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Prologue : A feu et à sang

BONJOUR TOUT LE MONDE 

Bienvenu.e.s donc dans cette nouvelle fanfiction ! Merci pour vos réactions au topos et votre confiance et votre fidélité : vous êtes des lecteur.ice.s extras <3 

Avant de rencontrer Charlie, je vous propose donc un petit prologue. J'ai hésité à céder et vous le poster avant, mais j'ai eu un ... problème (j'ai fait une connerie et mon meilleur chapitre ainsi que ce prologue se sont effacés de mon document ... Il a eu des larmes et de la rage mais tout est en train de retourner à la normale). Bref, avec cet incident j'ai pris un peu de retard sur mon planning mais rien de dramatique ! (OK peut-être que sur le coup c'était le drama). 

Pour la citation : le seul, l'unique, le merveilleux Jean-Jacques Goldman et ses paroles qui sont toujours d'une grande justesse. Pour ceux qui ne connaissent pas je vous invite à aller écouter cette chanson ! 

***

« Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d'une foi, d'une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens,
De trahir, tendre une main ? »

- Né en 17 à Leidenstadt,
Goldman-Fredericks-Jones

***

Prologue : A feu et à sang

Belfast, 17 février 1978

Nolan O'Neil se réveilla en sursaut face au son caractéristique d'une explosion. Ses yeux s'ouvrirent sur le plafond lézardé de fissure, fixes, alertes, avant qu'une nouvelle secousse ne le force à se redresser brusquement. A l'aveugle, il attrapa la baguette qui ne quittait jamais sa table de nuit et se dépêcha vers la fenêtre, la respiration sifflante. Il tira quelque peu le rideau pour avoir une vue sur la rue que bordait son immeuble miteux de Belfast. Il entrebâilla légèrement sa fenêtre pour percevoir des fracas lointains, des cris, une agitation caractéristique qui faisait partie du paysage de la ville. Nolan consulta sa montre, mortifié. Vingt et une heure. Il s'était endormi dès qu'il était rentré de son travail à une serre de Champifleur, éreinté. Une heure de quiétude avant que le monde ne sombre à nouveau.

Depuis quelques années, Nolan ne dormait que sur une oreille, réveillé par le moindre soubresaut. Il fallait dire que Belfast devait être l'un des lieux les plus dangereux de Grande-Bretagne, depuis quelques temps. Côté moldu, l'IRA faisait des ravages et les rixes entre catholiques et protestants avaient forcé la commune à ériger des murs dignes de celui de Berlin mais qui portait le nom de « la paix ». C'était navrant pour Nolan de constater que seuls les murs pouvaient sauvegarder la paix ... Mais le pire était sans doute côté sorcier avec les sbires du Seigneur des Ténèbres qui profitaient du chaos dans lequel était plongé l'Irlande-du-Nord pour camoufler leurs propres carnages et envenimer une situation déjà plus que critique côté moldu pour faire imploser le gouvernement du Royaume-Uni. Attaquée de toutes part, Belfast était déjà à feu et à sang.

On finissait par s'y habituer. A ces murs qui étaient tout sauf celui de la paix, aux disparitions et morts qui s'étalaient dans les dernières pages de La Gazette. C'était quotidien, ça s'était insinué dans leurs vies comme un poison qui les consumait lentement, sans réellement se manifester mais qui éteignait progressivement leur feu intérieur. La révolte et l'horreur avait fini par se muer en résignation. Des gens mourraient tous les jours sous les feux des bombes et de la magie : qu'est-ce qu'un pauvre cueilleur de Champifleur pouvait y faire ?

Des cris se firent entendre dans la rue et Nolan se pencha sur l'entrebâillement de la fenêtre, affolé.

-L'IRA ! hurlait quelqu'un plus bas. C'est encore l'IRA, l'hôtel brûle !

L'hôtel ? s'étonna Nolan, le cœur battant à tout rompre. Malgré l'effroi qui paralysait ses membres, il écarta plus franchement son rideau pour voir des éclats orangés dans le ciel noir de février. Son cœur tomba dans sa poitrine. Le La Mon House Hôtel était le cœur vibrant de ce quartier ... Quitte à savoir si c'était l'IRA le responsable du brasier, Nolan ne préférait pas s'avancer et resta planté derrière sa fenêtre, le cœur battant la chamade. De son expérience dans la capitale, il savait très bien que l'IRA pouvait cacher les Mangemorts autant que l'inverse. Et son instinct ne fut pas contredit : après quelques minutes où l'affolement et les fracas lointains semblaient s'apaiser, le quartier fut brusquement éclairé d'une lumière verte et malsaine. Epouvanté, Nolan lâcha le rideau et recula de quelques pas.

