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Chapitre 34 : Interrompre la chute

SURPRISE ! 

Oui c'est clairement un putain de craquage. Mais on fête les 600 pages de LDP et le fait que je viens de finir un chapitre en une journée ! (Et en plus c'était un pdv Charlie ! Généralement je suis moins motivée, mais là il s'est écrits relativement tout seul. Et j'ai une petite motivation pour avancer ahah !) 

(En plus les chap 33 et 34 sont relativement courts ... ça me frustrait pour vous 0:) ) 

En plus ça me tenait à cœur que vous ayez les explications de Joséphine qui suivent la scène que vous venez de lire, ça me paraissait important ! Allez, profitez bien de mon craquage et moi je vais aller poser un peu mon cerveau. 

Bonne lecture ! 

***

Cyrano 

Les feuilles ! 

Roxane, levant la tête et regardant au loin, dans les allées

Elles sont d'un blond vénitien 
Regardez-les tomber. 

Cyrano 

Comme elles tombent bien !
Dans ce trajet si court de la branche à la terre,
Comme elles savent mettre une beauté dernière,
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol,
Veulent que cette chute ait la grâce d'un vol !

- Cyrano de Bargerac
Edmond Rostrand

***

Chapitre 34 : Interrompre la chute.

Mardi 5 mars 1991

Clap, clip, clap, quand le ciel se voile, ton gai refrain met du bleu dans le cœur. Clap, clip, clap, giboulée d'étoiles peint l'arc-en-ciel aux couleurs du bonheur ... 

Clap, clip, clap petite pluie d'avril, larme de joie, symphonie de cristal. Clap, clip, clap petite pluie d'avril dans la forêt tu donnes un récital ... 

Et dans ma tête aussi ... heureusement, d'ailleurs. Sinon je deviendrai folle ... 

***

-Abbot, vous ne pouvez pas rester cachée dans mon infirmerie pour toujours ...

Pour toute réponse, Joséphine ramena ses couvertures à son menton et enfonça résolument sa tête dans son oreiller. Comme depuis le début du week-end, elle était affalée dans son lit d'infirmerie, amorphe, sans la moindre volonté de ne serait-ce que poser un orteil sur le carrelage froid de la pièce. Elle ne savait même plus si c'était un problème d'ordre mental ou si son corps la lâchait réellement. Sans doute un peu des deux. Quand Pomfresh avait proposé ce matin qu'elle tente de retourner en cours, l'idée l'avait tellement angoissé qu'elle s'en était remise à vomir.

Là encore, Joséphine voyait dans les yeux de l'infirmière briller la résolution. Elle s'était plantée devant son lit, un poing sur la hanche. Ses cheveux filasse d'un châtain strié d'argent étaient rangés soigneusement dans une coiffe blanche et son nez aquilin qui rendait son visage sévère se fronça devant l'état de la jeune fille.

-Abbot, j'ai retourné le problème dans tous les sens. Vous n'avez pas de fièvre, vous vomissez par intermittence alors même que vous n'avez plus rien dans l'estomac depuis longtemps ... C'est dans votre tête que ça se passe et ça malheureusement ça mes potions n'y peuvent rien. Allez prendre l'air, ça vous fera du bien. Je ne vous demande même pas d'aller en cours, juste de sortir un petit peu ...

-Je préfère rester ici ...

Joséphine reconnut à peine le timbre de sa voix, rauque, broyé. Pomfresh soupira mais n'insista pas et repartit dans son bureau en maugréant contre elle et sa tête de mule. Mais rien ne l'atteint : elle se contenta de regarder le mur d'en face d'un œil qu'elle savait vide et vitreux, avec la vitalité d'une poupée de chiffon.

Mais contrairement à son corps, son esprit, lui, carburait. Elle pensait même qu'il était l'origine de son mal-être. Son esprit vampirisait toute son énergie, fonctionnait tellement qu'il la vidait totalement, ne laissant que des miettes à son corps qui n'était plus capable de la porter. Les images défilaient, refaisait le fil des derniers jours, des événements qui s'étaient enchainés de façon absurde, trop violente pour elle. Elle se revit dans les bras de Tonks et Lauren, puis seule dans la douche, nue, désemparée de se retrouver face à l'objet du crime, puis Farhan au fond du couloir plantant sur elle un regard indécis. Et comme toujours, un gémissement menaça de s'échapper de ses lèvres.

C'est trop pour moi.

Elle continua de fixer le mur dans l'espoir que sa blancheur s'imprègne dans sa rétine et engloutisse son cerveau, que son univers se réduise enfin à ce vide qui lui ouvrait les bras. Ses yeux lui brûlaient, mais elle savait que ce n'était pas tant de fatigue que des larmes qui semblaient continuellement s'accumuler. Elle ignorait depuis quand elle s'échinait ainsi, mais un claquement de porte vint couper sa concentration obstinée.

-Bonjour madame Pomfresh ! lança une voix joyeuse. On vient voir Joséphine !

-Si vous arrivez à la faire sortir de son lit, je vous offre des boites de Chocogrenouilles !

-Ouh ! Tu as entendu, Abbot ? Des boites de Chocogrenouilles sont en jeux ! Alors lève-toi et marche.

Joséphine leva un regard mauvais sur Nymphadora Tonks, qui venait d'apparaître devant son lit, tout sourire avec sa belle chevelure blonde que le soleil faisait étinceler. Derrière elle, Lauren semblait moins intéressée par la promesse de chocolat que par l'état de Joséphine. Elle tira une chaise du lit d'à côté pour s'assoir au chevet de la Serdaigle, la mine inquiète. Tonks la désigna du menton.

-Elle m'a forcée à venir.

