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Chapitre 50 : Tempête et silences

GUESS WHO IS BACK 

*pluie de confetti* 

*musique de rock star* 

IT'S MEEEEE 

Alors vous vous êtes un peu remis de la fin d'O&P? ça a été tout en douceur en vrai, avec plein d'étape, tellement que j'avais la sensation que cette fin n'avait pas de fond ! 

Concernant La dernière page que vous retrouvez ici ... Bon, j'ai réussi à m'y remettre, mais pour une scène, le chapitre n'est même pas terminé. Donc je pense que je vais garder une publication d'une fois toutes les deux semaines dans un premier temps, histoire de ne pas me retrouver avec rien non plus (j'ai 6 chapitres d'avance, et il m'en reste ... attendez j'ai fait des nouveaux calculs. 6 ou 7 à écrire? Je ne sais plus). 

En plus on ne reprend vraiment pas avec un chapitre de tout repos. Non, non, non, c'est du lourd dès la reprise ! 

Mais puisque ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, on va faire un petit récap, qu'est-ce que vous en dites? 

***

Dans les épisodes précédents ... 

Après moults péripéties, Farhan et Joséphine forment enfin un couple soudé aux yeux de Poudlard. Joséphine, un peu libérée du poids du viol qu'elle a subi, s'attaque elle à sa relation avec son père auquel elle a envoyé une lettre dans les chapitres précédents. Lettre restée sans réponse ...

Farhan, lui, a toujours la tête sous l'eau. Dans les chapitres précédents, il apprend que sa grande sœur Shahrazade était un Obscurial et qu'il se peut que ce soit une crise, provoquée par les combats entre Manegmorts et Aurors dans l'hôtel, qui ait tué ses parents et une partie des victimes. La pilule est amère à avaler mais semble constituer un point final à son histoire, surtout après sa discussion à l'hôpital avec Aloyssius Abbot, père de Joséphine et Auror présent ce soir là. S'il est resté silencieux jusque là, c'est qu'il considère les combats engagés comme responsables du désastre. De là à ce que ce soit une grossière bévue ou juste un malheureux accident ... 

Quant à Charlie, il est lui toujours aux prises avec ses recherches d'avenir. Plutôt motivé à se tourner vers la Magizoologie, il a lancé des candidatures pendant les vacances d'avril. Une retient son attention : Ladona Macovei, directrice de la réserve de dragon de Roumanie. Décidé à prendre la décision lui-même sans embêter un Farhan fort troublé, il garde la future entrevue qui doit avoir lieu en mai pour lui. 

Entre temps, Bérénice s'est lancée dans une dangereuse liaison avec Aidan McColley. Lauren va bien, Tonks révise ses ASPIC et Maya, comme Farhan, avale péniblement la pilule de son passé. 

C'est bon tout est clair? Un dernier avertissement de votre autrice concernant ce chapitre : 

!! TW !!

Lemon
Mention de violence sexuelle

En plus hyper mal placé le lemon, bien au milieu, mais je l'indiquerai tout de même d'un *** pour celle.eux qui souhaitent le passer. 

Bon ... Bonne lecture les enfants :) 

*** 

La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.

Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...

Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.

- Silence. 
Albert Samain. 

***

Chapitre 50 : Tempêtes et silences.

Samedi 4 mai 1991

C'EST UNE BLAGUE.

[Gribouillis rageurs]

VRAIMENT IL SE FOUT DE MOI

***

-Je suis désolée, ça ne me suffit pas !

Joséphine donna un coup de pied à la première valise qui se trouvait sur son chemin et si elle en jugeait par le regard de coin que Charlie glissa sur elle, il s'agissait de la sienne. Tant pis. Elle connaissait mal le dortoir masculin de Gryffondor. La seule fois qu'elle y était entrée, ça avait été pour se ... brosser les dents dans leur salle de bain.

Frémissante de rage, elle tenta de canaliser son énergie en exécutant un nouveau tour de la pièce. Fort dommage, la chambre n'était pas assez grande pour contenir sa fureur. Dans son poing, la lettre qu'elle venait de recevoir se chiffonnait, mais peu importait. A la première lecture, elle avait été tentée de la brûler, tant le discours froid et délibératif de son père hérissait tout son être. Il n'avait rien compris. Elle avait souhaité renouer leurs liens, les réchauffer, retrouver du réconfort dans leur relation. Elle n'avait eu le droit qu'à des mots vides et glacés qui se traduisait pour elle par un « On en reparlera quand tu rentreras ».

C'est une immense blague !

-Jo, le problème c'est que ce n'est pas ce que tu veux qui importe, c'est ce qu'ils veulent, soupira Charlie, l'air épuisé. Et si pour Farhan et Maya, les explications de ton père sont assez alors on arrête tout.

-Les explications de mon père ne comblent pas toutes les brèches, se défendit Joséphine avec un grand mouvement du bras. Pourquoi une même personne a signé leurs dossiers d'adoption, hein ?

-Ce n'est pas ton père qui a géré ça et il est temps d'admettre que cette signature peut être une coïncidence ! Oh, Jo ! gémit Charlie lorsqu'elle repartit dans ses cent pas avec l'ébauche d'un cri de frustration. Joséphine Abbot !

-Tu vois, toi non plus tu ne savais pas mon deuxième prénom !

Charlie ne prit même pas la peine de répondre et sauta de son lit pour se dresser sur sa trajectoire. Il appuya ses deux mains sur ses épaules, de façon lourde et insistante comme s'il arrêtait un cognard lancé à pleine vitesse. Lorsqu'il planta son regard dans le sien, Joséphine cessa de résister et se contenta d'une moue ennuyée.

-Jo, avec ton père c'est compliqué d'accord, et je me doute que ce n'est pas moi que tu es venue chercher en venant ici. Mais quand Farhan sortira de sa douche, j'aimerais qu'il ne trouve pas face à lui la Joséphine qui va lui demander d'une nouvelle fois relancer l'enquête.

-Weasley, gronda-t-elle entre ses dents.

-Je suis sérieux, Jo. Je te dis pas ça pour le surprotéger – et à dire vrai, je dis surtout ça pour toi. Il est enfin déterminé à laisser ça derrière lui et à avancer. Et cette fois, il risque de s'énerver si on essaie de le tirer en arrière.

Joséphine retint un soupir exaspéré. Elle savait que Charlie disait vrai. Elle l'avait senti dans la semaine écoulée où chacune de ses questions, parfois insistante, elle l'admettait, sur l'entretien irréel que Farhan avait eu avec son père à Ste-Mangouste avait éveillé une pointe d'irritation chez lui. Il en avait assez de tourner autour du chaudron : non, maintenant Farhan était déterminé à achever sa préparation et à oublier l'épreuve à tout jamais.

-Et je ne suis objectivement pas satisfaite des réponses ? marmonna-t-elle, dépitée.

-Il va falloir te faire une raison, rétorqua Charlie d'un ton sans appel.

