Chapitre 37 : Par delà l'égoïsme
HELLO
Ici Perri, en direct de son appartement et toujours un pyjama (avoir son vendredi, c'est la vie). Je devais poster ce matin, mais figurez-vous que je viens de structurer un peu ma Next-Gen (les enfants de mes personnages LDP + O&P) parce que je me suis rendue compte que comme les deux fanfics sont plus proches de la fin que du début, j'ai de moins en moins de chose à brainstormer et ça me dépriiime. Donc j'ai brainstormé les enfants !
En vrai ça devient un véritable problème parce que j'ai deux heures de routes par jour et que je les comble essentiellement par du brainstorming. Ma voiture, meilleur outil de créativité. ça, et les champs picards que je traverse.
Sinon comment vous allez en ce vendredi ensoleillé ?
Bonne lecture, Perri vous aime tous.tes <3
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Je me rends compte avec mélancolie que mon égoïsme n'est pas si grand puisque j'ai donné à autrui le pouvoir de me faire de la peine.
- Antoine de St Exupéry
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Chapitre 37 : Par-delà l'égoïsme.
Mardi 19 mars 1991
Je déteste avoir la petite tête de Farhan dans mon champ de vision.
McGonagall va me tuer si elle me découvre en train d'écrire dans mon journal pendant son cours mais c'est soit ça, soit me mettre à pleurer de frustration. Il est là, juste devant moi, à côté de Charlie. Il sourit à peine et je sais que c'est à cause de moi et rien que l'idée me brûle de l'intérieur.
Le pire ? C'est que j'ai la sensation d'avoir fait ça pour rien. Je veux dire, il a fallu que Charlie vienne me voir avec un nouveau mystère pour que je replonge dedans la tête la première, même si le but c'est de me concentrer sur moi, même si le but c'est de me libérer des problèmes des autres pour que je puisse enfin m'atteler aux miens. Mais ça, je n'y arrive pas. Lui, je n'y arrive pas.
Respire Jo. Souviens-toi de tes autres raisons : il n'a pas besoin que tu pèses sur lui en ce moment. Lui aussi a des problèmes à régler, et il a besoin de quelqu'un avec qui partager son fardeau. Tu ne peux pas être cette personne alors que tu viens à peine de te redresser sur tes deux jambes. Quand tu seras solide dessus, ça se rediscutera ... Déjà tu t'es relevée, c'est un progrès, peut-être que ...
Mais qu'est-ce que je raconte ... ? J'ai laissé passer ma chance. Je ne peux pas lui demander d'attendre ... Je n'ai pas envie d'exiger quoique ce soit de lui. Pour la première fois, j'avais envie de donner ... mais je suis encore trop creuse à l'intérieur pour le permettre.
***
Charlie aurait aimé que cette affaire coule sur leur amitié comme l'eau avait ruisselée sur son corps. Mais la vérité, c'était que si les confidences avaient semblé expurger un poison de l'organisme de Farhan, il sentait toujours une sorte de barrière, une certaine gêne. Charlie n'arrivait pas à retirer de son esprit qu'il aurait dû voir, savoir, mais surtout que leur histoire n'avait strictement aucun sens. Sa relation avec Joséphine avait bien prouvé qu'il n'avait aucun goût ni connaissance pour le romantisme, alors il tentait de raisonner rationnellement. Et rationnellement, tout clochait – à commencer par leur compatibilité, mais c'était l'élément qu'il taisait plus que tout.
Alors il se retrouva dans une situation des plus inconfortable lorsque Brûlopot revint deux semaines avant les vacances de Pâques. Lorsqu'ils s'étaient rendus à son cours à la lisière de la forêt interdite, Joséphine avait réussi à accrocher son regard, entendu et son ventre s'était nouée. La jeune fille lui avait toujours semblé complexe, difficile à cerner ... et depuis qu'il savait ce qui s'était passé avec Farhan, c'était pire. La tension lui ruina son cours préféré : il resta crispé pendant deux heures, appréciant à peine la verte nature autour de lui ou le contact avec les diricos face à lui. Même Farhan parut plus fasciné que lui par ses oiseaux aux plumes flamboyantes incapables de voler, mais qui compensait amplement par sa capacité à apparaître et disparaître à sa guise.
-Ces merveilleuses créatures ont l'air de vous laisser de marbre, Charlie, remarqua Brûlopot avec néanmoins une certaine bonne humeur.
-Elles sont mignonnes, convint-t-il en observant un dirico disparaître devant Lauren pour se matérialiser quelques mètres plus loin. Mais moins ... comment dire ... ? Stimulantes que les hippogriffes.
Brûlopot essuya un petit rire et lâcha sa canne d'une main pour taper dans l'épaule de son élève.
-Mais ça mon cher, c'est votre instinct de Gryffondor. Rien n'est stimulant quand c'est sans danger. A s'en demander ce qui vous intéresse vraiment dans les créatures : les créatures en tant que telle ou l'adrénaline qu'elle vous procure.
-Oh les deux, professeur. Pour l'adrénaline pure, j'ai le Quidditch.
-Je suis ravi de l'entendre, Charlie.
Il se déplaça ensuite à l'aide de sa canne jusque Lauren qui peinait à approcher les oiseaux colorés malgré les granulés qui débordaient de ses doigts. L'image paraissait beaucoup amuser Joséphine qui se fendait de quelques remarques moqueuses qui lui valaient chacune un coup de coude de Tonks. Charlie plissa les paupières en leur direction. Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient les deux jeunes filles ensemble ses dernières semaines et chaque fois il s'était inquiété, attendant un coup, une insulte, un cri mais rien ne venait. Non, elles paraissaient se côtoyer de leur plein gré – et c'était une association encore plus improbable que Farhan et Joséphine.
-Le monde aurait-il cessé de fonctionner dans mon dos ? marmonna-t-il, passablement agacé. C'est l'impression que ça me donne ...
-Pardon ?
Farhan était remonté vers lui après avoir réussi à nourrir son dirico, à présent volatilisé pour aller picorer dans les mains de Lauren qui s'était décidée enfin à ne plus bouger et attendre – contre-intuitif pour une Gryffondor.
-Rien, maugréa Charlie. Je veux des dragons.
-Tu veux notre mort à tous ? Tonks tiendrait deux secondes et demie face à un dragon.
-Il faudrait qu'elle s'entraine, elle va être Auror, non ? On peut se retrouver à toute sorte de danger ...
Distraitement, son esprit vagabonda jusqu'à Joséphine pour remonter à son père, Auror lui-même étiqueté spécialiste de la faune magique du fait du poste de son père à la tête du service des animaux. C'était cet Auror qu'ils avaient dépêché sur le Lan Mon House Hôtel ... Lui et pas un autre.
-Même si Joséphine est déjà un danger suffisant, ajouta Charlie dans une tentative de dévier son esprit.
Cela manqua lamentablement lorsqu'à ses côtés, Farhan se tendit comme un arc à la mention de Joséphine. Penaud, Charlie baissa le regard sur lui pour le voir contempler la jeune fille aux côtés de Lauren, une main tendue vers les diricos. Rester immobile paru lui demander un effort immense, mais une créature daigna effleurer ses doigts de son bec, provoquant un magnifique sourire sur son visage. La mâchoire de Farhan se contracta.