La Marque des Ténèbres.

Il était habitué à sa forme de tête de mort avec ce serpent qui sortait de sa bouche, mais uniquement pour l'avoir vue dans les journaux. Peut-être avait-il déjà vu son éclat briller au-dessus de Belfast ... mais jamais d'aussi près. En un éclair, il se souvint des directives du Ministère étalé sur du papier glacé violet. Ne pas entrer. Prévenir les Aurors. Rester calme. Dehors, les moldus avaient poussé des cris à la fois émerveillés et inquiets face à la Marque qui emplissait à présent leur ciel :

-Chérie, tu vois ça ? Qu'est-ce que c'est ?

-De très mauvais goût ! Franchement, c'est déjà assez que l'hôtel brûle ...

-Viens, on va voir si on peut aider ...

Horrifié parce qu'il venait d'entendre, Nolan s'avança de nouveau à sa fenêtre et tira son rideau pour apercevoir la rue. Des moldus commençaient à sortir de leur maison, curieux, intrigués ou simplement soucieux d'apporter leur aide aux victimes. Le sang de Nolan se glaça dans ses veines lorsqu'il se souvint d'un incident, à Manchester, où les Mangemorts avaient provoqué une première explosion avant de se déchaîner sur la foule agglutinée pour sortir les survivants des décombres. Il observa la longue procession qui se formait dans la rue, baignées dans les lumières vertes et orangées, terrifié par la perspective de les rejoindre comme par celle qui pouvait les attendre. Après quelques secondes d'une hésitation affreuse, il finit par trancher et mit ses chaussures d'un geste maladroit avant de transplaner dans la foule devant le La Mon House Hôtel. Les moldus, le regard rivé sur les flammes et les dégâts infligés par les explosions, n'avaient pas remarqué l'arrivée d'un sorcier parmi eux. Nolan prit le temps d'observer lui aussi les lieux, absolument mortifié. La bâtisse avait pourtant été si belle ... la façade blanche, presque royale, seulement deux étages mais le tout s'étalait sur une grande surface. A présent, le toit avait été soufflé par l'explosion et le coin visible à gauche était complétement éventré, comme si un géant l'avait arraché. C'était là que les flammes s'étaient déchainées : elles grignotaient les restes de charpentes et prenaient chaque seconde plus d'ampleur. Au-dessus de ce tableau déjà insoutenable, la Marque des Ténèbres semblait rire du chaos qu'elle avait généré. Les moldus poussaient des cris et des gémissements d'horreur face au spectacle :

-Quelqu'un a appelé les pompiers ? La police ?

-Non, c'est l'armée qu'il faut appeler !

Il ne manquerait plus que ça, songea Nolan, paniqué. Sans attendre, il empoigna plus fermement sa baguette et la pointa sur la bâtisse en ruine devant lui.

-Repello moldum !

Un éclair blanc jaillit de sa pointe et alla frapper l'hôtel pour l'envelopper dans une toile d'araignée argenté. Quand la magie s'effaça physiquement, Nolan la sentir agir invisiblement : soudainement, les moldus autour de lui se souvinrent un rendez-vous important – sans se soucier de l'heure tardive ... – ou que leur émission de télévision préférée commençait dans quelques minutes. Rassuré, il observa les gens autour de lui faire volte-face et la foule se clairsemer. Mais son soulagement ne fut que de courte durée : brusquement, il se retrouva agripper par le col, nez à nez avec un homme au visage déformé par la fureur, à la mâchoire carrée et aux yeux verts. Pire que tout, il pointait sur Nolan une baguette qu'il enfonçait puissamment sous son menton. Terrifié, le cueilleur de Champifleur faillit lâcher la sienne. Son cerveau paralysé par la peur ne songea même pas à invoquer un quelconque maléfice.

-Pitié ! glapit-t-il.

-Qu'est-ce que vous foutez là ? Les moldus auraient pu vous voir faire de la magie, sombre idiot !

Malgré lui, Nolan fut soulagé malgré le ton irrité de l'homme. Un Mangemort ne s'inquiéterait pas d'être découvert par les moldus ... Malgré tout, la prise sur lui ne se relâcha pas et il enfonça même de façon douloureuse sa baguette dans la peau tendre.

-Votre nom ! aboya-t-il, le regard flamboyant.

-O'Neil, Nolan O'Neil ! Désolé je voulais ... juste éviter Manchester. Repousser les moldus ...

