Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 31 : Le poison de l'attente


Hello les amis <3 

Je suis désolée du retard mais finalement hier soir je n'ai pas eu le temps et quand j'ai enfin pu reprendre ma relecture je m'endormais littéralement sur mon ordinateur so ... Désolée mon sommeil est sacré ahah ! 

Mais me voilà, la première chose que j'ai fait en me réveillant est d'attraper mon ordi pour vous livrer le chapitre ! Je prends le temps maintenant parce que je m'envole pour Lisbonne bientôt (oui j'ai trois semaines hyper chargées ... Août sera plus calme !). J'espère que vos vacances à vous se passent bien ! 

Bonne lecture <3 

***

L'attente est capricieuse, légère, crédule ; puis à l'épreuve, elle devient difficile, dédaigneuse ; elle ne trouve jamais la perfection qu'elle avait imaginée, parce qu'elle ne savait pas au juste ce qu'elle désirait, et fait payer sans pitié les douces faveurs qu'elle avait accordées sans raison.


- Louis Joseph Mabire 
Le dictionnaire des maximes 

***

Chapitre 31 : Le poison de l'attente.


Mercredi 27 février 1991

Fort bien. Alors pour une fois Joséphine, après quelques jours à être oisive, on va essayer d'être rationnelle.

Qu'est-ce qu'on fait avec Farhan O'Neil ?

- Ce que je veux égoïstement : l'embrasser. Découvrir qui étaient ses parents, qui était Shahrazade. L'embrasser encore. Le regarder faire une Potion. Caresser ses cheveux, j'adore leur texture. L'entendre parler arabe, franchement ça m'a fait quelque chose. Allez plus loin. Découvrir à quel point il n'est PAS le petit garçon sage qu'il semble être. C'est les lunettes ça O'Neil, ça trompe tout le monde. Mais maintenant ça ne me trompe plus.

= OK on ne va pas se mentir, ça va ressembler à une relation de couple. Mettons les mots et soufflons.

- Ce qui me bloque : CHARLIE. Il n'a pas besoin de la tempête dans sa vie en ce moment. CHARLIE. Qu'est-ce qu'il veut vraiment lui ? Est-ce que je suis une distraction pour décompresser de ses problèmes, ou plus ? CHARLIE. Est-ce que moi je suis sérieuse dans ma démarche ou dans deux semaines le soufflé sera retombé ?

Oh bon sang il faut que j'arrête avec cet argument. Ça fait des semaines que je me le répète et au final comment ça a fini ? Dans la salle des bains de Gryffondor ! Et ça ne m'a pas du tout rassasié, bien au contraire. Rien ne me rassasie. Plus je le vois, plus j'en veux.

Je relis ce qui me bloque. Beaucoup d'insécurité au final. Ce qui s'est passé avec Charlie, ça m'a fait peur. J'ai eu l'impression de le détruire, de me dénaturer ... je n'ai pas envie de revivre ça. Mais peut-être que comme maintenant j'en ai conscience, ça se passera mieux ... ?

Les intentions de Farhan. Pas un garçon sage, c'est vrai mais quelqu'un d'honnête. Il me dira ce qu'il en est.

Reste Charlie. J'avoue avec tout ce qui a pu se passer j'ai un peu peur de sa réaction. Et à la fois je me dis que s'il est le SEUL obstacle ... on peut passer outre.

Non ?

***

-Mais tu n'as pas encore de nouvelle ?

Charlie fixa Farhan d'un air inquisiteur, profitant du fait que McGonagall venait de passer dans son dos pour observer le travail des tables derrière lui. Son ami semblait déterminer à rester concentré sur la pointe de sa baguette qui s'élevait pour transformer son eau en animal. Les gouttes se recomposèrent et se solidifièrent en une chouette claire, encore trop fluide et translucide pour qu'elle fasse véritablement illusion. Farhan claqua la langue d'un air agacé et l'eau vint tranquillement reprendre son état originel dans son bol.

-Tu me déconcentres !

-Parce tu ne veux pas me répondre ! Elle est arrivée quand à Jéricho, ta tante ?

Farhan lui jeta un bref regard avant le river de nouveau sur son bol d'eau. Le voyage de sa tante l'avait mis sur les nerfs. A moins que ce n'était l'attente du dossier médical de Maya. Ou simplement que son esprit n'était plus occupé par le concours de Potion et donc à nouveau ronger par les questionnements. Quoiqu'il en était, la félicité de la victoire pour la bourse n'avait pas duré longtemps pour Farhan. Rarement Charlie l'avait vu aussi tendu, sur la défensive, replié sur lui-même.

-Hier, finit-t-il par répondre du bout des lèvres. Elle a passé deux ou trois jours à Jérusalem avant, les Portoloins internationaux sont tous centralisés là-bas et elle a dû s'enregistrer au Bureau local ... Mais je n'aurais pas de nouvelles avant son retour, de toute façon. Ça m'étonnerait même qu'elle en trouve.

-Ne sois pas aussi défaitiste. Là-bas au moins elle n'aura pas des hypothèses, elle aura du concret. Et même si ça ne nous avance pas sur la façon dont tes parents sont morts ... bien peut-être que les connaîtra mieux, eux. Et que ça te fera du bien.

Les épaules de Farhan se décrispèrent imperceptiblement et un sourire penaud effleura ses lèvres. D'un geste mécanique, il repoussa ses lunettes sur son crâne et se frotta les yeux de ses paumes.

-Hum. Peut-être. Parce que jusque là, leur donner une existence ça n'a pas ... (Il s'interrompit, comme si les mots lui manquaient et finit par poursuivre sur une autre voie). Heureusement qu'il y a Maya, sérieux ...

-Elle est adorable. Et a l'air de s'en vouloir chaque jour que Dieu fait d'avoir oublié ton anniversaire. Tu sais c'est quand le sien ?

-Avril ? hasarda Farhan avec un sourire plus prononcé. Tu fais bien de me le rappeler, tiens, ça veut dire que je dois acheter un cadeau ...

