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Chapitre 24 : Derrière le masque

ATTENTION ATTENTION CECI N'EST PAS UN EXERCICE. 

Thibaut Pinot a gagné une étape de course cyclisme mesdames, messieurs et non-biraires ! 

(OK vous vous en fichez mais ce gars a une telle malchance pour un tel talent que je suis très heureuse pour lui. Oh et Bardet a gagné le Tour des Alpes, ça présage un bel été côté cyclisme français ! VOus avez regardé Paris-Roubaix? Vous avez vu mon moulin? Moi j'ai mangé des cailloux avec toute la poussières que j'ai avalé en allant au secteur pavé) 

SINON A PART CA Perri va bien, elle est présentement installée en direct depuis la médiathèque où travaille Anna'. Anna' travaille, et Perri poste - et fait des cartes. Elle devient belle ma carte je commence à en être fière). 

Et point conseil Perri : je pense que certain.es connaissent la chaine Youtube Nota Bene, très bonne vulgarisation historique dont je me nourris, je trouve ça très bien fait. Il fait aussi des podcast et celui sur Tolkien est juste une pépite ! C'est l'interview du monsieur qui a retraduit le Smilmarion (la base de la mythologie de la Terre du Milieu) et c'était juste incroyable, je conseille sincèrement. ça m'a à moitié réconciliée avec la nouvelle traduction (mais je ne valide toujours pas Arpenteur à la place de Grand-Pas). Bref, JE CONSEILLE CHAUDEMENT. 

Côté mauvaise nouvelle, ma procuration n'est pas arrivée en mairie, je me bats et mon âme de citoyenne sera brisée si jamais je ne peux pas voter dimanche (ce que je peux pas faire ne personne parce que CAZO SE MARIIIIIIIE).

Et j'ai été voir les AF3. Pardon mais on va où comme ça? Le projet est aussi clair que le programme de nos candidats en terme d'écologie. 

Allez maintenant le chapitre parce que je vous embête depuis un moment ! Et bien bonne lecture à tous.tes, j'espère qu'il vous plaira ! 

Et la citation ... Je l'ai dit que cette chanson était l'hymne des soeurs Abbot. Des soeurs tout court d'ailleurs. 

***

Aloyssia :

Le temps court, sans aucun recours
Mes peurs m'encouragent à te mordre de rage
Un dernier reproche, et le mur se rapproche ...
Je m'en veux tant ...

Constance :

Tu as usé des miroirs,

Tu te maquilles trop pour te voir

(Nah nah nah nah nah)

Aloyssia :

Toi dans ta glace tu n'es personne

Juste le reflet d'une petite conne

- Six Pied sous Terres

Mozart Opéra Rock

***

Chapitre 24 : Derrière le masque.

Lundi 31 décembre 1990

Paraît-il on fêterait la nouvelle année en ce jour.

J'espère que ce sera plus joyeux que Noël. Heureusement que grand-mère Melinda lançait deux ou trois absurdités de temps à autres, sinon je me serais endormie. La maison était à elle, avant et visiblement elle n'apprécie pas que maman ait remplacé des rideaux cramoisis par des verts jade. Une véritable hérésie, selon elle.

Elle n'apprécie pas non plus que Berry travaille le matin de Noël et elle l'a pourrie toute l'après-midi. Est-ce que je me suis contentée d'un sourire lorsque ma chère petite sœur me lançait des regards d'appel au secourt ? OUI PARFAITEMENT.

Bon cher journal, je te laisse vite. J'ai une lette qui vient d'arriver. Joyeuse Saint-Sylvestre !

***

-Et Cassius m'a promis de m'emmener à Paris au voyage de noce ... je ne dis pas que je n'aimerais pas, ce serait splendide, mais quitte à aller en France pourquoi se contenter de Paris ? Tu as entendu parler de la Provence ? Il parait que la terre chante littéralement là-bas avec les cigales ! Et pourquoi pas pousser jusqu'aux montagnes, j'ai toujours rêvé de voir Beauxbâtons !

-Lili ? Si tu veux rester tais-toi.

Ophélia souffla fort en prenant soin de gonfler admirablement ses joues. Joséphine leva les yeux au ciel et lui tourna le dos pour faire face au miroir qui ornait son mur. Dans le reflet, elle arrivait à voir dans un coin sa sœur affalée sur son lit, occupée à trier sa trousse de maquillage. C'était précisément parce qu'elle savait que Joséphine était mieux armée qu'elle dans ce domaine qu'elle s'était permise d'entrer dans sa chambre, déjà vêtue de sa robe de soirée, mauve, somptueuse, alors même que sa sœur était en train de se changer. Joséphine lui avait envoyé un coussin à la figure, mais Ophélia était entrée tout de même, malgré sa semi-nudité, et s'était installée sur son lit pour fouiller sa trousse.

-Tu n'as pas de vernie rose ?

-Tu me vois mettre du rose ? marmonna Joséphine.

Elle lissa les pans de sa robe, mal à l'aise. Elle était somptueuse, c'était un fait. D'un joli vert jade, le tissu chatoyant, la jupe fluide qui lui chatouillait les pieds. Mais peut-être était-ce en effet trop. Les longues manches étaient à crevé qui pendant largement ses flancs, son décolleté orné de délicate dentelle et son col de quelques pierres blanches.

-Je pense que je vais mettre plutôt celle de noël ...

-Quoi ? Non, tu es super jolie, protesta Ophélia sans lever les yeux. Maman a mis longtemps à la choisir – et remercie-moi, elle en voulait un avec un col haut en dentelle ...

-Sérieusement ? Bon sang j'ai déjà une petite poitrine, qu'elle me laisse montrer le peu que j'ai ...

Ophélia pouffa, un rire à peine étouffé dans sa main. Elle était avenante aujourd'hui, plus dans son rôle de sœur complice que de grande sœur moralisatrice et c'était sans doute pour cela que Joséphine arrivait à la tolérer depuis vingt minutes. De nouveau, elle se contempla dans le miroir et fronça du nez. Non, c'était trop surchargé pour elle et elle n'était pas complètement convaincu de la couleur verte pour elle. Elle préférait l'effet de sa petite robe de velours bordeaux qu'elle avait porté à Londres ou la longue noire dont elle s'était parée à Noël. Cette robe-là, c'était une robe de grande dame. Et en ce réveillon de Nouvel An, c'était de quoi sa mère voulait qu'elle ait l'air.

-Je pensais que c'était juste un souper chez les Robards ?

-Un grand souper, précisa Ophélia, occupée à se vernir les ongles d'une teinte neutre. Il y aura le chef du bureau des Auror, Rufus Scrimegeour, deux membres du Mangenmagot, un gars des Transports Magiques, peut-être le chef des tireurs d'élite de baguette magique, papa est ami avec ... Et évidemment, les enfants.

Joséphine poussa un grognement de mépris. Evidemment, les enfants. Les fils, surtout. Celui de Robards, Liam, un ancien camarade de classe d'Ophélia qui travaillait à présent pour Gringrotts ou ce garçon de l'âge de Bérénice, Thomas Fawley, le fils du directeur du réseau de cheminé, qui cristallisait toutes les attentions de sa mère depuis qu'elle savait que la famille serait présente au souper.

-Ce n'est pas une fête, c'est un grand bal aux fiançailles, conclut Joséphine avec dépit.

-Tu connais maman, c'est son passe-temps favori. Essaie d'avoir l'esprit ouvert au lieu de te braquer ... Liam est très gentil, je m'entendais bien avec à l'école.

