Chapitre 2 : Un long dimanche de fiançailles
BONJOUR TOUT LE MONDE
Bienvenu dans ce nouveau chapitre de LDP (nouvel acronyme héhé) ! Encore une fois merci pour votre enthousiasme et vos commentaires, franchement ça me fait toujours un grand plaisir !
Enjoy the chapitre !
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Mathilde regarde souvent son propre sourire, dans la glace. Elle le fait gentil, méchant, sardonique, merlan-frit, bécasse, polisson, subjuguant, extasié.
Il n'y a qu'heureux qu'elle ne sait pas. Enfin pas bien. C'est comme à l'école, on ne peut pas être bonne en tout.
- Un long dimanche de fiançailles,
Sébastien Japrisot
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Chapitre 2 : Un long dimanche de fiançailles.
Dimanche 26 août 1990
Le manoir est devenu une véritable armée. Tanky court partout – transplane partout – et Mrs. Glenfyre a astiqué deux ou trois fois l'argenterie à elle toute seule. J'ai bien essayé de l'aider, mais Ophelia m'a réquisitionné parce qu'elle avait ABSOLUMENT besoin de mon avis et de celui de Bérénice pour sa robe. Honnêtement ? C'est immonde, elle ressemble à un gâteau et sa coiffure est une véritable choucroute. J'aurais préféré aider Mrs. Glenfyre plutôt que d'assister à ce spectacle – quoique, ça me fera des souvenirs pour quand j'aurais besoin de me remonter le moral.
Je vois les gens arriver depuis la fenêtre. Il faudrait voir maman, elle est absolument parfaite, un modèle. Je suis certaine qu'elle va avoir une crampe à la mâchoire à force de sourire comme ça. Bérénice aussi, maintenant que j'y pense. Maman l'a postée à la porte pour accueillir les invités. Je suis censée être dans le salon pour les mener au jardin. La vérité, c'est que je suis encore en pyjama et qu'Ophélia ne va pas tarder à monter, furieuse. Juste pour voir ses joues devenir de la couleur de sa robe ...
Mais bon, il va falloir y aller. Charlie va arriver, autant que je me fasse belle pour lui. Alors cher journal : la rouge ou la bleue ?
***
Charlie doutait avoir été aussi nerveux dans sa vie. Pourtant, il était d'un naturel plutôt flegmatique, à l'aise partout où il posait le pied, sur terre comme dans les airs. Mais là alors qu'il voyait des membres de la bonne société sorcière en costume et robe de cocktail en cette fin d'été dans le décor fastueux du hall des Abbot, il sentait sa poitrine se compresser. Il réajusta pour la centième fois le costume bleu marine que lui avait prêté le père de Farhan. Il l'avait essayé seul dans sa chambre, sceptique mais son meilleur ami avait eu l'œil : sa carrure était proche de celle de Mr. O'Neil. Puis Fred et George avait forcé la porte de sa chambre et était ressortis hilare en hurlant que Charlie était devenu un pingouin.
C'était agréable l'intimité au Terrier.
Pour tromper la nervosité, il observa le hall, le grand escalier de colimaçon qui tournait élégamment et surmonté d'une élégante rambarde de fer forgé tout en arabesque. Dans le coin de la pièce, niché dans une alcôve ouvragée, le statut d'un homme représenté en toge antique le fixait de haut et ajoutait à son malaise. Tout en marbre blanc, elle semblait attirer toute la lumière de la pièce.
-Elle va arriver.
Charlie sursauta et se tourna vers la double porte ouverte du manoir. Les mains jointes devant elle en une position très sage, Bérénice se tenait au milieu de l'espace ouvert, surplombant les marches qui menaient au parvis. Elle était absolument adorable dans sa robe bleue pastelle et ses cheveux châtains étaient retenus sur sa nuque par un chignon sophistiqué piqués de quelques brillants. Elle sourit à Charlie.
-Elle préfère toujours arriver la dernière, ça lui évite d'avoir à saluer tout le monde. Je sais, elle est insupportable.
-Oh, elle a le sens du spectacle, on va dire, tempéra Charlie en s'approchant d'elle. Tu ne t'ennuies pas trop ici ?
Bérénice haussa les épaules et le laissa la rejoindre entre les portes. Un chemin de gravier découpait l'impeccable pelouse en deux parties égales jusqu'aux grilles imposantes du manoir devant lesquelles les retardataires transplanaient. Bérénice consulta la liste qu'elle avait coincé sous son bras.
-Non, ça va, j'ai beaucoup de chose à faire. Il manque encore le frère de Cassius ...
-Cassius ?
-Le fiancé d'Ophélia. Le petit-fils de Cornélius Fudge. Le Ministre est là, d'ailleurs. Il est arrivé dix minutes avant toi.
-Oh.
Bérénice lui jeta un regard oblique. Elle avait exactement les mêmes yeux que sa sœur aînée, oscillant entre vert et marron selon la luminosité. Avec le soleil d'août implacable, ils étaient translucides, clairs et brillants.
-Je suis contente que tu sois là, lança-t-elle joyeusement en rangeant sa liste. Tu sais que j'étais pour Gryffondor à la finale de l'année dernière ? Mais pas un mot à Jo, elle me tuerait.
-Mes lèvres sont cousues, miss Abbot, promit Charlie, amusé. Alors tu étais pour Gryffondor ?
Bérénice hocha la tête. Elle était comme ses sœurs et ses parents avant elle à Serdaigle. Mais contrairement à Joséphine, la décision avait été vite, rapide, logique : exactement comme l'était Bérénice. Du haut de ses quinze ans, elle avait un esprit analytique et une capacité d'adaptation incroyable en plus d'avoir un talent inné pour la magie. Ophélia était jolie, Joséphine intelligente mais Bérénice était tout cela à la fois, ce qui en faisait le joyau assumé de la famille.
-Vous étiez l'équipe la plus méritante et tu es de loin le meilleur joueur de l'école, expliqua Bérénice avec un haussement d'épaule. Ça aurait dû être vous. C'est dommage que votre Gardien ait perdu connaissance pour son premier match ...
-Il en est encore mortifié, se rappela Charlie en se souvenant des plaintes d'Olivier Dubois depuis son lit d'infirmerie, se rependant d'excuse après avoir pris un cognard qui les avait laissés à six contre sept contre Serpentard. Mais merci, je tâcherais d'être digne de ton soutien.
Bérénice lui adressa un immense sourire qu'elle présenta ensuite au couple qui se présentait devant eux. L'homme, la trentaine, la chevelure blonde et la barbe soigneusement taillé, inclina respectueusement la tête devant la jeune fille.
