Chapitre 26 : Souffler le chaud et le froid.
Bonjour bonjour bonjour
Oui je pense que ça fait 4 fois de suite que je poste un jeudi. Mais soi j'ai des choses qui alimentent ma faiblesse (choses à fêter, Covid), soit j'ai des vendredis qui finissent par être chargés (ce qui le cas demain, clairement je vais courir partout j'ai la flemme d'avance).
DONC ME VOILA
Alors un truc que j'avais oublié d'acter dans le dernier chapitre : le nom de ship officiel choisi par le peuple pour Joséphine et Farhan est le Jorhan. Le peuple a parlé et Perri en est heureuse. Amen mes frères et soeurs.
Pour tout autre nom de ship qui ne concernerait pas ces personnages, merci de débattre ici !
Maintenant je ne déblatère pas plus pour vous laisser le chapitre ! Alors je cherchai vainement une citation qui me tape dans l'oeil, quand soudain je me suis souvenue de cette chanson. Honnêtement j'aurais voulu la mettre en entier tellement je l'aime, avec une des meilleures introductions musicales de tous les temps, une joie de vivre incroyable. Donc j'ai dû me réstreindre à une strophe, mais sachez que c'est la chanson du chapitre et je vous conseille d'aller l'écouter en entier ==>
Bonne lecture !
***
Et l'on résiste, on bâtit des murs
Des bonheurs, photos biens rangées
Terroriste, il fend les armures
En un instant, tout est balayé
Tu rampes et tu guettes et tu mendies des mots
Tu lis ses poètes, aimes ses tableaux
Et tu cherches à la croiser, t'as quinze ans soudain
Tout change de base et l'on y peut rien
- Et l'on y peut rien
Jean-Jacques Goldman
(Le seul, l'unique)
***
Chapitre 26 : Souffler le chaud et le froid.
Vendredi 11 janvier 1991
Bon. Les rumeurs ont fini par se tarir ... Et Charlie par retrouver sa place en sortilège. Je dirais peut-être « mince » mais en même temps j'ai un peu joué avec le feu sur ce coup-là. D'accord je joue toujours avec le feu. Je ne peux pas m'arrêter, OK ? C'est fascinant, le feu. Je pourrais rester des heures à ...
[Gribouillis]
Bon, passons. Le principal est que ça aille mieux pour Lauren. Même entre nous deux ... j'ai l'impression qu'on a enfin trouvé les clefs pour se comprendre l'une et l'autre. Parfois on se sourie dans les couloirs. C'est agréable. Je crois que c'est la première fille dans cette école avec qui j'ai une relation à peu près normale.
J'aimerais en dire autant de Berry ... J'ai cru qu'on avait enterré la hache de guerre autour d'un maquillage, mais je la sens toujours prudente, pour ne pas dire froide. Bon tant pis, je ne vais clairement pas lui courir après, elle viendra quand elle sera calmée.
***
-En plus je suis certain que tu es une harpie au réveil.
Joséphine leva les yeux au ciel face à la pique de Farhan. Ils étaient installés sur une table de la bibliothèque, poussée contre une fenêtre sur laquelle une pluie glacée se fracassait. Toute la surface de la table était recouverte par des grimoires, des notes, des parchemins dépliés ou en rouleau. Et bien évidemment, par une Joséphine complètement affalée, la joue appuyée contre son poing, vaguement occupée à faire léviter sa plume à l'aide de sa baguette. Elle jeta un petit regard à Farhan.
-Ça ne changerait pas de d'habitude, non ?
-Non, d'habitude tu es un hippogriffe, répliqua Farhan avec l'ombre d'un sourire.
Joséphine se fendit d'un ricanement et d'une torsion de poignet, elle amena la plume un peu plus haut. Ils étaient venus immédiatement ici après une harassante séance de Potion où Rogue leur avait mis la pression concernant le concours, y compris une date : le 20 février. Le fait d'avoir une date butoir avait tant stressé Farhan que Joséphine avait spontanément proposé d'aller un peu travailler à la Bibliothèque. Pas qu'elle soit particulièrement efficace depuis : elle regardait par la fenêtre d'un air rêveur, faisait virevolter sa plume, commentait sur chacune des personnes qui passaient la porte – mais râler contre elle évitait à Farhan de se focaliser sur l'échéance.
-Ne t'en fais pas, l'hippogriffe ne va plus t'embêter longtemps ... ça a l'air d'aller mieux, Lauren, non ? Le gros de la rumeur est passé ...
-Au niveau de l'école, je pense que ça va ... Parce que les gens ont peur de se prendre un coup de Charlie ... ou un sortilège Jambencoton.
Joséphine eut un sourire fier qui illumina son visage. C'était arrivé deux jours plus tôt, en Métamorphose. Un Poufsouffle, faisait mine de s'intéresser à Lauren et de lui apporter sa sollicitude, lui avait demandé de façon fort discourtoise si « les plans à trois » l'intéressaient. Avant que Lauren ne puisse s'indigner, Joséphine, un rang derrière, avait sorti la baguette – sous le nez même de Minerva McGonagall. Tout le monde avait retenu son souffle, mais la directrice de Gryffondor s'était contentée de demander au Poufsouffle de se relever, avec son habituel air pincé. D'après Charlie et malgré son âge et son appartenance à une époque différente qu'avait pu craindre Lauren, elle désapprouvait totalement la façon dont sa préfète était traitée et avait simplement pris Joséphine à part à la fin de l'heure pour lui demander de laisser faire les professeurs en pareille circonstances.
-Mais ..., reprit Farhan les sourcils froncés. Elle dort encore dans notre dortoir ... Elle a essayé de retourner dans sa chambre hier, mais il parait que c'était ... froid. Pas une opposition ouverte ... mais elle sentait qu'il y avait une sorte de méfiance, qu'on épiait ses gestes. Ça l'a énervé alors elle est revenue avec nous.
Les traits du visage de Joséphine se crispèrent. Un mince filet écarlate s'échappa de sa baguette en réaction de son humeur et alla embraser la plume qui virevoltait paresseusement au-dessus d'eux. En catastrophe, Farhan se jeta sur ses précieuses révisions pour les protéger des braises encore rougeoyantes qui menaçaient de percer les parchemins. Heureusement, la chute les transforma en cendre et leur table fut simplement recouverte d'une fine poussière grisâtre. Il fusilla Joséphine du regard.
-Mais ça ne va pas ? Tu veux que Pince nous vire ?
-Je déteste les rumeurs, marmonna Joséphine en abaissant sa baguette. Vraiment, quand elles ont ce genre de conséquence, ça me met ... hors de moi.
La façon dont elle prononça les mots, avec beaucoup de prudence, fit tiquer Farhan et il eut l'absolue certitude que c'était une situation familière pour elle, dont elle avait eu à souffrir. Un rappel amer qui avait réveillé son empathie et la poussait à protéger Lauren, presque contre toute attente – mais à dire vrai, son soutien avait à peine surpris Farhan. Charlie, radouci à son égard, y avait vu une preuve de maturité mais pour lui s'était simplement l'émanation de la nature profonde de Joséphine.