Joséphine grimaça face au miroir. Si Liam avait fait parti des admirateurs d'Ophélia à l'époque, c'était qu'il y avait très peu de chance qu'elle « s'entende avec ».

-Et ton fiancé ? Il t'abandonne ?

Le silence étrange de sa sœur força Joséphine à se retourner. Le visage fermé, elle rebouchait le flacon de vernis avant de souffler sur ses ongles – un souffle qui trahissait tout autant une certaine exaspération.

-Non, toute la famille Fudge va au bal des Malefoy, répondit-t-elle, excédée. Merlin je déteste papa et ses idées arrêtées ! La fête promettait d'être tellement merveilleuse, il y avait une tombola de prévue pour Ste Mangouste, ils ont aménagé leur jardin pour qu'elle ait lieu dehors, un orchestre devait jouer toute la nuit ...

A l'expression frustrée et rêveuse de sa sœur, Joséphine comprit qu'elle s'était parfaitement imaginée dansant sous les flocons de neige dans les bras de son fiancé au nez en forme de poire, comme une princesse dans son château. Puis elle fouilla rageusement la trousse de Joséphine et les flacons cliquetèrent furieusement les uns contre les autres.

-Enfin bref, oublions. Je suis sûre que ce sera très bien aussi chez les Robards ... Je peux utiliser ta commode ?

-C'est gentil de demander, railla Joséphine.

Pour toute réponse, Ophélia lui envoya la baiser et s'installa devant la commode et le petit miroir sur pied qui l'ornait – devant lequel Joséphine tentait ses maquillages. Ça lui arrivait lorsqu'elle était oisive mais que son esprit cherchait une occupation. La concentration sur les couleurs, les ombres sur son visage, la courbure de ses traits, la précision de ses gestes ... tout cela avait un côté apaisant et ressourçant. Elle laissa sa sœur prendre le temps de se pomponner et tenta de trouver le moyen de se sentir mieux dans cette robe. Retirer la dentelle sur le col ? Raccourcir les manches ? Oui c'était peut-être une solution ... Elle était en train de s'appliquer à la tâche quand la voix de sa sœur fendit le silence :

-C'est qui Farhan ?

La baguette de Joséphine dérapa et déchira largement la manche qu'elle était en train de raccommoder. Le sort chauffa sa peau et elle lâcha sa baguette pour presser sa paume contre son bras, meurtrie, le cœur battant.

-Aie !

-Tu t'es fait mal ? s'inquiéta Ophélia en se levant à moitié.

-Non, ça va ..., marmonna Joséphine. Tu disais ?

Ophélia se rassit sur le tabouret, les sourcils légèrement froncés. Dans sa main, Joséphine reconnut une lettre qu'elle avait écrite dans l'après-midi mais qu'elle n'avait pas encore pris le temps d'expédier. Elle sentit le sang affluer sur ses joues et préféra se baisser pour ramasser sa baguette.

-Farhan O'Neil, lut Ophélia, intriguée. Qui c'est ?

-Quelqu'un dans ma classe, éluda Joséphine.

-C'est bien la première fois que je te vois écrire à quelqu'un de ta classe ...

La malice qui débordait dans la voix d'Ophélia embrasa un peu plus le visage de Joséphine et elle cacha son embarras en réparant sa manche. Son dérapage avait laissé une marque rouge sur sa peau mais la brûlure s'apaisait de seconde en seconde.

-Belfast ? poursuivit Ophélia, un peu surprise. Et bien, un Irlandais, papa va adorer ...

Papa va faire une attaque cardiaque oui, songea brièvement Joséphine. Elle restait perplexe et frustrée sur les informations qu'ils avaient pu récolter dans le rapport d'incident de l'attentat du La Mon House Hôtel. Son père connaissait Farhan, était entré dans ses pensées, lui avait offert une peluche d'après Nolan. Elle ne pouvait pas croire qu'il l'avait oublié. Qu'il avait oublié qu'il avait failli laisser un enfant de cinq ans à la proie des flammes. Les mots lui brûlaient les lèvres chaque fois qu'elle se retrouvait devant lui, mais elle les maintenait coincé derrière ses dents. Inutile de vendre le fait qu'elle lui avait volé le dossier.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Sa mère était Ecossaise, non ? Grand-mère Odelia ...

-Quel rapport ?

-Ils ne sont pas anglais ? proposa Ophélia avec un sourire penaud. Bon d'accord, j'extrapole. Du coup, tu me donnes des détails ?

Mais pour toute réponse, Joséphine se dirigea vers elle et récupéra sa lettre. Ophélia ne tenta même pas de se défendre mais un immense sourire fendait son visage à moitié maquillé.

-Ouh ...

-Arrête de te faire des idées, soupira Joséphine en tentant d'avoir l'air neutre. Tu vas être déçue ... C'est juste un échange pour les cours, on doit travailler la Potion.

-Et il arrive à te faire travailler en plus ? Décidément, il faut qu'on le présente à papa !

La mine sadiquement réjouie d'Ophélia provoqua un feulement de chat dans le fond de la gorge de Joséphine. Elle observait au fond de ses prunelles le feu de la vengeance pour avoir volé sa correspondance avec Cassius et l'avoir étalé fièrement au visage de sa famille. OK très clairement je n'ai pas été fine, admit Joséphine en contractant la mâchoire.

-Si ça peut dissuader maman de me fiancer ..., lança-t-elle dans l'espoir d'orienter les pensées de sa sœur.

Cela ne manqua pas : Ophélia poussa un soupir à fendre l'âme et se redressa face au miroir, un pinceau à la main.

-Ah ça, rêve toujours ma chérie ... elle nous veut toutes les trois dans une robe blanche. Et neuf petits-enfants ... Trois chacune. Tu te rends compte ? Mon corps ne pourra pas supporter trois grossesses ...

Joséphine jeta un bref coup d'œil sur la silhouette toute en grâce et en courbe de sa sœur. Elle était réellement la beauté de la famille : elle avait réussi à tout prendre des deux côtés. Le visage en forme de cœur et les cheveux couleur blé de leur mère, le nez fin et les yeux verts de leur père. Et de façon très claire, Ophélia s'enorgueillissait de sa beauté. Elle était lucide et savait qu'elle constituait son principal atout : elle la cultivait avec beaucoup de naturel. L'idée de voir son corps être déformé par les grossesses devait la faire frémir d'horreur.

D'un geste distrait, Joséphine effleura le camée qu'elle avait pris soin de placer en évidence sur son sternum. Pourtant il détonnait dans sa tenue avec sa couleur azur et son style qui alourdissait le tout. Mais depuis qu'elle l'avait acheté, elle n'arrivait pas à s'en défaire. Chaque matin, elle le passait à son cou. Et dans la foulée, elle songeait à Farhan. Il était indissociable. Il était présent quand le coup de cœur avait eu lieu. C'était lui qui avait donné la somme qui avait permis de le faire sien. Et cette chaleur mentholée s'était rependue dans son cou quand il lui avait rappelé de pas oublier sa sœur ... Joséphine se souvenait encore du mouvent de recul qu'elle avait amorcé, surprise par sa proximité. Depuis le camée c'était cela. Toutes ses sensations, cette reconnaissance, et même un début de trouble. Et chaque jour, elle le passait au cou pour revivre tout cela.