-Miss Abbot, vous êtes ravissante.
-Vous êtes adorable monsieur Stewart, répondit-t-elle d'un ton des plus aimable. Je vous en prie, entrez, ma mère vous mènera au lieu de la réception, dans notre jardin ...
Son discours était fluide, affable et semblait naturel mais Charlie devinait qu'elle avait répété sans doute une centaine de fois cette phrase dans la dernière heure. La compagne de Monsieur Stewart reluqua ouvertement le petit bout de jeune fille de quinze ans d'un regard qui était tout sauf flatteur et raffermit sa prise autour du bras de l'homme. Ils s'éloignèrent dans le Hall dallé de noir et de blanc et Bérénice commença à refermer les portes.
-Bon, maintenant que les retardataires sont arrivés, Jo devrait enfin descendre ... Si ce n'est pas le cas, n'hésite pas à aller la chercher. Sa chambre est au deuxième étage, immédiatement après l'escalier à gauche. Je te couvre.
Elle esquissa un révérence à la fois gracieuse et moqueuse et s'en fut dans un froufrou de tulle bleu. Charlie se trouva seul au milieu de ce hall immense et suivit des yeux la courbe de l'escalier qui desservait le premier étage avant de poursuivre sa courbe dans les hauteurs. Il était évidemment hors de question d'oser y monter : il se sentait déjà minuscule aux pieds des escaliers, qu'est-ce que ce serait une fois dessus ... Sans compter si jamais un regard le surprenait. Avec un frisson, il se souvint du regard glacial du père de Joséphine quand celle-ci l'avait présenté à sa famille en descendant du Poudlard Express en juillet dernier. Il n'était pas prêt à affronter de nouveau ce regard, aussi attendit-t-il sagement en faisant les cents pas devant l'escalier jusqu'à ce qu'il entente au loin une porte se claquer dans le silence. Charlie se figea et leva le regard le long de l'escalier de colimaçon. Des pas résonnèrent dans le vide jusqu'à qu'enfin elle apparaisse.
Elle s'était surpassée, dut-il admettre, charmé. Sa robe d'un rouge qui tirait sur le bordeaux était étrangement sage pour une fille comme Joséphine. La jupe ample s'arrêtait en dessous de son genou et le décolleté rond avant l'avantage de ne pas découvrir sa poitrine tout en drapant ses épaules d'une dentelle fine tout en arabesque. Ses cheveux n'étaient pas attachés et coulaient en cascade cuivrée dans son dos. Son seul effort avait été de passer une pince dorée qui retenait ses mèches sur le côté gauche de son crâne. Déjà grande, elle portait en plus de cela des talons qui faisaient un vacarme dérangeant dans le silence du Hall. Quand elle se présenta devant Charlie, elle pouvait presque le regarder dans les yeux malgré son mètre soixante-dix-sept et elle ne se refusa pas de le défier du regard avant tourner sur elle-même, faisant voler les pans de sa robe.
-Alors ? Je suis comment ?
-Etrangement sage pour une personne qui voulait ruiner la fête.
Joséphine éclata de rire et ne cessa de tournoyer que lorsque ses mouvements la firent rencontrer Charlie. Le jeune homme passa une main sur sa taille et elle se fendit d'un dernier quart de tour pour se positionner devant lui pour l'embrasser. Il lui rendit son baiser, les bras passé dans son dos pendant qu'elle nouait ses mains à l'arrière de sa nuque avant de s'écarter de lui avec un sourire mutin.
-J'ai fait attention d'oublier le rouge à lèvre pour pouvoir t'embrasser.
-Charmante attention ... Tu n'as pas encore trouvé de sort qui éviterait de l'étaler sur moi ?
-C'est dans mes priorités, affirma Joséphine avec enthousiasme. Comme ça, plus d'excuse, monsieur Weasley !
Charlie sourit, amusé avant d'embrasser une dernière fois sa petite-amie. Il ne comptait plus le nombre de fois où, à Poudlard, Joséphine s'était penchée vers lui et qu'il s'était dérobé, horrifié par la couleur qui teintait trop souvent ses lèvres et qui risquait de déteindre sur sa peau. Elle n'était pourtant pas particulièrement coquette. Pour avoir souvent voler avec elle dans le parc de Poudlard, Charlie savait qu'elle ne rechignait ni à se salir si à s'enlaidir. Le maquillage était une exception et elle le prouva une nouvelle fois en ouvrant avec un sourire la trousse qu'elle avait apportée avec elle. Elle s'installa devant une console posée pile devant les portes au-dessus duquel trônait un grand miroir au cadre de boiserie dorée. Sans attendre, elle appliqua une couche de crème teintée sur ses joues.
-Bérénice a quitté son poste ? remarqua-t-elle d'un ton satisfait.
-Tout le monde est arrivé, répondit Charlie en croisant les bras sur sa poitrine. Apparemment, tu es la dernière.
Joséphine sourit devant la conclusion et Charlie se retint de lever les yeux au ciel. Il fallait l'admettre, sans ce côté diva, elle serait tristement insipide et peut-être même qu'elle ne l'aurait jamais attiré. Mais il n'arrivait jamais à déterminer ce qui était vrai ou exagéré dans le comportement de la jeune fille – et l'exagération pouvait l'exaspérer.
-Parfait, se réjouit-t-elle avant d'appliquer un fard pâle sur ses paupières.
-Hé. N'oublie pas que c'est ta sœur, la star, cette fois. Sérieusement, combien de couche tu mets ?
-Sur les yeux ? Trois. Arrête de me déconcentrer.
Mais Charlie préféra la bousculer et le pinceau dériva sur sa pommette qui se trouva barré d'un trait de poudre dorée. Loin de lui en vouloir, Joséphine éclata de rire.
-Parfait, je vais y aller comme ça !
-Tu devrais. Tu es magnifique.
Un immense sourire fendit le visage de Joséphine et elle le fixa, les yeux pétillants et à moitié maquillée et cette trainée qui coulait comme une larme d'or sur sa joue. Charlie était sincère dans ses compliments et se sentit fier d'avoir provoqué un sourire pareil sur un visage qui était souvent plus lugubre, buté, refermé. Répandre la bonne humeur était une seconde nature chez lui mais son aura positive avait eu du mal à percer les voiles de Joséphine et il se réjouissait d'y être parvenu. Un exploit personnel.
