Chapitre 27 : Derrière le voile
HELLO TOUT LE MONDE
Je sais que vous êtes certainement en classe/en train de travailler mais moi j'ai la sensation d'être en week-end ! C'est décidément trop bien d'avoir son vendredi, je vous jure. La vie.
J'avoue je vous ai un peu menti en story hier : je ne faisais pas que travailler, il se peut que j'ai profité avoir d'un écran qui ne délave pas les couloirs pour faire les aesthetic de la partie 4... Parce que comme je suis dans l'éducation nationale j'ai le droit à Canva Pro et ça ça a été le feu d'artifice quand je l'ai su ! Des fleeeurs, des liiiignes pleeeeein d'éléments sur lesquels je lorgnai et qui m'échappaient ... *-*
Allez maintenant le chapitre ! Bonne lecture les ami.es <3
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Aimer, c'est avoir plaisir à voir, toucher, sentir par tous les sens et d'aussi près que possible, un objet aimable qui vous aime.
- Stendhal
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Chapitre 27 : Derrière le voile.
Vendredi 25 janvier 1991
C'était l'anniversaire de Farhan hier. Très étrange comme journée. Je lui ai souhaité en Potion, ça l'a à peine surpris que j'aie retenu ... et de toute manière on n'a pas beaucoup parlé. Rogue nous a de nouveau mis une pression monstre en rappelant qu'il n'invitait pas MONSIEUR Domoclès pour lui présenter des babouins armés de bâtons et que finalement, le concours rentrerait de la moyenne. Alors le pauvre petit a pâli et s'est tellement concentré sur son chaudron qu'il a oublié ma noble présence à ses côtés.
Non sincèrement, ça m'a énervé d'avoir été ignorée comme ça. Dire que je ... je ne sais pas. Je m'étais dit qu'on aurait pu aller aux cuisines, piller une bouteille de bièraubeurres aux elfes. C'est idiot, tellement idiot, j'ai tellement ragé contre lui et surtout contre moi que j'en ai foiré ma potion. Le pire ? C'est le regard qu'il m'a jeté après. Moitié compatissant, moitié « comme d'habitude ». Finalement heureusement qu'il n'a pas ouvert la bouche.
Stupide stupide stupide stupide.
Je ne sais même pas ce que je veux. Je sens qu'on penche, là, très clairement, on est sur une pente, notre monde est en train de basculer, de prendre une nouvelle tournure, direction, un nouvel angle. La question c'est est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise pente et ça ne je n'arrive pas à y répondre. Chaque fois que je le regarde, la réponse est différente. Et ça arrive de plus en plus souvent. Pas qu'en Potion, dans les autres cours aussi. Je crois l'avoir fixé une minute entière en Métamorphose alors qu'il ne faisait rien d'autre que pratiquer son sortilège de Transfert. Je me suis posée plein de questions pendant cette minute. Beaucoup trop de questions. Des questions pas toujours très chastes. Il a fallu que Charlie se tourne dans ma direction pour que je me réveille – et pour me réveiller, ça m'a réveillé. Je suis devenue écarlate je crois, sacrée bouffée de chaleur, on m'aurait cru soit au bord de la ménopause, soit en pleine fournaise.
Cher journal, ma conclusion est simple. Je commence à avoir Farhan O'Neil dans la peau. Et c'est à la fois délicieux ... et dangereux.
STUPIDE STUPIDE STUPIDE.
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Le mois de janvier était passé à une vitesse folle. A peine le temps de reprendre son souffle et de profiter des dernières neiges que les premières pluies anéantissaient les monts immaculés, les transformant en boue qui collaient aux bottes et les recouvraient totalement pendant les séances de Quidditch. C'était cette même boue qui était au cœur des discussions alors qu'ils revenaient de la lisière de la Forêt Interdite, guidés par le professeur Brûlopot, toujours plus habile avec sa canne qu'eux sur leurs deux saines jambes.
-Bandes de petites natures, ricanait-il alors que Lauren venait de glisser, sauvée in extremis de la chute par un rattrapage à Farhan qui faillit l'étrangler. Ils ne sont pas prêts pour de pires aventures, n'est-ce pas Charlie ? Si un peu de boue et une chasse aux noueux les mettent dans un état pareil ...
Charlie adressa un immense sourire à son professeur. Contrairement à ses camarades qui luttaient contre le chemin peu praticable, lui s'était porté à la hauteur de leur professeur avec une grande facilité – aidé certes par sa carrure et sa forme physique assez exceptionnelle. De plus, malgré l'humidité ambiante, le soleil perçait timidement les nuages pour recolorer leurs vies. Brûlopot le gratifia d'un regard de coin, l'œil étincelant.
-Mais vous semblez l'être, Charlie.
-A quoi professeur ?
-Pour de nouvelles aventures. Vous avez l'œil pour les Botrucs, vous avez été très vifs ... presque à ne laisser que des miettes aux camarades. Très bien géré d'ailleurs cette vilaine tentative de la Créature d'arracher un doigt de O'Neil, j'aurais été singulièrement embêté de rendre à Nolan son fils amputé ...
Charlie éluda le compliment d'un haussement d'épaule. Il avait simplement réagi d'instinct quand, alors qu'ils fouillaient entre les branches des arbres, un Botruc s'était jeté toutes griffes dehors sur Farhan, avec un calme qui avait tranché avec la panique qui avait gagné son ami. Il avait simplement su quoi faire, ce n'était pas une gloire.
-Vous êtes trop modeste, Charlie, le rabroua son professeur, ponctuant sa remarque d'un coup de canne plus vigoureux que les autres sur le sol boueux. Ce n'est pas donné à chacun d'avoir un tel sang froid dans les situations de stress ... mais ça je suppose que le Quidditch a dû vous l'apprendre. Il faut savoir garder son calme quand on se retrouve à quinze mètres de hauteur et lancé à pleine vitesse ...
Il s'interrompit, attendant visiblement que Charlie renchérisse, confirme d'une manière ou d'une autre ses dires, mais il était trop occupé à tenter de voir où allait cette discussion pour réagir. Brûlopot se fit alors une joie d'expliciter :
-Vous savez ce que vous ferez à la fin de l'année ?
-J'ai déjà une proposition d'un club depuis la fin de l'année dernière, avoua Charlie à voix basse. Les Faucons de Falmouth. Mais le professeur McGonagall avait l'air de dire que d'autres arriveront dans la foulée ...
-Le Quidditch, souffla Brûlopot, un rictus aux lèvres. Oui, évidemment. Il paraît que vous êtes doué ... Navré, je ne peux pas en juger, j'avoue avoir toujours détesté ce sport.
-Vraiment ?
La confidence choquait Charlie : il avait l'impression que le Quidditch faisait littéralement vibrer le monde sorcier, que chacun vivait au rythme des matchs. Certains de ses camarades de classe ne s'abonnaient à La Gazette que pour suivre les résultats de leurs équipes favorites et ils avaient pu passer des soirées entières l'oreille collée à la radio pour suivre à distance le match retransmis. Même l'école semblait animée par la même passion : tout le monde se réunissait au stade pour voir s'affronter leurs Maisons, peu importe leur amour du sport. Entendre quelqu'un dire qu'il détestait le Quidditch était véritablement une première. Brûlopot essuya un petit rire face à sa stupéfaction.
