Fin de nuit.
Sélenne
Je suis toujours dans le noir.
Anton est près de moi. Il est essoufflé et tendu.
Mais je le sens prêt à tenir encore longtemps à ne pas prendre son plaisir. Il est têtu, buté, je devrais dire.
Il veut continuer à me torturer. Il n'est que touches délicates, effleurements discrets. De l'extrémité de ses doigts il parcourt mon corps, dans mes cheveux, autour de mes joues, dans le relief de mes oreilles. On pourrait penser que c'est lui qui est aveugle et qu'il cherche à découvrir mes traits. Il me masse les épaules et part le long de me bras. Ses doigts me touchent légers comme une plume. Ils remontent vers le pli du coude, me chatouillent presque. La limite est fragile entre le rire et le manque. Je voudrais qu'il y aille plus fort.
Il aime me rendre accro. Il rejoint mes poignets, liés par sa cravate, masse mes paumes et mes doigts et refait le chemin inverse. Quand il atteint mes clavicules, je perçois sa bouche qui prend le relais. Il recommence le même parcours.
Un bras après l'autre. Il est d'une patience infinie. Sa langue me taquine de temps à autre. J'essaie de ne pas le supplier d'accélérer ou d'arrêter son petit jeu. Je veux tout connaître avec lui, même si c'est de la frustration.
Après une éternité, il s'occupe de mes mains. Il les lèche, l'une après l'autre, suce mes doigts, chacun à leur tour. Je me contracte, me tend et me tord. Je ne savais que je pouvais être sensible à ces endroits-là. Mon cœur est fou, battant la chamade, à un rythme trop élevé pour être raisonnable.
Mon tortionnaire se replace au-dessus de moi. Je le perçois à travers la soie de mon bandeau comme une ombre à contre-jour, il me respire, me goûte.
Il a dû décider que pas un centimètre carré de mon corps ne lui échapperait, ne lui resterait inconnu. Ses mains sur mes flancs me retiennent et m'empêchent de bouger. Il les caresse d'un geste qui se veut apaisant.
Il s'éloigne d'un coup, sans dire un mot.
Je suis perdue.
Où est-il ? Que fait-il ? Pourquoi m'abandonner ?
J'ai besoin de lui, de sa présence mâle au-dessus de moi, sur moi.
Je me retiens, je ne dirai rien. Je dois avoir confiance. Il ne va pas me laisser dans cet état fébrile et d'intense frustration.
Il reviendra, cette certitude s’impose à moi comme un éclair.
J'écoute. Un bruissement, du tissu qui se froisse. Il se déshabille ?
Mhh...
Il revient, s'agenouille à mon côté.
Rien.
Toujours rien.
Mes muscles raidis par l'attente, je commence à trembler.
Je tente un mantra en silence pour m'apaiser.
Arrête, calme-toi, respire lentement. Voilà, profondément.
J'écoute mon cœur battre, son ralentissement se fait de façon perceptible. Anton me laisse le temps de me détendre. Je peux être certaine qu'il est tendu mais déterminé à prendre toutes les mesures pour me donner du plaisir.
Si pour cela, il doit mettre son désir de côté, il le fera.
La musique d'ambiance asiatique et lancinante me se rappelle à moi, mon audition refonctionne. Je peux à nouveau me prêter aux détails. Mon amant, sentant mon état d'esprit plus serein, se remet en mouvement et je le sens passer sa main par-dessus ma peau enflammée et frémissante. Je me languis de son toucher et j'ai hâte de connaître la prochaine zone de mon corps qu'il prendra pour cible.
Soudain, je sursaute. Une goutte glacée est tombée sur mon ventre. Je le rentre, mes muscles se tétanisent. Mon souffle se bloque.
— Oh...
— Chut..., exige-t-il.
Et de nouveau le froid m'envahit. Cette fois, il me touche avec ce qui me semble être quelque chose de froid, dur, mouillé au niveau de mon nombril. On dirait que je brûle, que je me glace, c'est douloureux et en même temps délicieux. Son souffle me réchauffe et sa langue vient récupérer l'eau dans le creux au milieu de mon corps.
— C'est froid...
Il s'agit d'un glaçon, ça ne peut-être que ça. Il trace des formes étranges et fantasques sur ma peau. Il évite la brûlure en restant juste assez longtemps pour me faire frémir et apaise mes frissons de sa bouche et de sa langue. Il me rend folle sans atteindre une fois encore mes zones plus critiques. Comme si, en les évitant il ne faisait qu'augmenter mon envie de le sentir. Il fait mine de descendre vers mon volcan miniature. Je suis au bord de l'explosion, de l'éruption. J'écarte les jambes pour lui montrer le chemin. Je prie pour qu'il arrête les tortures et qu'il transforme ses promesses en actes. Je gémis, mes hanches se balancent d'elles-mêmes. Anton laisse planer le doute en contournant mon entrejambe. De rage, je lui balancerai bien mon genou si je ne savais pas ce qui risquait d'arriver en représailles de mon geste. Ou plutôt ce qui ne se passerait pas.
En désespoir de cause, je gémis son nom. La dernière fois, le procédé a fonctionné. Je me suis soumise et il m'a fait jouir.
Et ça marche !
Il retourne vers mon centre de gravité et glisse le glaçon à moitié fondu sur cette chaire chaude et brûlante comme la lave. Ma respiration se coupe, reprend de plus belle, des spasmes me font frémir. Mon bas-ventre est en feu, se contracte. J'ai mal du besoin que j’ai de lui. Sa bouche vient vite remplacer cette brûlure. Je ne tiens pas et me déhanche. J'arrive à passer une jambe sur une épaule et le pousse plus près de moi. Sa langue est divine mais j'en veux plus. Je le veux, lui. En moi.
Maintenant.
— Anton, viens. S'il te plaît, tout de suite. Je veux te sentir au fond de moi.
Il se décolle de moi vivement. Le bruit d'une ceinture qui s'ouvre parvient jusqu’à mes oreilles bourdonnantes. Il y a des mouvements, le matelas s'affaisse, je roule de gauche à droite, un bruit de plastique déchiré. Il doit être en train de mettre un préservatif. Puis ses mains sur mes hanches me préviennent de son retour. Juste comme je sens qu'il va me pénétrer, il s'arrête.
Je hurlerai bien ma déception, lui donnerai des coups si...
Sa main me caresse la joue et coupe mes pensées assassines. Il me retire le bandeau, je cligne des yeux pour me réhabituer à la lumière de la chambre.
— Je veux te regarder dans les yeux quand je te prends et te voir jouir, me dit-il.
Son visage est figé, dur. Il se retient de me sauter. Il veut un partage. Je peux lui donner ce qu'il souhaite. Je le parcours des yeux, il est nu, en sueur, les muscles bandés, son sexe prêt à me prendre. Je remonte vers son visage et ancre mon regard dans le sien. Je lui souris et lui dit :
— Alors, viens, jouons.
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Merci encore de me lire. N'hésitez surtout pas de donner votre avis et de commenter.
C'est grâce à ça que je pourrais m'améliorer et aussi peut-être avoir qui sait de nouvelles idées. ;-)
Bisous à tous.
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