-Pour nous protéger de ses impaires, tu parles ... Secret classé ... ce n'était pas dans le rapport ...

-Oh c'est pas vrai, persiffla Charlie avant de remonter ses mains jusque ses tempes et faire mine d'examiner son cuir chevelu. Il est où le bouton pour arrêter les machines ?

Malgré elle, un petit rire s'échappa de sa gorge. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer la tête que pourrait faire Farhan en émergeant de sa salle de bain embuée et de découvrir son meilleur ami qui lui enserrait le visage et trifouillait dans ses cheveux.

-Navrée de te décevoir, Weasley, mais tu n'as jamais été très doué pour ... trouver les « boutons ».

Charlie mit quelques secondes à comprendre de quel bouton elle pouvait bien parler et lorsqu'il le fit, il s'empourpra pour devenir aussi rouge que ses cheveux. Avec une précipitation telle que Joséphine songea que sa peau s'était changée en brasier, il la lâcha et recula de quelques pas, l'air horrifié, un index planté en sa direction.

-Ah non ! Non, non, c'est contre les règles, on ne parle pas de notre vie sexuelle !

-Tu n'as évoqué aucune règle avec moi, chantonna Joséphine en savourant la couleur de son visage.

-Attention ! menaça-t-il, écarlate. Je m'apprêtai à te proposer généreusement d'avoir Farhan pour toi toute seule aujourd'hui, mais si tu me provoques ...

Joséphine referma immédiatement la bouche emplie de piques et de moqueries qu'elle s'apprêtait à déverser sur Charlie et noua ses mains derrière son dos pour se donner une posture des plus angéliques. Il n'avait pas eu tort sur ce point : ce n'était pas pour lui qu'elle s'était précipitée dans la salle commune de Gryffondor. Elle avait même été déçue après être entrée dans la chambre et n'avait découvert que lui, visiblement prêt à faire un arrêt cardiaque en la voyant surgir si fulminante.

-Vraiment ? minauda-t-elle avant de s'enquérir d'un ton plus abrupt : Qu'est-ce que ça cache ?

-Mais rien ..., soupira Charlie avec un geste vague. Tu as l'air d'en avoir besoin, c'est tout ... et puis vous n'avez pas connu de sortie à Pré-au-Lard en amoureux ...

Joséphine s'efforça de ne pas grimacer. C'était la raison pour laquelle la Salle Commune de Gryffondor avait été si déserte et qu'elle n'avait pas pu mettre la main sur Bérénice pour s'épancher. C'était la dernière sortie à Pré-au-Lard de l'année. La dernière de sa vie, pour être précise.

Suspicieuse, elle plissa les yeux et observa Charlie. Dans son énervement et sa déception de se retrouver face à lui alors qu'elle cherchait Farhan, elle n'avait pas pris le temps de le détailler mais à présent elle prenait conscience du soin apporté à sa tenue – une belle chemise blanche, un pantalon d'uniforme – mais également du parfum qui lui parvenait par effluve. Ses cheveux, à défaut d'être véritablement coiffés, avaient été peignés et luisait de tous leur éclat. Un sourire mutin s'esquissa sur ses lèvres et elle effleura son col du bout des doigts.

-C'est quoi cette tenue ? Normalement le week-end ce n'est pas l'occasion de nous prouver ton amour des Canons de Chudley avec un de ses affreux tee-shirts orange ?

-Ah, ah, ricana sinistrement Charlie en repoussant sa main. Sache qu'ils sont trop petits, je les ai donnés aux jumeaux.

-Comment ça, celui à lunette qui passe son temps le nez dans ses livres n'en a pas voulu ? fit-t-elle mine de s'étonner.

-C'est soit la colère, soit la raillerie chez toi. C'est épuisant. Tu ne veux pas trouver un entre-deux ?

-Allez Weasley, qu'est-ce que ça cache ? Qu'est-ce que tu vas faire à Pré-au-Lard avec cette belle chemise ?

La pomme d'Adam de Charlie joua contre sa gorge et un soupçon d'embarras se peignit sur son visage. Joséphine haussa les sourcils, interloquée par cette gêne manifeste qui prouvait implicitement ses soupçons. Malheureusement, le gong vint sauver le préfet sur la forme d'une porte qui s'ouvrit sur le mur d'en face. Farhan en sortit, l'air perdu dans ses pensées. A la grande satisfaction de Joséphine, il ne portait qu'un jean et une serviette passée derrière sa nuque et dont il se servait pour s'essuyer passivement les cheveux. Sa blancheur mettait d'autant plus en valeur sa peau sombre aux teintes chaleureuses. N'ayant pas le moindre regard pour eux, il lui fallut que Charlie se râcle ostensiblement la gorge pour qu'il lève les yeux et découvre Joséphine, les bras croisés sur sa poitrine et un sourire équivoque aux lèvres. Son regard s'écarquilla et il eut un mouvement de recul pendant lequel il laissa sa serviette se déployer sur ses épaules comme une cape, comme si cela pouvait couvrir la nudité de son torse.

-Mais qu'est-ce que tu fais là ?!

-Elle te cherche, indiqua Charlie avec un sourire contrit. Et elle te mate, accessoirement.

-Totalement.

-Ça devrait être interdit dans les règles aussi, marmonna Charlie en plantant son coude dans ses côtes. Attends au moins que je sois parti pour lui sauter dessus ...

-Comment ça, tu ne nous interdis pas la salle de bain ? se récria Joséphine, une main sur le cœur.

-Merlin, je te la laisse ! décréta-t-il en la poussant vers Farhan. Et de bon cœur ! Ne tardez pas trop, Rusard ne va pas tarder à fermer les grilles !

Joséphine trébucha sur une malle et étouffa un cri lorsque son orteil frappa le pied d'un lit. Le temps qu'elle se redresse pour le fusiller du regard, Charlie s'était éclipsé, la laissant seule avec un Farhan qui la contemplait toujours en secouant la tête. Son pied la lançait tellement que cette fois, elle ne songea même pas à s'attarder sur la peau légèrement luisante d'eau de son petit-ami. Carrant dignement les épaules, elle tenta de ne pas trop boiter en s'avançant vers lui. Il haussait les sourcils dans l'attente silencieuse d'une explication. Les gens n'avaient jamais compris Farhan O'Neil. Ils l'avaient pris pour un garçon réservé et taiseux sans réaliser qu'il maniait le silence avec autant de puissance que certains les mots.

-Mon père m'a répondu, et ça m'a mis hors de moi, expliqua-t-elle de façon lapidaire. C'est lequel ton lit ?

Toujours sans un mot, Farhan désigna celui devant lequel il se tenait et Joséphine n'attendit pas son autorisation pour s'y laisser tomber sur le dos avec un immense soupir. Elle ne fit aucun geste pour réajuster la robe fluide qu'elle avait enfilé pour la journée et dont la jupe s'était retroussée sur ses jambes. Elle estimait qu'ils avaient dépassé le degré d'intimité où il rougissait à la vue de ses cuisses. Plutôt que s'y attarder, elle leva la main qui contenait la lettre totalement chiffonnée.