-Oh oui ! Honnêtement, je trouve qu'on en fait tout un foin pour pas grand-chose, que ça prend parfois une importance déraisonnable dans la vie des gens – et dans notre société. On le met au cœur de notre existence alors que c'est loin d'être une donnée essentielle, vous comprenez ? Les gens parlent et se passionnent pour le Quidditch et passent à côté de tout ...
-Je n'ai pas l'impression de passer à côté de tout, objecta Charlie, un brin vexé.
-Oh mais bien évidemment Charlie, je parle de manière générale ... de notre gouvernement, notamment, qui s'intéresse plus volontiers au Quidditch qu'à la protection de notre écosystème. Avec l'action de l'Homme – dont celle des sorciers – les créatures magiques se retrouvent acculées. On détruit leurs habitats et après on s'étonne qu'elles cherchent un nouvel endroit où vivre, quitte à révéler notre existence à la face du monde. Et on préfère les tuer que de régler le problème.
L'amertume rendait la voix de Brûlopot assez coupante. Il parut réaliser que sa dureté embarrassait Charlie, car il s'efforça de sourire et tapota vaguement l'épaule de son élève.
-Pardonnez-moi, mon cher. Vous êtes jeunes, encore loin de ces considérations ... Le Quidditch comme avenir donc ? Si vous permettez à un vieil homme proche de la fin de son activité de vous donner un conseil, étendez votre horizon. Parfois l'évidence n'est pas celle qu'on croit. Ce n'est pas parce que vous êtes doué en Quidditch que vous êtes forcés d'en faire votre métier.
-Et qu'est-ce que je pourrais faire d'autre professeur ? s'esclaffa Charlie, sincèrement amusé. Le Quidditch, c'est ce qui m'a passionné toute ma vie ! Et je suis bon. Vraiment bon. Du monde tuerait pour avoir mon talent, est-ce que j'ai le droit de le gâcher ?
Ça ne servait à rien d'être modeste sur ce fait : son don au Quidditch était réel. Il lui avait explosé aux yeux et à la face du monde entier dès qu'il était monté sur un balai lors de leur premier cours de vol. La Capitaine d'alors, Gwenog Jones, avait insisté pour le faire entrer dans l'équipe dès sa première année mais sa famille n'avait pas eu les moyens de lui acheter un balai. Lorsqu'il avait enfin pu jouer à la rentrée suivante, il avait arraché la victoire à chacun de ses matchs et porté Gryffondor jusqu'à la coupe, du haut de ses treize ans. Après ça, y-avait-il vraiment à s'interroger sur une possible carrière ? Charlie devait être l'un des rares élèves de l'école qui n'angoissait pas concernant son avenir, et qui avait passé chaque étape – choix des options, BUSE – avec une sérénité incroyable.
Un sourire énigmatique semblait avoir retroussé les lèvres de Brûlopot. Ils étaient à présent sortis complètement de la forêt et retrouvaient les chemins plus praticables du parc de l'école.
-Oh mais vous êtes doués pour tellement de choses, mon cher Charlie ... C'est juste que vous êtes obnubilé par le Quidditch. (Laissant là leur conversation, il profita d'avoir pris un peu de hauteur pour se tourner vers les autres élèves). Votre torture s'achève ici ! Allez prendre une bonne douche pour vous décrasser et je vous dis à vendredi !
-Et on retourne dans la forêt vendredi ? demanda Tonks avec un sourire. Ils annoncent du beau temps pour une fois !
-La lisière de la forêt, Nymphadora, je n'ai pas le droit de vous emmener au cœur ... Il y a un nid d'acromentule quelque part, je m'en voudrais si vous serviez de casse-croûte. Sans compter que je préfère laisser les Centaures en paix, le Ministère projette de nouveau une loi pour réduire leur terrain d'expertise ... Enfin bref ! Non, peut-être que le prochain cours sera un peu plus théorique, malheureusement ... Je comptais vous éclairer sur la législation concernant les créatures de l'eau et les Centaures, voire même les Gobelins, ça me permettra de croiser les enseignements avec l'Histoire de la Magie et la Défense contre les Forces du mal ...
L'annonce provoqua des grimaces et de la déception sur tous les visages. L'attrait du cours de Soin aux Créatures Magiques était justement qu'il se déroulait en extérieur. De plus, les deux matières citées étaient loin d'être attrayantes : la plupart de ses camarades avaient abandonné le cours du professeur Binns à l'issue des BUSE et leur professeur de Défense contre les Forces du mal ne leur faisait cours d'une fois sur deux et beaucoup s'étaient dès lors désintéressés de la matière.
-Je sais, c'est barbant, vous êtes déçus, je vous déçois et croyez-moi ça me fend le cœur, assura laconiquement Brûlopot en hochant plusieurs fois la tête. Mais parfois c'est nécessaire pour avoir une bonne vision du monde.
-On vous aime quand même professeur, assura Lauren.
Et le sourire simple et bienveillant que leur réserva Brûlopot leur fit comprendre que l'affection était réciproque. Ce fut sans doute pour cela que, malgré leur libération, beaucoup s'attardèrent autour de lui pour débriefer le cours sur les Noueux. Charlie hésita lui-même, avant de renoncer. La vérité, c'était qu'il préférait avoir son professeur pour lui seul, construire de vraies conversations autour des créatures plutôt qu'une conclusion superficielle à laquelle s'adonnait à présent ses camardes. Les mains dans les poches, il jeta un dernier regard à la forêt avant de se détourner vers le chemin pentu qui serpentait jusqu'au château. Il réalisa quelques secondes plus tard que Farhan lui avait emboité le pas, ainsi que Tonks et Lauren. Quelques mètres plus loin, l'air de flâner, Joséphine fermait la marche.
-Encore merci pour tout à l'heure, lui glissa Farhan en tâtant son bras. Sale créature ...
-Elle se défend, rectifia patiemment Charlie. Ce sont les lois de la nature ...
-Je pourrais emprunter votre douche, les gars ? s'enquit Lauren en tirant une mèche de cheveux roux tâchée par la boue. Le décrassage me semble être de mise ...
-Tu squattes notre douche depuis deux semaines, je ne vois pas pourquoi on t'en empêcherait, fit remarquer Farhan.
-Tu dors encore dans leur dortoir ? s'étonna Joséphine.
Elle était toujours à la traine par rapport à eux, mais la discussion la força à les rejoindre en quelques enjambées souples. Elle avait repris de la forme physique, observa Charlie en la voyant facilement se porter à la hauteur de Lauren, malgré la pente et le tout sans la moindre rougeur. Tonks s'écarta rapidement de son passage pour aller se poster aux côtés de Farhan, comme fuyant une personne fortement contagieuse, mais Lauren ne se déroba pas ainsi à la présence de Joséphine. Le visage fermé, elle haussa les épaules.
-Oui, mais je pense que je ne vais pas tarder à me barrer aussi. Ces messieurs ici présents sont des exemples de galanterie et de respect, mais Leonard sérieux ? Ses blagues ont la subtilité d'un éruptif.
-On peut le bâillonner si tu veux, proposa Charlie avec un sourire caustique.
-Ça nous fera des vacances à nous aussi, confirma Farhan en hochant la tête.
-Remarques racistes ?
-Non, pas forcément ... Mais tu as raison, humour extrêmement lourd, souvent salace en plus ...