-Ça fait quatre jours que tu es ici, fit-t-elle remarquer en se trémoussant. On commençait à se demander quoi ...

Joséphine poussa un profond soupir et fit un effort pour se redresser. Jusque là, sa seule visite avait été Bérénice, si soucieuse que toute sa colère liée au journal semblait avoir disparue. Mais cette petite lumière avait été atténuée par la manie qu'elle avait de vouloir absolument la galvaniser alors qu'elle n'aspirait qu'à dormir. Je t'ai dit que je voulais hiberner O'Neil ... pourquoi tu ne m'as juste pas laisser hiberner ... ? Tu n'aurais pas eu d'autres choix que d'attendre ...

-Vous n'êtes pas obligées de me couver comme des mamans poules ...,

-Loin de moi cette idée, assura Tonks. Je suis juste venue assister à ta déchéance et manger du pop-corn en me glorifiant du spectacle.

-Tonks ! s'indigna Lauren.

Mais l'air nonchalant de la Poufsouffle arracha le premier sourire à Joséphine depuis longtemps. Elle se rendit compte que malgré son état proche de celui d'une larve, elle détestait qu'on la traite comme une petite chose comme avait pu le faire Bérénice ou comme elle le présageait pour Lauren. Non, la rudesse de Pomfresh ou la dérision de Tonks étaient bien plus efficace sur elle.

-Je me doutais. Est-ce la vision de moi affalée en pyjama comme une larve te convient ou tu préfères que je me remette à vomir ?

-Les toilettes sont là-bas, indiqua Tonks, visiblement enthousiaste. Cours !

-Je suis sûre que tu les connais par cœur, te connaissant l'infirmerie doit être sa seconde maison ...

Lauren se frappa le front du plat de la paume face à leur joute verbale et Tonks lâcha un petit ricanement. Sans vergogne, elle s'installa au bout du lit de Joséphine et replia ses jambes en tailleurs. La Serdaigle sortit un pied de ses couvertures et frappa ses grosses chaussures de ses orteils.

-Retire ça, je ne veux pas de boue sur mes draps !

-Vous avez fini, s'agaça Lauren en levant les yeux au ciel. Comment, Jo, comment ça va ? Ton ventre va mieux ?

Instinctivement, Joséphine y croisa ses bras. Ses maux de ventre étaient apparus le lendemain de leurs retenue, venus tout droits des mots que Lauren avait prononcé avec une glaçante conviction.

« Un doigt, c'est un viol »

C'étaient eux le poison qui faisaient tourner son esprit sans discontinuer, qui avait aspiré ses forces. Le venin lui avait acidifié le ventre, comme pour grignoter la partie d'elle qui avait été souillée et elle avait fini par être prise de nausée le week-end. Son premier passage à l'infirmerie et la promesse des potions de sommeil l'avait tranquillisé ... jusqu'à qu'elle sorte dans le couloir pour trouver un œil brun au fond du couloir. Et là, ses entrailles avaient été attaquées au vitriol.

-Je vais tellement mieux que je me prélasse à l'infirmerie, railla Joséphine sans parvenir à produire plus qu'un faible rictus. De véritable vacances ...

-Joséphine ...

La plainte de Lauren effaça le sourire qu'elle avait réussi à se constituer et la ramena quelques jours en arrière dans la salle de retenue. Ses doigts se crispèrent sur les draps et elle détourna les yeux, mâchoires serrées. De nouveau, le marasme de sentiment lui enserra la poitrine et elle replia ses jambes contre elle. Autour d'elle, elle sentit l'atmosphère se tendre. Lauren posa une main timide sur son épaule.

-Désolée d'insister ... mais avec ce qui s'est passé, on s'est dit ...

-Tu t'es dit ..., rectifia Tonks l'air de rien.

-... qu'on n'allait pas juste te laisser ... comme ça, en refermant la porte après que la bombabouze ait explosé ...

-Appréciable, la coupa Joséphine. Mais je refuse toujours le mode « maman poule ». Quoi de neuf en dehors des murs accueillants de l'infirmerie ?

Tonks et Lauren échangèrent un petit regard. Cette fois, même la flamboyante Poufsouffle ne trouva pas de traits d'humour à lancer. Ses épaules se voûtèrent et elle se trouva une fascination certaine pour le plafond.

-C'est ... aussi pour ça qu'on est venues, avoua Lauren du bout des lèvres. On n'a pas pu s'empêcher de remarquer que .... Farhan n'a pas l'air dans son assiette.

Joséphine aurait voulu rester de marbre à la nouvelle, se constituer un masque parfait d'indifférence et de neutralité. Mais son corps était vide de toute volonté, complètement coupé de ses désirs. Tout se fendilla si rapidement qu'elle sentit à peine la brûlure de la larme. Elle l'essuya du plat de sa paume mais pas assez vite : Lauren lâcha un « Oh » peiné et Tonks murmura :

-Oui, on s'en doutait un peu ...

-Je suis tellement désolée ... désolée ...

Ces mots-là aussi tournaient en boucle dans sa tête, se percutaient contre sa boite crânienne comme s'ils espéraient la briser, en jaillir pour virevolter autour de Farhan. Cette fois, Lauren sauta de sa chaise pour s'assoir à côté d'elle et passer un bras autour de ses épaules en une prise douce qui rappela douloureusement à Joséphine l'étreinte absurde de la retenue.

-Oh, arrête ... qu'est-ce qui s'est passé ... ?

