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Chapitre 5 : Les pièces du puzzle

Hello again tout le monde ! 

Bon, ça fait un peu martelage avec le nouveau prologue de Les fantômes des oubliés mais il faut que je garde le rythme de publication - et demain j'ai un mariage donc clairement je n'aurais pas le temps ! 

Merci pour vos commentaires au dernier chapitre, ça fait super plaisir ! Je sais que beaucoup d'entre vous restent sceptique sur Joséphine. La concernant, je me pose une question. Elle aurait un garçon avec ses caractéristiques de "bad boy", est-ce que vous seriez autant sceptique? C'est une vraie interrogation parce que me concernant (et Anna' également) on lui trouve quelques analogie avec Noah Douzebranches :) (Pour les lecteurs de LHDI) 

Voilà, bonne lecture ! 

*** 

Le sport est une évasion complète de la vie 

- François Hertel 

***

Chapitre 5 : Les pièces du puzzle

Samedi 8 septembre 1990

J'ai trouvé mon occupation de l'année : faire de la vie de Farhan O'Neil un véritable enfer.

Et Merlin que c'est distrayant ! Après son chaudron, j'ai réussi à remplacer ses racines d'ortie par celles d'ellébore. Il n'a pas fait attention, sa potion s'est mise à fumer et à dégager une odeur d'œuf pourri, on a dû évacuer la salle ... Rien que pour la tête furieuse de Rogue, ça valait le coup.

Je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Parce qu'il semble trop sage pour son propre bien ? Parce qu'il a d'excellentes intuition en Potion et que ça m'agace ? Parce qu'il a pris la mouche sur rien à propos de Maya ? En vérité, je ne pense pas avoir besoin d'une raison. Charlie reste toujours un peu froid, et ça m'insupporte, j'ai besoin de me défouler. Désolée Farhan, c'est toi qui prends – mais ça aura eu pour mérite de définitivement imprimer ton prénom !

Les essais ont eu lieu hier pour nous, on a réussi rapidement à trouver un poursuiveur. Il est bon, mais je reste la seule fille de l'équipe ... Et pourtant, Bérénice a essayé de motiver les filles de sa classe et des niveaux inférieurs, sans succès. Je pense que je vais aller faire un petit discours aux premières années, leur cour de vol est courant octobre je crois. Il est hors de question que ce soit un garçon qui me succède.

Elisa commence à me lorgner. C'est singulièrement agaçant, ce n'est pas la première fois que je la vois faire. Je me demande si Flitwick ne lui a pas demandé de me surveiller ... Bon, de toute manière il faut que je me dépêche. Charlie m'a proposé de voler un peu avant ses essais. Il reste distant, mais je sens qu'il essaie de faire des efforts alors on va essayer d'être Sainte-Joséphine. POUAHAHAH, je n'y crois pas moi-même !

***

La première semaine se déroula dans une sorte tension qui pesait à Charlie. La moitié de Gryffondor le harcelait concernant les essais de Quidditch, il avait dû superviser deux retenues de Serpentard qui avaient enfermé un né-moldu dans les toilettes dès le premier jour, et Farhan revenait de chaque cours de Potion en pestant contre Joséphine Abbot qui prenait un malin plaisir à ruiner son travail. Le pire, c'était qu'il ne pouvait pas lui rendre la pareille car, tout occupée qu'elle était à observer le chaudron de Farhan, elle ne préparait pas sa propre potion. Avec sa petite-amie, Charlie avait essayé d'appliquer les conseils de son ami, mais il avait été si pris que ses rares moments de paix, il avait préféré les passer à la lisière de la forêt ou chez Hagrid. C'était pour se rattraper qu'il avait proposé à Joséphine de voler un peu avec lui au terrain de Quidditch avant ses essais de samedi.

C'était la première fois qu'il remontait sur un balai depuis cet été, mais le terrain chez lui le bridait en raison de la présence de moldu. A Poudlard, il pouvait se permettre de voler haut, accélérer, profiter pleinement des sensations incroyables qui s'offraient à lui quand l'air lui fouettait le visage et que l'adrénaline gonflait ses veines quand il prenait de la vitesse ou adoptait un angle improbable. Joséphine à côté de lui n'était pas moins téméraire et s'amusait même parfois à voler la tête en bas, ses longues mèches agitées par le vent trainant derrière elle comme la trainée d'une comète. Ils ne lancèrent pas de Vif d'or et se contentèrent de retrouver des sensations, une complicité à travers des sourires échangés et des éclats de rire liés à une figure improbable de Joséphine ou une course absurde contre le vent. En la voyant détendue, riante, heureuse sur son balai, Charlie se souvint alors de ce qui lui avait tant plu chez cette fille.

Farhan était un génie. Il n'y avait rien de mieux qu'un retour aux sources pour en revenir à l'essentiel.

Mais les premières personnes commencèrent à déferler dans le stade, soit le balai à la main, soit simplement pour regarder les sélections. Charlie s'étonna de voir un si grand nombre d'élèves venant de toute Maison dans le stade et Joséphine se fendit d'un sourire d'avertissement.

-C'est ça d'être la star de Quidditch de l'école. Tout le monde est curieux de l'équipe que le grand Charlie Weasley va constituer.

Charlie réprima un soupir qui vint former une boule chaude et pesante dans sa gorge. Sur la pelouse où ils venaient d'atterrir, une dizaine d'élèves s'échauffaient déjà et il reconnut le visage des trois quarts d'entre eux.

-Je n'en reviens pas, David Strettins se représente ... ça fait deux fois que je le recale ... Et je rêve, c'est Lauren ?

C'était bien leur préfète qui faisait des moulinets de bras, sa chevelure rousse attachée dans une tresse dans son dos. Joséphine se rembrunit et Charlie s'en voulut d'avoir attiré son attention sur ce détail. Elle n'était déjà pas forcément friande de leur relation en tant que préfets, alors l'idée qu'elle entre dans l'équipe devait lui hérisser l'échine.