Calme-toi quand même, s'admonesta-t-elle en baissant la main, rageuse. C'est le meilleur ami de Charlie ... autant dire chasse interdite. Regarde ailleurs. Pour dire vrai, jamais elle n'aurait cru regarder un jour du côté de Farhan O'Neil ... Non, il avait fallu cette journée dans le froid de décembre, ce souffle sur sa peau et des confidences sous les lumières tamisées d'un pub. Fort heureusement, tout cela était à l'état de frémissement qu'elle pouvait aisément contrôler et réprimer. Pas grand-chose, juste une réaction épidermique. Les vacances se chargeraient bien de lui faire oublier cela ... Alors pourquoi fallait-il qu'elle lui écrive ? C'est lui qui m'a écrit, se rassura-t-elle en rangeant la lettre dans le tiroir de sa table de nuit. Je ne fais que lui répondre. Ça ne veut rien dire.

-Lili ?

La voix de Bérénice chargea de ramener Joséphine à la réalité. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, vêtue de sa robe aux couleurs crème et or, ceinturée à la taille. Beaucoup plus sobre que celle de Joséphine, mais Bérénice avait besoin de peu d'artifice. La mignonne tresse cuivrée ramenée sur son épaule et ses adorables fossettes suffisaient largement. Mais cette fois, les fossettes étaient absente : elle semblait embarrassée sur le seuil de la porte de Joséphine et gardait soigneusement les yeux rivés sur Ophélia.

-Je ne savais pas que tu étais là ..., entonna-t-elle d'un ton prudent.

-Je serais bien venu chez toi mais tu es d'humeur exécrable depuis le début des vacances, rétorqua Ophélia.

Joséphine retint au dernier moment le rire qui montait dans sa poitrine. Voilà pourquoi il arrivait qu'elle adore sa grande sœur : quand elles étaient entre elles, Ophélia laissait tomber le masque et se montrait parfois aussi acerbe et piquante que ses cadettes. Les joues de Bérénice rougirent discrètement et elle détourna les yeux.

-J'ai beaucoup de travail, prétendit-t-elle. Les BUSE et ...

-... et ça te rend encore plus désagréable que Josie, j'ai bien compris ...

-Hé !

-Non mais c'est un exploit ! insista Ophélia, occupée à tracer un trait d'eye-liner. Oh non, je n'arrive jamais à les faire symétrique ...

Elle coula un regard vers Joséphine, entendu. La jeune fille soupira, vaincue par les cils battant de la belle Ophélia. Mieux valait qu'elle s'en charge, en effet. Sa sœur avait un grand sens de la mode, mais la main beaucoup trop lourde sur le maquillage. Elle ne voulait s'afficher aux côtés d'un pot de peinture ambulent.

-Efface ça, marmonna-t-elle en prenant place en face d'elle. Et ne bouge pas.

-Qu'est-ce que tu veux Berry, en fait ?

-Et tais-toi !

Mais Joséphine jeta tout de même un petit regard à sa jeune sœur par-dessus la tête d'Ophélia. Bérénice continuait de poser les yeux partout, sauf sur elle. Elles ne s'étaient quasiment pas adressée la parole depuis les vacances. Si Noël, toujours guindé en compagnie de leur grand-mère Melinda et de ses manières froide et strictes, n'avait posé aucun problème, Joséphine admettait que cela commençait à peser dans son quotidien. Depuis toujours, c'était avec sa petite sœur qu'elle échangeait. Peut-être était-ce à cause de cette absence qu'elle acceptait mieux Ophélia depuis quelques jours. Elle comblait un manque.

Mais les restes de colères étaient là. Pas parce qu'elle avait regardé dans son journal : ce serait hypocrite de sa part de lui en vouloir continuellement sur cela. Mais elle lui en voulait pour sa colère sourde qui se sentait dans un regard, dans un silence obstiné. Elle lui en voulait de ne pas être ouverte, de voir au-delà de sa propre interprétation des faits. De ne pas voir au-delà des mots.

-Mrs. Genfyre te cherche, lança Bérénice à Ophélia. Apparemment, tu as reçu du courrier.

L'information fut telle que la jeune femme bougea la tête, pourtant emprisonnée dans la poigne de Joséphine prête à apposer l'eye-liner. Celle-ci claqua la langue, agacée.

-Lili !

-Qui ? s'enquit Ophélia avec empressement.

-Je n'en sais rien, fit Bérénice en haussant les épaules.

-Et ça attendra bien trente secondes, décréta Joséphine en tournant le visage de sa sœur vers elle. Maintenant bouge encore et je te jure que je te fais un maquillage de clown.

Devant la menace, Ophélia resta strictement immobile et Joséphine put tracer deux traits fins et délicats sur ses paupières déjà soupoudrées de teinte prune censée faire ressortir ses yeux verts. Une fois fait, elle fouilla sa trousse de maquillage pour en ressortir un rouge à lèvre rose, assez discret devant lequel Ophélia fronça du nez.

-Mais il ne va pas se voir !

-Si tu en mets un plus voyant tu vas vraiment ressembler un clown. Ecoute-moi, bon sang.

De mauvaise grâce, Ophélia saisit le rouge à lève et l'appliqua soigneusement, la bouche arrondie en un « O » parfait et ridicule. La mimique arracha un sourire à Bérénice mais ce fut presque cynique qu'elle déclara :

-Ce que vous avez l'air stupides quand vous vous maquillez ...

-Mais ce qu'on est jolie une fois que c'est fini, répondit tranquillement Ophélia. Merci Josie ! Tu veux y passer, Berry ?

Mais Bérénice secoua obstinément la tête et ses aînées échangèrent un regard désabusé. La volonté de leur benjamine tenait plus d'un absurde tabou idéologique qu'un réel rejet du maquillage. Joséphine hésita, les doigts perdus dans sa trousse, entre ses fioles et ses produits. Le comportement de sa sœur méritait-t-il réellement qu'elle fasse le premier pas ? Qu'elle lui adresse la parole ? Finalement, ce fut la vision d'une poudre qui irait à merveille appliquée sur le regard de sa sœur qui la força à prendre la parole :

-Ce n'est pas comme si tu avais besoin de grand-chose ... Juste un ou deux gestes pour te sublimer, c'est tout. Je suis curieuse de ce que ça peut donner ...

Une chaleur sur sa main faillit la faire sursauter et elle leva le regard pour voir celle d'Ophélia l'effleurer, comme pour l'encourager. Ses paupières papillonnèrent devant le geste et elle capta à peine la mine dubitative de Bérénice.

-A quoi ça sert de sublimer le visage ? Le travail de sublimation, c'est surtout au niveau de l'esprit qu'il se fait. Vous êtes censées le savoir, vous êtes des Serdaigle ...

-Oui mais ça Berry, c'est toujours plus facile à dire quand on est une jolie fille, répliqua Joséphine d'un ton plus sec. Que seul l'esprit compte, que l'apparence n'est rien ... Quand on l'a naturellement, l'apparence, évidemment qu'elle compte peu.

-Tu l'as aussi, fit observer Bérénice avec sécheresse.

Ouh, un mot ... Joséphine se tourna alors vers son petit miroir, et se concentra sur sa tache pour donner l'impression à sa sœur que leur conversation était secondaire. Mais la vérité alors qu'elle appliquait une poudre légèrement teintée sur son visage, c'était que son cœur battait la chamade. C'était d'autant plus difficile que la remarque de Bérénice faillit lui arracher une grimace. Malheureusement, quand elle se comparait à ses sœurs, le constat restait le même pour Joséphine : elle était très clairement et largement en-dessous. Un visage plus carré, une peau moins parfaite, un corps plus fait d'angle que de courbe ... Joséphine avait accumulé tôt les complexes. Elle avait toujours été très grande et toisait les garçons, et sa puberté s'était déclenchée très tôt – poitrine à neuf ans, pilosité à dix, réglée à onze ... Avec ce corps trop tôt déformé par les hormones, Joséphine s'était sentie monstre au milieu des enfants. Une impression tenace qu'elle tentait de faire disparaitre avec des artifices.