Ce n'étaient pas leurs affaires. C'était celle de Joséphine, son histoire avec Farhan, l'histoire qu'elle avait gardé comme une flamme intérieure au fond d'elle, et qui à présent mourrait à petit feu ... peut-être était-ce dans l'espoir de la sauver, de souffler sur les braises, son corps ignora de nouveau sa volonté pour s'activer seul. Ses lèvres s'ouvrirent, remuèrent sans qu'elle en entende aucun son, mais elle observa les réactions de Tonks et Lauren face à elle. Leurs deux visages s'assombrirent et un éclat de colère brilla même dans celui de la Poufsouffle. Pourtant quand elle prit la parole, ce fut pour dire :

-Je pense que tu as pris la bonne décision.

Joséphine se fendit d'un rire amer.

-Pas étonnant de ta part. Je doute que tu aurais apprécié que je sorte avec le premier gars que tu as embrassé ...

-Il t'a raconté ça ?!

-Tonks, la tança de nouveau Lauren en pointant un index sur elle. On reviendra un jour sur cette information ô combien croustillante mais je doute que ce soit le moment ... (Elle pressa doucement le bras de Joséphine). Tu es sûre de toi ... ?

Joséphine acquiesça sans hésiter. C'était à la fois la décision la plus dure et la plus limpide qu'elle n'avait jamais pris de sa vie. C'était trop pour elle. Il attendait qu'elle le porte, depuis le début. C'était pour cela qu'il lui déléguait volontiers l'enquête sur ses parents, c'était pour cela qu'il l'avait suivi dans la salle de bain ... Farhan avait besoin de quelqu'un qui le soutienne, qui lui fasse oublier l'espace d'un instant que sa vie partait dans tous les sens.

Elle ne pouvait pas être cette personne. Pas maintenant. A peine avait-elle pris conscience de cela qu'elle s'était sentie tanguer.

Mais Lauren paraissait dubitative. Elle hésita quelques secondes, sa tête oscillant à droite à gauche avant de déclarer :

-Tu sais ... Farhan est l'un des esprits les plus bienveillants et les plus ouverts que je n'ai jamais rencontré ...

-Merci de retourner le couteau dans la plaie ...

-Pardon, ce n'est pas pour ça que je dis ça ... Juste ... je suis certaine que si tu lui avais expliqué ... Il aurait été là pour toi ...

Joséphine s'attendait à un argument de ce genre et ne put s'empêcher d'éclater d'un rire qui lui écharpa la gorge. C'était un son tellement crispant que même Tonks en frémit.

-Oh mais ça aurait été parfait comme début de relation ! ironisa-t-elle, trop consciente des pleurs qui rendaient sa voix étouffée. « Au fait, je viens d'apprendre que j'ai été violée ! J'en suis brisée depuis des années sans m'en rendre compte, est-ce que tu peux me recoller s'il te plait ? ».

Les larmes avaient profité de son éclat pour s'échapper et rouler sur ses joues. De nouveau, elle les écrasa sous sa paume d'un geste rageur. Quelque part dans son esprit embrouillé, elle nota que c'était la première fois qu'elle prononçait les mots « j'ai été violée » à voix haute. Ça ne lui donna aucun sentiment de triomphe, de paix ou d'acceptation. Au contraire, la nausée recommença à poindre et elle la refoula en plantant ses ongles dans ses paumes. La piqûre de douleur détourna son attention comme un éclair salvateur.

-Ce n'est pas à lui de me recoller, poursuivit-t-elle résolument. Je dois le faire toute seule ...

-Tu as essayé de gérer ça toute seule depuis des années et on ne peut pas dire que ça ait été un franc succès ... En ne mettant pas de mots de ce qui s'est passé, tu t'es complètement déréglée ...

Joséphine ferma les yeux, frappée par les mots de Lauren. Encore une fois, elle avait le don pour pointer avec une clairvoyance fascinante la vérité. Depuis la retenue, Joséphine se refaisait le fil de sa vie qu'elle percevait à présent sous un prisme différent. Ses crises de rage inexpliquées, son rapport complexe avec son corps ... Elle s'était mise à reconsidérer son couple avec Charlie avec ces lunettes déformantes – et elle lui apparaissait à présent comme misérable.

-Laisse la faire les choses à son rythme, la défendit Tonks avec sévérité. Ça ne fait qu'une semaine qu'elle doit vivre avec ça, moi je comprends que ce soit compliqué d'intégrer Farhan dans cette situation ... C'est déjà assez difficile à assimiler, non ?

Lauren et Joséphine contemplèrent toutes les deux Tonks avec une certaine stupeur qui parut l'agacer :

-Mais qu'est-ce que vous croyez, je ne suis pas sans cœur ! Franchement ça doit être atroce comme situation. Je comprends que tu vomisses tes tripes. Et que tu aies mis un vent à mon meilleur ami.

-Ce n'était ... vraiment pas de gaieté de cœur, assura Joséphine, la gorge serrée. Vraiment ...

Non, vraiment pas. A dire vrai, elle avait eu l'impression de plutôt s'arracher le cœur, simplement en prononçant un mot de trois lettres. « Non ». Elle était retournée à l'infirmerie qu'elle venait à peine de quitter, ses jambes la soutenant à peine et s'était effondrée en pleurs dans le lit qu'elle occupait depuis. Madame Pomfresh n'avait pas eu le cœur à la renvoyer dans sa tour.

C'était la goutte de trop venue d'ajouter au reste et depuis elle ne pouvait se défaire de l'idée qu'elle venait de passer à côté de sa vie.

-On en doute pas, dit Lauren en caressant de nouveau son bras. Je dis juste ... Vraiment, il aurait compris ...

-Non. Enfin, si sans doute tu as raison, il aurait compris, se serait inquiété, plié en quatre ... et je n'ai pas besoin de ça. Et surtout, lui n'a pas besoin de ça. C'est déjà assez compliqué ...