-J'ai le droit à un véto ?

-Non, répondit Charlie avec un sourire amusé. Bon, le devoir m'appelle ... Tu restes ?

Joséphine fit tourner son balai dans ses mains – un magnifique Nimbus 1700 qui avait rendu Charlie vert de jalousie le jour où elle l'avait reçu. Sa robe bleue aux manches liserées de bronze lui seyait particulièrement bien quand lui-même avait affreusement conscience que la sienne devait jurer avec ses cheveux. Même pour un petit entrainement, elle avait tenu à se maquiller et ses lèvres d'un rouge qui commençait à s'effacer s'étendirent en un sourire mutin.

-Je ne sais pas, je pense que je vais déjà aller me doucher aux vestiaires et me changer. Je pensais te proposer de m'accompagner mais ... Je pense que je vais me contenter de ça.

Ignorant les élèves qui emplissaient par vagues le terrain, elle passa une main dans le cou de Charlie pour le forcer à courber l'échine et l'embrasser passionnément, de manière assez équivoque pour que les sifflets commencent à fuser depuis les tribunes. Charlie se laissa faire, parfaitement conscient que ce baiser était peut-être l'acte qui scellait une sorte de retour à la normale entre eux et effaçait le souvenir de la journée des fiançailles d'Ophélia. Joséphine finit par s'écarter et passa son pouce sur sa joue, les yeux étincelants.

-Et même pas de traces de rouge à lèvres ! On s'améliore, pas vrai ?

La fin de sa phrase s'était fondue en souffle, au même moment que le coin de la bouche s'affaissait pour faire mourir le sourire. Devant cette marque manifeste d'indécision, Charlie se sentit obligé de l'embrasser sur le front pour la rassurer. Mais la vérité, c'était qu'il n'avait absolument rien ressenti de probant durant ce fougueux baiser, même s'il avait passé une matinée incroyable à voler avec elle. Joséphine se détendit néanmoins à son contact et son sourire renaquit sur ses lèvres.

-Je te laisse à tes groupies ... Mais attention, je pense que je vais rester te surveiller un peu. Ne profite pas que j'aille me doucher pour emballer Lauren.

-Aucun risque ... A toute.

Joséphine sourit, l'embrassa une dernière fois et se résolut à le quitter pour traverser le terrain, ses mèches cuivrées rebondissant à chacun de ses pas. Charlie la vit adresser un regard assassin à Lauren qui parlait à présent avec un groupe de prétendant avant de s'engouffrer dans le vestiaire. A peine avait-t-elle disparue de sa vue que son absence fut comblée par Olivier Dubois, qui ne semblait qu'attendre son départ pour s'accaparer Charlie.

-Il y a du monde cette année !

-C'est les mêmes personnes que les deux dernières années, Olivier, soupira Charlie en évaluant les troupes. Polly est arrivée ?

Sa dernière Poursuiveuse était déjà présente au milieu des candidats et prodiguait des conseils à des deuxièmes années qui serraient leurs balais comme si leur vie en dépendait. Les cheveux noirs, souriante, elle compensait une faible technique avec une énergie et une bonne humeur incroyable. Elle entrait aussi en septième année comme Charlie et comme lui elle serait à remplacer l'année prochaine ... A côté de lui, Olivier consultait ses notes pour les essais.

-Je suis motivé comme tout, en tout cas ! J'ai lu des bouquins de tactiques cet été et ... Euh Charlie ? Tu ne fais pas d'essais pour les Gardiens ?

Charlie fixa Olivier avec surprise. Le jeune homme semblait perplexe.

-Comme on doit chercher plusieurs postes, je pensais que tu préférerais voir ...

-Pourquoi j'irais chercher un nouveau Gardien alors que j'ai déjà le meilleur de l'école ?

Les joues d'Oliver rougirent et il se retrouva à bégayer et à se répandre en remerciement devant un Charlie amusé. La vérité, c'était qu'il avait un potentiel incroyable qu'il commençait tout juste à affiner. C'était aussi un garçon qui débordait d'enthousiasme et d'énergie, quelqu'un de charismatique qui connaissait toutes les finesses du sport. Charlie lui donna une grande tape dans le dos.

-Et par ailleurs, en tant que futur-Capitaine, tu vas m'aider à faire mon choix. Allez, en vol, Soldat !

Extatique, Olivier n'attendit pas pour enfourcher son balai et s'élever dans les airs avec lueur furieuse dans les yeux. Charlie avait au moins cette certitude-là : il laisserait l'équipe entre les mains d'un véritable passionné. Cela dit, il plaignait les joueurs qui seraient un jour sous les ordres du Gardien ... Revigoré, il se tourna vers la foule qui avait grossi à l'ombre des gradins et sortit sa baguette de frêne pour la pointer sur sa gorge et amplifier sa voix :

-Silence s'il vous plait !

Tout le brouhaha s'interrompit et Charlie se trouva être la cible d'une vingtaine de paire d'yeux, avides, effrayés, déterminés. Sa bouche se tordit. Il savait être un leader naturel mais ce n'était pas pour autant qu'il appréciait faire preuve d'autorité. C'était même la partie du Capitanat et de son rôle de préfet qu'il appréciait le moins ...

-Bon je vais vous demander déjà de vos positionner sur les postes que vous convoitez. Je rappelle que je cherche deux Batteurs et trois Poursuiveur puisque Polly préfère passer les essais ...

-Juste pour le plaisir de la compétition, Capitaine, affirma la jeune fille avec un grand sourire.

-... Du coup je veux deux files bien distinctes et vous ferez un tour de terrain. Olivier et moi on évaluera votre vol et on procédera à un premier écrémage ...