-Tiens.

-Je peux la lire ? s'étonna Farhan en la saisissant avec prudence.

-Evidemment, il ne dit rien, même pas sur toi. Enfin si, une ligne ...

-« J'ai parlé avec ton « ami » à Ste-Mangouste et j'espère qu'il aura trouvé dans mon récit toutes les réponses qu'il cherchait ... », lut Farhan avec un léger ricanement. J'adore les guillemets sur « ami » ...

Joséphine haussa les épaules, totalement désabusé. A ce stade, elle se fichait éperdument que son père ait des doutes sur sa relation avec Farhan. Qu'il l'apprenne donc, qu'Ophélia crache le morceau ... Peut-être que cela provoquerait un soupçon de panique ou de colère qui lui permettrait de récolter les dernières informations ... Son esprit était sérieusement en train d'envisager cette possibilité quand Farhan acheva sa lecture. Les lèvres pincées, il replia la lettre avec plus de soin que Joséphine n'en avait jamais apporté.

-C'est vrai que ça ne dit pas grand-chose ...

-Il me parle comme une gamine qui fait un caprice ...

-Jo ...

Le matelas s'affaissa à l'endroit où Farhan prit place et la jambe de Joséphine suivit la pente jusqu'à rencontrer sa hanche. Sa main vint se loger avec douceur sur son mollet et l'effleura en longueur dans un geste qui se voulait apaisant. Joséphine, elle, fixa obstinément la tenture écarlate qui couvrait le lit à baldaquin. Une boule douloureuse venait de lui enserrer la gorge.

-Je t'avais dit que ça ne servirait à rien ...

-Il ne refuse pas non plus la conversation, objecta doucement Farhan. Il dit simplement qu'il préfère t'en parler de vive voix ...

-Vu comment il m'a répondu, ça ne m'a pas donné envie de lui reparler. (Elle poussa un cri de frustration et planta ses paumes dans ses yeux avant de laisser échapper le gémissement qui lui écharpa les lèvres : ) Comment tu as fait, toi ?

Elle avait essayé de toute ses forces de repousser la jalousie qui l'avait assailli lorsque Farhan était revenu la semaine dernière pour lui apprendre qu'à lui, son père s'était ouvert. Et Merlin que ça avait été difficile tant elle avait eu la sensation de se prendre la vague en pleine figure, tant elle avait été tentée de hurler et il avait fallu qu'elle croise le regard empli de sollicitude de son petit-ami pour réprimer son mal-être. Elle avait senti dans la tristesse de ses yeux sombres qu'il la comprenait, qu'il comprenait sa douleur, qu'il sentait la jalousie qui lui crevait la peau et qu'il lui pardonnait. Elle savait qu'il lui jetait ce regard exact à ce moment même.

-Il n'a pas parlé à sa fille, il a parlé à une victime, tenta d'éluder Farhan d'un ton ferme. Je suppose que c'est plus facile pour lui, au moins la distance est légitime ...

-Mais pourquoi il se sent obligé de mettre des distances avec sa famille ? D'accord il n'a jamais été proche de personne : sa mère est morte et son père s'est totalement écroulé et n'a pas vraiment été capable de l'élever, il a toujours dû se débrouiller seul ... Je sais que c'est là le problème, son modèle est bancal. Il manquait de poigne et l'affection de sa mère dans sa jeunesse. Mais pourquoi il nous a donné l'un et pas l'autre ?

-Peut-être que son père lui a donné de l'affection, mais qu'il a considéré que ça ne lui suffisait pas ... Que l'amour, ça ne suffit pas pour élever un enfant. Au moins ça explique pourquoi il a eu si peu confiance en Nolan à l'époque ...

Joséphine médita quelques secondes, une moue boudeuse aux lèvres. Farhan avait touché un point : les rares fois où son père avait pu parler de ses griefs concernant Max Abbot, il n'avait jamais évoqué un manque d'amour mais de cadre. C'était pour cela qu'Aloyssius Abbot était si rigide : une enfance à se créer son propre environnement l'avait forgé. S'il n'avait pas eu cette discipline dès son plus jeune âge. Chaque fois qu'elle voyait se déployer la jeunesse de son père devant elle, son comportement lui apparaissait des plus naturels et logique. Cette distance et cette froideur, c'était ce qui lui avait permis de s'en sortir. Et pourtant ...

-Tu as raison, lâcha-t-elle subitement.

-Sur quoi ?

-Comprendre ça n'aide pas à se sentir mieux.

Les doigts de Farhan pianotèrent nerveusement sur sa jambe avant de reprendre leurs caresses. Elles apaisèrent Joséphine à défaut de l'électriser. La jeune fille ferma les yeux et se laissa porter par le contact de Farhan, par la chaleur de sa peau qui se diffusait sur la sienne. Derrière ses paupières closes dansaient encore les mots écrits de la main de son père.

-Je vais lui répondre, annonça-t-elle résolument. Je veux qu'il me donne des garanties, je ne veux pas qu'il se contente de ça ... il m'a fait dérailler et bien qu'à cela ne tienne. Je vais le faire craquer aussi.

La main de Farhan se figea sur son tibia et dans la pression qu'il exerça sur sa peau, elle lut un début d'avertissement.

-Jo, si tu veux régler tes comptes avec ton père, tu as mon entière bénédiction et tout mon soutien. Mais par pitié, ne me mêle pas à ça.

-Mais ...

-S'il te plait.

Joséphine se mordit l'intérieur de la joue, frustrée. Farhan venait de lui enlever un certain levier. Pour elle, ses réponses n'avaient pas couvert toutes les ombres du dossier et certainement pas la principale : pourquoi les deux enfants avaient été séparés ? Malgré les allégations de Charlie, elle refusait de croire en la coïncidence. Son père admettait une bévue et les enfants qui en étaient victimes avaient été élevé dans deux familles différentes ? Le terme même de « bévue » rendait Joséphine perplexe. Farhan avait raison sur ce point : il n'avait rien fait d'autre que son travail. Pourquoi une « bévue » ? Pourquoi s'excuser ?

Joséphine aurait aimé balayer toutes ses interrogations en les mettant sous le compte de la colère qu'elle éprouvait contre son père. Blessée, elle voulait lui trouver une responsabilité à tout prix. Et pourtant même quand elle tentait de s'en persuader, un terrible doute lui tordait le ventre.

-D'accord, céda-t-elle néanmoins, consciente que Farhan avait le droit à la paix après les derniers bouleversements. Ce sera du Abbot-père contre Abbot-fille, sans interventions extérieure.

-C'est déjà bien assez terrifiant comme ça, décréta Farhan avec l'ombre d'un sourire. Essaie de faire en sorte que ce soit constructif.