-Ne fais pas genre que tu es prude, maintenant je sais que c'est faux, répliqua Joséphine en pointant un index sur lui. On n'est pas prude quand on est élevé par la tante Fiona.
Farhan lui adressa un petit regard, le sourcil dressé. Malgré le doigt de Joséphine toujours planté en sa direction, il détourna assez vite les yeux pour les lever sur les hauteurs du château, un petit sourire aux lèvres.
-Hum. La vraie découverte, c'est que toi tu l'es.
-Quoi ? s'indigna Joséphine en resserrant son poing. C'est faux ! J'étais juste ...
-Déstabilisée, je l'ai bien compris ...
Joséphine contempla Farhan avec une expression outrée qui faillit faire pouffer Charlie. D'un geste impatient, elle repoussa ses cheveux derrière son épaule et s'apprêtait à répliquer avant que Tonks ne plante son coude dans les côtes de Farhan. Le coup fut un peu trop fort et le jeune homme dévia de sa trajectoire avec un cri de douleur.
-Aïe !
-C'est qui la « tante Fiona » ? interrogea-t-elle sans même songer à s'excuser.
-C'est sa tante, expliqua Charlie, parce que Farhan semblait plutôt occuper à fusiller Tonks du regard. La sœur de Nolan ... Et j'avoue que pour l'avoir rencontrée une ou deux fois, elle est ... déconcertante.
Joséphine fit un large mouvement en sa direction, ponctuée d'une œillade triomphante pour Farhan qui disait très clairement « Tu vois ? ». A dire vrai, Charlie n'en revenait pas d'être en accord avec elle concernant Fiona O'Neil. Une personnalité aussi haute en couleur, franche et dépourvue d'artifice ? Elle avait forcément dû plaire à Joséphine – et inversement.
Et pour être parfaitement honnête, il n'en revenait surtout pas que Joséphine admette être d'accord avec lui après ces derniers mois et la fraîcheur de leurs relations.
-Enfin bref, conclut Charlie avec un haussement d'épaule. C'est vrai que Fiona a ... un parlé assez libre et une absence certaine de pudeur.
-Le genre de dame qui bronze topless sur les plages ? s'enquit Lauren avec un éclat de rire.
-Nom d'un Farfadet, gémit Farhan en plaquant une main sur les yeux.
L'accent irlandais était intensément ressorti dans le juron et cela amena tout le groupe à éclater de rire devant le tableau. Titubant sous le coup de l'hilarité, Lauren enroula son bras à celui de Farhan et poussa même l'audace à l'embrasser sur la joue.
-Oh O'Neil, j'adore quand tu nous rappelles que tu viens de nos nobles terres !
-Je suis né à l'autre bout de la planète ...
-Je m'en fiche, ton cœur est vert, blanc et orange. Comme mes ongles, précisa-t-elle en exhibant fièrement ses doigts aux couleurs de l'Irlande.
-Et le vert est clairement pour la menthe, cela dit, ajouta Joséphine.
Un sourire presque timide se dessina sur les lèvres de Farhan et il s'abstint de renchérir. Néanmoins, Charlie remarqua qu'il ne repoussa pas Lauren et son bras toujours enroulé sous le sien, et ses épaules s'étaient décrispées. Le Capitaine jeta un regard reconnaissait à sa poursuiveuse. Lauren ne se doutait certainement pas, mais c'était exactement de ce genre de rappel dont Farhan avait besoin en ce moment. Que malgré tout ce qu'il apprenait, malgré le déboussolement que cela provoquait, son cœur restait irlandais – et l'accent qu'il avait récupéré pendant les vacances le prouvait assez.
Emportée par les échos du rire qui mourrait dans sa poitrine, Charlie se surprit à sourire. L'instant lui semblait baigné de positivisme. Dans ses narines chantaient encore les senteurs agréables et boisées de la Forêt Interdite ; le soleil éclairait leur pas de ses timides éclats ; Tonks et Joséphine parvenaient à être l'une proche de l'autre sans s'envoyer une vacherie à la figure et cette dernière était d'une humeur remarquablement agréable ; Farhan et Lauren discutaient de leurs vacances irlandaises, comme si aucun séisme n'avait bouleversé leurs vies. Tout était parfait. Et comme chaque instant parfait, il finit par se briser.
-Farhan !
Le sourire de Farhan mourut sur ses lèvres lorsqu'il aperçut Maya, devant les serres de Botanique, un peu écarté de son groupe de cinquième année. Après avoir jeté un regard alentours, la jeune fille descendit vers eux, flanquée de Bérénice qui s'aventura sur la pente avec un temps de retard et nettement moins d'aisance. Quand elles arrivèrent enfin à leur hauteur, Charlie comprit pourquoi il avait mis un temps à reconnaître la jeune fille : au lieu de son hijab habituelle qui formait une sorte de cagoule qui tombait sur ses épaules, Maya portait un foulard qui ne couvraient que ses cheveux. La trainée de soie était soyeusement nouée sur sa nuque et laissait son cou dénudé. Pour la première fois, il posa les yeux sur les fameuses cicatrices sur sa gorge et elles le laissèrent sans voix. Larges et profondes, elles étaient à la fois irrégulières et étrangement parallèles, striant sa peau de sa clavicule au bord de sa mâchoire.
Bérénice se fendit d'un claquement de langue agacé.
-Charlie.
-Quoi ?
-Arrête.
Charlie se rendit alors compte qu'il avait les yeux rivés sur les cicatrices depuis de longues secondes, à la fois fasciné et horrifié. Gêné, il darda un regard sur Bérénice qui écarquilla le sien, visiblement stupéfaite de son manque de tact. Heureusement, Maya ne semblait rien avoir remarqué et avait entrainé Farhan à l'écart sans attendre pour lui parler à voix basse. Lauren eut un petit rire en les observant.
-Ouh ... il y aurait-il une romance dans l'air ?
-Non, répondirent Charlie et Bérénice de concert.
Charlie réprima la grimace qui lui venait aux lèvres pour ne pas éveiller les soupçons de Lauren et de Tonks. Cette dernière avait néanmoins froncé les sourcils à la question de la Gryffondor avant de jeter un regard oblique sur Joséphine. La Serdaigle s'était un peu écartée en direction du frère et de la sœur, comme si elle espérait épier la conversation. Charlie fut presque tenté de la ramener au cœur du groupe manu militari mais il doutait qu'elle apprécie le geste.
-Le père de Maya est linguiste, il aide Farhan à ... disons, faire des recherches, prétendit Charlie, très fier d'avoir trouvé cette excuse.
-Il fait des recherches ? s'étonna Tonks, incrédule. Sur quoi, sur ses parents ? Je pensais qu'il ne savait rien ...
Charlie s'efforça de ne pas couler de regard en direction de Bérénice. Faute de quoi, il pivota vers Joséphine, remarquablement impassible, contemplant toujours Farhan et Maya, les bras croisés sur sa poitrine. Ce fut étrangement Lauren qui les sortit de l'embarras :
-C'était son anniversaire hier non ? Peut-être que ça a fait remonter des choses, qui sait ... De toute façon ça le regarde, lui et personne d'autre. Je vous laisse, je vais me doucher, je me sens affreusement poisseuse.
-Moi aussi, céda Tonks, l'air réticente. En plus je dois aller travailler ma Potion ...
-Rogue a décidé de tous nous torturer ou quoi ? intervint Bérénice, le nez froncé.