Elle se mordit méchamment l'intérieur de la joue pour s'interrompre. Ni Lauren, ni Tonks n'étaient au courant des tourments qui agitaient Farhan depuis quelques mois et ce n'était certainement pas à elle de les mettre au courant. Un goût de cendre se répandit dans sa bouche lorsqu'elle réalisa qu'elle venait également de faire une croix sur cette histoire. Elle avait été à l'origine de la quête de Farhan et Maya ... maintenant, comme tout le reste, elle lui filait entre les doigts.

-Il n'a pas besoin de que je complique sa vie, conclut-t-elle finalement.

-Peut-être que dans quelques semaines si tu te sens mieux, vous pourrez ...

-Non ! Non, Lauren, arrête, je ne vais pas exiger qu'il attende, je ne vais pas commencer à l'obliger à se tordre à mes caprices, à s'adapter à moi ... Non, c'est tout. C'est mieux comme ça ...

L'incertitude, ça les bouffe de l'intérieur, souffla de nouveau Charlie à son oreille. Ça avait été son argument final, le dernier coup de marteau qui avait fait trembler son être. Elle ne pouvait pas exiger qu'il l'attende. Elle ne voulait pas être un poison de plus dans la vie de Farhan O'Neil.

-Ecoute, je pense que tu as eu raison, la rassura Tonks d'une voix étrangement douce. Vraiment, tout tes arguments sont bons. Ça aurait gâché ce que vous avez, construit votre relation sur ça ... je ne sais pas si c'était très sain. Et ... j'apprécie sincèrement que tu le fasses en partie pour Farhan. Ça prouve comment tu tiens à lui ...

-Et c'est moi qui retourne le couteau dans la plaie, soupira Lauren, l'air mortifiée pendant que Joséphine retenait ses larmes. Et d'accord, vous avez raison. Peut-être que ça n'aurait pas été sain d'impliquer Farhan là-dedans, que tu as besoin de t'y retrouver toute seule ... Mais est-ce que tu peux juste cesser de te voir comme un problème ?

-Tu plaisantes j'espère ? renifla Joséphine avec dépit. Ce n'est pas pour rien qu'on m'appelle « la tempête » ... je sème littéralement la désolation.

-C'est bien de l'admettre ... Aïe !

Tonks venait de recevoir en pleine figure un oreiller vertement jeté par Lauren. Dans un autre contexte, cela aurait amusé Joséphine qui se serait engouffré dans la brèche pour se moquer de la jeune fille à présent rouge de confusion, tant que ses cheveux également commençaient à s'empourprer. Elle brandit à son tour l'oreiller d'un air menaçant.

-Je plaisantais ! promit-t-elle, un brin mortifiée. Et elle a besoin qu'on plaisante, arrête de la couver ! Tu la confortes comme victime !

-Mais c'est une victime ! (Elle darda ses grands yeux verts d'eau sur Joséphine). Tu es une victime, pas un problème. Vraiment il faut que tu te sortes cette idée de la tête. Tu te dévalorises avec ça ... pire, tu te déshumanises. Tu es humaine, tu as subi certaines choses et tes sentiments sont parfaitement légitimes, d'accord ? Vraiment, rentre-toi ça dans le crâne. Tu n'es pas un problème.

La conviction profonde qui faisait vibrer la voix de Lauren avait quelque chose d'émouvant et Joséphine eut la certitude qu'elle aussi, à un moment de sa vie, avait eu besoin de se marteler cette phrase. Une vague de compassion monta dans sa poitrine comme une douce couverture qui couvrit le reste. Et c'était un sacré exploit : la diatribe de Lauren avait réveillé en elle ses démons qui murmuraient insidieusement à son oreille.

Tu es broyée ...

Tu sèmes la tempête dans les vies ...

Il était parfait et tu l'as brisé ...

Tu es cassée ...

Tu es passée à côté de ta vie ... ton potentiel est gâché ... papa avait raison.

Ses mains se mirent à trembler et elle referma son poing pour le masquer. Celle de Lauren couvrit ses jointures blanchies.

-Vraiment, tu as le droit de ... je n'en sais rien, hurler, vomir, se planquer dans l'infirmerie ... c'est naturel. Mais ce n'est pas non plus l'état que tu mérites. Ce n'est pas non plus la vie que tu mérites ...

-Maintenant qu'on a trouvé le nœud, peut-être que tu pourras trouver un nouveau souffle, proposa Tonks avec prudence.

-Je devrais voir ça comme une opportunité, c'est ça ?

Tonks rentra la tête dans les épaules, une mine contrite peinte sur le visage qui ne suffit pas à adoucir Joséphine. Comme régulièrement, les images de ce qui s'était passé dans le vestiaire de Quidditch trois ans plus tôt tentèrent de se frayer un chemin dans son esprit. Le souffle chaud de Morgan lui chatouilla la joue, sa peau la picota là où ses mains l'avaient parcouru ... et de nouveau, la nausée s'épris d'elle, proche de lui faire rendre le peu que Madame Pomfresh avait réussi à lui faire ingurgiter. Elle pressa discrètement la main contre son ventre. Elle aurait voulu s'arracher cette partie de son corps. Elle avait tenté, dans la douche, griffant sa peau au plus proche de son intimité dans un excès de rage, dans l'espoir que la brûlure des plaies supplanterait le souvenir des mains de Morgan. Mais comme tout, ça avait été vain. Tout ce qu'elle avait, c'étaient des cicatrices de plus.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire, se défendit Tonks avec plus de bienveillance. Pardon, je n'imagine même pas ce que tu dois vivre ... Ce que je voulais simplement souligner, c'est que maintenant que tu as identifié le mal, tu vas pouvoir l'arracher. Et j'admire le fait que tu veuilles te « recoller » toute seule, c'est courageux.