-Je comprends, je suis en colère aussi, admit-t-il en époussetant son grimoire. Mais en attendant, McGonagall et Lauren ont l'air d'avoir la situation en main, et c'est elles que ça concerne. Tu n'as pas à mener le combat à sa place. La soutenir, oui mais sinon ... c'est à elle de voir comment elle veut gérer ça.
Joséphine roula des yeux en un geste sublimement hautain, mais parut également songeuse. Elle resta quelques seconde, le regard plongé par la fenêtre avant de pivoter de nouveau vers Farhan pour lui adresser un sourire triste :
-Est-ce que tu m'accuserais d'ingérence dans la vie d'autrui, O'Neil ?
Quelque chose dans son ton, dans la lueur vacillante dans son regard adoucit considérablement Farhan. C'était comme si autour d'eux s'était matérialisé à nouveau l'ambiance feutrée et tamisée du pub irlandais de Covent Garden où il avait été si aisé de se confier.
-Et que plaidez-vous, miss Abbot ? lança-t-il avec un petit sourire qu'il fut incapable de réprimer.
-Coupable ...
Ils partirent tous deux d'un petit rire qu'ils se dépêchèrent d'étouffer car Mrs. Pince passait près de leur table en coulant sur eux un regard terriblement suspicieux, une pile de grimoire flottant devant elle. D'un coup discret de la baguette, Farhan dit disparaître les cendres sur la table tout en adressant un sourire poli à la bibliothécaire. La gentillesse dût lui paraître plus suspecte encore car elle ne les quitta des yeux qu'une fois partie dans un autre rayonnage. Secouant la tête, Farhan ouvrit son grimoire de potion devant lui :
-Allez, on ferait bien de s'y remettre ... Bon, tu me dis quel est l'ingrédient essentiel de l'élixir d'euphorie, celui qui donne justement son aspect euphorisant ?
-Oh non, gémit Joséphine en plaquant une main contre sa joue.
-Je te rappelle que c'est toi qui as proposé de travailler.
-Par bonté d'âme. Pour t'accompagner. Te soutenir psychologiquement. Te distraire pour que tu ne tombes pas dans le stress. Mais travailler moi-même ? Peuh !
Elle esquissa un geste dédaigneux de la main avant de repousser une mèche rebelle qui lui barrait le front. Elle n'avait toujours pas pris la peine d'attacher ses cheveux mais Farhan devait admettre qu'elle avait été remarquablement sérieuse en cette semaine de rentrée, sérieuse et presque appliquée. Vendredi dernier, ils avaient dû en duo composer l'antidote d'un poison et elle avait été si productive que même Rogue s'était laissé aller à la surprise. Et en remarquant le sourire fier de Joséphine face à la mine stupéfaite du professeur, Farhan avait compris que ce n'était pour elle qu'une motivation supplémentaire de bien faire.
Ça le troublait, il devait l'admettre. Il ne comprenait pas très bien ce qui poussait Joséphine à s'activer ainsi. A le suivre à bibliothèque, simplement parce qu'il avait eu un coup de stresse. Par bonté d'âme, vraiment ? Il aurait aimé se contenter de la brèche qu'elle lui ouvrit la seconde d'après d'un ton nonchalant :
-Donc ... mon petit doigt m'a dit que la tante Fiona allait faire un petit voyage dans un futur proche ?
Cette affaire. Cette affaire qui l'avait poussée à entrer dans sa vie en fracassant la porte. Sa présence ne résumait-t-elle pas à cela ? voulut se convaincre Farhan. Mais dans le même temps, Joséphine caressa le camée qui pendait sur son sternum et il se trouva brusquement incapable de la regarder, sous peine de s'empourprer ou de voir son cerveau se paralyser.
-Ton petit doigt s'appelle Maya ou Bérénice ? interrogea-t-il plutôt d'un ton résolument neutre.
-Berry ? sembla s'amuser Joséphine. Elle me parle à peine ...
-Ça ne va toujours pas mieux ?
Joséphine haussa les épaules. Ce simple mouvement attira inexorablement l'œil de Farhan mais il s'efforça de le garder fixer sur ses doigts qui faisaient rouler une mèche de cheveux cuivré plutôt que sur son visage.
-On s'est plus ou moins expliquées mais ça reste ... gênant à défaut d'être froid. Comme en ce moment avec Charlie, tiens ! C'est que ma vie est revenue à l'équilibre ...
Elle se munit d'un ciseau et coupa précieusement les pointes de ses cheveux. Joséphine aimait découper des choses. Il avait l'impression que ça avait été sa partie préférée de la Potion : tailler les racines jusqu'à ce qu'elles soient bien droites.
-Et toi ?
-Comment ça, moi ?
La question le prit tant de court qu'il faillit dévier. Pour éviter de se retrouver à la fixer, il faisait mine d'être absorbé par son manuel, mais la vérité était que ses yeux étaient ouverts sur le vide. Il était incapable de lire une ligne : toute son attention était focalisée sur le fait de ne surtout pas tourner le regard vers elle.
-Comment ça va chez toi ? Après tout ce qui s'est passé, ce qu'on a pu découvrir ... je ne sais pas, ça peut bouleverser un équilibre familial. Je voulais juste savoir si ... ça allait.
Le ton de Joséphine était si étrange que Farhan céda en levant les yeux sur elle. Les siens étaient toujours rivés sur ses cheveux qu'elle coupait avec minutie et nonchalance, sa tête légèrement penchée sur son épaule, comme à l'écoute d'une musique que seule elle entendait. Son visage était si impassible que Farhan ne sut quoi penser de sa question. Etait-ce de la sincère inquiétude ? De la politesse ? Ou voulait-t-elle se débarrasser d'un sentiment de culpabilité qui pouvait la prendre après avoir fait exploser une telle bombe dans sa vie ? Tout ce qu'il savait, c'était que ça venait nourrir quelque chose en lui qui finit par se manifester en une brûlure insupportable dans la poitrine. Nerveux, il rajusta ses lunettes sur son nez.
-Honnêtement, non ... Mon père me soutient à deux cents pourcents sur ce sujet. Enfin, non, seulement cent parce que ...
Ses entrailles se nouèrent, ajoutant un trouble bien différent à son corps qui semblait déjà trop éprouvé. Joséphine parut comprendre seule : elle leva sur lui un regard qui lui parut sincèrement peiné. Son ciseau s'écarta quelque peu de sa mèche de cheveux et elle le fit aller deux fois dans le vide.
-La menthe poivrée, lâcha-t-elle finalement.
-Pardon ?
-La menthe poivrée. C'est ça qui donne l'effet euphorisant à l'élixir ... (Un fin sourire ourla ses lèvres). Etonnant que tu n'aies pas encore vidé de bouteille de ça, d'ailleurs ...
-Comment tu sais que j'ai un problème avec la menthe ?
Cette fois, Joséphine leva les yeux au ciel, toujours avec cet air hautain qui faillit lui arracher un sourire et redoubla l'intensité de la pression dans sa poitrine.
-Tu sens littéralement la menthe tous les matins, O'Neil. Genre ça flotte autour de toi. Tu baignes dans la menthe. Quand on prononce ton nom on pense à deux choses : la menthe et l'Irlande. D'ailleurs première fois que je trouve que tu as accent, tu l'as chopé à Belfast ?
