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Chapitre 7 : Que signifie "Apprivoiser"?

BONJOUR TOUT LE MONDE 

I'm back sur cette histoire (que j'ai réussi à augmenter de deux chapitres, mouahahah). Je l'aime vraiment bien cette histoire sachez le et j'aime beaucoup ce chapitre donc j'espère qu'il vous plaira tout autant ! 

Le titre et la citation sont issues d'un texte que je connais par coeur pour l'avoir récité au mariage de ma tante - et pour ceux qui ont l'oeil, je l'ai également utilisé pour le bonus sur Lysander dans Lucy. Bonne lecture ! 

*** 

 Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ?

– C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « Créer des liens... »

– Créer des liens ?

– Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renardsMais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre ! Je serais pour toi unique au monde. Et tu seras pour moi unique au monde. 

- Le petit prince, 
Antoine de St-Exupéry

*** 

Chapitre 7 : Que signifie « Apprivoiser » ?

Mercredi 26 septembre 1990

La pluie ne s'arrête pas. Je crois que je n'ai pas vu un seul morceau de ciel bleu depuis qu'on a débarqué du Poudlard Express. Je ne me rappelle plus sa couleur. Sincèrement, je pense que les Ecossais songent que la couleur naturelle du ciel est grise et que lorsqu'il est d'un gris perle presque translucide, si translucide qu'on croirait presque apercevoir les rayons du soleil c'est du beau temps. Mais ça ne me suffit pas moi. Je suis comme une fleur : j'ai besoin du soleil pour vivre et exprimer tout mon potentiel. La pluie est agréable cinq minutes mais au bout de deux semaines c'en est assez. Elle me cloître dans le château. Les seules fois où j'ai pu sortir c'était pour l'entrainement sous cette même pluie, j'en suis revenue glacée jusque la moelle. J'ai vidée l'eau chaude de la douche après ça, les filles m'ont détestée.

Flitwick m'a prise à part hier. Apparemment, il s'inquiète pour moi et mes notes. Que jusque là mes capacités naturelles avaient permis de me maintenir à flot mais qu'il craignait que cela ne suffise pas pour les années d'ASPIC. Il avait l'air sincère. Ça m'a troublé. Je n'ai pas l'impression de me noyer pourtant, j'ai réussi le sortilège de ... du premier coup et j'ai même rendu mon devoir sur l'Oubliette. J'ai trouvé le sujet incroyable intéressant et polémique : dans quelle heure avons-nous le droit d'arracher leurs souvenirs à des gens ? Nos souvenirs, c'est une part intégrante de notre identité alors quand on s'attaque à la mémoire, on s'attaque à la substance même de l'humain, à ses piliers. J'ai rarement pris autant de plaisir à rédiger un devoir, Charlie ne m'a pas reconnu.

Mais me plonger dans ces réflexions m'a fait le plus grand bien. Au moins, j'ai évité de penser au fait qu'il ne m'a pas touché depuis un mois. Un mois. La patience n'est pas mon fort et là il la met à rude épreuve tout en restant incroyablement adorable. Mercredi dernier il a passé l'après-midi avec moi, à faire le devoir, à parler, à m'embrasser ... C'est à te rien y comprendre ...

J'ai été gentille et patiente mais maintenant ça suffit. Si quelque chose cloche, il va falloir qu'il me le dise mais on ne peut pas rester dans cette sorte d'entre-deux.

***

Charlie avait l'impression d'être sur la corde raide depuis qu'il était arrivé à Poudlard. Avec Joséphine qu'il tentait de rassurer sans se trouver sans une situation d'intimité poussée. Pour le Quidditch où son équipe oscillait entre coup d'éclat qui le rendait optimiste avant que tout ne déjoue et qu'il soit certain de ne pas être prêt pour le match contre Serpentard en Novembre. Pour les cours parce qu'il passait tellement de temps sur les terrains ou chez Hagrid qu'il en négligeait ses devoirs. Avec Farhan qui le fournissait en notes mais Charlie commençait à sentir un agacement croissant de son côté. C'était peut-être lié à la proposition de Maya Tabet de tenter de retrouver son lieu de naissance grâce à son langage : Charlie s'était enthousiasmé à l'idée, ravi que son ami prenne enfin son passé en main mais Farhan avait refermé les rideaux de son lit sur lui pour couper court à la conversation. De plus, il soupçonnait qu'il lui en veuille d'avoir ainsi révélé son histoire à Joséphine. Alors quand une note sur le tableau d'affichage de Gryffondor annonça qu'après quelques semaines d'interruption, les Cours de Soin aux Créatures magiques reprenait ce mercredi, Charlie faillit en sauter de joie.

-J'attends ça depuis septembre sérieux, soupira-t-il en quittant la Grande Salle en compagnie de Farhan le mercredi matin. Je me demande bien ce qu'avait Brûlopot ...

-Il est vieux, peut-être qu'il est tombé malade ...

Il y avait des traces d'amertume dans la voix de Farhan mais cette fois Charlie identifia tout de suite la raison. Nolan O'Neil trainait avec lui une maladie depuis deux ou trois ans. Apparemment, son travail en Irlande avec les champifleurs dans les jeunes années avait attaqué ses poumons et c'était principalement cette maladie qui forçait Farhan à reprendre la boutique à la fin de ses études.

-Comment va ton père en ce moment ? demanda Charlie, inquiet.

-Il ne dit rien dans ses lettres, à part que ça va. Donc, ça va, je suppose. Rien de grave depuis son passage à Ste-Mangouste au début des vacances ...

