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Chapitre 36 : La vérité est-elle vertueuse ?

Hello everybody ! 

Comment vous allez bien? 

Moi je suis en train de crever sous une crève mais je tente de survivre pour pouvoir retrouver l'Hydre dimaaaaanche ! 

Et dites, quelqu'un regarde la série les Anneaux de Pouvoirs ? Sérieux je suis aussi schizophrène que Gollum avec cette série. D'un côté je trouve que l'esthétisme est incroyable, que les personnages et leurs dynamiques sont vraiment chouette, des interactions vraiment sympas à suivre et que j'adore découvrir cinématographiquement Numénor, je suis agréablement surprise par Elrond que je trouve étrangement parfait ... mais à la fois, à chaque fin d'épisode je reste sceptique. J'ai dû mal à relier toute l'histoire aux récits des Contes et Légendes et au Smilmarillon, je suis toujours dans l'attente en fait, je reste sur ma faim et je ne peux pas m'empêcher de râler justement parce que j'ai l'impression que ça s'éloigne. Et je n'arrive pas à me faire à leur version de Galadriel, je ne retrouve pas du tout la Galadriel de Tolkien. BREF j'avais besoin de partager mes impressions plus qu'ambivalentes ! 

Bon maintenant le chapitre après toutes les révélations de la semaine dernière ! Bonne lecture les enfants ! 

***

Sans le mensonge, la vérité périrait de désespoir et d'ennui. 

- Anatole France

***

Chapitre 36 : La vérité est-elle vertueuse ?

Jeudi 14 mars 1991

Aujourd'hui je suis allée tenter quelque chose que Pomfresh m'a conseillé la dernière fois que je suis allée la voir. Et j'avais hâte de le faire, parce que pour la première fois ça sonnait bien en moi. Vraiment dans l'idée d'assouvir un vieux fantasme ...

D'après elle, quand on a subi une violence pareille et qu'on l'a autant intériorisé, il faut parvenir à la faire jaillir, à l'extraire – sans pour autant de se faire du mal. Elle a découvert les griffures que je me suis faite sur le ventre, Merlin son regard ... Je pense que j'ai pu mesurer toute l'horreur de ma situation dans son regard. C'est là qu'elle m'a proposé d'extérioriser autrement.

Alors je l'ai fait. J'ai pris mon balai et je suis partie dans les montagnes. Déjà ça m'a vraiment fait du bien de voler à nouveau, sans la pression de la performance, simplement pour profiter. Et une fois isolée, je me suis posée.

Et j'ai hurlé.

Vraiment j'ai hurlé à m'en casser la voix, hurler à m'en lacérer la gorge, hurler enfin avec la certitude qu'au milieu des arbres, Mère Nature entendait mon cri, m'écoutait, frémissait. J'ai hurlé jusqu'à en pleurer, hurler jusqu'à en rire, hurler jusqu'à m'étourdir et ne pas vraiment savoir pourquoi je le faisais. C'était des cris, c'était des mots – et je me souviens à peine desquels – c'était de tout mais pour la première fois enfin ça sortait. Depuis quand j'avais besoin de ça ?

Je n'ai jamais autorisé ma rage à sortir, en fait. Parfois elle explosait, par intermittence, elle s'est fondue dans mon caractère pour se camoufler, elle restait là, latente sous ma peau, bien au chaud. Mais là enfin j'ai eu la sensation de l'exprimer, de la jeter à la face du monde. Ça m'a tellement épuisée que j'ai de la peine à tenir ma plume. Je tremble, je suis vidée. Enfin.

Je comprends pourquoi Charlie aime tant la forêt. C'est beau. C'est bienveillant. C'est rassurant. Oui, je me sens enfin rassurée. Je pense que je reviendrais.

***

La venue de Fiona ne parut rien régler dans la vie de Farhan. Au contraire, il parut s'enfoncer dans la morosité et dans un silence songeur qui laissait Charlie perplexe. Ce n'était pas faute de tenter de lui changer les idées avec des révisions, avec des promenades dans la forêt interdite, rien y faisait. Savoir que Shahrazade, le prénom qui le poursuivait tel un fantôme sans visage, était sa sœur aînée semblait de lui faire ni chaud ni froid. La situation finit par peser à Charlie et il brisa son code d'honneur en s'épanchant un soir auprès de Hagrid après son cours de Botanique où Farhan avait fui avant même qu'il n'ait pu ranger ses affaires.

-D'accord, les informations de sa tante n'ont rien résolu de probant, admit-t-il après avoir exposé l'affaire dans toutes ses subtilités au Garde-Chasse. Mais je m'attendais quand même à ce que ça lui fasse quelque chose, qu'après cela il veuille en découvrir plus ... et là il est aussi actif qu'un phasme !

Charlie ne s'attendait pas particulièrement à une réponse : il avait juste besoin de faire parler sa frustration sur quelqu'un, et ce quelqu'un ne pouvait pas être Farhan. Ce fut sans doute pour cela qu'il fut surpris du regard peu amène que Hagrid planta sur lui.

-Est-ce que tu n'es pas un peu dur ? Qu'est-ce que ça te ferait, toi, si tous tes efforts n'aboutissaient à rien, aucune réponse en quatre mois ? Est-ce que toi aussi tu n'aurais pas envie de baisser les bras ?

-Sans doute, concéda Charlie, un peu penaud. D'accord, c'est facile de lui demander de se battre ... c'est juste ... je n'ai pas vraiment l'habitude de le voir dans cet état. Je veux dire il a toujours été calme, mais là ce n'est pas calme c'est ... apathique.

-Et je suppose qu'avec tout ce qui lui tombe dessus, il en a parfaitement le droit. Vous avez songé à en parler à un professeur ? Dumbledore, c'est un grand homme tu sais Charlie. Il pourrait deviner des choses ...