-On ira, à la sortie de Pré-au-Lard. Je t'apprendrai à être un bon grand frère. Règle numéro une : jamais quelque chose qui peut se retourner contre toi. Comme un ballon. Ou une flûte.

Cette fois, le rire de Farhan se fit plus franc et arracha un sourire soulagé à Charlie. Avec la morosité de son ami, il avait la désagréable impression qu'un mur s'était abattu entre eux. Farhan parlait moins, s'intéressait moins au monde et Charlie sentait cette absence peser sur son quotidien. Ça lui avait fait prendre conscience notamment de combien il s'était appuyé sur lui pendant des années. Maintenant que Farhan ne devait – fort normalement – ne penser qu'à lui, Charlie avait l'impression que son existence vacillait quelque peu. Il s'était alors efforcé de prendre ses rôles à cœur – Capitaine et préfet – de ne plus le faire peser sur Farhan. C'était ennuyeux d'organiser les rondes ou de codifier les séances, mais il le faisait avec application.

-Je prends note, assura Farhan d'un ton plus joyeux. De toute manière je pensais à quelque chose de simple, je n'ai pas forcément les moyens cette année ...

-Ton père ... ?

-... Refuse de lever le pied et va finir encore à l'hôpital mais ça ce n'est pas nouveau. C'est têtu comme tout, un Irlandais. Mais j'ai envoyé une lettre à Elvezia pour qu'elle le surveille ...

-Elvezia ?

-Oui, pardon. Madame Guipure. Sa boutique est juste en face. Fiona m'a dit qu'elle l'aidait pas mal, elle lui prépare des repas, passe régulièrement ... (Une mine à mi-chemin entre l'amusement et le dégoût se peignit sur son visage). Je me suis demandé depuis quand ça durait, tiens ... Même si parfois s'ils passaient pas ... de la cuisine au lit.

Charlie s'étrangla avec sa salive devant l'image crue, si bien qu'il finit par se noyer dans une quinte de toux. Farhan lui donna des faibles tapes dans le dos, plus par soucis d'éviter l'attention de McGonagall que de calmer Charlie.

-Mais enfin ! haleta-t-il, hors d'haleine.

-Hé ! C'est une vraie question que je me pose ! Il n'a jamais eu personne, depuis que je suis petit – depuis plus de douze ans ! Je n'y avais jamais réfléchi mais ... maintenant, ça me semble bizarre.

-Il était trop occupé à élever un petit palestinien, il n'avait le temps pour les rencontres, articula Charlie, une main sur sa gorge meurtrie. Sérieux la prochaine fois évite de me mettre ce genre d'image en tête alors que je me trouve à moins de dix mètres de Minerva McGonagall, j'ai un standing à tenir.

Farhan, sorti de sa rêverie par la déclaration plus terre à terre de Charlie, dressa un sourcil.

-Je t'ai déjà dit que ta quête d'approbation constante de McGonagall était inquiétante ?

-Fais attention, voilà que tu te mets à parler comme Joséphine ...

Après un instant de silence presque figé, Farhan poussa un profond soupir et s'affala à moitié sur la table, sa joue appuyée contre son poing et les yeux vrillé sur son bol d'eau qui ondulait sous son souffle.

-Parfois, elle ne dit pas que tes bêtises ..., fit timidement valoir Farhan.

-Oh je ne dis pas contraire mais elle est ...

Un grand fracas noya la fin de sa phrase et ils se retournèrent vivement pour voir Tonks se dressée, l'uniforme et la pointe de ses cheveux mauves trempés pour tempêter :

-Abbot !

-... ingérable, acheva Charlie, mortifié.

Malgré la colère manifeste de la Poufsouffle quelques tables devant elle, Joséphine resta de marbre. Les restes de son bol gisaient à terre et sa baguette était encore à moitié levée, figée dans le sort qu'elle venait vraisemblablement de jeter. Sous son air impassible, ses pommettes commençaient à rougir.

-Calme-toi, c'est un accident.

-Bien sûr ! éructa Tonks, hors d'elle. J'ai reçu toute ton eau, mais c'était un accident !

C'était possible, Tonks se situait en diagonale directe de Joséphine et la Serdaigle n'était pas connu pour sa fiabilité en terme de magie. Simplement, l'aversion que se portaient les deux jeunes filles étaient assez connue pour que le doute soit permis, y compris dans l'esprit de Charlie. Il l'écarta vite en remarquant le flamboiement des iris de Joséphine. Ce n'était pas dans son genre de nier. En revanche, ça l'était complètement de vriller face à ce qu'elle considérait comme une injustice. Et cela ne manqua pas :

-Bien oui, c'était un accident. C'est si difficile à croire, Nymphadora ?

L'usage du prénom parut complètement faire suffoquer Tonks, dont les cheveux passèrent au rouge cramoisi en une fraction de seconde. Elle fit un pas en avant, la baguette à la main, ce qui obligea McGonagall à se redresser de l'autre côté de la salle.

-Tonks ! siffla-t-elle vivement. Tonks, rasseyez-vous !

-Attendez, je me retrouve couverte d'eau et je dois m'asseoir ? s'indigna Tonks. Professeur, c'est elle qui me provoque !

-Nom d'un farfadet, souffla Farhan derrière Charlie.

Charlie aurait voulu l'approuver. Il avait l'impression d'assister à une catastrophe inéluctable, mais qui se déroulait bien trop rapidement pour qu'il ne songe ne serait-ce qu'à intervenir. Tonks eut tout juste le temps de désigner Joséphine d'un mouvement de la main que celle-ci se dressait sur ses pieds à son tour. Le mouvement de sa baguette fut presque invisible tant il fut rapide, mais Charlie entendit en revanche distinctement le sort qu'elle prononça :

-Aguamenti !

Le filet d'eau qui jaillit de sa baguette était si puissant qu'il tenait plus du geyser et beaucoup s'écartèrent avec des cris de surprises lorsqu'ils furent aspergés. Mais celle qui se retrouva trempée jusqu'aux os fut Tonks, complètement engloutie dans des gerbes d'eau qui la prenait au visage et qui tentait maladroitement de se protéger de ses bras.