Charlie se souvenait de ce moment. Farhan était arrivé au Terrier en plein cœur du moins de juillet, complétement paniqué après avoir emmené son père en arrêt respiratoire à l'hôpital des sorciers en transplanage d'escorte. Charlie se souvenait que c'était ce qui l'avait poussé à parfaitement réussir son propre examen de transplanage qu'il repassait après avoir raté le premier à Pré-au-Lard : si un membre de sa famille devait être emmené en urgence, il serait tristement impuissant. Farhan, lui, avait réussi à sauver son père in extremis. Charlie attendit quelques secondes qu'ils sortent sous la pluie battante pour demander :

-Des nouvelles de Maya ?

Farhan lui jeta un regard oblique rendu flou par la pluie qui tombait drue entre eux et assombri par la capuche qu'il avait rabattu sur son front.

-Pas encore. Son père fait des recherches.

-Je vois ... Tu me tiens au courant, pas vrai ?

-Oui, oui, promis ...

-Et Jo ? Elle a arrêté de bousiller tes potions ?

-Elle dort en Potion en ce moment, même. On a dû faire un Filtre de paix, elle était impeccable jusque la moitié puis après elle s'est mise à dormir. J'ai dû éteindre son chaudron avant qu'il ne déborde et après elle m'a reproché d'avoir éteint son chaudron.

-Du grand Joséphine ...

Farhan haussa les épaules. La pluie rendait leur progression jusque la lisière de la forêt où avait toujours lieu leur cours difficile et avec les parapluie de ses camarades il avait l'impression de suivre des champignons colorés. Le rose bonbon était celui de Tonks, reconnut Charlie avec amusement et le noir à l'effigie des Bizzar'Sister celui de Lauren.

-Au moins, elle ne sabote plus les miennes. Et elle ne m'interroge plus sur moi, mais maintenant qu'elle sait tout ...

-Hé ! Je t'ai déjà dit que j'étais désolé ! J'ai juste préféré le lui dire plutôt qu'elle te harcèle, pardon d'avoir voulu te préserver.

Farhan fronça les sourcils et tira un peu plus sa capuche sur son front.

-Tu sais Charles, je ne suis pas l'un de tes frères, fit-il valoir avec une certaine douceur. Je n'ai pas besoin que tu me préserves ...

Charlie garda le silence, assez agacé par la façon dont Farhan présentait les choses. Certes, avoir cinq frères et sœurs plus jeunes avait fait pousser en lui un instinct de protection important et il était frai que Farhan, timide de nature et peu enclin au conflit, avait naturellement été placé sous sa protection. Alors certes il s'était affirmé au bout de six année à Gryffondor mais Charlie ne pensait pas avoir mal agi concernant la révélation de ses origines. Il idéalisait Joséphine, ne savait pas à quel point elle pouvait être un poison quand elle l'avait décidé. Ce n'était pas toujours simple de faire le tampon entre Joséphine et le monde, pouvait-on apprécier sa position et ses actions à leur juste valeur ?

-Très bien. La prochaine fois, tu te débrouilleras avec elle. Tiens, c'est le parapluie jaune, là-bas.

Il venait de la remarquer à la façon dont elle faisait tournoyer son parapluie sur son épaule, faisait gicler la pluie qui y ruisselait tout autour d'elle sans se soucier des autres. Un comportement de petite peste égoïste mais qui lui arracha un sourire tant il ressemblait également à celui que Ginny pouvait avoir lorsqu'elle sautait dans des flaques pour les asperger bruyamment. Peut-être que c'était aussi cet instinct de grand frère, de protection qui l'avait animé lorsqu'il s'était rapproché de Joséphine. Son œil averti avait remarqué sa vulnérabilité, son amertume, tout en étant charmée par ce qu'elle pouvait produire de meilleur : un sens de l'humour décapant et un esprit ouvert incroyablement vif. Il se fit vaguement la réflexion que l'approche du grand frère n'était pas la meilleure dans un couple car cela occultait complétement la dimension physique de la relation. Peut-être était-ce cela qui pêchait ... sa posture.

Ses réflexions l'accompagnèrent jusqu'au cours, qui avait lieu sous une tonnelle étanche que le professeur Brûlopot était en train d'ériger à l'aide de sa baguette. Il devait être le professeur le plus âgé après Dumbledore : ses cheveux blancs commençaient à dégarnir son crâne et il était si sec qu'un coup de vent semblait pouvoir l'emporter. Son nez à la pente brusqué semblait avoir été cassé plusieurs fois et tombait sur ses lèvres garnies d'une pâle moustache. Ses doigts noueux étaient toujours crispés sur une canne en bois dont il se servait pour menacer les élèves avec un rire tremblant qui en faisait un professeur apprécié.

-Charlie ! l'accueillit-t-il dès que le jeune homme retira sa capuche. Quel plaisir de vous revoir, mon cher élève ...

-De même professeur ! Vous nous avez manqué pendant deux semaines ...

-Ah ... une fracture de la hanche, je le crains ... je suis allé aider des amis dans la réserve des Noirs des Hébrides et je n'ai pas su éviter la queue d'une femelle ... Oh, mais si vous n'avez rien après, restez après le cours, j'ai des photos à vous montrer ! Heureux de vous revoir aussi, O'Neil ... comment va Nolan ?

Le professeur Brûlopot travaillait en collaboration avec l'apothicaire : il l'avait mis en contact avec des fournisseurs capable de ravitailler la boutique en matière première issue de créature magique, de façon éthique quand beaucoup d'apothicaire étaient peu regardants sur la façon dont le poile de licorne avait été prélevé. Farhan adressa un sourire crispé à Brûlopot.