-C'est une affaire importante pour Farhan mais pas au point de déranger Dumbledore, Hagrid ..

-Je suis sûr qu'il prendrait de son temps pour ce genre d'histoire, insista le Garde-Chasse avec un sourire confiant. Réfléchis-y ... si ce sont les professeurs qui recherchent à sa place, peut-être que ton ami pourrait enfin respirer.

Charlie restait dubitatif sur la possible implication du meilleur sorcier de l'ère moderne sur cette affaire, mais en repartant de la cabane, il dut admettre une certaine pertinence. Cette histoire les dépassait tous. Farhan était en train de se laisser emporter par elle. Maya avait vraisemblablement décidé de la laisser derrière elle et de reprendre vaille que vaille le cours de sa vie, mais pour combien de temps ? Peut-être avaient-ils besoin d'une aide plus grande d'un lointain guérisseur à Ste-Mangouste, ou Fiona et ses instincts maladroits de journalistes ...

Distraitement, il se souvint de sa conversation avec Joséphine sur les gradins de Quidditch, sur ses soupçons quant aux blessures de Maya. Les informations de Fiona les avaient confortés d'une cruelle manière et depuis le doute le tenaillait. S'il recoupait tout, il ne voyait qu'un professeur capable de les aider ... incapable de prendre une décision seul, mais résolu, Charlie se mit en quête de l'unique personne avec laquelle il avait partagé ses soupçons. Malheureusement, il n'avait pas parlé à Joséphine depuis des semaines et ignorait complètement comment elle passait son temps ses temps-ci, sur quel endroit de la vague elle se situait ... il fut heureux de trouver l'équipe de Quidditch de Serdaigle qui descendait vers le terrain et se précipita vers eux, plein d'espoir. Malheureusement il eut beau compter, il ne trouva que six joueurs – et tous étaient des garçons ...

-Hé, lança-t-il à Aidan, un peu perplexe. Jo n'est pas avec vous ?

-Elle nous lâche encore, cracha un poursuiveur, plein de dépit.

Aidan lui jeta un regard aigu et le garçon ravala sa langue. Néanmoins quand il se tourna vers Charlie, lui-même avait l'air profondément contrarié.

-Mais non, elle n'est pas là. Elle n'est plus venue à l'entrainement depuis notre match ... au début elle était vraiment malade, je n'ai rien dit ... Mais quand elle s'est sentie mieux et que je lui ai demandé de revenir, elle m'a carrément sorti un mot de l'infirmière ! Pas d'entrainement jusqu'aux vacances de Pâques, tu y crois à celle-là ?

-Jusqu'aux vacances ? s'étonna Charlie, perplexe. Mille gargouilles, c'est qu'elle doit vraiment se sentir mal ... qu'est-ce qu'elle a ?

-Des maux de ventre, d'après Bérénice, éluda Aidan, visiblement peu inquiet. Genre des nausées un peu aléatoire. Même si Elisa me dit que ça ne lui ait plus arrivé depuis quelques jours ... Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise, visiblement elle est trop faible pour rester sur un balai. Ça va être dur à défendre, les gars sont énervés, on joue la coupe et elle loupe l'entrainement ... ça m'apprendra à lui faire de la place simplement parce que c'est une gonzesse.

Charlie plissa les paupières face au ton dépité du Capitaine de Serdaigle.

-Tu sais, j'ai trois « gonzesses » dans mon équipe, dont ta sœur et ça se passe très bien.

-Je ne dis pas ça parce que c'est une fille, Weasley, arrête de monter sur tes grands chevaux. Mais ça commence à être handicapant pour l'équipe de soutenir Jo. On commence à me proposer des noms de remplaçants ...

-Elle vous a fait gagner contre Serpentard et tu veux la virer parce qu'elle a des maux de ventre ?

Cette fois, Aidan parut vaguement contrit. Pour éviter d'avoir à se justifier, il prit congé de Charlie et suivit le reste de son équipe vers le terrain, son balai sur l'épaule. Le Gryffondor fusilla la nuque de son ami du regard. Au match contre Serpentard, il avait vu Joséphine à son meilleur niveau sportif et émotionnel ... il ne pouvait admettre qu'Aidan la prive de cela.

Passablement énervé, Charlie retourna en quête de Joséphine. Il finit par la trouver dans un endroit étrangement habituel : derrière les serres de Botanique où elle prenait le soleil en fumant une cigarette, emmitouflée dans sa cape pour se protéger de la fraîcheur de mars. Son balai était posé contre les verrières de la serre. Elle paraissait à moitié dormir, ce qui expliqua le sursaut de Charlie lorsque sa voix s'éleva :

-J'étais bien, Weasley. Alors j'espère que c'est urgent. Que le monde va s'écrouler. Que Poudlard brûle.

Son timbre était étrange, bas et rauque, comme si une mauvaise toux pointait. Il ne manquerait plus que ça, tiens. Aidan va s'arracher les cheveux ... Charlie tordit ses lèvres et son regard se posa sur les mains de Joséphine qui dépassaient de sa cape. Un sourire retroussa ses lèvres.

-Ça risque d'arriver avec la clope qui est sur le point de t'échapper.

Joséphine ouvrit un œil noir sur Charlie avant de le baisser sur la cigarette qui oscillait, à peine tenue par la prise molle de ses doigts. Elle fut raisonnable en l'éteignant contre la serre et en rangeant soigneusement le mégot dans son étui. On pouvait au moins lui reconnaître cela : jamais Joséphine ne laissait ses déchets dans la nature.

-Désastre évité ... Qu'est-ce que tu veux, maintenant ?

-Quelqu'un t'a dit pour ce que Fiona a ramené d'Israël ? Bérénice ou Far ... ?

-Non, la coupa-t-elle sèchement. Non, je vous laisse réfléchir à ça maintenant, je passe la main.