Joséphine s'efforça à lui rendre son sourire mais elle estima que le résultat tenait davantage de la grimace. L'air un peu désabusé, Farhan lui tendit une main et elle la saisit pour se redresser avec une mine penaude.

-Désolée, je ne vais pas te gâcher ton dernier week-end à Pré-au-Lard ... Il faut qu'on découvre où est parti Charlie, ce n'est pas naturel chez lui un tel apprêtement !

-Oh ! (Les sourcils de Farhan s'envolèrent sous ses mèches humides). Tu tiens vraiment à y aller ? A Pré-au-Lard ?

Joséphine haussa les épaules. Malgré la nostalgie qui l'étreignait parfois, elle n'était pas ce genre de romantique qui s'accrochait aux vieilles pierres de l'école comme à son enfance. L'idée de devoir quitter Poudlard dans quelques mois occasionnait à peine un petit pincement au cœur. Quant au village ... elle l'admettait, depuis sa cinquième année, elle avait passé plus de sortie à profiter de la quiétude des couloirs déserts de l'école que de son charme.

-Pas vraiment, mais si tu le veux ... On ferait mieux de se dépêcher, Rusard ne va pas tarder à fermer les portes. Je suis absolument déçue d'avoir à te demander ça mais mets un tee-shirt, O'Neil.

-Dernière chance, Joséphine. Tu veux vraiment qu'on aille à Pré-au-Lard ?

Et alors elle la perçut, la flamme espiègle qui s'était allumée au fond du regard sombre, elle sentit sa main qui s'était délicatement déporté sur son genou, présente mais légère et douce comme une plume, l'effleurait à lui arracher des frissons. Un sourire incertain s'étira sur les lèvres de Joséphine alors qu'un courant électrique parcourant ses veines depuis leur point de contact.

-Dis donc, O'Neil, qu'est-ce que tu me proposes ?

-Absolument rien, assura-t-il avec aplomb. Je te fais juste remarquer que mon dortoir est vide, qu'ils sont tous partis au village et que Rusard va fermer les portes ...

-Qui ne rouvriront pas avant quinze heures, se souvint Joséphine, son sourire s'agrandissant. Ce qui nous laisse quatre heures pleines ...

-Et bien pour une Serdaigle, tu es bien lente à réfléchir.

-Et pour un Gryffondor, tu es bien lent à faire comprendre tes intentions, rétorqua Joséphine en s'écartant dignement. Non, c'est tout Farhan, c'est toujours moi qui dois prendre les devants, j'en ai marre ! Si tu veux qu'on reste ici à faire tout ce que Charlie nous a interdit, il faudra que tu me le ...

Un gloussement monta dans sa gorge lorsque les lèvres de Farhan s'écrasèrent contre les siennes. Totalement grisée par l'assurance dont il faisait preuve, elle s'abandonna totalement à son baiser, infiltra ses doigts sous la serviette qui couvrait toujours ses épaules pour goûter la peau tiède et humide dessous. Un frisson lui parcourut l'échine lorsque leurs langues s'effleurèrent avec avidité.

-Charlie n'a parlé que de la salle de bain, pas de la chambre dans son ensemble, souffla-t-il tout contre ses lèvres. Qu'est-ce que tu en dis, tu veux que je mette mon tee-shirt ou l'heure de la vengeance a sonnée ?

-Enlève-moi ça, O'Neil.

Elle tira sur le bord de son pantalon dans un geste plus qu'explicite mais lui rendit la tâche difficile en nichant son visage dans le creux de son cou pour embrasser la peau tendre. Définitivement, son corps était loin d'être cassé. Il avait fallu une allusion, une lueur dans les yeux de Farhan et une pression sur son genou pour que son sang s'embrasse. Sous ses lèvres, le pouls du jeune homme dérailla et il étira son cou pour l'offrir à la volonté fiévreuse de Joséphine. Elle perdit le sens de ses gestes à mesure de son univers se comblait de chaleur, de soupires et de rires. Son esprit où régnait la confusion nota quelques éléments, la sensation de sa robe qui glissait sur sa peau avant de tomber, le son sourd que produisit le jean de Farhan en atteignant la moquette, la luminosité qui se réduisait lorsqu'il eut tiré les rideaux. Une précaution que Joséphine jugea absurde, mais elle apprécia l'ambiance de la semi-pénombre qui appelait totalement à l'éveil de ses sens.

Toutes ses terminaisons nerveuses hurlèrent lorsque Farhan s'allongea sur elle pour venir l'embrasser à perdre haleine. Elle eut délicieusement conscience du corps qui épousait le sien, des courbes qui s'enfonçaient dans sa peau, et la chaleur et de l'envie qui irradiait. C'était peut-être cela qu'elle préférait dans tous ses contacts avec Farhan O'Neil : à chaque geste, à chaque effleurement, à chaque mot, elle sentait tout son désir. Ses réactions grouillaient de vie sur ses doigts et après une existence froide où elle n'avait su rien provoquer, Joséphine appréciait sentir une personne vibrer pour elle.

-Tu ne vas pas regretter Pré-au-Lard ? interrogea-t-elle d'un ton mutin alors que la bouche de Farhan se déportait sur sa clavicule.

-C'est bon, on le connait par cœur le village ... toi en revanche ... ***

Ce fut pourtant sur une zone connue que se portèrent ses lèvres : il les posa sur le sommet de son sein avec une grande tendresse, juste assez pour que Joséphine se tende sous lui et exhale un râle plus frustré qu'autre chose tant le contact était léger, simplement destiné à la porter à fleur de peau. Exaspérée de la lenteur calculée de Farhan, elle prit le jeu à son compte en atteignant enfin la zone qui lui avait si ardemment refusée et pourtant celle qu'elle brûlait le plus de connaître. Encore cachée une mince couche de coton, elle ne fit que la deviner, tracer son contour un mélange de curiosité, d'appréhension et d'exaltation. Tout vola en éclat au son qui jaillit des lèvres de Farhan dès que ses mains atteignirent son intimité. C'était un son absolument grisant, un son dont elle aurait voulu se nourrir toute sa vie, un son qui la pénétra jusqu'au plus profond d'elle et qui provoqua un écho une brûlure insoutenable dans ses reins. Le corps de Farhan se relâcha contre le sien et leurs regards se croisèrent, à moitié aveugle. Avec l'obscurité et les prunelles veloutée de Farhan, c'était difficile de le percevoir mais Joséphine était persuadée que son iris était réduite à un mince cercle qui entourait une pupille dilatée.

-Jo ...

-Je dois m'arrêter ? murmura-t-elle, la voix rauque.

Son cœur manqua un battement à l'idée que ce que ses gestes venaient d'arracher ne pouvaient être qu'une illusion mais Farhan vint la rassurer avec un éclat de rire et un baiser presque chaste qu'il planta sur ses lèvres enflées.

