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Chapitre 40 : Le labyrinthe des sentiments

Hello tout le monde ! 

Et oui, comme annoncé sur insta, le craquage était inévitable ! (pour celle-eux qui n'ont pas insta, j'ai chopé le covid, pas de symptôme, juste de la fatigue et du coup je passe mes journées à faire mon dossier de concours et à regarder Big Bang Theory !) 

J'ai oublié de préciser mais c'est au chapitre d'avant que j'avais fait mes statistiques sur les points de vue : à ce stade de l'histoire, Farhan, Charlie et Joséphine se tienne en 4000 mots (soit que dalle à l'échelle du récit), vraiment ils sont tous environ à 30% de temps de parole chacun. Une régularité sans faille ! 

Enfin merci pour vos réactions au dernier chapitre ! Je comprends que la finalité vous ait un peu perturbé mais ne vous en faites pas ce sera traité et n'ayez crainte pour Bérénice elle sait parfaitement ce qu'elle fait ! 

Mais ce ne sera pas pour ce chapitre, on va se concentrer sur une autre histoire ... Bonne lecture <3 

PS : pour la citation, j'ai pas pu résister. 

***

Quand le monde entier te persécute, tu te dois te persécuter le monde ! 

- Timon
Le Roi Lion

***


Chapitre 40 : Le labyrinthe des sentiments.

Vendredi 28 mars 1991

Je crois que la sensation que je préfère au monde, c'est me prélasser toute nue dans mes draps.

Ça faisait un moment que je l'avais plus fait. Normalement j'évite dans le dortoir, mais ce matin il est désert. Je suis censée avoir Potions ... mais je vise plutôt un retour à la rentrée. En attendant j'ai pris tout le temps dans ma douche et j'ai réalisé en me regardant dans le miroir que je n'avais plus du tout envie de m'arracher la peau. Bon, ça fait déjà quelques temps que la pulsion s'atténue et je ne me suis plus griffée depuis que j'ai appris à crier seule face à la nature. Mais qu'elle soit réduite à néant, c'est une petite victoire pour moi. Par contre j'ai vraiment perdu du poids et du tonus. Ça se voit que je ne fais plus de sport et que j'ai passé une semaine à vomir en début de mois ...

Mais j'ai même réussi à passer outre ça. J'ai eue envie de me faire jolie, de profiter de mon corps. Je me suis maquillée, je me suis mise de la crème, raser les jambes et même brosser les cheveux ! Et maintenant, je profite de la sensation d'être propre et jolie, seulement moi dans mon lit.

J'ai même posé la main sur mon bas-ventre, pour tester. Pas de chaleur, mais pas de rejet non plus. J'ai l'impression que mon corps se normalise de nouveau, c'est agréable. Je pense que je vais rester comme ça toute la journée et me réconcilier doucement avec moi-même. Ce serait un bon plan, si ce n'était le dernier jour de cours avant les vacances et que je n'avais pas avancé d'un pouce sur ma valise ... et si je n'avais pas une dernière fois rendez-vous avec Pomfresh ... Peut-être que je vais évacuer ça tout de suite, comme ça je pourrais retourner flâner dans le lit à écrire ?

Vraiment, j'ai hâte d'être en vacances et je pense que c'est pour ça que je veux rester dans ma tour jusqu'à ce que tout se termine. J'ai besoin de souffler, de couper de tout. J'ai besoin de changer d'air, de décors. Tout ici me rappelle que je mène un combat : les gens, les lieux ... Farhan.

***

-Vous avez tout ?

-Oui ...

-Potion de Sommeil, anti-stress ?

-Oui, oui ...

Pomfresh dévisagea Joséphine qui rangeait précautionneusement toutes ses fioles dans son sac. Elle avait conscience de paraître passive, voire nonchalante, aussi s'efforça-t-elle de se redresser et de sourire à l'infirmière.

-J'ai vraiment tout, mais pour être honnête je n'ai pu à prendre de potion depuis quelques jours ...

-Je le sais bien, mais je préfère les savoir avec vous. Vous n'êtes pas à l'abri d'une rechute ... ça ne veut pas dire qu'elle arrivera nécessairement, ajouta-t-elle d'un ton plus doux. Mais c'est une possibilité ... on ne guérit pas de ce genre de blessure en quelques semaines.

Joséphine se figea en plein mouvement, la poitrine plombée par les mots de Pomfresh. Cette dernière insista avec une certaine prudence :

-Il vous que vous en ayez conscience ... que vous ne vous dites pas que parce qu'aujourd'hui vous vous sentez mieux, alors vous avez atteint la ligne d'arrivée. Il se peut qu'un jour, le malaise de rouvre et si vous pensiez être guérie ça sera encore plus destructeur, vous comprenez ?

-Je serais guérie, un jour ?

La question lui paraissait triviale, mais lui brûlait les lèvres. Elle devait avouer que Pomfresh l'avait relativement bien cernée : un mois après avoir mis un mot sur sa blessure enfouie, elle avait l'impression d'enfin émerger, que sa tête venait de crever la surface et qu'enfin elle recevait les réelles ondes de la réalité. Quelque part, elle s'était imaginé qu'elle était arrivée à un état permanent, sans complètement y croire.

Pomfresh soupira et s'assit sur un lit d'infirmerie. Elle faisait régulièrement cela, lorsqu'elles étaient à deux : Joséphine était debout, à s'agiter, marcher, évacuer physiquement la tension et elle statique, d'un niveau humblement inférieur, comme pour ne pas l'intimider et lui faire sentir que l'important, c'était elle.

-C'est une question insoluble, Joséphine. Certaines personnes parviennent à oublier, d'autres s'y forcent, et certaines ne s'en relèvent jamais ... Ma conviction est que ça restera toujours quelque part au fond de vous, sous la forme d'une cicatrice et si la plupart du temps vous parviendrez à vivre en l'ignorant, dans votre vie il y aura forcément un moment, un instant, une situation qui réveillera la douleur.

-Alors à quoi ça sert tout ce que je fais ? Expier le mal, la frustration, la colère, si un jour ça me retombera nécessairement sur la gueule ?

Ni la vulgarité, ni le ton passablement irrité de Joséphine ne parurent atteindre Pomfresh. Elle contempla calmement Joséphine et déclara :

-A éviter que vous soyez le genre de personne qui ne s'en relève jamais.

Joséphine médita quelques secondes la sentence, le regard rivé sur la fenêtre. C'était une belle journée de printemps : le soleil brillant sur le parc de Poudlard et un beau feuillage vert commençait à recouvrir les branches décharnées du saule cogneur qu'elle percevait en contre-bas. Et elle avait si bien commencée ... Toute sa sérénité matinale semblait voler en éclat avec cette visite. Si j'avais su, je serais restée dans mon lit ... - Tu es restée dans ton lit pendant des années, lui rappela une petite voix au fond d'elle. Tu t'es cachée sous tes couettes pour te persuader que tout allait bien, que rien d'autre que toi-même n'empoisonnait ta vie. Tu es restée des années dans ton lit en dépérissant dès que tu mettais un pied au dehors. Tu veux recommencer ? Un frisson glacé la parcourut et elle répondit physiquement en secouant la tête.

-Je m'en relève, non ? s'enquit-t-elle d'un ton mal assuré à Pomfresh.

-Ce n'est pas à moi de le juger, mais à vous. Mais je vous trouve une meilleure mine qu'il y a un mois, c'est certain. (Joséphine laissa échapper un petit rire et Pomfresh sourit). Vous avez raison de prendre cette semaine de vacances chez votre grand-père, ça vous permettra de faire un point ... De déterminer où vous en êtes, comment vous vous sentez. Si vous vous sentez prête à avancer de nouveau.

-J'avance, là, nota Joséphine. Je travaille sur moi, sur ce qui s'est passé, comment le gérer ... On me dit que j'ai changé.