-Peut-être, c'est vrai que je ne suis pas la plus moche sur terre ..., admit-t-elle à contrecœur Peut-être que j'ai l'esprit aussi. Mais j'ai tellement d'autres défauts que je suis bien obligée d'être impeccable sur les deux fronts ... Et puis j'aime bien. Je ne vais pas me mentir, j'adore me maquiller, c'est l'une des rares choses qui m'a donné confiance ces dernières années. Ne me retire pas ça en disant que c'est futile. Pour moi c'est important.

Occupée à déployer des teintes beiges et ocres sur ses paupières, elle ne put pas voir la réaction de sa sœur à son exposé. En revanche, elle sentit la main d'Ophélia sur son épaule, étrangement douce.

-Et tu le fais admirablement bien. Bon, je vais aller voir ce courrier, si ça se trouve c'est Cassius ... Berry, sûre que tu ne veux pas te laisser tentée ? Tu es une Serdaigle, non ? Je suis certaine que tu es curieuse ... et promis si ça ne te plait pas, tu pourras tout effacer.

Cette fois, Joséphine écarta son pinceau pour observer la réaction de sa sœur. Même si elle tentait de le cacher en croisant les bras sur sa poitrine, Bérénice était très clairement indécise. Ses yeux parcouraient la commode, les pinceaux, les poudres et les produits avec un mélange d'appréhension et de mépris. Après quelques secondes de lutte, elle finit par lâcher :

-Si je n'aime pas, j'efface.

-Promis, assura Ophélia en se levant. Vous me raconterez ! On se retrouve en bas ...

Elle leur envoya un baiser et s'en fut dans le couloir en chantonnant joyeusement. Bérénice et Joséphine se retrouvèrent alors seules, face à face, pour la première fois depuis leur dispute. Leurs regards s'étaient accrochés comme des aimants, mais elles sentaient littéralement toute la tension et les non-dits qui flottaient dans les airs, les mots qui s'abattait comme une chape de plomb sur leurs épaules. Aucune ne se risqua à sourire. Joséphine finit par rompre le contact, exaspérée. Elle en avait assez de cette petite guerre. Si Bérénice voulait continuer sur cette voie, qu'elle le fasse – mais elle le ferait seule.

-Installe-toi. Quelque chose de discret, je suppose ?

-Très, confirma-t-elle en prenant place sur le tabouret qu'Ophélia venait de quitter. Pas ... ce que tu viens de mettre à Ophélia.

-L'eye-liner ? Ne t'en fait pas, ça ne t'irait pas. Déjà ferme les yeux.

Avec un brin de méfiance, Bérénice s'exécuta avant de hoqueter quand Joséphine lui passa un pinceau vaporeux sur le visage en prenant un soin particulier à lui chatouiller le nez.

-Mais Jo !

-Pas de panique, assura-t-elle en fermant son poudrier. Maintenant garde les yeux fermés s'il te plait.

-Qu'est-ce que tu vas me faire ... ?

Joséphine se fendit d'un sourire amer et sectionna les couleurs – des couleurs froides, dans les tons gris-argentés pour contrebalancer la chaleur de ses iris noisette et de sa tenue aux teintes douces.

-Oh je sais que ta confiance en moi est sacrément émoussée Berry ... mais accorde-moi ce crédit-là. Sauf sur tu bouges. Là je ne garantis rien ...

Bérénice frémit à peine lorsqu'elle posa le pinceau sur sa paupière, néanmoins elle se mâchouilla nerveusement la lèvre. Joséphine ignora ses marques d'indécision pour se concentrer sur le maquillage. Elle était si concentrée dans une bulle faite de palette de nuance et de couleur qu'elle entendit à peine sa sœur murmurer :

-Ce n'est pas que j'ai plus confiance en toi. C'est que tu m'as blessée ...

-Tu veux vraiment en parler alors que j'ai la destinée de ton visage entre les mains ? Lève un peu la tête.

Elle lui donna une légère impulsion sous le menton de sa sœur qui obéit docilement. Ses sourcils s'étaient légèrement froncés.

-Tu as dis que je pourrais effacer ...

-Ophélia. Moi je n'ai rien dit.

-Je prends le risque quand même. Ça m'a vraiment blessé, Jo.

Joséphine ne répondit pas immédiatement, mais ses réflexions troublèrent sa concentration. Elle laissa le temps aux mots de se bousculer dans son esprit, de s'articuler en un début d'argumentaire, mais elle savait que c'était vain avec Bérénice. C'était comme aux échecs : elle avait toujours des coups d'avance, elle faisait déjouer son adversaire. Inutile de construire : c'était toujours elle qui menait la danse.

-Je te dirais bien qu'il ne fallait simplement pas lire, commença Joséphine d'un ton neutre. Mais non parce qu'à ta place j'aurais certainement fait la même chose ...

-C'est bien l'admettre.

-Arrête. Ça m'a mise en colère sur le coup mais je pense que tu comprends aussi la réaction. Mais depuis c'est toi qui continues.

-Je te l'ai dit, tu m'as ...

-... blessée, j'ai entendu.

-Tu entends, mais est-ce que tu as au moins compris pourquoi ? Ou tu t'en fiches ? Parce que clairement, j'ai l'impression que tu t'en fiches.

Dans son énervement, les paupières fermées de Bérénice tremblotaient contre le pinceau et rendait le travail de Joséphine moins propre, moins régulier. Exaspérée, elle effaça tout d'un coup de baguette et s'efforça de reprendre une grande inspiration pour calmer ses nerfs et tout reprendre de zéro.

-Je ne m'en fiches pas, je suis énervée aussi. Que tu n'aies pas fait l'effort de comprendre.

-Comprendre quoi ? bougonna Bérénice. C'était limpide ...

-Non. Regarde ce que tu as interprété sur les garçons ... Je n'ai jamais dit que c'était mal de n'avoir rien fait à ton âge. Merlin Berry, c'est normal de n'avoir rien fait à ton âge. Pour qui tu me prends ? Une de ses pestes qui penses que si on n'a pas embrassé de garçon à quinze ans, on a raté sa vie ? Enfin ... Mais continue. Continue de travailler sur toi, de travailler ton plan d'avenir, tes projets ou ton esprit. Continue de laisser les garçons à la périphérie de ton monde. C'est toi qui es dans le bon, Berry. Ça fera de toi quelqu'un de fort et d'indépendant ...

Bérénice paraissait troublée par le froid exposé de sa sœur. Alors même que Joséphine était toujours en train d'apposer une couleur argentée sur le coin de sa paupière, elle ouvrit un œil un peu hagard, perplexe.

-Alors ... alors pourquoi tu as dit ... ?

Le cœur de Joséphine se serra et elle s'abstint de répondre en enduisant son pinceau d'une poudre plus sombre. C'était le revers de son argumentaire. La vérité.

-Asexuelle ce n'est pas le fait de ne pas avoir de vie sexuelle. C'est ... de ne pas en avoir envie. Tu ... tu n'as pas de désir, c'est comme ça. Pour personne ...

La définition lui laissa un goût de cendre dans la bouche et remuait toute cette masse de sensation négative qu'elle pensait avoir réussi à endormir ces dernières semaines. La vérité, c'était qu'elle pensait à peine ces mots. Elle n'arrivait pas à les détacher d'elle, de sa réalité – que Charlie n'avait pas eu envie d'elle. Qu'elle n'était pas désirable. Elle secoua brièvement la tête pour se remettre les idées en place et croisa le regard écarquillé de Bérénice. Lentement, la compréhension commençait à éclairer ses prunelles et le cœur de Joséphine remonta dans la sa gorge.