-Là, je le fais exprès, cingla froidement Joséphine. Tu saisis la différence ?

Charlie doutait que Tonks n'ait pu entendre un traite mot. En revanche, elle leva instinctivement sa baguette et éclair rouge vint frapper le bureau de Joséphine qui s'écarta d'un bond. Dans sa déconcentration, le geyser s'était éteint, une seconde avant que McGonagall ne surgisse entre elles, furibonde. Sans attendre, elle les désarma sans un mot et d'un geste souple les deux jeunes filles et celle de Tonks faillit frapper Aidan McColley en plein front si celui-ci ne s'était pas brusquement baissé. Joséphine réagit elle à peine lorsque sa baguette lui échappa des mains et se contenta de gonfler ses joues, son regard furieux planté sur Tonks par-dessus la présence de leur professeure.

-Mais enfin assez ! s'écria McGonagall, le cou marbré de rouge. Vous avez quel âge toutes les deux, enfin ? Même mes premières années ne se comportent pas de façon aussi puérile !

-Mais professeur, elle ...

Le regard ardent du professeur étouffa les protestations dans la gorge de Tonks. La jeune fille parut réaliser alors que sa défense ajoutait à l'immaturité de la scène et rentra sa tête dans ses épaules. Elle était trempée, avec des mèches rouges qui collaient à ses tempes et une marre d'eau qui se formait à ses pieds. McGonagall évalua son état à travers ses lunettes rectangulaires qui lui donnait un air si sévère, puis posa un œil sur les affaires trempées des élèves alentours et sur le bureau fumant de Joséphine. La vision de ses narines frémissante arracha un frisson à Charlie.

-Une retenue, toutes les deux, décréta-t-elle finalement. N'essayez même pas de protester Tonks, prévint-t-elle sèchement lorsque la Poufsouffle ouvrit la bouche. On n'a pas idée de jeter un maléfice comme ça à l'aveugle, vous auriez pu atteindre l'un de vos camarades ! C'était irresponsable de votre part.

Le regard de Tonks brillait, mais elle se refusa à laisser couler les larmes. Ou alors peut-être s'étaient-t-elles fondues, invisibles, dans les gouttes qui clairsemait déjà son visage pâle.

-Vous avez raison professeur, articula-t-elle finalement d'une voix rauque. Je suis désolée.

-Les excuses à posteriori ne servent à rien si le mal est déjà fait, rétorqua McGonagall. Rappelez-vous de cela quand vous serez Auror.

Elle tapota la tête de Tonks de la pointe de sa baguette et ses vêtements et cheveux séchèrent en une fraction de seconde. A la fois courroucée et honteuse, la Poufsouffle se rassit roidement sur sa chaise, évitant les regards que la classe curieuse dardait sur elle.

-Je vous attends mardi soir, à mon bureau, conclut McGonagall en se détournant, impassible. Je trouverai bien quelque chose pour vous occuper ... Abbot, avant de prendre la porte avec fracas comme vous savez si bien le faire, épongez-moi toute cette eau.

Charlie se retourna pour constater que Joséphine avait effectivement hissé son sac sur ses genoux, prête à bondir de sa chaise et à s'enfuir furieusement comme toute tempête qui se respectait. Figée en plein mouvement, le pied avancé prêt à partir, elle finit par se lever avec plus de lenteur qu'elle ne l'avait prévu, les yeux rivés sur McGonagall qui elle l'ignorait, retournée à son rôle de professeur. Elle ramassa sa baguette qui avait sauté près de la porte, murmura la formule : toute l'eau fut aspirée par le sort jusqu'à qu'il ne reste plus une goutte. Là, McGonagall daigna accorder un regard à Joséphine qui se fendit d'une révérence ouvertement provocatrice avant de faire volte-face et de refermer la porte bruyamment derrière elle.

-Là-dessus, elle ne nous déçoit jamais, murmura McGonagall avec cynisme.

-Oh la la ..., souffla Charlie, une main dans les cheveux. C'est pas vrai ...

Il contempla la table de Joséphine, hébété. Le coin fumait toujours après l'impact du maléfice de Tonks et celle-ci y jetait régulièrement un coup d'œil avec l'ombre du remord sur son visage.

-Elle allait mieux, bon sang, elle allait vraiment bien en ce moment, gronda Charlie en se retournant. Ils vont réussir à la refaire vriller c'est pas possible ...

Farhan coula un regard de coin sur lui. Depuis les premiers éclats de voix, Charlie l'avait senti se raidir, s'enfoncer dans sa bulle pour se préserver de la dispute. Pas une seule fois il ne s'était retourné et là encore il s'abstint de commentaire. Charlie ne s'y attarda pas : c'était dans les habitudes de Farhan de ne pas juger, de ne pas prendre position. Et quand bien même il comprenait la rage de Tonks quand elle s'était trouvée asperger sans raison, il ne pouvait s'empêcher de se sentir frustré pour Joséphine. Depuis quelques semaines, il avait presque eu l'impression de retrouver la fille qu'il avait tant apprécié, cette personnalité flamboyante qui l'avait tant tenté. Sa victoire au Quidditch, puis celle au concours de Potion dans le sillage de Farhan l'avait complètement fait renaître de ses cendres. Il espérait simplement que l'incident – et la retenue – ne briserait pas son irrésistible dynamisme.

Le cours s'acheva dans la tension : les élèves murmuraient beaucoup, fustigeaient le comportement de Joséphine ou se moquaient du raté de Tonks. La sensation d'étouffement grandit dans la poitrine de Charlie et il décida très vite, dès le moment de la sonnerie, qu'il était tant pour lui d'aller prendre un grand bol d'air.

-Je vais chez Hagrid, annonça-t-il à Farhan alors qu'ils rangeaient leurs affaires. Tu viens ?

-J'ai pas mal de devoir en retard ... et tu n'as une séance de Quidditch dans une heure ?

Par la barbe de Merlin, jura-t-il intérieurement en se composant un visage neutre.

-Je sais, mentit-t-il. Je voulais juste souffler un peu avant d'y aller.