Joséphine profita du compliment pour observer Charlie de la tête aux pieds, d'un regard analytique qui remarquait tout au premier coup d'œil. Il se sentit soudainement pataud dans son costume emprunté, de moins belle facture que tout ceux qu'il avait vu défiler en attendant Joséphine et il s'imagina ce que penserait tous ceux qui le verraient au bras de la jeune fille. Littéralement la princesse et le crapaud. Mais elle ne paraissait pas de cet avis car elle passa une main sur sa veste avant de lisser la cravate du dos de ses doigts.
-Toi aussi. Il te va vraiment bien le costume du père de Farrell ...
-Farhan.
-C'est pareil. Tu permets que je rajoute ma touche ?
Et sans attendre qu'il comprenne, elle attaqua de son pinceau et en barra le visage de Charlie avec un grand coup. Il recula avec un cri étranglé et passa la main sur sa joue pour découvrir la poudre dorée qui était censé orné la paupière de Joséphine.
-Merlin, Jo !
-Et attends un peu que je mette mon rouge à lèvre, menaça-t-elle d'un ton guilleret.
Charlie resta à une distance respectable d'elle pendant qu'elle achevait son œuvre, parfaitement conscient qu'elle serait capable de mettre ses menaces à exécution. Fort heureusement, le rouge à lèvre en question était neutre et elle prit soin de le ranger dans le petit sac qu'elle avait apporté avec elle. Le manche de sa baguette en dépassait et elle la sortit pour faire disparaitre sa tousse. L'opération avait laissé des traces de poudres beiges et dorées sur la console mais Joséphine s'en moqua et se tourna sur Charlie avec un grand sourire.
-Je suis prête ! On va se jeter dans la gueule du loup ?
***
L'arrivée de Joséphine fut à peine remarquée, il fallait le dire. La foule était impressionnante dans le jardin aménagé à la française des Abbot. Des plateaux volants flottaient entre les convives et un elfe de maison aux oreilles ratatinés veillait à garder les coupes et les assiettes remplies. Plus loin, une immense table en forme de thé était plantée dans la pelouse impeccable, sous une tonnelle de lin qui semblait tenir seule dans les airs, simplement secouée par la petite brise. Et évidemment, tous les regards étaient tournés vers un homme qui tenait dans ses mains un chapeau melon qu'il faisait régulièrement tourner entre ses mains et dont le ventre tendait la chemise. Son visage rond suintait sous le soleil implacable d'août mais ça ne l'empêchait pas de serrer vigoureusement les mains de la foule qui se pressait devant lui. Le nouveau Ministre de la magie en personne ... Charlie n'en revenait pas : même son père qui travaillait au Ministère n'avait pas eu l'occasion de l'apercevoir depuis son élection en avril dernier. Joséphine lui expliqua, une coupe d'hydromel à la main, que le fiancé d'Ophélia, Cassius Stewart, était le fils de la fille aînée de Cornelius Fudge.
Le couple était lui aussi très demandé et passa une heure à aller de convive en convive sans daigner s'approcher de Joséphine et Charlie. Mais la situation allait très bien au jeune homme : ils s'étaient mis à l'écart, plaisantaient sur le chapeau de la Mrs. Fudge, aux bords si larges qu'elle semblait évoluer sous un parasole, ou la robe d'une amie d'Ophélia qui trainait sur le sol et dans laquelle elle se prenait toujours les pieds. Joséphine avait d'ors et déjà parié un Gallion qu'elle finirait face contre terre avant la fin de la réception. A part la petite Bérénice, personne ne se bousculait pour leur adresser la parole jusqu'à la mise à table annoncé par une femme d'une quarantaine d'année, haute de stature mais au sourire aimable. Elle portait sans doute la tenue la plus sobre de la foule et disparut rapidement dans la bâtisse, l'elfe de maison sous ses talons.
-Mrs. Glenfyre, notre gouvernante, lui indiqua Joséphine quand elle remarqua la surprise de Charlie.
-Je pense que ce n'est que maintenant que je réalise à quel point ta famille est riche.
Joséphine fronça du nez et son pas s'allongea, presque furieux. Charlie avait toujours su qu'elle venait d'une famille aisée. La première fois qu'ils s'étaient affronté au Quidditch en troisième année, il avait trouvé ça d'une injustice criante qu'il soit obligé de se battre avec elle avec une Comète alors qu'elle montait le modèle dernier cri de Nimbus. Ses robes étaient chaque année flambant neuve et les bijoux qu'elle portait toujours en métal précieux. La mention de l'elfe de maison avait été aussi un indice décisif mais réellement, Charlie ne le réalisait que maintenant, au pied d'une bâtisse magnifique aux murs d'un blanc surnaturel, invité à se joindre à une table prestigieuse par une gouvernante. Il se fit la réflexion qu'actuellement, sa mère devait être occupée dans l'étroite cuisine du Terrier à faire asseoir ses jeunes frères et sœur, à empêcher l'un des jumeaux de mettre une grenouille morte dans la nourriture de Percy ou forcer Ginny à manger plutôt qu'à parler. Un joyeux désordre dans un espace exigu : l'exacte inverse de cette situation. Mais le contraste l'amusa plus qu'autre chose : il préférait largement être à sa place qu'à celle de Joséphine. Il n'avait pas un Gallion en poche mais pour rien au monde il n'échangerait sa famille.
-Tu vas t'acheter le Nimbus 2000 ? s'enquit-t-il en la suivant vers la table. Il sort dans le courant de l'année, non ?
Joséphine dressa un sourcil.
-Pourquoi je m'achèterais le nouveau ? Le mien va très bien.
-Tu n'as jamais réussi à me battre sur ton balai, je pensais que du coup tu en voudrais un plus performant.
Le ton flegmatique de Charlie fit rouler les yeux de Joséphine. Elle passa son bras en dessous du sien et l'entraina vers la barre du « T » de la table.
-Ne me fais pas regretter de t'avoir invité.
-Tu m'as supplié de venir ! rappela Charlie, amusé. Mais je suis curieux, comment tu t'y serais prise pour gâcher la soirée ?
Joséphine fit mine de réfléchir en posant un doigt sur sa joue, les yeux levés sur la tonnelle de lin. Preuve encore de sa négligence, l'ongle était irrégulier, à moitié arraché en une pente improbable.
-Je ne sais pas. La tonnelle est pas mal, elle tient magiquement ... Je suis sûre que je peux facilement trafiquer le sort et là ... Ou transformer la dinde qui va être servie en cochon d'Inde ... Ou en cochon tout court !
-Si McGonagall t'entendait, soupira Charlie d'un ton dramatique.
-Oh pitié, laisse-moi profiter de mes dernières semaines sans cette vieille chouette !
-Oh ! Parle mieux de Sainte-Minerva, déesse de Poudlard et protectrice des Gryffondor !