Le « on » se réduisait certes à Charlie et Bérénice, mais il s'agissait de regards essentiels, des personnes qui la connaissait, chacun d'une manière différente et qui pourtant portaient une conclusion identique. Elle ressentait également le changement dans l'attitude de Tonks et Lauren, moins tendue, plus naturelle. C'étaient ses marqueurs : elle-même subissait beaucoup trop de bouleversement pour évaluer son état. Pomfresh eut un petit sourire désabusé.

-Je parlais d'avancer de nouveau dans la vie. De commencer à ne plus porter votre regard sur vous – ce qui était l'essentiel jusque là – mais aussi sur l'horizon et ce qui vous entoure. Est-ce que vous êtes prêtes pour cela ?

-Oh ...

Elle repensa à la conversation qu'elle avait eue avec Brûlopot sur les causes des blessures de Maya, au coussin qu'elle avait envoyé à Charlie parce qu'il s'était moqué de Farhan, aux conversations de plus en plus badines qu'elle avait avec Lauren, voire Tonks ... des choses étaient restées plus nettes que d'autres dans son esprit troublé et certaine ne l'avait jamais vraiment quitté.

-Je vais réfléchir à ça ...

-Et j'insiste d'autant plus que ... C'est l'année des ASPIC. Je le savais bien que vous alliez souffler, rouspéta-t-elle quand Joséphine gonfla ses joues. Comprenez-moi bien, évidemment que ça tombe mal que ça vous arrive en cette année cruciale. Mais il n'empêche qu'elle est quand même cruciale cette année et que je m'en voudrais si cette histoire vous gâche votre avenir ...

Plusieurs objections se bousculèrent dans la bouche de Joséphine (« quel avenir ? » « vous avez été missionné par les profs ou par mon père ? » « Mon avenir n'a pas attendu cette histoire pour en prendre pour son grade ... »), si bien qu'elle n'en sortit aucune et que Pomfresh ajouta fermement :

-Joséphine, vous êtes une jeune fille brillante et pleine de ressource. Il y a de la place pour vous dans notre monde et c'est à vous de la trouver.

-Madame Pomfresh, vous me mettez la pression là ...

-Je ne vous mets pas la pression, Joséphine, je crois en vous. Essayez au moins de réfléchir à cela aussi ... Vous verrez, c'est bon d'avoir un objectif.

La nuance et la sincère conviction qui faisait vibrer la voix de l'infirmière étouffèrent les dernières protestations dans la poitrine de Joséphine, malgré la réticence et le malaise qu'elle ressentait toujours. Pour le chasser, elle fit quelques pas dans la pièce en ouvrant et refermant plusieurs fois les mains. Un geste simple normalement destiné à la tranquilliser quand les angoisses montaient.

La sonnerie coupa le fil de ses pensées et ramena ses deux pieds sur terre.

-Donc j'en conclus qu'au lieu de retourner dans ma chambre, je ferais mieux d'aller en Sortilège ? conclut-t-elle.

-Vous comptiez encore sécher ? Enfin, Joséphine ... C'est déjà assez pénible de devoir justifier au professeur Rogue toutes vos absences ...

Un sourire coupable se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Elle ne remercierait jamais assez l'infirmière de l'avoir autorisé à ne plus se rendre dans le cachot, chose sur laquelle elle n'avait jamais bronché – et Joséphine avait compris entre les lignes qu'elle n'aimait ni Rogue, ni ses méthodes d'enseignement et qu'elle ne laisserait pas son cynisme sadique faire replonger sa patiente. La véritable raison elle, était restée comme une lumière intérieure dans la poitrine de Joséphine, la réchauffant et la brûlant par intermittence.

-Je veux bien y aller, mais j'ai laissé toutes mes affaires en haut ... Mon manuel, mes parchemins ...

-Et bien vous avez une baguette, rétorqua Pomfresh en dardant sur elle un regard sévère. Faites-moi apparaître cela au plus vite et évitez de me mettre Filius de mauvaise humeur, je dîne avec lui ce soir ...

-Vous dînez avec lui ?

-Mais c'est que vous avez l'esprit mal placé, s'offusqua-t-elle en avisant le sourire malicieux de Joséphine. Sachez que c'est une tradition pour les professeurs de Poudlard de dîner une dernière fois ensemble avant chaque vacances, sans les élèves !

-Est-ce que c'est vrai que vous faites des paris sur nous dans la salle des professeurs ?

-Dites donc, quand je vous ai proposé de vous ouvrir au monde, ce n'est pas pour tout de suite planter votre œil dans ma direction ! En cours, jeune fille !

Elle lui désigna la porte d'un grand geste, les sourcils dressés en une injonction silencieuse. Joséphine se mordit la lèvre pour réprimer son hilarité et hissa docilement son sac sur son épaule. Le mouvement fit teinter les fioles dans son sac et son sourire se fana.

-Euh ... Merci pour les potions, lâcha-t-elle finalement. Et pour le reste.

Pomfresh, qui s'était levée pour ranger les fioles vides laissées sur une table de nuit, se retourna pour lui sourire humblement. Joséphine n'avait jamais songé qu'un jour elle respecterait autant cette femme entre deux âges, revêche aux traits tirés et comme chaque fois qu'elle sortait de l'infirmerie, elle s'en voulut pour toutes les mauvaises pensées, les moqueries qu'elle avait laissé échapper sur l'infirmière qui dès les premiers instants, l'avait pris elle et sa blessure à bras le corps.

Un sentiment un peu ambivalent l'animait alors qu'elle remontait les couloirs jusqu'à celui de sortilège au deuxième étage. Il lui restait des échos de bonne humeur, nourris par le soleil qui éclairait ses pas ou la douce brise aux entêtants parfums du printemps qui jouait avec ses cheveux, mais la conversation avec Pomfresh l'avait quelque peu privée de son insouciance et surtout, elle n'avait aucune envie d'aller en Sortilège. Flitwick n'allait pas commencer un nouveau chapitre la veille des vacances donc ils allaient certainement réviser un enchantement qu'elle connaissait déjà : s'ennuyant à mourir, elle allait commencer à observer la classe et son regard allait comme toujours tomber sur Farhan O'Neil, assis quelques mètres devant elle, au deuxième rang avec Charlie. Son esprit allait la tromper l'espace d'un instant en imaginant quelle créature pourrait bien être responsable des blessures de Maya avant que la nostalgie ne l'étreigne à nouveau douloureusement, rompant ses illusions.

-Oh non, Joséphine, marmonna-t-elle en entrant dans le fameux couloir. Tu vas rester le nez collé à ton journal ... Distraction parfaite ...

Elle soupira, se préparant mentalement à écrire des pages de « ne lève pas les yeux, ne le regarde pas, ne lève pas les yeux ». Elle était encore occupée à rassembler toute sa volonté lorsqu'elle s'apprêtait à entrer dans la pièce et ne vit qu'au dernier moment que l'espace était occupé par quelqu'un qui en sortait. Prise de court, elle s'effaça souplement pour laisser sortir ...

-Farhan ?

Farhan sursauta lorsqu'il se retrouva face à elle, et la façon dont se frappa immédiatement le front serra le cœur de Joséphine, tant cela disait qu'elle était certainement la dernière personne qu'il aurait voulu croiser.

-Joséphine, lâcha-t-il en écho, l'air presque résigné.

Quelque chose dans sa voix alerta la jeune fille qui chassa la boule dans sa gorge pour froncer les sourcils. Farhan semblait fébrile, agité : immédiatement après avoir frappé son front, sa main vint frotter sa mâchoire contractée puis repousser ses lunettes dans ses cheveux.

-Ça ne va pas ?

-Non, lâcha Farhan avant de porter la main à sa tempe, comme si sa propre brutalité l'avait heurté. Pardon, désolé ... je dois prendre l'air.