-Ferme tes yeux, ordonna-t-elle en levant son pinceau. Je dois terminer.

-Donc ... oh ...

-Ferme tes yeux et ta bouche.

Bérénice obtempéra précipitamment et Joséphine lui en fut reconnaissante. Elle savait à quoi était accolée la notion, que si elle avait lu cela sur elle, elle l'avait lu sur Charlie – et Joséphine n'était toujours pas disposée à en parler ouvertement. Elle acheva la structuration de son regard, la poitrine compressée et s'obligea à poursuivre :

-La vérité, c'est que je maîtrise toujours mal. Je n'en sais strictement rien et toi non plus sans doute, puisque ça ne t'a pas intéressé. Et encore une fois, tu as raison. Et si ça ne t'intéresse pas, ce n'est pas grave. C'était une réflexion idiote ... ma main a écrit toute seule. (Elle repoudra son pinceau). Ce carnet ... c'est plus un défouloir qu'un véritable journal. C'est toutes les émotions sous le coup de la colère ou de la tristesse. Et qui est agréable, objectif et raisonné dans ces cas là ... ?

-Mais de là à vouloir piquer des aiguilles dans mes joues ...

-OK, celle-là était un peu violente, admit Joséphine de mauvaise grâce. J'étais vraiment énervée et ... bref. Mais Berry, regarde-moi dans les yeux et dis-moi qu'un un moment dans ta vie, tu ne t'es pas dit « je vais t'étriper ! ». Ouvre les yeux ?

Elle releva son pinceau et les paupières de Bérénice s'ouvrirent pour dévoiler ses prunelles noisette égayées par le froid chatoiement des couleurs sur sa peau. Elle n'avait vraiment pas de grand-chose ... Juste de quoi la faire rayonner, capter la lumière. Et malgré ce regard planté sur elle, intense, songeur, elle resta coite. Joséphine acheva son œuvre en appliquant une très discrète couleur rosée sur ses lèvres – qui en plus empêcha Bérénice de lui répondre avant de sourire avec satisfaction.

-Voilà. Regarde-toi dans le miroir.

-Je m'attendais à pire, avoua Bérénice en s'examinant. J'ai l'impression que tu n'as rien mis ...

-Je te l'ai dit. Tu n'as pas besoin de grand-chose. Tu peux effacer maintenant si tu veux.

Mais Bérénice continua de se contempler, l'air vaguement indécise, avant de porter son regard sur sa sœur. Il y avait plus de réflexion, moins de colère – sans qu'elle ne soit complètement étouffée. Mais la flamme était réduite à un rougeoiement mesuré.

-Mais la différence, c'est que tu me donnais des raisons valables de t'étriper, se défendit-t-elle avec prudence.

-Vraiment ? Vraiment, Berry ?

Son silence était éloquent et Joséphine s'autorisa un sourire suffisant. Une relation entre sœur avait un côté purement irrationnel, entre amour, envie et jalousie. Parfois une simple situation pouvait réveiller des sentiments insoupçonnés, rendus plus violent par le sang identique qui coulaient dans leurs veines. Joséphine rangea son maquillage, plus apaisée. Maintenant, elle savait que sa sœur réfléchirait. Peut-être que la guerre des nerfs s'achevait enfin sous un voile de maquillage ... Ce qui était étrange. Pour tous, le maquillage était censé masquer, dissimuler. Mais ce n'était pas du tout la façon dont Joséphine l'utilisait. Non, il valorisait, sublimait ... révélait.

-Je dois poster une lettre. Si tu comptes rester ici, je te prierais de ne pas tout retourner pour chercher mon journal.

-Ne t'inquiète pas, ricana amèrement Bérénice. J'ai déjà donné ...

Joséphine lui adressa un faible sourire, saisit sa lettre et s'en fut sans attendre en laissant sa sœur derrière elle. Avant de partir, elle eut le temps de la voir jeter un deuxième coup d'œil dans le miroir, la bouche pincée, comme incapable de se décider si le reflet lui plaisait ou non. Le parchemin dans une main et un pan de sa robe dans l'autre, Joséphine se dépêcha jusqu'à la volière, un petit endroit aménagé de l'autre côté de la cuisine dans un ancien cellier et où Hammond, le hibou familial, cohabitait avec Magnus et Athéna. Sa chouette poussa un cri et commença à battre des ailes en la voyant arriver. Amusée, Joséphine posa sa lettre et prit quelques minutes pour la cajoler dans la semi-obscurité, quelques minutes de calme avant qu'elle ne se retrouve étouffée dans une réception guindée où elle serait forcée par sa mère à parler avec Liam Robbards, forcée de mettre un masque et rétablir des filtres. Ce n'était pas comme aux fiançailles où elle pouvait filer à la moindre contrariété.

-Tu ne veux pas y aller à ma place, Athéna ? souffla-t-elle en caressant la tête de sa chouette. Tu ne veux pas te transformer en humaine ?

L'oiseau pencha la tête sur le côté et Joséphine lut dans ses yeux orange le début d'une indignation. Elle soupira et entreprit d'attacher sa lettre à sa patte.

-Je te comprends ... C'est épuisant d'être une humaine. Allez, profite bien de l'Irlande.

Athéna déploya une aile, impatiente alors que Joséphine achevait de nouer les liens. Puis elle ouvrit une fenêtre sur le clair de lune qui donnait une ambiance spectrale à son jardin avant de passer une dernière fois un doigt sur les plumes soyeuses de sa chouette. Merlin qu'elle préférerait passer le Nouvel An dans la volière plutôt que chez les Robards ... Merlin que je préférerais voler avec elle jusque Belfast ... Mais Joséphine réprima cette pensée au fond de son être et leva le bras, prête à lâcher Athéna pour qu'elle étende ses ailes.

-Trois, deux, décompta-t-elle avec un petit sourire. Un ...

***

-Bonne année !

Nolan souffla dans un serpentin strident qui perça les oreilles de Farhan et il eut à peine le temps de s'en remettre que Fiona le prenait dans ses bras pour plaquer un bruyant baiser sur sa joue.

-Hé !

-Bonne année mon chou ! s'écria Fiona d'une voix un peu trop forte. Beaucoup de choses ... Les ASPIC ... tes dix-huit ans ... tu veux que je t'apprenne à conduire ? Je l'ai fait dans le Nevada il y a dix ans, l'expérience la plus stressante de toute ma vie !

Et comme si le stresse remontait d'un coup et qu'elle avait besoin de le noyer, elle prit une grande gorgée de bière brune. Amusé, Farhan pressa la main de sa tante.

-On verra ça cet été, si tu veux.

-Tu ne reviens pas à Pâques ? s'étonna son père.

Dès le décompte de la nouvelle année achevé, il s'était empressé d'ouvrir une bonne bouteille d'hydromel dont lui avait fait cadeau Tom, le barman du Chaudron Baveur. Le bouchon lui sauta entre les mains avec un « pop » sonore et il se dépêcha de verser dans les coupes afin de ne pas perdre la moindre goutte du précieux breuvage. En temps normal, ils n'avaient pas les moyens de s'offrir une telle bouteille ...

-Je ne sais pas, entonna Farhan avec lenteur. Tu sais, avec les ASPIC ... Beaucoup de septième année resteront à Poudlard pour réviser. Je l'avais fait aussi en cinquième année, tu te souviens ?

-Ne panique pas, Nolan, rouspéta Fiona en agrippant sa coupe. A partir de cet été tu l'aurais dans les pattes tous les jours, ton gamin. Alors accorde-toi un peu de vacances ... Ouh ! Viens avec moi, je vais sans doute en Jamaïque en février ...