Les files se formèrent : derrière Polly, une dizaine d'élève dont une majorité de fille constituaient les candidats au poste de Poursuiveur. Les Batteurs au contraire étaient principalement des garçons et Charlie écarquilla les yeux lorsqu'émergea de la foule deux silhouette plus petites que les autres mais dont la chevelure rousse lui tapa immédiatement dans l'œil. D'un coup, il donna un grand coup de sifflet qui immobilisa l'opération.

-Arrêtez tout ! (Il pointa les jumeaux du doigt) Vous deux, ici ! Immédiatement !

Fred et George, ses deux frères cadets, parurent outrés d'être ainsi réclamé, d'un ton presque sévère qui n'était pas sans rappeler celui de leur mère. Ils portaient tous les deux de vieux survêtements qui avaient un jour appartenu à Charlie lui-même – il avait passé ses propres essais dans le pull vert que portait George – et les balais qu'ils tenaient dans leur main étaient vraisemblablement ceux de l'école.

-Merlin ne me dites pas que vous les avez volés ! accusa Charlie d'un ton dur.

-Mais pour qui tu nous prends ? se rebiffa Fred. Non, on a demandé à Madame Bibine et à McGonagall si on pouvait les emprunter pour les essais !

-Quoiqu'il est vrai que McGonagall n'avait pas l'air très sereine à l'idée de nous les laisser, ajouta George avec malice.

Charlie observa tour à tour ses deux frères parfaitement identiques à la tache de rousseur près. Il n'y avait qu'une longue et éprouvante expérience qui lui permettait de les reconnaître. Fred avait un tout petit grain de beauté sur le coin de la bouche. Les oreilles de George étaient légèrement plus décollées. Fred se mettait plus souvent en avant que lui, et était le négociateur des deux quand son jumeau était plus frontal. C'était subtil, pas toujours discernable mais Charlie avait fini par se donner des tactiques.

-Vous envisagez sérieusement de devenir Batteur ? Vous voulez que maman s'évanouisse ?

-Elle ne s'est pas évanouie quand tu es devenu Attrapeur, elle t'a acheté un balai ! rappela George avec envie. Un vrai !

-Et tu nous connais, on aime bien frapper dans des trucs.

-On est champions du Terrier de lancer de gnome !

A la fois dépité et intrigué par l'idée, Charlie continua de détailler ses frères qui le fixaient avec yeux plein d'espoir. Leurs épaules étaient larges pour leurs douze ans et en un éclair, Charlie revit Fred, un bâton à la main, envoyer le gnome de jardin qu'il lui avait jeté à plusieurs mètres. C'était lui-même qui leur avait appris à voler l'été avant leur entrée à Poudlard – parce qu'ils ne l'avaient pas fait, il savait très bien qu'ils auraient été apprendre par eux-mêmes et il avait préféré être là pour les superviser. Non, ce que Charlie craignait réellement, c'est leur manque de maturité et leur tendance à s'éparpiller, avant de se rappeler qu'ils n'avaient que douze ans. A quel point était-il immature lui-même à douze ans ? Et pourtant, le Capitaine de l'époque lui avait laissé sa chance ...

Et il devait l'admettre. Les deux feux follets qu'étaient ses frères au poste de Batteur ? Il voulait voir ça.

Charlie coinça son sifflet entre ses dents tout en souriant à Fred et George. Il ébouriffa leurs cheveux roux de ses grosses mains, ce qui leur arracha des grimaces identiques.

-On va essayer. Ne me faites pas honte, les microbes. Les Batteurs, en vol !

***

Joséphine était restée une éternité sous la douche. C'était toujours tendu au dortoir des Serdaigle : le temps de chacune était précieux et elle était la première à tambouriner à la porte de la Salle de bain pour écouter la toilette de ses camarades et exiger la place. Six filles dans un dortoir, ça mettait un sacré désordre... Alors elle comptait bien profiter d'avoir celle des vestiaires pour elle toute seule pour se noyer sous l'eau chaude, prendre le temps de laver ses cheveux, d'appliquer un soin, sans craindre de pomper toute l'eau chaude. C'était déjà arriver une ou deux fois et Elisa était ressortie de la cabine en hurlant après que la douche soit devenue glaciale.

Quand elle sortit, la salle de bain ressemblait à véritable sauna et elle vit évaporer la buée d'un coup de baguette en chantonnant joyeusement. Les courses avec Charlie l'avaient mise d'excellente humeur, il fallait le dire, sans qu'elle ne sache si c'était le plaisir de voler ou la présence libérée de son petit-ami qui en soit en cause. Ce qu'elle savait, c'était que là, nichée dans une serviette moelleuse et la peau encore brûlante de la douche, elle se sentait incroyablement apaisée. Elle se pencha vers ses affaires pour en sortir sa trousse de maquillage et entreprit de passer une crème pour masquer ses quelques boutons d'acné et ses rougeurs. Les peaux d'Ophélia et Bérénice étaient parfaites, elle ne voyait pas pourquoi la sienne ne le serait pas également ... Elle renonça par manque d'envie à un maquillage approfondi des yeux avant de remettre du mascara et de couvrir ses lèvres d'une couleur rouge. Elle les fit ensuite éclater d'un baiser sonore devant le miroir avant de se déclarer satisfaite et s'enfin passer à nouveau son uniforme. Elle laissa ses mèches humides : l'air agréable de septembre se chargerait bien assez vite de les sécher.

