Chapitre 6 : La recherche de la paix
Hola tout le monde !
Nouveau chapitre de LDP ! J'ai tellement hésité à vous envoyer plutôt un chapitre d'O&P tellement j'ai hâte de vous faire lire la suite, mais j'ai été sage !
Par contre je tombe sous la dizaine de chapitre d'avance. DAMN IT PERRI faut te remettre au travail !
Bref, bonne lecture !
PS : la chanson évoquée dans le chapitre, c'est clairement issue de Bambi, hein. Imaginons juste qu'elle est passée dans le répertoire sorcier. J'aime beaucoup cette chanson.
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Un peuple qui ne connait pas son passé, ses origines, et sa culture ressemble à un arbre sans racines.
- Jean Anouilh
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Chapitre 6 : La recherche de la paix.
13 septembre 1990
Première heure de colle. Je m'ennuie royalement.
McGonagall, après m'avoir laissé une chance de rendre mon devoir de Métamorphose que je devais faire pendant les vacances. J'avoue que j'ai préféré passer le week-end avec Charlie et je n'avais rien pour elle lundi matin. Est-ce que je suis surprise ? Non. Contrariée ? Oh, au bout de la ... 27e heure (oui je viens de vérifier, je tiens un compte en bout de carnet), la contrarié passe vite. En plus c'est le préfet de Serpentard qui me surveille, mais je crois qu'il est en train de faire ses devoirs lui-même, il ne vérifie pas du tout ce que je fais. Alors quitte à perdre mon temps j'écris.
Le comportement de Charlie est illisible. Je te jure. Samedi matin il était détendu, heureux, naturel et dimanche soir presque distant. Il est resté toute la soirée avec Hagrid ... J'étais à deux doigts de l'accompagner, juste pour être un peu avec lui, juste pour comprendre pourquoi, pourquoi il préfère passer du temps dans cette maison qu'avec moi. Autant avec Farhan je commence à comprendre. C'est typiquement le genre de personne qui plait à Charlie : simple, droit, avec ce qui faut d'humour pour ne pas prendre complétement la vie au sérieux. Et si j'ai toujours cru qu'il n'était qu'un sage timide dans l'ombre de Charlie, je commence à voir qu'il y a volcan qui bouille en dessous de tout ça. Ce serait marrant de le faire exploser, mais je vais attendre un peu de voir. Il n'est pas désagréable comme garçon et pour peu j'accepterais presque de partager. Mais Hagrid ? Sérieux Charlie, respecte-moi.
Merlin ce qu'il pleut dehors ... On avait programmé une séance mais comme j'ai été collée, Aidan a annulé, McGonagall aura au moins servi à ça ... J'aime quand il pleut, mais de l'intérieur. Là de la fenêtre, on voit parfaitement les gouttes qui s'écrasent contre la vitre, ça fait un bruit incroyable pour de si petite chose ... J'arrive presque à leur trouver un rythme musical. C'est idiot, mais ça me rappelle une comptine que ma mère me chantait quand j'étais petite ... « Clap clip clap, quand le ciel se voile ton gai refrain – clap clip clap – ton refrain met du soleil dans le cœur ... Ciel comme elle est jolie – ciel comme elle est jolie ! – La chanson de la pluie – la chanson de la pluie ! ». Oh mille gargouilles, j'ai envie d'aller la chanter maintenant ...
***
-Ils ont été tués par des Mangemorts ?
Bérénice ouvrait de grands yeux peinés sans pour autant lâcher du regard la lettre qu'elle rédigeait depuis que Joséphine était revenue de retenue. Cette capacité à faire plusieurs choses à la fois avait toujours autant impressionné qu'agacé sa sœur. C'était elle qui l'avait interpellé pour lui demander si elle avait réussi à en savoir plus sur Farhan mais depuis Joséphine avait la désagréable impression qu'elle n'écoutait pas un traite mot de ce qu'elle racontait.
-Et on sait qui ? s'enquit-t-elle néanmoins en écrivant une ligne de plus.
-Non. Juste que c'était à Belfast parce que le père adoptif de Farhan habitait à côté. Les Mangemorts ont attaqué un hôtel plein de moldus et il a juste eu le temps de le sortir des flammes ...
Joséphine admettait qu'elle avait eu pitié en entendant l'histoire que lui racontait Charlie, autant qu'elle avait senti l'instinct de protection qu'il avait avec Farhan. Elle savait pertinemment que si elle utilisait ses informations pour blesser le Gryffondor, Charlie la tuerait sans la moindre hésitation. Bérénice pinça des lèvres à son tour et daigna même lever la tête de sa lettre.
-Et du coup il ne sait même pas s'il est sorcier ou né-moldu ?
Joséphine fronça du nez devant la formulation.
-C'est un sorcier, quoiqu'il arrive.
-Je sais bien ça, rétorqua Bérénice. Mais ... je ne sais pas, c'est triste pour lui. Comment il fait pour ne pas savoir qui il est ? Ça me rendrait folle ...