-Je t'ai déjà dit que ta vénération pour McGonagall était inquiétante ?
Charlie lui jeta un regard oblique qui signifiait clairement qu'il ne tolérerait pas la moindre critique de sa directrice de Maison et Joséphine lui adressa un sourire tordu. Sa prise se raffermit sur son bras.
-Je m'attendais à devoir être jalouse, mais pas à devoir l'être d'une vieille chouette. Tu n'as pas trouvé mieux ?
Charlie sentit son assurance fondre devant le regard à la fois mutin et suspicieux de Joséphine. Elle l'avait prévenu, dès le début, dès qu'il était retourné la voir pour accepter de sortir avec elle : elle ne partageait pas. Il l'avait senti la première fois qu'elle avait posé ses lèvres sur les siennes, après un entrainement ardu de décembre sous la neige. Charlie poursuivait régulièrement l'entrainement seul et pouvait passer des heures sur le terrain à chercher le Vif d'Or et Joséphine, après sa première défaite, avait commencé à l'observer pour pouvoir mieux le battre l'année d'après. Et un jour, alors qu'il pensait être seul, il l'avait vu surgir sur son Nimbus dans sa robe bleue et bronze de Serdaigle pour lui voler le Vif d'Or sous le nez. Gratuitement, juste pour le déstabiliser : elle s'en était ensuite retourné sur le terrain, la petite balle dans la poche et Charlie avait forcé d'en réclamer un nouveau à Madame Bibine. L'avertissement était devenu une routine et ils s'étaient entrainés ensemble pour enfin battre Serpentard qui raflait coupe après coupe.
Alors au fil des entrainements, des challenges, de l'entraide, ils avaient fini par se rapprocher jusqu'à ce que Joséphine l'embrasse, couverte de sueur et de neige fondu, glaciale et pourtant si passionnée. Et quand c'était arrivé, Charlie avait été pris complétement au dépourvu. Malgré les apparences, celle de vedette de l'équipe de Quidditch, préfet, aimable avec tous et admiré malgré lui, Charlie n'avait eu aucune aventure amoureuse. La vérité, c'était que les filles ne l'avaient jamais vraiment intéressé. Il n'avait jamais cherché ce genre d'aventure. Celles qui recherchaient, c'était comment entrer dans la Forêt Interdite sans se faire pincer par Hagrid ou jusqu'où il pourrait aller dans les montagnes avec sa Comète. Alors ce premier baiser l'avait complétement déstabilisé, surtout qu'en rentrant, il s'était souvenu d'une autre réalité que la surprise avait complétement effacé de son esprit. Durant ses premières années, il avait parfaitement vu comme Farhan O'Neil changeait d'attitude quand Joséphine Abbot était dans le coin. Comme sa langue se ravalait, comment son regard s'aimanter nécessairement vers elle. Merlin qu'il avait pu le charrier pour cette fascination idiote ... Mais fascination il y avait, même si les années l'avaient réduite à peau de chagrin.
Il y avait un code. On ne sortait pas avec le crush des meilleurs amis.
Mais Farhan avait éclaté de rire quand Charlie lui avait dit et traité d'idiot. Il avait arrêté d'observer la jeune fille depuis sa quatrième année, affirmait-t-il, alors c'était ce qu'il voulait, qu'il sorte avec elle.
La vérité était terrible, mais parfois, Charlie aurait presque préféré qu'il refuse.
Parce que Joséphine était jalouse. Possessive. Il le savait, mais la réalité l'avait désarçonné car la jalousie ne se réduisait pas aux filles qui pouvaient faire les yeux doux au Capitaine de Gryffondor. Si elle le voyait, c'était seul : elle voulait avoir toute son attention, hors de question que Farhan soit là pour l'accaparer. Même ses visites chez le Garde-Chasse de Poudlard, Hagrid, l'agaçaient. Alors s'épancher sur son admiration pour Minerva McGonagall, c'était trop pour Joséphine.
-Ah, ma chère sœur !
L'exclamation arracha Charlie à ses souvenirs et Joséphine cessa de le lorgner avec cet air circonspect. Ils arrivaient à l'espace réservé à la famille des fiancés, où les attendait Ophélia, les bras tendus, un sourire radieux sur le visage. Elle était vêtue d'une robe improbable, qui s'élargissait depuis la taille de telle sorte à ce que Charlie songea qu'elle portait un chapiteau rose bonbon garni de dentelle fine. Contrairement à ses sœurs, elle avait hérité de la blondeur maternelle mais était irrémédiablement une beauté. Son visage était un ovale parfait et sa peau était teinté d'un hâle qui faisait ressortir ses yeux verts. Elle prit son fiancé, Cassius, un homme brun à la barbe de trois jours et qui possédait avec son grand-père maternel un nez en forme de poire, et l'amena devant eux.
-Oh chéri, tu te souviens de Josie ?
-Jo, rectifia immédiatement la jeune fille d'un ton pincé.
Elle semblait soudainement prise d'une crampe à la mâchoire tant elle était crispée. Cassius sourit d'un air affable à la jeune fille alors qu'Ophélia lui jetait un regard insistant qui finit par glisser vers Charlie. Voyant que Joséphine s'obstinait dans un silence buté – mêlé d'une expression étonnée vaguement hypocrite – Charlie tendit la main à Cassius.
-Charlie, je suis le copain de Jo.
-Oh, très bien, répondit-t-il en serrant sa main. Tu es encore à Poudlard aussi ? Septième année, les ASPIC ?
-Ça semble si loin, soupira Ophélia, une main sur le cœur. Qu'est-ce que tu comptes faire après l'école ?
Charlie se tendit, assez pour qu'il sente le regard perplexe de Joséphine sur lui. Il sentit un nœud désormais familier lui nouer le ventre et se laissa le temps de déglutir avant de répondre :
-Je pense que je continuerais certainement dans le Quidditch. Il paraît que je ne suis pas mauvais comme Attrapeur.
Il avait tenté de faire passer à la fois de la modestie et de la moquerie dans sa voix et l'illusion dut réussir car Ophélia et Cassius s'esclaffèrent. Puis le fiancé cligna des yeux et sembla soudainement le reconnaître car il pointa un doigt sur lui, stupéfait.
-Oh mais oui ! A Gryffondor, c'est ça ? Tu es le petit qui a réussi à mettre l'Attrapeuse de Poufsouffle K.O. ?