Charlie était déjà en train de faire une première sélection lorsqu'elle sortit enfin des vestiaires, son balai dans une main, son sac de sport dans l'autre. La foule avait grossie dans les gradins : l'heure du petit-déjeuner venait de passer et les élèves cherchaient souvent des distractions les week-ends. Elle promena son regard dans la foule, hésitant entre se mettre seule dans un coin et sortir son carnet qu'elle avait emportée dans son sac, ou trouver une personne avec laquelle elle pourrait partager sa rare bonne humeur. La première chose qu'elle remarqua fut le hijab de Maya qui accompagnait bien sûr Bérénice et Joséphine fronça du nez. Aidan était de sortie aussi, prêt à analyser les choix du Capitaine adverse mais Elisa était pendue à son bras. Joséphine grimpa les marches, prête à vivre l'expérience peu agréable d'être seule au milieu d'une foule lorsqu'elle aperçut une échappatoire à son triste sort. Un peu à l'écart sur un gradin chauffé par le soleil, un garçon aux cheveux noirs qui ondulaient sur sa nuque mangeait une pomme tout en observant les joueurs dans le ciel. Un sourire ravi s'étira sur les lèvres de Joséphine.

-O'Neil, murmura-t-elle avec malice. Mais c'est parfait !

Sans attendre, elle monta les dernières marches qui la séparait de Farhan. Le jeune homme finit par la voir arriver et détourna le regard avec un soupir perceptible. Loin de la décourager, ce soupir agrandit le sourire de Joséphine et elle s'installa joyeusement à côté du Gryffondor.

-Salut O'Neil ! Venu soutenir ton âme sœur ?

-Tu n'en as pas assez de détruire mes potions, il faut aussi que tu gâches mes week-ends ? râla Farhan.

Il mordit dans sa pomme et la mastiqua avec une certaine rage. Joséphine lui jeta un regard de biais qu'elle savait pétiller d'un amusement sadique.

-Ce que tu es susceptible ... Qui te parle de gâcher ton week-end ? Je suis juste venu espionner. Mais chut, pas un mot à Charlie.

Farhan leva les yeux au ciel mais se refusa à les poser sur Joséphine. Il fixait les candidats qui faisaient de façon groupés un tour de terrain. Une jeune fille maîtrisa mal sa course et finit contre les poteaux, arrachant un éclat de rire à Joséphine. Cela lui valut un regard circonspect de Farhan. Elle balaya sa désapprobation d'un geste désinvolte de la main.

-Oh je t'en prie, c'était drôle.

-Ce n'est pas pour ça qu'on est obligé d'en rire, rétorqua-t-il.

Il prit un nouveau morceau de pomme et Joséphine réalisa assez brutalement qu'elle n'avait pas déjeuné et son estomac se contracta brutalement. C'était insupportable d'être ainsi soumise aux envies irrépressibles de son corps. Son corps était sa première prison, la plus stricte et cruelle de toutes. Son regard s'attardait beaucoup trop sur le fruit et Farhan finit par le remarquer avec une certaine perplexité :

-Je peux savoir pourquoi tu fixes ma pomme ?

-Peut-être parce que j'ai faim ?

Elle jeta un regard entendu à la pomme, puis à Farhan. Le jeune homme comprit la demande silencieuse et essuya un petit rire incrédule.

-Tu es sérieuse ? Et qu'est-ce j'y gagne ?

-La promesse que lundi matin tu auras l'occasion de réussir parfaitement ta potion ? proposa Joséphine.

-Hum, laissa échapper Farhan après avoir avalé un nouveau morceau. Insuffisant.

-Tant pis pour toi.

Avec la vivacité de l'Attrapeuse, elle arracha la pomme des mains d'un Farhan occupé à mâcher et avant même qu'il ne puisse d'indigner, en croqua un grand morceau, hilare, complétement inconsciente du jus qui avait coulé au coin de sa bouche. Elle avala avec difficulté pour laisser libre court à son rire devant la mine absolument dépitée de Farhan. Joséphine fut ravie de voir que l'incrédulité laisser lentement place à la colère sur son visage.

-Sérieusement, qu'est-ce que je t'ai fait ? On ne s'est jamais parlé et depuis que tu connais mon prénom tu me rends la vie infernale !

-Je sais, ce n'est pas juste, admit Joséphine sans se départir de son sourire. Mais je me sens d'humeur généreuse aujourd'hui : j'arrête de saboter tes potions si tu me laisses finir la pomme. Je te jure, je crève la dalle, ça use le Quidditch.

Farhan jura dans une langue que ne comprit pas la jeune fille. Il se mordit l'intérieur de la joue et Joséphine dressa un sourcil surpris. Elle avait l'impression d'avoir déjà entendu ces mots de la bouche de Maya quand elle était particulièrement énervée. Inconsciemment, elle observa le visage fin de Farhan, son nez droit, ses yeux sombres en amande au regard très doux avant qu'elle ne trouve Maya quelques sièges plus bas. Elle pointait un garçon maigrichon qui tenait sa batte à l'envers, cachant son rire derrière sa main avec pudeur. Les yeux de la jeune fille étaient plus clairs mais Joséphine n'en démordait pas : elle leur trouvait une ressemblance évidente. D'autant plus évident qu'avec son voile, on pouvait se concentrer sur les traits de Maya. Farhan suivit son regard et un sourire de dépit se forma sur ses lèvres.

-C'est elle la fille qui « me ressemble » ? demanda-t-il en faisant des guillemets de ses doigts.

Il tira son sac à ses pieds et en sortit une banane qu'il éplucha patiemment. Joséphine se tordit le cou pour apercevoir qu'il avait encore une pomme nichée entre les parchemins. Il se baladait avec sa corbeille à fruit ?

-Tu as réussi à savoir si elle était Egyptienne ou Syrienne ? ironisa Farhan.

-En quoi j'ai pêché ? Sérieusement, ça m'intéresse, insista-t-elle quand il se fendit d'un petit ricanement. Histoire que je ne déclenche pas ta colère une seconde fois ...