-Ça va. Il se remet, comme vous.

-Ah, cher Nolan, soupira le professeur de sa voix caverneuse. Bien, il est sans doute temps de commencer le cours, je pense que tout le monde est là ... Et que vois-je, Joséphine à l'heure mais le monde aurait-il cessé de tourner pendant ma convalescence ?

Il adressa un sourire de grand-père à Joséphine, dont le coin de la lèvre frémit, trahissant son amusement. Elle avait gardé son parapluie ouvert sur son épaule et semblait auréolée de cette toile jaune comme une étrange sainte.

-Je ne voulais pas rater votre retour, professeur ...

-Ravi, ravi ... Bien, en route tout le monde !

Brûlopot attrapa sa canne mais aucun de ses élèves ne bougea. Tous s'entreregardèrent avant de contempler le rideau de pluie devant eux.

-Mais professeur il pleut ! s'indigna Lauren.

-Oui et je marche avec une canne, c'est gentil de vous inquiéter Lauren mais j'ai le pied très sûr. Le professeur a dit : en avant toute !

Il fut le premier à sortir de la tonnelle, sa canne dans une main et sa baguette dans l'autre dont la pointe faisait jaillir un voile transparent qui le protégeait du déluge. Charlie suivit avec enthousiasme mais le reste de la classe eut plus de difficulté à quitter leur abri pour de nouveau affronter la météo de l'Ecosse. Charlie se dépêcha de rejoindre son professeur qui les entrainait entre les arbres de la Forêt Interdite. Il était déjà arrivé qu'ils y pénétrèrent mais jamais pour aller très loin.

-Comment étaient les Noirs des Hébrides, professeur ?

Brûlopot eut un petit rire qui fit trembler sa maigre cage thoracique.

-Dangereux et magnifiques, comme tous les dragons. Mais nous en parlerons à la fin du cours, Charlie. Là, nous allons au-devant de l'une des créatures les plus difficile à apprivoiser ...

Un gémissement se fit entendre à l'arrière et Charlie se retourna pour voir Lauren se rétracter sous son parapluie. Joséphine se fendit d'un ricanement particulièrement cruel.

-Il ne fallait pas faire cette matière si tu avais peur des bestiole, Lauren !

-Joséphine, la réprimanda leur professeur, sans sévérité. Charlie, veuillez allumer votre baguette, la mienne est occupée ...

En effet, entre la pluie et les arbres qui coupaient le peu de luminosité, le sol était un amas de masse brunes sous leurs pieds. Charlie sortit sa baguette en bois de frêne et un faisceau de lumière éclaira un chemin à peine esquissé entre les racines noueuses et évita à Brûlopot de se prendre la canne dans l'une d'entre elles.

-Merci mon petit ... Oh Farhan, passez bien évidemment mes respects et mes vœux de rétablissement à Nolan dans votre prochaine lettre.

Farhan, occupé à évoluer entre les racines tout en repoussant la capuche humide qui lui barrait la vue, fut surpris par la demande. Il arracha finalement sa capuche, agacé et un parapluie apparut au-dessus de lui, donnant à son visage un aspect étrangement doré. Charlie retint un rire lorsqu'il découvrit Joséphine et son parapluie jaune à côté de lui.

-T'es tout trempé, O'Neil, ne me remercie pas, lança joyeusement Joséphine. Et contrairement à ce grand benêt, tu es à ma taille.

Farhan jeta un regard écarquillé au grand benêt en question, dans lequel Charlie lisait très clairement « mais qu'est-ce qu'elle me veut encore ? ». Le jeune homme retint un sourire cynique qui aurait été plutôt digne de Joséphine quand il songea à ce que Farhan avait dit quelques minutes plus tôt. Pas besoin d'être préservé, vraiment ? Avec cet air paniqué chaque fois que Joséphine s'approchait de lui ? Brûlopot laissa échapper un rire amusé et les fit quitter le sentier pour s'avancer dans une clairière. Là, la classe cessa de rechigner pour laisser échapper un « Whaa » d'admiration collectif qui atteint même Joséphine. Dans un enclos fermé protégé de la pluie magiquement se tenaient cinq ou six hippogriffes. Tonks rangea son parapluie en sifflant de façon sonore et voulut s'approcher, mais Brûlopot l'interrompit de sa canne.

-Pas si vite jeune fille ! Vous savez comment approcher un hippogriffe, Nymphadora ?

Tonks paraissait avoir avalé un citron et ses cheveux roses rougirent brusquement pour marquer sa contrariété. Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, elle avait décidé d'ignorer son nom de naissance depuis l'année dernière et préférait qu'on l'appelle par son nom de famille. Chaque fois qu'il était prononcé, elle semblait se mettre dans une sorte de rage inexplicable qui semblait beaucoup amuser Joséphine. Charlie lui jeta un regard d'avertissement. Ce n'était pas le moment de provoquer la meilleure lanceuse de maléfice de Poudlard.

-Non professeur, répondit Tonks du bout des lèvres. Mais je suppose que ... vous allez nous l'expliquer.

-Non, non, ce serait trop facile. Faisons plutôt un travail d'équipe, installez-vous ...

Tous prirent place contre ou sur la barrière de l'enclos, lorgnant les hippogriffes qui les fixaient avec leurs yeux orange. Malgré leur beauté toute particulière, ils semblaient rétifs à partager leur enclos avec des humains et l'un d'eux grattait nerveusement la boue de sa pate d'aigle. Assise sur l'enclos, son parapluie jaune coincé entre ses genoux, Joséphine semblait prendre un malin plaisir à les défier du regard. Le professeur pointa sa canne sur elle.