Tonks haussa les épaules avant d'emboiter le pas à Lauren. Leur départ ôta un poids des épaules de Charlie et dès qu'elles furent hors de portée de voix, Bérénice et lui se rapprochèrent d'un même mouvement pendant que Joséphine continuait de lorgner Maya et Farhan.
-Du nouveau ?
-Pas vraiment, regretta Bérénice. Mais les parents de Maya ont envoyé un courrier à l'orphelinat St-Eustache pour savoir qui avait signé son dossier. Si on arrive à avoir un nom ...
-Si c'était un sorcier, il aurait sûrement oublietté le personnel, fit remarquer Joséphine sans bouger d'un pouce.
Bérénice expira très fort par les narines, comme un dragon courroucé. En un éclair, Charlie se retrouva la dernière fois qu'il s'était retrouvé en compagnie des deux sœurs, dans la bibliothèque avant les vacances. Il se souvint du visage pâle de Bérénice, de ses doigts tremblants sur le journal de Joséphine. Qu'avait-t-elle pu y lire pour que la rancune continue visiblement de la ronger ?
-Il faut bien qu'on essaie, rétorqua-t-elle dignement.
-Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que si leur séparation a été préparée, la personne n'a pas été assez stupide pour ne pas oublietter le personnel donc il se peut que ça n'aboutisse à rien.
-On va se retrouver à cours de pistes alors, réfléchit Charlie. Même si Fiona va à Jéricho, ça ne va pas nous dire ce qui s'est passé à Belfast ... Peut-être que Farhan pourrait faire la même chose, demander qui a signé son dossier ... Cette signature, c'est à la fois une anomalie mais notre meilleure piste.
Une moue dubitative déforma les lèvres de Joséphine et il devait avouer qu'il partageait son scepticisme. Si le signataire avait couvert ses traces, cette piste ne mènerait à rien. Un grognement de frustration s'échappa de sa gorge et il s'autorisa lui aussi un regard sur Farhan et Maya. Son ami restait immobile, sa main couvrant le pas de son visage, les yeux perdus quelque part à l'horizon. Maya était plus fébrile, plus agitée, mais de nouveau ce furent ses cicatrices qui captèrent son attention, ces larges blafardes qui semblaient dessiner un motif presque reconnaissable sur sa peau.
-C'est quel genre de blessure ? Maya ?
Il ne s'adressait à aucune Abbot en particulier : Bérénice était peut-être sa meilleure amie, mais c'était Joséphine qui avait lu le rapport. La question força par ailleurs celle-ci à enfin détacher son regard du frère et de la sœur pour le darder sur Charlie, perplexe.
-Comment ça ?
-Dans le rapport ... il devait y avoir ... je ne sais, un autre rapport venant de Ste-Mangouste, qui disait de quoi Maya a souffert ...
-Non, répondit-t-elle du tac au tac. Et pour tout dire je suis persuadée que le rapport n'est pas complet, mais je me doute que les choses les plus croustillantes, mon père doit le garder au Bureau des Aurors. C'est simple : il manque des pages. Et je sais que je suis extraordinaire, mais je ne peux pas voler le Ministère.
La remarque arracha un bref sourire à Charlie – d'autant qu'il venait visiblement de mettre le doigt sur une zone complètement oublié par les deux jeunes filles.
-Vous voulez dire que personne n'a songé à demander le rapport d'opération de Ste-Mangouste ? Eux aussi ont des archives, que je sache, et un dossier pour chaque patient ...
Il fut presque fier du regard complètement dérouté que lui jetèrent les sœurs Abbot. Après quelques secondes de silence stupéfait, elles échangèrent un regard. Dans leurs prunelles noisette si semblable, Charlie voyait presque tourner les rouages de leurs cerveaux.
-Ça ne nous apprendrait rien sur les circonstances de leur séparation, entonna Joséphine avec lenteur.
-Mais ça complètera peut-être nos informations, peut-être même qu'on y trouvera une autre piste, acheva Bérénice. J'en parlerai à Maya ...
-Et moi à Farhan, poursuivit Charlie, requinqué. Nolan a un ami guérisseur, c'est comme ça qu'il a pu faire le test génétique si vite ... Peut-être qu'il pourra nous avoir le rapport d'opération de Maya. Parce qu'elles m'intriguent, ses cicatrices ...
-Pourquoi ? s'étonna Bérénice.
-Je ne sais pas ... Elles sont ... à la fois régulières et irrégulières. C'est très spécial. Regarde le parallélisme, on dirait les griffes d'un animal, presque ...
-Dans la mesure où l'hôtel a été attaqué par des Mangemorts, on peut difficilement te donner tort, je pense, ricana sombrement Joséphine. Ces sorciers étaient des animaux. Sanguinaire et cruels.
Un sombre silence accueillit les paroles et ils échangèrent tous les trois des regards entendus. Cela correspondit au moment où le professeur Chourave émergea de sa serre, prête à y faire rentrer ses élèves dont Maya et Bérénice faisaient parties. Si cette dernière se dépêcha de remonter au premier appel de la directrice de Poufsouffle, Maya resta encore quelques secondes avec Farhan, une main crispée sur son bras. Joséphine leur jeta un nouveau regard prolongé tout en commentant à Charlie :
-C'est vrai que je me suis toujours dit qu'on avait l'impression que quelqu'un lui a déchiré la gorge. Je me suis même demandé si elle n'avait pas adopté son hijab pour les cacher ...
Cela aurait été une raison parfaitement valable, songea Charlie, peiné. Les cicatrices étaient vraiment profondes et attirait indéniablement l'œil. Combien de personne avaient dû s'adresser à la gorge de Maya dans sa jeunesse ? Il était évident qu'elle s'était fendu d'un style différent en raison du cours de Botanique qui demandait une certaine souplesse de mouvement que son hijab plus long pouvait entraver ... Puis décrochant son regard de Maya, Charlie s'attarda sur Joséphine, dont les yeux étaient toujours impudeusement fixé sur eux. Sans pouvoir s'en empêcher, il la gratifia d'un coup de coude.
-Arrête, tu deviens gênante.
Des plaques rouges s'étendirent sur les joues de Joséphine et elle détourna ostenciblement le regard. Une lueur fièvreuse s'était mis à jouer dans ses iris.
-J'essaie d'écouter, rétorqua-t-elle furieusement.
-Oh je le sais bien. Jo, je sais que ça t'intéresse, et j'ai ... compris que de nous tous, tu étais peut-être celle qui comprenait le plus qui se passait. Sans toi, on serait passé à côté de tout.
Joséphine dressa un sourcil, mais maintint son regard rivé dans le vide. La flambée qui dévorait ses joues semblaient s'étendre à ses oreilles.
-Mais ? Parce qu'il y a un mais ...
-Evidemment qu'il y a un « mais ». Ne te laisse pas emporter par cette affaire, d'accord ? Ce n'est pas juste ... un mystère, un puzzle, quelque chose que tu dois déchiffrer ... C'est leur vie, d'accord ? Il y a leur vie derrière, leurs sentiments ....
-Oh Weasley ! s'agaça Joséphine en levant les bras au ciel. Le retour de la thèse de la tempête, sérieux ? Joséphine Abbot qui broie tout sur son passage sans considération d'autrui ? D'accord je n'ai pas choisi la bonne méthode d'un prime abord ... mais tu ne peux pas m'accorder un peu de crédit ? Non, c'est trop demandé ?