Joséphine garda le silence, tout aussi perplexe et intriguée. Elles étaient assises sur une table basse dans la Salle Commune de Serdaigle. Pour avoir visité lors de fêtes celles de Poufsouffle et de Gryffondor, Joséphine admettait qu'elle était ravie d'être tombée dans cette Maison, rien que pour cette salle. Les fenêtres en forme d'arcade laissaient entrer la lumière en abondance et donnait l'impression d'être réellement au milieu du ciel. La vue dégagée sur les montages était divine et Joséphine avait pu rester des heures, collée à la fenêtre à les dévorer du regard. Contrairement à celle de Poufsouffle, elle n'était pas étouffante avec son plafond bas et ses airs de cocons mais haut plafond en forme de dôme laissait au contraire Joséphine respirer. En revanche, elle avait chaque jour envie de donner un coup de pied à la statue de Rowena Serdaigle qui les toisait de toute sa hauteur et de toute sa supériorité. Elle observa les étoiles qui, le soir, se mettaient à briller et se reflétaient dans la moquette sombre.
-Charlie dit qu'il en n'en éprouve pas le besoin. Qu'il est très heureux comme il est et que ce qu'il a lui suffit.
Le ton de Joséphine interloqua Bérénice qui posa définitivement sa plume pour darder un regard d'avertissement sur sa sœur.
-Je connais cet air. Tu faisais exactement la même quand Ophélia a commencé à s'enfermer dans sa chambre pour écrire à Cassius et que tu voulais absolument voir ce qu'elle faisait. Je te revois brandir ses lettres comme si c'était un trophée ...
Joséphine se fendit d'un sourire fier qui provoqua le soupir de Bérénice. Il fallait bien qu'elle trouve de quoi s'occuper durant les longs été dans le manoir des Abbot. C'était soit découvrir à qui écrivait sa sœur, soit retourner le bureau de son père. Désabusée, Bérénice trempa sa plume dans son encrier.
-Enfin bref. Je te vois un jour arriver avec le même de satisfaction avec l'ensemble du dossier de Farhan sous le bras ... Pauvre garçon, il ne sait pas ce qu'il a déclenché en venant s'assoir à côté de toi.
-Ah ça je doute qu'il en ait la moindre idée, confirma Joséphine en battant des mains. Il fallait bien que je me distraie en cours de Potion ...
-J'ai une idée : et si tu faisais justement ta potion ?
Mais Joséphine l'ignora complètement. Elle effleura le carnet qu'elle avait dissimulé sur ses genoux, croisés en dessous de la table. La couverture était rigide, d'un pourpre sombre décoré d'entrelacs dorés incrustés et dont ses doigts suivaient les courbes. Ce carnet, ça avait été un achat compulsif dans une librairie trois années auparavant. Elle l'avait croisé, elle le voulait, c'était aussi simple que cela. Fort heureusement, sa mère n'avait pas protesté car au même moment, Ophélia réclamait une robe hors de prix et Joséphine s'était plongée le soir même dans l'univers merveilleux des pages blanches et vierges dans lesquels son univers le déployait. Le seul endroit sur ce bas-monde où elle semblait avoir une voix. Un véritable défouloir qui lui avait permis de se sortir d'une sombre passe entre sa troisième et sa quatrième année. Son univers, ses pensées, qui nécessitait quelques sortilèges de protection qu'elle avait été piochée dans les livres d'enchantement complexes. Ainsi, les pages devenaient blanches dès que quelqu'un d'autre d'elle les lisait et encre que la sienne se dissolvaient dans les fibres du papier. Elle avait essayé de lui faire mordre quiconque d'autre qu'elle tenterait de le lire mais elle ne voulait pas blesser Tinky qui rangeait régulièrement ses affaires.
La sonnerie qui annonçait la fin de sa colle l'avait coupée dans son moment détente de la journée, ce fameux moment où elle expiait toutes les frustrations, toutes ses pensées qu'elle n'avait pas pu formuler que ce soit par pudeur ou par prudence, tout celles que personne sauf elle ne voulait entendre. Elle serait bien restée un quart d'heure de plus à écrire mais le préfet de Serpentard l'avait vertement mise à la porte, l'air pressé d'en finir avec sa corvée. Et maintenant, c'était la présence de sa sœur qui la forçait à ne pas s'y replonger. Inutile d'essayer le dortoir où quatre filles étaient montées en gloussant.
-Je vais aller à la bibliothèque, annonça-t-elle finalement en rangeant son carnet dans son sac. Peut-être que Charlie y est, on a un devoir de sortilège à rendre pour demain ... J'ai essayé de le commencer en retenue, je vais peut-être en profiter pour essayer de le finir ... Tu t'es jetée sur les livres sur les conflits moldus, finalement ?
Bérénice lui jeta un regard acéré, l'air irritée d'avoir été si facilement découverte.
-Et bien il n'y en a pas tant que ça, figure-toi. Pas mal de traiter sur la magie en Iran parce qu'avec des villes comme Babylone ils ont une forte histoire culturelle magique, et énormément sur l'Egypte évidemment mais rien sur l'histoire moldue ! J'ai dû demander à Maya ! On est des foutus sorciers qui se désintéressent de tout ce qui ne concernent pas la magie !
-Ouh, mais comme tu y vas, s'amusa Joséphine. Je vais peut-être finalement rester juste pour te regarder t'énerver et devenir aussi enragée que moi ...
-Cours toujours.
Et comme pour le prouver, elle prit une profonde inspiration et se reconstitua un masque de sérénité pour lui servir ce sourire absolument adorable qui creusait des fossettes dans ses joues. Joséphine renifla avec mépris et hissa son sac sur son épaule. Il n'y avait pas à dire, Bérénice savait comment la faire fuir. Mais avant qu'elle ne se lève, sa sœur l'interpella une dernière fois, l'air plus sérieux.