Et sans plus d'explication, il dépassa une Joséphine éperdue qui le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse au détour d'un couloir, à moitié en courant. Complètement estomaqué, elle finit par entrer dans la salle. Flitwick n'était pas encore à son bureau – en revanche, elle repéra Tonks, assise sur la table de Farhan à parler avec Charlie. En quête de réponse, elle se dirigea sans hésiter vers eux. Le Gryffondor fut le premier à la voir et lui adressa un pauvre sourire.

-Tiens ! Il ne manquait plus que toi à la réunion de crise ...

-Qu'est-ce qui se passe ?

Le « encore » lui chatouillait la langue. Sa poitrine déjà plombée fut encore alourdie par le regard dépité que Tonks posa sur elle. Ses cheveux, d'une vague couleur châtain, pendaient tristement autour de son visage.

-Le père de Farhan est à St-Mangouste.

-Encore, laissa-t-elle échapper, habituée aux soucis de santé de Nolan O'Neil.

-Mais là c'est un peu sérieux, poursuivit Charlie. Il a trop tiré sur la corde, il était en arrêt respiratoire lorsque les secours sont arrivés ... Son médicomage a décidé le garder au moins un mois à l'hôpital, pour être sûr qu'il se repose et achever son traitement ...

Il secoua la tête, visiblement mortifié. Déjà installée sur sa table à côté, Lauren semblait tendre l'oreille sans pour autant participer activement à la conversation.

-Nolan n'est pas sérieux, tout le monde lui disait d'arrêter de travailler, de se concentrer sur les inhalations ...

-Mais s'il ne travaillait pas, ils ne pouvaient pas se les payer, ces inhalations, rappela Tonks. Et il va falloir m'expliquer comment il va faire pour payer les traitements et un mois d'hôpital, sachant que la boutique va fermer ...

-Enfin bref, toujours est-il que Farhan était en train de nous raconter tout ça lorsqu'il a décrété qu'il avait besoin de sortir.

C'était un véritable coup de grâce, dut admettre Joséphine, chagrinée. Imaginer l'aimable Nolan O'Neil en arrêt respiratoire et aux portes de la mort était déjà une image assez perturbante pour elle, mais elle n'imaginait pas pour Farhan qui avait déjà perdu ses parents biologiques à cinq ans. Parents qu'ils découvraient, dans une enquête qui était proche d'avoir raison de lui et son énergie ... Et n'oublie pas ton propre rôle, ironisa-t-elle intérieurement, la gorge serrée. Un « non » sans la moindre once d'explication dans le froid couloir de l'infirmerie, pour briser tout ce qui ne l'était pas déjà ...

Et il avait trouvé le moyen dans tout ce marasme de lui sortir un « pardon, désolé ». A elle.

Une sensation acide qui se rapprochait du remord lui grignota l'estomac et pour l'ignorer, elle désigna la porte du pouce.

-Et vous l'avez laissé partir tout seul ?

Charlie et Tonks échangèrent un regard.

-Il avait l'air de vouloir être seul, se justifia Tonks, vexée par la remarque.

-Et plus que ça, je dirais qu'il a l'habitude de se calmer seul, ajouta Charlie avec un pauvre sourire. S'il est parti, c'est justement pour éviter nos regards pleins de pitié et qu'on l'enveloppe dans une couverture.

-Tu l'enveloppes dans une couverture, rectifia tranquillement Lauren, mine de rien. Et du papier-bulle. Un vrai papa-poule.

Charlie lui lança un regard mauvais qu'elle ignora en faisant nonchalamment voler sa plume, comme pour s'exercer aux enchantements. Les yeux rivés sur son ouvrage, elle ajouta à l'aveugle :

-Mais si la place reste libre toute l'heure, tu peux venir à côté de moi Weasley, je prendrais soin de toi.

-Et moi je reste avec Abbot, c'est ça ? railla Tonks avec un sourire tordu.

-Dans quel monde c'est envisageable, ça ? Non sérieusement, déjà je suis surpris que vous ne soyez pas étripées. Même pas fusillées du regard ! Jo ?

Joséphine reposa son regard sur la mine perplexe de Charlie, un peu surprise. Depuis quelques secondes, elle fixait la porte grande ouverte, l'esprit en ébullition. Les souvenirs se percutaient contre sa boite crânienne pour créer des échos à l'infini.

« Pardon, désolé ».

-Quoi ? Oh ... j'ai accepté de ne plus l'appeler par son prénom.

-Grâce à moi ! enchérit Lauren, triomphante. L'école devrait me vouer un culte pour avoir réussi cet exploit !

-Et tu veux une statue en plus ? ironisa Tonks. Un jour férié et le petit-déj au lit tous les matins ... ?

-J'aurais pu négocier un truc pareil, ouais ... Attends, où-est-ce que tu vas ?

Joséphine venait d'amorcer un mouvement pour s'élancer vers la porte et hésita brusquement, se trémoussant comme une petite fille prise en faute. Tonks fut la première à deviner son intention et une expression peinée se peignit sur ses traits.

-Je comprends mais ... Il faudrait peut-être que tu le laisses tranquille ...

-Peut-être qu'il n'a pas besoin d'être tranquille ...

-Jo, soupirèrent d'un même élan Lauren et Charlie.

Cela sonnait presque comme une réprimande, un avertissement, avec des nuances claires des deux côtés. Pour Charlie, c'était un « attention à lui ». Pour Lauren un « attention à toi ». L'une comme l'autre hérissèrent Joséphine qui roula des yeux, excédée.

-Oh papa et maman, ça va, hein ! De toute façon je n'ai pas mes affaires de sortilèges et je n'avais aucune envie d'être là ! Vous souhaiterez bonnes vacances à Flitwick de ma part !

Et sans leur laisser l'occasion de protester davantage ou de nourrir ses doutes, elle fit prestement volte-face, et sortit en furie de la salle, comme Farhan quelques minutes plus tôt. La silhouette de Flitwick au bout du couloir la poussa à s'enfuir au pas de course, son sac passé en bandoulière pour ne pas entraver ses mouvements. Elle ne s'arrêta de courir qu'une fois passée les grandes portes de chêne du château. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, mais quelque part elle savait que ce n'était pas son brusque effort physique qui en était en cause. Un sourire improbable s'étendit sur ses lèvres.

Il y avait juste une éternité qu'elle n'avait pas fait un truc stupide et spontané ... depuis qu'elle avait embrassé Farhan dans la salle de bain des Gryffondor, maintenant qu'elle y songeait.

Avec l'impression que des ailes lui avaient poussé dans le dos, Joséphine déambula dans le parc, apprécia la chaleur du soleil sur sa peau, la brise qui faisait voler ses mèches. Un incroyable sensation de liberté que seul pouvait provoquer le printemps s'éprit d'elle, l'étourdissant presque. Pour autant, elle avait toujours son objectif dans un coin de son esprit alors qu'elle balayait le parc des yeux. Il ne fut pas difficile à trouver ... Pour ne pas le perdre de vue, elle accéléra le pas, jusqu'à courir à un endroit qu'elle connaissait que trop bien pour être son lieu tout indiquer pour fumer en toute tranquillité ...

-Tu es au courant que Chourave a cours ?

Elle sourit devant le véritable bond que fit Farhan lorsque sa voix éclata derrière lui. Il venait de se faufiler entre deux serres qui dessinaient une sorte de couloir et la vision de Joséphine au bout devait être horrifique.

-Je n'en sais rien, si ton but était d'entrer dans l'une d'entre elle, poursuivit Joséphine d'un ton badin.

-Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?!

-Je t'ai suivi.

La simplicité de la réponse arracha un grognement de frustration à Farhan. La façon dont il donna un coup de pied à la serre conforta Joséphine dans la décision qu'elle avait prise en un quart de seconde et nourrit le plan qui avait commencé à germer dans sa tête. Malgré le fait qu'il lui tournait le dos, visiblement déterminé à l'ignorer, Joséphine le suivit dans l'allée. Le bruissement des mauvaises herbes sous ses chaussures rendit ses pas audibles et traçables.