Il claqua la langue d'un air agacé. Charlie lui avait déjà fait la réflexion en revenant le retrouvant dans le train : chaque fois, après avoir trop côtoyé son père et sa tante Fiona, son accent ressortait. C'était d'autant plus surprenant que sa langue maternelle était l'arabe et que même s'il avait appris l'anglais de la bouche d'Irlandais, les années à Poudlard s'étaient chargés de progressivement l'effacer, mais il n'y pouvait rien. Immanquablement, pendant deux semaines après les vacances, il parlait avec un accent irlandais à couper au couteau.
-Tu dois être la dixième personne à me faire la réflexion ...
-Oh excuse-moi ..., railla Joséphine avec mordant. Est-ce que c'est ... ?
Mais elle fut interrompue par une tempête rose et noire qui émergea des rayonnages trempés jusqu'aux os, les dents grelottantes qui rendait son élocution presque incohérente :
-Ah Farhan tu es là ... tant mieux j'ai l'impression que le déluge force tout le monde à se réfugier ici et ...
Tonks fut coupée en pleine phrase lorsqu'elle remarqua Joséphine assise en face de Farhan. La Serdaigle poussa même le vif à la saluer d'un geste flegmatique de la main, moitié royale, moitié moqueuse. Farhan porta une main à sa tempe. A présent, la chaleur était redescendue dans son ventre et se lover dans ses entrailles pour leur donner une impression de lourdeur que seule l'embarras pouvait provoquer.
-Bonjour Nymphadora ..., souffla Joséphine avec un sourire carnassier.
Farhan faillit lui donner un coup de pied sous la table, mais il était presque certain de mal viser De toute manière, Tonks n'avait pas besoin de lui : elle adressait déjà à Joséphine son regard le plus méprisant, ses cheveux roses se striant de brun.
-Presque, Abbot, lança-t-elle d'un ton froid. Encore un petit effort ...
Farhan jeta un regard furtif à Joséphine, dans l'attente d'une réaction pleine de mordant, voire d'agacement, mais la jeune fille se contenta de sourire. D'un geste souple, elle rangea ses ciseaux dans sa trousse qu'elle referma d'un coup sec avant de ranger ses affaires.
-Pas la peine de me faire fuir, je te laisse la place ... J'ai un entrainement de Quidditch qui m'attend par ce magnifique temps, si tu savais comme j'ai hâte de m'y précipiter !
Elle chargea son sac sur son épaule, envoya un baiser ironique à Tonks et s'en fut dans un tourbillon de mèche cuivrées. Elle n'adressa même pas un dernier regard à Farhan : il eut à peine le temps de cligner des yeux qu'elle prenait la porte et que Tonks s'affalait à sa place. Ses cheveux trempés pendaient de chaque côté de son visage en forme de cœur, prenant aléatoirement des reflets roses, bleus nuit et bruns. Farhan haussa les sourcils.
-Tu sors d'où ?
-Je suis allée voir Hagrid, répondit-t-elle en secouant sa tête comme un chien. J'y ai croisé Charlie, d'ailleurs, je pense qu'il élit domicile là-bas quand on a Potion ...
Elle s'essuya le visage de son écharpe elle aussi complètement trempée. Entre deux passages, elle lui jetait des regards moitié interloqué, moitié moqueur.
-Et toi ? Qu'est-ce qu'elle faisait avec toi, Abbot ? Un vrai strangulot celle-là en ce moment ...
Joséphine apprécierait la comparaison, songea ironiquement Farhan, une seconde avant que la chaleur ne remonte pour le prendre à la gorge et embraser son visage. Tonks haussa les sourcils très haut quand elle remarqua la coloration de la peau de Farhan – et avec son teint mat, il fallait que la rougeur soit spectaculaire. Elle plissa les yeux en une expression suspicieuse.
-Dis-moi tu ne m'aurais pas un peu menti avant les vacances ? Plus rien, tu te fiches de moi ? Tu as la couleur d'un souafle, Farhan, au minimum !
-Et tu n'es pas obligée de le crier !
-Mais c'est la vérité ! Tu veux revenir sur tes propos ?
-Arrête, ça craint ...
Il s'en voulut presque d'avoir laissé échapper ces mots, mais c'était comme si les sensations de chaleur avaient enrayé ses capacités de réflexions. Cette pensée restait bloquée dans sa gorge depuis une semaine, depuis que les cours avaient repris et qu'il se retrouvait quotidiennement face au sourire de Joséphine Abbot – un sourire qui depuis les vacances semblait avoir pris une couleur différente ... Il avait l'impression qu'un voile s'était abaissé et de pouvoir contempler les vraies couleurs de Joséphine Abbot.
Et il avait découvert que non, le fait qu'elle soit l'ex-petite-amie de Charlie ne réglait rien. Son esprit avait tendance à se rappeler la chose qu'une fois Joséphine sortie de son champ de vision.
Tonks écarquilla les yeux, l'air prise de court par la confidence. D'un geste vif, elle s'avança sur sa table, la tête penchée vers lui de façon complotrice.
-Excuse-moi ? Ne me dis pas que ton béguin revient ?
Farhan se mordit la lèvre, pris d'une brusque envie de ravaler tous les mots qui s'agglutinaient dans sa gorge et venait nourrir le feu qui s'activait en lui. Mais en même temps, tout ne demandait qu'à sortir et il cherchait depuis une semaine le moyen de tout éteindre, de renvoyer toutes ses sensations à l'état de cendre froide. Peut-être que Tonks trouverait ce moyen ... Vaincu, il finit par lâcher avec un soupir :
-J'aimerais bien que ce soit juste le béguin ... mais c'est pire.
Oh que oui c'était pire. Ce n'était pas la fascination aveugle, absurde, il le sentait. Ça en avait les aspects : il réagissait à chacun de ses gestes, son regard s'accrochait à elle dès qu'elle apparaissait dans son champ de vision ... Mais tout cela n'était que du langage corporel. Ce que cela provoquait chez lui était bien différent, bien plus profond que l'amas de gêne et d'intimidation qu'il avait ressenti plus jeune. Ça prenait racine plus profondément dans ses entrailles. Tonks continuait de le fixer, une joue appuyée contre sa main, la bouche légèrement ouverte. Dans son regard sombre, il sentait poindre une horreur semblable à celle qu'il ressentait.
-Oh non, Farhan ... Non, non, non.
-Je sais.
-C'est Joséphine Abbot !
-Je le sais aussi.
-Elle est sortie avec Charlie !
-Tu ne m'apprends rien.
-Elle t'a fait exploser trois chaudrons depuis le début de l'année !
-Deux, et elle a arrêté ...
Tonks se redressa brutalement face à sa tentative d'excuser Joséphine, presque furibonde. Farhan avait l'impression d'être atteint par les éclairs qui crépitaient dans ses iris.
-Oh et je suppose qu'on devrait la féliciter pour ça ? grinça-t-elle entre ses dents. Elle a fini par se montrer magnanime et comprendre que son comportement était limite ? Mais quelle grande dame !
-Tonks ...
-Farhan, même Charlie s'est cassé les dents sur elle, rappela-t-elle fermement.
La formulation fit grimacer Farhan et il porta une main à sa tempe, exaspéré. Son réflexe avait été de rétorquer que Charlie n'avait pas su s'y prendre, mais même cela le crispait. C'était sous-entendre que Joséphine avait un problème, quelque chose à résoudre et que c'était à un tierce de le faire. Et les deux options étaient plus que discutables. Elle n'avait pas un problème, elle avait un passé. Et ce n'était ni à Charlie, ni à Farhan, ni à personne ne lui expliquer comment le gérer.