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle s'en fut vers le château à grands pas furieux, ses longues mèches cuivrées volant comme un étendard derrière elle. Un brin désabusé par son saut d'humeur, Charlie l'observa gravir la pente, d'un bon rythme qui trahissait un gain de forme certain par rapport au premier trimestre. Etrangement, ce fut cette information qu'il choisit de retenir. Les prochains matchs de Quidditch approchaient et Joséphine Abbot avait décidé d'être au top de sa forme ... Voilà qui devait en faire trembler plus d'un.
***
A dire vrai, le Quidditch était le dernier souci de Joséphine.
Certes, elle avait l'impression d'énormément s'entrainer ces derniers temps, mais tout n'était qu'une fuite en avant. D'abord, cela avait été pour fuir Charlie, sa rupture, sa douleur, se plonger à corps perdu dans le sport pour prendre la hauteur et du recule. A présent, c'était une autre sorte d'incendie auquel elle tentait d'échapper en se concentrant sur une petite balle dorée. Elle avait vraiment la sensation d'être meilleure et peut-être était-ce dû au fait que sa quantité de cigarette fumées avait été réduite drastiquement. Car à présent, dès qu'elle en sortait une de son étui, un visage dansait devait ses yeux, un fin sourire, un regard sombre de coin ... Ce regard qu'il était présentement en train de lui jeter, alors qu'ils étaient attablés dans une salle de travail à l'annexe de la bibliothèque. Elle l'avait trouvé ici seul, avant le dîner, à étudier entre deux piles de grimoire conséquent. Joséphine avait hésité avant d'entrer, tiraillée entre deux réalités qui se battaient en elle comme des griffons enragés, avant que son corps ne décide pour elle et ne s'aventure dans la pièce.
-Toujours la Potion ?
Farhan avait levé les yeux. Ce petit regard, ces iris sombres, douces comme du velours, à peine ternie par le verre de ses lunettes qu'il repoussa de toute façon d'un geste machinal dans ses cheveux. Elle avait fini par connaître ce geste : Farhan ne supportait pas de regarder quelqu'un à travers ses lunettes. Chaque fois qu'il dérivait son attention de ses devoirs, il les poussait sur son crâne, systématiquement, comme si elles agissaient comme un filtre insupportable qui l'empêchait de voir la véritable couleur de la personne devant lui.
-Etude des Moldus, en fait, la détrompa-t-il avec un petit sourire. On a une nouvelle professeure depuis la rentrée, Burbage ... Elle a l'air un peu timide, mais elle est plus dynamique et elle sait de quoi elle parle, ça change tellement de Quirrell !
-Fascinant.
Malgré son ton cassant, Joséphine prit place sur une chaise à côté de Farhan. Presque aussitôt, elle songea que c'était une très mauvaise idée. Puis une fois assise, elle réalisa qu'elle avait littéralement choisi la chaise la plus proche, si proche qu'en s'installant, son pied effleura la jambe de Farhan. C'était certainement sa pire idée de la journée, mais que pouvait-elle faire à présent qu'elle était assise, si proche ? Bondir et fuir, quitte à paraître suspecte ? Certaine que ses joues avaient rougies inopinément, Joséphine s'allongea sur la table, la tête entre les bras, avec un gros soupir à moitié feint. A côté d'elle, si Farhan lui aussi était troublé, il ne le laissa pas paraître et garda les yeux rivés sur son rouleau de parchemin. Un peu trop consciente de sa réaction, Joséphine tenta d'orienter la conversation sur un sujet neutre :
-Elle te disait quoi Maya, tout à l'heure ?
-Ta super-ouïe n'a rien capté ? ironisa Farhan avec un petit ricanement. Je t'ai vu nous épié ...
Oh non, toi exclusivement, songea Joséphine avant qu'une chaleur ne la prenne à la gorge. Si dans un premier temps, c'était sa curiosité naturelle qu'elle avait servie en tentant de les écouter, elle admettait volontiers que son regard avait fini par se perdre sur Farhan, se mimiques, son regard perdu au loin. Après ça elle avait été prendre une douche, à la fois pour se rafraichir après deux heures à cavaler dans la forêt, mais également pour calmer ses nerfs. Ses nerfs n'étaient absolument pas calmés, elle avait ensuite décidé de s'aventurer dans le château pour dégourdir ses jambes, d'explorer pour s'occuper l'esprit. Et pourquoi ? Pour tomber nez à nez avec la personne qui justement avait décidé de lui bouffer le cerveau.
Le visage caché dans ses bras, Joséphine s'efforça de reprendre sa respiration. Ils avaient repris les cours depuis trois semaines et depuis trois semaines, ça devenait intenable. Les cours de Potions, les quelques fois où elle s'était installée à côté de lui en Sortilège pour suppléer Charlie, celles où ils se croisaient dans les couloirs et ne pouvaient plus s'ignorer ... A chaque moment passé ensemble, Joséphine avait senti s'épaissir le trouble, son corps réagir chaque fois plus violemment, s'animer de manière différente en fonction de leur conversation. Parfois c'était son cœur qui se mettait à battre la chamade. Parfois c'étaient ses entrailles qui se liquéfiaient. Parfois c'était son esprit qui se transformait en labyrinthe, rendu extrêmement complexe par la simple présence de Farhan. Tout cela, elle l'avait parfaitement identifié, sans réellement choisir comment le gérer. Un jour elle décidait de suivre le chemin, de se laisser glisser, curieuse de voir où cela pouvait la mener. Le lendemain, elle prenait peur, évitait tout contact. Le surlendemain, elle se pensait assez forte pour vaincre les sensations. Elle avait été dans cette optique là, ce matin ... Puis qu'elle avait passé une minute entière les yeux rivés sur les lèvres de Farhan O'Neil et s'était décrétée complètement perdue pour l'humanité.
C'était complètement idiot, elle le savait. Un trouble qui avait pris naissance dans cette journée, à Londres. Le jour où elle avait eu la sensation de lever le voile sur Farhan O'Neil. Ce n'était même pas de véritable sentiment c'était ... une réaction épidermique. Ça allait se calmer, un jour, il fallait juste ... que ça passe. L'extirper de son système. Cela dit, ce n'était pas en allant s'isoler avec lui dans une salle de travail n'était pas la meilleure façon d'y parvenir ...
-Jo ?
-Quoi ?
Un peu hagarde, Joséphine releva la tête de ses bras. Farhan avait vraisemblablement amorcé un mouvement pour lui secouer l'épaule, mais se rétracta dès qu'elle se redressa. Il s'empressa fébrilement de saisir sa plume pour justifier son geste et gratta sa tempe de sa pointe. Un filet d'encre vint noircir sa peau, mais il ne parut pas le réaliser.
-Je ne sais pas, j'avais l'impression que tu t'étais endormie ...
-Ça risque d'arriver, évalua-t-elle avec un ricanement.
-Alors pourquoi tu ne vas pas dans ton lit ?
-Parce que mes affreuses colocataires squattent notre chambre. Je n'ai même pas eu la foi de trainer les oreilles pour savoir sur qui elles parlaient, cette fois ...
Plus alerte, Joséphine se redressa définitivement et songea de nouveau à ce moment où elle était sorti de la douche, trop nerveuse pour étudier son environnement. Mais à présent, un détail lui sautait aux yeux.