-Va-t'en, lui lança Farhan par-dessus son épaule. S'il te plait ...

S'il te plait. Pardon, désolé. Joséphine roula des yeux face à la politesse internalisée de ce garçon. Elle évita souplement un bouquet d'ortie et rejoignit Farhan devant la porte de la serre numéro 2 qui semblait déserte. Il avait déjà sorti sa baguette pour forcer la serrure et Joséphine faillit s'écrouler de rire sur la verrière.

-Tu vas vraiment la forcer ? Je vais le dire à Charlie !

-Bon sang, Jo !

-T'as raison, il ne dira rien comme c'est un préfet en carton.

-Va-t'en !

Dans le même élan que son cri, il fit un mouvement sec de la baguette. La serrure cliqueta et la porte de la verrière s'ouvrit dans un grincement agressif. Espérant sans doute que Joséphine n'oserait pas le suivre, il s'engouffra dans la serre, mais la jeune fille se glissa à sa suite, pas déconcertée pour si peu. Un sourire s'étirait même sur ses lèvres.

-Mais c'est qu'on y arrive ... Oh mon dieu, cette chaleur !

Elle porta la main à sa poitrine, suffoquée par la température lourde et élevée et l'humidité qui lui collait à la peau et rendait ses voies respiratoires poisseuses. Sans attendre, elle laissa tomber son sac et sa cape, le souffle court. Farhan avait lui immédiatement desserré le nœud de sa cravate, mais s'interrompit dans son geste pour lui jeter un regard noir. Il avait les yeux parfaits pour jeter de telles œillades furieuses : sombres, intenses, étincelants. C'était si rare de le voir dans cette attitude ouvertement hostile que Joséphine eut l'impression de se prendre un uppercut en pleine poitrine. Blinde-toi, ma grande ... ce n'est que le commencement ...

-Il va falloir que je fasse quoi pour avoir la paix ? cingla-t-il.

-Oh mais figure-toi que ça va être très simple et tu as déjà commencé à le faire. (Elle ouvrit largement les bras comme une danseuse étoile). Crie-moi dessus !

La réponse désarçonna tant Farhan qu'il oublia un instant de la fusiller du regard. Puis il secoua la tête dans un geste qui attendrit Joséphine, tant il avait déjà pu le faire chaque fois qu'elle disait ou faisait quelque chose qu'il estimait stupide.

-Mais pourquoi diable je ferais ça ?

-Parce que je pense que là tout de suite, tu as besoin de crier et que je suis prête à l'entendre. Alors feu !

Farhan la contempla encore quelques secondes, complètement déconcerté, avant de simplement se détourner pour s'enfoncer entre les plantes présentes dans la serre. C'était l'une des moins dangereuses, mais les plus fournies : des plantes grimpantes obstruait la lumière de la verrière, des figuiers d'Abyssinie commençaient à se couvrir de petites fleurs violettes et au milieu un bassin d'eau avait été creusé pour permettre à des Branchiflores de s'y développer. L'ensemble avait plus des airs de jardin botanique que de serre d'étude, si Joséphine en exceptait la chaleur étouffante. Sentant sa peau devenir poisseuse de seconde en seconde, elle s'empressa d'ôter son pull et trouva miraculeusement un élastique sur son poignet.

-Je suis sérieuse, lança-t-elle en élevant ses cheveux en chignon lâche et assez désaxé.

-Je ne vais pas te crier dessus, Jo.

-Tu étais déjà en train de le faire pour me demander de partir ... c'était prometteur.

Farhan poussa un soupir devant la réplique et Joséphine en profita pour contourner le bassin et se rapprocher. Il s'était arrêté devant un bac couvert de champignons aux nuances de jaune, les manches retroussées sur ses coudes.

-Oui, bah désolé ...

-Arrête, rouspéta-t-elle, exaspérée. Arrête de t'excuser, je ne mérite pas que tu t'excuses, ni même que tu me pries de partir si poliment. Je mérite que tu me cries dessus alors vas-y !

-Jo, tu es pénible à la fin ! Fiche-moi la paix !

Il allia le geste à la parole en désignant la porte avec une certaine brusquerie. Mais Joséphine sourit devant le ton qui s'élevait sans qu'il ne le réalise vraiment. Elle leva les mains en signe de bonne foi.

-Après ça, je te le promets.

-Je ne vais pas te crier dessus, arrête ! s'agaça Farhan en levant les yeux au ciel.

-Bien sûr que si tu vas le faire. Tu en as besoin ...

-N'importe quoi ...

-Farhan, la vie vient de nouveau de te gifler en pleine face pour la millième fois cette année, rappela Joséphine avec fermeté. Depuis le début de l'année ça n'arrête pas, de façon aveugle, brute et injuste, exactement comme le coup que je me suis prise d'Aidan, sauf que toi tu t'en es pris des dizaines comme ça et que tu as le droit d'être en colère. Tu as le droit de juste être furieux, d'aller mal, sans avoir à ajouter « pardon, désolé ».

-Toi, tu as un don rare pour remonter le moral, marmonna Farhan.

Il s'éloigna des bacs pour se diriger vers les figuiers, mais Joséphine le suivit toujours, butée. Elle n'en revenait pas qu'après tout ce qu'elle savait, tout ce qu'ils avaient pu vivre ensemble, il veuille encore lui faire croire qu'il était la pondération même et qu'une simple visite dans les serres à respirer le humus et la terre humide allait simplement le tranquilliser. Elle n'en revenait pas que même avec elle, il persiste à être « La Suisse ». Ça la mettait hors d'elle ... pensait-elle qu'elle avait oublié sa perte de contrôle dans la salle de bain ? Quelque chose en Farhan ne demandait que ça ... Elle serra les poings, inspira profondément et asséna avec toute la vigueur qu'elle pouvait y mettre :

-Et puis surtout à moi. Vraiment je suis la dernière personne avec qui tu peux te permettre de t'excuser. Je t'ai fait du mal.

-Tu te donnes trop d'importance, Jo.

Oh mais c'est qu'il veut attaquer ... Mais l'attaque était trop froide, trop réfléchie pour pleinement la contenter même si elle atteint sa cible avec une précision chirurgicale.

-Je ne sais pas ... J'ai quand même était particulièrement horrible, non ? Honnêtement je suis sûre que tout au fond de toi, tu as dû trouver un brin de satisfaction quand je me suis retrouvée en sang ...

La remarque fit mouche car Farhan stoppa net sa course pour faire volte-face et se retrouver nez à nez avec Joséphine. Le souffle de la jeune fille se bloqua dans ses poumons lorsque ses yeux rencontrèrent les siens ... Il y avait une éternité qu'ils n'avaient pas été si proches, elle avait eu le temps d'oublier qu'ils faisaient presque la même taille ... que son regard était si accessible, si lisible. La colère, l'indignation et l'échos vague d'une chaleur se battaient dans ses prunelles.

-Arrête, t'es injuste, ragea-t-il entre ses dents. Je te rappelle que c'est moi qui aie fait le baume et la potion pour te rétablir ...

-Mais j'aurais parfaitement compris que tu ne le fasses pas ! Vraiment, pour tout te dire, je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi tu as pris soin de moi comme ça ! J'ai été horrible, je t'ai fait espérer quelque chose pour ensuite tout massacrer derrière ! Je t'ai laissé sans aucune explication, juste avec un « non » ! Tu aurais eu tous les droits de juste laisser Charlie m'emmener à l'infirmerie et de tourner les talons, je dirais même que ça aurait été le minimum !

Elle se savait dure. Elle savait qu'à le piquer ainsi, elle allait tout reprendre au centuple, que les coups allaient la frapper plus brutalement que le poing d'Aidan dans sa mâchoire, mais c'était précisément ce qu'elle cherchait à provoquer. Elle savait très bien dans quoi elle s'était embarquée, et voir le regard de Farhan s'embraser fut la plus belle des récompenses pour elle.