-Arrête Tonks, lança-t-il finalement avec plus d'aplomb. N'essaie pas de me convaincre, de me dissuader. Evidemment que ... que ce n'est pas possible, et tu viens précisément de citer la raison ...
Tonks battit des cils et à chaque fois son regard perdit en courroux pour gagner en compassion. Quelque chose de l'ordre de l'amertume ou de la déception avait dû s'échapper dans la voix de Farhan, quelque chose qui la força à pousser un profond soupir et à passer une main résolue dans ses cheveux. Après quelques minutes d'oscillation, ils avaient fini par se fixer sur une vague couleur lilas qui ne faisait qu'accentuer la pâleur de son visage.
-Très bien ... Ecoute, je vais essayer d'oublier l'espace de ... cinq ... non, trois minutes que c'est définitivement quelqu'un ... que je n'apprécie pas particulièrement. Donc tu as trois minutes pour m'expliquer pourquoi.
Farhan lui adressa un regard reconnaissant. C'était peut-être cette compassion qu'il était venu chercher, cette sollicitude qui avait fait de Tonks sa première confidence. Maintenant qu'il y songeait, elle avait été peut-être la première à qui il été venu se confier quand il avait commencé à éprouver quelque chose pour Alice ... Il repoussa ses lunettes dans ses cheveux et rassembla ses pensées diffuses. Maintenant que Joséphine était loin, et que Tonks s'était radoucie, la chaleur s'était tarie et lovée au creux de son ventre, présente, mais soutenable.
-D'abord, je ne t'ai pas menti avant les vacances. Je te jure que je n'avais plus de béguin pour elle et depuis longtemps d'ailleurs ...
-Hum..., laissa échapper Tonks avec un sourire dubitatif.
-Je te jure, insista-t-il, irrité. Je te jure, c'était fini, le fait d'être confronté au pire d'elle m'a complètement déboussolé. Mais ce n'est rien comparé à comprendre ce qu'il y a derrière ça ...
D'un geste machinal, il effleura la chaine à son cou et tira quelque peu dessus. Sur sa poitrine, le pendentif se déplaça, traçant une ligne froide sur sa peau. Comment expliquer à Tonks sans parler des troubles qui le secouaient en ce moment ? De Maya, de ses parents ? Il ne se voyait pas le faire sans l'aval de sa sœur ... Maya semblait encore terrifiée à l'idée de découvrir sa nouvelle identité et ne paraissait pas encline à accepter d'autres personnes dans le secret. Les sœurs Abbot, c'était déjà bien assez difficile à gérer ...
-On s'est croisé à Londres pendant les vacances, finit-il par décider, sans pour autant mentir à son amie. Elle devait finir ses cadeaux de Noël ... et je ne sais pas ... C'était ... Différent. Je ne saurais pas comment t'expliquer. On est allé boire un verre. On a parlé. Et soudainement, ce n'était plus la même chose ...
-Oh je rêve, lâcha Tonks, la joue appuyée sur son poing. Tu vas me faire le coup de « elle m'a ouvert son cœur du coup je lui donne le mien » ?
Visiblement, ses trois minutes de patience étaient largement écoulées et elle le prouva en faisait mine de vomir à terre. Un mélange d'embarras et d'exaspération monta dans la poitrine de Farhan et il détourna le regard. La pluie martelait à présent la vitre avec une telle force que le fracas suffisait à couvrir leurs mots.
-C'est bon, je ne sais même pas pourquoi je t'en parle ...
-Donc c'est vraiment un truc dans ce goût-là qui s'est passé ?
-C'est vraiment si difficile à croire que ce n'est pas simplement une petite boule de colère et de provocation ?
Tonks pinça des lèvres et Farhan lut dans son silence qu'en effet, elle se le figurait assez mal. Sincèrement, il ne pouvait pas la blâmer. Joséphine était capable d'attaquer tout le monde, mais ces dernières années Tonks avait été l'une de ses cibles favorites. Celle qui l'a dépassé. Ce n'était pas difficile de comprendre pourquoi, quelle absurde, injuste et primaire jalousie devait l'animer face à elle ... ça avait rendu Joséphine cruelle à son égard. Complètement vidé, il pressa ses paumes contre ses yeux. Il ne savait pas réellement ce qu'il avait cherché en parlant à Tonks ... il voulait se libérer d'un poids. Mais en un sens, avec ses doutes et son incompréhension, elle ne faisait que l'alourdir. C'est ça. C'est incompréhensible.
-Ecoute, de toute façon ce n'est pas important de définir ce qui se passe, conclut-t-il finalement d'une voix résolument posée. Ce n'est même pas grand-chose ... Pour l'instant. L'important, c'est que ça disparaisse.
-Pour Charlie, comprit Tonks.
Il trouva son ton étrange et baissa les mains pour pouvoir la contempler. Elle semblait trépigner sur sa chaise, la joue toujours appuyée contre son poing, mais l'air nettement moins vindicatif.
-OK, craquer pour l'ex-copine de son meilleur ami, ce n'est ... pas cool, admit-t-elle du bout des lèvres. Ça peut donner une situation compliquée, c'est un fait. Mais honnêtement, j'ai cent raisons de te pousser à abandonner ça et aucune d'elles n'est Charlie.
Ses pommettes de plaquèrent de rose et elle se trouva une fascination particulière pour ses ongles cassés de la main gauche.
-En tout cas ... Si ça avait pu marcher entre nous l'année dernière, ça n'aurait pas été Alice qui m'aurait empêché de foncer.
-Alice et toi, ce n'est pas Charlie et moi, objecta Farhan, qui s'attendait à l'argument. Je sais que c'est ton amie mais ... honnêtement, je t'ai à peine vu avec cette année ...
Les yeux de Tonks roulèrent dans ses orbites et elle se projeta contre son siège pour croiser ses bras sur sa poitrine et vriller son regard sur lui.
-Et à ton avis, pourquoi ? Quand vous avez rompu, il a fallu faire un choix Farhan. Bien sûr que tu ne m'y as pas forcé et pour tout te dire que je n'ai même pas eu la sensation d'avoir à en faire un. Mais toujours est-il qu'en revenant des vacances, je me suis rendue compte que j'avais toujours beaucoup envie de te parler quand avec Alice s'était devenu un peu froid. Elle s'est elle-même éloignée parce que j'étais proche de toi et qu'elle avait peur que ce qui se passe dans mon oreille retombe dans la tienne ...
Loin de le rassurer, l'exposé de Tonks lui plomba la poitrine. De culpabilité, dans un premier temps, d'avoir été indirectement responsable de l'érosion de leur amitié. Mais surtout, Tonks lui confirmait ce qu'il pressentait depuis cette journée à Covent Garden. S'il poursuivait sur cette voie, s'il laissait la graine germer, s'étendre et le remplir, cela allait aboutir à un choix.
Charlie ou Joséphine ?