Farhan lui adressa un sourire désabusé mais ne releva pas ce mensonge éhonté. Ils sortirent silencieusement de la salle. Charlie jeta un dernier regard derrière son épaule pour constater que McGonagall était en grande conversation avec Lauren et qu'une fumée noire s'élevait toujours de la table de Joséphine. Tonks, elle, s'était dépêchée de disparaître dès la sonnerie.

-Je ne sais pas ce que c'était comme maléfice mais heureusement qu'elle s'est manquée, évalua-t-il dans le couloir. Imagine ça transparait dans le dossier qu'elle va monter pour sa candidature ...

-Charlie, soupira Farhan.

Il se frotta la tempe, l'air de chercher ses mots mais il fut coupé dans son élan par l'éclat triomphale d'une voix féminine.

-AH ! Tu vois qu'ils avaient Métamorphose, je te l'avais dit que ce n'était pas Sortilège !

-Que veux-tu, moi j'ai une sœur qui sèche tout le temps alors j'ai renoncé à apprendre son emploi du temps !

Les voix obligèrent Charlie et Farhan à échanger un regard avant de faire volte-face. Le sac accroché à l'épaule, Maya et Bérénice remontaient l'allée d'un pas vif, à moitié en courant. Le cœur de Charlie manqua un battement lorsqu'il remarqua le parchemin dans la main de la sœur de Farhan. Il ouvrit largement les bras pour accueillir les filles avec soulagement.

-Vous tombez à point nommé ! On a besoin de bonnes nouvelles.

-Je ne sais pas si elles seront bonnes, tempéra immédiatement Maya en s'immobilisant à leur hauteur. Mais Athéna est revenue, en tout cas.

-C'était quoi Athéna déjà ?

La question s'adressait à Farhan, mais l'apparition de sa sœur semblait l'avoir complètement paralysé. Il regardait alternativement le rouleau de parchemin et le visage de Maya, la main toujours vrillée sur sa tempe. Face à son mutisme, la jeune fille choisit de poursuivre.

-J'avoue que j'ai oublié quel hibou a été envoyé à qui ... Mais en tout cas, ça c'est pour toi. Il y a ton nom dessus.

Elle lui tendit de façon insistante et face à son impatience manifeste, Farhan finit par céder. Abandonnant son sac et ses affaires contre le mur, il saisit la lettre et s'éloigna de quelques pas pour lire, Maya sur ses talons, à moitié se dressant sur la pointe des pieds pour apercevoir un morceau. A côté de Charlie, Bérénice se trémoussait, les bras croisés sur son ventre. Pour tromper l'appréhension, elle observa le couloir qui se vidait des derniers élèves de septième année. Dernière à quitter la salle, Lauren leur avait adressé un signe de main, observé Maya et Farhan d'un œil perplexe avant de tourner à l'angle.

-Ma sœur est déjà partie ? s'enquit Bérénice d'un ton prudent.

-Elle a eu ... un petit incident avec une fille de Poufsouffle. Rien de grave, assura-t-il quand Bérénice écarquilla les yeux. Juste une retenue, la routine.

-Fantastique ... Alors ?

Farhan venait de relever la tête en leur direction, les sourcils froncés. Il repoussa de nouveau ses lunettes dans ses cheveux et passa la lettre à Maya qui s'en empara d'une main fébrile.

-C'est l'ami de mon père, celui qui travaille à Ste-Mangouste. Il m'explique qu'il existe des archives mais son éthique professionnelle lui interdit de nous transmettre juste simplement le document ...

-On ne peut pas toujours avoir une Joséphine qui nous vole les rapports, fit remarquer Maya avec un semblant de sourire.

-J'en reviens toujours pas qu'elle ait fait ça ..., bougonna Bérénice. Mais il y a quelque chose quand même ?

-Oui. (Il leva la main où il tenait encore deux papiers froissés). Des photos, celles des blessures de Maya juste après les soins.

-« J'ai quand même pu retrouver le guérisseur qui s'est occupée d'elle, assez miraculeusement parce qu'on n'avait que le prénom de la petite », lut Maya, les yeux écarquillés. « Il a été assez marqué par l'affaire et l'anormalité des blessures ... elle avait perdu beaucoup de sang, les Aurors ont tenté de la soigner sur le terrain pour lui permettre de rejoindre Ste-Mangouste en vie ... Blessure très inhabituelle, même encore maintenant il n'arrive pas à savoir à quel sortilège c'est dû, mais c'est indubitablement de la magie ... ».

-Vraiment ? s'étonna Charlie.

Son regard passa brièvement sur la gorge de Maya, cette fois couverte par son hijab. Mais il visualisait parfaitement les cicatrices, les larges blafardes pâle sur sa peau, leur irrégularité et pourtant si symétriques ... Bérénice lui jeta un regard teinté d'avertissement, mais Maya répondit, perplexe :

-Euh ... oui. C'est pour ça qu'ils ont eu un mal fou à refermer, d'après ce que je lis. Certainement pour ça aussi que j'ai de si grosses cicatrices ... ça fait quelques semaines que je me demande pourquoi je les ai alors que la magie peut faire des miracles et qu'ils avaient certainement quelque chose pour atténuer les marques. Au moins j'ai une réponse sur ça.

-Mais sur rien d'autre ? comprit Bérénice, déçue.

Les lèvres de Maya se pincèrent et elle échangea un regard peiné avec Farhan avant de secouer la tête.

-Non, rien d'autres ... De la magie puissante, inédite pour le guérisseur mais il précise ensuite que c'est normal, ça arrivait souvent avec les Mangemorts et la magie noire. Ils se sont retrouvés plein de fois face à des blessures qu'ils n'avaient jamais vues ... (Elle retourna la lettre avec un sourire chagriné) et la plupart du temps ça se finissait mal ... mais lui a refusé de laisser mourir une enfant.

L'émotion avait enroué la voix de Maya et elle porta les doigts à son cou, caressant les cicatrices à travers son hijab. Bérénice avait plaqué une main contre sa bouche, mais ce fut Farhan qui agit le premier en enlaçant doucement Maya. La jeune fille laissa aller sa tête contre son épaule, le poing refermé au creux de sa gorge.