C'était ce que Farhan avait tenté de lui dire en substance, lorsque Charlie l'avait interrogé sur l'absence de Joséphine à Pré-au-Lard. « Elle doit s'être lassée », avait-il laissé échapper avec une certaine amertume – et comment lui en vouloir ? Pourtant, l'information lui semblait toujours absurde, même venait de la bouche de la jeune fille. Joséphine était volatile et se lassait vite, c'était un fait mais sur cette affaire elle s'était accroché avec la force d'un strangulot.

-Mais ... mais tu ... c'est important ...

-Weasley ...

-Leur mère était animagus, Jo. Animagus caracal.

C'était abrupt, mais cela produisit son effet : les prunelles de Joséphine s'allumèrent, comme si dans son cerveau, tout venait de s'éclairer. Elle ne put cacher la teinte de curiosité qui transparaissait dans sa voix :

-C'est quoi un caracal ?

-D'après Fiona, un gros chat. Ça ressemble au lynx. C'est une créature solitaire, plutôt puissante ...

-Je vois ...

Il n'en avait pas fallu beaucoup pour capter l'attention de Joséphine, s'amusa Charlie en la voyait froncé les sourcils, une lueur à la fois admirative et songeuse dans le regard. Elle se frotta distraitement la mâchoire avant de lâcher :

-Tu penses aux cicatrices de Maya.

Elle n'avait même pas fait l'effort de donner une forme interrogative à sa phrase, mais attendit tout de même une réponse de Charlie en plantant son regard sur lui. Le jeune homme se trémoussa, embarrassé de l'hypothèse qui envahissait son esprit depuis quelques jours.

-Oui, j'y pense ... Je me dis que si ... j'en sais rien, si ça vient de griffes d'un animagus qui a étudié à Uagadougou, là où on apprend à faire de la magie sans baguette ... Alors ça peut expliquer la charge magique dans les plaies de Maya.

-Mais ça voudrait dire que la mère a attaqué sa fille de trois ans. Attends, elle a été à Uagadougou?

Charlie dévisagea Joséphine, ses grands yeux noisette brûlants d'en apprendre plus, la commissure de ses lèvres gercées par le froid qui se retroussait en un semblant de sourire. Elle n'est pas lassée du tout. Avant que la brèche ne se referme, il résuma les informations qu'avaient recueilli Fiona. A la fin de son récit, lui était assis contre la serre et Joséphine faisait les cent pas devant lui, serrant sa cape d'une main sur ses épaules. Ses cheveux trainaient derrière elle, tel un fier étendard qui captait chaque rayon de soleil.

-Shahrazade doit être morte en Palestine, sinon elle aurait été mentionnée dans le rapport de mon père, confirma-t-elle distraitement, la mine chagrinée. C'est incroyable les liens du sang quand on y pense ... C'est la seule chose dont ils se souvenaient tous les deux. Toutes ses années où ils ne se souvenaient pas l'un de l'autre, ils se souvenaient de Shahrazade ... C'est comme si elle avait tenté de leur adresser un message depuis l'au-delà.

-Tu es d'humeur poétique.

-Toujours, Weasley. (Elle s'immobilisa avant de pivoter souplement vers lui). Tu penses qu'on doit parler de ta théorie sur la mère qui attaque sa fille à Brûlopot, donc ?

Charlie acquiesça, indisposé par la façon dont Joséphine présentait les choses. C'était bien ce qui le gênait dans sa théorie ... il n'arrivait pas à admettre qu'une mère ait pu s'en prendre physiquement à sa fille. Pourtant il savait que ça existant, des parents violents, des parents qui perdaient le contrôle sur leurs enfants ... qui savait quelles cicatrices la guerre et la perte de Shahrazade avaient bien pu laisser sur l'esprit de Sirine Souleiman ? Pourtant il avait tant vécu dans un environnement empli d'amour que l'idée lui semblait inenvisageable. Monstrueuse. Tellement éloigné de sa propre mère qu'elle lui était impossible.

-J'espère sincèrement que j'ai tort ... si c'est vraiment ce qui s'est passé ... je ne suis pas sûr qu'ils ont besoin de le savoir.

-La vérité est-elle toujours bonne à entendre ? résuma Joséphine avec un air savant. Ça pourrait être une énigme de la gargouille de Serdaigle, tiens ! La vérité est-elle vertueuse ... ou pourvoyeuse de chaos.

Sa voix s'était fondue dans un murmure et elle s'interrompit. Prise d'un frisson, elle resserra sa cape sur elle et cacha ses mains à l'intérieur.

-Charlie, entonna Joséphine avec une surprenante douceur. Tu sais que la charge magique dans les blessures de Maya peut parfaitement être dû à un maléfice que les Mangemorts auraient lancé ? On sait qu'ils ne répugnaient pas à s'en prendre aux enfants ...

-Je sais ... Mais je m'en voudrais de ne pas vérifier. Maya veut abandonner, Farhan ne va pas tarder à lui emboiter le bras ... C'est la dernière piste qu'on ait.

Il avait trouvé l'argument pour faire vaciller Joséphine. La résolution dans ses yeux le surprit à peine et ses paroles comme celles de Farhan sonnèrent faux à ses oreilles. Laisser la main, vraiment ? Mais elle était encore plongée jusqu'au cou dans cette histoire.

-On va faire ça, accepta-t-elle avec un hochement de tête confiant. Mais ça va devoir attendre, Brûlopot est absent une semaine ...

-Quoi ?!

-Il est en colloque de Magizoologistes de l'île de Man. C'était sur les panneaux d'affichage depuis hier, tu n'as pas regardé ?

-Non ...

Joséphine roula des yeux dans un geste teinté de condescendance. C'était tant elle que Charlie en eu un sourire attendri.

-Weasley, tu es vraiment un préfet en carton. Plus ça avance, moins je comprends pourquoi ils t'ont nommé toi.