-Non ..., souffla-t-il en caressant ses cheveux d'une main tremblante. Non, surtout pas ...

-Toi non plus alors ...

Et ils s'obéirent avec une rigueur exemplaire. Joséphine se débarrassa du dernier obstacle qui lui couvraient tous les deux avant de poursuivre son exploration. Elle avait craint la comparaison, mais elle découvrit vite qu'elle était incapable à tenir : toutes les sensations, les touchés, les courbes étaient inédites, totalement différentes, si étrangères qu'elle ne put les rattacher à aucun souvenir. Libérée de la pression de la mémoire, elle put alors totalement s'abandonner à ses découvertes pendant que Farhan poursuivait les siennes, l'embrasant un peu plus à chaque caresse, chaque baiser. Elle se découvrit véritable pantin, à répondre aux fils qu'il tirait sur son corps, à se venger de chaque geste sur le sien, à aspirer ses soupirs et à écraser ses gémissements sur sa langue. En elle, c'était un chaos total, un corps surchauffé et saturé : un ouragan était né au creux de son ventre et semblait déterminé à déchirer la mince enveloppe corporelle qui l'étouffait. Au cœur de la tempête, elle se sentait prête à se désintégrer au milieu des vents de la volupté.

C'était si bon. Si prodigieux. Elle n'était plus rien, elle n'était plus que fils et soupir, déconnectée de tout, déconnectée de son être, déconnectée de ....

-Aïe !

Les vents retombèrent, la laissant pantelante dans le lit avec une vive douleur qui lui transperçait le bas-ventre. Elle fut aussi brève et foudroyante qu'un éclair et lorsque Farhan retira sa main, il ne restait qu'une vague gêne et des braises rougeoyantes. Frissonnante, Joséphine replia son bras sur son intimité, totalement confuse. Visiblement contrit, Farhan posa un tendre baiser sur son épaule pour se faire pardonner le cri.

-Pardon, je ne voulais pas ...

-C'est rien, c'est rien, assura fermement Joséphine. C'est rien, j'ai été surprise, c'est tout ... ça va...

Pour le lui prouver, elle logea sa paume contre sa mâchoire et balaya sa joue du bout de son pouce. Résolue, elle inclina son visage vers le sien avant que les doutes ne s'éprennent d'eux et tenta de les aspirer d'un baiser qu'elle sentait vorace. Elle noua ses bras derrière sa nuque et l'entraina avec elle sur le matelas, au milieu de leurs draps et de leurs vêtements qui gisaient pêle-mêle atour d'eux, emportés par la tempête. La bienfaisante chaleur qui émanait du corps de Farhan acheva d'éteindre les dernières gênes et les vents forcirent lorsqu'il se retrouva de nouveau allongé sur elle et que leurs intimités se frôlèrent, gorgées toutes deux de désirs. De nouveau enhardie, elle laissa ses doigts courir dans le dos de Farhan jusqu'à sa chute de rein.

-Tout va bien, promit-t-elle dans un souffle. J'étais si bien ...

-C'est vrai ... ? murmura Farhan, l'air encore sur la réserve.

-Je t'assure ... vraiment ...

Ardente de le lui assurer et de retrouver l'état de délicieux chaos qu'elle avait atteint, Joséphine mit ses mains et ses lèvres en mouvement, entraina totalement Farhan dans sa danse jusqu'à ce que ses gestes suivent le rythme, l'imitent et lui fasse payer la moindre caresse. En elle, les vents rugirent et l'étourdirent totalement alors que les lèvres de Farhan quittèrent le siennes pour descendre sur son ventre, traçant une ligne brûlante et tentatrice. Sa poitrine se bloqua et elle abandonna toute affaire courante, totalement paralysée par l'attente. Malgré tous les efforts de Joséphine pour lui faire perdre la tête, elle comprit qu'il était lucide, bien plus lucide qu'elle lorsque que son souffle s'abattit sur sa féminité et que ses doigts virent prendre le relai. Ils avaient beaux être nus et frémissants, vibrants l'un pour l'autre, il ne pouvait pas simplement la pénétrer d'un coup de rein. Non, il fallait être doux, patient, préparer la zone à l'accueillir en faisant monter les plaisirs et habituer le corps à sa présence. Et c'était parfaitement ce qu'il s'exhortait à faire, réalisa totalement Joséphine lorsqu'une chaleur indiciblement délicieuse s'empara totalement d'elle. Sa tête se rejeta en arrière, quelque chose s'échappa de ses lèvres mais elle était trop concentrée sur les sensations inédites pour y prêter oreille.

Une bulle brûlante et insoutenable enflait, agissait sur son corps en le forçant à s'arquer, à en faire bondir son pouls qui frappait contre ses trempes à l'en étourdir. Les vents tournoyaient, rugissaient, s'accéléraient comme la langue de Farhan, comme ses doigts qui vinrent la suppléer, lui arracher quelques frissons en plus avant de s'infiltrer entre ses chairs au moment où sa bouche s'abattait de nouveau ...

Et alors elle le sentit qu'elle n'était pas prête à l'accueillir. Elle sentit le muscle à l'intérieur d'elle se contracter, paniqué, et repousser de toute ses forces le corps étranger. Le doigt la transperça comme une lame glacée qui ne fondit pas face au souffle brûlant de Farhan et de nouveau elle se redressa avec au bord de ses lèvres un cri qu'elle ne parvint pas à retenir.

Mais qu'est-ce qui se passe ?! Celui-là, elle ne parvint pas à le formuler, mais elle le lut parfaitement dans les yeux de Farhan lorsqu'il revint à sa hauteur, une main levée en signe d'excuse.

-Jo, si ça ne va pas, j'arrête ... ***

Joséphine resserra ses bras autour d'elle et recroquevilla ses jambes contre sa poitrine, incertaine. Contrairement à la première fois, la douleur persistait, certainement parce que la tentative avait été plus franche. Et pourtant elle le sentait son cœur qui battait à la chamade, son âme encore chamboulée, emportée par la tempête que Farhan avait provoquée en elle. Lentement, elle déplia les jambes et repoussa ses cheveux dans son dos.

-Non ... non, non, ça va ...

-Vraiment ? douta Farhan, dubitatif. Je veux bien que sois crispée, c'est normal ... Mais là ça fait deux fois que tu cries.

Et Joséphine faillit crier une troisième fois, de frustration cette fois. Son poing vint se refermer sur les draps blancs, les emprisonner dans sa paume pour la protéger de la morsure de ses ongles. Farhan s'approcha d'elle et caressa doucement son bras. Ce fut à son contact qu'elle prit conscience de la chair de poule qui les hérissait.

-Si tu ne le sens pas, on s'arrête là ...

-N'importe quoi, je me sentais très bien, protesta Joséphine d'un ton acerbe. J'étais très bien, tu l'as bien vue, non ?

-Oui, reconnut Farhan à contrecœur. Oui, tu avais l'air à l'aise mais ...