L'idée même le fit suffoquer et il ferma quelques secondes les yeux pour reprendre le contrôle de son souffle et chasser la brusque angoisse. C'était idiot de paniquer ainsi, se morigéna-t-il. Il n'en était pas à ce stade. Ce qu'il ressentait, c'était encore contrôlable. L'embryon de sentiment qu'il était aisé d'étouffer. Il fallait juste qu'il trouve le moyen ...
-Et s'il n'y avait pas Charlie ? poursuivit finalement Tonks face à son mutisme. Si elle n'était jamais sortie avec Charlie, si leur histoire n'avait jamais existé ? Qu'est-ce que tu ferais ?
-On s'en fiche, ce n'est pas le cas.
-On ne s'en fiche pas. Si Charlie c'est le seul obstacle ... (Tonks parut faire un effort surhumain mais finit par articuler comme un aveu déplaisant :) alors ce serait dommage ...
-Tu trouves ? cingla Farhan, dubitatif.
-Oui. A dire vrai je ne trouverais pas ça simplement dommage, mais idiot. Comprenons-nous bien : je trouve déjà sacrément stupide de craquer de nouveau pour elle, après tout ce qu'elle a fait et je le prends presque personnellement. Je pense que tu mérites infiniment mieux que cette fille et je trouverai que c'est un gâchis incroyable si tu finis avec. Si je suis parfaitement sincère, j'ai peur aussi de te ramasser à la petite cuillère après qu'elle t'a broyé.
-La confiance règne ...
-Mais. Peut-être que je me trompe – comme je me trompais en me disant que Lauren McColley enchainait les gars – peut-être qu'il y a quelque chose à aller chercher chez Abbot que tu as réussis à percevoir. Peut-être même que ça peut te faire du bien, qui sait. Et dans le cas improbable où il y aurait quelque chose de beau et de sain à aller chercher, je trouve ça idiot de te réfréner à cause de ton meilleur ami.
-C'est peut-être ça ... je ne sais pas du tout sûr ce qu'il y a à aller chercher. Sans doute rien, c'est le cas le plus probable ... sans doute comme tu le dis quelque chose de malsain, ou de douloureux ... Vraiment, ce serait ... ce serait un gros risque.
Tonks parut rassurée de le voir l'admettre.
-Et tu es certain que tu perdras Charlie en le prenant ?
Farhan garda le silence quelques secondes, tiraillé. Sincèrement, après les derniers mois qu'il avait passé, il ne voyait pas Charlie ne pas réagir à l'annonce. A dire vrai, il voyait déjà le scénario se dérouler sous ses yeux. Ce ne serait pas un sentiment de trahison, non, il le pensait sincèrement au-dessus de ça. Mais ça resterait une sensation désagréable, il s'en doutait. Farhan n'oubliait cette boule au ventre qu'il avait eu chaque fois qu'il avait contemplé Charlie et Joséphine ensemble ... Et surtout, Charlie avait tendance à le protéger comme s'il avait été l'un de ses petits frères. Il y aurait de l'incompréhension, des tentatives de dissuasion, des menaces. Si Joséphine partageait ses sentiments et qu'il parvenait à passer outre les inquiétudes de Charlie, Farhan savait ce qui se passerait par la suite. De la méfiance, des conseils, des « crois-moi je la connais », une Joséphine exaspérée, des disputes inéluctables. Un choix par défaut pour garder la face. Comme l'avait dit Tonks, peut-être n'aurait-il même pas conscience de le faire, mais à terme ce serait ce qu'il se passerait.
Il n'était pas prêt à se mettre au cœur d'un tel cyclone. Pas maintenant.
-Ce sera très compliqué de concilier sereinement les deux, synthétisa-t-il, mortifié. Sans compter que Charlie sera cent fois plus virulent que toi ...
-Tu abandonnes devant l'adversité ? conclut Tonks, un brin sarcastique. Je te pensais plus Gryffondor que cela ...
-Ce n'est pas une question de courage. C'est une question de savoir si le jeu en vaut la chandelle et pour l'instant très clairement, la réponse est non.
-Abbot est une jolie chandelle ...
-Bon sang Tonks, tu es de quel côté ?
La jeune fille s'esclaffa, visiblement amusée par la mine à la fois désespérée et frustrée. Visiblement plus détendue depuis qu'il avait admis qu'une relation avec Joséphine serait probablement toxique, elle se mit à se balancer nonchalamment sur sa chaise. Farhan la considéra en secouant la tête, consterné.
-Cinq gallions que tu tombes au bout de deux minutes.
-Tu sous-estimes mon équilibre, O'Neil, protesta-t-elle avec un sourire confiant. Je suis plutôt bonne en vol, tu sais, j'aurais pu faire du Quidditch si j'avais un semblant de coordination ... Bon, revenons à ton problème. J'ai deux options pour toi.
-Je t'écoute avec la plus grande des attentions.
Le sourire de Tonks s'élargit, presque incrédule. Farhan comprenait parfaitement ce qui lui passait par l'esprit : elle n'était pas connue pour ses relations amoureuses. L'amour, l'expérience, tout cela ne l'avait jamais intéressée. Sincèrement, Farhan doutait qu'elle ait embrassé un autre garçon que lui-même. Tonks ne se nourrissait que de travail et de camaraderie. Une Poufsouffle dans l'âme ... Alors se retrouver à donner des conseils de cœur ? L'ironie de la situation arracha même un sourire à Farhan, vite fané quand la jeune fille vacilla sur sa chaise. Elle se rattrapa in extremis à la table avec un réflexe dont il ne l'aurait jamais cru capable avant de poursuivre :
-L'option que je prendrais à ta place, c'est l'attente. Tu dis que le jeu n'en vaut pas la chandelle, mais tu n'as même pas évalué la chandelle en question, tu te mets des barrières tout seul à cause de Charlie. Tu ne sais même pas ce qui se passe. Alors avant de paniquer ou de couper court à quoique ce soit, essaie d'évaluer ce qui se passe. Pour toi. Et pour elle.
Pour elle. A la pensée de Joséphine, caressant distraitement son camée, coupant ses cheveux devant lui, présente simplement pour lui tenir compagnie ... La chaleur remonta dans sa poitrine, moins brûlante, plus ronronnant, rythmée d'un semblant de certitude qui lui donna la nausée quelques secondes plus tard.
-Oui mais c'est prendre le risque que ... que ça grandisse. Que ça devienne concret.
-Ce qui m'amène à la seconde option : arracher le mal à sa racine. Loin des yeux, loin du cœur O'Neil. Si tu veux l'extirper de ton système, il faut que tu arrêtes de la voir.
-Pas possible.
La rapidité de sa réponse provoqua un sourire désabusé chez Tonks. Farhan contracta la mâchoire assez frustrée de la façon dont une pierre était tombée dans son estomac à la proposition. Son corps se révulsait à l'idée avant même son esprit. C'était déjà trop ...
-Je suis à côté d'elle en Potion, se justifia-t-il ensuite de façon plus rationnelle. Rogue exige des binômes et il y a le concours ...
-Argh ! (Tonks ramena ses mains à ses oreilles, d'un air horrifié). Non, non, ne me parle pas du concours ! Moi aussi je le veux et je ne veux pas qu'on devienne ennemis Farhan.
-Mais tu vois ce que je veux dire. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne peux pas.