-Envoie une lettre à maman. Elle demande de tes nouvelles dans celle que je viens de recevoir ...
-Et ça lui déchirerait les doigts de m'envoyer une lettre plutôt que de t'envoyer passer le message ? répliqua Joséphine, subitement hargneuse.
-Ne lui en veux pas, souffla Bérénice, l'air indécis. Je pense ... je pense que c'est juste qu'elle ne sait pas comment te parler. Alors peut-être que tu pourrais lui donner le ton, non ?
Joséphine considéra la proposition un instant, le regard levé sur les étoiles au plafond. Sa correspondance avec ses parents avait été réduite à peau de chagrin au fil des années, des lettres vides de sens à l'image de leur relation. Si elle avait encore un lien avec sa mère, cette femme qui ferait tout pour la réussite de ses filles, elle n'avait plus échangé un mot aimable avec son père depuis plus de deux ans. Les compliments qu'avaient reçu Ophélia étaient hors de sa portée. Mais sa mère ... sa mère faisait des efforts.
-Je vais voir si je trouve l'inspiration, trancha-t-elle finalement. A toute.
Soulagée d'avoir de n'avoir pas obtenu de refus sec, Bérénice lui accorda un sourire que Joséphine sentait sincère et c'était pire que tout. Elle s'en fut avant d'avoir été touchée par l'aura de gentillesse de sa sœur et descendit tous les étages du château pour rejoindre la bibliothèque au deuxième. Elle croisa Aidan et Elisa, à l'ombre d'une armure en train d'échanger de langoureux baiser et son sang se mit à battre à ses tempes. Plus elle sentait Charlie lui échapper, plus elle s'accrochait. Elle fut prise d'une forte envie de fumer mais il refuserait de l'approcher si jamais il sentait l'odeur du tabac sur sa personne. Son étui à cigarette – un autre achat compulsif qu'elle avait cette fois fait dans le dos de sa mère – attendrait sagement dans son sac.
La pluie battait toujours furieusement les fenêtre du château. Résolue, Joséphine profita que les couloirs étaient déserts pour entonner :
-Clap clip clap, petite pluie d'avril, larmes de joie, symphonie de cristal ! Clap clip clap, petite pluie d'avril dans la forêt tu donnes un récital ...
De façon assez hasardeuse, elle n'eut pas à attendre la bibliothèque pour croiser Charlie : il remontait depuis les entrailles du château, haletant, son épaisse chevelure rousse complétement trempée. Il sursauta en voyant Joséphine surgir devant lui et posa une main sur son cœur.
-Par le caleçon de Merlin, Jo ! s'écria-t-il au moment où la jeune fille s'exclamait :
-Mais d'où tu sors ?
Ses chaussures étaient maculées de boue et sa cape déjà rendue grise par les lavages successifs et trop étroite pour lui était déchirée sur tout un pan. Un sourire coupable retroussa les lèvres de Charlie.
-Chez Hagrid. Il s'occupe de salamandre pour le cours des quatrième année de Brûlopot, j'ai été les voir et deux d'entre elles se sont échappées alors qu'il pleut à verse dehors !
Il avait l'air terrifié par la perceptive mais Joséphine ne lui renvoya qu'un regard dérouté et jeta un regard à ses genoux et ses mains boueuses. Elle faisait elle aussi Soin aux Créatures Magiques simplement parce que c'était la matière la plus pratique, celle qui demandait le moins de devoir écrire et lui permettait de respirer un peu d'air frai, mais elle ne comprenait pas la complète fascination de Charlie.
-Et ?
-Jo, les salamandres ne supportent pas l'eau ! Tu n'as rien écouté en quatrième année ?
-Depuis quand j'écoute en cours ? Et quel rapport avec le fait que Rusard va te pendre par les pieds dans son cachot pour avoir sali la moitié du château ?
Charlie se retourna et remarqua en effet que ses traces de pas était visibles et marqués par de grosses marques de boue sur le dallage impeccable de Poudlard. Il se gratta la tête, l'air indécis. Ainsi mouillés, ses cheveux lui atteignaient presque les épaules et il les repoussa des deux mains à l'arrière de son crâne.
-J'ai couru après, tout autour de chez Hagrid. Un grand moment, heureusement que tu n'as pas assisté à ça. Et toi ? Ce n'était pas ce soir que tu avais une retenue ?
Il lui adressa un doux sourire, entre espièglerie et une certaine condescendance. Il avait voulu la forcer à rendre ce devoir mais chaque fois qu'il avait osé proférer une telle chose, Joséphine s'était précipitée d'étouffer cela contre ses lèvres.
-Déjà passée, McGonagall m'a laissée dans l'ennui le plus total. On sent que l'âge commence à venir, elle a de moins en moins l'air d'un dragon et de plus en plus celui d'une vieille ...
-Surveille des paroles, Abbot, la coupa Charlie lui accordant une pichenette entre les deux yeux.