-Mais rien du tout. J'étais très bien, je suis prête, je me sens prête. J'ai envie de toi, Farhan O'Neil. De nous deux.

Elle prit son visage en coupe, plongea son regard une seconde dans le sien pour ancrer le message avant de fondre sur ses lèvres. Comme la première fois, elle voulait effacer les doutes et raviver la flamme d'un baiser, mais cette fois cela ne suffit pas. Malgré toute la passion qu'elle avait pu y mettre, il n'y avait pas la moindre trace de sourire sur le visage de Farhan lorsqu'elle s'écarta. Il leva simplement une main pour écarter tendrement une mèche de son visage.

-Jo, si tu te crispes à mon contact, si tu as mal, c'est que tu n'es pas prête ... pas pour ça, en tout cas ...

Il y avait une pointe de déception dans sa voix, mais sa conviction et sa fermeté la surplombait totalement. Cette fois, la frustration et le désarroi ne se traduisirent pas dans un cri, mais vinrent sous la forme d'un voile humide qui couvrit sa cornée. Joséphine les chassa d'un battement de cil et la colère enfla dans sa poitrine.

-Je n'ai pas eu mal, mentit-t-elle en passant fermement sa main derrière sa nuque. Je vais très bien, Farhan, tout va bien ...

Elle voulut de nouveau approcher son visage du sien, joindre leurs lèvres, retrouver la chaleur qui peu à peu quittait son corps, mais Farhan l'arrêta en refermant ses doigts sur son poignet. Dans la pénombre, ses yeux avaient l'éclat dur et froid de l'onyx.

-Jo, arrête. On ne fera rien de plus aujourd'hui.

-Mais pourquoi ?!

-Mais parce que tu pleures, Jo !

Elle le contempla, estomaquée, avant de sentir ses larmes traitresses qui s'étaient tant accumulées à ses yeux que l'une d'entre elles dévale sa joue. Sa chute la brûla comme de l'acide. Confuse, elle porta ses phalanges à sa pommette pour tâter le tracé humide et fut surprise de découvrir que d'autres suivaient, inondant totalement sa peau. Face au regard ahuri de Farhan, elle sentit la chaleur en elle totalement se résorber.

-Mais enfin, Joséphine ..., murmura-t-il, abasourdi.

La gorge de la jeune fille vint se gonfler d'un sanglot qui lui sembla impossible à réprimer. Elle y porta les mains, comme pour l'étrangler, lui barrer le passage, mais le geste parut encore plus affoler Farhan qui lui prit les poignets. Etourdie, elle considérait les mains qui la retenait, l'expression de stupeur et d'inquiétude sur le visage de Farhan et prit la décision qui s'imposait, la seule décision qu'elle était capable de prendre avec la brûlure qui persistait dans son bas-ventre. Elle s'arracha à la prise de Farhan et prit la fuite.

Le sanglot s'échappa lorsqu'elle jaillit des rideaux. Ignorant la morsure du froid, la brûlure du soleil sur sa rétine et le cri de Farhan derrière elle, elle courut jusque la salle de bain où elle ferma la porte et le loquet. Totalement affolée, secouée par les pleurs, elle tourna plusieurs secondes dans la petite pièce avant de décider sur un coup de tête d'entrer dans la douche. Loin de la calmer, l'eau glacée qui tomba sur elle lui arracha de nouveau frissons et de nouvelles larmes.

-C'est pas vrai ..., gémit-t-elle en enfonçant ses doigts dans ses cheveux. C'est pas vrai, c'est pas vrai ...

Avec horreur, elle reconnut la sinistre litanie à laquelle elle s'était accrochée dans les bras de Lauren et de Tonks. Et la lumière se fit dans son esprit troublé. Frissonnante, elle s'autorisa à refaire le fil des dernières minutes et elle comprit lorsqu'elle visualisa le geste que Farhan avait tenté.

Rentré. Il est rentré.

La gêne encore présente dans son bas ventre lui parut alors atrocement familière, comme si Farhan venait de raviver une vieille blessure, d'ouvrir une plaie qui saignait au plus intime d'elle-même. Affolée, elle s'observa, s'attendant presque à voir du sang sur ses cuisses jaillir depuis la blessure mais rien. Non, c'était une blessure invisible, mais une blessure quand même, une blessure que Farhan avait pu toucher du bout des doigts.

Une colère sourde s'empara d'elle et elle martela les carreaux de céramique de la douche de coups de poing jusqu'à s'en meurtrir les phalanges. Comment avait-elle pu croire que son corps n'avait pas été brisé ?! Comment avait-elle pu se bercer d'illusion, croire qu'elle avait franchi la ligne, qu'il lui suffisait d'avancer ? La vigueur la quitta aussi vite qu'elle l'avait envahi et elle se laissa glissée le long du mur, à bout de force, incapable de faire autre chose que pleurer et se lamenter. L'eau s'était réchauffée, mais dès qu'elle atteignait sa peau elle lui semblait glaciale, agressive. Chaque goutte la frappait comme une lame et elle finit par trouver la force de faire cesser le jet pour se recroqueviller en position fœtale.

Je suis cassée.

C'était la seule réalité qui habitait l'immense glacée de son être lorsque des coups discrets furent frappés à la porte. Joséphine se tendit lorsqu'une voix s'éleva de l'autre côté du battant :

-Jo, je vais rentrer. Je suis désolé, je ne te demande pas ton autorisation, je t'informe juste que je vais le faire, d'accord ?

Elle aurait voulu l'en dissuader, se jeter contre la porte pour l'en empêcher de pénétrer la pièce, ou au moins se couvrir pour dignement faire face, mais la seule chose qu'elle parvint à produire fut un sanglot qu'elle tenta de cacher de ses genoux. Le cliquetis de la serrure sonna le glas de l'insouciance et Farhan ouvrit la porte pour la découvrir nue et pitoyable dans la douche.

Comme à son habitude, il ne prononça pas un mot. Non, Farhan maniait avec génie l'art du silence et savait plus que tout que parfois, il valait mieux ne rien dire, et agir. Alors il agit. Il retourna brièvement dans la chambre pour ramener une couverture, extirpa Joséphine de la douche avec douceur en la soutenant à moitié, l'enveloppa d'une serviette avant de la frictionner. Elle se laissa faire comme une enfant, les larmes ruisselants sur ses joues, frissonnante de la tête aux pieds. Ses frissons semblaient être la priorité de Farhan car il ajouta la couverture à la serviette avant de l'entourer de ses bras. Désespérée, elle se laissa allée contre lui. Elle nota qu'il s'était rhabillé d'un jogging et d'un tee-shirt qui paraissait fait pour éponger ses larmes. Elle se serait écroulée s'il ne l'avait pas étreint.

-Chut ..., chuchota-t-il enfin alors qu'elle lâchait des sanglots incontrôlables dans son cou. Calme-toi, tout va bien, Jo ...