Par Merlin Jo, qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? ragea Charlie pour la centième fois depuis une semaine.
Brûlopot finit par signaler la fin du cours en déployant autour des créatures une bulle irisée, assez large pour leur permettre de se promener en toute insouciance sans risquer d'en perdre un dans l'immensité de la forêt. Dès que ce fut le cas, Charlie tourna inconsciemment le regard vers Joséphine. Elle le fixait déjà, certainement depuis plusieurs secondes tant son insistance le transperça.
-Tu fais quoi ? lui demanda Farhan – et Charlie se dépêcha de pivoter vers lui, avec une urgence certainement coupable. Tu vas chez Hagrid ?
-Tu vas faire quoi, toi ?
Le retour de la réponse parut surprendre Farhan qui haussa les sourcils.
-Euh ... Et bien ... ce que tu faisais, en fait.
Charlie n'aurait pas pu espérer une réponse si rassurante et si frustrante. Malgré ses aveux difficiles et la gêne qui en résultait, Farhan s'accrochait vaille que vaille à leur amitié, aux instants passés ensemble. Simplement ce n'était pas le moment. Pour l'instant, mieux aurait fallu qu'il réponde qu'il comptait aller s'enfermer dans leur chambre broyer du noir. Sans même y réfléchir, le regard de Charlie s'aventura vers Joséphine, occupée à chasser Lauren avec de grands gestes exaspérés. C'était visiblement la dernière chose à faire : Farhan lui attrapa le bras, tendu.
-Oh. Qu'est-ce que tu comptes faire, là ?
-Moi ? se défendit Charlie en feignant l'innocence. Mais rien !
-Alors pourquoi tu la regardais ?
Charlie dressa un sourcil.
-Tu es dos à elle, et tu sais exactement où elle est ?
-Ne change pas de sujet ! ragea Farhan, visiblement irrité par sa propre faiblesse. Ne me dis pas que tu comptes aller lui parler ?
La crainte était légitime, parce que ce n'était pas l'envie qui manquait à Charlie depuis quelques jours. Son mutisme sonna par ailleurs assez coupable aux oreilles de Farhan pour qu'il le lâche pour lever les bras au ciel, profondément agacé.
-Mais je rêve ! Tu vois, c'est pour ça que je ne voulais pas t'en parler, je savais que tu réagirais comme ça !
-Comme quoi ?
-Comme si j'étais une petite chose fragile incapable de se défendre ou de gérer ... Comme si j'étais un de tes frères ! Tu as déjà fait la même chose lorsqu'elle a demandé à Maya et moi de trouver nos dossiers d'adoption ! Est-ce que tu peux me laisser gérer cette affaire comme je le veux ? Ce n'est pas comme si ...
L'alignement des plaintes de Farhan finit par paniquer Charlie. De façon paradoxale, ce fut pendant cet éclair de pression qu'il trouva le moyen de détourner la colère de son ami :
-Mais j'allais juste parler à Brûlopot ! Je cherchais où il était, je voulais lui parler un peu de sa convention, ça devait être super intéressant ...
Il fut soulagé de voir le visage de Farhan se décomposer et se peindre d'une expression penaude et gênée. Ses mains agitées allèrent se visser dans ses poches et il rentra la tête dans les épaules.
-Oh. Désolé ...
-Faut vraiment que tu lâches, mon vieux ...
-Je sais, soupira Farhan en passant une main dans ses cheveux. Je sais ... C'est ... plus dur que je le pensais. Vraiment, je pensais qu'en sachant qu'il n'y ... avait plus rien à aller chercher, je me détacherais tout seul. Mais en fait la voir tous les jours, ça n'aide en rien ...
-Je comprends, vraiment ...
Il ne trouva rien à ajouter. Aucun mot réconfortant ne lui venait, autre que des banalités sur le temps qui aiderait, que peut-être les vacances couperaient définitivement le lien qui l'unissait à Joséphine. A dire vrai, les vacances constituaient le dernier espoir pour Charlie. Si après elle son ami revenait en se languissant encore de la jeune fille, il le déclarerait perdu pour l'humanité et irait lui rafraîchir les idées en le jetant littéralement dans le Lac Noir sans aucune forme de procès. Peut-être même ferait-il mieux de commencer de suite ... Un nouveau regard de Joséphine par-dessus l'épaule de Farhan l'obligea à reprendre la parole :
-Je te rejoins vite, promit-t-il précipitamment. Mais je ne suis pas sûr que me regarder dévisager amoureusement Brûlopot pendant qu'il me décrira sa convention t'aidera particulièrement ...
-Non, c'est vrai, ricana Farhan. Mais ce serait drôle l'espace de cinq secondes ... (Il se passa la main sur le visage). Non, je vais plutôt m'atteler à mon devoir de Métamorphose ... Une semaine à l'avance, j'ai intérêt à récolter une sacrée bonne note et les louages de McGonagall.
-Je savais que ce n'était qu'une immense machination pour me remplacer dans le cœur de Minerva !
-Mince, je suis découvert.
La petite joute verbale parut détendre assez Farhan pour qu'il exécute soigneusement un volte-face destiné à ne pas se retrouver face à Joséphine et prendre enfin la route pour retourner à l'école, le pas relativement léger. Charlie savait que le simple fait de le soutenir lui avait enlevé une épine phénoménale et lui donnait peut-être la force d'accepter la situation et même de l'affronter. Et c'était ce que Charlie voulait préserver en se réfrénant : parler de Farhan à Joséphine ne lui semblait pas être la meilleure des solutions.
Mais trouver les origines de Farhan avec Joséphine ?
Fort heureusement, celle-ci avait attendu que Farhan ait disparu à la faveur d'une courbe sur le chemin pour se précipiter vers lui, ses longs cheveux volants furieusement derrière elle. Pas de trace de sourire sur son visage : la commissure de ses lèvres était relevée en un semblant de rictus.
-J'ai bien cru qu'il ne partirait jamais ...
Charlie aurait voulu lui répondre, mais les premiers mots qui lui chatouillèrent la langue furent concernant toute l'histoire qu'il venait d'apprendre et il se mordit l'intérieur de la joue plutôt que de les laisser échapper. Il lui fallut quelques secondes avant d'articuler :
-On s'y met avant qu'un Sylvannus sauvage ne nous file entre les doigts ?
-Un Sylvannus sauvage de cet âge ? On devrait pouvoir le rattraper !
-Vous voulez parier, Joséphine ?
Brûlopot venait de s'avancer vers eux avec son sourire avenant teinté de malice, toujours appuyé sur sa canne qui ressemblait à s'y méprendre avec un morceau de bois ramassé dans la forêt. De son autre main, il brandit sa baguette et Joséphine recula contre Charlie, craignant presque que leur professeur lui fasse payer sa mauvaise blague. Mais il se contenta de la lever au ciel et de déployer une bulle de protection magique autour des diricos qui continuaient d'apparaître et de disparaître à leur guise.
-J'ai trois jambes, je cours très vite, fit valoir Brûlopot en levant sa canne. Bien, que me vaut l'honneur les enfants ? Si Charlie était resté seul j'aurais compris, mais votre présence Joséphine me semble impliquer que nous ne parlerons pas que de fascinantes créatures, je me trompe ?