Le contact déclencha une vague de chaleur dans le ventre de Joséphine et elle s'efforça de ne pas immédiatement concrétiser cet allant en embrassant Charlie. Depuis leur première fois, ils n'avaient pas eu un seul véritable moment d'intimité et cette chaleur, cette ardeur qui avait pu pousser en elle dans ces moments-là lui manquait. Chaque fois ça avait été un sentiment incroyablement euphorisant et le plaisir qui avait balayé ses veines avait emporté tout le reste. Des instants purs d'oubli. Leur première fois n'en faisait pas parti mais elle ne désespérait pas que la prochaine expérience soit plus proche de ce qu'elle avait pu ressentir lorsqu'ils s'étaient trouvés à deux dans la Salle de bain des préfets, en fin d'année dernière.
Elle se maîtrisa d'une discrète inspiration et se rapprocha plutôt en effleurant les mèches rousses et trempées de Charlie. Elle écarta celle qui restait collée contre son front, un petit sourire aux lèvres.
-C'est précisément quelque chose que je ne sais pas faire ... Mais pour toi, peut-être que j'essaierais de faire un effort.
Charlie éclata de rire, et Joséphine sentit toutes les vibrations du son détendre les muscles de son corps. Et comble du bonheur, il se pencha vers elle pour poser un chaste baiser sur ses lèvres. Son parcours sous la pluie l'avait complétement glacé et son visage était humide mais elle fut tout de même déçue lorsqu'il ne prolongea pas et s'écarta doucement pour caresser son nez du sien dans un geste tendre qui acheva de la rassurer.
-Je me sens honoré, miss Abbot ...
-Vraiment ?
Joséphine tenta en l'embrassant à son tour, un peu plus longuement sans pour autant lui imposer un rythme effréné. Quelque chose de posé, à la hauteur de l'instant. Malgré son piteux état, Charlie passa une main dans son dos pour l'enlacer et cela encouragea Jo à approfondir le baiser. Elle passa une main dans ses cheveux humides et pressa son visage un peu plus vers le sien. La chaleur commençait à gagner ses joues quand l'élan les entraina vers l'arrière et que Joséphine se retrouva plaquée contre une rambarde d'escalier, une main passée derrière la nuque de Charlie pendant que l'autre caressait son col, tenté de dénouer la cravate pour délacer le champ des possibles. Le jeune homme finit par le percevoir car il recula de quelques centimètres, le souffle court, son regard bleu, écarquillé, planté dans celui de Joséphine.
-Je dois aller prendre une douche ..., annonça-t-il dans un râle.
-Hum ...
-Non, Jo, une vraie douche. Sérieusement, je me suis trainé dans la boue ...
La main de Joséphine se figea sur sa cravate et elle s'éloigna plus franchement de Charlie. Les mots avaient glacé le feu qui avait commencé à doucement crépiter dans son ventre et elle sentit son visage perdre des couleurs.
-Et si je m'en fiche ? souffla-t-elle, un sourcil dressé.
-Pas moi. Jo, écoute ... je ne veux pas ... je ne veux pas que ça se passe mal à nouveau.
-On ne le saura pas si on n'essaie pas, fit-elle valoir avec mordant. La salle de bain des préfets n'est pas libre ?
Les joues de Charlie s'empourprèrent magistralement et il jeta un regard aux alentours avec des airs de bête piégée. Constatant que personne n'écoutait leur conversation, il sembla hésiter quelques secondes avant d'enserrer la nuque de Joséphine de ses mains, grandes, encore froides et humides sur la peau de la jeune fille. Il se pencha de nouveau vers Joséphine et effleura ses lèvres d'un baiser tendre mais qui n'avait plus la chaleur des précédents.
-Promis, plus tard, lui chuchota-t-il avant de lui embrasser le bout du nez. Je dois y aller, on se voit demain ?
-D'accord, accepta Joséphine à contrecœur. A demain ...
Charlie lui sourit et sa main glissa le long de son bras pour venir enserrer ses doigts avant qu'il n'augmente drastiquement, définitivement, la distance entre eux deux. Après un signe de la main, il grimpa les étages en secouant sa tête toujours mouillée et disparut au détour d'un angle pendant que Joséphine le regardait en sentait le feu se muer en cendre au creux de son ventre. Mais un autre incendie s'était déclaré ailleurs, plus proche de son cœur et de son esprit qui surchauffait. Charlie était complétement lunatique : tendre, attentionné, tout en la fuyant de façon ouverte. Elle comprenait parfaitement que la première fois ait pu le traumatiser, voire l'humilier en un certain sens mais elle l'avait rassuré là-dessus dès le début et elle pensait avoir été incroyablement compréhensive compte-tenu de la douleur que cela avait pu lui causer. Malheureusement, les braises dans son ventre refusèrent de mourir et elle finit par quitter la place, complètement déroutée. Joséphine s'éloigna à pas furieux, prête à se griller l'ensemble des cigarettes présentes dans son étui jusqu'à ce qu'elle crache ses poumons. Et peut-être qu'après cela, elle trouverait le moyen d'y aller seule, dans la Salle des Bains des préfets. Pas besoin de Charlie pour oublier.