-Miss Abbot si vous ne voulez pas subir une charge, veuillez cesser. Mais c'est assez cocasse comme situation parce que j'ai toujours pensé que l'hippogriffe était votre animal spirituel.

-Vraiment ? s'étonna Joséphine, l'air sur la défensive. En quoi ?

-Peut-être qu'ils sont arrogants, imbus de leurs personnes et colériques ? souffla Tonks à Farhan.

Charlie fut heureux de voir que son meilleur ami se gardait bien de réagir à la pique, dite à voix assez haute pour être entendue par l'intéressée. Joséphine foudroya Tonks du regard de concert avec Charlie mais elle s'apprêtait en plus de répliquer avant d'être coupée par Brûlopot :

-Vous n'êtes pas loin, ma chère – mais d'une grande sévérité avec notre chère Joséphine ... Oui, les hippogriffes sont de nobles créatures qui ont un sacré caractère mais une fois apprivoisée, elles sont d'une loyauté à toute épreuve en plus d'être d'une grâce incomparable ...

D'un geste galant, Brûlopot exécuta une petite révérence à l'adresse de Joséphine qui papillonna des yeux, l'air surprise. Mais un sourire reconnaissant finit par s'étirer sur ses lèvres et elle jeta un regard brillant à Charlie au moment où le professeur reprenant :

-Dommage qu'il fasse si moche, leurs plumes sont vraiment magnifiques au soleil ... Mais nous serons sur ces créatures pendant toute la semaine et ma vieille hanche me dit que les jours vont s'éclaircir ... Alors, Nymphodora : comment approche-t-on un hippogriffe ?

Tonks demeura coite, comme le reste de la classe. Charlie entendit néanmoins quelqu'un murmurer « s'ils sont comme Joséphine la réponse est nette : je ne l'approche pas ». Il toisa la jeune fille, toujours assise sur l'enclos à observer les créatures et il eut pitié du professeur en levant la main.

-Ce sont des créatures qui ont un code d'honneur, qui vénèrent la politesse alors je suppose qu'il faut ... leur demander la permission, en quelque sorte ?

-Très bien Charlie, bien raisonné, confirma Brûlopot avec un grand sourire. Dans cette même idée j'interdis à quiconque de proférer une insulte, que ce soit contre eux ou l'un de vos camarades. Vous voyez ces griffes ? Vous les voulez en travers de votre gorge ?

Tout le monde jeta un coup d'œil inquiet aux longues griffes d'une quinzaine de centimètre qui finissait les pattes de chaque créature. Brûlopot se fendit d'un reniflement satisfait et finit par se laisser à son tour aller contre la barrière, juste à côté de Joséphine.

-Nymphadora, allez-y. Demandez la permission.

-Quoi ? Mais comment je fais ?

-Soyez polie, courtoise. Comme si vous vous adressiez à une princesse. (Il se pencha vers Joséphine et souffla :) Ça vous plait comme approche ?

-J'aime beaucoup, confirma la jeune fille avec un sourire carnassier.

-Je n'en attendais pas moins de vous.

Nymphadora s'avançait elle dans l'enclos, l'air peu sûre d'elle, sa baguette entre ses mains. Ses cheveux s'étaient assombris pour prendre les teintes du paysage, comme si elle voulait s'y fondre et disparaître aux yeux de l'hippogriffes le plus proches. Ses plumes étaient les plus sombres, d'un noir d'encre qui tranchait avec ses grands yeux orange.

-Professeur ? l'interpella Tonks, tremblante. Et si ça ne marche pas ?

-Vous courrez, répondit Brûlopot avec sagesse. Le plus vite que possible.

Tonks déglutit mais finit par s'approcher plus franchement vers la créature. Elle s'immobilisa quand celle-ci commença à gratter la terre de sa patte d'un air menaçant et la jeune fille se retourna vers eux, l'air perdu. Charlie lui adressa un geste pour l'inciter à s'incliner, impatient lui-même de pouvoir le faire et d'enfin approcher les magnifiques créatures. Après quelques secondes à tergiverser, elle finit par empoigner deux morceaux de sa jupe et exécuta une révérence maladroite, ses cheveux dans les tons boueux teinté de verts dégoulinants dans son visage. Après quelques secondes interminables, l'hippogriffe plia une patte, avança l'autre et courba l'échine à son tour dans un geste royal. Impressionnée, la classe applaudit Tonks à tout rompre qui se redressa pour constater qu'elle avait réussi. De son côté, Charlie passa un bras autour de la taille de Joséphine et chuchota :

-Il n'a pas tort ... ils sont exactement comme toi. Fier et entêté mais royal.

-Tu vas me faire rougir, rétorqua Joséphine avec un petit sourire qui tenait plus de la grimace. Et tu te sens fier d'avoir apprivoisé l'hippogriffe que je suis ?

-Un peu, oui. Un grand défi et une fierté personnelle.

Joséphine garda le silence, le regard rivé sur Tonks qui avait reçu l'autorisation du professeur de s'approcher et de caresser le bec de l'animal. Quelque part dans son regard noisette, Charlie lisait un certain dépit et il se demanda si elle n'aurait pas préféré qu'une des griffes ne finisse dans la gorge de Tonks. Brûlopot se tourna vers eux et désigna les autres créatures d'un geste large du bras.