Farhan parut hésiter et prit le temps de mastiquer deux bouchées de banane avant de répondre que le peuple arabe était constitué d'une myriade de population qui avait sa propre culture, sa propre identité, son propre dialecte. A fur et à mesure qu'il parlait, son visage s'était animé d'une manière différente et pourtant Joséphine percevait une sorte de nostalgie au fond de son regard sombre.

-Mélanger une Egyptienne et une Syrienne, c'est comme si tu disais qu'un Anglais était un Français, conclut-t-il avec un haussement d'épaule. Ou un Irlandais. Mon père se met tout le temps en colère quand on le prend pour un Anglais ...

Joséphine hocha la tête en faisant mine de paraître absorbée mais Farhan parut comprendre ce que c'était qu'une façade. Il eut un sourire penaud et fit disparaître la peau de banane d'un coup de baguette.

-Je sais, on est susceptible.

-En fait, je crois que je comprends, assura Joséphine en allongeant ses longues jambes devant elle. Mea culpa.

-Vraiment ? s'étonna Farhan.

Joséphine sourit et ferma les yeux pour apprécier la caresse des rayons du soleil sur son visage. La surprise de ses interlocuteurs dès qu'elle se laissait aller à la gentillesse était un véritable nectar. Mais la vérité, c'était qu'elle comprenait parfaitement ce qui avait pu exaspérer Farhan dans ses propos, même s'ils s'étaient mal compris. Elle était sincère quand elle songeait qu'il ressemblait incroyablement à Maya mais elle se doutait aussi qu'une nouvelle charge sur la question raviverait l'ire de Farhan. Elle fut tentée l'espace d'un instant, mais finit par songer que les cris des candidats Batteurs en écho participait bien assez au chaos ambiant. A l'aveugle, elle tendit la main à Farhan.

-On fait la paix ? Et je te jure que si tu laisses ma main en plan je m'arrange pour que la prochaine fois tu sois carrément collé.

Farhan s'esclaffa doucement et après quelques secondes de latence finit par serrer la main de Joséphine. Satisfaite, elle porta la pomme qu'elle tenait toujours et croqua de nouveau dedans. Elle tentait de percevoir ce que hurlait Charlie à travers le brouhaha ambiant mais la voix de Farhan couvrit tout :

-Mais juste comme ça ... La fille et son hijab ... Elle n'a pas de problème ?

Sans ouvrir les yeux, Joséphine sentit ses lèvres se tordre. Elle avait été témoin d'une ou deux piques dans la semaine, dans la Salle Commune de Serdaigle. Pas méchante, pas ouvertement racistes et chaque fois vertement étouffée soit par Maya d'une réplique spirituelle soit par Bérénice d'un ton plus acide. Cela avait au moins eu pour mérite de faire cesser les protestations de sa sœur concernant le voile.

-Beaucoup d'incompréhension, surtout. Les sorciers ne comprennent pas forcément le principe de religion, alors c'est difficile pour Maya de se justifier. Même si en soit elle n'a pas à le faire ... (Elle ouvrit un œil qu'elle planta sur Farhan). Pourquoi, tu as eu des problèmes toi ?

Farhan, qui semblait la contempler, détourna très vite le regard pour le river sur les silhouettes lointaines qui parcouraient le ciel comme de drôles d'oiseaux. Avec son teint basané et ses cheveux noirs de jais, on devinait d'un œil une quelconque origine. Il grimaça lorsqu'un élève frappa dans un Cognard. Le fracas des battes contre les balles étaient assourdissants.

-Non, ça va. Comme tu le dis, ce n'est pas entre les peuples que les sorciers font des différences, mais surtout au niveau du sang. Peu importe que je ne sois pas né ici si j'ai le Sang-Pur ...

-Tu n'es pas né ici ?

Farhan parut embarrassé et passa une main sur sa bouche. La curiosité piquée, Joséphine se redressa et ouvrit son deuxième œil. Elle mastiqua sa pomme tout en le fixant du regard, un petit sourire aux lèvres, dans l'attente d'une réponse capable de satisfaire sa soif de savoir. Mais le jeune homme fut sauvé quand une ombre s'abattit sur eux. Contrariée d'être ainsi coupée en plein interrogatoire, Joséphine leva le regard noir sur Bérénice.

-Quoi ?

-Bonjour, ironisa sa sœur avec un charmant sourire. Je voulais savoir si je peux t'emprunter Athéna pour ...

-Non.

-C'est pour moi, se précipita Maya en émergeant derrière Bérénice. Je dois envoyer une lettre à mes parents et Bérénice a envoyé son hibou aux vôtres ...

Joséphine observa les deux filles en mâchant sa pomme. Sa sœur était toujours impeccable, ses cheveux étirés en une longue queue de cheval et son uniforme propre sur elle. Pour ce jour de repos, Maya portait elle un pull moldu beige et un hijab assorti alors qu'elle ne l'avait vue durant la semaine qu'avec des couleurs noires ou bleue marine. Cette teinte plus claire faisait ressortir ses yeux café et Joséphine se retint de glisser un regard sur Farhan pour faire un comparatif. Le jeune homme semblait par ailleurs absorber par le choix des Batteurs.

-Si c'est pour Maya, ça va, trancha-t-elle finalement. Athéna est à la volière. Tu verras, c'est la plus belle chouette.

-J'ai la meilleure sœur du monde, laissa échapper Bérénice avec un soupir à fendre l'âme. Et la plus modeste ...

Maya lui donna un coup de coude destiné à la faire taire et adressa un sourire reconnaissant à Joséphine.

-Merci, ça m'arrange. C'est l'anniversaire de ma mère demain, j'avais complétement oublié ...

-Pas de problème. Tant que je t'ai sous la main, Maya. (Elle pointa sa pomme à moitié grignotée sur elle). Tu es Egyptienne ou Syrienne ?

-Oh Jo, soupira Bérénice en massant sa tempe.