Joséphine considéra Tonks et chercha une trace de moquerie ou de scepticisme sur son visage mais il n'y en avait aucune. Non, la Poufsouffle paraissait plutôt chagrinée. Ses épaules étaient voûtées, ses doigts tripotaient nerveusement un bracelet sur son poignet mais surtout, ses cheveux avaient pris une couleur terne, d'un châtain souris loin de sa flamboyance habituelle.

-Mais tu n'es pas obligée d'être complètement seule, ajouta Lauren avec un sourire. Quand le tribunal populaire s'est déchainé contre moi, tu m'as dit que si tu pouvais foutre le bordel je ne devais pas hésiter. Alors foutre le bordel ce n'est pas ma spécialité, mais surtout ce n'est pas ce dont tu as besoin, mais je vais quand même te rendre la pareille. N'hésite pas.

Elle serra les doigts de Joséphine comme pour faire ancrer physiquement le message. En réponse à cette proposition, son corps agit naturellement en sécrétant des larmes, visiblement touché, même si son esprit continuait d'être rebouté par cette idée. Mais comme le lien semblait coupé, il ne parvenait pas à exprimer son scepticisme.

-En fait, j'ai un peu peur que tu te renfermes et que tu te laisses un peu couler par cette histoire, avoua Lauren face à son silence mouillé de larme.

-Je n'ai pas envie de couler, réagit Joséphine d'une voix atone. Vraiment ... vraiment, vous ne savez pas ce que c'est d'être littéralement en chute libre, depuis des années, de n'avoir quelques rares occasions où vous avez quelque chose à vous raccrocher, qui arrêtent temporairement l'inéluctable mais ça s'effrite, ça s'effrite tellement vite et je me remets toujours, toujours à tomber, tomber encore c'est épuisant ... épuisant ...

Essuyer les larmes n'avait désormais plus de sens, tant elles inondaient ses joues. Elle se contenta de plaquer une main sur son visage en espérant que ça les masquerait, mais dans la foulée ce fut son corps complet qui se mit à trembler. Lauren resserra sa prise sur elle et même Tonks s'avança quelque peu pour allonger le bras et venir poser la main sur son genou.

-Oh mais Jo ...

-Désolée ...

-Ne t'excuse pas, arrête. Vraiment arrête de croire que tu ne peux pas vivre autre chose, que tu ne cesseras jamais de tomber ... On peut arrêter la chute, d'accord ? Tu peux le faire. On va t'aider à trouver comment ...

Lauren s'interrompit quelques secondes avant de poursuivre d'un ton plus timide :

-Il y a la sortie à Pré-au-Lard samedi par exemple ... Si tu veux on ira ensemble. Ça te changera les idées ...

-Pardon ? se récria Tonks.

-Oh ça va toi ! Tu veux la laisser comme ça ?

-Lauren !

L'exaspération avait cassé toute l'émotivité de la voix de Joséphine. Elle sécha ses pleurs qui s'étaient taris, frotta sa mâchoire si contractée qu'elle en était douloureuse. L'attitude de Lauren lui rappelait celle de Bérénice : elle avait la sensation qu'elles voulaient l'envelopper dans une couverture pour la préserver des dangers du monde ... et d'elle-même. Ses paroles sur la chute résonnèrent dans sa tête et elle fut forcée d'admettre qu'il y avait derrière un message de désespoir et de détresse inquiétant. Pas étonnant qu'elle ne veuille pas me laisser seule, elle doit avoir peur que je veuille vraiment me jeter de ma tour... que je stoppe la chute en m'écrasant au sol. Joséphine réussit à se mobiliser pour réfléchir au discours de Lauren, à la meilleure façon de stopper la chute, pas simplement pour la faire cesser mais parce qu'elle le méritait. Parce que ce n'était pas une vie et qu'elle pouvait en reprendre le cours si elle trouvait l'entrée du labyrinthe ... mais le chemin demeurait masqué à son regard toujours brouillé.

-Très bien, céda-t-elle finalement dans un souffle. Mais à une condition. Par pitié, Tonks a raison : arrête de me couver. Vraiment.

Lauren eut un sourire coupable. Elle garda un bras enroulé autour de son épaule mais la prise se fit plus lâche, moins pesante et Joséphine l'accepta mieux.

-Enfin « on » ... (Tonks balança son pouce par-dessus son épaule). On ne pourrait pas plutôt demander à quelqu'un de compétent ?

Joséphine et Lauren suivirent la direction indiquée. Une verrière opaque donnait sur le bureau de Madame Pomfresh dont la silhouette s'activait et depuis leur parvenait le claquement des bulles à la surface d'une potion et une vague odeur de réglisse qui n'était pas des plus désagréable. Les larmes de Joséphine se figèrent et cette fois elle trouva la force pour s'arracher de leur prise.

-Vous êtes sérieuses ?

-Tu ne dois certainement pas être la première à avoir subi cela, fit remarquer Tonks. Elle a dû en voir ...

-C'est clair, confirma Lauren en hochant la tête. On sous-estime Pomfresh : elle m'a vraiment aidé l'année dernière quand je posais des questions sur moi, que je pensais être « dérangée » parce que j'aimais les filles. C'est la première qui m'a dit que c'était parfaitement normale ... peut-être que tu as besoin aussi d'entendre ça d'une personne qui effectivement est compétente.