-Est-ce que tu peux essayer d'avoir son nom ? demanda-t-elle d'un ton étranglé. Que je puisse le remercier de m'avoir sauvé la vie ...

-Je fais ça tout de suite, promit-t-il avec douceur.

-Mais ça fait peu, murmura Charlie, plus pour lui-même.

La déception lui crevait la peau. C'était lui qui avait eu cette idée de piste, lui qui avait proposé à un Farhan sceptique d'envoyer cette lettre pour avoir le dossier médical de Maya, persuadé que la nature des blessures pourrait leur donner une piste. Mais une nouvelle fois, cela débouchait sur un trou noir, un nouveau dans lequel Farhan et Maya pourraient se noyer. Son ami avait toujours refusé d'entreprendre ces recherches, justement par peur qu'elles ne débouchent sur rien malgré les efforts, qu'il n'en ressorte plus de douleur que de réponse. C'était exactement ce qui était en train de se passer. Ils déterraient des os, sans pouvoir un seul instant recomposer le squelette. Et Charlie s'en voulait d'avoir participé à cela.

-Peut-être, mais on va continuer de chercher, assura Maya avec détermination, les yeux luisants. Je veux des réponses, maintenant. Et j'en démords pas : je veux savoir qui était Shahrazade.

-La réponse viendra sans doute de Fiona pour le coup, détermina Farhan avant de lui tendre les photos. Tu les veux ?

Maya leur jeta un regard dégoûté et secoua la tête. Si ce n'était rien d'autre que les images de ses fraiches cicatrices, Charlie comprenait qu'elle ne souhaite pas les mettre sur sa table de chevet. En revanche, lui, ne pouvait pas en détacher ses yeux.

-Je peux regarder ou ça dérange ?

Ça paraissait plus les surprendre que les déranger et Farhan finit par lui tendre les photos avec perplexité. Le cliché était vraiment centré sur la gorge et l'épaule de Maya, dont on comprenait bien qu'elle était une enfant. L'unique chose qui bougeait était l'ondulation des boucles sombres en arrière-plan, mais ça n'occultait en rien la vision d'horreur que constituait les plaies rougies sur sa peau tendre. Charlie se frotta la tempe. Plus il les regardait, plus il avait l'impression de visualiser les griffes d'un animal capable de provoquer de tels sévisses.

-Je vais aller finir mon devoir de Botanique, annonça finalement Maya avant d'ajouter d'une voix timide à l'adresse de Farhan : tu veux venir ?

La supplique implicite était limpide et Farhan saisit immédiatement son sac pour suivre sa sœur dans les corridors, une main vissée à son épaule. Charlie avait la nette impression qu'ils se raccrochaient tous les deux à ce contact, à leur présence : ces recherches n'étaient pas vaines. Au moins, ils s'avaient l'un et l'autre et Charlie savait que Farhan réalisait à quel point c'était inestimable. Bérénice leur emboita le bas, les lèvres pincées en annonçant qu'elle allait jouer aux échecs.

Charlie se retrouva seul dans le couloir, des photos morbides dans les doigts, tiraillé. Sans trop l'avoir décidé, il sortit du château et dévala la pente. Il pensait aller chez Hagrid, mais au dernier moment il bifurqua vers les serres de Botanique, complètement désertées en cette heure de pause. Il aperçut simplement l'ombre du professeur Chourave, un cache-oreille sur la tête, sans doute occupée à rempoter des Mandragores avant de descendre cette fois en direction du terrain de Quidditch. Cette fois, il fut récompensé et un petit sourire retroussa ses lèvres.

-J'étais à moitié certain de te trouver ici.

Joséphine sursauta en entendant sa voix et écarta vivement la cigarette de ses lèvres. Assise à mi-hauteur sur les gradins, elle s'était débarrassée de sa cape et de son écharpe qui gisaient à quelques mètres, comme si elle les avait jetés de rage. Les abandonnant à leur sort, elle bondit sur ses pieds et s'éloigna rapidement avec un grand geste d'agacement.

-Oh non, Weasley ! Tu me laisses tranquille ! Surtout si c'est pour me parler de ce qui vient de se passer, je suis assez énervée comme ça !

-Ce n'était pas pour ...

-Alors qu'est-ce qu'il y a ?!

Le ton presque acerbe dans la voix de Joséphine atteint douloureusement Charlie qui s'immobilisa sur les escaliers, la mâchoire contractée. Face à l'humeur orageuse de la jeune fille, il hésita presque à repartir, mais le poids des photos au bout de sa main parvinrent à le clouer sur place.

-Alors tu vas te calmer tout de suite, annonça-t-il d'un ton ferme qu'il pouvait utiliser avec ses frères. Je sais qu'on a pu avoir des frictions ces derniers temps, mais je pense aussi qu'on était en bonne voie pour passer par-dessus tout ça, en assez bonne voie pour que tu aies compris que je ne suis pas ton ennemi. Je m'en fiche que tu fumes, c'est ta vie et je sais que tu n'as pas fait exprès de renverser ton verre d'eau sur Tonks. C'est bon, on peut parler maintenant ?

Joséphine le lorgna longuement, l'air circonspect. Elle resta coite, mais ne poursuivit pas sa fuite et Charlie choisit de retenir ce dernier fait. Il enjamba les bancs pour se rapprocher d'elle, rassurée de constater qu'elle restait malgré tout campée sur sa position, à le toiser.

-Ta chouette est revenue avec la réponse du guérisseur. C'est pour ça que je suis là.

Les épaules de Joséphine se détendirent de façon si brusque que Charlie crut que c'était tout son corps qui lâchait, qu'elle allait être aspirée par la gravité. Mais l'impression passa aussi vite qu'elle était apparue et elle se redressa vite, l'air moins agressif.

-Hum. D'accord. Qu'est-ce qu'il a dit du coup ?