-Mais je n'allais pas juste te regarder cracher ton sang sur les dalles !

-Tu aurais dû ! Tu avais d'autres choses à gérer que moi, non ? Tu ne venais pas d'apprendre que tu as une autre grande sœur dont tu ne te souviens plus et qui en plus est morte ?

Cette pique-là parut ébranler Farhan et pour cause, Joséphine n'aurait jamais été au courant de ces détails si Charlie n'était pas venu l'en informer immédiatement après. Derrière son dos, la jeune fille croisa les doigts, priant pour que cette dernière pique chargée de cruauté et d'une pointe de traitrise ferait enfin vriller Farhan.

Ça ne manqua pas. Il explosa :

-Mais putain vous ne pouvez pas vous la fermer !

Il fit brusquement volte-face en donnant un grand coup dans les branches des figuiers. Des petites fleurs leurs tombèrent dans les cheveux mais il esquiva vite la pluie de pétale pour s'enfoncer dans la forêt de plante de la serre. Dès lors, Joséphine n'eut qu'à suivre les coups, les branches qui tremblaient après que Farhan les ai frappés ou simplement le son de sa voix chargée de ressentiment et de colère :

-C'est vraiment pas possible ! C'est ma vie bordel, mais qu'est-ce que tu as à encore fourré le nez dedans ? Tu en as pas fait assez, il faut que tu poursuives, que tu creuses encore ? Mais assez, par Merlin, assez ! C'est bon j'en ai ma claque, allez-vous faire foutre ... !

-Et bien voilà, souffla Joséphine pour elle-même.

Elle sauta au-dessus d'un bac plein de plants encore jeunes pour suivre la colère de Farhan à la trace. Il finit par comprendre qu'elle le suivait toujours car au détour d'un autre figuier, elle le découvrit face à elle, les bras levés au ciel avec un certain désespoir :

-Mais tu veux quoi à la fin ? Que je te dise que ma vie est un enfer depuis que tu y es entrée ? C'est ça que tu veux entendre, Joséphine ? Ce n'est pas quelque chose que tu t'étais promis en te retrouvant en Potion à côté de moi, que je finisse par vriller ? Bravo, tu as mis tous les ingrédients pour ! Tu as raison, c'est un véritable enfer !

Joséphine réprima l'immense vague de remords et de sensation négative qui l'envahit face à la sincère détresse de Farhan. Une petite voix dans sa tête s'interrogea sur la pertinence de le provoquer ainsi à un moment où elle cherchait à se reconstruire, à mobiliser toutes ses forces négatives mais elle fut vite mise en sourdine lorsque Farhan poursuivit :

-Tu m'as plongé la tête la première dans une quête dont je n'ai jamais voulu, un labyrinthe dans lequel je n'ai jamais voulu m'aventurer et maintenant je suis perdu au milieu sans possibilité de retrouver mon chemin, tu m'as complètement perdu dans moi-même ! Mais ça ne devait pas être encore assez pour toi, après d'être attaquée à mon identité, il fallait que tu me détruises le cœur et pour saupoudrer – parce que oui, ce n'est pas suffisant ! – le tout l'unique personne qui avait encore du sens et de stabilité dans ma vie se retrouve un pied dans la tombe parce que c'est une putain de tête de mule d'irlandais incapable de lever le pied et de prendre soin de lui ! Mais je te l'accorde, ce n'est pas à mettre à ton crédit, mais le résultat est même : vous m'avez broyé !

Déjà sa voix faiblissait, comme si ses forces le quittait peu à peu. Joséphine reconnut les signes, du courroux qui fondit et remonta à la surface sous forme de larme, des épaules qui s'affaissent lorsque la fureur n'est plus assez vigoureuse pour vous porter, lorsqu'enfin le poison quitte peu à peu le corps et l'esprit et que tout se retrouve éteint, vidé. Une table-raz bienvenue pour se remettre à l'endroit ... Le bras de Farhan alla se plaquer à la verrière, le poing serré.

-Et sincèrement je ne vois pas en quoi ça m'aide de dire tout ça !

-Vraiment ?

Malgré toute la douceur que Joséphine avait tenté d'insuffler à son ton, Farhan lui jeta un regard noir. Mais cette fois, il manquait quelque peu de conviction et il finit par se laisser glisser le long de la verrière pour s'assoir en tailleurs avec un soupir qui semblait sortir des tréfonds de lui-même. Joséphine se trémoussa une seconde. Elle n'avait pas vraiment songé à ce qu'elle ferait après avoir réussi à arracher un cri à Farhan ...

-Je suis désolée pour ton père ...

-Je m'en fous.

Joséphine s'efforça de ne pas se démonter malgré l'acidité de la pique qui l'atteint un peu trop près de la cible. Elle dut même se mordre l'intérieur de la joue pour détourner la douleur. C'était ce qu'elle avait voulu provoquer, exactement ... peut-être qu'elle avait crée un état d'esprit qui le détacherait enfin d'elle. Et toi, comment tu te détacheras de lui ? murmura une petite voix intempestive en elle. D'un geste compulsif, elle referma ses doigts sur son camée et traça un chemin dans le labyrinthe du relief pour en faire apparaître le motif.

-Je me doute, souffla-t-elle, résolue. Bon, je vais ... je vais te laisser. J'étais juste venue parce que ... enfin ... j'étais sûre que même si tu ne te l'avouais pas, au fond de ton cœur de gentil garçon bien élevé, tu avais besoin d'exploser un peu. Et que j'étais prête à encaisser. J'espère que ça te permettra d'absorber un peu ce qui se passe ...

Farhan ne répondit rien. Il resta en tailleur sur le sol, les épaules voûtées, le regard rivé au loin fixement, de façon si déterminée que Joséphine eut l'absolue certitude que la seule chose qu'il voulait, c'était ne pas poser les yeux sur elle. Une déception sourde vint se loger au creux de son ventre, une déception mal venue et qu'elle tenta de repousser d'une profonde inspiration qui amena son lot d'humidité qui rendit sa respiration encore plus laborieuse. Résignée, elle commença à se détourner, prête à aller prendre une douche bien fraiche et à se cacher de nouveau sous les couvertures où elle avait été si sereine, si pleine d'espoir ce matin, lorsque la voix de Farhan s'éleva dans son dos :

-Tu es un peu masochiste.

Joséphine pivota d'un quart, prise de court, et constata du coin de l'œil que seules les lèvres de Farhan avaient bougées. Elle hésita une seconde, les doigts crispés sur son camée, avant de répondre avec lenteur :

-Peut-être un peu ... mais ne t'en fais pas pour moi, je savais très bien où je mettais les pieds. Tu n'es pas que « La Suisse », Farhan O'Neil. Ce n'est pas parce que tu es calme en toute circonstance que tu n'as pas besoin d'expier des choses en hurlant. L'hospitalisation de ton père, c'est quand même le coup de grâce ...

-S'il n'y avait eu que ça ..., ricana amèrement Farhan. J'ai sincèrement cru que c'était toi, le coup de grâce. Puis derrière j'ai appris que j'avais une grand-mère dont je ne voulais même pas et pour laquelle je n'ai clairement pas la place dans ma vie. Puis que j'ai eu une grande sœur, une autre sœur dont, comme le reste, je n'ai aucun mais alors aucun souvenir. Puis maintenant ça ... alors je rectifie. C'est le coup de grâce, jusqu'au prochain ...