Charlie se trémoussa, embarrassé. L'incident datait de leur quatrième année où pour attraper le Vif d'Or, il avait tenté un geste téméraire en descendant en piquet, à toute vitesse vers le sol en espérant attraper la balle avant qu'il ne soit trop tard pour freiner. Le problème, c'était qu'il n'avait pas senti son adversaire arriver dans son dos et si Charlie s'était redressé à quelques centimètre du sol, le Vif d'Or entre ses doigts, la jeune fille s'était elle écrasé violemment. Il se souvenait avoir dépensé ses économies dans un paquet de Chocogrenouille pour s'excuser.
Mais Cassius semblait lui admiratif. Il donna une grande tape dans le bras de Charlie.
-C'était un sacré geste, superbement maîtrisé pour ton âge ! Je suis sûr les recruteurs vont s'arracher pour toi.
-Ce serait parfait, Josie serait hors du besoin, renchérit Ophélia d'un air ravi.
-On n'a pas toutes besoin de se faire entretenir, rétorqua Joséphine d'un ton mordant.
Ophélia ne parut pas vexée par la pique et se contenta de sourire à sa sœur. Elle le faisait avec une telle condescendance qu'il comprit que Joséphine lève les yeux au ciel.
-Ce n'est pas une question de te faire entretenir, Josie. C'est une question que si tu continues sur ta voie, tu risques de te retrouver sans rien à la fin de l'année. Parlons de se faire entretenir : combien de temps crois-tu que les parents le feront ? Ils nous donnent déjà tellement et il reste Bérénice ...
-Oh je t'en prie, qui ici a des inquiétudes pour Bérénice ? renifla Joséphine avec mépris.
Son regard glissa vers sa jeune sœur, déjà installée à table à la droite de ses parents. Le père de famille était debout, une coupe à la main et discutait vivement avec Cornelius Fudge. Le front dégarni, les cheveux encore épais et brillants, il gardait la posture de l'Auror qu'il était : droit mais souple sur ses jambes, prêt à bondir comme une panthère. Sa mâchoire carrée géométrisait son visage et sa façon de regarder partout, sauf son interlocuteur – un réflexe, supposait Charlie – était déstabilisante. Pour l'avoir testé à la gare, il n'appréciait pas particulièrement.
-Tu as raison, personne, soupira Ophélia avant de se pencher pour fixer un point derrière eux. Oh, grand-mère est là !
-Oh Merlin, gémit Joséphine.
Sans attendre, elle s'en fut et entraina Charlie pendu à son bras dans son sillage. Emporté, il eut le temps d'adresser un sourire d'excuse à Cassius avant d'entendre Joséphine persiffler :
-Si tu ne veux pas qu'on soit marié dans l'heure, on va aller s'assoir. C'est le rêve de ma grand-mère de voir toutes ses petites-filles mariées ! Comme si c'était le seul accomplissement d'une femme !
-Qu'est-ce qu'elle fait ta sœur, au juste ? demanda Charlie. Comme métier ?
Un sourire tordu déforma les lèvres de Joséphine.
-Elle est secrétaire au Ministère, mais elle compte arrêter une fois mariée pour ... Quelle est la formule déjà ?
-Etre une femme parfaite et élever ses enfants ?
-Voilà ! C'était quelque chose dans ce goût-là. Tu me diras, il vaut mieux, Ophélia ne sait rien faire d'autre que sourire. Le problème, c'est que je ne suis pas sûre qu'elle soit meilleure mère que sorcière ...
-Jo ! souffla Charlie, outré. Enfin, c'est ta sœur ...
Mais Joséphine balaya l'objection d'un geste de la main.
-Tu vis avec des frères alors même si tu as en six je suis sûr que ce n'est pas la même chose. Les sœurs, ce sont des plaies !
Charlie fronça les sourcils, troublé par la façon dont elle dépeignait sa fratrie. C'était un chaos total chez lui, y compris dans les relations mais il était certain d'aimer chacun de ses frères et sœur à leur manière. Il était certes plus proche de Bill avec lequel il avait moins d'écart et dont il avait longtemps partagé la chambre enfant mais rien chez ses frères et sœur ne lui ferait dire qu'ils étaient une plaie pour lui. Même les jumeaux qui avaient réussi à brûler son exemplaire de Vie et habitats des animaux Fantastiques pour lequel il avait économisé des mois ou Percy qui lui jetait un regard noir dès qu'il le sortait de sa lecture.
-Je n'ai pas que des frères, préféra-t-il objecter. J'ai Ginny aussi ...
-Elle a quoi, quatre ans ?
-Neuf.
Joséphine secoua la tête, comme si Charlie venait de dire quelque chose de complétement absurde, mais il se sentit l'obligation de poursuivre :
-Et honnêtement je ne comprends pas ce que tu as contre Bérénice, elle a l'air adorable.
-Justement. On est là.
Les trois derniers mots sonnaient comme un arrêt définitif de la conversation, d'autant que Joséphine dénoua son bras du sien pour s'assoir justement en face de Bérénice. Charlie découvrit alors une étiquette accrochée à son verre et portait son nom. Il grimaça en remarquant qu'on avait orthographié cela « Charly ». Il n'eut pas le temps de s'y attarder : Teresa Abbot s'était levée et lui tendait à présent une main gantée de dentelle.
-Charlie, un plaisir de te revoir, lança-t-elle avec un petit sourire. Chéri, tu te souviens de Charlie ?
-Vaguement, répondit son mari en daignant poser les yeux une demi-seconde sur lui. Bonjour mon garçon.
Il avait une voix caverneuse, basse et son indifférence lui valut le regard incendiaire de Joséphine. Elle réussit pourtant à garder une voix relativement calme quand elle asséna :
-Cassius avait été mieux reçu que ça ... Non, maman ?
Mrs. Abbott parut déstabilisée d'être ainsi prise à parti et cligna plusieurs fois des yeux. Charlie eut pitié et posa une main sur l'épaule de Joséphine avant de sourire à sa mère.
-Mais je suis très bien reçu. Encore merci pour l'invitation, Mrs. Abbot.
-Oh ... Oh mais c'est vraiment un plaisir, Charlie.
Joséphine lui jeta un regard oblique mais Charlie pressa son épaule pour l'inciter à se taire. Avec un nouveau sourire, il s'assit à côté d'elle. Cornelius Fudge fut le dernier à s'assoir et Mr. Abbot considéra que c'était le moment opportun pour faire teinter son verre de la pointe de son couteau. Le silence se fit alors sur la table et Charlie se retourna pour voir l'impressionnant rassemblement sous une tonnelle qui surchauffait sous le soleil. Mrs. Fudge avait par ailleurs renoncé à son chapeau.