D'un geste à la fois machinal mais dont elle avait conscience de la portée provocatrice, elle tira une longue bouffée de cigarette sans bouger d'un pouce. A la fois blasée, mais content d'avoir son attention, Charlie acheva de la rejoindre. Elle s'était en fait perchée sur les bancs, jouissant d'une position de hauteur qui devait la faire paraître puissante.

-En vrai, c'est affreusement décevant. Je pense que ça les a plus déprimés qu'autre chose, pour être honnête. La seule chose que ça acte, c'est que les blessures de Maya sont d'origine magique ...

Joséphine leva les sourcils face au ton sceptique de Charlie.

-Mais tu n'es pas d'accord avec cette analyse ? devina-t-elle.

-Bof.

-Alors que tu n'es pas guérisseur et que tu n'étais pas là au moment des faits ?

Les traces d'ironie dans le ton de Joséphine hérissèrent Charlie. D'un geste brusque, il lui tendit les clichés qu'il tenait toujours dans sa main.

-Tiens. Regarde-moi ça et dis-moi sincèrement ce que tu en penses.

Joséphine s'en saisit avec nonchalance et Charlie expia un petit soupir lorsque le papier lui glissa des droits, avec l'impression qu'ils y laissaient une brûlure désagréable. Le nez froncé par le dégoût, la Serdaigle examina néanmoins la photo avec attention. Lentement, il fit la réflexion se déploya dans ses iris noisettes, matérialisée par une avancée lente sur le banc et l'abaissement progressif de la main qui tenait sa cigarette. Charlie réprima un sourire. Ce n'était pas difficile de combattre le tabagisme de Joséphine : il suffisait juste d'occuper son esprit. C'était peut-être la première chose qu'il avait compris la concernant.

-Qu'est-ce que je suis censée voir ? cingla-t-elle finalement sans lâcher l'image des yeux.

-Dis-moi ce que tu vois, c'est tout.

Joséphine abaissa la photo pour river ses yeux sur Charlie. Elle s'était immobilisée et ils se retrouvaient au même niveau, séparés de la hauteur du banc sur lequel elle était perchée.

-On en a déjà parlé, se souvint-t-elle, les sourcils froncés. D'accord, ça ressemble à des griffes. Il y a des animaux magiques, non ?

-Oui mais la magie leur est propre ils ne ... enfin ils ne l'exportent pas, tu vois ce que je veux dire ? Elle reste intrinsèque à leur capacité. Dans une blessure infligée par une créature, on retrouvera peut-être des substances magiques ou du poison, mais pas de la magie elle-même. Ça, c'est réservé aux sorciers ... parce que nous, on a la baguette.

-Alors tu t'es trompé, conclut Joséphine avec un haussement d'épaule. Il faut l'accepter, Weasley, ça arrive.

-Jo, s'il te plait ... regarde encore.

Pendant un instant, il crut qu'elle allait simplement lui renvoyer ses clichés à la figure tant elle semblait exaspérée par l'injonction. Pourtant, elle se replongea docilement dans la contemplation de l'image avec un simple soupir. Charlie resta statique, suspendu à son jugement. Ça lui semblait presque idiot de se sentir aussi dépendant des conclusions de Joséphine, idiot mais nécessaire. Si une personne validait ses impressions, alors il pourrait se sentir légitime et poursuivre dans cette voie. Le masque sceptique de Joséphine se morcela peu à peu et Charlie sentit sa poitrine s'ouvrir de soulagement.

-C'est des marques étranges pour une blessure magique, admit-t-elle en lui rendant les photos. Mais je ne suis pas guérisseuse, Charlie, pas plus que toi. On ne peut pas remettre en question les affirmations de quelqu'un qui l'est. Et de toute manière, qu'est-ce que ça changerait qu'une créature magique ait été impliqué, que ce soit ça qui ait blessé Maya ? Les Mangemorts les utilisaient, c'est connu. Mon père m'a raconté quand j'étais petite qu'il avait démonté un réseau qui menait à un élevage de dragon que les Mangemorts voulait infiltrer, ils étaient à deux doigts de s'emparer d'un Vert Gallois. Il était spécialisé dans ce genre de ...

Elle se stoppa net et leurs regards s'aimantèrent mécaniquement. Le triomphe qui grandissait dans la poitrine de Charlie menaçait de lui briser les côtes pour exploser.

-Ton père, qui a participé à l'opération du La Mon House Hôtel, était spécialiste en créature magique ?

-Ça mérite qu'on s'y attarde, concéda Joséphine.

Elle se laissa glisser avec souplesse pour s'asseoir sur le banc et réagit à peine lorsque Charlie prit position à côté d'elle. Il rangea soigneusement les photos dans sa poche pour ne plus souffrir de leur vue et écouta attentivement la jeune fille qui expliquait :

-A part l'anecdote du Vert Gallois, je n'ai pas trop d'information de ce en quoi consistait ses missions, c'est quelqu'un de secret qui préfère mourir plutôt que de trahir sa profession ... Mais je sais qu'il était pas mal sollicité dans ce domaine parce que c'était l'un des rares à avoir pris l'option, Brûlopot m'a déjà dit qu'il l'avait eu en cours. Je ne suis pas sûre que ce soit la carrière qu'il avait envisagée, mais il a surtout été utilisé comme ça au début de sa vie chez les Aurors. Pas mal de mission à Azkaban notamment ...

Charlie grimaça au nom de la sinistre prison. Pas étonnant que l'homme soit si taciturne s'il avait trop fréquenté les Détraqueurs ... Mais ce fut un autre nom qui sonna dans son esprit et amena des connexions dignes d'être prononcées.

-Brûlopot ... C'est à lui qu'on devrait demander ! Le guérisseur était peut-être fort en médicomagie, mais sans doute pas en créature. Moi je m'y connais un peu, mais rien à voir avec lui, c'est un puit de savoir à ce sujet ...

Le regard moqueur de Joséphine l'empêcha de s'épancher davantage sur l'admiration qu'il avait de son professeur. Néanmoins, elle hocha la tête d'un air plus convaincue.