Joséphine étouffa la vague de malaise qui montait en elle, les suspicions de Charlie sur leur mère Animagus, les recherches sous-terraines que Brulôpot mènerait pendant les vacances ... le prochain coup de grâce était en construction et Joséphine en était une nouvelle fois en partie l'architecte. Et Farhan n'en savait rien ... Plutôt que de s'attarder sur cela, elle rebondit sur un autre point moins corrosif :

-C'est faux, tu te souviens de Shahrazade. C'est même la seule chose dont tu te souviens ... dont vous vous souveniez toutes les deux. La seule chose qui vous a réuni Maya et toi alors même que vous ne connaissiez pas l'existence l'un de l'autre ... Elle a refusé de s'effacer pour faire le lien entre vous. Que vous vous retrouviez.

Cette fois, Farhan posa les yeux sur elle. Elle comprit pourquoi il avait gardé une main plaquée sur sa joue : ses prunelles brillaient encore d'une voile de larme qui accentuait l'émotion que véhiculait son regard.

-C'est une belle façon de voir les choses, admit-t-il dans un filet de voix.

Sans doute trop conscient de son état de vulnérabilité, il tenta de se redonner contenance en pressant les paumes contre ses yeux, comme pour refouler physiquement les larmes dans son crâne. Rassurée par ses paroles plus encourageante, Joséphine profita de son aveuglement pour se rapprocher et se laisser discrètement tomber à côté de lui contre la verrière – mais à une distance respectable. Elle lui laissa le temps de réguler sa respiration : il rejeta sa tête en arrière, gonfla profondément sa poitrine, bloqua son souffle pour ensuite le relâcher jusqu'à vider la moindre petite alvéole. Peu à peu, Joséphine observa le changement s'opérer : ses traits se relâchèrent, ses jambes, plus lâches, s'étendirent et lorsqu'il parla de nouveau, sa voix avait retrouvé de la fermeté :

-Tu es encore là.

-Je n'ai pas vraiment l'impression que tu veuilles que je parte.

-Hum. C'est que c'est moi qui dois être un peu masochiste ... (Il rouvrit les yeux pour les porter plus loin, vers le bassin d'eau dont les clapotis réguliers apportaient de la sérénité à l'espace). J'avais besoin de ces vacances, bon sang. J'avais besoin de ces deux semaines où j'aurais eu le château pour moi tout seul, où j'aurais pu me concentrer sur mes ASPIC, enfin digérer tranquillement tout ce qui m'est arrivé ... Deux semaines avec juste moi à penser. Je n'aurais même pas ça ...

-Ton père est entre de bonnes mains à Ste-Mangouste, je suis sûre que Dumbledore acceptera que tu ailles lui rendre visite et que tu rentres à l'école ... Tu n'es pas obligé de rentrer chez toi.

-Si, je suis obligé. Il va être absent pendant un mois : si je ne fais pas tourner la boutique pendant au moins mes deux semaines de vacances, je vais commencer ma vie active à rembourser les dettes qu'on a contracté auprès de l'hôpital. Déjà que je ne suis pas sûr qu'on était dans le positif ces derniers temps ...

Voilà qui répondrait à la question de Tonks ... du moins partiellement. La précarité de la situation de Farhan sauta brusquement aux yeux de Joséphine. Pourtant, contrairement à Charlie, elle n'aurait jamais songé à le classer dans la case des élèves pauvres qui accumulaient les fournitures bon marché et qui avaient dû se faire aider de l'école pour payer les onéreuses leçons de transplanage l'année dernière. Mais il suffisait d'un grain de sable, d'une situation bancale, d'une maladie pour tout faire basculer ... Pour Joséphine qui avait toujours vécu dans des conditions matérielles aisées, elle avait l'impression d'assister pour la première fois à la réalité de la vie. A ce qui l'attendait à la rentrée si elle ne trouvait pas sa voie. Les sacrifices, les privations, parfois même sur l'essentiel comme la santé ... l'idée lui semblait si irréelle qu'elle lui donnait le vertige.

-Tu ne vas pas travailler à la boutique pendant les vacances ? Tes ASPIC ...

-Tu veux que je fasse comment, Joséphine ? la coupa Farhan d'un ton abrupt. Même avec ça, on finira l'année scolaire sous les dettes. Et puis ce n'est pas comme si j'avais besoin de réussir mes ASPIC ... je suis assuré d'avoir un travail dès que je sortirai du train. Je n'ai pas besoin de soigner mon dossier ...

Mais Farhan prononça ses mots les traits crispés, comme s'ils injectaient un goût amer sur ses papilles. L'injustice de la situation contracta l'estomac de Joséphine et un millier d'idée lui vint à l'esprit, de financer elle-même le traitement de Nolan O'Neil à passer elle-même ses vacances dans la boutique pour décharger Farhan. Les propositions étaient là à lui brûler les lèvres et elle les retint au dernier moment. Jamais il n'accepterait la charité ... et elle aussi, avait vitalement besoin de ses vacances, de cette semaine de repos chez son grand-père pour couper et assimiler. Au final, leurs vacances n'auraient pas dû être tellement différentes ... Et Farhan le prouva une fois plus en avouant du bout des lèvres :

-Et puis c'était ma dernière occasion d'enfin essayer de t'oublier. Ce n'est pas facile en t'ayant tous les jours sous le nez ...

La phrase était jetée comme une bouteille à la mer, une dernière perche lancée, l'ultime test. Joséphine la considéra, profondément tiraillée. Elle reconsidéra sa position, assise dans la serre étouffante, moite et essoufflée, à sécher simplement pour voir le garçon à ses côtés sourire. Elle avait pris le risque de se déséquilibrer à nouveau, de se faire du mal pour lui. Et la fierté d'avoir tenu le choc se battait avec le dépit de ne pas pouvoir raisonner convenablement dès qu'il s'agissait de Farhan O'Neil.

Et en dessous de tout cela, le triomphe secret de savoir que malgré tout, il restait attaché à elle. Un triomphe mal venu, un triomphe qu'elle devait étouffer, mais qui rayonnait de sa modeste lumière.

-Et comment tu aurais fait, si les vacances n'avaient pas suffi ? interrogea-t-elle innocemment.

-Je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Peut-être que je serais revenu te voir ... fait une dernière et pathétique tentative, ou alors exiger de vraies explications. Mais je pense que j'aurais simplement serré les dents en attendant la fin d'année. Elle est là-bas, la véritable ligne d'arrivée.

Le souffle de Joséphine se coupa lorsqu'elle considéra cette dernière idée. Farhan avait raison. Une fois que le Poudlard Express aurait achevé leur dernier voyage, ils n'auraient plus aucune raison de se croiser un jour, de s'apercevoir, de se parler. Ça aurait été l'adieu. L'imaginer même serra son cœur jusqu'à l'en vider de la moindre goutte de sang.

Il t'a encore dans la peau, et je trouve ça bête que vous vous languissiez l'un de l'autre dans votre coin simplement parce que tu considères que tu n'en vaux pas la peine ... La phrase de Charlie l'avait hanté pendant quelques jours. Elle repensa à toutes ses raisons de repousser Farhan et réalisa qu'un mois plus tard, elle s'effaçait une à une. Se reconstruire sans lui ? Elle avait posé de bases solides. Elle n'était pas prête à le porter ? Durant ses semaines, elle avait été incapable de se détacher de l'enquête et il lui avait suffi de le voir bouleversé pour replonger la tête la première ... Elle n'était pas prête : c'était instinctif. Avait-elle encore une raison valable ... ?

Tu es prête à lui avouer que tu l'as repoussé parce que tu as été violée ?

La question avait fusé dans son esprit et complètement rétracté sa cage thoracique sur son cœur à l'en étouffer. Sa respiration déjà laborieuse se fit chaotique et il s'en fallut de peu pour que la panique la gagne et l'oblige à fuir à toute jambe. Son corps répondait seul à la question ... mais alors qu'il se régulait, son esprit parvint à un semblant de réponse qu'il imposa à son enveloppe physique. Ses lèvres s'activèrent seules :

-Ça n'aurait pas été pathétique ... Tu n'as jamais été pathétique.

-C'est gentil, répondit laconiquement Farhan, visiblement peu convaincu.