Les yeux de l'homme se plissèrent. Avec la lumière de la Marque qui baignait l'espace et son visage, ses yeux étaient d'un vert éclatant, surréaliste et son visage découpé par des ombres inquiétantes. Sa suspicion finit par se faire agiter Nolan et il ajouta précipitamment :

-Il faut appeler les Aurors, vite !

-Je suis Auror, crétin.

Enfin, il le lâcha et Nolan recula d'un pas chancelant, une main glissée dans son cou meurtri. Il passa la main dans sa cape pour en ressortir un badge muni d'une plaque métallique dans laquelle se refléta la lumière verte en un éclat. Nolan eut juste le temps de percevoir le sceau du Ministère et le nom d'Aloyssius avant qu'il ne le remballe.

-Vous avez de la chance, O'Neil, grogna l'Auror, contrarié. Les Mangemorts ont fichu le camp avant notre arrivée ...

-Il y a ... je veux dire ... des gens sont ... ?

Son regard coula sur l'angle éventré, les flammes vrombissantes et les débris sur le jardin autrefois impeccable et Aloyssius parut comprendre. Il observa lui aussi le spectacle et Nolan vit son expression s'adoucir, se teinter d'une certaine détresse que provoquait les drames.

-Oui ... malheureusement, oui ... Mes collègues sont en train de rassembler les survivants et des Oubliators sont en route ...

Il frotta sa large mâchoire imberbe avant que son regard ne se fige à nouveau pour se darder sur Nolan, courroucé.

-Et on n'a pas besoin de vous dans nos pattes. Rentrez chez vous, O'Neil.

Nolan ne comptait de toute manière pas faire autre chose. Il avait déjà été au bout des limites de son courage pour disperser la foule des moldus. Son devoir de citoyen. Son devoir de membre de l'espèce humaine. Epuisé par toutes ses émotions, il hocha la tête sans protester et Aloyssius le salua sèchement avant de se retourner vers l'hôtel en flamme. Nolan se détourna, le cœur toujours battant, une pensée diffuse pour les victimes, avec l'impression que son monde était devenu vert et orange. Que pouvait-il faire de plus ? L'horreur faisait à présent parti prégnante de sa vie. Les morts, encore et toujours, s'étalant fièrement en Une de tous les journaux et chaque fois tout le monde détournait le regard. Au moins cette fois, Nolan avait agi, même si ce n'était qu'une petite action, infime, moins d'une goutte d'eau dans l'océan. Mais il n'avait pas détourné le regard.

Satisfait de lui-même, il s'apprêtait à repartir lorsque le vent apporta avec lui un cri qui le figea net. Persuadé que c'était son imagination, son espoir de voir la vie jaillir de ce chaos qui jetait des illusions dans son esprit, il ne réagit pas tout de suite. Puis de nouveau cri, lointains, indistinct, lui heurtèrent les tympans et il se résolut à se retourner vivement vers la bâtisse.

-Vous avez entendu ?

Mais l'Auror avait disparu. Pas les cris. C'était couvert par le vrombissement des flammes mais Nolan les entendait, ne les rêvait pas. Et surtout, la voix qui les portait éteignit en lui toute hésitation, toute horreur et il se mit à courir le long de l'hôtel en ruine et en flamme pour percevoir la provenance.

Non. S'il y avait bien quelque chose à laquelle on ne s'habituait jamais, c'était la mort d'une enfant.

Nolan crut percevoir une vague origine des cris où se mêlait pleurs et sanglots et parcourut à la hâte la longueur jusqu'à l'angle éventré sur le dernier étage de l'hôtel.

-Hé ! hurla-t-il face au ciel. Hé, tu m'entends ? Où tu es ? Quel étage ?!

Mais rien de compréhensible ne parvint à Nolan. Juste un pur cri d'alerte et de détresse, sans qu'un mot ne percent le voile. S'aidant de ses sens qu'il savait sûrs, il tenta de trouver la source des cris jusqu'à ce que ses yeux détaillent l'angle arraché. Et le vit. Au dernier étage, presque face au vide sur un balcon dont la barrière avait été déformée par l'explosion, une petite silhouette s'était accrochée aux barreaux et s'époumonait de toute la force de son petit corps.

Sans attendre, Nolan transplana à l'intérieur de la chambre en question et se retrouva suffoqué par l'air chargé de poussière et de chaleur. La chambre se situait sous le foyer de l'incendie qui dévorait la charpente et quelques poutres et débris étaient tombés sur le lit parental. Avec horreur, Nolan vit une main inerte émerger de derrière le lit. Le cœur au bord des lèvres, il s'avança, son nez protégé dans son coude et découvrit une femme allongée sur le côté, le visage recouvert par ses longs cheveux noirs. Sans y croire, il s'accroupit pour tâter le pouls dans son cou. Mais l'espoir était vain : sa peau était inerte contre ses doigts, sans palpitant, avec la chaleur artificielle du brasier qui faisait rage au-dessus d'eux. Et en se relevant, Nolan vit dépassant d'une porte en face une paire de jambe, tout aussi immobiles, couvertes d'un pantalon à la coupe typiquement masculine. Il aurait pu s'écrouler, terrassé par le choc et l'horreur et rendre son déjeuner sur le parquet déformé de la chambre mais les cris le maintinrent en vie.