-Parfois, moi aussi, c'est quasiment Farhan qui gère mon emploi du temps ...

Elle passa furtivement, l'expression mélancolique sur le visage de Joséphine, tel un éclair en plein orage nocturne : bref, mais foudroyant. Ce fut si rapide que Charlie douta même l'avait perçu, jusqu'à ce qu'il remarque une trace subsistante au fond des prunelles de la jeune fille. Elle sembla s'avachir sur elle-même et joua avec ses doigts qui se portèrent au niveau de son ventre. Charlie la contempla quelques secondes avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres :

-Tu te sens mieux ? Tu as loupé les cours quelques jours ...

Il tut soigneusement sa conversation avec Aidan – il doutait qu'apprendre que son poste était en sursit l'aide à guérir, bien au contraire. Un étrange sourire ourla les lèvres de Joséphine. Elle joua avec l'ongle de son pouce qui semblait à moitié arraché.

-Aujourd'hui ça va, oui.

-Et ce week-end, non ? Je m'attendais à te voir aux Trois Balais ...

-Je te l'ai dit, Weasley, je passe la main ...

-Mon œil.

Le regard de Joséphine flamboya. Si elle avait paru l'espace d'un instant vulnérable, cette fois elle carra les épaules et redressa le menton en une expression presque hautaine.

-D'accord, cette histoire m'intrigue encore et j'ai envie d'apprendre le fin mot. Mais ce n'est pas à moi de la gérer ! Farhan est un grand garçon : s'il veut savoir, ça doit passer par lui. Il faut qu'il fasse consciemment le processus, qu'il soit actif parce que s'il le subit ... ça fait mal de le subir ...

Elle se détourna, masquant à Charlie la moitié de son visage.

-C'est à lui de gérer ça, répéta-t-elle d'un ton plus bas. Moi je ne peux pas le faire à sa place ... Toi non plus d'ailleurs ...

-Mais ça on doit le gérer, insista Charlie. On ne peut pas les intégrer si on est pas sûrs qu'elle donne quelque chose de probant ... Je te dis, c'est la dernière piste qu'ils s'autorisent ... Enfin, ils ne savent pas qu'elle existe mais quand même ... la dernière, Jo.

-Et on la tentera, rétorqua Joséphine, exaspérée. Tu as raison, ce serait trop bête ... Mais après ça, ce sera à lui de décider.

-Lui et Maya.

Joséphine battit des cils avant de lui concéder la chose en inclinant la tête. Depuis le début, Charlie avait noté qu'elle n'évoquait que Farhan et s'il n'y avait accordé qu'une attention mineure dans un premier temps, cette fois cela le frappa. D'autant que cela fut accompagné d'un nouveau sursaut d'humeur de Joséphine qui se rembrunit encore, mais pas sombrement, pas de façon butée. C'était définitivement de la nostalgie qui imprégnait ses traits. Elle s'avança vers la serre pour récupérer son balai.

-Je vais rentrer, annonça-t-elle finalement avec lassitude. On ira voir Brûlopot dès qu'il sera rentré ...

-OK ... prends soin de toi.

Joséphine suspendit le mouvement qu'elle avait amorcé pour s'en aller. Elle baissa la tête, laissa ses cheveux masquer de nouveau son visage et s'ébroua finalement pour reprendre la direction du château. Charlie attendit qu'elle ne soit plus qu'un point sur les chemins sinueux qui serpentaient jusqu'à l'école avant de se lever à son tour. En lui, l'espoir se mesurait à une grande perplexité. Il prit le même chemin que Joséphine, le cœur lourd. Il était étreint d'un terrible doute.

***

Un étrange pincement au cœur ne le quitta pas jusqu'à son arrivée à la Tour de Gryffondor. Le temps s'était couvert et la pièce était à présent plongée dans l'ombre. Seul sur son lit, Farhan avait allumé une lampe à huile pour éclairer le devoir qu'il achevait. Ses couvertures étaient couvertes de grimoires et de parchemins et lorsqu'il retira ses lunettes pour regarder Charlie, celui-ci remarqua qu'elles avaient laissés deux petites marques rouges de chaque côté de son nez. Elles devaient y être enfoncées depuis plusieurs heures ...

-Comment va Hagrid ?

-Comme un charme ...

-Alors pourquoi tu fais cette tête ?

Charlie papillonna des yeux et tourna le regard vers Farhan qui le considérait, interloqué. Il prit le temps de retirer sa cape et ses chaussures avant de répondre :

-Oh ... ce n'était pas Hagrid, c'est Jo.

-Quoi, Jo ?

Le timbre de Farhan se voulait détaché, mais Charlie perçut la note subtile de l'intérêt dans sa voix. Et quelque chose de plus coupant ... un soupçon de colère ? Quoiqu'il en était, l'impression vint renformer la pression sur sa poitrine et il s'efforça de poursuivre avec un flegme feint :

-Je l'ai croisé ... et je ne sais pas, je sais qu'elle sort de maladie mais ... elle paraît ... calme. Trop calme. Je n'aime pas beaucoup ça.

-Ah.

Le froissement des pages indiqua que Farhan s'était de nouveau penché sur ses devoirs et Charlie se permit un coup d'œil intrigué. De la même manière que le visage de Joséphine s'était peint de mélancolie, celui de Farhan, lui, était empreint d'une expression irritée. La façon dont sa plume appuyait contre le parchemin comme s'il allait le perçait étayait largement cet état d'esprit.

-Je vois. Qu'est-ce qu'elle a fait ?

La plume de Farhan se figea sur son parchemin, mais il n'en releva pas les yeux. Les cheveux qui lui tombaient sur le front masquait complètement à Charlie son expression.

-Pardon ?

-Jo. Tu dis qu'elle se lasse, elle dit qu'elle passe la main alors que je suis désolé mais ça crève juste les yeux qu'elle continue d'être habitée par cette enquête ...