-Désolée ... je suis désolée ...

-Arrête, l'interrompit-t-il d'une voix coupante. Arrête, ne t'excuse pas ... Viens, assieds-toi, tu tiens à peine sur tes jambes ... tu veux quelques chose ... ? Amandes, thé ?

Joséphine secoua frénétiquement la tête et se plongea derechef dans son étreinte. Toute chaleur l'avait déserté : elle avait besoin de celle de Farhan pour se maintenir artificiellement en vie et refusait de le voir s'éloigner, ne serait-ce que pour un thé. Elle se sentait de toute manière incapable d'avaler quoique ce soit, tant sa gorge était nouée. Farhan parut sentir son interdiction de bouger à la façon dont ses mains agrippèrent son tee-shirt car il la pressa un peu plus contre lui.

-D'accord ... je reste, je suis là ... d'accord ? Je suis là ... je ne bouge pas ...

Son timbre s'assourdit quelque peu vers la fin, marquant le désarroi que la détresse de Joséphine provoquait chez lui. Une vague de culpabilité gonfla dans la poitrine de la jeune fille et elle s'écarta une seconde, des excuses au bord des lèvres mais le cœur prêt à imploser. Le regard sombre de Farhan la transperça.

-Mais je reste, il va peut-être falloir que tu m'expliques ce qui s'est passé.

Joséphine battit des cils avant d'acquiescer, vaincue. Non, c'était évident qu'elle ne pouvait pas faire une telle crise et s'accrocher à lui sans lui fournir d'explication. Farhan avait accepté l'ignorance une fois : l'exiger une seconde fois relevait de la cruauté, surtout lorsqu'elle percevait avec quelle inquiétude il suivait chacun de ses gestes, même si ce n'était que pour s'assoir. Emmitouflée dans serviette et couverture, elle se pelotonna contre Farhan à côté d'elle, nicha sa tête dans le creux de son épaule. Sans hésiter, il l'entoura d'un bras et plaqua un baiser rassurant dans ses cheveux. Les paupières de Joséphine se clorent pour faire barrage aux larmes qui tentaient de déborder. Cette fois, c'était la reconnaissance qui brillait en elle. Comment faisait-il pour sans cesse avoir la réaction parfaite ? Comment avait-il compris qu'elle avait besoin de ce simple baiser ?

Rassurée par la présence de Farhan contre elle et persuadée de la perfection de ses réactions, elle prit le temps de réguler sa respiration pour mettre ses pensées en ordre. Elle avait prévu d'un jour lui faire part de ce récit, de partager avec lui l'une des blessures qui la déchirait mais dans sa fuite en avant et dans son envie de profiter, elle n'avait absolument rien préparé.

-Je t'ai parlé ... enfin ... dans le bar, à Covent Garden ...

Sa voix dérailla et elle inspira profondément. Farhan pressa ses doigts et sa seconde main alla se perdre dans les mèches humides de Joséphine, les écartant compulsivement de son visage. Elle ne savait pas très bien s'il cherchait à l'apaiser, ou à tromper sa propre nervosité.

-Respire, lui enjoignit-t-il, dérouté. Prends tout ton temps, je ne bouge pas ... On a encore trois heures et demi avant que Rusard n'ouvre les portes ...

Tout le cœur n'était pas mis dans la plaisanterie, mais Joséphine apprécia la tentative d'un sourire tremblant. Aussi fugace d'un rayon de soleil en pleine tempête, il s'effaça dès que les mots se mirent à tourbillonner dans son esprit. Une nouvelle larme s'échappa lorsqu'elle articula d'un timbre éraillé :

-Je t'ai parlé de Morgan ...

Contre elle, tout le corps de Farhan se tendit comme un arc. Son souffle se bloqua dans sa poitrine, sa main se figea dans ses cheveux et Joséphine sut qu'il avait compris. Elle venait d'enfoncer d'un coup de poing le dernier barrage et après cela, les mots lui virent avec une fluidité surprenante. Ils furent accompagnés de larmes, étouffés par une voix rauque et usée par les pleurs. Elle reprit les mots de Lauren, Tonks ou Pomfresh pour décrire son sévisse, narra la retenue qui avait brisé ses illusions et cette douleur qu'elle avait pris à bras-le-corps depuis quelques mois, qu'elle avait traîné jusqu'à être habituée à la sensation et l'oublier.

Et comme toujours, Farhan n'avait pas pipé mot. Le premier choc passé, il s'était de nouveau mis à caresser machinalement ses cheveux, mais Joséphine avait senti ses réactions à des petites choses. Sa colère à la façon dont ses doigts tressautaient nerveusement contre les siens, sa peine lorsqu'il avait plaqué sa bouche contre son crâne, comme s'il pouvait apaiser ses douleurs d'un baiser, son incompréhension au sursaut qui l'avait parcouru lorsque le nom de Tonks était apparu dans le récit. Ce fut sur ce point très précis qu'il choisit de revenir lorsque la voix de Joséphine s'éteignit enfin :

-Je comprends mieux maintenant pourquoi vous êtes capables de vous supporter ...

-Je voulais t'en parler, assura Joséphine avec un reniflement. Mais pas ... tout de suite, je voulais ... attendre un peu, prendre mes marques ...

-Je comprends ... je comprends tout maintenant ...

Joséphine releva la tête pour lui adresser un sourire penaud. Elle n'avait pas eu besoin d'expliciter : Farhan avait fait seul le lien entre la retenue, sa maladie soudaine et son revirement devant l'infirmerie. Dans son regard, elle lut une certaine culpabilité certainement liée à tout ce qu'il avait pu penser d'elle à l'époque, tout ce qu'il avait jugé d'elle sans savoir. Et en fond de façon très sourde, mais prégnante, la colère continuait de tapisser ses prunelles. Inconsciemment, elle sentit qu'il n'en avait pas un gramme de diriger vers elle. Farhan était furieux, oui, c'était visible à sa mâchoire contractée et à l'expression fermée qui durcissait ses traits. Le sourire de Joséphine se fana sur ses lèvres et elle leva une main pour venir caresser la joue de Farhan du bout des doigts. La moitié d'un rire jaillit de sa gorge et il emprisonna sa main dans la sienne pour la maintenir contre sa joue. Joséphine s'accrocha à ce contact, à cette chaleur qui se diffusait depuis sa paume et qui daignait enfin la pénétrer.

-Ça va ..., murmura-t-elle. Ça a été dur quelques semaines, mais maintenant je suis vraiment remise sur les rails ... (Elle battit des cils pour refouler les larmes). Vraiment tout allait bien, tout ... je me sentais bien, je me sens bien avec toi, tellement bien. Ça fait une éternité que je n'ai pas été tant en confiance avec quelqu'un, je pourrais te confier mon corps et mon âme les yeux fermés, je t'assure ... je ne comprends pas pourquoi j'ai déraillé ...