***
Farhan tentait de faire tous les efforts du monde pour maintenir les yeux ouverts pendant le cours d'Etude des moldus. Pourtant il le trouvait passionnant, d'autant que la septième année lui permettait enfin d'étudier l'Histoire mais le professeur Quirrell était un sorcier fébrile qui peinait à rendre son contenu intéressant. C'était le dernier cours de la semaine et Farhan avait passé toute la soirée et une partie de la nuit à jouer à la Bataille Explosive tout en buvant des bièraubeurre voire un ou deux verres de Whisky Pur-Feu. Merlin tout puissant, plus jamais une vieille de cours, se promit-t-il, la tête tambourinant. Il tentait de carter son regard fixer sur la carte animée de flèches magiques qui expliquait la Première Guerre mondiale mais il ne voyait que des tâches floues vaguement de la taille des pays belligérants Européens. La sonnerie le libéra autant qu'elle lui laboura le crâne et il se dépêcha de récupérer ses affaires et de sortir, retrouvant Charlie en face de sa salle de classe, visiblement hilare. Farhan poussa un gémissement quand il lui donna une grande tape dans le dos.
-Tu ne tiens pas l'alcool, O'Neil, rit son ami en l'entrainant dans les couloirs. Tu fais un piètre Irlandais.
-Ferme-la.
Charlie éclata d'un nouveau rire tonitruant qui fit grimacer Farhan. Il massa ses tempes en espérant que cela calmerait sa migraine. Elle empirait d'heure en heure et il était en train de songer aux quelques plantes qu'il gardait précieusement dans sa chambre et dont certaines pouvaient dissiper les brumes dans lesquelles baignaient mon cerveau.
-Je veux juste tomber dans le coma ... Et j'ai complètement raté mon sortilège de Transfert ce matin, la tête de McGonagall ...
-Je sais, j'étais à côté de toi. Mort de rire.
Farhan poussa un grognement de dépit. Charlie n'avait pas ce problème : avec sa carrure, il tenait parfaitement l'alcool et s'était réveillé frai et enthousiasme ce matin quand lui-même n'avait réussi à sortir de son lit qu'au dernier moment.
-Ami indigne ... Bon, on remonte ?
Charlie grimaça et retira son bras des épaules de son ami.
-Ouais, on remonte mais je devrais y aller dans la foulée.
-Tu vois Joséphine ?
En un éclair, il la revit sur les gradins de Quidditch, le soleil tirait du cuivre étincelant de ses cheveux, les yeux clos, la pomme volée dans une main et l'autre tendue à l'aveugle vers Farhan. Il avait été surpris de cette soudaine amabilité – toute relative – de la jeune fille et avait mis ça sous le compte d'une relation apaisée avec Charlie.
Il s'était inquiété en découvrant qu'il serait obligé de passer l'année de Potion à côté d'elle. Il avait sérieusement craint de voir sa vieille fascination se resolidifier comme un vieux spectre et que cela indispose Charlie. Mais finalement, il était étonnement facile de détester Joséphine Abbot, surtout quand elle mettait un point d'honneur à saboter chacune de ses potions pour le simple plaisir de se distraire ou de lui faire payer une faute imaginaire. La discussion sur les gradins où elle avait fait l'effort de comprendre son erreur l'avait quelque peu adouci mais son constat restait le même : il préférait Joséphine Abbot et sa fascinante aura de loin. Il n'avait jamais cherché plus, par ailleurs. Jamais chercher à la connaître. Justement parce qu'il avait eu peur de ce qu'il découvrirait.
Mais Charlie pinça des lèvres et secoua la tête.
-Nan. Entrainement. Le premier avec les nouveaux balais de Fred et George ... (Il passa une main sur ses yeux). Oh par le caleçon de Merlin, ma mère a dû me maudire ... Deux Brossdurs 5, ils vont manger de la soupe pendant deux mois ...
-C'est bien. La soupe ça fait grandir. Ron et Ginny en ont besoin ...
Charlie eut un petit sourire qui n'atteint pas ses yeux. La vérité, c'était que Farhan était aussi mortifié que paraissait l'être son ami sur la question. Il savait pertinemment que Charlie souffrait de voir sa famille se priver ainsi et avait même remis en question son entrée dans l'équipe du haut de ses douze ans au motif qu'un balai était trop cher pour ses moyens. Farhan avait bien essayé de les aider en obligeant son père à leur faire des remises sur les ingrédients de Potion mais ce n'était pas ça qui permettait à la famille de dégager de grosses économies.
-Tu ne pouvais pas leur refuser ça, tenta de le déculpabiliser Farhan. Ils étaient de loin ceux qui avaient le plus de potentiel et le plus d'envie ... sérieusement, tu aurais déchainé les enfers si tu leur avais refusé l'entrée dans l'équipe juste pour une question d'argent.
-Je sais, soupira Charlie, vaincu. C'est juste ... Bon sang, je voudrais les aider mieux que je le fais.
-Tu verras ça l'année prochaine. Là, c'est la dernière où tu peux penser à toi en toute insouciance alors profite.
Farhan hésita une seconde avant de demander du bout des lèvres :
-Mais avec Jo ? Ça va mieux ?
Là encore, Charlie parut mal à l'aise. Il récupéra un élastique à son poignet pour attacher quelques mèches de cheveux derrière son crâne le temps de chercher visiblement ses mots.
-Oui et non. Ça confirme beaucoup de chose, dont celle que je l'adore et qu'elle fait des efforts avec moi qu'elle ne fait avec personne d'autre. Ça me touche. Mais dès qu'il s'agit d'aller plus loin, je me sens bloqué. Je sais que je dois me forcer ...
-Ce n'est pas ce que j'ai dit, protesta Farhan. Juste ... tenter.