-Vous avez vu Nymphadora montrer l'exemple – admirablement bien, cela vaut bien dix points pour Poufsouffle – donc maintenant à vous de jouer !

Sans attendre, Charlie dénoua son bras de Joséphine et se dépêcha d'un grand pas vers l'hippogriffe le plus proche. Il dut arriver un peu brusquement car l'animal aux plumes d'un vert-gris que le soleil devait iriser de façon divine recula et piaffa, les ailes à moitié déployées. Charlie réussit à calmer son ardeur, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Son pouls se mit à battre à ses tempes quand les yeux orange de la créature se dardèrent sur lui. Progressivement, le monde s'effaça autour de lui pour ne laisser que Charlie et l'hippogriffe et son univers se résuma à la respiration profonde, significative de l'animal et à son propre cœur qui battait dans sa poitrine. Sans aucune crainte, il s'inclina devant lui, lui offrant avec confiance sa nuque à son bec aiguisé – ou ses griffes acérées, au choix ... Il attendit quelques secondes, les yeux rivés sur les pattes visibles de l'hippogriffe qui piétinaient la boue. Les secondes s'égrainèrent jusqu'à ce qu'enfin, elles se mettent en mouvement et que la tête inclinée de l'hippogriffe apparaisse dans son champ de vision. Avec un soupir de soulagement, Charlie se redressa et approcha prudemment de la créature qui le fixait de ses yeux plus intrigués, moins menaçant. Il ne réagit pas quand Charlie leva une main et ses paupières se fermèrent lorsqu'il caressa son bec. Il était humide et froid, mais il avait conscience du souffle chaud qui se répandait sur sa peau, de la vie qui émanait de lui.

-Hé coucou, toi ..., souffla-t-il, incrédule.

Charlie poussa sa main jusque ses plumes incroyables soyeuses alors que de loin, leur éclat d'acier appelait au tranchant et non à la douceur. La créature le laissa lui flatter l'encolure et Charlie fut fasciné par la vision de son pied à proximité de la serre de l'hippogriffe, si petit en comparaison, si insignifiant, si tristement banal. C'était une véritable leçon d'humilité qu'être confronté à ces créatures et c'était pour cela que Charlie n'hésitait pas. Être la star de l'école pouvait parfois monter à la tête : il avait besoin de ses moments magiques qui le ramenaient à sa qualité d'homme, de goutte insignifiante dans ce monde. La pression qui s'exerçait sur lui s'évaporait alors totalement, ne laissant que l'instant. Il savoura la sensation de sa peau contre les plumes, chaque courbe de la créature, le souffle et la respiration qui se déployait sous sa paume. C'était vraiment quelque chose d'incroyable ...

-Vous voulez essayer de le monter ?

Brûlopot était apparu au côté de Charlie, ployé sur sa canne, un petit sourire aux lèvres. Il caressa lui aussi la créature avec révérence et poursuivit :

-Je ne le proposerais pas à tous les élèves mais vous êtes un excellent joueur de Quidditch : vous avez un grand sens de l'équilibre. Et vous venez de faire trois fois le tour de la pauvre Jade, elle va en avoir le tournis ...

-C'est une femelle ? s'étonna Charlie en fixant Jade. Pardon miss ...

L'hippogriffe parut apprécier les excuses car elle inclina de nouveau l'échine avec un piaffement d'impatience. Ses ailes se décollaient légèrement du corps et Charlie se demanda si elle avait compris ce que lui proposer Brûlopot. Il devait l'admettre : l'idée avait naître en lui une véritable envie et il sentait l'adrénaline commencer à doucement s'injecter dans ses veines.

-Vous êtes sûr, professeur ?

-Certains, si Jade accepte. Jade ? Tu veux voler ?

Les sabots arrière de l'hippogriffe claquèrent contre le sol boueux et Brûlopot eut un sourire approbateur. Les lèvres de Charlie s'étirèrent en un sourire incrédule et il évalua la créature du regard. Avec lenteur, il plaça ses mains sur sa croupe, avant de se hisser. Il entendit ses camarades retenir leur souffle.

-Weasley ! suffoqua Lauren, estomaquée.

-Charles je peux savoir ce que tu fous ? ajouta Farhan, l'air frappé par la foudre.

-Eloignez-vous de quelques pas, commanda Brûlopot sans prendre en compte les contestations. Charlie, évitez de lui arracher les plumes ...

Mais Charlie était trop extatique pour risquer de se faire catapulter. Il demanda d'une voix douce et respectueuse à Jade d'avancer, ce qu'elle fit en trottinant, arrachant des cris à ses camarades. Charlie tenta de bien comprendre son fonctionnement, le geste de ses mouvements, la main crispée sur son encolure. Au fur et à mesure de ses pas, il ajusta sa position, peu pressé de se mettre en vol si c'était pour dégringoler immédiatement après. Les hippogriffes s'écartèrent devant eux, ainsi que ses camarades affolés pendant que Brûlopot souriait avec bienveillance. Seule Joséphine restait impassible. La seule chose qu'il lisait dans son regard était « tu as plutôt intérêt à revenir entier sur le sol ».

C'est promis ... mais avant, on va profiter.