L'argument atteint sa cible. Joséphine s'était beaucoup construite face au regard des autres, une vision qu'elle avait fini par intérioriser jusqu'à ce s'en imprégner toute entière. Tous les adultes de son entourage – parents, professeurs – lui avait répété qu'elle gâchait son potentiel, ses camardes que quelque chose ne tournait pas rond en elle ... et elle l'avait cru. Peut-être que si une personne d'autorité la rassurait, l'image qu'elle se faisait d'elle changerait ... D'un geste compulsif, Joséphine resserra les doigts sur le camé qui pendait continuellement sur son sternum et donna son consentement d'un simple hochement de tête.

Elle voulait désespérément interrompre la chute.

***

-Passe-moi les pommes-de-terres.

-Tu n'as pas des amis à aller embêter ?

-Vous êtes de plus agréables compagnies, mesdemoiselles.

-Arrête de draguer, Fawley.

La pique d'Aidan McColley arracha un petit rire à Bérénice. En face d'elle, Maya ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel dans un geste quelque peu méprisant. Pourtant, le Capitaine était installé à plus d'un mètre d'écart avec ses camarades de septième année, mais Maya avait remarqué les regards qu'il glissait régulièrement sur leur discussion. Thomas Fawley plissa les paupières face à Aidan.

-Ce n'est pas de la drague, c'est juste un fait objectif. Mais tu peux continuer à le prétendre pour amuser la galerie, si tu veux.

Il prit une gorgée de jus de citrouille pour signifier la fin de la conversation, le front plissé par la contrariété. Maya était en grande discussion avec lui lorsqu'ils étaient remontés de leur double-cours de Botanique et il s'était assis avec elles pour le repas. Bérénice en avait été passablement ennuyée, mais résignée. Maya réajusta son hijab et ignora la bande de garçon à côté. Elle n'avait strictement rien contre Aidan, mais les camarades de septième année qui l'accompagnait faisait parti de ceux qui l'avaient le plus dévisager en début d'année.

-Elisa n'est pas là ? interrogea Bérénice. J'avais quelque chose à lui demander pour les rondes de fin de semaines ...

-Je t'ai déjà dit que j'acceptais de prendre ta ronde de vendredi, soupira Thomas, l'air dépité.

-Mais c'est pour finir les devoirs de Métamorphose, je ne voudrais pas prendre ton temps de travail ... Alors ?

Aidan secoua la tête. Il glissa sur le banc pour se rapprocher d'eux et se retrouva à côté de Bérénice dont les pommettes rosirent joliment. Maya s'efforça de ne pas souffler. Ce n'est à toi de juger, ce n'est pas à toi de juger ...

-Non, elle a préféré aller réviser notre examen de runes anciennes. Et vous, dites-moi : quelqu'un aurait vu Joséphine ? Je l'ai cherché toute la matinée mais elle semble encore sécher ...

-Elle est malade ...

-Encore ? s'étonna Aidan, visiblement un peu choqué par la nouvelle. Mais qu'est-ce qu'elle a, cette fois ? Il faut qu'on reprenne nos entrainements ...

-Et bien il va falloir faire sans elle, elle est toujours à l'infirmerie, trancha Bérénice avec un peu plus de fermeté. Je suis allée la voir hier, elle n'est vraiment pas bien, je pense que ce serait bien que tu la laisses un peu tranquille cette semaine.

Maya apprécia le regard plein de défi que lança Bérénice à Aidan et qui tranchait avec ses joues toujours roses. Le Capitaine ne chercha même pas à discuter et hocha longuement la tête, même si cela paraissait le contrarier.

-D'accord, de toute manière ça n'urge pas ... Mais pour une fois qu'on joue la victoire, ce serait bien qu'on coiffe tout le monde au poteau.

Il jeta un regard par-dessus son épaule vers les Gryffondor derrière eux. Maya ne put s'empêcher de le suivre. A quelques mètres, Charlie Weasley déjeunait et exécutait de grands mouvements de bras face à un Farhan quelque peu blasé. Il soutenait sa tête de son poing et avait repoussé son assiette. De ce que pouvait estimer Maya depuis sa position, elle n'était qu'à moitié entamée ...

-O'Neil a l'air déprimé, remarqua justement Aidan. Il était bizarre en Potion ce matin, il ne l'a même pas terminée ... Juste après le concours, Rogue ne l'a pas loupé. Je pense qu'il va passer le reste de l'année à lui faire payer de l'avoir gagné ...

Le cœur de Maya chuta dans sa poitrine et elle fixa plus franchement son regard sur Farhan. Oui, son frère avait triste mine : il semblait fatigué, le regard dans le vague, les lèvres affreusement immobiles malgré la bonne humeur de Charlie devant lui. Quelle nouvelle avaient pu lui parvenir pour qu'il soit dans cet état ... ? Sa tante lui avait-elle envoyé un signe ? Le Ministère ? Les hypothèses tournèrent dans son esprit au point de l'acidifier.

Aidan s'était écarté depuis longtemps qu'elle observait toujours Farhan, cherchant un indice dans sa posture, dans ses gestes mais il semblait surtout amorphe. La seule chose qui parvint à éveiller son intérêt fut l'arrivée d'un hibou, mais ce fut le moment que choisit Thomas pour lui planter son coude dans ses côtes.

-Alors Maya ? On a un béguin de l'autre côté de la Grande Salle ?

-Quoi ? réagit-t-elle vivement, dégoûtée. Mais pas du tout, c'est mon frère !

Elle eut besoin du regard écarquillé de Bérénice pour réaliser la portée de ses mots. Incrédule d'avoir laissé échapper un tel cri, elle posa une main sur sa bouche. C'était la première fois qu'elle admettait cette parenté à une personne extérieure à l'enquête, si on exceptait ses parents à qui elle avait envoyé une lettre ... et cela avait jailli avec tellement de naturel. Sous ses doigts, un sourire se dessina. C'était qu'elle commençait à prendre ses marques ...