-Elisa n'était pas avec elles, tiens ... Mais j'ai l'impression qu'elle se sent coupable depuis qu'elle a lâché que Lauren aimait les filles et ...
-Attends ... C'est d'Elisa Strettins que c'est parti ? La préfète-en-cheffe ?!
Le choc qui se lisait sur le visage de Farhan obligea Joséphine à lever les yeux au ciel. Elle se sentit auréolée d'une supériorité d'esprit qui induit une note condescendance dans sa voix :
-Et la copine d'Aidan McColley, le frère jumeau de Lauren ... Je ne vois pas comment vous n'avez pas pu deviner ...
-On pensait ... enfin, Lauren ne s'est pas spécialement cachée, précisa-t-il, l'air un brin vexé. On pensait que ... quelqu'un avait pu voir. Enfin Elisa, je la vois mal colporter comme ça ...
-Visiblement, tu vois mal. Elisa est peut-être préfète-en-cheffe, mais quand tu regardes elle n'est que ça. Oh c'est une élève studieuse. Mesurément douée. Quelqu'un d'hyper sérieux et c'est pour ça qu'elle a été choisie ... Mais dans le fond, je suis sûre que c'est le genre de fille qui ne vit que pour tenter de s'intégrer. Ça se voit dans le dortoir ... Elle est préfète-en-cheffe, elle est intelligente, mais c'est loin d'être la meneuse du groupe. Elle se fond dans la masse en espérant trouver une place, une identité qui se détache de l'image stricte de la préfète. Cent gallions que c'est pour ça qu'elle a lâché la bombe sur Lauren. Pour se tailler une place de choix dans le groupe. Une reconnaissance sociale.
Joséphine se mit à sourire, fière de son exposé qu'elle mûrissait depuis la rentrée. Tout à son orgueil, elle ne remarqua qu'avec un temps de décalage que Farhan la considérait, certainement depuis quelques secondes, avec lui aussi un sourire à peine esquissé sur ses lèvres. Il détourna le regard dès que Joséphine posa les yeux sur lui et il trempa avec minutie sa plume dans son encrier. Elle resta pourtant à la surface du parchemin sans inscrire le moindre mot pendant quelques secondes, traçant des points à mesure que Farhan tapotait la surface, indécis.
-Mesurément douée, élève sérieuse, cherche à se fondre dans la masse ..., finit-t-il par déclarer, sans parvenir à effacer son étrange sourire. Tout l'inverse de toi, somme toute.
Joséphine se douta qu'elle s'était empourprée. Elle la sentait, cette brûlure caractéristique sur les pommettes qu'elle tenta de masquer en posant sa joue contre sa paume – mais la posture ne la rendit que plus contemplative. Son regard accrocha depuis de Farhan une demi-seconde de trop pour être naturel. Il ne se détourne pas non plus, constata-t-elle et son cœur manqua un battement. La plume toujours à quelques millimètres de son parchemin, ses lunettes dans les cheveux, il la fixait de ces yeux sombres, étincelants, et doux, si doux ... ce regard ... Un bouchon douloureux ferma complètement la gorge de Joséphine et elle s'efforça de rompre le contact. Elle avait l'impression de s'arracher une partie d'elle-même, simplement en tournant les yeux et se sentit presque aussitôt orpheline de la chaleur que ce simple échange avait pu provoquer. D'un geste dont elle tenta de masquer la fébrilité, elle amena à elle la trousse de Farhan.
-N'essaie pas de me flatter, O'Neil, je n'ai pas oublié que tu n'as pas répondu à ma question sur Maya ...
-Mince, murmura-t-il.
Le timbre était étrange et cela demanda un effort surhumain à Joséphine de garder son regard vrillé sur la trousse. Frénétiquement, elle fouilla dedans, tout en tentant de maîtriser l'emballement erratique de son souffle. Son raffut parut réveiller Farhan, qui annonça d'une voix plus claire et un brin moqueuse :
-Je n'ai pas d'amandes dans ma trousse.
-Non, elles sont dans la poche avant de ton sac, répondit machinalement Joséphine. Si c'est ça que je cherchais, je serais déjà en train de les manger ... Ah !
Elle sortit triomphalement une paire de ciseau qui avait largement fait son temps et dont les jointures rouillaient. Sans attendre, elle se saisit d'une mèche de cheveux et emprisonna ses pointes entre deux doigts. C'était devenue sa technique. Se concentrer sur ses mèches, sur la façon dont le temps les avait fourchue et décoloré, les couper minutieusement et laissait la voix de Farhan lui parvenir qu'à travers d'innombrables voiles. Se lever et partir aurait été plus efficace, certes. Mais en aurait-elle réellement la force ? Joséphine avait toujours été quelqu'un faible de volonté, elle en avait malheureusement conscience ...
-Donc Maya ? insista-t-elle en coupant un premier cheveux abîmé. Ses parents ont des nouvelles de St-Eustache ?
-Tu vois que tu as entendu ...
-En fait non, c'est Berry qui a balancé.
-Tu reparles à ta sœur ?
Agacée, Joséphine se fendit d'un claquement de langue et ne put s'empêcher de darder un nouveau regard sur Farhan. Lui avait pourtant décidé de l'ignorer et faisait mine d'être absorbé par un passage de son manuel d'Etude des moldus. Pour autant, ses yeux restaient immobiles sur la page et sa plume tapotait toujours aléatoirement sur le parchemin sans écrire un mot.
-Tu essaies encore de détourner la conversation ...
-Et tu es assez intelligente pour deviner que ça veut dire que je n'ai pas du tout envie de parler de ça, répliqua Farhan d'une voix un peu plus froide. Si ta sœur t'a dit pour St-Eustache, c'est que tu sais que ça reste encore en suspens et que non, il n'y a aucune nouvelle – et honnêtement on a très peu de chance d'en avoir. Ma tante ne va pas à Jéricho avant février, ce qui veut dire que pour l'instant, on est assez bloqué ce qui est ... extrêmement frustrant.
Et ça devait tellement l'être qu'il en lâcha sa plume – ou plutôt, il la jeta, mais l'objet était tellement léger qu'il se contenta d'effleurer la table avec grâce. La main de Joséphine qui tenait le ciseau s'abaissa légèrement et son regard s'attarda sur Farhan. Son visage s'était fermé et il avait porté la main à sa tempe – celle où il s'était taché d'encre. Le ventre de la jeune fille se plomba mais cette fois ça n'avait rien à voir avec son trouble habituel. Plus avec une forme de honte et de remords qui l'obligea à poser définitivement le ciseau.
-Désolée ...
Il lui fallut une demi-seconde pour comprendre que Farhan venait de prononcer le même mot. De nouveau, leurs regards se télescopèrent et cette fois le long silence se meubla cette fois d'un petit rire. Celui de Farhan se mua en gémissement et il se frotta les yeux de ses paumes.
-Non vraiment désolé, cette histoire ça me met sur les nerfs. C'était tout ce que je craignais au final : trouver des questions, avec aucune, mais alors aucune garanti d'avoir des réponses. Ça rouvre des plaies sans les fermer, au final. C'est ça, j'ai l'impression ... de m'être mis à saigner.