Un sourire qui tenait davantage du rictus s'étira sur les lèvres de Farhan.

-Tu ne te dis pas qu'après ce que tu as réalisé, c'est un peu normal que tu dérailles dans ses conditions ... ?

-Non, opposa vertement Joséphine, paniquée. Non, je ne trouve pas ça normal ! Je n'ai eu aucun problème avec Charlie, on l'a fait et ...

-... si mes informations sont exactes, ça ne s'est pas déroulé de façon idéale.

Joséphine referma la bouche et ravala ses protestations, soufflée. Comment n'avait-t-elle pas pu le voir ... ? Comment avait-elle pu oublier ses larmes lorsque Charlie avait pénétré son antre, la douleur qui avait irradié, l'infini malaise qui avait suivi ... ? Elle avait voulu se persuader que tout allait bien, que tout était normal, même la souffrance. Comment pouvait-on considérer que souffrir était normal dans un acte qui devait apporter tant de plaisir ... ? Elle avait tout mis sur le dos de Charlie et de ses questionnements, de son manque de sensations qui avaient rendus leurs gestes maladroits. Jamais elle n'avait pensé ... pas même à la lumière de ce qu'elle avait découvert en retenue ... Lourdement conscient de son trouble, Farhan pressa ses doigts et planta son regard dans le sien.

-Et encore, tu n'avais pas totalement conscience de ce que tu avais subi ... Là, c'est le cas, Jo. C'est normal que ton corps réagisse ...

-Non, refusa encore Joséphine, agacée. Non, jusque là il ne réagissait pas justement ! J'étais bien, vraiment ! Tous ce qu'on a fait ... ici, dans le lit, dans le parc, chaque fois j'en avais envie, tellement envie ...

Elle ferma le poing, frustrée que le fil de ses désirs soit chaque fois brutalement coupé par une chute. Comme si sa libido ne pouvait la mener qu'à larmes et douleurs.

-Je crois que parfois, il y a un monde entre « avoir envie » et « être prêt », évalua Farhan avec douceur. Et clairement, là, tu n'étais pas prête, Jo. Pas plus que tu ne l'étais avec Charlie.

Joséphine laissa cette vérité dérangeante d'éprendre d'elle. Elle voulait encore protester, mais sentit que c'était inutile : à chaque fois, son corps avait répondu à sa place. Lui n'avait pas su mentir et avait assumé la blessure. C'était à elle d'écouter et d'apprendre de ses douleurs. Qu'allait-t-elle faire, insister jusqu'à ce qu'une nouvelle souffrance lui déchire les entrailles ?

-Mais je n'ai pas envie d'arrêter, laissa-t-elle échapper dans un filet de voix.

Elle avait la sensation d'être une enfant capricieuse mais fort heureusement pour lui, Farhan la prit au sérieux. Ses lèvres se pincèrent pour marquer son trouble et il détourna les yeux, songeur.

-Ecoute, on va prendre le temps de réfléchir à ça, proposa-t-il finalement. Là ça ne sert à rien de prendre une décision, on est bouleversés tous les deux ... on va ...

-Aller boire du thé ? hasarda Joséphine, la gorge sèche d'avoir tant pleuré et parlé. Finalement ça me dit bien ...

Elle fut rassurée d'entendre le rire de Farhan lui répondre et lâcha ses dernières larmes lorsqu'il la pressa contre lui à lui broyer les côtes. Joséphine n'avait jamais autant apprécié être broyée. Elle en réclama davantage en se hissant sur les genoux de Farhan et en enroulant ses bras derrière sa nuque pour se fondre en lui, aspirer sa chaleur et sa sérénité. La serviette et la couverture glissèrent sur elle mais le froid n'avait plus de prise sur elle et sa nudité plus aucune sur Farhan. Elle ignora combien de temps ils restèrent enlacer ainsi sur le carrelage de la salle de bain où la folie les avait emportées une première fois, une éternité plus tôt, mais Joséphine se sentait prête à s'y figer à tout jamais.

-Mais vraiment n'en doute pas, tu me faisais énormément d'effet, glissa-t-elle à son oreille, rougissante face aux échos de ce qu'elle avait pu ressentir.

Farhan se fendit d'un nouveau rire, plus franc celui-là et se retira de leur étreinte pour la considérer dans son entièreté. Sans la quitter des yeux, il ramassa rapidement la couverture qui avait glissé des épaules de Joséphine et l'en couvrit à nouveau avec douceur et pudeur pour apaiser les frissons qui clairsemaient sa peau.

-Toi aussi, Joséphine Abbot, crois-moi ...

-Je suis sûre que tu te souviens pas de mon deuxième prénom, prétendit-t-elle avec un petit sourire.

-C'est Odélia.

Joséphine papillonna des yeux, totalement prise de court et abasourdie par l'immense satisfaction qui s'était mis à luire dans les yeux de Farhan. Ils en chassèrent les dernières traces de colères qui semblaient atrophier les muscles de son visage.

-Tu t'en souviens ?

-Evidemment que je m'en souviens. Joséphine Odélia Abbot.

-Oh, laissa-t-elle échappée, stupéfaite. Désolée, je ne suis pas habituée à ce qu'on retienne tout ce que je dise.

Un éclat chagriné brilla fugacement dans le regard de Farhan et il se redressa pour s'emparer de ses lèvres. C'était un baiser chaste, la bouche à peine entrouverte mais dont l'intensité faillit faire fondre Joséphine et acheva de détendre chacun de ses muscles. Les mains de Farhan quittèrent son dos pour venir enserrer son visage et dans la pression que ses doigts exerçaient sur sa peau, Joséphine comprit. Farhan O'Neil maniait avec génie l'art du silence et ce qu'il voulait lui faire comprendre se passait totalement de mot. Elle percevait son sens dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses inclinations, dans le goût de ses lèvres sur les siennes. « Moi je retiendrais. Moi je t'écoute. Moi aussi j'ai envie de toi. Je vais t'aider à traverser tout ça, comme tu m'as aidé. On est ensemble, Joséphine Abbot ». Des larmes s'accumulèrent derrière les paupières de Joséphine et elle pressa davantage ses lèvres contre celle de Farhan, avide de lui rendre son message.

S'il y avait un baiser pour « je t'aime », ce serait certainement à cela qu'il ressemblerait. 

***

Well votre verdict? 

Je vous avais prévenu, on commence vraiment très fort avec une scène véritablement essentielle. J'espère avoir réussi à écrire assez justement ce moment difficile pour Joséphine ... 

Je vous invite à aller faire le parallèle avec sa première fois avec Charlie, qui maintenant doit vous paraître beaucoup plus compréhensible maintenant que vous avez toutes les cartes !

Et le pire c'est que ce n'est pas fini j'ai encore plein de surprises pour vous ! On se retrouve dans deux semaines !

(Ou une? On ne sait jamais, checkez au cas où !)

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