-On peut faire ça effectivement, ça ne sert à rien de spéculer sans avoir de certitude. Parles-en à Farhan ce soir et peut-être que demain après le cours on pourra ...

-Non.

Le mot était lâchement si durement que Joséphine sursauta, les yeux écarquillés. Elle s'écarta un peu sur le banc et contempla Charlie avec incrédulité.

-Pardon ?

-Non, insista Charlie, sûr de lui. Non, on ne leur dit rien tant qu'on n'a pas de concret. L'incertitude, ça les bouffe de l'intérieur, Jo. Et là on nage quand même en plein brouillard, il faut l'admettre. Toutes les pistes qu'on suit amène jusque là au mieux quelques réponses, mais surtout beaucoup de question. Celle-ci risque de ne pas être plus heureuse ... Alors tant qu'on ne sait pas précisément ce qu'il en est, on ne dit rien.

-Euh ... très bien, céda Joséphine, un peu perplexe. Mais ... pourquoi tu m'en parles à moi ?

Charlie papillonna les yeux, assez surpris tant par l'acceptation rapide de la jeune fille que par la question qui suivait. Le temps de formuler une pensée cohérente, il ramena ses cheveux en un chignon lâche à l'arrière de son crâne. Ils commençaient à avoir une si belle longueur qu'ils balayaient ses épaules.

-Je crois que ... j'avais besoin de quelqu'un qui pourrait confirmer mes impressions. Je ne veux pas insister sur ça avec eux et ... tu as eu d'assez bons instincts pour l'instant concernant cette affaire. C'est toi qui as quasiment tout retrouvé. La ressemblance, le dossier de ton père, la signature ... Quelque part, je me suis dit que si tu avais un doute alors on pouvait se permettre de creuser.

Les mots lui étaient venus au fur et à mesure que sa langue se déliait, sans forcément guidé par son cerveau. C'était l'expression de ce coup de tête de chercher un peu inconsciemment Joséphine, d'abord aux serres près desquelles elle se posait souvent, pour écrire ou pour fumer, puis au terrain de Quidditch dont elle appréciait les hauteurs. Avoir une confirmation, d'un esprit radicalement différent du sien et pourtant souvent si efficace. Et surtout, surtout, ne pas déranger Maya et Farhan qui croulaient déjà sous le poids de cette histoire. Il revoyait le visage fermé de son ami, sa position de repli qu'il percevait parfois, les épaules voûtées, le regard dans le vague. Non, Farhan n'avait pas besoin d'un nouveau poison dans son esprit.

-Alors ton plan n'est pas mal, mais permets-moi d'y apporter une modification, poursuivit-t-il résolument. On va voir Brûlopot, et on lui montre les photos. On le laisse réfléchir si nécessaire, bien sûr. Mais tant qu'on n'a aucune certitude, on ne dit rien à Farhan et Maya. Demain ça te va ?

Une grimace déforma les lèvres de Joséphine et elle se tendit de nouveau.

-Maintenant que j'y pense, je suis collée demain soir ... Alors à moi que tu veuilles y aller sans moi ...

-Non, ça va. Je vais t'attendre.

Un bref sourire passa sur les lèvres de Joséphine et Charlie comprit qu'elle était soulagée de ne pas être exclue de cette piste. A dire vrai, il n'y avait pas songé un seul instant. Il n'avait pas la moindre envie d'être le seul à la suivre. C'était son côté peureux, enfant qui avait besoin d'être constamment rassuré qui ressortait dans ce genre de situation.

-C'est cool. Merci.

Ils échangèrent un bref sourire, furtif, juste un instant avant que la gêne ne fasse son apparition et qu'ils se détournent. Avec un certain malaise, Charlie réalisa qu'ils se tenaient à quelques mètres de l'endroit où ils s'étaient embrassés pour la première fois. Il se demanda vaguement si la jeune fille y songeait aussi, mais c'était impossible à déterminer. Le visage résolument neutre, elle se contentait d'observer les nuages qui défilaient à l'horizon.

-Donc, entonna Charlie en s'éclaircissant la gorge. Ton père est spécialisé en dragon et ce n'est que maintenant que tu me le dis ?

-Pas de dragon. Mais mon grand-père a été directeur du Service des Animaux quand il est entré chez les Aurors et il a été catalogué par sa hiérarchie. Mais je te dis, je pense vraiment que ça ne lui a pas particulièrement plu.

-D'accord, pardon je rectifie. Ton grand-père était directeur du Service des Animaux et je ne suis au courant que maintenant ?

-Oui parce que c'est clair qu'avec le manque de confiance que j'avais, j'allais te présenter mon grand-père avec lequel tu aurais passé tout ton temps et tu m'aurais complètement délaissée, ironisa Joséphine en levant les yeux au ciel. Ça tombe sous le sens ...

Charlie eut un sourire penaud, tant la situation décrite par Joséphine était l'exact reflet de ce qui aurait pu se passer. Très clairement, si elle lui avait présenté son grand-père, il aurait passé tout son temps à l'interroger et à parler de sa passion, un peu comme il pouvait le faire avec Hagrid et ignorant complètement le regard courroucé et désabusé que Joséphine aurait pu planter sur lui. Avec un soupir, la jeune fille ralluma la cigarette qui s'était éteinte entre ses doigts de la pointe de sa baguette.

-Cela dit, maintenant qu'il n'y a plus ce risque de ... délaissement, et donc de crise parfaitement Joséphinienne, je peux te filer ses coordonnées. Il a un élevage d'Abraxan en Ecosse. Ça pourrait te donner des idées ...

-Hein ?

De nouveau, Joséphine roula des yeux et tira une bouffée de sa cigarette. Elle prit le soin de tourner le visage pour recracher sa fumée loin de Charlie avant de poursuivre :

-De parler avec mon grand-père. Ça pourrait te donner des idées pour la suite, non ?

-Quelle suite ?

-Tu le fais exprès ou quoi ? Ton avenir, Charlie !

-Oh ! (Il se gratta la tempe, perplexe). Mais mon avenir est déjà tout tracé, tu sais. J'ai déjà deux propositions d'essais pour la fin d'année ...