Il balaya la pièce du regard et trouva enfin le balcon, accessible grâce au mur qui s'était écroulé entre la pièce et lui. Seule la porte vitrée dont le verre s'était brisé et jonchait le sol tenait encore, déformée, sur deux gongs. Toujours agrippé aux barreaux, un petit garçon continuait de pleurer. Il ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq mais après la découverte des deux corps, son cri était la plus belle des promesses. Celle de la vie. Une poutre s'abattit alors brusquement sur le sol, entre Nolan et le petit, enflammée et les pleurs de l'enfant redoublèrent. Paniqué, le sorcier transplana sur le balcon, attrapa le garçon puis laissa de nouveau la magie l'emporter. Soudainement, son monde redevint vert et froid : la brise chassa les odeurs de suies qui embaumait dans ses narines et il se sentit respirer plus librement, l'enfant pressé contre lui. Mais le soulagement ne semblait être le sentiment dominant de l'enfant, qui se mit à s'agiter, ruer, toujours en pleurs. Nolan tenta de l'apaiser. En vain.

-C'est tout, mon grand ... Chut, c'est fini ...

Les mots répandirent un goût de cendre dans sa bouche et il repensa aux deux corps qu'il avait abandonné dans la chambre et sur lesquels tombaient à présent braises et cendres. Ses parents, certainement. Ses parents qui ne le verraient jamais grandir ...

Mais le petit continuait de s'agiter dans ses bras et Nolan découvrit enfin pourquoi il n'avait jamais su comprendre le moindre de ses cris : il ne parlait pas l'anglais. Le sorcier ne connaissait pas la langue qui sortait en masse de la bouche de ce garçon, ne comprenait pas un seul traitre mot qu'il prononçait. Mais il comprenait parfaitement la terreur et le désarroi qu'ils véhiculaient. Malgré son agitation, il le serra contre lui et tenta de le bercer.

-C'est tout ... je suis là, je vais m'occuper de toi ... je vais t'aider ... Chut ...

Nolan se mit à marcher sur la pelouse à la recherche d'un Auror, berçant l'enfant dans ses bras jusqu'à ce qu'enfin il se calme et s'affaisse contre son épaule. Il gémissait toujours, et le sorcier finit par percevoir des syllabes, des mots qui semblaient revenir. Le cœur brisé, Nolan finit par comprendre que cela devait être l'équivalent de « papa » ou de « maman ». En un éclair, il revit les cheveux noirs de la femme sur un visage dont ne s'échappait aucun souffle. Il ferma les yeux et pria pour que cette personne sache de là où elle était que son fils était en bonne santé, en vie. Elle ne le verrait pas grandir ... mais il grandirait.

Quand Nolan vit enfin un groupe d'une vingtaine de personne, le petit avait passé ses bras autour de son cou et s'était agrippé à lui sans cesser de gémir. Avec soulagement, il vit Aloyssius discuter avec une petite femme un peu forte habillée en uniforme – sans doute une employée de l'hôtel ... Encombré par le poids de l'enfant et par une forme physique déclinante malgré ses quarante-sept ans, Nolan se dépêcha vers le groupe.

-Qu'est-ce que vous foutez ici ! s'écria l'Auror en l'apercevant, furieux. Je vous ai dit de déguerpir !

-Vos collègues en ont oublié un ! Vous ne pensez tout de même pas que j'allais le laisser ?!

Les yeux d'Aloyssius s'écarquillèrent quand ils tombèrent sur l'enfant dans les bras de Nolan. La petite femme eut également un cri de surprise et pointa le garçon de son ongle rose.

-Mais c'est le fils de la chambre 204 !

-Comment ça ? demanda brutalement l'Auror.

-Je reconnais son tee-shirt ... Ses parents sont des Palestiniens, des gens charmants mais ...

Elle se trémoussa, visiblement embarrassée. Son chignon était complétement défait et des larmes piquaient ses yeux. La pauvre fille semblait à bout, incapable de poursuivre et l'Auror la congédia d'un geste agacé de la main. Penaude et en sanglot, elle finit par rejoindre la foule derrière eux. Parmi eux, Nolan perçut deux hommes habillés comme Aloyssius à la mine sinistre, inquiète et inquiétante. L'un d'entre eux tenaient dans ses bras une petite fille aux boucles noires qui ne semblait pas vouloir s'arrêter de pleurer.