-Oh, attends. Tu lui en as parlé ?

Charlie se mordit l'intérieur de la joue, penaud. C'était si facile de faire un écart, il ne fallait pas qu'il laisse échapper qu'il soupçonnait sa propre mère d'être responsable des blessures de Maya. Cette simple miette laissée semblait déjà bien assez irrité Farhan qui redressa brusquement la tête pour le fusiller du regard.

-Non mais sérieux !

-Je pensais pas que ce serait un secret d'état, pardon ! Mais comme elle suit tout depuis le début, je pensais ...

-Mal, visiblement, cingla Farhan.

Charlie haussa les sourcils devant l'agressivité de son ami. Dire qu'il s'était plains de sa morosité à Hagrid à peine une heure plutôt ... il ne s'était pas attendu à le voir sortir de ses gongs de cette façon. Farhan parut réaliser lui-même l'injustice de la chose. Poussant un grand soupir, il retira définitivement ses lunettes pour les pousser dans ses cheveux avec une expression vaguement contrite.

-Excuse-moi, je suis ... tendu en ce moment.

-Non, sans déconner ? Je me permets donc de réitérer ma question : qu'est-ce qu'elle a fait ?

Charlie sut que c'était quelque chose de grave lorsque, faisant fi des livres, parchemin et bouteilles d'encre qui jonchait son lit, Farhan s'y rejeta sur le dos pour s'enfoncer dans le matelas. S'il avait pu creuser dedans, il y serait disparu comme un niffleur dans son terrier. Le cœur de Charlie manqua un battement. Ça, c'était sûr. J'aurais pu le prédire. Je vais prendre la place de la folle en cours de Divination. Son instinct fut conforté par le filet de voix qui s'échappa des lèvres de Farhan :

-Je ne suis pas sûr que tu veuilles savoir ...

-Trop tard. Tu as de nouveau le béguin pour Joséphine ou tu n'as juste jamais cessé de l'avoir ?

La seconde option agit comme un acide sur lui et lui troua la peau. Si c'était le cas ... il repensa à sa relation avec Joséphine, à toutes ses fois où ils s'étaient embrassés, tenus la main, tant de gestes intimes dont Farhan avait pu être témoin durant de long mois ... et en souffrir en silence ? Avait-il réellement fait souffrir son ami pour une relation qui au final n'en avait pas valu la peine ... ? Le long silence de Farhan laissa le temps au stress de monter, de le prendre à la gorge. La poitrine de son ami s'était complètement bloquée.

-Première option ...

Le souffle de Charlie se relâcha devant l'aveu plus rassurant qu'il ne l'aurait cru. Il eut à peine le temps de s'en sentir soulagé que Farhan ajoutait dans un filet de voix à peine discernable :

-... mais en pire.

-En pire ? C'est-à-dire ?

Farhan rejeta encore plus sa tête en arrière, de telle sorte à ce que Charlie ne perçoive plus que le bout de son nez, la masse sombre de ses cheveux qui auréolaient son visage de façon chaotique et surtout cette poitrine qui s'était animée mais d'un souffle erratique. Ses doigts s'agitèrent compulsivement sur son oreiller.

-Ce ... ce n'était plus simplement un béguin. C'était ... plus que ça. Beaucoup plus ...

Une sensation étrange se lova au creux du ventre de Charlie, lourde et gênante. Il accusa le coup en silence, un peu sonné ... mais surtout, il se sentait stupide. Ça aussi il aurait sans doute dû le prévoir ... Joséphine s'était glissée dans le quotidien de Farhan. Il avait constaté cela sans même une seconde réfléchir aux conséquences, à ce que leurs échanges qu'ils pensaient uniquement liés à l'enquête que Joséphine avait provoqué sur les origines de Farhan pouvait déclencher chez lui.

-D'accord, entonna Charlie d'une voix résolument calme malgré son inquiétude. Et euh ...

-Ecoute Charles, le coupa Farhan en plaquant une main sur son visage. Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée d'en parler ...

-Parce que c'est mon ex ? Tu sais, je peux passer outre ...

A dire vrai, il en était arrivé à un point où parfois il se demandait s'il n'avait pas rêvé cette période de sa vie où Joséphine et lui avaient formé un couple. La bascule s'était faite lentement, prenant racine dans leur rapprochement lorsqu'il était venu la féliciter après son match exceptionnel contre Serpentard. Leurs rapports s'étaient normalisés, tous leurs spectres s'étaient volatilisés ... A ses yeux, elle était redevenue ce qu'elle aurait dû toujours être. Quelque chose qui s'apparentait plus à une amie, loin de toute spirale romantique qui l'angoissait plus qu'autre chose.

Seulement, les souvenirs demeuraient malgré tout lorsqu'il prenait la peine de s'y attarder. Les images de leurs derniers instants firent croître l'inquiétude au fond de lui. Il garda le silence, pesant silencieusement ses mots, ses impressions et Farhan en profita pour reprendre la parole.

-Je sais ... je sais, je ne doutais pas de ça. Vraiment pas. C'est juste que ...

Les secondes s'égrainèrent dans un silence inconfortable où Farhan se trémoussa. Il avait replié son bras sur ses yeux, comme si l'obscurité lui donnait la confiance nécessaire pour avouer :

-C'est allé plus loin ...

Charlie le fixa quelques secondes, perplexe, avant de comprendre. La réalité qui sous-tendait les mots le laissa bouche bée et il lui fallut encore un petit instant pour être capable d'articuler :

-Vous vous êtes embrassés ?