-Pas les finances, refusa tranquillement Nolan avec un certain dépit. Et ...

Il porta la main à sa poitrine avant de se raviser et saisir son verre d'hydromel, comme pour faire oublier son geste. Mais Farhan l'avait parfaitement capté, comme il avait complété la phrase suspendue de son père. « Pas la santé ». Fiona parut également sentir le malaise dans la phrase de son frère car son regard s'assombrit. Plutôt que de se laisser abattre, elle leva sa coupe et enroula un bras autour des épaules de Nolan.

-Bonne année, les hommes de ma vie ! Puisse-t-elle est riche en diplôme, feuilles séchées, rire et bonheur.

Elle embrassa le sommet du crâne de son frère, et Nolan sourit comme un enfant. Farhan goûta une gorgée d'hydromel, vaguement attendri par le tableau familial mais toujours inquiet car son père avant de nouveau passer une main sur sa gorge. Bonne année et bonne santé, leur avait souhaité Tom en leur offrant la bouteille le matin du 31 décembre – et Farhan avait trouvé la remarque si ironique qu'il l'avait fusillé du regard. Ils revenaient justement la veille de Ste-Mangouste où Nolan avait subi une batterie de tests, avaient dû fermer la boutique toute une journée pour retrouver Augusta Londubat en train de faire le pied de grue devant la porte, assurant qu'elle ne partirait pas sans une dose supplémentaire de Napel. Nolan, toujours d'humeur égale, s'était empressé de lui vendre le poison. Farhan lui, était monté en claquant la porte.

Ce n'était pas incurable, leur avait assuré le médicomage. C'était même presque rassurant, encore traitable, bien que les symptômes soient très lourds et inquiétants. Mais il fallait agir. Pas simplement calmer la toux, mais guérir les poumons par des filtres et des inhalations, toutes difficiles à concevoir et donc très coûteuses. Une des opérations notamment devait se dérouler dans l'hôpital sous la supervision d'un guérisseur – et encore une fois, chaque séance coûtait son prix. Et évidemment, la première injonction du médecin était que Nolan se ménage. Ils avaient alors fait les comptes, la veille, entre des horaires de travail réduites, les filtres, les potions, les séances à Ste-Mangouste.

C'était insoluble.

Tout simplement insoluble.

C'était donc morose qu'ils étaient arrivés à Greenisland, en banlieue de Belfast, où Fiona occupait par intermittence la maison familiale des O'Neil, une vieille bâtisse de pierre au bord de la mer qui tenait littéralement debout par magie. C'était petit, biscornu mais il y avait un jardin où poussait des herbes aromatique et médicinales et une vue imprenable sur la mer grise et le chemin qui menait jusqu'à Belfast et l'embouchure de la Lagan. Durant la première partie des vacances, Farhan s'y était senti plus en paix qu'au milieu du Chemin de Traverse et il profitait toujours des absences de Fiona pour s'y échapper. Mais en ce nouvel an, mais le charme irlandais de la vieille demeure semblait terni.

Farhan but une nouvelle gorgée d'hydromel et apprécia sa douceur sur sa langue papilles et sa brûlure dans la gorge.

-Bon, j'en bois une et je vais dormir, annonça Nolan en se frottant la tempe. Les examens m'ont épuisé ...

-Ta chambre est prête, assura Fiona. N'oublie pas ta potion ...

-Ça il ne risque pas de l'oublier ..., maugréa Farhan.

Il lorgna son père et son sourire tranquille, presque désabusé. Depuis le début des vacances, Farhan avait presque l'impression que les rôles étaient inversés et de materner son père étourdi concernant son traitement. Alors il ne le quitta pas des yeux avant qu'il n'ait avalé jusqu'à la lie le flacon rose, puis prit avec une gorgée d'eau la pilule verte. Somnolant, il finit par se trainer jusqu'à l'escalier qui menait à l'étage constitué de deux chambres – celle de Fiona et l'ancienne chambre d'enfant dans laquelle Nolan et Farhan dormaient. Ne resta alors plus que la tante et le neveu, attablés, silencieux, accablés. Fiona fixait encore l'escalier, comme si elle craignait de voir son frère s'y écrouler.

-Arrête de faire cette tête, finit-t-elle par lancer en détournant le regard. Il n'a pas d'énergie à perdre à être optimiste pour vous deux ...

-Je sais ... désolé.

Farhan se frotta le visage, épuisé. Tout s'enchainait depuis il avait posé un orteil en dehors de Poudlard : Joséphine qui débarquait avec le rapport, la découverte des noms de ses véritables parents, l'épineuse question de la signature identiques sur leurs dossiers d'adoptions et les examens de Nolan ... L'insouciance des vacances de noël avait été brisée en mille éclats. Lui qui avait toujours été doué pour cela, cette fois il n'arrivait pas à prendre du recul. Il n'arrivait pas à se défaire de l'idée que, l'année même où tout s'ébranlait pour lui, on s'attaquait à son socle le plus solide. Fiona soupira et avança sa main pour couvrir la sienne.

-C'est moi qui suis désolée, je sais que c'est loin d'être le meilleur moment pour toi ... (Ses lèvres se tordirent et elle demanda du bout des lèvres :) Tu as réfléchi à ... ?

-A quoi veux-tu que je réfléchisse ? la coupa Farhan avec un certain agacement. Tu veux qu'on fasse quoi, qu'on court après des fantômes ?

-Ce ne sont plus des fantômes, fit remarquer Fiona avec douceur. Ils ont un nom, maintenant, non ?

Farhan la fixa, tiraillé. Oui, ses parents avaient un nom. Des vagues traits, mélanges des siens et de ceux de Maya. Une identité, pour la première fois de sa vie. Ahmad et Sirine. Souleiman. Souleiman ... C'était le nom de famille qui l'avait vu naître. Quelque part dans la région de Jéricho, un acte de naissance était au nom de Farhan Souleiman. L'idée lui donnait le vertige.

-Tatie ... je ... je ne sais pas vraiment si j'en aurais la force.

Ils étaient rares, les personnes à qui il pouvait sortir cette phrase mais Fiona O'Neil en faisait partie. Elle était tellement ouverte d'esprit, tellement sans fard que Farhan avait pris l'habitude de parler d'absolument tout avec elle – y compris de tous ses sujets que Nolan fuyait comme la peste. C'était Fiona qui lui avait appris à comment se comporter avec les filles – parfois avec un langage cru qui l'avait fait s'étranglé d'indignation. C'était elle aussi qui avait voyagé spécialement dans les pays arabes pour pouvoir apprendre la langue et la culture et pouvoir l'inculquer à Farhan en lieu et place de ses parents biologiques. Elle avait eu toute sa place dans son mécanisme destiné à combler le vide.

-Oh mon puceron, laissa-t-elle échapper, l'air vaguement contrite. C'est le cas de le dire, il faut vraiment te secouer les puces ...

Farhan cligna les yeux, surpris par la phrase si dure sous le ton compatissant.

-Quoi ?

-Tu te laisse balloter par cette histoire, Farhan. C'est pour ça qu'elle te fait si mal. Tu laisses ton père s'occuper des tests, Maya venir jusque toi, Joséphine enquêter à ta place. C'est eux qui lisent les informations et te les transmettre : toi, tu vis tout ça à travers eux. Et je comprends que c'est une façon de te protéger, de minimiser ce qui arrive ... mais ça te projette littéralement contre les rochers.