Mais Maya mit une main rassurante sur l'épaule de son amie, un sourire contrit aux lèvres. Joséphine avait elle jeté un petit regard à Farhan pour constater qu'il avait levé les yeux au ciel avant de se concentrer sur les Batteurs qui continuaient de frapper ou rater des cognards.

-Non, ça va, assura Maya d'un ton tranquille. Mes parents sont Egyptiens ... ils ont émigrés en Angleterre après la guerre des Six jours en 1967 donc je suis née en Angleterre.

-La quoi ?

-Une guerre Israélo-arabe.

Les trois filles se tournèrent en bloc vers Farhan. Il ne les regardait pas et gardait les yeux rivés sur le déplacement des joueurs dans le ciel, un étrange rictus aux lèvres.

-Entre Israël et tous ses pays frontaliers, explicita-t-il devant le silence des filles. Après ça, Israël a occupé la péninsule du Sinaï qui appartenait à l'Egypte ... (Il tourna une demi-seconde le regard sur Maya). Tes parents étaient de là ?

-A côté de Suez, confirma-t-elle, visiblement impressionné. Mon père travaillait au canal ...

Joséphine retint un sourire satisfait quand Farhan sourit d'un air entendu, comme s'il était le seul à comprendre la langue de Maya. Et c'était le cas, car Bérénice les observa tous les deux, une ride de contrariété barrant son front. Elle détestait lorsque quelque chose lui échappait. Maya lui adressa un sourire penaud.

-Désolée, c'est de la géopolitique moldue, je doute que les sorciers s'intéressent aux conflits aux Moyen-Orient ... (Elle jeta un regard brillant à Farhan). Je pense qu'il n'y a qu'un local pour s'y intéresser ! Oh la la, j'espère ne pas me tromper sinon ce serait un sacré délit de faciès ...

Mais Farhan la rassura d'un sourire et hocha la tête pour la conforter. Quelque part dans la crispation de ses doigts, Joséphine se douta qu'il regrettait de s'être mêlé à la conversation.

-Donc tu es né là-bas ? attaqua-t-elle immédiatement, heureuse de reprendre le fil de son interrogatoire.

-Tiens, Charlie a choisi ses frères ..., fit observer Farhan sans prendre la peine de répondre.

-Je ne connais pas les pays frontaliers d'Israël. Attends, ses frères ?!

-Ça tombe bien, ce n'est pas un pays. Eh oui, regarde.

Il pointa deux têtes rousses qui faisait courraient autour du terrain en poussant des rugissements de triomphe, leur balai dans une main et la batte dans l'autre. Quelques mètres au-dessus d'eux en vol stationnaire, Charlie les observait, moitié hilare, moitié perplexe, comme s'il se demandait quel genre de cataclysme il avait bien pu déclencher. Joséphine s'intéressa une seconde à la scène avant de pointer un index d'avertissement sur Farhan.

-Ne crois pas que tu vas m'avoir, Farrell. Comment ça pas un pays ?

-Oh, parut comprendre Maya, peinée. La Palestine ?

Farhan acquiesça sans un mot. Joséphine et Bérénice échangèrent un regard complétement perdu. Sa jeune sœur semblait à deux doigts de se précipiter sur un Atlas combler son manque de connaissance et Joséphine trouva sa visible frustration absolument jouissive. C'était agréable que la parfaite Bérénice se confronte à l'échec.

Maya se chargea alors d'expliquer en quelques mots qu'en 1948, il avait décidé de créer dans la région deux pays : l'Israël de culture juive et la Palestine à majorité musulmane. Malheureusement, les guerres successives des grandes puissances régionales avec Israël avaient réduit la Palestine à entité vidée de sens, occupée et annexée de toute part par les pays frontaliers comme par Israël. Alors qu'elle faisait le récit succinct des guerres successives qui avaient éreinté la région, Farhan poussa un grognement dédaigneux qui lui attira le regard perplexe des filles.

-Désolé, c'est juste ... il n'y vraiment que la guerre pour arracher les peuples à leurs racines.

-C'est laquelle qui a fait fuir tes parents ? demanda Maya avec douceur.

-Celle du Kippour. 1973. Je crois.

-C'est notre année de naissance, remarqua Joséphine, troublée.

Et elle l'était aussi par le comportement de plus en plus distant de Farhan. Il avait sorti sa pomme mais elle semblait juste utile pour s'occuper les mains que pour calmer une quelconque faim.

-Oui mais je suis né en janvier et la guerre est arrivée en octobre. Je suis né là-bas, je suis au moins sûr de ça.

-Où ça ? s'enquit Maya. Bande de Gaza ou Cisjordanie* ?

Farhan garda le silence et Joséphine vit sa mâchoire se contracter. Son cerveau passa rapidement d'une conclusion à l'autre et avec sa toile d'information, elle parvint à lancer un regard d'avertissement à Maya pour qu'elle cesse l'interrogatoire. La jeune fille sembla ravaler sa langue in extremis mais souffla quelques excuses :

-Pardon, c'est juste ... c'est rare de parler avec quelqu'un qui comprend réellement de quoi je parle. Qui sait ce qui se passe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord – et qui savent placer ces pays sur une carte – qui connaissent les us et coutumes de ces pays, l'islam ... Ou peut-être que ...

-J'ai lu quelques trucs, mais je ne suis pas pratiquant. (Il parut hésiter mais finit par sourire à Maya). Tu as raison, ça fait du bien d'avoir un interlocuteur qui ne te demande pas des définitions toutes les cinq minutes. Charlie est de bonne volonté, il veut vraiment s'y intéresser mais je le sens plus perdu qu'autre chose.

-Un peu comme les Abbot à côté de nous en ce moment même ? enchérit Maya d'un ton espiègle.