-Et figurez-vous que sans doute que si !
L'affirmation de Joséphine fit hausser les sourcils de Brûlopot. Un goût aigre dans la bouche, Charlie garda le silence. Même si c'était lui qui avait eu cette idée, il se répugnait encore à trahir les secrets de Farhan. Même Tonks, qu'il considérait comme sa meilleure amie, n'était au courant de rien ... Le sérieux et la gravité sur leur visage finit par interloquer les professeurs qui prit place sur le tronc d'un arbre mort, couché en travers du sol.
-Bien. De quoi il en retourne ?
-On aurait besoin de votre expertise sur une affaire un peu ... singulière, entonna Joséphine avec prudence.
Elle n'ajouta rien et Charlie comprit que pour elle aussi, il était difficile de parler sans l'aval de Farhan. La constatation raviva une once de courroux au cœur de ses entrailles. Définitivement, qu'est-ce qui se passe dans ta petite tête ? Devant leur silence, Brûlopot fronça les sourcils.
-Très bien, je serais ravi de vous la donner. Mais en revanche, il va falloir m'en faire part, vous êtes au courant ? Quel est le problème ? Vous avez enfreint le règlement, quelque chose comme ça ? Oh Charlie, je ne me dis pas que vous vous êtes aventurés dans la Forêt Interdite et que vous vous y êtes blessé ? Je vous avais prévenu pour les Acromentules !
-Non ! lui assura Charlie avec précipitation. Non, pas du tout, je vous ai toujours soigneusement obéi là-dessus professeur (du coin de l'œil, il vit Joséphine rouler des yeux). Non, ça n'a rien à avoir ... juste ... Attendez ...
Il s'élança vers son sac qu'il avait abandonné au début du cours et finit par retrouver coincé dans un manuel de Sortilège ce qu'il cherchait : la photo des blessures de Maya. Les semaines de négligence dans son sac avaient écorné ses coins et plié le cliché en des angles improbables, mais c'était toujours aussi net. En toute confiance, il tendit la photo à Brûlopot qui la réceptionna de ses longs doigts aux articulations noueuses. Il replaça soigneusement ses lunettes sur son nez camus et examina l'image, impassible. A côté de lui, Joséphine retenait son souffle.
-Ça alors, lâcha Brûlopot, stoïque.
-Vous savez ce qui pourrait provoquer ce genre de blessure ? demanda Joséphine avec une pointe d'avidité.
-J'ai quelques idées ... Qui est-ce ?
-C'est important ?
-Encore une fois, j'aimerais savoir de quoi il en retourne, Charlie. Pour me faire une réelle opinion. Parce que la première hypothèse que j'ai est hautement improbable et conditionnée à énormément de chose ...
Joséphine et Charlie échangèrent un regard. Dans ses prunelles noisette qui chatoyaient sous le soleil, il put lire toute sa réticence, un mélange de crainte et d'éclat farouche que provoquait sa possessivité. En parler à un adulte responsable la priverait-t-elle définitivement de l'enquête ? D'un geste emprunt de flegme, Charlie désigna Brûlopot.
-Alors ? Tu passes la main ?
Les iris de Joséphine flambèrent. La réplique la piqua assez pour délier sa langue : se détournant de Charlie, le menton relevé, elle entreprit de résumer la situation à leur professeur, dont la mâchoire finit par se décrocher au fil des révélations. Oubliant complètement le cliché qu'il tenait toujours dans sa main, il dévisagea Joséphine puis Charlie avec de grands yeux éberlués.
-Mais enfin, dites-moi que vous en avez parlé au professeur McGonagall ! Ou à Filius, Filius aurait été très compréhensif, je suis sûr que si la petite Maya leur avait parlé, il se serait fait un plaisir de vous aider dans les recherches ...
Devant leur silence coupable, une mine déconfite se peignit sur les traits de Brûlopot, et une pointe de jugement traversa son regard.
-Nom d'un Snargalouf ... je suis vraiment le premier professeur à qui vous en parlez ?
-Jusque là, on n'en voyait pas l'utilité ... C'était privé ...
La faible défense de Charlie se fracassa contre le masque dubitatif de Brûlopot. Il se fendit d'un « humpf » sceptique avant de se replonger dans l'étude du cliché. Il l'examina sous tous les angles, concentré. Ses sourcils broussailleux virent se rejoindre au-dessus de son nez mais il finit par masquer son expression en rabattant le bord de son chapeau de paille sur son front. Une ombre s'abattit sur ses traits vieillis.
-Nom d'un Snargalouf ... (Il leva un regard abasourdi sur ses élèves). Si vous êtes venus me voir ... c'est que vous pensez qu'une créature magique aurait pu être responsable de cela ?
-C'est cela, confirma Joséphine en opinant. La thèse officielle serait que les blessures sont d'origines magiques et ce n'est pas infondé quand on sait que des Mangemorts se sont attaqués à l'hôtel ... mais Charlie a un doute.
-Il peut.
Un sentiment de triomphe emplit la cage thoracique de Charlie, gonfla à lui en faire casser les côtes. L'absolue certitude avec laquelle Brûlopot avait prononcé ce mot le rendit absolument euphorique. Il fallut qu'il baisse les yeux sur le visage sombre et troublé de Joséphine pour redescendre sur terre.
-Mais professeur, ça n'a aucun sens ... On a interrogé le médicomage qui a soigné Maya, on a une idée très précise de l'attaque dans l'hôtel ... Ni l'un ni l'autre ne mentionne une quelconque créature magique ...
-Peut-être que ça n'a rien à voir avec l'attaque, hasarda Charlie. Peut-être que tout ça n'est qu'une immense coïncidence ... (il se tourna vers Brûlopot, qui fixait toujours la photo). On vient d'apprendre que leur mère était animagus caracal, c'est ...
-Je sais ce qu'est un caracal, Charlie. Laissez-moi une seconde ...
Il contempla la photo à s'en dessécher les yeux et finit même par se laisser tomber sur la souche d'un arbre. Son silence s'éternisa tant que Joséphine finit par demander avec une surprenante timidité :
-Donc c'est ça, professeur ? Cela peut-être les griffes d'un animagus ?
-J'ai d'autres hypothèses en tête, ma chère ... mais ... Nom d'un strangulot. Vous me dites qu'ils étaient à Belfast ?
-C'est cela ...
Brûlopot parut troublé par la confirmation. Lâchant sa canne, sa main alla se perdre sur sa poitrine, comme s'il venait d'être frappé par une balle.
-Vous parlez de coïncidence, Charlie ? J'avoue que personnellement, j'ai du mal à y croire. J'ai assez observé le monde pour avoir la profonde certitude qu'absolument rien n'est dû au hasard : chaque acte se produit pour dessiner la grande harmonie de l'univers. (Il garda le silence quelques secondes avant de lâcher : ) Il se peut que j'ai à l'époque entendu parler d'une famille étrangère qui cherchait l'expertise d'un magizoologiste.
-C'est vrai ? souffla Charlie, saisi.
-Oui. Je ne me sentais pas concerné, j'étais à professeur à Poudlard et ... un manque de volonté criant pour sortir des murs du château pendant ces temps de guerre. Les Mangemorts tentaient de viser le personnel de Poudlard, un professeur de Défense contre les Forces du mal avait été tué ...
Sa voix s'était légèrement assourdie et il toussa pour lui redonner de la contenance. Charlie garda le silence, incapable d'en vouloir à son professeur d'avoir voulu préserver sa vie au moment où le monde sorcier se déchirait.
-Toujours est-il ... que si moi je n'ai pas pu répondre à leur appel, quelqu'un a pu le faire. Et il se trouve qu'une de mes collègues, une ancienne élève de Norbert Dragonneau en personne, habitait Belfast. Theophilia Collins.
-Vous parlez d'une coïncidence ..., murmura Joséphine, visiblement impressionnée. Ça expliquerait pourquoi ils se sont trainés dans une zone si dangereuse alors qu'ils fuyaient déjà la guerre en Palestine ! Ils cherchaient quelqu'un ! Vous pensez qu'on peut parler à cette miss Collins ?
-Je crains que ce ne soit pas possible, Joséphine, soupira Brûlopot, la mine profondément affligée. Elle s'est noyée il y a dix ans en s'occupant alors qu'elle faisait des recherches sur les Êtres de l'eau ...
La sinistre information doucha leurs ardeurs et la mâchoire de Charlie se contracta. Il avait l'impression de voir une impasse de plus se dessiner doucement devant eux pour venir étouffer leurs espoirs. La frustration devait se lire sur ses traits, car après lui avoir jeté un coup d'œil, Brûlopot ajouta :
-Mais je peux bien sûr me renseigner. Son mari doit avoir gardé ses travaux et peut-être que d'autres personnes aient entendu parler de cette famille ... Si vraiment elle cherchait un magizoologiste ... Norbert doit avoir entendu parler de ça ...
-Dragonneau ? comprit Charlie, estomaqué. Vous allez carrément en parler à Nobert Dragonneau ?!
-Il est encore en vie, lui ? douta Joséphine, sceptique.
-Il vit dans le Dorset avec sa femme, confirma Brûlopot. Et généralement, quand on vient jusqu'en Grande-Bretagne demander l'aide d'un Magizoologiste, on ne peut pas passer à côté de lui ... peut-être même que Theophilia lui a parlé de cette affaire, ils étaient encore proche ...
-Mais vous, vous avez bien une théorie ?
L'expression de Brûlopot intrigua Charlie : c'était un mélange étrange d'inquiétude et d'excitation qui semblait le rajeunir de dix ans. Il eut presque l'air d'un enfant vaguement contrit quand il se tourna face à eux.
-A dire vrai ... oui. Ce n'est pas celle de l'animagus, même si c'est extrêmement bien raisonné, mon cher Charlie ... Mais je préfère faire mes recherches avant de vous en faire part. Mais je veux bien manger mon chapeau si ce n'est pas une blessure faite par une créature magique.
-Mais pourquoi ce ne serait pas noté dans le rapport ? chuchota Joséphine pour elle-même.
Cette anomalie semblait l'obsédait, mais c'était le dernier souci de Charlie. Il devait l'admettre : il était fier d'avoir réussi à déterrer quelque chose, d'être à l'origine d'une piste viable qui pourrait apporter une réponse à Farhan et Maya, apaiser leurs esprits. Il était fier d'avoir eu raison et il comprit le sentiment de triomphe qu'avait dû éprouver Joséphine lorsque le teste génétique était venu confirmer sa première hypothèse. L'orgueil l'étourdissait tant qu'il mit à moment à remarquer que les yeux de Brûlopot étaient plantés sur lui, songeur. Presque dépité.
-C'est une excellente intuition que vous avez eue, Charlie. Même si je doute que la mère-animagus soit à l'origine de ses blessures – bien que je comprenne ce qui vous a trompé ... Mais l'intuition était vraiment brillante.
Il sembla hésiter encore quelques secondes avant de prudemment lâcher :
-Charlie, si vous permettez à un vieil homme de vous parler franchement ... ne gâchez pas vos talents en devenant un simple joueur de Quidditch. Vous avez tellement plus à offrir à ce monde ...
Charlie ne sut ce qui était le pire : la déclaration de son professeur, ou l'œillade supérieure dont le gratifia Joséphine. Les deux combinées lui firent perdre le fil de ses mots et il se trouva simplement à bégayer :
-Que ... enfin, qu'est-ce que vous voulez dire ?
-Laissez tomber, je crois que finalement il est trop bête, ricana Joséphine.
Mais un regard incisif de Brûlopot la fit taire. Lorsqu'il reporta son attention sur Charlie, sa voix était empreinte de toute la sérénité malicieuse qui en avait fait son professeur préféré :
-Vous vous dites doué au vol, et je vous crois sur parole, j'entends assez les éloges de Minerva à ce sujet. Mais ce n'est pas l'unique chose pour laquelle vous êtes doué. Vous avez un don dans ma matière, je l'ai perçu dès nos premiers cours. Plus qu'un don : vous être l'unique élève depuis des années qui ne fait pas que suivre mes cours, mais qui les vit. Le seul pour qui mes mots ont une résonnance plus que scolaire. Ai-je réellement tort ?
Non, fut forcer d'admettre Charlie, brusquement indisposé. Non, les heures passées auprès de Sylvannus Brûlopot n'étaient pas des cours pour lui, mais des bouffées d'air, la seule matière pour laquelle il se précipitait, l'unique qui ne demandait aucun effort de sa part car tout travail se faisait avec un plaisir immense dans absolument tous ses aspects. Joséphine parut comprendre son silence car elle appuya Brûlopot d'un hochement de tête.
-C'est ce que j'ai essayé de te dire la dernière fois, Weasley. Ecoute un peu, non ? Il n'y a pas que le Quidditch dans ta vie ... Ce n'était pas du Quidditch que j'étais jalouse quand on était ensemble.
Le rappel de leur relation hérissa complètement Charlie et des mots acerbes picotèrent sur sa langue avant de fondre complètement. Il venait de se souvenir d'une comparaison saugrenue qu'il s'était faite à l'époque où il s'interrogeait sur ses sensations physiques avec Joséphine. Il avait éprouvé plus de plaisir et de joie à voler sur un hippogriffe qu'au moindre contact avec elle ... Et même avec le vol à balai, maintenant que j'y pense ... Il repoussa la réflexion au fond de son esprit pour interroger avec un sourire confus :
-Attendez ... vous me proposez d'être magizoologiste, c'est ça ?
-Comprenez-moi bien Charlie, j'en ai eu des élèves qui sont venus me voir avec ce projet de carrière et que j'ai rebuté parce qu'ils n'avaient pas le profil car c'est un métier exigeant et qu'il ne suffit pas d'aimer les licornes ou de savoir s'occuper de son hibou pour le devenir. Mais vous, vous en avez largement la trempe. J'ai même parlé de vous à mes collègues sur l'île de Man : ils sont très intéressés par votre profil, y compris par l'aspect joueur de Quidditch. C'est rare, pour nous qui sommes généralement des rats de bibliothèque, des explorateurs plutôt les deux pieds sur terre ... mais savoir voler, avoir aiguisé ses réflexes et son sens du danger peut s'avérer un atout remarquable.
-Pense aux dragons, toussa Joséphine dans son poing.
Il lui jeta un regard en coin acéré. Il détestait toutes ses petites remarques qui venaient ponctuer l'exposé de Brûlopot, enfoncer le clou avec une certaine clairvoyance. Mais surtout, il maudit son cœur d'avoir manqué un battement face à ce mot magique. Et là, ce fut son professeur qui réagit en acquiesçant :
-Blague à part, c'est effectivement les spécialistes de créatures volantes qui se sont trouvés intéressés. Ivan Petrov m'a demandé de vous transmettre ses coordonnées, il gère un élevage de sombrals et d'hippogriffes dans le nord du pays ... Même Ladona Macovei s'est trouvée intéressée ! C'est l'une de mes plus éminentes collègue, grande spécialiste roumaine des dragons qui gère actuellement la plus grande réserve d'Europe. Elle cherche ardemment le genre de profil assez compétent pour voler parmi ses nobles créatures tout en évitant vos flammes. Je peux vous donner ses coordonnées, elle sera ravie de traiter avec vous ...
-Attendez ...
Le flot de nom – ils ne s'était jamais intéressé aux noms des magizoologistes récents – et d'information lui donnait le tournis. Lui qui avait toujours eu une idée très fixe et toute linéaire de son avenir, il avait l'impression qu'on venait de brouiller sa belle perspective. Les mots de Brôlopot lâchaient sur la belle et radieuse peinture des gouttes qui délavaient l'aquarelle. Et malgré une lumière intérieure qui s'était mise à luire au mot « dragon », ça le paniquait.
-Professeur, je suis flatté ..., vraiment, assura-t-il avec sincérité. Vraiment, que vous me penser capable de réussir dans cette branche ... si exigeante, comme vous le dites ... mais ... je n'ai jamais envisagé cette voie, vraiment.
-Et c'est bien pour cela que je me sens obligé de vous ouvrir les yeux. Bien sûr, ce ne sera pas une carrière aussi lucrative qu'être un joueur de Quidditch ... et vous excellerez certainement mais ... Oh Charlie, j'ai bien peur que vous y perdiez votre âme.
L'argument piqua Charlie autant qu'il le mortifia. L'argent. S'il devait être honnête avec lui-même, c'était aussi cela qui l'attirait dans une carrière dans le Quidditch. Pas dans un but bassement vénal ... mais lui qui avait toujours manqué de moyen, se défaire de ce souci avait quelque chose d'attrayant. Et plus que pour lui-même, c'était à sa famille qu'il pensait, au bien qu'il pourrait leur faire en devenant un attrapeur dans une grande équipe. Il s'était vu cent fois acheter à Ron ses fournitures de rentrée, y compris sa coûteuse baguette avec son premier salaire.
Et Brûlopot venait de lui confirmer. Une carrière au milieu des créatures magiques ne pourrait jamais lui offrir cela. Quand bien même l'idée faisait vibrer son âme.
-C'est bien mal me connaître de penser que le Quidditch peut me changer, professeur, rétorqua Charlie d'un ton un peu pincé. Merci pour vos conseils, j'apprécie ... je réfléchirais.
Brûlopot comme Joséphine parurent sceptiques mais Charlie les ignora et salua son professeur avant de reprendre le chemin du château. Derrière lui, il entendit Joséphine se pourfendre en remerciement pour les recherches qu'il allait entonner pendant les vacances et fut vaguement honteux de ne pas l'avoir fait lui-même. L'impression passa vite lorsqu'il réalisa que Joséphine s'était rapidement hissée jusque sa hauteur. D'un ton sublimement détaché, elle lança :
-Tu ne vas rien réfléchir du tout, tu as la tête aussi dure que le roc.
Assez agacé qu'elle l'ait si vite percé à jour, Charlie se contenta d'accélérer le pas. Mais Joséphine n'abandonna pas pour autant et se maintint à ses côtés, quitte à trottiner.
-Mais moi j'ai la tête plus dure que toi, et je te jure que je vais te la casser. Tu l'as entendu ? Tu vas lui briser le cœur à ce pauvre homme si tu deviens attrapeur professionnel ! Tu veux vivre avec ça sur la conscience ?
Et le pire, ce fut que la flèche atteint sa cible avec la précision de celle qui avait été lancée par un centaure. Charlie serra les dents et, comprenant qu'il ne pourrait pas semer Joséphine par la course, tenta de la faire fuir par les mots :
-Donc tu étais jalouse des créatures magiques ?
Il avait espéré que ce rappel acide à leur relation et à l'absurde possessivité de la jeune fille la rembrunisse mais à son grand désarroi elle se contenta de hausser les épaules, l'air indifférent.
-Tu as été mille fois plus attentionné avec une hippogriffe qu'avec moi, excuse-moi mais oui, ça piquait un peu ...
-Je vois. Et tu comptes être jalouse du chaudron de Farhan ? Parce qu'il en prend un soin tout particulier ...
Lui qui se plaignait de son manque d'éloquence, cette pique-là avait glissé toute seule sur sa langue. Mais la culpabilité resta en sourdine face à la satisfaction de voir Joséphine ravaler sa langue, rougir comme une pivoine, et river son regard sur le bout de ses chaussures. Un rideau de cheveux cuivré masqua complètement le spectacle à Charlie.
-Très bien, dit-t-elle dans un murmure résigné. Je commençais à me dire qu'il ne t'en parlerait jamais ...
-Et bah si tu vois. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu l'as un peu miné.
Il n'avait pas pu retenir le reproche dans sa voix et il parut frapper Joséphine comme une gifle. La jeune fille lui jeta un regard outré avant de repousser ses cheveux dans son dos avec exaspération et de redoubler l'allure.
-Oh c'est pas vrai ! Je pensais y avoir échappé, les grandes leçons de morales du preux chevalier Charlie Weasley !
-Mais celle-là je suis désolé, mais tu la mérites ! Tu peux me dire ce qui t'es passé par la tête ?
-Alors là, c'est juste hors de question ! s'écria-t-elle en levant les bras au ciel. Je refuse de me justifier devant toi, je refuse d'avoir des comptes à te rendre !
-Jo, je ne te demande pas de te justifier, je te demande de m'expliquer ! Je ne comprends juste pas ce qui se passe, tout s'est passé littéralement dans mon dos et ça n'a juste aucun sens ! Vos comportements à tous les deux n'ont aucun sens !
Il lui fallut quelques secondes pour prendre que Joséphine ne se tenait plus à ses côtés et il se retourna pour remarquer qu'elle s'était immobilisée, les poings serrés. Son regard dardé sur lui brillait, mais il ignorait si c'étaient des larmes ou de la rage.
-C'est quoi le problème ? lâcha-t-elle d'une voix sourde. Que j'ai mis un vent à Farhan ou qu'on se soit embrassés sans que tu le saches ? Ou tout simplement que ton meilleur ami ait embrassé ton ex ?
-Voilà, c'est exactement ça, ironisa-t-il, désabusé. Je déteste le fait que tu aies embrassé mon meilleur ami – dans ma chambre en plus ...
-Je te jure que si c'est vraiment ça le problème ...