-Posez-le là, exigea Aloyssius en désignant une table qui avait été installée pour répertorier les survivants. On va l'examiner ...

-Palestinien, maugréa Nolan en faisant un pas en avant. Tu m'étonnes que tu ne parles pas anglais, puceron ... Qu'est-ce que tu fais si loin de chez toi ?

Mais le garçon ne répondit que par un long gémissement lorsque Nolan tenta de le décrocher de lui. La tâche fut ardue mais à force de douceur et de cajolerie, il parvint à l'installer sur la table. Il put alors avoir pour la première fois une vision complète de l'enfant qu'il avait sauvé des flammes. Son origine moyen-orientale était rendue évidente par un teint basané, des cheveux noirs rendus poisseux par la fumée et des yeux sombres en amande qui reflétaient toujours la Marque. Il babillait toujours son langage incompréhensible et Aloyssius finit par faire tournoyer sa baguette. Aussitôt, le timbre de la voix de l'enfant changea et ses mots devinrent compréhensibles. Mais c'était pire. C'était pire d'entendre cette voix fluette rendue rauque, réduite à un filet par les sanglots et de découvrir les mots derrière les sons.

-Où est maman ? Et papa ... Où est papa, dites-moi où est papa ...

Les plaintes déchirèrent l'âme de Nolan et même Aloyssius laissa échapper une marque d'affection en baissant la tête, comme un hommage.

-On va chercher, promit-t-il néanmoins avec une douceur surprenante. Tu t'appelles comment ?

Le petit se recula sur la table et consulta Nolan du regard. D'abord surpris, il finit par hocher la tête et le garçon répondit de sa petite voix :

-Farhan ...

-Farhan, répéta Aloyssius. Et tu as quel âge, Farhan ?

Hésitant, l'enfant parvint à lever une main, les doigts écarté pour désigner le chiffre « cinq ». L'Auror hocha la tête et un surprenant sourire s'étendit sur ses lèvres.

-Tu es courageux, Farhan. Tiens ...

D'un mouvement souple de baguette, Aloyssius fit apparaitre une peluche en forme de dragon qu'il plaça dans les mains de l'enfant. Intrigué par sa couleur d'un vert éclatant que la lumière de la Marque rendait plus chatoyant encore, Farhan retourna la peluche dans ses doigts graciles, apaisé. Nolan poussa un sifflement admiratif.

-Vous avez des enfants, vous ...

-Trois, confirma l'Auror avec fierté. Mes trésors ...

Il y avait comme un éclat douloureux dans son ton et il pressa fort les paupières, comme pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Sans doute la vision d'un enfant orphelin devait être pénible pour un homme qui risquait chaque jour sa vie au risque d'abandonner un jour les siens. Il finit par rouvrir les yeux et les planter sur Farhan avec plus de détermination. Il leva sa baguette et la pointa entre ses yeux. Paniqué, l'enfant serra la peluche contre lui et loucha sur la pointe. L'air entre eux ondula et le regard de Farhan se vida de toute expression.

-Qu'est-ce que vous faites ? s'indigna Nolan. Ne me dites pas que vous lui effacez la mémoire ? Oh ! C'est un môme, pas une menace pour le secret magique !

Mais Aloyssius l'ignora, les yeux intensément plantés dans ceux vides de Farhan. Puis au bout de quelques secondes, il redressa sa baguette et jeta un regard agacé à Nolan.

-Calmez-vous, je ne faisais que lire dans son esprit. Pour déterminer ce qui s'est passé ...

Il se redressa et pinça son nez de son index et son pouce.

-Les parents sont morts ... Merlin, encore un ...

-Mais ... il a peut-être de la famille ... en Palestine ... ?

-La Palestine ? Elle n'a pas été annexée ? Là-bas, c'est Israël ... Bref. Non, j'en doute. Et quoiqu'il arrive, je ne prendrais pas le risque de renvoyer un petit sorcier dans un territoire aussi instable ... Toutes ses guerres, ça vous détruit même les esprits les plus sains ...

Nolan papillonna des yeux, complétement abasourdi.

-Un sorcier ? Il est magique ?

-J'ai vu quelques émanations dans ses souvenirs ... Je n'ai pas été très loin, je ne voudrais pas le briser ... Mais c'était assez pour savoir cela.