-Tout parent est d'accord avec moi, nos enfants sont notre plus grande fierté, déclama le père de Joséphine. Et alors qu'on pense qu'ils ne peuvent pas nous rendre plus fier, ils arrivent à nous surprendre. Quand ma chère Ophélia est sortie diplômée de Poudlard, je pensais arriver au paroxysme de mon orgueil. Et elle est entrée au Ministère. Elle s'est assumée, prise en main ... embelli (quelques-uns essuyèrent un petit rire et il leva son verre en direction du couple). Et maintenant, elle m'offre un fils. Ma chère Ophélia, je ne saurais répéter assez à quel point je suis heureux de t'avoir pour fille. Qu'il te rende heureuse et je serais un père comblé !
Des applaudissements polis éclatèrent quand Ophélia posa une main sur son cœur, visiblement émue. Son fiancé couvrit sa main de la sienne et devant cette scène d'une incroyable tendresse, Joséphine s'avachit sur sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, l'air profondément ennuyée. Bérénice lui jeta un regard pénétrant.
-Jo ! siffla-t-elle du bout des lèvres. Jo, la mère de Cassius va parler.
-Ah ! Merci de me prévenir. (Elle posa sa joue contre son poing et ferma les yeux). Charlie, réveille-moi quand ce sera fini.
Charlie s'apprêtait à au contraire la secouer car le regard de son père se posait de plus en plus sur elle mais reçut un coup de pied dans le tibia qui lui arracha une plainte. Bérénice plaqua une main contre sa bouche et M. Abbot darda sur Charlie un regard glacial. Joséphine, toujours feignant d'être à moitié endormie sur son poing, laissa échapper un petit rire.
-Bravo Berry.
-Désolée Charlie, je visais à côté, s'excusa Bérénice, visiblement penaude.
-De mieux en mieux ..., murmura sa sœur, le ton débordant d'ironie.
-Ce n'est rien, la coupa Charlie. Ce n'est pas grave, Bérénice, Jo méritait d'être frappée.
Joséphine fit mine d'être incroyablement outrée, main sur le cœur et bouche ouverte en un cri indigné. Pour l'adoucir, Charlie plaça une tendre pichenette sur sa tempe qui lui arracha un petit sourire.
La mère de Cassius, une femme gracile qui avait hérité du Ministre un visage rond et ce nez en forme de poire, fit un discours bien moins assuré que celui de Mr. Abbot et tout le monde fut soulagé quand Mrs. Abbot se leva, la baguette dressée et que des myriades de plats apparurent dans leurs assiettes. Charlie découvrit alors avec horreur les trois couteaux et les trois fourchettes autour de l'assiette et se retrouva brutalement renvoyé à son statut de Sang-Pur complétement désargenté portant un costume emprunté et plus habitué à maintenir la bouche de son petit frère ouverte pour lui faire gober ses brocolis. Il glissa un regard sur Joséphine qui s'était attaquée à sa salade, son coude négligemment posé sur la table et son regard rivé sur son père et Ophélia qui discutaient.
-D'abord les couverts extérieurs, puis tu reviens vers l'intérieur de l'assiette.
Charlie se tourna vers Bérénice, qui le contemplait avec un petit sourire contrit.
-On a des drôles de coutume, je te l'accorde. Alors, comment tu sens ta saison ? De Quidditch, précisa-t-elle quand Charlie lui renvoya un regard interrogateur.
-Ah ! Assez mal, en fait, je dois changer la moitié de mon équipe. (Il prit la plus petite des fourchettes et piqua dans une tomate). Et toi, c'est les BUSE cette année ?
Bérénice confirma d'un hochement de tête. Charlie se souvenait avoir été raide face aux BUSE, qu'il trouvait plus déterminant que les ASPIC. Les ASPIC préparaient l'avenir, mais c'était bien les BUSE qui le déterminaient. C'était ces notes qui dictaient les matières que les élèves pourraient poursuivre et qui fermaient ou ouvraient des portes. Farhan, pourtant naturellement plus nerveux que lui, avait pris le tournant avec plus de sérénité que lui et l'avait presque porté durant cette année. Car en parallèle, ça avait été sa première année en tant que Capitaine et Charlie avouait avoir perdu beaucoup de temps sur les terrains boueux. Sans Farhan pour le soutenir, l'aider à rédiger ses devoirs ou même lui donner ses notes, il aurait sombré.
Mais Bérénice paraissait aussi sereine que Farhan à l'époque et aussi assurée qu'avait pu l'être Joséphine qui avait compté sur « son talent ».
-Oui, c'est ça. Et si ta prochaine question, c'est « pas trop stressée », la réponse est « un peu ». Mais avec mon amie Maya, on s'est déjà réparti les fiches. Maya Tabet, je ne sais pas si tu vois ...
-Désolé ...
Mais Bérénice eut un sourire indulgent. Elle continua de lui faire la conversation, autour de ses options, la saison de Quidditch et les chances de chaque Maison. Charlie avait très peu côtoyé la jeune fille à Poudlard où les affinités se faisaient beaucoup par âge et par Maison mais il appréciait sa vivacité plus apaisante que celle de sa sœur. Joséphine continuait d'ailleurs de manger en silence et lorgnait régulièrement ses parents et de plus en plus Bérénice. Les voix autour d'eux faisait un brouhaha qui força Charlie à cesser de boire l'hydromel que ne cessait de servir le pauvre elfe de maison, qu'il n'avait pas vu se poser une seule fois. La dinde fut servie dans que Joséphine ne la transforme en cochon et Charlie songea qu'ils avaient passé une sacrée étape.
-Tu fais Soin aux Créatures magiques ? s'étonna Bérénice au détour de la conversation. J'avoue je n'ai pas trouvé ça intéressant ...
-Etudier les licornes, tu ne trouves pas ça intéressant ?
Bérénice haussa les sourcils en un geste qui accentua sa ressemblance avec Joséphine.
-Tu me parles de licorne parce que je suis une fille et que tu espères m'attendrir ?
-Non, je te parle de licorne parce que ce sont peut-être les créatures les plus représentatives du monde magique. Mais non, je ne prendrais pas le risque de t'associer aux licornes – quoique leur réputation de délicatesse et de beauté est complétement surfaite. Va embêter une licorne et débrouille-toi avec sa corne ... Bref. (Il la pointa de sa fourchette avec un sourire goguenard). Mais toi ma petite Bérénice, tu dois être plus ... crabe de feu ?
La jeune fille essuya un petit rire qu'elle couvrit de sa main quand sa mère lui jeta un petit coup d'œil. Elle prit le temps de se reconstituer un air digne avant de demander :
-Et toi tu es plus quoi ? Attends ... Hippogriffe ?
-Pas loin.
-Abraxan ? Grand-père Max avait un élevage !