A moitié, il devait l'admettre. Le fait que ça concerne Joséphine et Farhan était inconfortable pour lui. Mais face à l'air nerveux de la jeune fille, il sut que c'était l'aveu qui mettrait le feu aux barils et choisit de réfuter :
-Mais non, ça ne l'est pas ! Mais si ça n'avait pas été que ça je vous aurais donné ma bénédiction enfin !
-Ta bénédiction !
Joséphine éclata d'un grand rire incrédule dépourvu de la moindre trace de joie. Il était tellement rauque ce rire que Charlie eut l'impression qu'elle allait éclater en sanglot la seconde d'après. Mais elle se redressa avec un étrange sourire.
-Ta bénédiction ! Saint-Charlie acceptant de se sacrifier pour la cause ... mais encore heureux !
-Comment ça « encore heureux » ? se récria-t-il, vexé. Ce n'est pas un problème, mais ce n'est pas facile non plus !
-Oh arrête ! Tu peux vraiment dire que nous deux, ça comptait ? Assez pour que tu permettes de dire quoique ce soit ?
-T'es injuste, Jo.
Le ton glacial de Charlie n'ébranla pas Joséphine. Elle le contempla quelques secondes d'un air impassible avant qu'un rictus ne retrousse ses lèvres.
-Je ne dis pas que tu n'as pas eu de la tendresse pour moi, je suis prête à l'admettre. Mais sois honnête, Weasley : tu es sorti avec moi parce que tu m'aimais bien ou parce que je t'ai embrassé la première ?
La question le prit au dépourvu. Replonger dans cette époque faite d'incertitude, de malaise et de questionnement indigestes lui retourna l'estomac, d'autant qu'il se rendait compte que sa réponse sincère penchait dangereusement vers la seconde option. Joséphine parut le lire sur son visage car son rictus se transforma en grimace, qui elle-même fit s'abattre sur son visage une ombre de tristesse.
-Evidemment, murmura-t-elle d'un ton qui se voulait neutre. Tu t'es dit « une fille que j'apprécie et qui m'embrasse ? Je dois sortir avec elle ». Non ?
-Non, Jo ce n'est pas ...
-Bien sûr que c'est ça ! Et ce n'est pas inhérent à moi, Charlie, tu fais ça dans absolument tous les aspects de ta vie ! Jamais tu ne vis pour toi-même !
-Mais de quoi tu parles ?
Joséphine leva les bras au ciel, comme pour englober le parc, l'école, la forêt, tout un ensemble qui désignerait la vie entière de Charlie.
-Mais de tout, Weasley ! C'est tellement représentatif de comment tu fonctionnes ! Tu ne fais rien pour toi ! Tu amoncelles les honneurs, les rôles, les fonctions sans réellement les épouser ! Regarde par exemple, pourquoi tu es préfet ? Tu en as envie ? ça te rend heureux, fier ? Non, c'est ta mère que ça rend fier, et je suis sûre que tu as été content de lui offrir ça, mais ça s'arrête là. Après tu as trainé des pieds, c'est devenu le cadet de tes soucis. Farhan aurait fait un meilleur préfet que toi ...
Charlie aurait voulu repousser les mots de Joséphine d'une pichenette, mais comme toujours l'éloquence le fuyait, d'autant qu'ils résonnaient en lui, beaucoup trop pour ne pas avoir une part de vérité. Et la jeune fille se hâta d'enfoncer le clou :
-Tu es devenu Capitaine parce que tu t'es dit que c'était ta route, que tu devais porter ce poids sur tes épaules parce que tu étais un joueur exceptionnel, parce que tant d'espoir reposait sur ta personne et tu voulais en être digne mais encore une fois tu n'épouses aucune des responsabilités ... Gérer les problèmes dans l'équipe, faire des stratégies, planifier les entrainements, ça ne t'intéresse pas, toi tu ne vibres que pour le vol. Tu n'as aucune appétence pour ce rôle et donc tu fais un très mauvais capitaine.
Enfin, elle se désigna de ses deux mains.
-Et moi c'est pareil, Charlie. Je t'ai embrassé et tu as répondu à mes désirs, à ce que tout le monde attendait d'un garçon de ta trempe. C'était ce qui manquait à ton palmarès de star de l'école, non ? Une copine. Ton frère en avait eue plein, pourquoi pas toi ? Mais voilà, tu es Charlie, pas Bill. Tu as des besoins différents, des aspirations différentes et à force de vouloir répondre à tout le monde sauf à toi, tu vas gâcher ta vie, Charlie. Tiens, comme ta carrière ! Ne choisis pas le Quidditch juste parce que c'est qu'on attend de toi ! Sois égoïste pour une fois !
C'était l'affirmation de trop pour Charlie, celle qui le hérissa complètement. Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait ce genre de remarque et la dernière en date concernait Bill, Bill qui avait décidé de l'être en partant pour l'Egypte. Qui en le faisant lui avait légué ses responsabilités. Cette fois, porté par l'énervement, les mots lui vinrent facilement :
-Egoïste ? Merlin, tu penses qu'il ne s'agit que de moi ? On est sept, sept, tu penses vraiment que je dois penser qu'à moi ? Je n'ai pas le droit d'être égoïste. Vas-y, toi. Tu fais ça très bien ...
-Si j'étais vraiment égoïste, je n'aurais pas repoussé Farhan, rétorqua-t-elle sèchement. Mais si tu veux, je suis égoïste ... Il y a un juste milieu entre toi et moi Weasley. Vous êtes peut-être sept, mais tu n'as pas à vivre pour eux. Est-ce que Bill le fait ? Est-ce qu'un autre de tes frères le fait ? Est-ce que ton père le fait en vivant de sa passion pour les moldus au lieu de trouver un poste mieux payé pour pourvoir à vos besoins ? Je pense que si ta famille accepte que ton propre père vive de sa passion, ils le feront pour toi.
-Mais pourquoi on parle de ça ? s'agaça Charlie avec un geste irrité de la main, comme pour repousser la conversation. Normalement on doit parler de Farhan et de toi !
L'index accusateur qu'il pointa sur elle fit plisser les yeux de Joséphine. Elle croisa les bras sur sa poitrine et détourna la tête, la mâchoire contactée, visiblement fermée à la discussion mais Charlie insista :
-Il ne s'agit pas de moi, là, pas de moi qui vit pour les autres ! Et ça n'a même rien à voir avec ce qui s'est passé entre nous, Jo, je m'inquiète juste pour Farhan !
-Tu n'as pas à t'inquiéter pour lui, rétorqua Joséphine, toujours sans le regarder. J'ai veillé au grain ...
-Excuse-moi, c'est peut-être précisément ce qui m'inquiète.
Joséphine rejeta la tête en arrière et Charlie faillit reculer d'un pas en anticipant son courroux. Il se fit vaguement la réflexion qu'il préférait affronter une Joséphine furibonde – chose qu'il avait fui pendant leur relation – plutôt que de la laisser déployer son argumentaire sur lui, et que ça en disait certainement trop sur la façon dont il craignait ce qu'elle proférait.
-Tu vois, on y est encore ! Tu t'inquiètes pour lui mais arrête ! Tu n'es ni son père, ni sa conscience : laisse-le faire ses propres choix, ses propres erreurs ! Peut-être que j'en étais une pour lui mais ...