La dernière phrase s'était fondue dans un souffle qui glaça complètement Joséphine. Ses doigts avaient abandonné les ciseaux sur la table et aucune partie de son esprit ne songeait cette fois à détourner son regard d'un Farhan complètement déboussolé. Une nouvelle sensation familière s'était mise à monter par vague dans sa poitrine. Un sentiment de culpabilité mêlé à celui de responsabilité, doublés de la voix de Charlie qui lui rappelait « Ce n'est pas juste ... un mystère, un puzzle, quelque chose que tu dois déchiffrer ... C'est leur vie, d'accord ? ».
Oui, il y avait des vies derrière. C'était ce qu'elle avait complètement oublié lorsqu'elle avait déclenché cette tempête. Maintenant elle recevait chaque conséquence comme un éclat en pleine poitrine.
-On va trouver des solutions, promit-t-elle d'une voix mal assurée. Il y en a forcément, il reste forcément des indices qui vont permettre de ... je ne sais pas ... comprendre ... Charlie a pensé à demander le dosser de Maya à St-Mangouste, il t'en a parlé ? Pour qu'on ait des indications supplémentaires, il trouve ses cicatrices très étranges ...
-Il m'a dit oui, comme des griffes, confirma Farhan, l'air néanmoins sceptique. Mais qui nous dit que le dossier existe encore, ou qu'on consentira à le donner à une fille mineure ... ?
-Tu ne sauras pas si tu n'essaies pas. Ton père a un ami guérisseur, non ? Si ça ne marche pas par les voies officielles, autant passé par les voix détournées, comme moi avec le dossier de mon père.
-Mais ...
-Du nerf, Farhan O'Neil !
Cette fois, un sourire frémit sur les lèvres de Farhan. Le regard qu'il glissa sur Joséphine n'était plus désespéré, mais plus étincelant – ce regard, celui-là même qui faisait naître cette chaleur diffuse dans la poitrine de Joséphine.
-Fiona m'a dit quelque chose de semblable, pendant les vacances, avoua-t-il avec un sourire penaud. Qu'il fallait que je me secoue les puces, que je ne laisse pas cette histoire me fracasser ... que je prenne le dragon par les cornes.
-Tante Fiona est sage. Déconcertante, mais sage.
Cette fois, ce fut un véritable éclat de rire qui franchit les lèvres de Farhan. Encouragée, Joséphine se pencha pour récupérer la plume qu'il avait laissé tomber. Ce faisant, ses jambes effleurèrent celles de Farhan, elle sentit son parfum par effluve mais parvint à faire abstraction de tous ses éléments pour lui tendre la plume avec un sourire.
-Allez, écris la lettre tout de suite. Peut-être que faire quelque chose, ça épanchera quelque peu le saignement, faute de mieux.
Farhan parut hésiter, fixant la plume comme si elle constituait un instrument dangereux, l'objet qui avait justement ouvert la plaie et qu'il était forcé de brandir pour tenter de la panser.
-Je sais pas ... je dois faire mon devoir et ...
-O'Neil, tu n'as pas écrit un mot depuis que je suis arrivée.
-C'est parce que tu me déconcentres !
Joséphine dressa un sourcil équivoque qui faillit faire ravaler sa glotte à Farhan. Ils étaient proches, à présent, avec juste la plume entre eux comme objet de terrible tentation. Dans l'opération, le pied de Joséphine s'était collé à la jambe de Farhan sans que celui-ci ne se fende du moindre mouvement de recul. Pendant quelques secondes, le temps parut se suspendre. Ils se fixaient toujours, mais sans la gêne, sans le rire, rien d'autres que leurs regards et la plume entre eux. Le souffle de Joséphine s'était coincé quelque part au creux de sa gorge, nourrissant la chaleur qui de nouveau s'était lovée au creux d'elle, ronronnant, rassurante ... intrigante. Mais cela dit, elle était mise en sourdine, étouffée par l'instant. Non, vraiment seul le regard de Farhan comptait. Elles n'étaient pas vraiment noires ses prunelles, elles étaient d'un marron velouté, qui semblait avoir capté chaque éclat du soleil pour leur donner une chaleur qui se diffusait inexorablement jusque Joséphine.
Puis le temps reprit son cours quand Farhan leva une main pour saisir la plume. Son index frôla la main de Joséphine – et un écho, un frisson lui parcourut l'échine. Elle ne bougea pas, pas même quand la plume s'échappa, lui fila entre les doigts. Le regard de Farhan avait glissé plus pas, sur la plume, ou sur son visage, Joséphine était incapable de le dire. Tout ce qu'elle savait, c'était que l'espace d'un instant, elle eut la certitude qu'il se figeait sur ses lèvres. Et comme si c'était le signal qu'elle attendait depuis tout ce temps, Joséphine inclina son visage pour embrasser Farhan O'Neil.
Ça aussi c'était une réaction épidermique. Un véritable coup de tête. Comme son journal, comme son camée. Un éclair dans son esprit, l'absolu certitude que c'était ce qu'elle voulait, ce dont elle avait besoin. Mais après tout, quel meilleur moyen de l'extirper de son système que de se frotter à la flamme ?
Quand les lèvres de Joséphine se posèrent sur les siennes, Farhan resta figé, l'air plus pris de court que réticent, affreusement immobile, comme pétrifié. Quelque peu refroidie par la réaction, Joséphine s'écarta d'un souffle, les yeux clos, déçue. C'était peut-être trop ... peut-être trop tôt ... Mais ce simple geste parut réveillé Farhan : aussitôt, ses mains se levèrent pour prendre le visage de la jeune fille en coupe et l'embrasser en retour. Cette fois, ses lèvres bougeaient, la cherchait, s'ouvraient pour accueillir celles de Joséphine. Ses phalanges allèrent se perdre dans ses cheveux, presser son visage contre le sien. Complètement grisée, Joséphine laissa la chaleur qui ronronnait dans sa poitrine la gagner tout entière. Son corps entier venait d'être électrisé, se mit à se mouvoir aux en sensation qui raisonnaient par échos en elle depuis leur baiser. Que faisait-elle ? Elle était incapable de le dire. Elle était même incapable de s'interroger sur la signification de ses décisions, de ses mouvements, sur leurs conséquences. On venait de totalement déconnecter son esprit de son corps : l'un ne faisait que constater avec un temps de décalage ce que l'autre avait décidé. Ce fut ainsi qu'elle réalisa qu'elle avait porté ses mains à la gorge de Farhan, puis caresser les cheveux au bord de sa nuque, sans cesser un seul instant de l'embrasser, même pas pour reprendre son souffle. Son souffle à présent, c'était lui, lui dont les mains étaient descendues de son visage jusque que ses épaules avant de se crisper sur ses hanches. Leurs genoux se cognèrent et Joséphine finit par se sentir loin, beaucoup trop loin, frissonnante de froid malgré la brûlure des lèvres de Farhan contre les siennes. Elle rompit leur baiser pour se lever et ce fut lui qui l'attira sur ses genoux. Ce ne fut qu'une fois assise que Joséphine prit le temps de détailler Farhan, son regard sombre qui enfin semblait avoir changé, gagné en intensité, qui n'avait plus aucune gêne à rester poser sur elle. De la prime indécision, plus aucune trace : une fois Joséphine stabilisée sur lui, sa bouche fondit sur son cou, parementant sa peau de baiser qui n'avaient absolument rien de chastes.