Et d'accord, peut-être que la volonté n'est pas folle non plus ... Tonks parut le lire sur son visage, car un sourire entendu se dessina sur ses lèvres. Elle n'insista pas, cependant et fit mine de souffler sur ses ongles, l'air de savourer le travail bien fait. Un grognement monta dans la gorge de Farhan quand il comprit son raisonnement.
-Donc ça ne me laisse que la première option, c'est ça ?
-C'est ce qu'il me semble. Mais si tu as besoin de moi pour la faire foirer, ce sera avec plaisir. Le pire c'est que je ne la trouve même pas si jolie que ça ... Et je dois te rappeler comment elle me traite ? ça ne compte pas ça, O'Neil ? Elle maltraite ton amie ! Oui, d'ailleurs, je suis déçue de ne pas être dans la balance, Charlie par-ci, Charlie par-là mais Tonks, on en parle ? Tu crois que j'apprécierai de te voir accrocher aux basques d'une fille qui m'insulte dès qu'elle me voit ?
Mais la tirade était trop dite avec un sourire dans la voix pour que Farhan la prenne complètement au sérieux. Ce fut pire ensuite car après l'avoir gratifié d'un regard appuyé, elle perdit l'équilibre : sa chaise valsa vers l'arrière et elle avec, les bras tournoyant vainement dans le vide. En une seconde, elle se retrouva à terre avec fracas, enfouie sous les cris de Mrs. Pince prestement apparue sur les lieux du crime et les éclats de rire incontrôlables de Farhan.
***
Bérénice n'avait pas envie de rire. La Potion lui donnait plutôt envie de pleurer.
La Salle Commune de Serdaigle était presque vide, malgré le temps exécrable dehors. Il était un peu plus de dix-sept heures et Bérénice supposait qu'ils vaquaient tous à divers clubs et activité. Ça ne l'avait jamais attiré : elle ne voulait pas avoir ce genre d'entrave dans son emploi du temps, même pas pour un club d'échec. Et encore moins être obligée de côtoyer des élèves inconnus et certainement peu intéressants – ou pire qui la trouverait peu intéressantes et l'ignoreraient. Elle se retrouvait donc dans un calme absolu pour achever son devoir de Potion sur lequel elle luttait depuis la rentrée. Il était affreusement complexe et pour la première fois de sa vie ses capacités naturelle ne lui suffirent pas à comprendre les principes. Il avait fallu qu'elle relise plusieurs fois le passage dans son manuel, qu'elle le décortique, qu'elle en fasse une fiche – pas beaucoup plus claire que le cours original – et maintenant qu'elle devait disserter dessus, elle se retrouvait complètement démunie. Elle écrasa une larme de frustration sous sa paume.
-Allez Berry. Tu peux le faire, il suffit juste que tu poses le problème.
L'idée même de rendre une dissertation mauvaise à Rogue l'angoissait totalement. Elle n'avait jamais eu de problème avec son professeur : elle était en cours avec les Gryffondor, son venin leur était exclusivement réservé, et Bérénice, excellente élève, était toujours passé entre les mailles du filet. Mais elle ne doutait pas un seul instant que son professeur pourrait profiter de sa première fausse note pour enfin poser ses yeux sombres et froid sur elle et la gratifier d'une pique cruelle dont il avait le secret. Vivian McLairds avait un jour fondu en larme lorsque pour la reprendre après des bavardages, Rogue avait souligné que des compétences en Potion pourraient être nécessaire pour lui faire perdre ses rondeurs. Bérénice caressa ses propres hanches, singulièrement épaissies depuis les vacances – et surtout les repas – de Noël. Puis elle serra les poings et secoua la tête. Arrête. Concentre-toi sur la dissertation ... Elle n'en eut cependant pas le loisir : un brouhaha venait de se créer dans la salle et elle comprit une seconde plus tard quand l'équipe de Quidditch de Serdaigle entra dans la pièce, frissonnants dans leurs robes trempées. Le jeune Roger Davies se précipita devant la cheminée pour réchauffer ses mains : à la lumière des flammes, il sembla à Bérénice que l'un de ses poignets étaient singulièrement enflé et contusionné. Aidan McColley s'avança vers lui et lui donna une tape sur l'épaule.
-Vraiment Davies, va à l'infirmerie.
-Ça va, protesta-t-il, en cachant son poignet derrière son dos. Je vais bien ...
Mais quel mâle, songea Bérénice sans pouvoir se retenir de lever les yeux au ciel. Une comédie pour prouver aux autres – qui le lorgnaient tous du coin de l'œil – qu'il était fort et insensible à la douleur ... Aidan ne fut cependant pas dupe et son regard se fit sévère.
-Ne pas aller à l'infirmerie, ce n'est pas du courage, c'est de la stupidité, asséna-t-il fermement. Y aller, ce n'est pas de la faiblesse, c'est prendre soin de son corps et s'assurer d'être dans les meilleures dispositions pour gagner le mois prochain. Parce que je te promets Davies : si tu ne vas pas à l'infirmerie et que ta blessure s'aggrave, que tu arrives diminuer aux entrainements ou que ça te met forfait pour le match, je te vire de l'équipe.
La menace parut ébranler le jeune Roger qui écarquilla les yeux. Il baissa le regard sur son poignet, puis le releva de nouveau sur un Aidan qui le surplombait d'une bonne tête, intimidant et inflexible. Sa belle audace parut fondre et il baissa humblement la tête.
-D'accord, j'y vais ...
-Brave garçon. Jeremy va t'accompagner.
-Quoi ? se recria celui-ci, se redressant brusquement du canapé où il était affalé. Pourquoi moi ?
-Parce que être le frère de ma copine ne te donne pas de passe-droit. Allez, du nerf.
Bérénice réprima un sourire et jeta un coup d'œil discret à la scène devant elle. Les joueurs de Serdaigle restaient déployés autour de leur Capitaine, Joséphine comprise. Trempées jusqu'aux os, sa sœur observait la réaction de ses coéquipiers, les sourcils haussés. Un Vif d'Or se débattait dans son poing fermé. Jeremy Strettins jeta un regard noir à Aidan avant de s'extirper de son fauteuil pour prendre Roger Davies par les épaules et l'amener vers la sortie.
-Ne t'inquiète pas, lança Joséphine avant qu'ils ne passent la porte. Ça fait deux ans qu'Aidan me répète qu'au prochain retard, je suis virée. Et regarde qui est toujours là pour choper le Vif d'Or ...
-N'en fais pas une gloire, marmonna Aidan alors que Roger s'esclaffait timidement. Je tiens juste à mon quota de fille dans l'équipe ...
Le petit sourire de Joséphine se mua en rictus quand en écho Bérénice leva les yeux au ciel. Visiblement peu désireuse de répondre, l'Attrapeuse se contenta de dépasser souplement Aidan, son balai dans une main et le Vif d'Or dans l'autre. Bérénice se dépêcha de baisser son regard sur la potion à l'approche de sa sœur. Malheureusement, l'œil de Joséphine était vif et elle entendit ses pas se rapprocher de sa table, à peine étouffés par la moquette bleue nuit qui recouvraient le sol. Quand ils devinrent invisibles, Bérénice leva la tête pour découvrir que sa sœur s'était plantée devant son espace de travail, dégoulinante de pluie, le visage rougi par l'effort physique. Les ailes frétillantes du Vif d'Or envoyèrent de l'eau un peu partout et Bérénice grimaça quand elle reçut sur la joue, mais Joséphine ne le vit pas. Ses yeux se promenaient sur les parchemins.