Elle sembla ravaler ses mots et ferma obstinément la bouche avant de tourner le dos à Charlie, les épaules tendues. Malgré son attitude de repli manifeste, elle ne détala pas, et Charlie y vit le signe qu'il pouvait approcher de quelques pas.
-Mais quoi, Jo ?
Il s'était assez rapproché pour à nouveau avoir une vue pour sur son visage fermé qu'elle détourna de nouveau dès qu'il apparut dans son champ de vision. Seul le bout de son nez dépassait de l'ombre qu'abattait ses cheveux.
-Mais c'en n'était pas une pour moi, avoua-t-elle du bout des lèvres. Je te l'ai dit, si j'avais été égoïste, je ne l'aurais pas repoussé.
Elle renifla et Charlie se retrouva penaud, complètement décontenancé par l'aveu et l'émotivité apparente de la jeune fille. Dans son esprit défila toutes les motivations qui pouvaient l'animer, et face à sa réaction tout lui sembla encore plus flou. Parce que la jeune fille semblait réellement affectée, autant que l'était Farhan. Dépassé, il se laissa aller sur l'herbe et il sentit le regard de Joséphine se poser sur lui.
-Je ne comprends vraiment rien. Si tu as envie d'être avec lui, pourquoi ... ?
-Parce que, le coupa-t-elle avec un soupir. Il n'a pas besoin de moi en ce moment ...
-Oh Joséphine ...
De sa position basse, il la dévisagea, frappé parce qu'il découvrait. Il avait pensé qu'elle n'avait pas été consciente, qu'elle avait joué sans trop savoir, que ça avait été le craquement éphémère d'une allumette et qu'elle s'en était rendue compte. Mais non. Joséphine s'était véritablement attachée à Farhan. Assez pour y renoncer pour ce qu'elle considérait être son bien. La constatation fut tomber son cœur dans sa poitrine et remua l'ambivalence de ses sentiments. Sans réfléchir, il compara leurs deux situations, leurs deux relations avec cette même jeune fille volcanique, mais qui pour l'heure paraissait vulnérable. Charlie n'avait jamais su gérer une Joséphine vulnérable ...
-Tu l'aimes vraiment, donc ? s'assura-t-il maladroitement.
Un rire étranglé jaillit de la gorge de Joséphine. S'enveloppant dans sa cape, elle se laissa tomber à ses côtés, tournée de trois-quarts pour que l'expression de son visage lui échappe toujours. Charlie se demanda si ce n'était pas ses larmes qu'elle tentait de cacher en se dissimulant ainsi.
-On n'a pas été assez loin pour que je puisse qualifier ça d'amour ... mais il y avait quelque chose, indéniablement. (Elle soupira et passa une main dans ses cheveux). Je ne sais même pas pourquoi je te dis ça ... ça n'a plus aucune importance, maintenant.
Charlie reconnut la note de mélancolie qui teinta sa voix. C'était la même qu'elle avait laissé filtrer derrière les serres, lorsqu'elle assurait vouloir « passer la main ». Il la considéra quelques secondes, vaguement attristé par sa tête baissée par l'abattement. Le pire dans tout cela, c'était que sa nostalgie manifeste, il ne sentait aucunes mauvaises ondes, aucune énergie qui aurait renvoyé Joséphine dans ses bas-fonds comme leur rupture avait pu le faire. Non, la nostalgie la faisait briller à ses yeux, la grandissait, comme si au fond d'elle elle était certaine du bienfondé de son acte et que cela compensait ce qu'elle avait perdu en prenant cette décision. Intriguée par son silence, elle lui jeta un petit coup d'œil et un minuscule sourire s'imprima sur ses lèvres.
-Ça te fait bizarre ?
-Un peu, concéda-t-il sincèrement.
-A cause de nous ?
Cette fois, Charlie ne trouva pas la force de nier et se surprit à acquiescer. Le soupir de Joséphine avait une pointe d'exaspération qui le força à ajouter :
-Ecoute, j'essaie de me dire ... que ce n'est pas de la trahison, que nous deux ... je ne dirais que c'était rien, ce n'est pas vrai ... j'ai encore beaucoup de tendresse pour toi. Une autre sorte de tendresse, plus saine et plus sincère et ... Farhan est mon meilleur ami.
Maladroitement, il tenta de poser les mots sur ses sentiments, sur ce qu'il repoussait depuis quelques jours parce que ce n'était pas entendables. Mais si Joséphine semblait crispée, comme dans l'attente de la sentence, il songea qu'elle les recevrait mieux que Farhan :
-OK, peut-être que je me suis senti un peu trahi. Parce que tout s'est fait dans mon dos sans que je ne capte rien ... et même si je comprends un peu pourquoi on ne m'a rien dit ... C'est difficile à avaler quand même, Jo. Que vous m'ayez tenu à l'écart comme si ... je ne comptais pas. J'ai ... juste l'impression d'avoir été le dindon de la farce.
Verbaliser son mal-être ôta un poids lourd de son estomac autant qu'il s'en sentit honteux. Il attendit un mot de Joséphine, qu'elle s'insurge comme elle l'avait fait lorsqu'il lui avait assuré qu'ils avaient sa bénédiction, mais elle le surprit en déclarant d'une voix douce :
-Charlie, c'est justement parce que tu comptais pour nous deux qu'on t'a écarté ...
-C'est facile à dire ... mais si tu n'avais pas décidé de ...
-Charlie, je peux te promettre que je n'aurais rien fait d'officiel avec Farhan sans t'en avoir parlé avant. Promis.
Elle avait l'air sincère, et pourtant Charlie ne put s'empêcher de se fendre d'un ricanement désabusé. Pour faire passer la mauvaise énergie, il se mit à arracher des bouts d'herbe.
-« D'officiel » ... Tu l'as embrassé dans ma chambre. Alors que j'étais en bas, que je pouvais monter à tous les instants ... C'est assez officiel pour moi ...
Un sourire frémit sur les lèvres de Joséphine et elle eut le toupet de rectifier :
-C'était dans ta salle de bain.
-Je vous déteste.
Là aussi, il y avait une part d'honnêteté inavouable qu'il tenta de faire passer sous le couvert de l'humour, mais Joséphine l'accepta sans broncher. Ses lèvres se pincèrent, mais elle ne pipa mot et Charlie put ajouter avec une pointe d'acidité :
-Mais bon, « encore heureux » que je ne dise rien ...
-Ce n'est pas ce que je voulais dire ... Je n'ai jamais voulu te dire que tu ne comptais pas pour moi, pas du tout. Je te l'ai dit, c'est justement parce que tu comptais qu'on a tellement hésité ... mais ... enfin ... je ...
Elle qui avait toujours le mot pour tout, elle en semblait à court mais Charlie finit par compléter intérieurement en ramassant tous les indices qu'elle avait bien voulu lui laisser. Il comptait, certes ; mais ce qu'elle ressentait actuellement pour Farhan n'avait strictement rien à voir. C'était assez fort pour qu'elle puisse lui demander de passer outre.
Alors pourquoi elle y a elle-même mis fin ?
La question lui brûlait les lèvres, mais il savait qu'elle n'y répondrait jamais, de peur que ça finisse dans l'oreille de Farhan. Il se souvint de ce que son ami songeait, qu'il n'en avait pas voulu la peine et instinctivement il s'était dit que Joséphine pensait justement l'inverse. Que c'était elle qui n'en valait pas la peine ... pour une fois, avait-il visé juste ?