-Non plus mais tu as la bonne thématique.
-Les ailes ? devina Bérénice.
-Dragons.
La réponse émanait de Joséphine et Charlie lui jeta un regard surpris. Elle jouait avec les restes de sa dinde, le regard se promenant sur les personnes devant elle sans s'attarder, un petit peu à l'image de celui de son père. Charlie essaya de retrouver les restes du sourire qu'il avait réussi à provoquer dans Hall, alors qu'ils étaient barbouillés tous les deux de fard à paupière doré, mais elle avait retrouvé son air buté.
-Les Suédois à museau court, précisa-t-elle. Massif et menaçant mais vif, alerte. Et au fond, pas méchant. Comme toi.
Charlie contempla sa petite-amie, touché par sa réflexion mais également surpris qu'elle se soit rappelé cela. Même qu'elle le sache. Ils partageaient certes les cours de Soins aux créatures magiques mais Joséphine utilisait surtout ce cours comme un exutoire, une façon de tester ses limites plutôt que par réel intérêt. C'était plus que cela pour Charlie. C'était un véritable bol d'air dans sa vie oppressée par le capitanat et les cours qu'il peinait de plus en plus à suivre. Il n'était pas rare qu'il reste même en plus à aider le professeur Brûlopot à la fin du cours à remettre les choses en ordre ou ramener les créatures étudiées à leur enclos. Et Joséphine avait visé juste : de toutes les créatures, nulle n'était aussi fascinante que le dragon. Charlie n'était pas dupe : il savait très bien que c'était son côté téméraire de Gryffondor qui parlait. Mais c'était plus fort que lui. S'il aimait être Attrapeur, c'était parce que c'était l'un des postes les plus dangereux, celui qui demandait le plus de vitesse et le plus d'adresse. C'était exactement la même chose avec les dragons. La fascination du danger.
Bon sang Charlie, t'es rien qu'un foutu Gryffondor.
Mais ce n'était pas une conversation qu'il avait beaucoup eu avec Joséphine. Ils parlaient Quidditch, famille, mais rarement des créatures magiques. Alors qu'elle sorte le dragon avec une telle facilité, que cette information ait réussi à se nicher dans son esprit, touchait réellement Charlie. Il plaça sa main sur son genou et Joséphine suivit son geste du regard, impassible.
-C'est presque ça. La vérité c'est que j'adore les dragons noirs d'écailles, je les trouve magnifiques. Le Norvégien à crète par exemple ...
Joséphine eut un petit sourire et couvrit sa main de la sienne.
-Parfait. Je saurais quoi t'acheter pour ton anniversaire.
-Je suis positivement sûr que tu ne sais pas quand est mon anniversaire. Mais c'est gentil.
La jeune fille fronça les sourcils et sembla interroger sa sœur du regard, perplexe.
-Ce n'est pas en décembre ?
-Le 12 ma chérie, exactement, confirma Charlie avec un sourire. Et si tu m'achètes un dragon, ma mère va te tuer alors pour ton âme, ne fais pas ça.
Bérénice essuya un petit rire et un faible sourire s'étira sur les lèvres de Joséphine. Son silence était significatif mais ce n'était que maintenant qu'il la touchait qu'il se rendait compte de la tension qui l'habitait. Ses doigts se crispaient contre les siens et il finit par passer son pouce sur le dos de sa main dans l'espoir que la caresse l'apaise.
-Ça va ?
Joséphine pinça les lèvres et détourna le regard pour le river vers Ophélia et Cassius, au centre de la table, radieux de bonheur malgré la robe-chapiteau et le nez en forme de poire. Le dessert avait été servi mais elle ne fit pas mine d'y toucher.
-Je déteste ce genre de grande réception. Tout est ... faux, artificiel. Tout le monde complimente tout le monde. Et je ne suis pas sûre d'apprécier notre nouveau Ministre ...
Elle pointa de sa cuillère l'homme qui discutait vivement avec sa fille, les joues rougies par la chaleur et l'alcool. Le nez de Joséphine se fronça de dégoût.
-Sérieusement, il n'a aucun charisme. Même mon père ferait mieux.
-Il n'a même pas pris le temps de saluer le service de mon père depuis son élection, enchérit Charlie avant de préciser : le détournement de l'artisanat moldu. Il repère les objets moldus qui ont été ensorcelés et qui parfois sont remis dans le monde moldu. Je sais que ça ne paie pas de mine mais ...
-Tu veux rire ? C'est vital pour le secret magique, comme emploi ! Et Fudge ne s'est pas encore rendu chez eux ?
-Josie ! siffla sa mère.
La jeune fille avait un peu trop élevé la voix et quelques têtes s'étaient tournés vers eux. Fort heureusement, le Ministre en personne n'avait semblé rien entendre et poursuivait sa conversation avec sa fille. Joséphine roula des yeux avec un souverain mépris et prit soin de soupirer le plus fort possible.
Le repas prit finalement fin et Charlie se leva avec le plus grand soulagement : Merlin ce qu'il détestait rester statique ainsi ! Il y avait plus de deux heures qu'ils étaient à table ... Sans attendre Joséphine, il fit quelques pas dans la pelouse et gouta les rayons du soleil avec bonheur. Il savait qu'il risquait de se prendre un coup de soleil en restait exposer durablement et qu'à la fin de la journée son visage serait constellé de tache de rousseur, si bien que sa peu en paraitrait brune mais peu importait.
-Hé. Charlie, c'est ça ? Un verre ?
Charlie se retourna pour voir Cassius Stewart, le fiancé d'Ophélia, lui tendre un verre emplit d'un liquide ambré qui ne pouvait être que du Whisky Pur-feu. Il accepta avec un sourire et Cassius sortit un étui son il sortit une cigarette qu'il coinça au coin de sa bouche.
-Attrapeur, hein ? Tu sais, mon père connait bien le président des Chauve-Souris de BallyCastle. On pourrait essayer de suggérer ton nom ... Tu supportes quelle équipe ?
-Les Canons de Chudley.
Charlie s'attendait à la réaction qui allait suivre : Cassius éclata d'un rire tonitruant et tapota son épaule avec condescendance.
-Mon ami, il va falloir rehausser ton ambition ... Oh, grand-père, vous partez ?
Cornélius Fudge venait de passer devant eux, un verre vide à la main et son chapeau melon dans l'autre. Il s'en couvrit immédiatement, les yeux plissés devant l'agression du soleil. En le voyant de plus près, Charlie fut forcé de donner raison à Joséphine : il n'avait rien d'impressionnant et ressemblait plus à un grand-père qu'à un Ministre.