Thomas parut indifférent à l'agitation. Il se contenta d'avoir l'air vaguement gêné et leva une main pour s'excuser.

-Oh, pardon ! Je ne savais que tu avais un frère ici ...

-Garde-le pour toi, c'est une histoire compliquée, exigea Bérénice. On est encore en train de la dénouer ...

-Si tant est qu'on y arrive un jour, déplora Maya en abaissant sa main. Vu la tête de Farhan, ça craint ...

Elle picora dans son assiette, le cœur serré. A côté d'elle, elle sentit que Thomas interrogeait silencieusement Bérénice et elle finit par autoriser son amie à expliquer d'un hochement de tête. Elle n'avait pas la force de se replonger dans son histoire sordide. Elle caressa le tissu qui couvrait sa gorge d'un geste distrait. Les dernières nouvelles qu'elle avait eue, ce témoignage du guérisseur qui lui avait sauvé la vie, l'avait marqué.

-Quelle histoire, lâcha Thomas quand Bérénice se tut. Oh mais quel enfer, ma petite Maya ... Mon père travaille au réseau des Cheminées, tu veux que je vois s'il ne peut pas faire jouer des contacts ?

-Est-ce qu'il le ferait vraiment ? douta Bérénice. Parce que mon père, c'est hors de question qu'il trahisse les dossiers du Ministère ...

-On va se débrouiller, confirma Maya en s'efforçant de sourire. On a encore quelques pistes ... les dernières que je me laisse, je pense ...

Bérénice papillonna des yeux et allongea le bras pour renfermer ses doigts sur le poignet de Maya.

-Tu es sûre ... ? Tu veux vivre sans savoir ... ?

Maya prit une profonde inspiration, à moitié exaspérée. Elle avait vécu toute sa vie avec cet immense trou noir dans sa vie et elle l'avait parfaitement géré. Elle n'avait manqué ni d'équilibre ni d'affection, elle s'était construite autour de lui en prenant soin de ne jamais risquer d'y tituber. Maintenant qu'elle y était plongée la tête la première, elle détestait la sensation. Elle avait l'impression de chuter avec une chandelle, d'éclairer par intermittence des pans de sa vie – un nom, un visage, un fait – avant d'être à nouveau aspirée par le gouffre. Quatre mois à ce rythme et elle était déjà éreintée. Il fallait cesser la chute.

-J'ai envie de me reconstruire, d'apprécier ce que j'ai, fit-t-elle calmement valoir. Pas de courir après des fantômes que je ne pourrais même pas attraper. C'est épuisant, je vais finir par me noyer, je n'en peux plus d'aller de déception en déception. Alors je vais juste arrêter les frais. J'ai déjà récupéré Farhan, c'est énorme et on gâche nos instants à faire des recherches qui n'aboutissent pas. Il est temps qu'on se retrouve vraiment.

-Tu es incroyable, assura Thomas, l'air impressionné. Je ne suis pas à ta place, mais je pense que je n'arriverais pas à juste admettre que je ne sais pas. Mais je ne suis pas allé à Serdaigle pour rien : je ne supporte pas de ne pas savoir.

Bérénice lui jeta un regard de biais et Maya sut pertinemment ce qui venait de lui traverser l'esprit. Elle non plus ne supportait pas l'ignorance. L'anecdote du journal de Joséphine était la preuve flagrante de l'absence de limite de sa curiosité. Bérénice voulait savoir ; quitte à se faire mal. Au contraire, Maya avait un degré de résistance à la douleur beaucoup moindre que celui de son amie. La situation était déjà trop pénible pour elle. Ses parents l'avaient à peine reconnue pendant les vacances, ses notes avaient chutées et pire que tous des cauchemars l'assaillaient parfois, mélanges de songes et d'éclats du passé dont elle ne savait rien démêler d'autre que « Shahrazade ». Elle ferma les yeux, frustrée. Avant de clore le dossier, elle aimerait mettre une identité sur ce nom – et pour le bien de l'humanité, Farhan avait intérêt à avoir tort. Il était hors de question que son seul souvenir soit le nom de leur chat.

-J'ai écris une lettre au guérisseur qui m'a sauvé, enchérit-t-elle pour éloigner le sujet de sa décision qui, elle le savait, allait forcément être discutée. Je pourrais t'emprunter Magnus pour l'envoyer ?

-Magnus est tout à toi, assura Bérénice avec un sourire. Mais Athéna a déjà été à Ste-Mangouste, elle ira peut-être plus vite ... je demanderai à Joséphine, je pense que je vais aller la voir après manger.

-C'est bien que tu lui reparles.

Le sourire de Bérénice se fit confus et elle préféra tordre ses lèvres pour le faire disparaître. La communication avait été difficile entre les deux sœurs depuis l'affaire du journal, la rancœur de Bérénice restait forte et pourtant dès qu'elles avaient su que Joséphine avait été à l'infirmerie, elle s'était précipitée, anxieuse. C'était certainement la force du lien filial que de passer d'un extrême à l'autre. Avec un pincement au cœur, Maya songea qu'elle n'avait en rien expérimenter cet aspect. Farhan était adorable, l'aidait volontiers pour ses devoirs et elle avait grandement apprécié ses conseils sur sa façon de gérer les BUSE, mais tout cela restait très limité comme relation – d'une linéarité presque ennuyeuse. Autour d'eux, le spectre de l'incertitude flottait sans cesse, les paralyser et les condamner à l'inertie. Elle voulait le briser.

-Je viendrai peut-être avec toi, elle me manque, avoua Maya.

-C'est clair que c'est triste la salle commune sans elle, renchérit Thomas avec une moue. Même si la plupart du temps elle ne dit rien, c'est toujours agréable de savoir qu'elle est quelque part prête à mettre un peu d'animation, d'une manière ou d'une autre. Et puis c'est la seule qui ose s'élever contre Strettins.