-C'est bizarre, conclut-il finalement avec une certaine lenteur. Je me suis senti ... vexé. Idiot. Et je ne suis pas sûr de comprendre encore comment vous avez pu finir à deux dans ma salle de bain (Joséphine lâcha un petit rire). Mais je n'aurais vraiment rien dit. Pas avec ce que tu viens de me dire. Et je sais que Farhan est assez grand pour faire ses choix. Même si je m'inquiète, il est assez grand pour me les imposer. On ne dirait pas, mais il a son petit caractère.
-Je sais.
-Alors qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?
-Maintenant ? répéta Joséphine, un peu perplexe. Rien, Charlie. J'ai fait ce qu'il fallait. Je suis désolée, ce n'est pas très cool de ma part mais ... maintenant, à toi de le gérer.
C'était mature de sa part d'admettre qu'il devait ramasser ses restes, mais son ton catégorique lui fit froncer ses sourcils. Il était en telle contradiction avec tout ce qu'elle lui laissait entendre qu'il peinait à lui accorder une véritable valeur.
-Pourquoi ?
-Parce que, répéta-t-elle, irritée. Je te l'ai dit, Charlie, il n'a pas besoin de moi dans sa vie en ce moment. Regarde, toi, ça ne t'a pas réussi. Je ne veux pas refaire la même erreur.
-Je pensais que ça n'avait rien à voir.
-Justement. Là je suis trop consciente de ce qui se joue pour prendre des risques. Tant pis pour moi ...
-Joséphine, tu sais que tu as le droit d'être heureuse ?
-Charlie, tu sais que tu as le droit d'être égoïste ? contrattaqua-t-elle, un sourcil dressé.
Charlie planta instinctivement son coude dans ses côtes et la jeune fille glapit d'indignation, mais s'écarta à peine, simplement pour être hors de portée d'un nouveau coup. Heureusement, elle l'était encore à la voix de Charlie qui poursuivit :
-Donc tu as menti à Farhan quand tu lui as dit que tu ne pouvais pas lui donner de réponse, ou tu t'es juste rendu compte que tu tenais beaucoup à lui quand tu l'as perdu ?
-Charlie ...
-Sérieusement, je ne te comprends pas. Si je racontais cette conversation à Farhan, il ... Aïe !
Il tapa sur la main que Joséphine venait de renfermer sur son bras, jusqu'à lui planter ses ongles dans la peau. Il fut presque surpris de l'éclair de panique qui traversa son regard.
-Mais tu ne vas pas lui raconter ? Je l'ai repoussé pour qu'il m'oublie, pas pour que tu viennes entretenir ses espoirs !
-Mais il ne t'oublie pas, Jo ! Il t'a encore dans la peau, et je trouve ça bête que vous vous languissiez l'un de l'autre dans votre coin simplement parce que tu considères que tu n'en vaux pas la peine ...
-Alors maintenant tu veux nous voir ensemble ? grinça Joséphine, les dents serrées.
-Non, je veux vous voir heureux. Alors si c'est ensemble bah ... qu'à cela ne tienne.
Joséphine sembla déconcertée par sa conviction et Charlie devait admettre qu'il n'en revenait pas d'avoir pu sortir ces mots avec tant de naturel et de sincérité. C'était comme si avoir assisté à la vulnérabilité de Joséphine et avoir eu accès à son intériorité avait débloqué ce qu'il fallait pour qu'enfin il puisse trouver un semblant de sens dans cette histoire. Il n'était pas sûr d'encore tout comprendre et la possibilité lui semblait encore floue mais ça lui paraissait moins irréel qu'avant.
Maintenant qu'elle lui faisait face, Charlie eut tout le loisir de détailler le regard de Joséphine, de le voir pétiller au moment où il prononça les mots « ensemble », étinceler face à la perspective avant que de nouveau il ne s'assombrisse et que la mélancolie le voile.
-Charlie, ce n'est pas que par rapport à Farhan. C'est aussi par rapport à moi. Je ne suis pas vraiment prête pour ça.
-Pourquoi ?
Joséphine s'esclaffa de nouveau doucement avant de passer une main sur son visage. Elle eut l'air brusquement si lasse, presque sur le point de fondre en larme et Charlie posa une main inquiète sur son épaule.
-Hé ... qu'est-ce qui se passe ?
Joséphine sourit d'un air désabusé et repoussa sa main avec douceur avant de redresser les épaules.
-Ne t'inquiète pas, Weasley. Je sais que tu ne peux pas t'empêcher de vouloir me sauver et que c'est en parti pour ça que tu es sorti avec moi. Mais tu n'as rien à sauver. Ni toi, ni Farhan, ni personne. Je dois trouver la voie toute seule et c'est ce que je fais. Et ... (Un sourire de petite fille montrant fièrement son dessin à sa mère s'étala sur ses lèvres). Je m'en sors étrangement bien. Enfin, je me cogne un peu partout, parfois je tombe, comme si j'apprenais à marcher mais ... Oui, j'ai l'impression de voir la lumière au fond du tunnel.
Charlie ne put pas dire que le discours de Joséphine fut clair pour lui, mais il fut rassuré par sa conviction et sa sérénité. Tout comme sa mélancolie, ça la baignait dans une aura qui la grandissait, appelait à une profonde bonne dynamique qu'il avait espéré un jour engranger. Avant qu'il ne puisse ajouter quoique ce soit, elle se redressa sur ses genoux, l'air prête à partir.
-Mais évite d'en parler à Farhan. L'attente, ça les bouffe, non ? Je ne veux pas être un poison de plus.
-Tu n'es pas un poison.
-Tu n'as pas toujours pensé ça, plaisanta-t-elle. Et Charlie ?
Charlie tourna la tête vers elle au moment où elle mit une main sur son épaule. L'espace d'un instant, il eut la peur absurde qu'elle allait l'embrasser, même sur la joue, mais elle ne fit que planter son regard dans le sien avec un petit sourire condescendant aux lèvres.
-Moi aussi, je veux que tu sois heureux. (Elle lui tapota la joue, un brin trop fort pour que ce soit juste amical). Réfléchis sérieusement à ce que Brûlopot t'a dit, sinon la prochaine te dévissera la tête, tu m'as comprise ?
Et sans lui laisser le temps d'acquiescer, elle bondit sur ses pieds et reprit son chemin, non vers le château mais vers la forêt. Il s'en étonna à peine ; en revanche, il fut surpris de la façon dont ses dernières paroles s'imprégnèrent en lui, refermèrent leurs griffes sur son cœur. A la fois éclairé et confus, il choisit de rester là, statique sur l'herbe, prenant lentement conscience qu'à présent il allait être déchiré entre de nouvelles certitudes et de nouveaux questionnements.
***
J'espère que ce chapitre vous aura plu !
C'est un des premiers que j'avais en tête (même s'il n'a pas totalement la forme à laquelle je songeais en raison mes changements de scénarios). ça me semblait important qu'ils passent tous les deux par cette discussion à cœur ouvert !
Bon Week-end, à la semaine pro pour O&P (promis ce sera un peu plus tranquille) et à dans deux semaines pour LDP (moins tranquille) !
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