-Hum ... L'effet des venins à action lentes ... Un plaisir.
Bérénice faillit se fendre d'un petit rire tant le ton de sa sœur sous-entendait que cela avait été tout, sauf un plaisir. Elle décida plutôt de hausser les épaules avec flegme.
-Ce n'est pas facile, je ne dis pas le contraire.
Joséphine garda le silence quelques secondes, les yeux toujours occupés à parcourir son espace de travail, ses parchemins, ses grimoires, ses fiches qui déclamaient si cruellement l'échec de son esprit.
-Tu as besoin d'aide ? finit-t-elle par lâcher du bout des lèvres. Ce n'est pas un chapitre facile ...
-Je m'en sors, rétorqua immédiatement Bérénice. Merci.
Le ton parut sans doute sec à Joséphine. Laissant tomber le masque de l'amabilité, elle lui adressa un regard courroucé avant de faire prestement volte-face, avec de grands gestes inutiles qui projetèrent de l'eau partout – et y compris sur la table de Bérénice. Surprise par l'attaque des gouttes glacées, Bérénice se leva, outrée.
-Josie !
Mais Joséphine s'était déjà engouffrée dans l'escalier qui menait à son dortoir, plantant là une Bérénice fulminante. La jeune fille contempla ses travaux à présent constellés de tâche humides, y compris le devoir qu'elle s'échinait depuis plusieurs heures à entamer. Elle était encore en train de rager et de ravaler ses larmes de frustration quand une voix souffla à côté d'elle :
-Tergo.
L'eau fut aspirée jusqu'à une baguette tenue par une main pâle, elle-même reliée à un Aidan McColley qui s'était approché dans l'ombre avec un sourire. Bérénice cligna stupidement des yeux et réalisa alors que le reste de l'équipe était monté dans le dortoir des garçons.
-Merci, fit-t-elle, remise de sa surprise.
-C'est vraiment une furie quand elle le veut, ta sœur, plaisanta tranquillement Aidan. Tu as du mal avec ta Potion alors ? Toi ?
La moquerie mêlée de surprise lui mit le feu aux joues et elle se rassit résolument sur sa chaise. C'était une expérience extrêmement désagréable d'être ainsi confrontée à ses limites et d'être incapable de les dépasser. Paradoxalement, elle se remit à songer à sa sœur, et aux mots désespéré de son journal quand dans ses jeunes années, ses notes s'étaient mises à baisser face au niveau ... Bérénice secoua la tête comme pour chasser une mouche irritante. Je ne suis pas Joséphine. Moi je vais trouver la solution.
-C'est juste plus difficile à intégrer que d'habitude, mais il va falloir que je m'y habitue si je veux passer en ASPIC en Potion.
-Rogue demande un Optimal en BUSE pour ça, lui rappela Aidan avec un sourire tordu. Je le l'aurais jamais obtenu si ma sœur m'avait pas aidé ... Parfois je regrette, ça m'aurait fait du bien de lâcher la Potion.
Bérénice voulut compatir, mais la vérité était que les mots d'Aidan lui avait juste rappelé que sa sœur, incapable de travailler, inattentive en cours et négligente, s'était arrangée pour avoir un Optimal en Potion. Serait-elle capable d'en faire autant alors qu'elle luttait avec une simple dissertation ? Bérénice contempla longuement son parchemin, fixement, comme si la réponse allait venir d'elle-même. La concentration intense sur son visage amusa Aidan qui partit d'un éclat de rire.
-Lâche l'affaire, mini-Abbot. Parfois il faut savoir prendre du recul. Tu reprendras ton devoir demain, l'esprit frais. Là tout ce que tu vas réussir c'est te dégoûter.
-Un conseil plein de sagesse, admit-t-elle en roulant son parchemin sur lui-même. Ça doit être ça, j'ai trop travaillé dessus, je sature ... il faut que je laisse les informations pénétrer.
-Exactement. Va débrancher un peu ton cerveau, ça va te faire du bien.
L'air profondément révulsé de Bérénice provoqua un nouvel éclat de rire chez Aidan.
-Pardon, je me doute que ça doit être contre-intuitif pour toi, s'esclaffa-t-il. Mais vraiment essaie un jour, peut-être que tu vas aimer.
-Ma sœur débranche ton cerveau tout le temps et on voit le résultat.
Même si intérieurement, Bérénice songeait plutôt que l'esprit de sa sœur avait tant surchauffé qu'il avait grillé ses rouages quelques années plus tôt. Peut-être que c'était ce qui lui pendait au nez si jamais elle ne parvenait à prendre du recul ... Avec un goût amer de défaite dans la bouche, Bérénice rangea ses affaires dans son sac avant de le charger sur son épaule. Fini la Potion pour ce soir ...
-Mais je vais y réfléchir. Merci, Capitaine.
Aidan lui adressa un sourire de coin avant de lui tapoter l'épaule. Le contact parut trop long à Bérénice et il provoqua trop de chose pour la simplicité du geste : son estomac se contracta, ses joues s'échauffèrent et elle se retrouva obligée de détourner le regard et de s'enfuir à toutes jambes vers son dortoir. Une fois loin d'Aidan et la chaleur sur son épaule dissipée, elle se mit à se morigéner intérieurement. Elle détestait – détestait – ce qu'elle devait dès qu'il était dans les barrages, une sorte de gourde incapable de réfléchir. Un regard prolongé suffisait à lui vider l'esprit, un contact à transformer sa voix en couinement de souris. C'était tout bonnement insupportable.
Mais ce n'est pas justement ça, déconnecter le cerveau ? interrogea une voix insidieuse dans son esprit – voix que Bérénice repoussa dans un coin perdu d'elle-même. Déconnecter le cerveau, peut-être. Mais certainement pas à n'importe quel prix. Enervée contre elle-même, elle ouvrit la porte de son dortoir avec fracas, provoquant le sursaut des deux personnes qui se tenaient à l'intérieur. Et comme si ça ne suffisait pas, le chat aussi se fendit d'un bond spectaculaire et renversa un pot de peinture qui alla se répandre sur la moquette, tel un raz de marée jaune et apocalyptique.
-Oh non ! s'écria Maya, horrifiée. Bastet !
-Je pense que le coupable s'appelle tout autant Bérénice Abbot.
La seconde voix écarquilla les yeux de Bérénice, qui finit par passer outre sa surprise et son agacement pour étudier son environnement. Le lit de Maya avait été poussé contre un mur pour laisser de la place sur le sol à une grande toile qui recouvraient la moquette. Des palettes de peintures complètement désordonnées gisaient éparses sur le sol et à présent, une grosse trainée de peinture jaune rampait comme de la lave le long du lit de Bérénice. Maya avait les mains complètement colorées, recouvertes jusqu'aux poignets et elle finit par comprendre qu'elle peignait avec les doigts. Comme le garçon à côté d'elle, qui avec ses cheveux ébouriffés et sa tâche de peinture rose sur la joue, fixait Bérénice d'un air qui frisait l'insolence. La jeune fille retint au dernier moment un soupir.
-Thomas. Qu'est-ce que tu fais là ?
Thomas Fawley eut un grand sourire qui donna envie à Bérénice de lui renverser un nouveau pot de peinture sur la figure. C'était l'un de leurs camarades de cinquième année, pour ne pas dire le camarade, le fils de Gerald Fawley du réseau de cheminette et de Celenia Greengrass, celui que sa mère visait pour elle depuis qu'elle avait mis un pied dans cette école. Ça avait suffi à Bérénice pour qu'elle ne s'en fasse pas un ami, sans le détester foncièrement. Elle le trouvait simplement nonchalant, un peu arrogant tout en lui reconnaissant du charisme et une certaine subtilité. Mais le pire restait cet insigne de préfet accroché à sa poitrine qui les obligeaient à beaucoup trop collaborer au goût de Bérénice. Alors le retrouver sa chambre ? Mais visiblement, Thomas avait une réponse toute faite :
-Maya m'a proposé de monter. On a essayé d'un peu travailler la Potion avant de réaliser qu'on avait besoin d'une pause !
-Bastet non ! glapit Maya.
La chatte venait de marcher dans la peinture jaune et traçait à présent sur son passage une ligne à suivre de ses petites pattes. Exaspérée, Bérénice lâcha son sac et brandit sa baguette :
-Recurvite !
Le sortilège fut si puissant qu'en plus d'annihiler la peinture sur les poils noirs de Bastet et la trainée près de son lit, il fit s'envoler la poussière et les saletés sur le sol ainsi que la ridicule tâche rose sur le visage Thomas. Il porta une main à sa joue, comme s'il avait ressenti la brûlure de l'enchantement. Un sourire cynique retroussa ses lèvres.
-Oh, c'est tout toi, nous prouver combien tu sais parfaitement jeter tes sortilèges ... je l'aurais fait, tu sais, je n'aurais pas laissé votre dortoir comme ça ...
-Bien sûr que non, enchérit Maya, calmée maintenant que la pièce était propre et que son chat ne risquait plus de provoquer de catastrophe. Calme-toi, Berry, on peignait juste ...
Bérénice jeta un bref coup d'œil à ladite peinture. Pas de pinceau, c'était une évidence : ils avaient formés avec leurs mains des formes abstraites et des associations de couleurs douteuses qui agressaient la rétine de la jeune fille. Maya haussa les épaules avec un sourire penaud.
-Ne cherche pas, il n'y a pas de projet. Je pense qu'on avait juste besoin de se défouler.
Et si elle en jugeait par l'air rayonnant de Maya, sous la peinture et la fatigue, la purge avait été bénéfique. Cela faisait quelques semaines qu'elle oscillait entre nervosité et morosité, si bien que cela fit presque un choc à Bérénice de la contempler aussi sereine, avec ce sourire plein de simplicité et de bonheur qui ourlait ses lèvres et ce visage illuminé d'une lumière intérieure.
-Thomas avait passé une mauvaise journée, poursuivit-t-elle, comme pour se justifier.
-Et j'accuse McGonagall et Rogue. Un double cours de Métamorphose indigeste et un devoir impossible à travailler ...
Bérénice réprima un sourire affreusement satisfait à l'idée que Thomas – à savoir l'un de ses challengers sur le tableau d'honneur – se cassait les dents face au devoir de Potion. Etrangement, ça eut également pour effet de la soulager : cela normalisait complètement sa difficulté.
-Enfin bref, ça a fait un bien fou de juste colorier une toile blanche, acheva-t-il en contemplant son œuvre avec fierté. Maya, on refait ça quand tu veux. Je pense qu'on aurait pu insister avec le vert sapin.
Le gloussement de Maya prit complètement Bérénice de court.
-On aurait pu, mais tu étais complètement obnubilé à l'idée de mettre du rose partout ... Au fait, tu veux la prendre ? Tu voulais l'accrocher dans la chambre de ta sœur ?
-Ma sœur ou ma cousine ... (Il constitua un cadre de ses mains, comme pour visualiser l'effet). Je pense que ça ferait une magnifique tête de lit pour Emily ... Enfin bref. En parlant de ma sœur, je pense qu'elle a besoin de moi pour un devoir de sortilège. Pause finie pour Thomas.
Il pivota souplement vers Maya et s'inclina, les mains jointes sur son cœur à la manière d'un moine. Sa comédie exaspéra Bérénice qui retint un soupir. Pour parfaire l'effet, il était pied-nus et ses cheveux blonds étaient un brin trop long, couvraient ses oreilles et ondulaient sur son front.
-Miss Tabet, c'était un honneur. Meilleure idée de l'année. Miss Abbot, à demain pour la ronde ! On se revoit au dîner !
Il hissa son sac de matériel sur son épaule. Bérénice se décala d'un pas pour le laisser passer et il la remercia d'un sourire qui aurait pu paraître charmeur s'il n'était pas gâché par une mine ridiculement cynique. Une fois Thomas disparu dans la cage d'escalier, Bérénice referma la porte et darda un long regard sur Maya, occupée à ranger minutieusement ses tubes de peintures dans leur boite.
-Hé ! protesta-t-elle quand elle vit le regard accusateur de Bérénice. J'en avais besoin !
-Ça n'allait pas à ce point ... ?
Le visage de Maya se crispa quelque peu. Avec des gestes lents et calculés, elle roula la toile sur elle-même et la rangea dans son armoire, visiblement à regret.
-C'est depuis un moment ... Mais je pense que c'était précisément ce dont j'avais besoin. De mettre ma frustration sur une toile vide qui n'avait rien demandé. Thomas m'a proposé ça et tout de suite ça a sonné dans mon esprit ...
-Je ne savais pas qu'il avait une âme d'artiste lui ...
-Il dessine je crois ... Mais je préfère la peinture. La peinture c'est plus ...
Incapable de décrire ses sensations, elles se contenta de miner une explosion de ses mains. Bérénice les visualisait parfaitement, les trainées de couleurs, la matière épaisse et couvrante au bout des doigts de son amie, cette proximité avec la vision et la matière qui devait paraître plus attrayante pour Maya. Celle-ci contempla par ailleurs l'air environnent comme s'il s'était brusquement illuminé de mille paillettes.
-Enfin bref ... ça a fait du bien. De déconnecter le cerveau.
Bérénice tressaillit à la réflexion et jeta un regard soupçonneux. Mais Maya s'était lovée dans son lit, Bastet ronronnante dans ses bras, la mine incroyablement sereine et un léger sourire aux lèvres. Ce fut sans doute en considérant son amie si détendue que Bérénice prit conscience des crispations qui l'habitaient, la tiraillait, la limitait. C'étaient une entrave, réalisa-t-elle, un peu perplexe. Cette tension physique était un frein à son esprit, aussi absurde que cela puisse paraître. Assez déconcerté, Bérénice songea qu'une douche serait sans doute le meilleur moyen de détendre ses muscles ... mais se retrouver seule avec elle-même ne fit qu'imprimer un peu plus profondément le visage d'Aidan McColley dans son esprit.
***
Voilà je trouvais qu'on était bien dans le thème de l'amour adolescent dans ce chapitre, d'où la chanson de JJ qui est incroyable je trouve pour décrire l'amour sans jamais dire le mot.
Oh ma maman m'appelle. Je vous laisse bisous les gens, n'hésitez à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre !
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