-Je suis sérieuse. Je me doute que tu as certainement dû te dire que je me suis foutue de toi, que j'ai joué avec toi, et je mentirai en disant que je n'espérais pas que tu le crois. Que face à ça tu as dû te sentir minable ...

-Vraiment un don rare pour remonter le moral ...

-Laisse-moi finir, exigea-t-elle, de façon un peu désespérée. J'ai déjà du mal à respirer dans cette serre, c'est pénible de parler ... Farhan, je suis vraiment désolée. Mais vraiment, sincèrement. C'est faux, jamais je n'ai joué avec toi ... j'ai été sincère, à chaque moment. Crois-moi si tu le veux mais ... je me suis brisée le cœur en brisant le tien. Vraiment, littéralement.

L'aveu s'envola de ses lèvres comme les maux de la boite de Pandore. Farhan écouta, stoïque et Joséphine attendit dans une certaine angoisse la question qui ne manquerait pas, la question qui poussait son instinct à prendre ses jambes à son cou. Enfin, ses sourcils se froncèrent légèrement.

-Alors pourquoi ... ?

-Parce que. (Elle s'interrompit en réalisant que c'était la même non-réponse frustrante qu'elle avait donnée à Charlie et se ravisa). Ecoute, je ... je ne peux pas vraiment t'expliquer, mais il y avait ... quelque chose qu'il fallait que je gère. Ça me concernait moi et uniquement moi, j'avais besoin de le gérer seule.

Les mots sonnèrent creux et hypocrite à ses oreilles et elle abandonna toute façade pour plonger son visage dans ses mains, dépitée. Pourquoi diable s'était-t-elle engagée dans cette discussion, alors même qu'elle venait peut-être de réussir à couper leur lien ? Parce que tu n'es pas prête à le couper. Non, Joséphine, tu n'es pas prête à sacrifier Farhan O'Neil ... C'était terriblement égoïste et en même temps, ne méritait-il pas une véritable explication ? Elle exhala un long souffle et secoua ses mains, comme pour injecter de l'énergie dans ses membres.

-D'accord, ça fait vraiment léger comme justification, admit-t-elle avec un rire sans joie. Mais ce que je veux essayer de te faire comprendre que ça n'a pas le moindre rapport avec ... quelque chose que tu aurais fait, toi. Non vraiment toi tu as été ... génial, sur tous les plants, vraiment parfait. Tu n'as rien à te reprocher, c'est ... moi. Non, rectifia-t-elle immédiatement avec fermeté. Ce n'est pas moi, c'est autre chose, je devais gérer ça et ... je ne me sentais pas en même temps de ... construire quelque chose, de te soutenir dans le même temps. C'était trop pour moi quand tu me l'as demandé ...

Complètement mortifiée par son exposé confus, elle décida de s'arrêter là. Elle n'était pas prête à parler ouvertement de Morgan, de ce moment hors du temps pendant la retenue, de tout son travail de reconstruction. C'était déjà trop : son visage s'était tant embrasé qu'elle fut forcée de secouer sa chemise dans l'espoir de trouver un peu d'air. Heureusement, même dans la plus grande des perplexités, Farhan savait écouter. C'était peut-être la première chose qui lui avait plu chez lui. Elle qui avait toujours hurlé dans le vent, elle avait trouvé en lui une oreille attentive, qui non seulement écoutait mais décryptait la réalité derrière les mots. Joséphine pria pour que cette capacité rare décode ses propos vagues et pendant quelques secondes, elle resta incapable de le regarder à attendre le couperet tombe pour briser le silence lourd qui s'était installé entre eux.

-Très bien ... et ... enfin, ça va mieux ? Tu le gères ?

La réponse, mal assurée mais soucieuse, fit éclater la cage poitrine de Joséphine par une vague de soulagement. Joséphine Abbot, tu ne mérites pas ce garçon. Peu importe ce que tu feras tu ne le mériteras jamais. Un sourire gêné s'étira sur ses lèvres et elle tourna un regard qu'elle savait être brillant sur Farhan. Lui aussi avait tourné les yeux vers elle, les sourcils légèrement froncés. L'incertitude et la perplexité se lisait sur son visage, mais c'était l'inquiétude qui faisait briller ses iris. Mue d'un étrange sentiment qui la remplit soudainement d'énergie nerveuse, Joséphine replia ses genoux contre sa poitrine et vint y presser sa joue, les yeux toujours rivés sur Farhan.

-Petit à petit ... je crois, oui. En fait pour tout te dire, j'attendais aussi les vacances pour être certaine de moi ... pour savoir si ce que j'ai mis en place, ça survivra hors des murs de Poudlard. C'est pour ça que je vais une semaine chez mon grand-père ... Chez moi ce serait l'effervescence avec le mariage de ma sœur. J'ai besoin de calme.

-Chanceuse.

-Navrée. Je t'aurais bien proposé de venir avec moi dans les highlands mais non seulement je ne suis pas sûre que tu acceptes et en plus je crois que ton objectif est de me sortir de ta vie.

Malgré la touche d'humour qu'elle tenait d'insuffler, Joséphine n'était pas sûre d'avoir parfaitement masquer à quel point l'idée la mortifiait. Un petit sourire s'imprima sur les lèvres de Farhan, mais son regard s'était fait songeur.

-Tu n'es pas simple à suivre ...

-Et je ne te demande pas de le faire. Je voulais juste ... te fournir une explication, si ça pouvait t'aider.

-Ça ne m'aide pas. Enfin, plus précisément ... ce n'est pas ça qui va aider à me détacher. (Il baissa les yeux sur ses mains laissées statiques sur ses jambes). Parce que moi ce que je comprends à travers les lignes ... C'est que tu as des sentiments pour moi. Encore maintenant.

C'était un euphémisme. C'était ce qu'elle n'aurait jamais dû laisser échapper, et elle se fustigea de ne pas s'être tenue à la décision qu'elle avait prise dans l'infirmerie. Mais les raisons qui l'avait éclairées comme un phare ne faisait à présent que clignoter faiblement, simplement pour rappeler leur présence, la raison de toute cette souffrance infligée. Ce n'était pas gratuit. Mais avait-ce toujours raison d'être ... ? Ne finiraient-elles par s'éteindre à mesure qu'elle reprendrait le fil de sa vie ? Joséphine repoussa ses interrogations au fond de son esprit et enfonça un peu plus son visage dans ses genoux.

-Au moins, on est au même niveau ...

Farhan ne se trompa pas sur la formulation hasardeuse. Du coin de l'œil, elle vit un nouveau sourire se dessiner sur ses lèvres avant qu'il ne les torde, s'obligeant à une mine neutre, réfléchie. Mais Joséphine l'avait vu. C'était littéralement l'espoir qui avait dessiné ce sourire.

-C'est vrai ... On a tous les deux besoin de faire un point pendant les vacances, visiblement.

C'était la course à l'euphémisme, songea Joséphine en plantant un regard plus franchement sur lui, vaguement intriguée par son ton. Farhan resta encore silencieux quelques instants, les mains crispées sur ses genoux. Dans son agitation, il avait un peu ouvert sa chemise et Joséphine voyait la chaine dorée du Khamsa ressortir sur sa peau.

-C'est ce qu'on peut faire, poursuivit-t-il finalement avec lenteur. Faire le point sur ce qu'on veut pendant les vacances ...

-Sur nous ?

-Sur tout, comprenant nous ?

L'interrogation incertaine de Farhan arracha un petit rire à Joséphine. Il masqua complètement son cœur qui s'était mis à battre la chamade à la proposition de Farhan.

-Farhan, ce que je ne voulais pas c'est ... que tu m'attendes. Que je devienne un autre poison dont tu espères la réponses ...