Nolan dévisagea le petit, plus calme sur sa table, les jambes repliées en tailleurs et la peluche entre ses mains. Encore une fois la preuve éclatante que la magie ne faisait rien : ce n'était pas elle qui avait empêché ses parents de mourir, qui l'avait sauvé des flammes.

-Ses parents ... ?

-Je n'ai pas été assez loin pour le savoir et je n'irais pas. L'esprit d'un enfant est fragile. S'il doit s'en souvenir, il le fera.

Il se frotta le visage, songeur.

-Je vais le confier au service de l'enfance de Ste-Mangouste. Ils sont sous la tutelle du Ministère et s'occupent de trouver une place aux enfants sorciers – ou les moldus dont les parents ont été assassinés par les Mangemorts ... Dans un monde ou dans l'autre.

-Dans un monde ou dans l'autre ? répéta Nolan, incrédule. Vous voulez dire que ce garçon pourrait être confié à des moldus ?

L'idée lui était insupportable. Cet enfant grandirait déjà sans ses parents biologiques : personne ne pouvait le priver également de son histoire, de sa magie. Quel moldu lui raconterait réellement le malheur qui lui avait pris ses parents ? S'occuperait correctement d'un petit sorcier ?

-Mais vous ne pouvez pas faire ça !

-Réfléchissez, O'Neil, répliqua Aloyssius d'une voix dure. Quelle famille de sorcier prendrait la charge d'un enfant par les temps qui courent ? Avec la guerre, les gens ont peur. L'enfant peut être l'objet de représailles ... La situation économique est catastrophique et certains sont tout simplement au chômage : ils n'ont pas les moyens d'avoir d'autre bouches à nourrir. Ma femme travaille dans le service dont je vous parle, en bénévole : ils ont de plus en plus de mal à placer les orphelins chez des sorciers.

-Mais ... il a besoin de quelqu'un qui sache ce qu'il a vécu ... qui pourra l'aider ...

-Je ne peux pas vous promettre qu'on les trouvera, O'Neil.

Nolan sentit la révolte qu'il pensait disparue depuis des années renaître de ses cendres. Il observa le petit Farhan qui serrait son dragon, des larmes roulant silencieusement sur ses joues, le regard rivé sur lui avec une supplique muette. Brusquement, il se sentit incapable d'abandonner ce petit être comme il avait abandonné ses parents dans cette chambre calcinée. Nolan lui tendit les bras et Farhan se leva sur la table immédiatement pour s'y engouffrer et nicher son nez dans son cou. Il sentait la fumée, mêlé une odeur étrange qui rappelait la menthe à Nolan. Un signe, songea-t-il, déterminé. Il avait toujours apprécié la menthe.

-Vous l'avez. Je vais m'en occuper de votre petit sorcier.

La décision était brutale, mais définitive. S'il n'y avait que cette solution pour que l'enfant ne soit pas complétement arraché à ses racines, alors qu'il en soit ainsi. Aloyssius écarquilla les yeux, complétement pris de cours.

-Mais enfin, O'Neil, ne soyez pas stupide ! Quel âge vous avez ? Cinquante ans ? Vous êtes mariés, au moins ?

-Non mais quelle importance ?

-Evidemment que c'est important ! Un enfant a besoin d'une femme, d'une mère ! Sans mon épouse, jamais je ne m'en sortirais avec mes filles ... Ce n'est pas pour rien que ce sont elles qui leur donnent la vie ...

Nolan fronça du nez. Il avait lui-même élevé par son père, un homme droit et honnête quand sa mère s'adonnait plus facilement à la boisson et à la froideur. Sa sœur Fiona gardait même une cicatrice de l'un de ses coups de colère. Alors chaque fois qu'on lui disait qu'un enfant ne pouvait s'épanouir sans mère, quelque chose en lui se rebiffait.

-C'est parce que les hommes ne prennent jamais leur place, rétorqua-t-il vertement. C'est facile de se cacher derrière la femme et de la mettre en avant pour fuir son propre rôle parental.

Une veine palpita sur la tempe de l'Auror. Il lui jeta un regard flamboyant, se retourna pour consulter l'un de ses collègues – celui qui tenait la petite fille. Maintenant qu'elle était proche, Nolan vit qu'un pansement ensanglanté lui enserrait le cou. Massif et musculeux, l'homme qui la tenait en était pourtant moins intimidant qu'Aloyssius et hocha doucement la tête d'un air grave. Avec un soupir vaincu, l'Auror fit un vague geste de la main, l'air à la fois las et exaspéré.

-Et puis bon, faites ce que vous voulez. Si vous voulez la charge de cet enfant, allez-y. Prenez le. J'enverrais un membre du service des enfants chez vous demain pour régler ça ... Vous avez la nuit pour changer d'avis.