Et il eut le réflexe de l'Attrapeur de se pencher en avant pour augmenter sa vitesse et Jade parut comprendre son envie dans sa gestuelle. Soudainement, des ailes se déployèrent de part et d'autre de son corps et battirent puissamment. Au bout de deux coups, Charlie réalisa qu'ils s'élevaient et il regarda Jade frôler la barrière avec un rire euphorique. La sensation était paradoxale parce qu'il ne maîtrisait rien, tout en retrouvant les marqueurs qu'il adorait sur un balai : le vent qui sifflait à ses oreilles, la pluie qui s'écrasait sur son visage avec l'impact de mille balles, cette sensation incroyable de ne faire qu'un avec le ciel et ses éléments. Mais cette fois, il se laissait guider par la créature sous ses jambes. C'étaient ses décisions, sa direction et Charlie pouvait se laisser emporter tout en profitant. L'adrénaline gonflait ses veines, ramenait ses nerfs à fleur de peau qui lui faisait ressentir chaque caresse du vent au centuple. Pourtant, Jade ne monta pas haut, l'emmena à peine vers la cime des arbres avant de tournoyer plusieurs fois autour de clarière en vol plane qui permit à Charlie s'embraser la Forêt du regard. Puis l'hippogriffe piqua vers le sol et il sentit son corps partir en arrière si brusquement qu'il en fut désarçonné. Son cœur remonta dans sa gorge et il ravala le cri qui montait depuis sa poitrine lorsqu'il vit le sol se rapprocher. Mais Jade maîtrisa cela avec la grâce d'une grande dame et rencontra la terre avec délicatesse pour se remettre à trottiner. Charlie, malgré sa vague frayeur au moment de la descente, souriait largement, trempé jusqu'aux os après la balade sous la pluie, les cheveux complétement sans dessous de sous, à moitié en piqué, à moitié plaqué contre son visage. Maintenant qu'il était redescendu sur terre, il avait l'occasion d'apprécier l'euphorie qui s'était emparée de lui tout entier et qui lui donnait envie d'éclater de rire comme un dément et de danser sous la pluie. Par toutes les affaires de Merlin et les gargouille de ce monde, ça avait été incroyable.

Soulagé de voir revenir leur étoile venir sur terre, ses camarades applaudirent à tout rompre et Charlie se laissa tomber sur le sol, les jambes étrangement flageolantes après toutes les émotions qui parcouraient toujours son corps. Farhan fut le premier sur lui et lui prit le bras quand il trébucha dans la boue, complétement sonné.

-T'es complétement cintré !

-C'était incroyable, Fa' ! s'exclama Charlie, euphorique. Tu devrais essayer, ça va te détendre !

-Non, moi ça va me tuer, répliqua Farhan, lucide. Il n'y a qu'un dingue comme toi pour revenir vivant de ça ... Allez, reviens sur terre !

Il était vrai que Charlie avait encore l'impression de planer : son esprit revivait en boucle les sensations, les images, les sons. Il se prit la tête à deux mains en poussant un petit cri de jouissance et enfin évacuer l'adrénaline de son corps. Lentement, le monde perdit de ses couleurs et le visage de Farhan lui apparut distinctement, entre horreur et admiration.

-C'est bon, je suis là, assura Charlie, un immense sourire accroché à ses lèvres.

-Et je pense que sur cette démonstration on peut arrêter le cours, annonça Brûlopot. Vendredi prochain je vous apprendrais à les nourrir, ce qui est une autre paire de manche ... l'hippogriffe peut être hargneux quand il a faim.

-Tu confirmes, Abbot ? lança Lauren de façon assez mesquine.

Joséphine réagit assez sagement en exécutant une gracieuse révérence ponctuée du déploiement spectaculaire de son parapluie et de son majeur dressé en direction de la préfète de Gryffondor. Une partie de la classe pouffa devant la scène, dont Lauren, qui n'était pas particulièrement rancunière. Charlie profita que ses camarades s'éloignent pour s'élancer vers son professeur, le cœur battant toujours la chamade.

-Merci de m'avoir permis de la monter, fit-t-il, reconnaissant. C'était vraiment une expérience extraordinaire ...

-Mais de rien. Je ne l'aurais autorisé si vite à personne d'autres, Charlie. Vous avez un don avec les bêtes. Vous savez vous faire accepter d'elles, vous mettre à leur hauteur. C'est une qualité rare chez un humain ... On a tous tendance à croire que les animaux nous sont inférieurs et pourtant quand on voit ce qu'ils sont capables de produire ...

Le professeur lui sourit avec toujours cet air de grand-père qui avait séduit Charlie dès sa troisième année. Lui-même n'avait connu aucun de ses grands-parents – peut-être son grand-père Prewett mais très peu – et cette aura chaleureuse et bienveillante lui était inconnue. Et il appréciait particulièrement la façon dont il s'occupait de ses élèves de façon à tirer et dévoiler le meilleur d'eux-mêmes. Il l'avait encore prouvé en envoyant Tonks, brillante mais réputée pour sa maladresse la première devant l'hippogriffe pour lui donner confiance ou en faisant une analogie incroyablement juste entre la créature et Joséphine pour capter l'attention de celle-ci. Brûlopot donna une tape dans le bras de Charlie.

-Mais les photos attendront, j'ai l'impression qu'on vous attend de pied ferme ... De toute manière elles sont dans la Salle des professeurs et j'ai promis à Hagrid d'aller boire le thé chez lui ...

-Je peux vous accompagner professeur ...

Brûlopot cligna des yeux, l'air surpris.

-Mais on vous attend, Weasley ...

Charlie se retourna, un brin irrité par l'argument pour voir qu'en effet, Joséphine était restée à l'entrée de l'enclos, sous son parapluie jaune. Quelques mètres plus loin sous celui rose de Tonks, Farhan lui jetait un regard perplexe. Devant cette double attente avec des yeux fixés sur lui, Charlie n'eut d'autres choix que céder.

-C'est vrai ... A vendredi, professeur.