Détailler Farhan lui parut alors plus que secondaire : son monde se réduisit drastiquement aux lèvres du jeune homme qui traçait des lignes brûlantes sur sa gorge, à la chaleur de ses mains qui étaient passées dans son dos. Chaque baiser la gratifiait d'une décharge qui l'exaltait un peu plus, approfondissait son souffle. En quête de plus de sensation, plus de chaleur, Joséphine passa une main sur la gorge de Farhan, tenta de passer sous le nœud dénoué de la cravate pour chercher sa clavicule, la courbe de son épaule. Elle aurait voulu s'y pencher, goûter à cette peau si tentante, mais Farhan fit chavirer sa volonté en atteignant lui-même le col de sa chemise. Il s'y attarda longuement sur ce morceau, cette jonction entre l'épaule et la gorge, là où les vêtements réduisaient le champ des possibles. Et très clairement, c'était contre les lois de Joséphine de se laisser restreinte, ne fut-ce que par une simple chemise. Puisque cet instant semblait appartenir à l'éternité, hors du temps, elle voulait tout, elle voulait plus. Délier les mystères, résoudre le puzzle. Le reste ? Le reste avait été réduit à périphérie dans l'esprit de Joséphine, une périphérie lointaine. Ils étaient à la Serdaigle ce que les lunes de Jupiter étaient à la Terre.
D'une main fébrile, elle commença à déboutonner la chemise de Farhan. Elle fut rassurée d'entendre un rire répondre à son initiative, un rire qui trembla sur sa peau et qu'elle finit par avaler d'un baiser. Mieux encore, les mains de Farhan lui répondirent, l'aidant dans sa tâche jusqu'à ce qu'enfin sa peau apparaisse, que Joséphine puisse s'y jeter, des doigts, des lèvres. Elle avait l'air chaude – et Merlin qu'elle l'était, douce et chaude sous ses doigts. Mais même là son exploration fut troublée par Farhan. Ses mains, pour être exacte, qui avaient décidé d'imiter celles de Joséphine et effleurer son buste pour dégrafer chaque bouton. Quand ses doigts par mégarde effleurèrent sa poitrine, la jeune fille se figea, le visage niché dans le cou de Farhan, ses lèvres pressées contre sa peau. Elle attendit, le cœur battait à tout rompre, les mains crispées sur ses épaules, la respiration chaotique. Son seul geste fit l'une de ses mains qui glissa sur ton torse ouvert, offert, suivit la ligne de son ventre jusque la ceinture. Un chemin ... un labyrinthe linéaire. Contre elle, la poitrine de Farhan semblait s'être bloquée, mais elle sentait son pouls battre contre sa peau à un rythme affolant. Ils restèrent quelques secondes, haletants, dans l'attente l'un et l'autre d'un geste, d'un assentiment, d'un pion qui s'avancerait et permettrait de poursuivre la partie. Ce pion, ce fut Farhan qui l'avança lorsque ses doigts s'infiltrèrent entre les pans ouverts de la chemise de Joséphine pour effleurer la courbure de son soutien-gorge. Joséphine remua, prise de frisson, le sang en ébullition et Farhan raffermit sa prise sur elle lorsqu'enfin, sa main passa sous la bande de tissue pour se déployer sur son sein et ...
Joséphine se réveilla.
Dans le noir complet, complètement désorientée, un gémissement au bord des lèvres, prêt à exploser. Son cœur battait la chamade et assourdissait complètement ses sens. Elle ne sentait que son sang qui battait à ses tempes, perdant chaque seconde en intensité. Pendant plusieurs secondes, elle chercha désespérément son souffle, une main sur sa poitrine, l'autre sur son front. En repoussant ses cheveux en arrière, elle réalisa qu'elle était complètement en nage et dans son ventre rougeoyait toujours les braises de ce qui l'avait animé un instant plus tôt. Ce fut qu'une fois calmée qu'elle comprit. Elle ne prit même pas la peine d'étouffer un cri de frustration quand elle se projeta de nouveau contre ses oreillers, hors d'haleine.
-Un rêve, grogna-t-elle, frustrée au possible. Bon sang, c'était un rêve ...
Enfin, pas complètement. Elle se souvenait avoir eu cette conversation, cette conversation exacte avec Farhan dans la journée. Sur Maya, sur la lettre ... Oui, elle lui avait tendu la plume. Oui, leurs doigts s'étaient effleurés quand ils l'avaient saisi. Mais le reste ... le reste appartenait au fantasme. A ce qu'elle s'était imaginé faire, l'espace d'une seconde, lorsque leurs mains étaient entrées en contact alors même qu'ils ne se quittaient pas du regard.
Non, dans la réalité, Farhan s'était détaché avec un sourire et s'était mis à rédiger sa lettre. Et Joséphine, la tête entre les mains, l'avait regardé faire en rêvassant. Et son subconscient s'était visiblement bien trop nourri de ses songes ... Etouffée dans son propre corps, Joséphine attrapa un parchemin sur sa table de chevet et s'éventa avec. Il lui faudrait autre chose – un petit plaisir personnel – pour récupérer de la sérénité mais elle se refusait à esquisser le moindre mouvement sans avoir complètement repris ses esprits.
-Joséphine, ça devient grave, décréta-t-elle à voix basse, dans l'intimité de son lit aux rideaux de velours. S'il s'infiltre dans tes rêves ... de cette façon ... il va falloir faire quelque chose, c'est en train de m'échapper. Complètement ...
A présent que les images s'éloignaient, devenaient moins réelles, plus oniriques, les braises devenaient cendres dans son ventre et de chaleur initiale ne resta plus qu'une étreinte glacée. Elle ferma les yeux, toujours occupée à s'éventer, cette fois dans l'espoir que l'air chasserait pour toujours ces images de son esprit. Au coin de ses yeux, une larme s'était mise à perler et finit par dévaler la pente sur sa tempe.
Ce qui avait suivi appartenait au fantasme. Et un fantasme n'était fait que pour exister dans la tête, n'est-ce pas ?
-Il ne faut pas rêver, Joséphine, se réprimanda-t-elle, la gorge serrée. Le retour à la réalité est plus brutal après ... (Elle plaqua une main sur ses yeux, comme pour réprimer les larmes s'agglutinaient derrière ses paupières closes). Non, je n'ai pas le droit que ce soit vrai ... pas le droit, pas le droit ...
***
Alors ça c'était GRATUIT.
ça m'a trop fait rire de recevoir à la question de ma FAQ insta "est-ce que les lecteurs peuvent t'influencer dans l'histoire?" (bon plus exactement formulée ainsi mais dans l'idée) et effectivement cette idée de rêve un peu hot m'est venue après le Simoria quand vous étiez tous.tes en train de vous pincer en mode "J'espère que ce n'est pas un rêve !" Vous avez éveillé la sadique en moi ...
Non mais je sais que vous me détestez et que ça fait un chapitre qui n'a qu'à intérêt relatif mais je n'ai pas pu m'en empêcher ... Pardon?
Après je pense que certain.e auront capté que c'était un peu tôt, ou un peu étrange et se seront demandés "mais qu'est-ce qu'elle nous fait là, Perri?" et que ça vous aura mis la puce à l'oreille. Pas de panique je sais ce que je fais ! (je crois?)
J'espère que le chapitre vous aura plu quand même <3
Bon je vais retourner à mes aes (Mon ordi de boulot me maaaanque, il était grand, avec les vraies couleur ! J'adore mon ordi mais mon écran a vraiment un problèmeà). Bisous et à la semaine pro pour le dernier chapitre de O&P Partie 3 !
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