Clash.
Anton.
Je suis assis dans mon bureau, l'après-midi vient de commencer. Il fait calme. Je me sens calme, serein.
Depuis cette nuit, j'ai une étrange impression, un sentiment de clarté et de contentement. Sélenne est partie en me disant qu'elle revenait ce soir.
Que je ne sois pas obligé de lui soutirer une promesse de retour, qu'elle le propose d'elle-même est pour moi le signe d'un changement.
En bien.
Je n'ai pas l'habitude de prendre en compte les sentiments de ma partenaire. Mais ici, je sens que nous ne faisons pas qu'échanger du sexe. L'avoir dans mon lit ne me suffit plus, je veux qu'elle me parle, me raconte sa vie et ses sentiments. Je sais qu'elle ne m'apprécie pas autant que je le voudrais.
Normal.
On n'oblige pas à aimer, on ne force pas les sentiments. Surtout avec du chantage, de la peur et de la contrainte.
Cette poursuite, excitante et addictive pour remporter sa loyauté et son affection sera mon plus beau trophée. Sélenne n'a pas froid aux yeux, elle a du cran. Ce n'est pas une petite innocente perdue dans un monde impitoyable.
Elle fait face à l'adversité, moi en l'occurrence, avec courage, surmontant ses peurs et ses angoisses sans les montrer. Elle a même suffisamment de caractère pour me dire ses vérités et ses colères. Personne ne s'est permis de me tenir tête comme elle. Youri ne compte pas, tel un frère, il a toujours été près de moi. Les femmes qui ont pour un temps partagé ma vie, étaient soumises, peureuses ou vénales. A chercher l'argent ou la reconnaissance. Ma rousse est tout le contraire, ne voulant rien, ne me réclamant rien.
J'ai cru un instant qu'elle serait assez forte pour repousser le plaisir que je lui offrais. Mais chanceux que je suis, elle a accepté le seul cadeau qui a le plus de valeur pour moi. Elle pourrait me faire regretter mon comportement.
Presque. Comment en déplorer les conséquences ?
Si je ne l'avais pas voulu dans mon lit pour me rembourser sa dette, nous n'aurions jamais partagé ces moments hors du temps.
En plus mon sentiment de possessivité s’est accru. J’ai la rage rien qu’au souvenir des traces bleues sur son cou. La couleur de sa peau assombrie et enlaidie par les doigts de ce chien de flic. Et sa joue n’est pas mieux.
Sélenne a résisté, n’a pas voulu me parler ni accuser ce salopard. Elle ne veut pas avoir sa mort sur la conscience. Je peux le comprendre, mais je ne le cautionne pas. Il a porté la main sur elle et il le regrettera. Je peux être très patient. Dès qu’il fera la connerie de se pointer sur mon territoire, il apprendra ce que ressent celui qui est en position de faiblesse. Je ne suis pas certain de laisser Youri s’en charger. J’ai bien envie de lui donner une leçon moi-même. Mes poings se serrent à l’avance. Oui… Quel pied ce sera de lui faire mordre la poussière.
∞
La sonnerie de mon téléphone brise le silence bienfaisant, m’expulsant de mes pensées de façon abrupte.
Sur l'écran apparaît le numéro d'Helena.
Tiens, qui voilà ? Je laisse passer quelques instants avant de décrocher. C'est toujours bien de mettre la pression dès le début d'une conversation.
— Da !, dis-je sans autre précision.
— Anton, c'est Elias.
La voix d'Elias est claire, dépourvue de peur ou de nervosité. Ça ne m'étonne pas outre mesure, ce mec a des couilles en béton armé et le prouve en prenant les devants avec cet appel.
— Mon comptable préféré. Comment vas-tu, espèce de sale voleur.
Il y a un blanc. J'entends un bruit de fond. On dirait qu'il est en voiture.
Il me contacte en continuant de cavaler. Il ne veut pas laisser de traces et être trop facilement repérable. Il est malin. Je n'engage que les plus intelligents et celui-ci m'a toujours paru être d'un niveau supérieur. Il ne se laissera pas attraper facilement.
Pour preuve, mes hommes n'ont pas encore mis la main sur eux. Il faut l’appâter par la ruse. Il doit revenir de sa propre initiative.
Un soupir se fait entendre.
— Je ne suis pas un voleur. Il y a eu un... comment dire un concours de circonstances, qui a voulu que... soyons francs, Helena a un besoin vital d'argent.