Le hochement de tête, raide au possible, de Farhan lâcha une pierre dans son estomac. Il aurait aimé ne pas ressentir cette sensation de gène, d'inconfort, et même cette petite pointe de colère qui le traversa de part en part, mais toutes furent là. Brèves, mais présentes. La mâchoire contractée, il fixa le mur d'en face. Leur camarade de chambrée, Leonard, avait accroché de nombreux poster de vedette moldues aux courbes plantureuses alors qu'un autre, Nicholas, avait couvert sa partie de photos de familles et de paysages idylliques. La fière montagne escarpée devant les monts enneigés lui semblait un endroit moins piégeux que la situation dans laquelle il venait de poser l'orteil.

-OK ... d'accord ... Fort bien ...

Les mots vides de sens s'alignaient, mais il éprouvait le besoin viscéral de dire quelque chose, de ne pas supporter le silence toujours plus pesant dans lequel Farhan s'enveloppait. Mais comme souvent dans une situation stressante, l'éloquence le fuyait. Voilà pourquoi il était incapable de prononcer un discours d'avant-match. Il n'était même pas certain de savoir ce qui le dérangeait le plus : l'information en tant que telle que son meilleur ami avait embrassé son ex-petite-amie, ou le simple fait qu'un lien se soient noués entre eux sans qu'il n'ait rien pu voir. Le processus lui avait tant été invisible qu'une image claire peina à se former précisément dans son esprit. Il avait beau tenté, il n'arrivait pas à se souvenir d'un moment, d'un instant, d'un geste qui aurait pu le mettre sur la piste.

-Ecoute, je suis ... désolé, finit par lâcher Farhan sans bouger d'un pouce. Je me doute que ça ne doit pas forcément agréable pour toi ...

Charlie ne niait pas que la nouvelle avait sur lui un drôle d'effet et son silence parut conforter Farhan qui exhala un petit soupir résigné.

-Ouais, je me doute ... Mais pas de panique. Ça n'ira pas plus loin ...

-Comment ça ?

-Ça n'ira pas plus loin, c'est tout. Elle a préféré qu'on s'arrête là ...

La voix de Farhan s'étrangla sur la fin et il préféra s'interrompre avant qu'elle ne faillisse pour de bon. Charlie laissa échapper un « oh », moitié surpris, moitié peiné tant l'émotion était perceptible chez Farhan. « Elle a préféré », nota-t-il, un brin vexé. Cette pointe acide finit par l'emporter sur les vagues de compassion et il ne put s'empêcher de demander avec une pointe de reproche :

-Et si elle avait préféré autre chose ... tu m'en aurais parlé ?

-Charlie ...

-Pardon, s'excusa-t-il immédiatement. Pardon, ce n'est clairement la priorité ... C'est juste ... enfin, je ne sais pas vraiment comment je dois réagir.

Il fut rassuré d'entendre un petit rire du côté de Farhan, même s'il ne dissipa pas les sensations désagréables qui pesait lourd dans la poitrine de Charlie. Il n'arrivait pas à se défaire de l'idée qu'il aurait dû voir quelque chose ... être au courant ... et que ce faisait il aurait certainement pu éviter à son ami la désillusion qui expliquait enfin son comportement de ses derniers jours. De nouveau, il entendit Farhan répéter qu'elle s'était « lassée » de l'enquête ... n'était-ce pas de lui qu'il parlait réellement ? Il aurait pu lui dire ... Joséphine partait dans cent directions différentes et n'allait que rarement au bout des chemins. Jamais Charlie n'aurait songé qu'elle se serait orientée vers une voie qui mènerait à Farhan ... elle s'était intéressée à lui, mais à son histoire, à son passé, au mystère qu'il représentait. Chaque fois qu'ils les avait vu interagir, c'était sur ce sujet précis ... Son intérêt avait-il fini par se brouiller entre l'histoire et le garçon derrière ? Ou était-ce Farhan qui s'était leurré sur le véritable sens de son intérêt ? Ouh la deuxième est possible ... Joséphine avait pu lui faire inconsciemment miroiter un vieux désir ... et Farhan serait tombé dedans la tête la première.

Par le caleçon de Merlin, pourquoi je suis au courant de ça que maintenant ?

-Je comprends ..., souffla Farhan, visiblement moins tendu. Même pas moi je n'ai pas ... vraiment compris ce qui m'est tombé dessus.

-C'est Joséphine. Elle est difficile à comprendre.

-Mais je croyais ...

La fin de sa phrase vint se perdre dans un grognement de frustration. Définitivement la seconde option, évalua silencieusement Charlie, toujours tiraillé entre un sentiment de gêne et de vexation. J'aurais pu te le dire si tu m'en avais parlé, ragea-t-il intérieurement – mais il se mordit l'intérieur de la joue pour retenir ses mots.

-D'accord, répéta-t-il d'un ton plus bas. Hum ... et ... où est-ce que ... enfin ... vous êtes ... c'est allé jusque ... ?

Il ne savait même pas comment finir cette phrase. La vérité, c'était qu'il voulait savoir ce qu'il avait manqué exactement. Ça avait été assez développé pour que Joséphine y mette fin ... c'était que beaucoup trop de chose étaient passées sous son radar. Tout, à dire vrai. Le mutisme de Farhan sonna comme embarrassé mais il daigna répondre d'une voix incertaine :

-Euh ... je ne sais pas vraiment si tu tiens à savoir.

L'imagination jusque là vide de tout songe de Charlie – il n'avait tant rien vu qu'il était incapable de ne serait-ce qu'imaginer – s'emballa à cette phrase. Beaucoup trop vive, elle captura les flashs épars de sa journée pour constituer une hypothèse dérangeante qui plomba ses entrailles. Incapable de la garder pour lui, il se mit à bredouiller avec une certaine agitation :

-Attends ... attends ... Elle ... enfin Jo, elle est malade en ce moment, des maux de ventre d'après Aidan, elle vomit ... ne me dis pas que vous avez ... enfin ... que tu l'as mise en... ?

Son balbutiement eut pour mérite d'enfin faire réagir Farhan qui se redressa vivement, visiblement indigné par l'allégation.

