée en avançant vers lui, la main levée. Tu vas voir, si je t’ai excité, moi...
Je suis interceptée par Anton, qui est resté muet jusque-là. Il m’attrape le menton et le dirige vers la lumière. Ma lèvre inférieure saigne un peu et me lance. Le pouce d’Anton vient doucement frotter ma blessure. Son visage est inexpressif, je ne sais pas à quoi il réfléchit, mais je ne voudrais pas être dans son collimateur à l’instant.
Et la suite me donne raison. Le regard du Russe me quitte et passe au-dessus de moi. Je l’entends aboyer — oui, c’est le bon terme — un ordre dans sa langue et de suite crier mon agresseur.
— Mais...
— Non, s’il vous plaît ! Pitié !
Nous parlons en même temps. Je sens que je vais tourner de l’œil. Youri a plaqué un couteau sorti de nulle part sur le petit doigt du « con ».
— On ne touche pas à ce qui m’appartient, la voix d’Anton, glaciale, résonne près de mon oreille.
Comment ça, ce qui lui appartient ? Ah oui, moi. Va falloir vraiment mettre les choses au point avec lui. Je ne suis pas un objet. Mais bon là, pas le temps.
Que faire ? Bien que ce connard se croit tout permis, et là je parle de mon « Edward aux mains baladeuses », il mérite cette situation. Si mon coup de genou ne lui avait pas suffi, je pouvais encore me débrouiller pour lui faire ravaler ses dents. Pas besoin de chevaliers servant pour me défendre... enfin défendre leur territoire en montrant les dents et jouer à pisser plus haut qu’un autre je devrais dire.
Mais qu’on lui coupe un doigt, c’est plutôt extrême comme solution. En plus, beurk !
Je me retourne vers Anton et lui fais mon regard de biche. Les yeux mouillés, cachés à moitié derrière mes cils, je lui fais ma moue de petite fille triste. Ma lèvre blessée pourra finalement être utile.
— S’il vous plaît, non ! Ne lui faites pas ça.
— Il mérite ce qui lui arrive, réplique-t-il sans le quitter de ses pupilles bleu clair.
Il est furieux. Je sens presque des ondes de colère se diffuser. Je dois désamorcer cette situation sinon ça va mal finir.
— Oui, je suis d’accord.
Il détourne le regard de ce minable et lève un sourcil pour saluer ma contradiction.
— Mais, si vous lui coupez le doigt, il y aura du sang partout. Et j’aurai des problèmes avec le barman, moi ! Il va penser que c’est de ma faute cette histoire.
Je fais un geste de la tête pour le désigner. Le pauvre ! Il se tient coi derrière son comptoir et me dévisage comme si j’étais folle. Normal, je viens de le mêler à une affaire dangereuse.
— Vous voyez, je reprends, le sang, c’est difficile à nettoyer. Ça coule partout, ça colle. En plus si les services d’hygiène débarquent, on pourrait avoir des problèmes. Ils voudront fermer l’établissement. Donc, ne lui faites pas de mal. Pour le barman, pour moi.
J’essaie l’humour en espérant le détendre suffisamment pour empêcher que la situation n’empire. Je m’accroche à son revers et lui refais le coup de la lèvre tremblante. Il soupire et dit quelque chose dans sa langue à Youri.
J’entends l’autre crier et je me détourne en sursautant.
— Mais ? ...
— Ne t’inquiète pas, Douchka. (Trad : poupée) Ce n’est que cassé, me dit l’homme de main en souriant à pleines dents.
Il aime son job lui, il me fait assez flipper.
— Faudrait remercier la petite dame, tu ne penses pas ? apostrophe-t-il le pleurnicheur de service.
Il est vraiment pathétique et le prouve en me débitant à toute vitesse :
– Merci, merci, je ne recommencerai plus...
Je n’y crois pas une seconde et donc je ne l’écoute déjà plus. Je défroisse la veste d’Anton que j’avais mise à mal. Ce geste m’apaise et calme les palpitations de mon cœur.
Mon Russe me prend la main, sans un mot, m’entraîne vers une table au fond de la salle. Il attrape un verre abandonné et se dirige vers une porte marquée « Privé ». Un de ses hommes nous précède et lui ouvre.
Il me tire derrière lui et me fait monter un escalier. L’étage est pour moi un lieu inconnu. Depuis mon arrivée, on m’a toujours bien fait comprendre que c’était zone interdite. Je vais finalement visiter le Saint des Saints. Les appartements du Boss.
Atteignant le haut des marches, nous entrons dans un loft moderne. Pour ce que j’en vois du moins. Anton n’allume pas. Seuls les rayons de la lune et des lumières de la ville éclairent doucement les meubles. Tout y est mi-gris mi-ombre. Il s’avance au milieu de la partie salon et me lâche la main.
Je dois récupérer le contrôle de la situation sinon mon « truand » en costume Armani se fera un plaisir de croire qu’il peut me manipuler et me posséder.
Si je veux le séduire, c’est le moment. Pour garder un tant soit peu la situation en main, je vais devoir passer à la casserole et y mettre du mien pour qu’il soit envoûté. Être forcée ne me plaît pas mais si j’arrive à le séduire, je ne coucherai qu’avec lui, pas avec ses hommes. Je peux le supporter, pas eux.
Donc, avant qu’il n’esquisse un geste, je me rapproche et colle mon corps au sien. Je lui subtilise son verre, bois une gorgée pour me remettre de mes émotions et le dépose sur une table basse. Je reviens lentement vers lui. Je le regarde et effleure son bras. Je me prends au jeu et commence à tourner autour de lui.
Anton ne dit rien, observant et choisissant délibérément de me laisser faire.
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