-Bérénice est prête à piquer un sprint jusque la bibliothèque, confirma Joséphine, récoltant le regard noir de sa sœur. Et moi je me contente de constater que tu as la combinaison la plus originale que je n'ai jamais croisée ... palestino-irlandais, c'est quand même hors-norme ! Comment j'ai pu passer à côté de toi tout ce temps, Farrell O'Neil ?

-Jo ! la réprimanda Bérénice.

Mais Farhan s'esclaffa à la conclusion et une certaine tension parut quitter ses épaules. Joséphine retint un petit sourire. Elle n'était pas complétement sans cœur. Au vu de sa réaction aux questions de Maya et au peu de ressemblance qui existait entre lui et l'apothicaire, c'était l'évidence même que ses parents palestiniens avaient dû mourir, d'une manière ou d'une autre. Elle n'était pas cruelle au point de lui faire revivre un cauchemar potentiel. A lui, non, mais Joséphine adorait les mystères et adorait surtout les résoudre. Elle avait nombre de puzzle dans sa jeunesse et était peut-être l'une de celles qui arrivaient le plus facilement à répondre aux énigmes de la gargouille de Serdaigle. C'était aussi pour cette passion de découvrir les messages cachés derrière la brume qu'elle avait pris l'Etude des runes. Elle rendait rarement ses traductions, mais elle trouvait le processus fascinant, absolument jouissif. Et à ses yeux, c'était exactement ce que Farhan O'Neil était en train de devenir, pièce après pièce : un véritable puzzle à constituer. Et elle avait l'intuition de n'avoir commencé qu'à gratter la surface.

Sérieusement, comment avait-elle pu laisser sa jalousie liée à sa relation fusionnelle avec Charlie la laissait passer à côté d'un tel mystère ?

***

-Alicia, arrête de pleurer ... Ce n'est pas grave, tu réessaieras l'année prochaine ...

Mais l'idée ne fit que redoubler les sanglots de la petite Alicia et le cœur de Charlie se déchira. Après plus de trois heures d'essais, des blessures, des chutes, des cris, des protestations et deux élèves envoyés à l'infirmerie, Charlie et Olivier s'étaient concertés pour leurs choix. Fred et George avaient été de loin les plus convainquants au poste de Batteur, même Olivier avait été grandement enthousiasme en découvrant la bosse qu'il avait crée sur la hanche de Polly qui avait reçu un Cognard. Alors au risque d'être attaqué pour avoir favorisé sa famille et de recevoir une beuglante par sa mère pour entrainer ses frères sur une pente instable, Charlie les avait pris.

Polly avait également réussi des essais corrects qui lui avait permis d'être sans conteste la première sélectionnée. La seconde était de loin la meilleure en vol, tout élève confondu : Angelina Johnson était en deuxième année, mais elle avait une aisance sur un balai qui avait impressionné Charlie et fait bondir d'excitation d'Olivier. Pour la séance de pénalty qui devait déterminer les derniers sélectionnés, elle avait été de loin la meilleure malgré son jeune âge. La place de troisième poursuiveur avait été nettement plus difficile entre une autre deuxième année, Alicia Spinnett et sa camarade et préfète Lauren, étrangement à l'aise en vol et qui délivraient des passes d'une précision chirurgicale à défaut d'avoir la puissance nécessaire pour tirer. Malgré les essais prometteurs d'Alicia, Charlie avait fini par trancher en faveur de Lauren. Il ne pouvait pas avoir une équipe constituée à plus de la moitié de deuxième année inexpérimentés et immatures, il aurait bien assez de Fred et George à gérer. Mais la décision avait fait s'effondrer la pauvre petite Alicia, consolée par Lauren et Polly. Son amie Angelina ne savait visiblement plus où se mettre.

-Je voulais ... je voulais tellement..., sanglota Alicia, inconsolable. Avec Angie on s'est ... tellement ... tellement entrainées cet été ... pour être prise à deux ...

Angelina trépigna et jeta un regard suppliant à Charlie, comme pour lui demander de revenir sur sa décision. Mais un regard échangé avec Polly et Dubois l'en dissuada : quatre deuxième année, c'était trop pour l'équilibre d'une équipe. Il s'agenouilla face à la jeune fille et posa une main douce sur son genou. Elle lui renvoya un regard mouillé de larme.

-Ça se voit que tu as travaillé, Alicia. Tu as vraiment fait des magnifiques essais, mais Lauren était un petit peu meilleure ...

-C'est surtout ta camarade de classe, lança Fred l'air de rien.

Charlie lui lança un regard assassin.

-Toi, si tu ne veux pas être viré de l'équipe, apprends à tenir ta langue. Être mon frère ne te donne pas de passe-droit, Freddie. Mets-toi ça dans le crâne et toi aussi, George. Ce n'est pas parce que vous avez passé les essaies que vous avez franchi la ligne : le plus dur commence. Je vais vous faire travailler jusqu'à ce que vous soyez épuisés, par tout temps, toute horaire. Demandez à Dubois si je mens : je suis un Capitaine intraitable. Je veux battre Serpentard et si vous n'êtes pas capable de fournir les efforts dans ce but, vous pouvez laisser la place à d'autres qui seront prêts à les faire.

George et Fred s'entreregardèrent, gênés avant de hocher frénétiquement la tête. Le regard de Charlie se passa sur les vieilles Etoiles Filantes qu'ils montaient. Par le caleçon de Merlin, il allait devoir demander à sa mère d'acheter deux nouveaux balais ... Il entendait déjà les échos d'une beuglante. Il se tourna de nouveau vers Alicia en s'efforçant de sourire.

-Tu vois, heureusement que tu n'as pas été prise. Je suis horrible comme Capitaine.

-Tu es super comme Capitaine, protesta Alicia en reniflant. T'es le meilleur joueur d'Angleterre.

-N'exagère pas. Mais c'est gentil.