-Elle tente pour deux, grogna Charlie avec humeur. Et au fait, tu sais que Brûlopot ne revient que la semaine prochaine ? Bon sang, j'ai besoin de deux heures au grand air ! J'adore Hagrid mais je n'apprends pas grand-chose !
-Wha. Ça doit être le pire changement de sujet de tous les temps ...
Charlie lui donna un coup de poing dans l'épaule et les vibrations se répercutèrent jusque sa boite crânienne douloureuse. Farhan réprima un nouveau gémissement quand un cri vint de nouveau heurter ses oreilles et sa tête encore bourdonnante :
-Oh ! Farhan !
La voix était vaguement familière et le Gryffondor se retourna voir Maya Tabet sortir de la foule, un sourire aux lèvres. Depuis qu'il l'avait repéré dans la Grande Salle la première semaine avec son hijab, il avait l'impression de la croiser tous les jours, un petit peu comme Joséphine à l'époque. Elle émergea près d'eux, hors d'haleine et rajusta une mèche de cheveux bouclée qui s'était échappée de son voile bleu marine accordé aux couleurs de Serdaigle.
-Je ne sais pas si tu te souviens de ...
-Maya, confirma Farhan avec un sourire fatigué. Tu as oublié l'anniversaire de ta mère.
La jeune fille rougit et se trémoussa, visiblement embarrassée.
-Oui, c'est ça. Euh ... je suis désolée de te déranger ... je voulais juste ... te parler.
-Bon, je vous laisse, décréta Charlie en désignant les escaliers. Capitaine, responsabilité et possiblement copine en furie qui m'attend quelque part, je ne peux pas me permettre d'être en retard.
Il s'engouffra dans l'escalier qu'il grimpa quatre à quatre et Farhan l'envia d'entrer dans la douillette Salle Commune où il rêvait de s'écrouler. Faute de quoi, il se tourna vers Maya qui semblait toujours vaguement embarrassée devant lui. Farhan craignait que derrière le « parler » il y ait ce qu'elle avait laissé échapper sur les gradins : la joie de pouvoir enfin parler la même langue que l'autre. Cela avait été réciproque ... jusqu'à ce que la conversation ne se resserre trop sur lui à son goût.
-Je ne t'embête pas ? s'inquiéta Maya. Tu as l'air ...
-Fatigué ? devina-t-il avec un petit rire. Oui, c'est le cas mais j'ai cinq minutes ... Qu'est-ce qu'il y a ?
Maya jeta un regard à la dérobée sur l'ensemble des élèves présents. C'était une fille très mignonne à la peau mate, aux pommettes hautes et aux yeux bruns pétillants. L'espace d'un instant, Farhan dût donner raison à Joséphine : ils avaient des physionomies semblables. Avec ce voile qui dégageait son visage, ses traits ressortaient avec plus de netteté. Certains continuaient de la fixer d'un air perplexe ou intrigué mais s'attardaient rarement plus d'une ou deux secondes.
-J'ai parlé à Joséphine, finit-elle par lâcher du bout des lèvres. Je suis désolée pour tes parents ... et d'avoir été insistante la dernière fois.
Farhan faillit tomber à la renverse. A dire vrai, il se sentit soulagé de n'être pas loin des arcades qui bordaient la cour intérieure de l'école et s'assit sur le muret, abasourdi par l'information et prêt à aller déchiqueter Charlie. Après avoir dormi quinze heures et l'avoir assommé par derrière. Se méprenant sans doute sur la raison de sa soudaine faiblesse, Maya se rapprocha et poursuivit avec douceur :
-Elle m'a dit qu'ils étaient morts dans une attaque de Mangemort ...
-A Belfast, oui, acheva Farhan, peu désireux de s'étendre sur le sujet. Et ne t'en fais pas, tu ne savais pas.
Mais Joséphine Abbot avait fini par savoir. Et Merlin que ça le contrariait de voir son histoire soigneusement édulcorée lui exploser à la figure là où il s'y attendait le moins. Beaucoup de gens savaient qu'il avait été adopté par Nolan mais peu demandaient des explications accrues. Ils étaient tous des enfants de la guerre contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et chacun avait perdu un proche ou vécu son propre enfer. Alors peu importait les souffrances des autres : l'heure était à l'insouciance et au renouveau. Laisser la guerre derrière, la regarder s'éloigner et appartenir chaque année un peu plus au passé, c'était la règle d'or de la Communauté Magique.
Maya s'installa à côté de lui, son sac posé contre ses genoux. Elle avait accroché à sa lanière une lune et une étoile argentée et Farhan se permit de les effleurer du bout des doigts. La jeune fille eut un sourire penaud.
-J'adore l'astronomie, aussi. Je suis fascinée par la façon dont la lune influe sur le monde ... les sorciers arabes l'ont compris avant les occidentaux. Les véritables cycles de la magie, c'est à la lune qu'on les doit donc le calendrier lunaire est plus logique.
-C'est vrai qu'on potion on travaille en terme de cycle de lune, admit Farhan, impressionné. Bon, de quoi tu voulais me parler ? A part que Joséphine Abbot met son nez dans des affaires qui ne la concerne absolument pas ?
Maya éclata de rire et ouvrit largement un bras pour englober Poudlard.
-Que veux-tu, la curiosité est l'un des piliers de Serdaigle ! On a une soif de savoir concernant toute chose : on est le royaume des ragots et crois-moi Jo est notre reine. Quand elle se tait, personne ne fait vraiment attention à elle alors elle entend absolument tout !