-Très bien. Merci. Et ... bon courage. A vous tous.

Le colosse avec la petite fille dans les bras le remercia d'un hochement de tête mais Aloyssius poussa un grognement dédaigneux. Sans même saluer Nolan, il s'en fut avec son collègue et aboya des ordres à un autre. Satisfait d'avoir remporté cette bataille, l'irlandais hissa plus franchement Farhan dans ses bras et découvrit avec un certain désespoir que le sortilège qui permettait de traduire les mots de l'enfant avait été brisé. Nolan soupira profondément.

-Toi, il va falloir t'apprendre l'anglais si tu veux rester avec moi ...

Farhan lui jeta un regard interloqué. Il était incroyablement calme depuis quelques minutes : même les larmes s'étaient taries sur ses joues. Cinq ans, peut-être son esprit d'enfant incapable d'imprimer de telles horreur était-il passé à autre chose ... Ils étaient si adaptables à cet âge et pourtant, Nolan savait que cette nuit le marquerait de façon indélébile. Et il fallait que ce soit le cas. Il fallait qu'il grandisse en sachant la vérité, d'où il venait. Comment se construire une identité si on ignorait ses racines ... ?

Nolan s'apprêtait à s'en aller quand il aperçut dans la foule la petite femme employée avec laquelle Aloyssius parlait quand il était arrivé. Mu d'une soudaine idée, il se précipita vers elle en l'interpellant vivement :

-Hé ! Hé, excusez-moi, madame ...

La jeune femme cligna des yeux. Elle était toujours aussi débraillée avec ses vêtements couverts de suie et une plaie à peine cicatrisée sur la joue et avait l'air singulièrement perdu de celle qui venait de se faire oublietter. Derrière elle, les membres du Ministère d'activaient en effet et les moldus repartaient chancelants, le regard dans le vide. Nolan se sentit grandement mal à l'aise avec ce fait, à la fois indispensable et moralement condamnable.

-Pardon de vous déranger mais ... (Il montra Farhan, redressé dans ses bras) Avez-vous des informations sur sa famille ... ? Vous avez dit qu'ils étaient Palestiniens ...

-Oh ... Euh, oui, je me souviens, leurs passeports m'avait marquée. Israéliens mais l'homme m'a sèchement rétorqué qu'ils venaient de Palestine.

-Vous vous souvenez de leur nom ?

Elle secoua la tête, l'air navré. Peu à peu, elle paraissait rassembler ses esprits en même temps que ses souvenirs et claqua les doigts, comme frappée par l'illumination divine.

-Et le père est revenu il y a quelques jours, pour commander un gâteau ! Ils sont là depuis un mois, et c'était l'anniversaire du petit ... Le 25 ? Non, c'était le 24, le jour où Annie était malade ... Le 24 janvier.

-Le 24 janvier, répéta Nolan avant de sourire à Farhan. Et bien on a ton anniversaire, c'est déjà pas mal ...

L'employée eut également un sourire attendri. Elle paraissait toujours un peu perdue mais sincèrement peinée pour le pauvre enfant qui la fixait d'un air perplexe dans les bras d'un Irlandais qui ne parlait même pas sa langue. Ses lèvres se pincèrent.

-Je suis infiniment désolée de ne pas vous aider plus ... en plus les registres ont brûlé ... Et ils étaient très secrets et ne sortaient que rarement de leur chambre. En plus, ils parlaient arabe tout le temps, impossible de les comprendre ... La mère m'a juste dit qu'ils avaient émigré il y a quatre ans, après une guerre ... Mais il y en a tellement là-bas, pas vrai ?

-Palestiniens qui parlaient arabe, émigrés après une guerre dans la région, récapitula Nolan, déçu malgré lui. Merci beaucoup ... si jamais quelque chose vous revient ...

Elle hocha la tête avec un sourire et caressa les cheveux de Farhan. Intimité, le garçon se recroquevilla contre Nolan et serra le dragon en peluche contre sa bouche. Le cueilleur de Champifleur se sentit alors envahi d'une douce chaleur face à cette marque de confiance et de tendresse de la part de l'enfant. Il prit congé de la jeune femme pour enfin s'éloigner de l'hôtel. Enfin, les marques de l'indicible semblaient s'évaporer : les flammes s'étaient éteintes sur les toits et les sirènes des pompiers moldus hurlaient dans la rue. Il venait de tourner à un angle pour quitter ce champ de désolation quand la lumière verte s'éteignit enfin : la Marque avait enfin cessé de régner sur leur vie. Effrayé par ce brusque changement d'atmosphère, Farhan poussa un petit cri et scruta les cieux sous le regard amusé de Nolan.