-Mais ça ne va pas enfin, je n'ai pas couché avec ! se défendit-t-il, outré. Tu me prends pour qui ? Tu penses vraiment que je vais coucher avec une fille sans que ce soit vraiment sérieux ?

-Je ne te pensais pas non plus du genre à bécoter mon ex dans mon dos ...

Même lui ne savait pas trop si la phrase était une pique ou une plaisanterie, mais Farhan choisit de le prendre comme une attaque. Ses yeux se plissèrent dangereusement en une expression que Charlie connaissait par cœur. C'était exactement la même qui avait traversé son visage une seconde avant qu'il n'envoie un sortilège de Chauve-Furie sur Lauren McColley.

-Je voulais attendre de savoir ce que c'était avant de t'en parler, cingla Farhan avec froideur. Et ne pense pas que j'ai agi sans réfléchir – sauf une fois ... je me suis autorisé une fois. Mais le reste du temps ... Vraiment, je ne dis pas que j'ai juste fais ça sans te prendre en considération ... j'ai passé des heures à m'interroger sur ce que je faisais, j'en ai perdu du temps je te jure à ça ! Je me suis fait des nœuds dans le cerveau, j'ai ...

-Mais non je t'en veux pas, arrête ! assura précipitamment Charlie, un peu inquiété par le ton virulent de Farhan. Pas vraiment, pas pour ça, enfin je crois ... Tu l'as dit toi-même que tu savais que je peux passer outre le fait que c'était mon ex. Non, ce n'est pas ça le problème ... Je suis juste déstabilisé que tu ne m'aies rien dit, ce n'est pas dans tes habitudes de me cacher des choses !

Il n'était pas certain d'être complètement honnête sur cette dernière phrase mais elle était assez sincère pour que la prononcer ôte un poids non négligeable de ses épaules. Malheureusement, cela n'apaisa en rien Farhan qui ricana amèrement. Il avait replié un genou contre sa poitrine pour venir y poser son front, et Charlie ne savait pas bien si c'était un geste de repli ... ou de retenue.

-Mais je te l'ai caché parce que je suis parfaitement capable de prédire ce qui se passe dans ta tête à ce moment précis ! « Fais attention à toi, je suis sorti avec je sais comment elle est », « je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, elle va te broyer », « Attention elle est difficile à suivre : tu as vraiment besoin de ça en ce moment ? ».

-Et j'aurais eu tort ? Regarde dans quel état ça te met depuis des semaines ! Ne me dis pas que c'est ce que t'a appris Fiona, ça a commencé avant ! C'est ça qui te fait broyer du noir, qui te rend complètement amorphe. C'est ça qui t'a fait mal, pas apprendre qui était Shahrazade.

Farhan détourna vivement la tête, mais ça ne suffit pas à masquer complètement son regard brillant. Comprendre l'origine du mal-être de Farhan soulagea Charlie, mais pas assez pour gommer la frustration. Si j'avais su, j'aurais pu empêcher ça. Le pire dans tout cela, c'était qu'il n'était pas certain de pouvoir blâmer quelqu'un. Joséphine avait-t-elle était consciente qu'elle jouait à un jeu ? Elle avait une perception tellement singulière des choses que le doute était permis ... Traversé par un courant d'énergie nerveuse, Charlie se mit à parcourir la pièce. Définitivement, il aurait préféré être sur la montagne accrochée sur le mur de Nicholas. Des pierres, des arbres, l'humilité de l'Homme face à l'immensité de la nature : il n'y avait que cela qui le rendait vivant.

-Qu'est-ce qui s'est passé, du coup ? s'enquit-t-il en tentant de juguler les traces d'énervement dans sa voix.

-Tu veux vraiment savoir ? douta Farhan avec amertume.

-Arrête de répéter ça. Je préfère ça plutôt que de m'imaginer des choses.

Farhan lui accorda le point en inclina la tête dans un geste teinté de défaitisme. Le ton était laconique lorsqu'il lui raconta comment ils s'étaient rapprochés à Covent Garden autour d'une bière – évènement que Charlie ignorait – comment la tension était montée à chaque cours de Potion – auxquels Charlie ne participaient pas – comment tout avait éclaté dans l'euphorie de la victoire du concours – ce à quoi Charlie n'avait pas assisté. Ça s'est littéralement fait dans mon dos en fait, réalisa-t-il, un brin horrifié en apprenant qu'ils avaient profité de la fête suite au match de Quidditch pour s'isoler ici même, dans la salle de bain, cette même salle de bain dans laquelle il prenait ses douches. Les derniers instants, Charlie pouvaient presque les écrire. Farhan voulait quelque chose que Joséphine n'était manifestement pas capable de lui donner. Tous les espoirs avaient été brisé ... et son cœur en prime.

L'histoire troubla assez Charlie pour qu'il en reste mutique pendant plusieurs minutes, appuyé contre le baldaquin de son lit, une main sur la bouche pour masquer ses lèvres qui ne faisaient que répéter : « c'est quoi ce bazar ... ». Déjà parce qu'il avait l'impression de découvrir tout un pan de son meilleur ami, un pan qu'il connaissait pourtant mais qu'il ne pensait pas si profond. Farhan était loin d'être un intello sage et discret, mais il ne l'aurait jamais cru capable de s'isoler avec une fille dans la salle de bain « juste comme ça ». Non seulement il n'était pas certain d'être à l'aise avec ce trait de personnalité, mais en plus il était vexé qu'il ait pu lui échapper. De plus, Joséphine était peut-être une tempête, mais une tempête entière ... contrairement à ce qu'avait cru Charlie dans un prime abord, elle avait parfaitement eu conscience de jouer. Et quand Joséphine jouait, ce n'était pas pour laisser la victoire lui filer entre les doigts ... En un éclair, il revit l'ombre de mélancolie qui s'était abattue sur son visage lorsqu'il avait évoqué Farhan.