Il la contempla un instant, ses mèches châtains complétement ébouriffées par le vent, le visage rougi par les pleurs et l'effort. Elle possédait déjà son balai, un très beau Brossdur 7 qui venait de sortir et Olivier avait été impressionné par sa capacité à jouer contre n'importe quel adversaire et avec n'importe qui. Elle avait une adaptabilité impressionnante et si Charlie devait être parfaitement honnête, elle était intrinsèquement meilleure que Lauren. Simplement plus jeune mais avec un an d'entrainement, elle n'aurait plus rien à lui envier, bien au contraire. La remarque alluma une idée dans son esprit et il prit vivement le bras d'Alicia.

-Viens t'entrainer avec nous !

-Quoi ? s'écria la moitié de ses camardes.

-Pas à chaque fois mais de temps en temps, précisa Charlie. Tu es très bonne, Alicia, ça s'est vu. Alors si je ne peux pas me permettre de te prendre cette année, je peux quand même t'aider à t'améliorer. L'année prochaine, Polly et Lauren ne seront plus là et il faudra une excellente poursuiveuse pour les remplacer. Et bien sûr si quelqu'un se blesse, ce sera toi que j'appellerais en priorité. Qu'est-ce que tu en dis ?

-Mais Charlie, tu ne peux pas lui promettre un poste, objecta Polly.

-Elle passera des essais, évidemment, mais c'est vrai que ce serait dommage de la laisser inactive alors qu'elle a vraiment du potentiel, le défendit Olivier en hochant la tête. Moi je suis d'accord !

-Il est surtout d'accord parce que l'année prochaine ce sera lui le Capitaine et que je lui constitue déjà une équipe de choc, se moqua Charlie et Olivier s'empourpra.

Alicia les contempla chacun leur tour indécise, jusqu'à Angelina qui la poussa vivement à accepter en sautillant frénétiquement sur place. Finalement, elle sécha ses larmes et laissa échapper un couinement qui sonnait comme un assentiment. Charlie lui ébouriffa les cheveux et Angelina parut soulagée d'avoir trouvé un compromis pour mettre le pied de sa meilleure amie dans l'équipe.

Après l'annonce officielle de la composition, le stade se vida enfin et Charlie put prendre une bonne douche au vestiaire et décompressé après des heures voire des jours de pression. Il avait constitué son équipe pièce par pièce sans réellement vérifier qu'elles s'emboitaient parfaitement. Ce n'était pas parfait, mais elle avait un indéniable potentiel. Ce qu'il espérait, c'était qu'il exploserait dès le premier match. Sur les lavabos, il trouva des traces de maquillage qui trahissait le passage de Joséphine et celle-ci l'attendait par ailleurs dehors, en uniforme, ses lèvres souriantes enduites de rouge qui le forcèrent à l'embrasser sur la joue.

-Encore ? râla-t-elle, agacée.

-Tu n'arriveras jamais à me faire t'embrasser quand tu as du rouge-à-lèvres, Jo. Et je rêve où je t'ai vu avec Farhan dans les tribunes ?

Le sourire de Joséphine se fit machiavélique et Charlie sut qu'il n'avait pas imaginé la vision qu'il avait capté durant l'un de ses rares moments de répit, en vol stationnaire, de voir sa petite-amie et son meilleur ami qui ne s'étaient jamais parlé discuter sur les gradins du stade. Loin de l'inquiéter car Joséphine n'avait pas eu l'air belliqueuse, cela l'avait plutôt amusé et il s'était demandé si Farhan avait réussi à sortir plus de deux mots. Elle enroula son bras autour de celui de Charlie pour commencer à quitter le stade.

-Non, tu ne rêves pas. D'ailleurs, je veux tout savoir sur lui.

-Pourquoi ? s'étonna Charlie, stupéfait. Si tu veux savoir quelque chose, tu n'as qu'à lui demander ... Il ne mord pas, lui et ne risque pas de bousiller tes potions.

-Hé ! Je lui ai promis que j'arrêtais, pour ta gouverne et mon prix, ce sont des informations de ta part. Et puis, ce serait affreusement indélicat de ma part de l'interroger sur la mort de ses parents ...

L'information était lancée sur le ton badin de la conversation et Charlie se figea, lorgnant sa petite-amie pour essayer de comprendre ses intentions. Elle ne s'était jamais intéressée à Farhan en six ans d'années commune et avait même mis un point d'honneur à l'ignorer quand elle avait commencé à sortir avec lui. Alors pourquoi ce brusque revirement de situation ? Joséphine eut un sourire carnassier avant de pousser un profond soupir.

-Oui, je sais je n'ai aucune limite. Mais tu me connais, je peux être tenance, donc je veux savoir le pourquoi du comment un enfant d'émigré Palestinien qui fuyait la guerre du Kippour s'est retrouvé adopté par un sorcier irlandais.

-Mais comment tu sais tout ça ?!

-Oh, j'ai tout retenu correctement ? se réjouit Joséphine, les yeux étincelants. Mais c'est parfait, cela ! Allez, Weasley, donne-moi des réponses ! Et je saurais te récompenser ...

Pour le prouver, elle s'arrêta au milieu du chemin et posa ses lèvres sur les siennes avec un sourire espiègle, faisant fi des gémissements de Charlie lorsqu'il sentit une matière visqueuse s'étaler contre sa bouche. Il aurait pu la repousser, elle et son rouge à lèvre qui rendait le baiser désagréable, mais elle était si heureuse qu'il ne put s'y résoudre et répondit à son baiser, complétement déconnecté de son corps et de la situation présente. Avec un pincement au cœur, il songea que ce baiser gâchait absolument tous les efforts qu'il avait fait ce matin pour revenir à l'essentiel de leur relation et il sentit de nouveau les troubles et les doutes entrer en masse dans son esprit. Y voir plus clair attendrait ... 

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