Elle fouilla dans son sac, faisant teinter sa lune et ton étoile, pour en ressortir un carnet et une plume. Elle fourra son encrier dans les mains de Farhan, le déboucha et y trempa sa pointe tout en expliquant.
-En fait, j'ai eu une idée. Tu ne sais pas où tu es né exactement, c'est ça ? (Avec lenteur, Farhan hocha la tête et Maya eut un grand sourire) Tu parles arabe ?
-J'ai quelques restes et je m'y suis remis il y avait quelques années.
C'était la seule chose qu'il avait réussi à faire pour affirmer son identité. Creuser le drame qui lui avait pris ses parents ne l'intéressait pas mais en revanche s'imprégner de la culture qui avait été la sienne pendant cinq ans était un processus qui l'avait apaisé. Son père adoptif qui l'avait encouragé dans cette voie, du moment qu'il continuait de fêter la Ste-Patrick avec lui et de soutenir l'équipe de Quidditch d'Irlande. Par Merlin, Joséphine avait raison : il était la combinaison la plus étrange de l'histoire.
Maya grimaça.
-Ah, tu as appris l'arabe littéraire ... Ce n'est pas grave, je suis sûr qu'on peut trouver des marqueurs ...
-Des marqueurs ?
-L'arabe est une langue plurielle, chaque région a son ...
-... propre dialecte, acheva Farhan en comprenant où elle voulait en venir. Et tu penses trouver des mots qui sont différents de ton propre dialecte et qui sont caractéristiques de là d'où mes parents viennent ?
Maya hocha la tête, l'air très fière d'elle.
-Mon père est professeur en langue et culture arabe à l'université de Leeds. Il connait un nombre incroyable de dialecte, et c'est un chercheur invétéré, je suis sûre que si je lui donne quelques mots clefs il trouvera ta terre natale.
-Il ne travaillait pas au canal de Suez en Egypte ?
-Haut placé, comme administrateur. Il avait déjà fait une thèse en Angleterre pour ses études, il est diplômé de l'université de Bristol. A Leeds, ils l'ont accepté tout de suite comme professeur ...
Farhan sentait un certain orgueil dans la voix de Maya et devant tant d'enthousiasme, Farhan rechigna à lui dire non. Par ailleurs, le lieu de sa naissance restait un mystère qui, sans l'obséder, était un frein à son appropriation culturelle alors sans trop savoir où il mettait les pieds, il accepta. Maya battit des mains, l'air heureuse et coupa sa feuille en plusieurs colonnes. Pendant quelques minutes, elle se mit alors à lui parler arabe d'une voix claire et déterminée. Celui de Farhan était rouillé, plus scolaire et plus haché mais Maya parvint à capter quelques expressions qui ne relevait ni de l'arabe littéraire, ni de celui qu'elle parlait, enseigné par ses parents. Parfois la différence était telle qu'ils n'arrivaient pas à se comprendre et Maya finit par fermer son carnet, les yeux étincelants.
-Je retire ce que j'ai dit : clairement, on ne parle pas la même langue ! (Elle tapota la couverture de son carnet, l'air indécise). Tu n'as vraiment plus de souvenir d'eux ? Je ne sais pas ...
Farhan retint une grimace. L'exercice avait accentué son mal de crâne et l'étau qui enserrait ses trempes se faisait de plus en plus pressant. Tout cela fut décupler quand la question de Maya réveilla en lui le son assourdissant d'une explosion qui fit vibrer sa boite crânienne.
-J'étais petit ... C'était confus ... non, pas trop de souvenir. Juste ...
Il s'interrompit à temps et se laissa aller contre l'arcade, un goût de cendre dans la bouche. Il ne voulait pas parler de Shahrazade. Shahrazade lui appartenait, même s'il ne savait absolument ce à quoi elle renvoyait.
-Même pas leur nom ? demanda Maya devant son silence.
-Non. Ils étaient émigrés et n'étaient inscrits sur aucun registre sorciers ... Et ils sont morts dans un hôtel. C'est la réceptionniste qui a dit à mon père adoptif que c'était des émigrés palestiniens mais c'est tout ce qu'elle savait ... Elle n'avait même pas leur nom.
Maya le contemplait, l'air peiné mais Farhan balaya sa compassion d'un geste de la main.
-Ce n'est rien, tu sais. Ça m'a permis de ne jamais réellement en souffrir et mon père ne m'a jamais caché qui j'étais réellement. Il m'a laissé une totale liberté sur la façon dont je voulais gérer cette sorte de double identité et je ne pense pas l'avoir mal faite. Je ne me renie pas, j'apprends ce que j'aurais certainement dû apprendre mais je me sens aussi le fils de Nolan O'Neil et c'est parfait comme ça. J'adore mon père. Je n'ai pas besoin d'aller chercher plus que ça ... (Il soupira). Peut-être qu'en tant que curieuse Serdaigle tu vas me dire que c'est idiot ...
-Non, le coupa Maya avec sérieux. Non, crois-moi je ... je comprends parfaitement. Parfois ça ne sert à rien de remuer le passé, on en retire plus de mal qu'autre chose. Si tu es heureux comme tu l'es ... personne n'a le droit de te dire que tu es idiot. Et personne n'a le droit de te forcer.