C'est quoi ce bazar ...

-Elle n'a vraiment rien dit de plus ? insista finalement Charlie. Juste « non » ? Pas d'autres explications ?

-Juste qu'elle était perdue ...

-Joséphine est perdue depuis la naissance. Elle a des hauts, des bas, des sauts d'humeurs constants, elle s'éparpille c'est certain. Mais d'habitude ça ne l'empêche pas de ... enfin, de vivre.

-Et tu penses me l'apprendre ? ironisa Farhan avec une pointe d'acidité.

-Non mais je la connais ...

-Moi aussi.

Le ton de Farhan ne semblait souffrir d'aucune réplique qui affirmerait le contraire ou instillerait le moindre doute. Sa confiance surprit quelque peu Charlie. L'histoire qu'il venait d'entendre ne sous-entendait pas le contraire ... ? Quoiqu'il en était, la petite joute verbale jeta un étrange froid dans la pièce et entre eux. Pendant plusieurs secondes, leurs regards vagabondèrent en prenant soin de ne pas se croiser.

-Tu n'aurais vraiment rien dit ? interrogea finalement Farhan du bout des lèvres. Si ça s'était fini autrement ?

Charlie fut troublé par la question. Il ne pouvait pas ignorer la chape de plomb qui s'était abattu sur lui depuis qu'il avait appris toute cette histoires – et il ne pouvait pas non plus mettre ce mal-être sur le dos du silence de Farhan. Non, au fond il ne pouvait pas s'empêcher de trouver la situation embarrassante, peu naturelle. L'idée même d'un couple formé par Joséphine et Farhan restait une idée non seulement abstraite mais qui en plus ne faisait pas vraiment sens dans sa tête. C'était sans doute pour cela qu'il ne ressentait pas nécessairement le moindre sentiment de trahison.

-Je n'en sais rien, avoua-t-il en toute sincérité. C'est bizarre, je ne vais pas te mentir ... Mais je t'ai dit, je suis capable de passer outre le fait que je suis sorti avec. Je ne suis pas près d'oublier que de nous deux, tu es le premier qui l'a remarqué.

-Oh bon sang, tu ne vas pas remettre ça ...

-C'est pourtant vrai.

-Et ça n'a pas la moindre importance. C'était une fascination de gamin, complètement dénué de sens ... Rien à avoir avec maintenant. C'est maintenant que c'était important ...

-Mais peut-être ... que s'il n'y avait rien eu entre Joséphine et moi, ça aurait été plus simple.

Farhan parut soupeser la supposition, songeur. Ses yeux étincelaient toujours, mais de manière plus discrète et son attitude était moins agressive. Non, il s'était de nouveau replié sur lui-même, les genoux serrés contre sa poitrine, le regard perdu au loin.

-Peut-être, concéda Farhan avec une certaine réticence. Peut-être qu'elle ne voulait pas être celle qui se met en travers d'une amitié, que ça a compté ... qu'elle a considéré qu'elle ne pouvait pas te faire ça, aussi. Que finalement ... qu'elle ne pouvait pas passer outre. Qu'on n'en valait pas la peine ... que j'en valais pas la peine.

Les mots résonnèrent tristement en Charlie qui contempla son ami, sa mine triste, mélancolique. Celle de Joséphine se superposa à la sienne et ses entrailles se plombèrent de nouveau. De nouveau, il contempla les photos et paysages idylliques sur le mur de Nicholas. Il étouffait.

-Ecoute, je vais me doucher ..., annonça-t-il finalement. Je suis ... ouvert à la discussion, prêt à te soutenir ... Après, si tu veux arrêter là ... à ta guise.

-Merci.

Farhan avait vraisemblablement répondu machinalement, déjà retourné dans une sorte d'apathie nostalgique. Charlie hésita même à exécuter son idée et resta encore quelques instants à mi-chemin entre lui et la salle de bain. Farhan finit par lui adresser un sourire fatigué.

-Ça va, t'inquiète. Je ... je voulais une réponse, je l'ai et c'est ce que je voulais. Me libérer pour avancer.

La tête de Charlie oscilla avant d'acquiescer. Sans attendre, il se glissa dans la douche, laissant Farhan derrière lui avec la certitude que, loin de libérer, la réponse de Joséphine avait simplement accroché un lourd boulet de plus à sa cheville. Un frisson le parcourut lorsqu'il réalisa que c'était dans cette pièce même qu'ils s'étaient isolé après la victoire de Gryffondor face à Poufsouffle et il se dépêcha d'entrer dans la douche. Pour la première fois depuis des mois, la conscience de son corps nu ne le dérangea pas. D'autres choses hantaient son esprit alors que des trombes d'eaux se déversaient sur lui.

Il n'avait pas eu le courage de le dire à Farhan, mais contrairement à ce qu'il semblait sous-entendre, il connaissait sincèrement Joséphine – et plus particulièrement, ses insécurités. Et sur sa dernière constatation, il ne pouvait avoir plus tort. Ce n'était pas une question de savoir si Farhan en valait la peine ... mais si elle en valait la peine. Mais Joséphine l'avait elle-même exprimé devant les serres de Botanique : toute vérité était-elle bonne à entendre ... ? Farhan avait-il besoin d'entendre celle-là ou ne ferait-elle que remuer le couteau dans la plaie ? Et moi, songea-t-il vertement en labourant son cuir chevelu de shampoing. Est-ce que ça m'a fait du bien t'entendre celle-là ?

La réponse sincère était un grand non.

Quand il revint de la douche, les rideaux de Farhan étaient tirés. Le message était clair. 

***

Et voilà ! Qu'en avez-vous pensez? 

Allez maintenant je vais ressombrer dans le coma - enfin, si j'arrive à respirer. Bisous les enfants ! 

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