Farhan dévisagea sa tante, ébahi. Elle le fixait en hochant la tête, avec une certaine condescendance, sa main toujours sur la sienne.

-Et oui, mon grand. Il faut prendre le dragon par les cornes. Déterminer où il va. Tu verras, tu te sentiras mieux après ...

-Comment tu le sais ?

Il toussota, conscient de son ton presque étranglé, comme si toutes ses émotions étaient venus grossir dans sa gorge et réduire ses capacités vocales. Fiona eut un pauvre sourire.

-Parce qu'on accepte toujours mieux ce qu'on a décidé. Là tu ne décides rien, tu te laisses porter, tu ...

-Arrête, l'interrompit-t-il, agacé. Arrête, s'il te plait, arrête !

Il retira vivement sa main de la sienne et bondit sur ces pieds, uniquement mu par une vague de colère qui s'étouffa aussitôt lorsqu'il se retrouva debout, pantelant et sans but au milieu de la pièce. Pour justifier son geste, il prit sa coupe d'hydromel et la vida rageusement dans l'évier couvert de carreau de céramique aux couleurs vertes et blanches de l'Irlande.

-Tu dis que papa n'a pas d'énergie à perdre à être optimiste pour deux. Tu crois vraiment que moi j'en ai à perdre avec ça ? Entre lui, les ASPIC, tout le reste ?

-Alors là, c'est trop tard mon chéri, fit remarquer Fiona avec un ricanement. Tu es trop engagé dans le chemin pour simplement l'occulter ...

Farhan ne répondit pas, la mâchoire contactée. Elle avait raison, évidemment. Et il ne pouvait pas laisser Maya seule sur le chemin, abandonnée, pendant que lui vaquerait à ses occupations. Il ne pouvait pas laisser la charge à Joséphine, ça ne la concernait pas. Pourtant, Farhan n'avait pas l'impression d'avoir son destin entre les mains : il avait plutôt l'impression qu'il lui filait entre les doigts. Il se sentait impuissant. Et la sensation lui fit monter les larmes aux yeux. Fiona dut le voir – elle voyait toujours tout. Sans s'énerver, mais avec fermeté, elle le prit par le bras et l'amena sur le sofa.

-Assieds-toi. Et respire. Tu ne joues pas ta vie sur ça ...

Farhan ricana amèrement. Il avait fait cette exacte réflexion à Charlie sur ses propres questionnements.

-C'est juste ... qu'est-ce qu'il y a découvrir, sérieux ?

Plutôt que de répondre, Fiona s'installa confortablement dans le sofa et tira une cigarette de sa poche. Elle rejeta sa fumée dans l'air avant de la faire évaporer d'un coup de baguette laconique.

-Quelque chose, affirma-t-elle d'un ton grave. Joséphine a raison, ce n'est pas normal qu'un dossier d'adoption moldu et un dossier d'adoption sorcier soient signés par la même personne.

-Peut-être que c'est simplement le service de l'enfance de Ste-Mangouste ... Peut-être qu'ils veillent encore sur les enfants qu'ils ... quoi ? s'agaça-t-il alors que Fiona secouait la tête avec obstination.

-Ça n'a pas de sens. Pourquoi confier l'enfant à l'orphelinat de Ste-Eustache si c'est pour gérer l'adoption eux-mêmes ? Et puis il y a plus troublant. On n'a toujours dit que tes parents n'avaient jamais identifié, que tout ce qui avait permis de les identifier avait brûlé avec eux ? Or on retrouve leur nom noir sur blanc sur le rapport ! Moi c'est plus ça qui m'a interpellé.

-Peut-être ... que ce n'était pas eux.

Fiona dressa un sourcil et planta un regard circonspect sur son neveu.

-Vraiment Farhan ?

Farhan garda le silence, vaincu. Evidemment que non. C'était peut-être l'un des rares points positifs dans cette affaire : le nom de Souleiman sonnait en lui, comme les notes d'une berceuse depuis longtemps oubliée. Et peut-être que justement, c'était ce qui lui faisait peur. Sa respiration se fit brusquement erratique, son rythme cardiaque s'emballa : il s'affala dans le canapé, le visage entre les mains, un cri de frustration au bord des lèvres. Saloperie de mémoire qui s'éveillait uniquement quand ça l'arrangeait ...

-Hé, puceron, lança Fiona en posant une main sur son genou. Qu'est-ce qu'on a dit qu'on faisait quand les émotions prenaient le dessus ?

Farhan poussa un petit ricanement, mais s'efforça de laisser tomber les mains et de se détendre dans le fauteuil, d'affaisser la ligne de ses épaules, d'obliger ses sourcils à se défroncer de sentir tous les appuis de son corps. Puis il prit une profonde inspiration et en écho il entendit celle de Fiona qui le guidait et l'accompagnait avant de bloquer l'air dans ses poumons. Enfin il s'efforça tout relâcher, jusqu'au dernier souffle, jusqu'à ce que ses poumons soient vidés. Satisfaite, Fiona tapota sa main.

-C'est bien, relâche tout. Ça va mieux ?

-Un peu, admit Farhan, moins à fleur de peau. Il faut que je pense à faire ça plus souvent ...

-Ça t'a beaucoup aidé quand tu étais petit. Tu te souviens avant de dormir ?

-Avec papa qui fredonnait The Rocky Road tout Dublin à côté ...

Ils partirent d'un petit rire un peu nostalgique. Farhan prit le temps de fermer les yeux et de poursuivre quelques exercices de respiration que lui avait appris Fiona petit, très tôt pour lui apprendre à gérer les émotions et les souvenirs. Faire le vide, se concentrer sur des sensations purement physiques pour tout évacuer, et prendre enfin du recul. Lors qu'enfin son souffle se normalisa, son cerveau se remit en marche et il se risqua à héler :

-Tatie ?

-Oui puceron ?

-Tu es obligée de faire ton voyage en Jamaïque ?

Fiona pinça des lèvres et tira une si longue bouffée de sa cigarette qu'elle se réduisit d'un tiers. En expirant sa fumée, Farhan l'entendit marmonner :

-Ne me le demande pas, ne me le demande pas, ne me le demande pas ...

-Tu ne peux pas rester et faire attention à papa ?

-Oh nom d'un farfadet il me l'a demandé, soupira-t-elle en laissant aller sa tête en arrière.

Farhan lui adressa un pauvre sourire. Il savait que ça en coûtait à sa tante de cesser ses voyages. Depuis que son père était mort, elle avait enfilé un sac à dos, des chaussures et s'était mise à parcourir le monde. Ses voyages étaient nombreux, souvent coûteux et elle avait trouvé l'équilibre idéale en devenant reporter culinaire pour Sorcière-Hebdo. Ainsi, chaque fois qu'elle revenait, elle écrivait ses recettes, ses expériences, ses découvertes et avait même réussi à prendre contact avec un journal canadien intéressé par ses talents. Même si son cœur demeurait en Irlande, son esprit était trop libre pour se cantonner à ses frontières.

-Je sais que c'est que je suis censée faire, assura-t-elle avec une certaine lassitude. Je sais que je dois rester ici, prendre soin de Nolan, aider à la boutique – gratuitement en plus ... Je vais le faire, promis. Laisse-moi juste le temps de me faire à l'idée.

-Je suis désolé ...

-Ne t'excuse pas, c'est moi qui suis désolée. Cette situation n'a pas à peser sur tes seules épaules. Je dois t'aider, je dois aider mon frère : c'est ça, la famille. (Elle se redressa, brusquement illuminée). Je proposerai peut-être à Felicia de venir, tiens. Elle voulait me rendre visite, ce serait l'occasion ...