-Ne t'en fais pas petit ... Le monde n'est pas toujours tout vert ... je l'avais oublié ... C'est bon de se rappeler qu'il n'est pas tout vert, pas vrai ? Il existe de véritables couleurs derrière la Marque des Ténèbres ...

Farhan ne comprenait visiblement pas un traitre mot mais opina tout de même du chef. Ses cheveux noirs, un peu trop longs, ondulaient sur sa nuque et lui tombait devant les yeux. De sa petite main, il pointa le ciel et décréta en anglais :

-Lune !

Nolan leva les yeux pour découvrir effectivement une lune laiteuse aux trois-quarts pleine, basse entre les immeubles. Un sourire fier fendait le visage de Farhan et cela arracha un rire attendri à Nolan.

-Oui, c'est bien, c'est la lune. Et moi (Il se pointa). Nolan. No-lan.

-Lan ?

D'autres mots en arabe suivirent et Nolan renonça à les comprendre. Les babillements incompréhensibles de l'enfant le suivirent jusqu'à ce qu'ils atteignent le petit appartement qu'occupait l'homme depuis des années. Ce n'était pas la vie dont il avait rêvé, pourtant. Doué en potion, il avait espéré une carrière d'apothicaire avant de devoir renoncé pour s'occuper de son père malade. Il était décédé quelques mois plus tôt, le laissant Fiona et lui avec un maigre héritage. Il n'y avait pas touché, peut-être la venue de l'enfant serait l'occasion pour lui d'en faire quelque chose ... Nolan le déposa sur le lit et le laissa s'y blottir avec sa peluche dragon, comme s'il était chez lui. La facilité de l'enfant l'impressionnait, ainsi que son incroyable sérénité malgré ce à quoi il venait d'assister. Le garçon effrayé et hurlant du balcon était déjà un souvenir ... Il le fixait, de ses yeux sombres en amende, la couverture sous le menton, l'air d'attendre quelque chose.

-Oh, laisse-moi deviner ? Tu veux une berceuse ? Je ne connais pas beaucoup de chanson, moi ... Euh ... In the merry month of June from me home I started, left the girls of Tuam nearly broken hearted, saluted Father dear ...

Nolan ne s'était jamais senti calme, aussi sûr de lui, aussi entier qu'en chantant The Rocky road to Dublin à un enfant inconnu qui ne parlait même pas sa langue. Les paupières de Farhan commencèrent à papillonner au deuxième couplet et sa respiration s'alourdit progressivement jusqu'à ce Nolan achève d'une voix douce :

-Hunt the Hare and turn her down the rocky road and all the way to Dublin, whack fol lol le rah ... !

Touché et trouble, Nolan passa une main tremblante sur les cheveux de l'enfant. Alors qu'il observait son visage paisible, les possibilités lui semblaient infinies ... Il était un Irlandais de pure-souche et fier de l'être mais Belfast était une ville trop dangereuse pour un enfant ... Serait-ce le temps pour Nolan de la quitter ? D'utiliser son petit héritage et ses maigres économies pour enfin réaliser son rêve d'ouvrir une boutique d'apothicaire ? Ancien Poufsouffle qu'on avait moqué pour son surpoids et sa faiblesse, voilà qu'il avait sauvé un garçon des flammes ... Célibataire endurci, il avait enterré depuis longtemps ses désirs de paternité, il se retrouvait avec à côté de lui ce petit être pur et innocent qui ne demandait qu'à être aimé ... Et Merlin savait que Nolan avait de l'amour à donner ... Aloyssius avait beau dire, ce n'était pas la mère qui faisait l'équilibre d'un enfant mais l'amour. Peu importe d'où il venait ...

Ils avaient besoin l'un de l'autre. De changer la vie l'un de l'autre. Il était la pièce qu'il avait manqué à Nolan toute sa vie. La dernière pièce. La plus belle. 


***


Voilàààà ! J'espère que ce prologue vous aura plus ! Il vous parait peut-être abstrait maintenant parce qu'on a réellement que des nouveaux personnages et l'introduction de nouveaux personnages mais ça me semblait important de commencer par là ! 

On se retrouve ... je ne sais pas quand, je verrais mon avancement, pour le premier chapitre qui cette fois nous emmènera en 1990 ! A plus ! 

Et on se quitte avec The Rocky road to Dublin. OK c'est une chanson moldue, mais je l'adore. Pour ceux qui ont l'oreille, elle est utilisée pendant le combat de boxe de Sherlock Holmes dans la version avec Robert Downey Junior (Keur keur). In the merry month on june, from me home I started, left the girl of Tuam ... 




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