Il avait reçu celle des Flèche de Appleby en fin d'année dernière et la semaine dernière celle des Tornades de Tutshill était venue grossir son paquet. Sachant que d'après Madame Bibine, les recruteurs venaient principalement au dernier match de la saison, Charlie ne doutait pas d'avoir le choix. Joséphine haussa les sourcils.

-Deux ? Déjà ?

-Ça s'appelle le talent, miss Abbot.

-Pas de modestie donc. Alors pourquoi tu me sembles si peu enthousiaste ?

-C'est faux, objecta-t-il, piqué au vif. Je suis juste dans l'attente ... J'avoue que j'aimerai un club pas trop loin de chez moi. Comme les Faucons de Falmouth ...

-Ou les Canons de Chudley ? proposa Joséphine d'un ton espiègle. Je crois avoir entendu quelque part qu'ils avaient encore perdu ce week-end ... Par plus de trois cents points ?

Charlie réprima une grimace et jeta un regard torve à Joséphine. Ça n'eut pour effet que d'agrandir son sourire railleur. Fort heureusement, il se fana pour qu'elle puisse prendre une nouvelle bouffée de sa cigarette.

-Charlie Weasley, qui après avoir sauvé Gryffondor des abysses, vole à la rescousse d'un club historique en perdition ... Charlie Weasley, star et sauveur des Canons.

-Défi accepté.

-Le orange t'irait bien.

-En accord merveilleux avec mes cheveux.

Joséphine laissa échapper un petit rire en relâchant sa fumée que la brise emportait avant qu'elle ne devienne incommodante pour Charlie. Dévêtue de sa cape et de son écharpe, elle commençait à grelotter et rentra ses mains dans ses manches pour ne laisser dépasser que les deux doigts qui tenaient la cigarette.

-Evidemment, les cheveux te prédestinent aux Canons, suis-je bête.

-Et pour multiplier mes chances d'entrée ... les recruteurs viennent au dernier match, souvent.

Il lui jeta un regard entendu. Joséphine haussa d'abord les sourcils avec un mélange de mépris et de perplexité avant d'éclater de rire quand elle comprit.

-Pardon ? Tu me demandes de te laisser gagner Weasley ?

-Je peux me mettre à genoux si ça aide ?

-Mais ça ne va pas ? Même avec une main dans le dos tu es capable de me battre et tu veux que je te laisse gagner ? Après tout ce qui s'est passé depuis le début d'année, tu crois vraiment que je vais te laisser quitter Poudlard en héros sans te mettre des bâtons dans les roues ? Mais rêve !

Son discours été rendu incohérent par ses gloussements compulsifs qu'elle tentait à peine de masquer. Charlie était tiraillé entre l'envie de lui faire couper toute envie de rire et l'attendrissement.

-Une main dans le dos, tu es dure. Tu es assez coriace dans ton genre et je me doute que contre moi tu vas mettre les bouchées doubles ...

-Et ta victoire n'en sera que plus éclatante, conclut-t-elle avec un faux sérieux. Tu as raison, je devrais peut-être te laisser gagner, que tu sois pitoyable aux yeux des recruteurs ... Au moins tu auras une chance d'être recruté par les Canons !

Face à l'hilarité qui s'emparait de nouveau d'elle, Charlie ne put s'empêcher de planter son coude dans ses côtes. Son rire semblait complètement effacer la réflexion morbide de leur piste et la colère liée à sa retenue. La bonne dynamique tenait, bon gré mal gré et cela arracha un sourire à Charlie.

-Content de te retrouver, Jo ...

La confession fit mourir le rire de la jeune fille qui détourna pudiquement le regard, l'air brusquement embarrassée. D'un geste nerveux, elle ramena sa cigarette à ses lèvres pour en tirer une si longue bouffée qu'elle sembla entamer le filtre.

-Oui, bah calme-toi ... tu n'es pas complètement à l'abri de te reprendre un coup de bâton. Un jour. Peut-être.

-Un jour peut-être, répéta-t-il d'un air faussement songeur. Je peux vivre avec ça.

-Oh, on verra ..., souffla Joséphine, les sourcils froncés. Attends, ce n'est pas ton équipe là ? Ton gardien, comment il s'appelle ? Corbois ?

-Dubois ?

Le regard de Charlie se leva sur le terrain où une silhouette venait de prendre son envol et il reconnut les épaules larges d'Oliver. Avec horreur, il vit également en contrebas le terrain se parsemer de robes écarlates qui examinaient les conditions et échangeaient des murmures perplexes. Il se frappa le front du plat de la paume, affolé.

-L'entrainement ! Par les chaussettes de Merlin il m'est sorti de la tête !

Son bond et sa tentative de fuite furent accompagné du rire tonitruant de Joséphine, si sonore qu'il ne fut pas surpris en se retournant de la voir se tenir les côtes.

-Tu es vraiment un capitaine en carton ! Pourquoi ils t'ont nommé toi, sérieux ?

-Parce je suis le meilleur joueur de cette école, rétorqua-t-il avec une révérence.

-Et quel est le rapport ? Être le meilleur joueur ne veut pas dire qu'on est le plus apte à diriger une équipe, que je sache !

Plutôt que de répondre à la provocation filée d'éclats de rire incontrôlables, il désigna la sorte d'un grand geste de la main.

-Allez, oust la Serdaigle ! Je refuse de m'entrainer avec une espionne dans les gradins !

Pour son plus grand soulagement, Joséphine était trop occupée à lutter contre son rire pour protester. Docilement, elle se leva, récupéra sa cape et son écharpe et s'en fut du stade, ne laissant dans l'air que l'écho de son rire et un sourire sur le visage de Charlie. 

***

Et voilà on finit sur un moment tout doux entre Charlie et Jo ! Verdict du chapitre? 

A la semaine pro pour O&P (j'adore écrire O&P en ce moment grvaiobgvalnafeajbn vraiment cette partie 4 j'ai rarement été aussi exalté, ça fait du bien après les moments d'enfer de la partie 3) et dans deux semaines pour LDP ! 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro