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Chapitre 25 : Le fracas des rumeurs

Oh allez, un petit craquage pour fêter mon nouveau job ! Qui se situe dans un vrai CDI trop cool qui vient d'être rénovée, avec une chouette collège qui peut continuer de me former. C'est une nouvelle qui a fait du bien ce poste, disons-le. 

Et profitez-en, dans mon super nouvel emploi du temps, je ne travaille pas le vendredi. Autant dire que je n'ai plus vraiment d'excuse pour craquer ... 

Well à part ça pas grand-chose à dire si ce n'est que j'ai récemment écrit sur LDP l'un des chapitres les plus DOULOUREUX qu'il m'ait été donné d'écrire vraiment je me suis fait mal au ventre. 

Et ce week-end je vais voir Cyrano au théâtre pour la première foooois *-* (merci encore les coupines <3) et l'expo sur Machu Pichuuu donc voilà pour ma vie maintenant on va passer au chapiiiitre. 

***

TW : propos qui peuvent choquer la communauté LGBT+ (Particulièrement la partie « L »), ne reflète pas mon propos mais est mis dans un souci de réalisme.

(Vraiment désolée, ce n'est pas censé être une histoire feel-good sur le sujet ... juste réaliste). 

***

Et de toute cette foule effervescente s'échappait, comme la vapeur de la fournaise, une rumeur aigre, aigüe, acérée, sifflante comme les ailes d'un moucheron. 

- Notre-Dame de Paris
Victor Hugo 
(Que j'aime décidemment bien citer)
(Mais il faut dire qu'il fait des phrases si stylées) 

***

Chapitre 25 : Le fracas des rumeurs.

Dimanche 6 janvier 1991

Ouah ça fait autant de temps que je n'ai pas écrit ? Il faut dire qu'on était quelques jours chez grand-père Max et je t'ai oublié dans ma chambre ... oups ?

Enfin bref.

Et c'est reparti pour un nouveau trajet dans le Poudlard Express.

Et je reste persuadée que la dame des friandises est Dumbledore déguisée. Elle a la même malice au fond de ses yeux. Et Dumbledore est trop amateur de sucre – c'est suspect. En fait il nous donne l'indice à chaque banquet !

Ne me demande pas comment, je me suis retrouvée coincée dans un compartiment plein de troisième année de Poufsouffle. A deux doigts de prendre les affaires et de m'en aller, mais pour aller où ? Berry accepte de nouveau ma présence, mais sans se montrer chaleureuse et l'unique autre personne que j'aurais envie de croiser est certainement collée aux basques de la dernière personne que j'ai envie de croiser – et ça va commencer à devenir un sacré problème, Farhan O'Neil.

Et puis j'ai la place à côté de la fenêtre. Je ne suis pas assez folle pour abandonner une place proche de la fenêtre. Attends-toi à des pages noircies pour rien, cher journal parce qu'une loooongue traversée m'attend ...

J'ai été médisante sur la soirée de Nouvel An. Bon, maman m'a fait la tête pour avoir modifié la robe et a clairement fait exprès de me mettre à côté de Zachary Robards. Mais Lili avait raison, il n'était pas désagréable, comme garçon – on sent qu'il ne vient pas d'une famille de Sang-Pur étriquée, qu'il a de l'ouverture d'esprit, de la réflexion, ça a été très agréable de discuter avec lui. Pas de là à pleinement envisager d'aller plus loin ... j'ai bien vu comment lui lorgnait Ophélia, comment il s'est empressé de lui offrir son bras lorsqu'elle a réclamé une danse ... Je ne suis clairement pas la Abbot qu'il veut – et il n'est pas la personne dont j'ai besoin.

Mais de qui ai-je besoin ? Oulah on va peut-être s'arrêter là. Sinon on va se mettre à rêver, alimenter les rêves – et que plus le rêve est dense, tangible et saisissable, plus le retour sur terre sera rude ... Non, je ne suis pas prête à une nouvelle chute. Il faut que je garde les pieds bien vissés au sol.

Et mince. C'est loin d'être ma spécialité. Il faut que je demande conseil à Berry ...

***

-Non sérieux ? Mais comment tu le sais ?

-Je suis allée chez eux pour Noël, je l'ai vue ... avec sa copine.

-Oh par Merlin, sa copine ?! Elle est venue à Noël avec ?

-Oui, apparemment c'était un deal avec ses parents, ils apprennent à connaître Sarah et en échange elle ne coupe pas les ponts avec eux ...

-Oh parce qu'elle en est là ? Tout ça pour une fille ? C'est pathétique, c'est sûrement une phase, elle ne va pas rompre avec sa famille pour ça ...

-J'ai vraiment du mal à me l'imaginer ... En même temps c'est une sorte de grande gueule, elle a dû faire peur aux garçons ...

-Oui mais de là à imaginer Lauren McColley en colleuse de timbre ...

-En quoi ?!

Penchée sur sa valise, Joséphine se redressa brusquement, outrée. Groupées sur le lit de Diana à écouter Elisa et à parler comme si elles étaient seules dans la pièce, ses camarades de chambre sursautèrent. Visiblement, tout le monde avait oublié sa présence, occupée à défaire sa valise alors qu'à peine arrivées, elles s'étaient mises à commérer. Si Elisa eut l'obligeance de rougir, les autres cruches se mirent à glousser.

-C'est mon père qui dit ça, se défendit Ashley avec un sourire sardonique. Parce que ... tu sais ... les lesbiennes ça ...

Après un instant d'hésitation où elle consulta ses copines du regard, elle porta sa paume à sa bouche et fit mine de la lécher avec un bruitage explicite qui hérissa la nuque de Joséphine. Son estomac se tordit de dégoût.

-C'est peut-être plus une expression moldue, mon père a du mal à s'en défaire, ajouta-t-elle.

-Alors de une, je ne vois pas pourquoi il aurait à se défaire de ses expressions moldues, cingla Joséphine avec froideur. Et de deux, néanmoins celle-ci on peut très clairement s'en passer, je pense !

-Je ne te pensais pas si prude Abbot, ricana Diana, l'autre moitié du duo maléfique.

-Oh si, souviens-toi ..., glissa Ashley avec un regard coulant sur Joséphine. C'était quoi, le terme ? « Coincée » ?

-Non, je pense que c'était « frigide »...

Joséphine les fusilla du regard, ulcérée qu'elle remette cette vieille rumeur sur la table. Mais elle douta que ses camarades en eurent conscience car elle partit dans un fou rire ensemble. Les trois autres s'entreregardèrent. Elisa était visiblement mal à l'aise : assez paradoxalement, ce n'était pas elle la meneuse du groupe, comme si la préfète-en-cheffe éprouvait l'envie de laisser les rennes en amitié. Sian et Jolene étaient plus en retrait et fluctuaient entre hilarité et gêne, visiblement peu habituée à ce genre de conversation mais pourtant prêtes à juger.

-Je trouve ça triste, elle est si jolie, fit d'ailleurs remarquer Sian avec un gros soupir.

-Attendez, c'est quoi le problème ?

Elles lorgnèrent Joséphine avec incrédulité – et une certaine condescendance lui donna envie de leur cracher au visage. Avant même qu'elles ne songent à lui répondre, elle leva les mains et recula d'un pas.

-Non ! En fait taisez-vous. Je pense que si vous continuez, je vais m'énerver.

-Oh et on devrait être effrayées ? railla Diana avec un sourire mielleux.

-Attends, Joséphine ...

La plainte émanait d'Elisa, qui avait amorcé un mouvement pour se lever mais Joséphine leur avait résolument tourné le dos, complètement hérissée par leur comportement. Plutôt que de rester un seul instant dans la même pièce qu'elle, elle abandonna sa valise à moitié éventrée sur le sol et descendit dans la Salle Commune en furie. Elle était quasiment déserte : après le repas, presque tout le monde était remonté défaire des affaires et se préparer psychologiquement à affronter le prochain trimestre. Joséphine se planta devant le tableau d'affichage qu'elle n'avait pas pris le temps de lire, mais les informations parvenaient à peine à son cerveau. Une quatrième année cherchait des fiches d'Histoire de la Magie, les cours de transplanage commençaient pour les sixième années, un deuxième année avait perdu une écharpe avant les vacances ... Mais dans son esprit, c'étaient d'autres informations qui tourbillonnaient.

Oh mais si, souviens-toi ... La phrase lancée comme une pique avait atteint sa cible et elle s'entoura de ses bras, à la fois bouillonnante et frissonnante. Coincée ... Frigide ... Elle pensait que ces rumeurs-là étaient éteintes depuis longtemps. En tout cas, ça faisait des années qu'elle n'y avaient plus pensé. Elles avaient été un feu ardent mais qui s'était vite consommé après le départ de Morgan Erikson l'été de sa quatrième année. Mais visiblement les pestes n'oubliaient rien ... et surtout, elles trouvaient toujours de quoi alimenter le moulin qui les faisait exister socialement.

Lauren McColley est homosexuelle.

Loin de la curiosité malsaine des filles de son dortoir, c'était une certaine honte qui la submergeait. Parfois quand elle la croisait, il lui restait des échos de la jalousie qui l'avait piquée concernant la jeune fille. Préfète de Gryffondor, enjouée et jolie, joueuse de Quidditch ... Elle avait tout eu pour la menacer dans le cœur de Charlie Weasley, à l'époque. Elle l'en avait détesté de façon absurde, simplement pour cette raison ... ce que cela semblait stupide à présent. Stupide et puéril. Seule face au panneau d'affichage, elle leva les yeux au ciel, complètement chamboulée.

-Joséphine est idiote et égoïste si tu connais la chanson, chante avec moi ..., souffla-t-elle, décontenancée.

-Je peux chanter, alors ?

Joséphine sursauta, une main sur le cœur, mais se retrouva simplement face au sourire tranquille de Maya. Elle achevait de descendre les escaliers, en pyjama, et Joséphine dut cligner plusieurs fois des yeux pour constater qu'elle ne portait pas son hijab, mais que ses cheveux étaient parfaitement visibles, regroupés en un stricte chignon noir qui luisait sous les chandelles. Elle posa un doigt sur ses lèvres en remarquant le regard éberlué de la jeune fille.

-Chut ! Tu n'as rien vu. J'étais prête à aller au lit, mais je ne trouve pas Bastet, je voulais voir si elle était là et j'ai ...

-Eu la flemme ?

-Ça arrive même à des gens bien, assura Maya en haussant les épaules.

Elle passa ses deux paumes pour lisser ses mèches sur son crâne, comme si elle souhaitait les invisibiliser le plus que possible. Qu'elle soit tranquille, ce n'était pas cela qui attirait l'attention de Joséphine. Plutôt les marques sur sa gorge, les blafardes blanches qui creusait sa peau et sur laquelle les chandelles jetaient des ombres lugubres. Un frisson déplaisant parcourut l'échine de Joséphine. Elle s'efforça d'en arracher son regard au moment où Maya reprenait d'un ton badin :

-Au fait, Farhan t'a dit ? Sa tante va peut-être aller à Jéricho à la pêche aux informations ...

Non, Farhan ne lui avait rien dit. Mais il fallait dire que Joséphine avait passé son trajet à moitié endormie contre la fenêtre, épuisée par une nuit presque blanche, comme chaque fois une vieille de rentrée. Mais l'information affola le rythme cardiaque de Joséphine qui pivota brusquement vers Maya.

-Vraiment ?

-Maintenant qu'on a le nom de ... de nos parents, articula Maya, visiblement toujours mal à l'aise avec l'idée. Les recherches seront plus faciles ... peut-être qu'ici aucune trace subsiste mais là-bas ...

Maya tentait de masquer le désarroi dans sa voix, mais il la faisait tant trembler qu'elle déglutit et préféra se taire. Joséphine prit une discrète inspiration pour maîtriser les battements de son cœur : son pouls s'était brutalement mis à frapper sourdement contre sa gorge. L'excitation de la découverte, certainement ...

-Ce serait bien pour vous, lança-t-elle, résolument neutre. Ça vous permettrait de mieux les connaître ...

La bouche de Maya se pinça et elle secoua la tête comme pour chasser une mouche agaçante. Elle se percha sur une chaise pour examiner les étagères de la bibliothèque où les chats aimaient se prélasser puisqu'elle était frappée par le soleil.

-En fait, c'est surtout pour savoir ce qui les a poussés à émigrer ... Qui était Shéhérazade ... Je sais que Farhan pense que ça ne pourrait être qu'un chat mais ... C'est la seule chose qui me restait, tu comprends ? Je ne peux pas croire que ce soit un détail si trivial ... je pensais tellement que c'était ma ... notre ...

Les mots semblèrent trop durs à prononcer pour Maya qui préféra renoncer, à la fois frustrée et chagrinée. Elle sauta de sa chaise avec prudence, les mains accrochées aux étagères. Joséphine ne répondit pas, sincèrement sceptique. Maya avait trois ans au moment des faits – des faits violents qui l'avaient mené à l'hôpital, qui avaient failli la défigurer, voire lui coûter la vie ... Quelle foi accorder à ses souvenirs ? Joséphine ne pouvait se défaire de l'idée qu'elle s'accrochait désespérément à un mirage pour ne pas perdre toutes ses certitudes ...

A dire vrai, le mystère des signatures sur les dossiers l'intriguait davantage que Shéhérazade. Là-dessus, elle savait que Farhan devait envoyer une lettre au Ministère, tenter d'avoir une réponse significative. Là encore, les espoirs de Joséphine étaient minces. Mais s'ils ne tentaient rien, ils se retrouveraient dans l'impasse. Il y avait trop de grains de sables dans cette affaire pour que ça ne cache rien ... Elle était obnubilée par ces grains de sable.

-J'espère que Fiona trouvera quelque chose, conclut-t-elle finalement plutôt de confier ses craintes à Maya. Ça pourrait vraiment nous aider parce que là honnêtement ...

-Je sais, c'est désespérant ... C'est pour ça que je cherche Bastet, je vais avoir besoin de ses ronronnements pour dormir.

Joséphine jeta un regard peiné à la jeune fille. Les traits de son visage s'étaient crispés, ses prunelles sombre brillant dans la semi-pénombre, agité, occupé à chercher le chat. Elle parut sentir l'attention dont elle était l'objet car elle adressa un sourire rassurant à Joséphine avant de s'enquérir d'un ton plus tranquille :

-Du coup, qu'est-ce que tu as fait cette fois pour qu'on chante ?

-Oh ... Mal jugé quelqu'un, éluda-t-elle en s'affalant dans un fauteuil. Pas bien, Joséphine ...

-C'est mal de juger, confirma Maya avec un hochement de tête. Mais bon, moi j'ai une conception toute religieuse du jugement ...

Elle se pencha pour vérifier si sa chatte n'était pas sous la table mais se releva déçue. Joséphine fronça les sourcils.

-C'est-à-dire ?

-Je n'ai pas à juger mes semblables, car je suis loin d'avoir toutes les cartes, expliqua tranquillement Maya en poursuivant ses recherches. Et qui suis-je pour juger, moi qui aie mes défauts, mes faiblesses ? Je dois me concentrer sur moi, sur mes errances, sur mon chemin – pas sur celui des autres. Seul un être parfait et omniscient est apte à le faire. (Elle pointa un doigt vers le ciel). Allah. La seule chose que je peux faire, moi, c'est conseiller, fortifier – mais pas juger. Ah !

Un chat dormait sur une chaise dans l'espace dédié au travail, près des bibliothèques, mais ce n'était pas Bastet. Maya caressa le poil tacheté de l'animal avec un soupir.

-Mais c'est ma vision des choses, je ne m'attends pas à ce que tu comprennes ...

-En fait je comprends, assura Joséphine, songeuse. La seule personne qui peut juger est celle qui a toutes les cartes, et nous mortels faillibles sommes loin de les avoir ... (Elle lui jeta un petit regard). En tout cas, ça explique pourquoi tu es si patiente avec moi ...

Maya parut surprise de la transition et se retourna souplement, interloquée. Quelques mèches avaient commencé à s'échapper de son chignon et bouclés sur son front et sa nuque. Pas de hijab et pourtant, Maya revêtait toujours cette même sérénité, cette aura de sainteté qui la faisait paraître intouchable, pure.

-C'est-à-dire, patiente ?

Joséphine hésita, peu à l'aise sur le sujet. D'un geste compulsif, elle caressa le camé et se retrouva dans la petite cuisine des O'Neil, emporté par la fièvre de la découverte ... et croiser le regard sombre de Farhan, épuisé, tourmenté. Dans ses iris, elle n'avait pas lu une supplique : elle avait lu un ordre. Arrête. Et elle qui était partie pour déblatérer un flot de parole, elle s'était tue.

C'est ça l'empathie ?

Elle fit doucement passer son doigt sous la chaine, la fit courir le long de sa peau. Très vite, les maillons s'enroulèrent autour de ses doigts dans une torsion qui lui coupèrent la circulation.

-Je ne me suis pas excusée de la façon dont je vous ai annoncé la chose, entonna-t-elle avec lenteur. Devant les serres. Que vous deviez consulter vos dossiers d'adoption. Je n'ai pas été délicate, excuse-moi.

Elle ne prit pas la peine d'observer la réaction de Maya : elle était de nouveau plongée dans ses pensées, à se rappeler du choc qu'elle avait lu dans les yeux de la jeune fille ce jour-là, au regard de Farhan lui intimant silencieusement de se taire dans sa cuisine à Londres, à la façon dont sa langue c'était automatiquement bloquée ... Elle secoua la tête, agacée. Non Joséphine. Pas cette pente-là ... Elle n'eut pas le temps de chercher un autre versant à explorer qu'elle sentait la main de Maya tâter son front avec inquiétude. Elle eut un mouvement de recul, surprise.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Je vérifie que tu n'aies pas de fièvre, assura Maya avec le plus grand sérieux. Pour que tu t'excuses, tu dois être à l'article de la mort ...

-Pff ! (Elle repoussa la main de la jeune fille avec un sourire désabusé). Je vais très bien, merci ...

-D'accord, céda Maya, amusée. Bon, je crois qu'elle est partie se balader dans le château ... Bonne nuit, Jo !

Elle lui adressa un petit signe de la main et se dépêcha de remonter dans son dortoir, la tête basse, comme pour faire oublier qu'elle ne portait pas son hijab. Joséphine s'enfonça dans son fauteuil, l'air pensif. Qui suis-je pour juger, moi qui aie mes défauts, mes faiblesses ? Joséphine s'était rarement sentie juge, car elle avait justement conscience de ses lacunes béantes, qu'elle n'avait jamais supporté le regard qu'on avait posé sur elle sans même tenter de la comprendre. Pourtant combien de temps lui avait-il fallu pour juger Lauren McColley, chaque fois qu'elle s'approcher de Charlie, qu'elle lui souriait, qu'elle lui parlait ? Un gémissement bloqué derrière ses dents, elle se prit le visage entre les mains.

-Il va falloir travailler là-dessus Joséphine ..., se dit-elle à elle-même, résolue. Si tu veux que les autres te comprennes, apprends à comprendre les autres ...

Le pire dans tout cela ? Elle savait pertinemment ce qui attendait la préfète de Gryffondor, maintenant que son petit groupe de Serdaigle était au courant. Cette tour était le royaume des ragots, un nombre incalculable de rumeurs étaient sorties d'ici pour se diffuser dans tout Poudlard. Elle donnait à Lauren deux jours de tranquillité. Non, un, se ravisa-t-elle sombrement. Le petit groupe ne tiendrait pas si longtemps un jour de rentrée ...

***

-C'est une catastrophe ...

-Lauren, il faut y aller ...

Le visage enfouit dans ses bras, Lauren ne répondit pas, se contentant d'un vague grognement. Charlie échangea un regard inquiet avec Farhan. Le lendemain de la rentrée, Lauren était montée en catastrophe dans leur chambre, brusquement agitée. Elle venait de se disputer avec Polly Bell, dispute qui avait laissé des sillons de mascara noirs sur son visage et du feu dans les yeux. Polly venait d'apprendre que Lauren aimait les filles ... Et l'avait fait savoir. Pas forcément frontalement dans un premier temps, mais par des petits regards, des petits gestes, une nouvelle suspicion. « Lauren je préférerais que tu te changes dans la salle de bain dorénavant » était la phrase qui avait tout explosé.

-Pourquoi ? ragea Lauren en frappant le lit de Charlie de son poing. Je ne vois pas pourquoi j'irais en cours ! Tu sais le nombre de personne qui m'ont regardé en faisant ... je ne sais pas trop quoi avec leur langue, je les aurais ... Argh !

Avec une hargne qui fit frémir Farhan, elle bourra l'oreiller de coups de poings. Charlie la contempla, vaguement peiné. Oui, il avait remarqué les regards et les chuchotements qui avaient suivi la préfète la veille, jour de la rentrée. C'était le midi qu'ils avaient compris lorsque Leonard, un de leur camarade de dortoir, leur avait demandé s'ils savaient que Lauren « était lesbienne ». Farhan et Charlie avaient alors échangé un regard effaré. Ils avaient été jusque là parmi les rares dans la confidence, Lauren avait toujours tout évité pour que ça se sache. Pas par volonté de se cacher, mais par pudeur et confort personnel. Autant de chose qui venait de voler en éclat.

Farhan s'assit en tailleur au bout du lit de Charlie, l'air compatissant. Il avait entre ses doigts un paquet d'amande qu'il dégustait par petites bouchées. Avec une Lauren désespérée dans leur dortoir, ils avaient été privés de petit-déjeuner.

-Je te dirais bien de les ignorer, mais je sais que c'est impossible, souffla-t-il doucement, avant de lui tendre son paquet. Amande ?

Lauren baissa ses mains pour lui jeter un regard incrédule.

-Des amandes ? Je vis un choc psychologique, O'Neil ! Dis-moi que tu as des bonbons ou du chocolat !

-Désolé, moi je mange sain, lança Farhan en enfournant son amande.

-Pas moi, assura Charlie. Ma mère m'a laissé des scones, attends ...

Il fouilla sa valise pas encore défaite pour trouver la boite de fer forgé dans laquelle sa mère – bénie soit-elle – avait glissé des provisions pour la rentrée. Il la lança sur le lit et Farhan la passa en relai à Lauren qui se dépêcha de mettre le nez dedans. Son visage s'illumina alors et elle dégusta le premier scone avec délice.

-Parfait ! exhala-t-elle, la bouche pleine. Maintenant il veut que je mange la boite et que je me fasse vomir pour ne pas aller en cours aujourd'hui ...

-Oh, Lauren, ne dis pas ça ..., lança Farhan, affecté.

Un sourire frémit sur les lèvres de la jeune fille mais ses yeux se baignèrent de larme. Charlie avait toujours trouvé que Lauren avait de beaux yeux, d'un joli vert mousse pétillant, étincelant. Les voir ainsi ternis par les larmes lui brisait le cœur.

-Je sais ... je suis une Gryffondor, je dois être courageuse, non ? Normalement, je le suis ... C'est juste là ... face à ça ... Je vais péter un plomb. Déjà hier c'était horrible ... Je vais être incapable de me retenir et à un moment je vais finir soit en sanglot, soit à défoncer la personne à coup de poing.

-Hâte de voir ça, tenta d'ironiser Charlie. Les coups de poings, bien sûr ! ajouta-t-il précipitamment quand Lauren lui jeta un regard éberlué. Tu sais bien que je déteste voir les gens pleurer ...

-Lui aussi ça lui donne envie de défoncer les gens à coups de poing, confirma Farhan en hochant la tête.

Lauren laissa échapper un petit rire étranglé et essuya la larme qui avait réussi à dévaler sa joue. Elle n'avait même pas pris le temps de se changer et était toujours en pyjama, recouvert d'un pull informe qui devait certainement appartenir à son frère jumeau Aidan. Charlie posa une main sur son épaule, incapable de trouver les mots. C'était plutôt froid entre Lauren et lui avant les vacances : il sentait encore la brûlure de la gifle et elle lui en voulait encore pour les mots qu'il avait eu. Mais c'était vers lui qu'elle s'était tournée en premier ... A présent, toute la rancœur semblait s'être évaporée pour ne laisser que de la détresse. Avec ses cheveux presque roux et ses tâches de rousseurs, elle lui évoquait tant sa famille qu'il avait envie de la prendre dans ses bras.

-Tu sais ..., entonna-t-il maladroitement. On est là. Tu ne seras pas toute seule ...

Ça lui semblait être terriblement niais et inutile mais Farhan l'appuya d'un hochement de tête.

-Il a raison, on restera avec toi. Si les gens veulent te dire un truc, ils devront le faire devant le préfet. Un préfet avec des bras de gorille qui a une sacrée droite.

Charlie darda sur lui un regard écarquillé. Il n'avait mis qu'un coup de poing dans sa vie – quatrième année, un Serpentard qui avait insulté sa famille. Mais visiblement, l'incident semblait avoir marqué du monde parce que Lauren se fendit d'un nouvel éclat de rire :

-Oh c'est vrai ...

-Et Farhan sait lancer de magnifiques maléfices de Chauve-Furie quand il se donne la peine, rétorqua Charlie, ce qui fit perdre son sourire à son ami.

-Je sais, j'en ai fait les frais, se souvint Lauren, un sourire tremblant aux lèvres. Mais ...

-On ira voir McGonagall s'il le faut, qu'elle nous donne un passe-droit, poursuivit Charlie. On l'a, en dernière heure ...

La mention de leur directrice de Maison, loin de soulager Lauren, la plongea dans la morosité. Elle grignota un morceau de scone avec une certaine rage.

-Je doute qu'elle soit compréhensive ... Elle est de l'ancienne, McGonagall. Pas du genre à comprendre l'homosexualité ... (Ses lèvres se tordirent et ses yeux s'emplirent de nouveau de larme). En descendant, les filles se sont demandées s'il ne valait pas mieux demander que je quitte le dortoir ... Parce qu'après tout, on ne laisse pas les garçons monter précisément pour cette raison, non ?

Charlie crispa les mâchoires pour ne pas laisser éclater son indignation, et face à ce refoulement il la ressentit profondément jusqu'au fond de ses entrailles. Elles n'avaient jamais brûlé pour Joséphine, mais là elles s'embrasaient devant la mise à l'écart que risquait de subir Lauren. Farhan se contenta lui de hausser les épaules avec flegme.

-J'ai toujours trouvé cette disposition idiote – qu'on ne puisse pas monter dans votre dortoir mais vous dans le nôtre.

-Ce n'est pas le problème immédiat, Fa', persiffla Charlie entre ses dents.

-Et ça risque d'être pratique, ajouta Lauren avant de demander d'une voix timide : Dites, je peux rester ici, cette nuit ?

Farhan papillonna des yeux, un peu surpris mais Charlie réalisa que c'était surtout à lui que s'adressait Lauren. Il le sentit à la façon dont elle coula un regard sur lui, sans le fixer directement. Elle semblait contempler son genou, à dire vrai mais cela ne le trompa pas. Charlie voyait presque d'ici les pensées malicieuses de la jeune fille. « Une Lesbienne et un asexuel dans un lit ? Il ne risque pas de se passer grand-chose ! ». L'idée lui tordit les entrailles assez douloureusement et il se retint de jeter un regard nerveux à son entrejambe, toujours singulièrement dépourvu de chaleur, malgré l'image d'une belle jeune fille dans son lit qui venait de lui traverser l'esprit.

Devant leur mutisme gêné, la jeune fille se sentit obligée d'insister :

-Juste cette nuit ... le temps que je retrouve les forces de dire « J'ai le droit d'être ici autant que vous, allez-vous faire voir ».

-Je veux être là quand tu diras ça, décréta Charlie, un faible sourire aux lèvres. Allez, si tu veux. Je te file mon lit, je dormirai à terre.

-Quel homme, railla Lauren d'un ton mordant qui lui ressemblait plus. Mais merci, je me contenterai d'une place sur le tapis. Je prendrai mes couettes.

-Mais en échange de notre généreux accueil, tu viens en cours, exigea Farhan, sérieux. Promis, on ne te lâche pas. C'est Sortilège en première heure, c'est tranquille ...

Le marché parut convaincre Lauren de mauvaise grâce. Elle prit le temps de finir un autre scone avant de se rendre dans son dortoir pour se changer. Elle en profita également pour déménager son épaisse couverture, ses oreillers, son balai et quelques affaires qu'elle amassa à l'ombre du lit de Charlie. Elle reniflait encore un peu quand ils quittèrent la tour de Gryffondor et Charlie la laissa se loger entre lui et Farhan pour se soustraire au regard des autres. Fort heureusement, il n'y eut aucun incident durant le trajet : les élèves discutaient vivement dans les couloirs, heureux de se retrouver après deux semaines de vacances et un soleil froid, mais qui avait pour mérite d'exister, brillait à travers les fenêtres d'une agréable lueur. Lauren commençait tout juste à se détendre quand ils entrèrent dans la salle. Là, elle sembla de nouveau au bord des larmes : Polly venait de quitter sa place habituelle à ses côtés pour se mettre dans le fond de la salle, seule. Charlie la fusilla du regard et elle eut la présence d'esprit de baisser le nez et de détourner les yeux. Les pieds trainants, Lauren alla rejoindre sa place, étrangement dénudée maintenant qu'elle s'aventurait seule dans la pièce. Il eut quelques regards alors qu'elle s'installait, curieux, inquiet et Charlie observa même une lueur dégoûtée dans le fond de l'œil d'une Serdaigle. Même Aidan n'avait pas amorcé le moindre geste pour soutenir sa jumelle. Assis dans le fond de la salle avec ses amis de Serdaigle, il se contenta d'accrocher un regard peiné empli de sollicitude avant de reprendre sa conversation avec son camarade.

-Non mais sérieux c'est quoi le problème ? éructa-t-il en posant son sac sur sa table.

-Le problème, c'est que les filles vont toutes avoir peur que Lauren les mate ou ait des pensées dérangeantes envers elles, et une partie des garçons des fantasmes ou du dégoût, résuma pragmatiquement Farhan d'un ton amer. Je ne dis pas que c'est juste, ni que c'est normal ... juste que c'est comme ça.

-Polly est son amie, elles se parlent depuis la première année, je ne comprends pas comment ...

-Justement, elles sont meilleures amies, elles ont dû ... partager des choses. Parfaitement innocentes et qui l'étaient sans doute ... mais maintenant qu'elle sait ça, elle doit s'interroger.

Pris d'une sensation glacée, Charlie coula un regard sur Farhan. Son meilleur ami avait vissé ses lunettes sur son nez et commençait à sortir son parchemin et sa baguette, le visage impassible. Charlie s'était interrogé sur sa propre orientation sexuelle – et il se souvenait combien l'aveu à Farhan avait pu être douloureux, contre-intuitif. Il s'avérait qu'il avait été mis sur la mauvaise piste, mais que se serait-il passé s'il avait eu raison ? S'il avait été homosexuel ? Farhan aurait-il aussi reconsidéré tous leurs moments passés ensemble, colorés d'une façon complètement différente qui l'aurait amené à s'éloigner de lui ? Non ... Non, on est ami depuis la première année, il sait, il sait très bien ... Mais il se souvenait que trop de son embarras lorsqu'il lui avait avoué, la façon dont son regard s'était figé, comme s'il évoquait une peur qu'il refusait d'admettre. La réponse n'était peut-être pas si évidente.

Charlie sentit un début de panique lui obstuer la respiration. En plus d'être affecté pour elle, la situation de Lauren le ramenait trop douloureusement à ses propres questionnements qu'il avait réussi à mettre en sourdine durant la merveilleuse parenthèse des vacances. Si la sexualité les définissait au point que Lauren soit à présent mise à l'écart, qu'en serait-il de lui ?

Une sexualité différente n'est pas un problème, avait assuré Lauren avec aplomb. Je ne suis pas un problème ... C'était si facile d'affirmer ça dans l'anonymat mais arriverait-elle à l'affirmer face à la foule ? Ou seule sur sa table, se sentait-elle un problème ? Le cœur de Charlie battit quelques secondes à un rythme effréné, à celui de ces questions, jusqu'à ce que Farhan coule sur lui un regard torve. Il finit par esquisser un petit sourire.

-Vas-y ...

Il désigna Lauren seule à sa table du menton. Sonné, Charlie se rendit compte qu'il la fixait depuis plusieurs minutes comme un chien de garde, à l'affut de la moindre provocation pour rugir.

-Tu peux y aller, aussi, fit-t-il remarquer avec prudence. Tu la comprends un peu. Enfin, tu as subi la même chose. Enfin presque ...

Les approximations et les excuses de Charlie firent sourire Farhan – alors que, il le savait, face à n'importe qui d'autre il aurait été exaspéré.

-Je ne sais pas si tu as remarqué, mais c'est au pied de ton lit qu'elle s'est installée. Ça veut tout dire. Allez, du nerf, Weasley. Si tu veux je prends tes notes pour ce cours-là ... Oh la la ...

Convaincu grâce à proposition d'exemption de note, Charlie s'était immédiatement muni de son sac pour bondir en direction de Lauren. Du coin de l'œil, il vit Farhan secouer la tête d'un air désabusé mais l'ignora pour poser ses affaires sur la chaise à côté de la préfète. Lauren leva des yeux rougis sur lui, avant d'esquisser un petit sourire.

-Tu ne peux vraiment pas t'empêcher de jouer les chevaliers servants, pas vrai ?

-Arrête de dire que je veux sauver les autres, répliqua Charlie, un brin agacé. Tu ne peux pas juste te dire que je viens soutenir une amie ?

Lauren ne se départit pas de son sourire sarcastique et secoua la tête exactement comme Farhan quelques secondes plus tôt. Pourtant, elle sembla plus sereine dès lors que Charlie s'assit à côté d'elle, remplit l'espace vide de parchemin, de livre ... d'une présence, tout simplement.

-Pas que je t'en veuille, je pense que c'est simplement dans ta personnalité ..., précisa Lauren d'un ton résolument badin. Tu as besoin d'être utile aux autres, de soutenir ... Je suis presque sûre que c'est pour ça que tu as été attiré par Abbot. Elle avait besoin de toi ...

-Lauren, tu vas me donner envie de me barrer ...

-D'accord, céda-t-elle en levant les yeux au ciel. Merci. C'est cool.

Il n'y avait pas la moindre aigreur dans son ton : il sentait le remerciement sincère. Le fait qu'elle cesse de le fustiger d'essayer de l'aider contenta Charlie qui se fendit d'un sourire. Lauren lui répondit timidement et elle détourner le regard. Ses ongles vernis de vert et de blanc – irlandaise jusqu'au bout – tapotèrent la table.

-Surtout qu'on était ... plutôt en froid, ces derniers temps. Cette ronde avant les vacances ... brr, plus glaciale tu meurs.

-Tu as refusé de me parler, rappela tranquillement Charlie.

-J'étais énervée. Au fait, tu t'y es fait ? A être « différent » ?

Elle avait pris le soin de baisser la voix et de faire des guillemets avec ses doigts. Charlie croisa les bras sur sa table, assez contrarié qu'elle revienne sur la question alors qu'il venait la soutenir. En évitant de croiser le regard de Lauren, il eut le loisir d'observer certains de ses camarades, dont deux filles de Serdaigle – du même dortoir que Joséphine – se pencher l'une vers l'autre avec des gloussements. Une boule ardente flamba dans sa poitrine.

-J'évite d'y penser, admit-t-il en toute sincérité. Si je me réduis à ça, je vais devenir fou ...

Le sourire qui joua sur les lèvres de Lauren avait la douceur d'une couverture, songea distraitement Charlie. Ou d'un scone de sa mère.

-C'est bien Weasley, tu as compris la première règle. Notre sexualité ne nous définit pas. Enfin, pas complètement. (Elle battit des paupières, les prunelles luisantes de dépit). C'est quelque chose que cette école devrait vite se mettre dans la tête ...

-Calme-toi ... Regarde, honnêtement tu as eu peu de remarque, non ? Les gens t'ignorent ...

Mais c'était peut-être parce qu'elle était arrivée flanqué de lui-même, se rappela Charlie. Et c'était peut-être le cœur du problème ... Que ce soit l'indifférence ou le rejet : le comportement des gens envers elle avait changé. Le sourire de Lauren se fit légèrement amer.

-Attends, ce n'est que le début de la journée ...

Ça l'était, en effet. Et Charlie crut qu'il allait affronter une première tornade lorsqu'une ombre s'abattit sur la table. Lauren et lui levèrent en même temps le regard sur une Joséphine Abbot particulièrement apprêtée : ses cheveux étaient brillants, signe qu'elle les avait brossés jusqu'à ce qu'ils deviennent une rivière de cuivre sur son épaule, un délicat maquillage ornait ses paupières et elle portait un ravissant pendentif ovale d'azur et de nacre. Elle était ravissante, et il y avait un moment que Charlie ne l'avait pas vu si soignée. Les vacances de Noël lui avait vraisemblablement fait le plus grand bien, mais cela n'empêcha pas son cœur de manquer un battement.

-Jo, soupira Charlie, un brin nerveux. Ce n'est pas ...

Elle l'ignora royalement pour se planter devant le bureau de Lauren. Celle-ci se contenta de dresser un sourcil interrogateur, mais son air sceptique ne parut pas troubler Joséphine.

-Je ne vais pas être longue ... Juste. Si tu as besoin d'une fille qui n'en a déjà complètement rien à faire de ce qu'on pense d'elle, de se prendre une retenue, ou même un renvoi ... n'hésite pas. Sincèrement.

Charlie écarquilla les yeux et se retourna pour échanger consulter Farhan. Son ami ne regardait pas en leur direction : les yeux rivés sur son livre de sortilège, il avait les lèvres étirées en un explicable petit sourire. Démuni, il s'intéressa de nouveau à l'improbable scène devant lui. Joséphine n'avait jamais apprécié Lauren : elle crevait même de jalousie. Etait-ce de la maturité ? De la solidarité féminine ? Une prolongation de faire sentir qu'elle aussi était différente ? Peu importait ses motivations, le discours parut plaire à Lauren. Sa mine dubitative se mua en un sourire mutin qui lui ressemblait déjà un peu plus :

-Je prends bonne note, Abbot. Mais fais attention, les rumeurs vont se tourner vers toi aussi ...

Comme Charlie s'y était attendu, Joséphine haussa les épaules. Le regard des autres affectait peu Joséphine : au contraire, plus le monde parlait d'elle, la regardait, plus elle se sentait puissante.

-Oh qu'elles viennent, ce ne seront pas les premières ... Et ce sera sans doute la moins pire. (Elle toqua deux fois sur la table avec un petit sourire). N'oublie pas, n'hésite pas. Je serais ravie de mettre le bordel.

Charlie laissa échapper un petit rire – sincère, échappé de sa poitrine et qui fit lever très haut les sourcils de Joséphine. Son regard se leva sur la pièce avant de se figer quelque part près des fenêtres.

-Tu as laissé O'Neil tout seul, Weasley ?

-Bien ... oui, répondit simplement Charlie.

-Quel dommage ..., souffla-t-elle.

-Abbot ! Veuillez-vous asseoir, le cours va commencer !

Flitwick venait d'apparaître sur l'estrade après s'être faufiler silencieusement dans la salle, trop petit pour être aperçu par la haute stature de Joséphine. Loin d'être décontenancée par la réprimande, la jeune fille adressa un dernier sourire à Lauren avant de s'avancer dans l'allée. Mais elle s'arrêta bien avant sa place, posant son sac sur l'ancienne table de Charlie, à côté d'un Farhan qui venait brusquement de se figer. Il se redressa brutalement au moment où elle s'installait, remarquablement impassible et sans gêne. Secoué d'un fou rire silencieux, Charlie tendit l'oreille pour entendre Farhan s'exclamer :

-Pourquoi ?

-Oh arrête ! J'ai été hyper sage hier en potion !

-Et du coup je vais devoir te supporter en Sortilège, c'est ça ?

Joséphine tourna le visage vers lui, les sourcils haussés. Charlie ne sut pas exactement ce que Farhan lut dans ses yeux, mais il se détourna assez vite avec un soupir de reddition. Un soupir qui empêcha visiblement un sourire de trembler sur ses lèvres.

-Fort bien ...

-Mais si ça peut vous rassurer, O'Neil, enchérit Flitwick, qui ne semblait pas avoir perdu une miette de la conversation, je vous donne le droit de la frapper si jamais elle s'endort !

Cette fois, la classe entière éclata de rire et Joséphine jeta à Farhan un regard qui le mettait clairement au défi d'essayer de la réveiller. Et celle qui rit la plus fort fut certainement Lauren, toute à sa joie de redevenir une élève lambda et voir l'attention se détourner d'elle vers d'autre. Elle jeta un regard rayonnant vers Charlie qui sentit sa poitrine se gonfler d'une immense fierté. Il ne savait pas réellement s'il y était pour quelque chose ... Mais le simple fait de voir Lauren sourire de nouveau ou Joséphine remonter la pente lui faisait penser que la vie allait certainement dans le bon sens. 

*** 

Allez une petite reprise à Poudlard tranquillement (bon pas si tranquille). 

ça peut paraître cliché de traiter la rumeur de cette façon, mais honnêtement je suis persuadée que certains coming-out (forcé celui-là) recevait ce genre de réaction à l'époque. Voilà, les mots utilisés, je les ai entendu (dans ma entourage alors que je me considère comme bi donc j'adore), j'ai moi-même subi le processus (pas sur ça pour le coup mais bon on a tous.tes fait l'objet de rumeur un jour ou l'autre et on en a tous.tes souffert) donc j'espère avoir réussi à bien traduire tout cela. 

Voilààà j'espère que le chapitre vous aura plu quand même 

En cadeau vous avez l'aes de Lauren type aes du début que j'ai fait hier : 

Voilà ! La bonne nouvelle c'est qu'il ne vous reste plus qu'une semaine pour O&P <3 

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