— Et toi, pour ses beaux yeux ou plutôt pour son cul, tu t'es servi dans la caisse, Pizdec !
— Non, elle est venue te voir pour t'en parler vendredi matin. Elle voulait te demander de l'aide. Tu n'étais pas dans ton bureau à ce moment-là. Moi oui, je terminais les comptes de la nuit. Et... elle m'a braqué.
— Quoi ? Tu te fous de ma gueule ! Helena ne ferait pas de mal à une mouche, tu me prends pour un imbécile.
— Je sais, enfin je le sais maintenant, me fait-il en soupirant et en insistant sur le dernier mot.
Il continue sur sa lancée, nettement embarrassé :
— Je ne pouvais pas le deviner avec un flingue pointé sous le nez. Elle était paniquée et je la voyais bien me descendre dans l'affolement. Elle a trouvé des menottes sur un meuble et m'a attaché comme je ne voulais pas donner le code de la mallette. Elle m'a embarqué avec elle et je l'ai laissé faire, ne voulant pas me prendre une balle. Nous sommes partis assez vite. Je ne suis pas un voleur. Elle non plus. Elle s'est affolée et a merdé dans les grandes largeurs.
J'entends vaguement des mots en sourdine, mon ex a l'air de ne pas être d'accord avec son analyse. Elias reprend :
— Je ne veux pas, Nous ne voulons pas de problème avec vous. Sa sœur à maille à partir avec des Mexicains. Ils veulent l'argent, sinon ils utiliseront la fille pour récupérer la somme. On peut trouver une solution pour l'aider mais si je reviens rendre l'argent... Chut, tais-toi ! Je voudrais avoir la certitude qu'il n'y aura pas de représailles.
Il a des difficultés à museler Helena pendant qu'il me parle, si la situation n'était pas si merdique je le plaindrais presque de l'avoir sur le dos. Mais elle m’apporte encore plus de problèmes avec son histoire. Les Mexicains sont partout, dès que je tourne le regard dans une direction, ils sont présents. De vrais parasites. Comme si j’avais besoin de ça en ce moment !
— Tu te fous de qui là, Elias ! Pas de représailles ? Toi ou elle, je m'en fous de qui est responsable, vous m'avez pris plus que de l'argent. Vous m'avez fait perdre la face. Quand vous serez devant moi, de retour de gré ou de force, je vous le ferai payer. Bordel ! Son problème familial, je m'en tamponne. Si elle voulait du fric, elle n'avait qu'à me demander un prêt, maintenant c'est trop tard pour les regrets !
Je commence à m'énerver. Je suis obligé de sévir sinon mes hommes, mes alliés ainsi que mes ennemis verront dans ce manquement une marque de faiblesse.
Je ne peux pas paraître modéré. J'ai une réputation à tenir, je ne suis ni médiocre ni flexible.
— Alors, nous ne reviendrons pas de nous-même, me répond-il.
— Si je dois faire retourner les Etats-Unis pour vous retrouver, je le ferai.
Puis pour appuyer ces menaces, j'utilise mon argument de choc à contrecœur.
—ET, plus ça prendra du temps, plus je profiterai de ta sœur donc...
— Ne mêlez pas Sélenne à ça. Elle n'y est pour rien.
Elias ne sait pas que je bluffe et ça s'entend dans le ton de sa voix. Il est tendu, nerveux maintenant. Mais je le veux en rage, hors de lui, pour qu'il fasse la connerie de revenir chercher sa sœur.
Je m'adosse plus confortablement au dossier de mon fauteuil et je le fais tourner pour avoir une meilleure vue sur le miroir sans tain qui surplombe l'Envie et la Luxure. Je ricane et lui souffle :
— Tout l'argent que tu me dois, elle le paie en nature et je peux te dire que ta sœur est la meilleure pour rembourser. Elle a un don pour écarter les cuisses et sa bouche fait des merveilles. Une vraie souka
.
Je me dégoute en lui parlant d'elle en ces termes. C'est comme si je dénigrais, j'entachais les instants passés ensemble par la laideur de mon monde.
J'entends Elias qui reprend son souffle et m'insulte copieusement :
—Bâtard, fils de garce, pourriture, …
BANG !!!
*.*.*
Hello, voici une traduction des mots en russe introduit dans le texte, désolée, ce sont des insultes
Pizdec = putain
Souka : une fille qui est très ouverte aux autres, si vous voyez ce que je veux dire (et ne se fait pas payer pour autant).
Dermo : merde.
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