-Aidan aussi le fait ..., lança Bérénice avec un flegme feint.

Maya lui donna un coup de pied sous la table sans pouvoir s'en empêcher. Bérénice grimaça, mais Thomas ne capta rien et essuya un petit rire.

-McColley ? Tu veux rire, c'est son petit soldat. D'ailleurs, tu ferais bien d'arrêter de rêver, Abbot. Il est fou d'elle.

Cette fois, Bérénice s'empourpra véritablement, à la plus grande satisfaction de Maya. Elle était presque heureuse de ne pas être la seule à avoir remarqué que le comportement de son amie changeait radicalement à l'approche du Capitaine.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? protesta-t-elle vertement, les joues écarlates.

-Que tu baves littéralement dessus depuis des semaines et que, sincèrement, ça commence à être un peu gênant. C'est normal d'avoir des béguins – pour être parfaitement honnête j'en ai eu un sur Mel Selwyn, de Serpentard – mais il faut savoir ne pas espérer et contrôler pour que ça ne reste justement qu'une vague fascination. Mais toi, on dirait presque que tu espères quelque chose. Je dis ça pour toi ...

Et avec une telle nonchalance et indifférence que Maya le crut sur parole. L'air furieux de Bérénice était presque risible et elle chercha son regard en soutiens. Mais tout ce que Maya put lui fournir ce fut un pauvre sourire.

-Il a une copine, Berry.

-Mais je sais qu'il a une copine ! siffla-t-elle entre ses dents. Vous vous faites des illusions, je ne ressens rien du tout pour Aidan !

-Ouh, la menteuse, chantonna doucement Thomas.

Bérénice parut sur le point de lui jeter son jus de citrouille à la figure, mais cet énervement n'était qu'un aveu silencieux – et Thomas l'interpréta comme tel.

-Et encore une fois c'est parfaitement naturel. Aidan est le parfait mec pour ça. Plutôt mignon, plutôt sympa, plutôt propre sur lui ... et un peu lisse, on peut facilement projeter ses espérances sur lui je suppose.

-Toi non plus tu n'aurais pas le béguin ? grinça Bérénice.

-Ouh ! Tu essaies de m'avoir en m'attaquant sur mon orientation sexuelle ? Comme c'est classe et original ! Mais navré de te décevoir, Abbot, je suis définitivement plus sensible au charme féminin.

Bérénice parut mortifiée par l'attaque et refusa visiblement de s'enfoncer plus dans le bourbier créer par Thomas. Elle coupa court à la conversation en annonçant qu'elle allait visiter sa sœur et fila, sa queue de cheval oscillant furieusement sur ses épaules. Maya secoua doucement la tête, moitié amusée moitié dépitée par la réaction d'orgueil de Bérénice. Thomas lui, avait ricané, visiblement fier d'avoir eu le dernier mot et Maya cingla subtilement :

-Melania Selwyn, donc ?

Thomas s'étrangla avec son yaourt et garda beaucoup trop sa cuillère en bouche pour que Maya puisse espérer une réponse – et c'était bien dans ses intentions. Dans ce genre de joute verbale qui appelait à l'orgueil et à la volonté d'écraser l'autre, elle aimait bien que personne ne ressorte complètement vainqueur. Satisfaite, elle quitta à son tour la table et s'en fut dans l'allée centrale avec un petit sourire.

-Maya, attends !

Maya s'immobilisa immédiatement au cri et fit volte-face si vite que Farhan faillit la percuter en tentant de la rattraper. Il se stabilisa en s'accrochant à son épaule, visiblement un peu surpris du mouvement.

-Ouh la !

-Ça va ? s'inquiéta sincèrement Maya.

Ce n'était pas tant pour son vacillement que pour son état général qui, de près, était plus inquiétant. La pâleur lui donnait le teint gris, mais il s'efforça de sourire courageusement à la question de sa sœur.

-Oh ? Moyen ... des ... problèmes avec mon père, les inhalations, tout ça ... Il est tout seul à la boutique ... bref, ce n'est pas grave.

Maya s'en voulut de se sentir soulagée à la justification qu'invoquait Farhan. Il ne s'agit pas de l'enquête sur leur passé alors ; simplement des soucis de santé de Nolan O'Neil, chroniques depuis plusieurs mois. Mais la façon dont ils se répercutaient physiquement sur Farhan conforta Maya dans sa décision. Il était tant d'interrompre leur chute. Mais visiblement, elle attendrait : son frère lui tendit un morceau de parchemin. Maya le saisit, un peu perplexe et découvrit un sceau décacheté de mauvaise cire verte. Plutôt que se plonger dans la lecture, elle interrogea Farhan du regard. Il se mordit la lèvre inférieure.

-C'est ma tante Fiona ... Elle est rentrée de son voyage en Israël.

-En Palestine occupée, rectifia immédiatement Maya avec sévérité.

-Oui, pardon ... enfin bref, elle est rentrée.

Il fallut quelques secondes pour que Maya réalise ce qui se cachait derrière le retour de Fiona O'Neil au pays. Et lorsque ce fut le cas, ses doigts chiffonnèrent machinalement la lettre dans son poing. Dans son cœur, l'espoir ne pouvait s'empêcher de battre.

-Et ... alors ... ?

-Alors elle vient nous voir à Pré-au-Lard samedi ... parce qu'apparemment, elle a trouvé des choses. 

***

Voilààà ! J'espère que vous avez apprécié le craquage ! 

Alors maintenant je vous laisse sur ce suspens que je vous laisse ! A dans deux semaines les enfants <3 

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