-Encore Felicia ? s'étonna Farhan, amusé. Tu n'en as pas trouvé une autre depuis ?

-Hum ... elle m'a marqué, admit Fiona, rêveuse. Peut-être la personne avec qui j'ai eu l'entente la plus complète. Les longues heures à cuisiner ensemble, mon puceron ...

-Bien sûr. « A cuisiner » ...

Sa tante lui planta son coude dans les côtes et Farhan fit mine de lui renvoyer un regard outré.

-Fais attention à toi mon garçon, j'ai beaucoup de chose à te demander sur la façon dont tu « cuisines » en ce moment. Tu veux ?

Elle lui tendit le peu de cigarette qui lui restait, mais Farhan s'en contenta. Il tira dessus jusqu'au filtre, les yeux perdus dans le vide.

-Juste quelques mois, assura-t-il pour éviter que sa tante ne l'emporte sur une autre pente. Après tu pourras repartir en Colombie avec Felicia. En juillet, je viendrais prendre le relai ...

-Oh Farhan ... C'est peut-être ce qui me frustre le plus, dans cette histoire. Ça va étouffer ton potentiel.

Il leva les yeux au ciel et embrasa le mégot de sa baguette : la pluie de cendre tourbillonna un instant devant eux avant de tomber en flocon sur le vieux tapis défraichi.

-Arrêtez de me dire ça. Tu penses vraiment que je suis fait pour un autre métier ?

-Ah non. Tu n'es peut-être pas biologiquement le fils de Nolan, mais tu as ça dans le sang, c'est une certitude. C'est juste triste que tu sois obligé de t'y mettre par devoir plutôt que par passion.

-Quelle importance ?

-Ce qui motive et nous pousse est important, Farhan. Je ne voudrais pas que la situation te coupe les ailes ...

Elle sortit sa baguette de sa poche et l'agita : leurs cendres s'élevèrent dans la pièce et esquissèrent un trèfle, puis une triskèle avant que Fiona ne les fasse disparaitre et remplace l'odeur de tabac froid par une douce senteur lavande.

-C'est comme l'histoire de tes parents, ajouta-t-elle. Soit tu continues à subir les événements au risque de te trouver broyer, soit tu décides de t'ouvrir à eux et le choc sera moins violent.

Farhan lorgna sa tante, ses cheveux blonds dont la racine grise commençait à ressortir, les pâles taches de rousseur sur son nez, sa tunique mauve qu'elle avait passé sur des collants, le tablier qui ne quittait que rarement sa taille dans la cuisine était autant sa passion que le voyage.

-Je ne sais même pas par quoi commencer ...

-Tu as le nom de tes parents, maintenant. Les champs des possibles s'ouvrent. Si tu veux je peux faire un voyage express à Jérusalem ...

-Jéricho.

-Pardon, Jéricho. Pas longtemps, juste une semaine. Et reporter Fiona t'envoie immédiatement tes conclusions. Peut-être que quelqu'un saura me dire pourquoi ils ont émigré.

-Et à quoi correspond Shahrazade, ajouta Farhan, gagné par l'idée. Ça marche ... mais pas plus d'une semaine, d'accord ?

Fiona parut vaguement contrariée – visiblement, elle s'était trouvée l'alibi parfait pour s'envoler d'Irlande – mais acquiesça à contrecœur.

-Très bien. Et toi de ton côté, envoie un courrier au Ministère. Ça ne sert presque plus à rien maintenant que ta Joséphine nous a volé le dossier, mais la façon dont ils réagissent peut être intéressante. Si la réponse est un ferme « non », c'est qu'il y a quelque chose à cacher.

-Mais qu'est-ce qu'il y aurait à cacher ? C'est ça que je ne comprends pas. C'est clair, non ? Ils ont été tuer pendant une attaque de Mangemort. C'était courant comme tout à l'époque, surtout à Belfast. Il n'y a jamais eu le moindre mystère ...

-L'identité de tes parents, ceux des Mangemorts en question, objecta Fiona. Comme si on avait voulu rester ... volontairement flou. Ça me met mal à l'aise. Ta Joséphine aussi.

-Arrête de dire « ta » Joséphine ...

-Ouh, on passe à ce sujet ? se réjouit Fiona en se redressant. Mais parfait ! Alors, raconte-moi. Elle m'intrigue. Qui est-t-elle, que fait-t-elle, comment tu cuisines avec ...

-Bonne nuit ! annonça Farhan en se levant.

Fiona éclata d'un rire tonitruant dans son dos.

-Ça veut dire que tu me laisses finir seule la bouteille d'hydromel ? Tu ne sais pas dans quel état tu vas me retrouver demain matin ! Oh allez mon puceron, tu as peur ?

Peut-être un peu, admit Farhan à part lui et aussitôt, son estomac se mit en vrac. Mais il ne laisserait pas sa tante l'alimenter. Il prit une profonde mais discrète inspiration, relâcha le tout et proposa à sa tante :

-Je finis la bouteille avec toi, mais en échange on ne parle pas de Joséphine. De toute façon, il n'y a strictement rien à dire c'est ... l'ex de Charlie.

L'ex de Charlie. L'expression qui réglait tout, la vérité qui ne variait pas alors qu'il sentait son regard changer depuis les confidences dans le pub, depuis qu'elle avait volé à son secourt à la manière d'un conte inversé. Depuis qu'ils s'envoyaient lettre sur lettre depuis une semaine, sous le couvert de réviser la potion – mais chaque fois, le sujet finissait par dévier. Fiona haussa les sourcils et un lent sourire s'étira sur ses lèvres.

-Hum. Fort bien. On verra ça dans quelques verres.

-Cours toujours ...

-A ce jeu-là je cours toujours plus vite que toi, puceron.

Farhan esquissa un sourire désabusé et prit leurs deux coupes pour les remplir de l'hydromel que son père avait laissé abandonner près de l'évier. Et comme un coup du destin, alors qu'il levait le regard, il la vit, la belle chouette aux plumes claires qui atterrissait sur le bord de la fenêtre. Ballotée par les glaciaux vents de la côte, elle leva une patte où était accroché un parchemin. Farhan resta un instant troublé, immobile devant la fenêtre à fixer cette pauvre chouette frigorifiée. Athéna, se souvint-t-il car Joséphine l'avait précisé dans une lettre. Comme la déesse grecque de la sagesse. Une chouette de Serdaigle.

Il hésita presque à la faire rentrer, comme il hésitait à faire davantage entrer Joséphine dans son système. Il avait assuré à Tonks qu'il n'y avait plus rien et il n'avait pas menti. Pourtant depuis cette journée à Londres, il sentait quelque chose d'autre s'activer dès qu'il était mention de la jeune fille. Ce n'était pas la fascination sourde et aveugle des premières années, c'était autre chose. Et c'était dangereux de jouer avec ça.

C'est l'ex de Charlie.

Ça réglait tout, se dit-t-il en ouvrant finalement la fenêtre à Athéna. Pas vrai ? 

***

Non ça ne règle rien du tout sinon ce ne serait juste pas drôle héhéhé 

Alors ce chapitre? 

Bon maintenant Perri retourne à sa carte et à l'établissement de son univers fantasy (quoi vous pensez que j'ai écouté un podcast sur Tolkien par hasard? En vrai y'a pas de projet. Encore. Mais ça fait du bien de se plonger dans quelque chose qui n'est pas den la fanfic HP, ça faisait super longtemps !) 

Allez bisous tout le monde ! On vous montrera des photos du mariage sur insta (PARCE QUE CAZO SE MARIIIIIE TROP HATE D'ETRE DEMAAAIN) 

SALUT

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