-A vendredi Charlie. Prenez soin de vous.

Le professeur lui tapota l'épaule et s'en retourna vers les hippogriffes pour leur parler d'une voix joyeuse, évoluant dans le troupeau comme s'il était l'un des leurs. Un pincement d'envie vint serrer le cœur de Charlie mais il s'en retourna vers Joséphine, toujours immobile sous son parapluie. Un sourire tordu déforma ses lèvres.

-Alors, comment était la balade ?

-Exaltante, répondit-t-il en tentant de masquer sa déception. Franchement à essayer.

-Tu veux que je me brise le cou ? plaisanta Tonks en se désignant.

Ses cheveux avaient pris une teinte violette plus proche de ses goûts habituels mais il semblait aussi à Charlie que cette fois, ses yeux avaient changé de couleur. Tonks avait des yeux sombres, d'un brun chocolaté mais cette fois ils lui semblaient presque verts. A cause d'un accord avec les professeurs, elle n'avait le droit que de changer de couleur de cheveux et profitait visiblement de la forêt pour l'outrepasser.

-Mais c'était exceptionnel, Weasley, ajouta-t-elle avec exaltation. Franchement, quand l'hippogriffe a repiqué vers le sol j'ai cru ...

-Qu'il allait lui se briser le cou ? compléta Farhan, dépité.

-Je pensais à s'enduire boue jusqu'à faire qu'un avec la terre, objecta tranquillement Joséphine. Devenir un homme-glaive.

Ils échangèrent un regard entendu et Charlie songea très soudainement qu'il avait été très heureux jusque là que son meilleur ami et sa petite-amie ne se côtoient pas. Non, maintenant qu'il y pensait, c'était sans doute pour lui la pire association que l'univers pouvait lui imposer.

-Vous avez fini vous deux ?

-Ne me mets pas au défi, Weasley, le prévint Joséphine.

-Tu n'as pas besoin de moi pour ça ...

Elle leva les yeux au ciel et fit tournoyer son parapluie. De l'eau gicla sur Tonks qui poussa un cri de protestation et Joséphine prit quelques mètres d'avance, l'air assez fière d'elle. Elle enroula son bras autour de celui de Charlie et celui-ci courba l'échine pour ne pas se prendre la toile jaune et humide dans la figure. Joséphine ne fit évidemment aucun effort pour lever son bras et il finit par lui prendre le manche des mains.

-Je vais finir par ployer ...

-Oh quelle tristesse ... Tu as cours là ?

-Non, c'était le dernier ... Pourquoi ?

Joséphine haussa les épaules d'un geste qui se voulait nonchalant mais Charlie la connaissait assez pour comprendre que tout était feint dans son attitude. Nerveux, il jeta un regard derrière son épaule et croisa le regard de Farhan. Son ami l'incita d'un geste à retourner vers elle et Tonks elle-même réagit en plaquant une main contre son visage d'un air désespéré. Sur ses lèvres qui n'étaient plus fines mais pulpeuses, il semblait lire « Ah, les garçons ... ».

-Je pensais qu'on pourrait aller voler mais avec ce temps c'est quasiment impossible et je suppose qu'avec ta balade sur l'hippogriffe tu as eu ta dose, fit Joséphine avec toujours ce ton qui en plus d'être neutre se teintait d'une certaine froideur. Si je n'ai même plus le vol, qu'est-ce qu'il me reste ...

-Jo ... Arrête, ne dis pas ça ...

Mais elle darda sur lui un regard courroucé qui noua les entrailles de Charlie. Il avait parfaitement conscience d'appliquer à la lettre la stratégie du fuyard depuis quelques semaines, évitant par tous les moyens possibles de se retrouver dans une situation d'intimité avec elle. Il se doutait aussi qu'avec cela, il risquait de provoquer la frustration et l'ire de Joséphine et que jusque là elle avait été d'une patience aussi remarquable que culpabilisante pour Charlie.

-Alors qu'est-ce que j'ai, Charlie ? Dis-moi, parce que j'ai l'impression qu'un monstre est en train de grignoter notre relation. Et invisible le monstre, je ne le vois pas, mais je vois ces pans qui disparaissent petit à petit sans que je ne puisse rien y faire. Toi qui es spécialiste des créatures magiques, tu peux peut-être l'identifier ?

-Jo, murmura Charlie, embarrassé. Tonks et Farhan sont juste derrière ...

Mais c'était de moins en moins vrai : le parapluie rose était réduit à une tâche derrière eux maintenant qu'ils avaient quitté la Forêt Interdite et que la pluie tombait de nouveau sur eux avec toute son intensité. Cette nouvelle tentative de fuite parut embraser Joséphine qui arracha son parapluie pour le replier et le pointer sur lui, comme une baguette magique. Livré aux éléments avec le regard furieux de Joséphine planté sur lui, Charlie n'eut d'autres choix que de lever les mains en signe d'apaisement.

-Oh, Jo ...

-Tu avais dit que tu parlerais, attaqua-t-elle d'un ton acide. Que tu arrêterais de fuir mais tu le fais toujours. Alors tu fais mine, tu passes du temps avec moi, tu me prends dans tes bras mais ne crois pas que je ne vois pas que quelque chose cloche, Weasley. Assume un peu, sois un Gryffondor et arrête de fuir, affronte-moi !

Charlie poussa un gros soupir et lança un petit regard en arrière en espérant presque que la présence de Tonks et Farhan le sauverait mais le parapluie rose s'éloignait en direction du château. La pointe de celui de Joséphine vint le piquer à l'épaule avec hargne.