Farhan sentit un sourire soulagé effleurer ses lèvres. Charlie était de ceux qui ne comprenait pas, qui lui avait proposé d'aller au Ministère retirer le dossier qui concernait l'attaque qui avait tué ses parents pour avoir le nom des Mangemorts mais à quoi cela servirait-t-il ? A se venger, à haïr ? A soulever tout un panel de sentiment négatif alors qu'il était en paix ? Bien sûr parfois l'envie d'en savoir plus était présente, brûlante et tentante mais Farhan parvenait à la maîtriser depuis qu'il était de retour dans le chaudron turbulent de Poudlard. Il n'avait pas envie qu'on attise cette envie, qu'on le pousse vers cette voie sans savoir où cela mènerait. Alors que Maya soit aussi compréhensive concernant sa volonté le rassurait agréablement.
-Merci. Maintenant va dire ça à Joséphine Abbot.
-Elle n'est pas si méchante, s'esclaffa Maya. Elle m'a pas mal défendu pour mon voile, par exemple ... Avec moi elle a toujours été sympa en tout cas, je pense que ça rend jalouse Bérénice. Sa sœur, précisa-t-elle quand Farhan lui renvoya un regard plein d'incompréhension. Elle était là, sur les gradins. C'est ma meilleure amie.
-Ah ...
Farhan passa une main sur son visage. Il n'arrivait pas à retenir le visage de la jeune sœur de Joséphine, pourtant vantée comme était l'une des filles les plus jolies et les plus intelligentes de l'école.
-Désolé, je suis vraiment fatigué ...
-Je vais te laisser aller te reposer, alors, fit Maya en rangeant son carnet. J'envoie tout ça à mon père ce soir et je te préviens quand il me répondra !
Elle se leva et hésita quelques secondes avant d'adresser un petit sourire à Farhan.
-C'était vraiment cool de parler. Si un jour tu veux avoir plus d'information ou juste discuter sans avoir à tout le temps définir tous les mots que tu utilises, n'hésite pas.
-Pas de problème. Et ... merci, Maya. C'est adorable ce que tu fais.
La jeune fille rougit et voulut faire un geste pour repousser une mèche derrière son oreille avant de se rappeler que ses cheveux étaient enveloppés sous son hijab.
-En fait, c'est aussi de la pure curiosité de Serdaigle, si je dois être parfaitement honnête. Au revoir !
Elle lui adressa un signe de la main et Farhan lui renvoya mollement, à peine capable de bouger. Elle se précipita vers l'escalier et l'engloutit rapidement, sans doute pressée à l'idée d'envoyer sa lettre et d'avoir le fin mot de l'histoire. Farhan devait l'admettre, malgré les lutins de Cornouaille qui dansaient dans son crâne, il avait grandement apprécié sa conversation avec la jeune fille. Maya était vive, intelligente, ouverte d'esprit et le contact entre eux s'était fait avec un naturel qui le rendait perplexe. Il avait toujours détesté parler aux inconnus et les inconnus de sexe féminin étaient le comble de l'angoisse pour lui mais il n'avait éprouvé aucune difficulté à converser avec Maya Tabet. Un véritable tour de force que l'univers avait exécuté là ...
Il finit par s'arracher au parapet pour enfin aller sombrer dans le coma mais quelqu'un contraria ses plans en passant son bras sous le sien. Il tourna la tête pour reconnaître sans peine la chevelure rose de Nymphadora Tonks.
-C'était qui ? demanda-t-elle joyeusement sans prendre la peine de le saluer.
Farhan retint un gémissement. Contrairement à ce que songeait Charlie, Tonks n'avait aucune vue sur lui mais énormément sur sa vie amoureuse et scrutait ses relations avec la plus grande insistance. Il s'en voulait de ne pas avoir remarqué sa chevelure rose dans la foule et s'être douté qu'elle avait un œil sur Maya et lui.
-Une Serdaigle ..., éluda-t-il d'un ton vague.
-J'ai vu ça, mais c'est qui ? Et pourquoi elle porte un foulard ? Quirrell a lancé une mode ?
Malgré la question qui était susceptible de l'irriter, Farhan éclata de rire. Tonks avait suivi avec lui les cours du professeur Quirrell qui portait de temps à autre un turban dont il prétendait qu'un prince indien lui avait fait cadeau mais Farhan continuait de douter de cette version.
-Et toi, pourquoi tu as les cheveux roses ? contrattaqua-t-il, amusé.
-Touchée, admit Tonks d'un ton guilleret. Tu as raison, elle fait ce qu'elle veut cette fille. Mais du coup c'est qui ? Le meilleur moyen que tu as trouvé pour te faire oublier Joséphine Abbot ?
-Tonks ...
-Oui je sais je suis agaçante mais ça tu le savais en devenant mon ami, O'Neil. D'ailleurs, j'ai besoin de tes brillantes lumières pour le devoir de Botanique qu'on a à rendre pour la semaine prochaine, tu viens avec moi à la bibliothèque ?
-Non ! Non, je veux dormir !
Mais Tonks ne l'entendit pas de cette oreille et avec un éclat de rire, le traina jusqu'à la bibliothèque pendant que Farhan étouffait ses gémissements dans une main plaquée contre son visage. Elle ferait son devoir si elle le souhaitait, mais lui roupillerait sur la table, quitte à déclencher l'ire de Mrs. Pince.
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