-Oui bah il faudrait peut-être arrêter de décider à ma place, non ? lança-t-il d'un ton un peu plus sévère. Je comprends l'idée, c'est vrai que j'ai ... beaucoup de question en suspens et que ça me rend fou de ne pas savoir. Mais je l'ai voulu. J'aurais pu m'arrêter au test génétique et simplement accepter Maya comme sœur et je ne l'ai pas fait. Là considère que c'est pareil ... que je nous laisse une dernière chance de savoir ce qu'on veut vraiment, avant de définitivement laisser couler.

La détermination avec laquelle il prononça les mots ébranla Joséphine. En un éclair, elle le revit s'écrier que sa vie était un enfer à cause d'elle, et le doute monta un instant en elle.

-Tu es sûr ... ? Enfin tu n'es pas obligé de te plier à ...

-Jo, soupira Farhan. J'ai dit que j'allais réfléchir, pas que je passais l'éponge. Tu ... tu m'as fait mal, c'est indéniable, je ne vais le nier, un aveugle l'aurait vu. Même Charlie a fini par comprendre que ça venait de toi ...

-Je sais, il est venu me parler ...

La façon dont il roula les yeux, visiblement excédé, lui arracha un sourire.

-Celle-là je l'aurais pariée ... ça s'est conclu comment ?

-Par le fait que visiblement, on avait tort de le craindre. (De nouveau, Farhan leva les yeux au ciel et elle ajouta une dernière fois : ) c'est vraiment ce que tu veux ?

Farhan pinça des lèvres et riva de nouveau son regard sur le bassin à Branchiflore. D'un geste compulsif, il écarta son col de sa gorge puis une mèche rendue poisseuse par le lourd air ambiant de son front. L'humidité avait fait gonfler ses cheveux aussi efficacement que les vapeurs de son chaudron.

-Disons surtout que ... je m'en voudrais de ne pas explorer cette dernière possibilité. C'est peut-être ... j'en sais rien, stupide, faible, tout ce que tu veux ... mais je n'ai pas vraiment d'énergie à perdre à lutter contre ce qui m'échappe complètement.

Moi non plus. C'était incroyable que, malgré des parcours, des aspirations et des obstacles différents, ils semblaient en phase dans leur chemin. Ils suivaient tous les deux le fil d'Ariane pour sortir du labyrinthe qui s'était constitué autour d'eux, de manière parallèle ... qui savait, peut-être qu'un jour leurs fils finiraient par se rejoindre et qu'ils parviendraient à s'en extirper ensemble. Du calme, Joséphine, s'admonesta-t-elle alors que l'espoir se remettait à battre frénétiquement des ailes en elle. Il t'a juste promis de réfléchir, alors arrête de rêver et fais de même. Mais la raison refusa de se faire et tout ce qu'elle réussit à produire fut un sourire insensé qu'elle tenta de masquer dans ses genoux.

-D'accord. Alors ... rendez-vous à la rentrée ?

-C'est ça, murmura Farhan. Enfin, si j'ai survécu à deux semaines à travailler le jour et réviser la nuit ...

Joséphine se redressa si brusquement que sa tête en tourna. La chaleur presque tropicale commençait réellement à affecter son corps et elle vit le visage Farhan trembler devant ses yeux avant qu'il ne se stabilise de nouveau.

-Si je peux faire quoique ce soit ...

-C'est gentil, mais honnêtement ... je préférerais que tu passes ses deux semaines à te concentrer sur toi.

-D'accord, céda-t-elle, compréhensive. Salue ton père pour moi ...

Farhan accepta d'un pénible hochement de tête avant de la laisser aller contre la verrière, visiblement vidé de ses dernières forces. Le mouvement étirait sa gorge et dans un instant de divagation, Joséphine s'imaginer s'incliner jusqu'à y poser ses lèvres. C'était la première fois qu'elle avait de telles pensées depuis qu'elle l'avait suivie dans cette serre et cela réveilla la chaleur qu'elle avait cherché le matin même en posant la main sur son ventre. Alarmée, elle y posa la main, comme si Farhan pouvait la sentir et qu'elle se devait la réprimer. Après un mois de glaciation, ce simple crépitement d'allumette la brûlait autant qu'elle la déconcertait.

-Je vais y aller, Chourave a peut-être besoin de cette serre pour l'heure d'après ..., déclara-t-elle soudainement. Et je commence sincèrement à étouffer, je vais finir par faire de l'asthme ...

-Il faut arrêter de fumer, Joséphine ...

-Figure-toi que c'est dans mes grands projets ! J'ai déjà tellement ralenti, je n'en fume plus qu'une dizaine par semaine !

Sans ouvrir les yeux, Farhan essuya un petit rire. Prête à partir, Joséphine le contempla une dernière fois, tiraillée et attendri par ses traits enfin relâchés, comme prêt à s'endormir. Tentée, elle répondit chastement à son inclinaison en posant ses lèvres sur sa joue. Le baiser fut bref, pur. Elle eut à peine le temps de goûter le sel de sa peau, de respirer son odeur qu'elle s'écartait déjà, avant même que Farhan n'ouvre un œil surpris sur elle. Elle lui adressa un pauvre sourire.

-Merci d'avoir compris. Vraiment ... On se revoit à la rentrée.

Farhan la contempla de son regard sombre, complètement déchargé de toute l'amertume et la colère qui l'avait rendu si dur quelques minutes plus tôt. Ce regard ... Il fallut à Joséphine toute sa volonté pour s'y arracher, se lever et tourner les talons. Le cœur battant la chamade, elle récupéra son sac, sa cape et sortit en quête de grand air et de fraicheur. Le soleil la prit presque par surprise, lui brûla la rétine mais il lui fallut quelques pas pour que la sensation de liberté printanière la reprenne et soit décuplé par la conversation. Des questions et des doutes se bousculaient dans son esprit, mais elle les balaya en songeant qu'elle avait toutes les vacances pour y songer et qu'en fin de compte, n'était-ce pas ce que Pomfresh lui avait conseillé ? Tourner son regard vers l'extérieur ... et au fond, son regard ne s'était jamais vraiment détaché de Farhan O'Neil.

Elle souriait toujours lorsqu'elle atteignit le château et que la sonnerie retentie. Comme si elles avaient un radar intégré dans leur système, Lauren et Tonks la trouvèrent vite et lui tombèrent dessus au détour d'un couloir au milieu du flot d'élève qui se dirigeait vers la Grande Salle pour déjeuner.

-Alors, comment il va ? s'inquiéta immédiatement Tonks.

-C'est pas vrai ! s'exclama Lauren. Ne me dites pas que vous avez remis ça ?!

Un peu déconcertée, Joséphine évalua son état, ses vêtements froissés, ses cheveux gonflés par l'humidité, sa respiration toujours lourde et sa chemise débraillée sur son sternum. Les yeux de Tonks s'écarquillèrent et elle se sentit obliger de les détromper :

-Non, non, non mais ça ne va pas ! Non c'est juste ...

Elle s'interrompit, incapable de trouver ses mots face au regard scrutateur des deux jeunes filles. Et brusquement, l'idée lumineuse, l'idée qu'elle cherchait véritablement lorsqu'elle avait proposé son aide à Farhan, lui tomba dessus comme la lumière divine. Joséphine leur attrapa les bras d'un geste si soudain que Lauren eut un mouvement recule et Tonks porta la main à sa baguette.

-Les filles ... Il va falloir que vous me rendiez un service. Mais comme ce n'est pas vraiment à moi, je suis certaine que vous allez accepter ! Et trouvez-moi Weasley !  

***

Alors c'était réclamé que Farhan explose un peu, j'espère que ça a été à la hauteur de vos attentes ! 

Pour vous donner une idée, j'ai prévu environ 65 chapitres à cette fanfiction je crois (avec une fluctuation) donc on est environ aux deux tiers ... J'espère que vous ne la trouvais pas trop longue ni trop lente, mais comme je n'ai qu'un tome j'ai préféré ne pas me réfréner en terme de chapitre ! 

A la semaine prochaine pour O&P ! 

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