-Et arrête d'espérer qu'O'Neil te sauvera, c'est entre toi et moi cette affaire ! Dis-moi ce qui se passe !

-Mais je ne sais pas !

Le cri de Charlie lui avait échappé, presque désespéré. Il détestait cette flamme qui s'était allumée dans les iris de Joséphine : c'était celle qu'il tentait d'éteindre, celle qui la détruisait de l'intérieur avec des doutes et de l'amertume. Celle contre laquelle il se battait mais il se rendit soudainement compte que depuis quelques semaines, il l'alimentait. Repoussant le parapluie qu'elle pointait toujours sur lui, il s'approcha et la prit par les épaules. Son visage ruisselait d'eau : des gouttes s'accrochaient à ses cils avant de dévaler la pente de sa joue. L'illusion était cruelle et trompeuse car ses yeux, eux, étaient parfaitement secs.

-Jo, je ne sais pas. La seule chose que je sais, c'est que ça n'a absolument aucun lien avec toi, avec ce que tu es. Le nombre de fois où je t'ai répété que tu étais belle, intelligente et incroyablement caractérielle. Chaque fois je le pensais ...

-Alors qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi je dois quasiment te supplier, pourquoi tu me bloques comme ça ?

Charlie se sentit complétement désemparé face au désespoir qui avait teinté la voix de Joséphine. S'il y avait bien une chose qui l'effrayait dans la vie, c'était la déception et c'était aussi cela qu'il sentait transpirer dans ses propos. Une forme de désillusion terrible qui donnait à Charlie l'impression d'être plus bas que terre. D'un revers de manche complétement trempé, elle essuya ses joues et cligna des yeux pour faire tomber les gouttes gênantes.

-Je dois te partager avec tout et tout le monde. Les cours, le Quidditch, ton univers. Je suis prête à l'accepter si j'ai une relation de couple pleine et entière, si je sens que je compte et que j'ai une place centrale dans ta vie mais là je ne le sens pas ...

-Tu ne peux me demander ça ...

Joséphine vrilla sur lui un regard écarquillé, incrédule et qui s'embrasa dangereusement. Charlie voulut ravaler ses mots mais c'était trop tard : elle avait résumé tout ce qu'il détestait dans leur relation.

-Jo, tu ne peux pas demander à mon monde de tourner autour de toi. J'ai plusieurs pôles, plusieurs piliers, et tu peux être l'un d'entre eux mais il faut que tu acceptes les autres...

-Que j'accepte les autres ? répéta Joséphine, furieuse. Mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi tu penses que je me suis intéressée à Farhan, pourquoi je te laisse aller avec Hagrid, pourquoi j'ai assisté à tes essais de Quidditch ! J'essaie, c'est toi qui n'essaies pas !

« Je te laisse », releva à part lui Charlie, dépité. La formulation était équivoque et contredisait tous les efforts qu'elle pouvait faire. Chez Joséphine, le partage était loin d'être instinctif. Elle avait besoin de sentir qu'on lui appartenait, d'une manière ou d'une autre. Elle marquait les gens au fer rouge. Une fois qu'on avait Joséphine ancré en soit, c'était impossible de s'en débarrasser. Il se sentit immédiatement honteux de mettre la faute sur elle alors que la base de cette dispute était de son fait, de ses sensations – ou plutôt, de son absence de sensation – qui le faisait douter depuis des semaines. Mais il doutait d'elle comprenne que ces interrogations le concernent lui, lui en tant qu'homme qui avait échoué lors de la première fois, d'homme qui ne ressentait que du vide face à une femme belle et attirante, qu'il aimait, d'étoile montante propulsé au firmament par ses camarades et qui échouait dans la forme la plus basique de l'amour. Non, vraiment, Charlie détestait décevoir. Il vivait pour répondre aux attentes des autres et dans cette situation, il ne répondait à rien. Ni à Joséphine, ni à la foule, ni à lui-même.

Non. Joséphine était trop égocentrique pour comprendre que c'était lui le problème.

Alors il ne pouvait pas lui parler de ça. Elle réagirait mal, songerait qu'il ne l'aimait pas assez ou ne la trouvait pas assez désirable, subirait le comparatif cruel de ses sœurs et des autres filles qui elles savaient pertinemment combler un homme. Il supposait que c'était un poids social qui tombait autant sur ses épaules que sur les siennes : lui n'était pas censé échouer, mais elle était censée attirer et garder. Il fallait qu'il trouve une solution à son problème et il fallait qu'il la trouve rapidement s'il ne voulait pas voir Joséphine sombrer. Le contraire de la mission qu'il s'était donné avec elle. Briser la roue de l'enfer.

Incapable de lui dire ce qu'il avait sur le cœur, il s'avança vers elle et l'enlaça, malgré le parapluie qu'elle tenta d'interposer entre eux deux, malgré les protestations de la jeune fille qui finirent par s'étouffer contre son torse, malgré les plaintes étranglées qui lui parvenaient toujours quand elle s'abandonna contre lui, visiblement vaincue. Charlie laissa aller sa joue contre son crâne aux cheveux détrempés, une drôle d'impression au creux de l'estomac. Il avait réussi à apprivoiser nombre de créatures et Joséphine était de loin la plus difficile et pourtant cette sédition sonnait comme un abandon, une domination provisoire, subie et non acceptée. Le constat lui donna de nouveau l'impression d'avoir échoué quelque part dans son rôle et il acheva de se sentir minable en promettant dans un murmure :

-Je vais essayer ... Trouver une solution ... Je te jure. 

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