-Oh non, Cassius, je cherche juste cet elfe, mon verre est vide ...
-Charlie, mon grand-père Cornélius Fudge, le présenta Cassius avec une pointe d'orgueil dans la voix.
-Monsieur le Ministre.
Fudge serra la main tendue mais de façon négligente. Charlie remarqua que son regard s'était posé sur ses chaussures – qu'il avait emprunté à Bill et dont le cuir se craquelait. La réprobation que cela engendrait chez lui poussa Charlie à garder la main de Fudge dans la sienne et à planter son regard dans le sien.
-Mon père travaille pour vous, vous avez dû le croiser. Arthur Weasley.
-Hum, lâcha Fudge en retirant sa main. Oh ... Navré je n'ai pas encore retenu tous les noms, mon garçon. Ah, le voilà !
Le petit elfe venait d'apparaître derrière l'ample robe d'Ophélia et Fudge l'apostropha négligemment.
-Un peu de brandy, elfe.
-S'il vous plait, non ?
Charlie se tendit en entendant la voix sèche de Joséphine derrière lui. Elle finit par se placer à sa hauteur, ses yeux noisette darder sur Fudge. Celui-ci lui jeta un regard dérouté.
-Pardonnez-moi ?
-Je vous demande de mieux parler à Tanky, monsieur. Celui que vous appelez « l'elfe ». Il a eu une journée de difficile, il mérite un « s'il vous plait ».
-Mais il est là pour travailler enfin, Joséphine, rétorqua Cassius avant de se tourner vers son grand-père. Laisse tomber, c'est la petite sœur d'Ophélia, elle ...
-Elle quoi ?
Il y avait du venin dans la voix de Joséphine et Charlie fut soudainement tenté de fuir la place tant sa présence chargeait l'air d'électricité. Fudge, toujours un peu déboussolé, observait aléatoirement son petit-fils et Joséphine. Entre temps, Tanky l'elfe était passé entre eux et avait d'un claquement de doigt rempli le verre du ministre de Brandy.
-Merci Tanki, fit Joséphine avant d'insister à l'adresse de Cassius. Elle quoi ? Qu'est-ce qu'Ophélia a dit sur moi qui mérite que ma parole ne soit pas prise en considération ?
-Jo, tenta de la calmer Charlie, embarrassé.
-Non, je veux savoir !
-Arrête de te donner en spectacle, soupira Cassius. Franchement Joséphine, c'est navrant que tu cherches l'attention comme ça ...
Charlie lui jeta un regard noir devant la condescendance qui débordait dans sa voix. Ministre ou pas, il s'apprêtait à défendre sa petite-amie quand une voix roula sur eux comme un grondement de tonnerre :
-Joséphine !
Le bras de la jeune fille fut vertement agrippé par la poigne de fer de son père. Aussitôt, le visage de Joséphine se figea et son regard s'immobilisa droit devant elle et se vida de toute expression.
-Veuillez excuser ma fille, monsieur le Ministre, dit Mr. Abbot d'un ton pincé. Je crains qu'elle ne sache pas rester à sa place ...
La mâchoire de Joséphine se contracta et Charlie sentit son cœur se serrer en écho. Il aurait voulu la gratifier d'un geste de soutien mais dans la situation présente, il avait l'impression que chaque ajout ne ferait qu'envenimer les choses. Fudge hocha plusieurs fois la tête et finit par sourire.
-Oh mais ne vous excusez pas, elle a du caractère, c'est tout. Il faut des gens de caractère dans ce monde, à condition bien sûr de le maîtriser ...
Joséphine par pitié tais-toi ! supplia Charlie en voyant littéralement les répliques cinglantes défiler dans les iris de sa petite-amie. Son père ne lui laissa pas l'occasion d'en formuler une seule et la prit à part dans le jardin, la main toujours fermement agrippée à son bras.
-Hé bien, laissa échapper Cassius. Bonne chance pour la dompter, Charlie.
-Et vous, arrêtez de parler d'elle comme si elle était un animal, rétorqua-t-il sèchement. Excusez-moi ...
Il s'éloigna à grand pas du Ministre et de son petit-fils et chercha Joséphine et son père du regard. Ce fut Bérénice qui lui indiqua l'intérieur de la maison où effectivement leurs deux silhouettes se découpaient en contre-jour. Joséphine gesticulait devant un père impassible et les éclats de voix commençait à intriguer les convives si bien que Mrs. Abbot les convia bruyamment à lever leurs verres en l'honneur des fiançailles. Finalement, Mr. Abbot ressortit de la maison, seul. De Joséphine, aucune trace. Bérénice soupira à côté de Charlie et pointa les étages du menton.
-Deuxième, immédiatement à gauche.
Charlie sentit son sang se glacer. Il n'était pas réellement sûr de vouloir savoir dans quel état était Joséphine.
-Tu crois que je peux ?
-Je pense même que tu dois, confirma Bérénice en hochant la tête. Je te couvre, promis.
Charlie déglutit et hésita encore quelques secondes avant de se résigner à entrer dans la maison. La vérité, c'était qu'il se sentait incapable de consoler Joséphine après une pareille scène. Parce qu'elle l'avait provoquée en s'attaquant au Ministre. Parce qu'elle l'avait envenimée en se disputant avec le fiancé. Charlie comprenait la colère qui l'avait prise quand Cassius avait suggéré à son grand-père de « laisser tomber », comme si sa voix n'avait aucune sorte d'importance. Par ailleurs, c'était le cas. C'était comme si la famille avait cherché à cacher Joséphine : elle s'était mise dans un coin et tout le monde l'avait évitée.
Mais après ce qu'elle était capable de leur faire subir, pouvait-il les blâmer ?
Perdu dans ses réflexions, il finit par débarquer dans le couloir et s'arrêta à la première porte à gauche. Le nom de Joséphine y était inscrit en lettre d'argent et un médaillon ovale la représentait en photo, prenant la pose plusieurs fois avec un sourire de défi. Elle était ancienne car ses cheveux étaient plus courts, son visage plus détendu alors que celle de Bérénice sur la porte d'à côté datait visiblement de cet été. Comme s'il se refusaient à voir Joséphine changer, grandir et la garder éternellement dans la forme de ses quatorze-quinze ans.
La porte était entrouverte et Charlie n'attendit pas pour l'entrebâiller davantage. Joséphine était assise sur son bureau, pied nu, une plume à la main. Ses talons gisaient au milieu de la place et à la façon dont ils étaient Charlie comprit qu'elle avait dû les jeter contre le mur. Elle tourna à moitié le visage vers lui avant de retourner à son occupation.
-Qu'est-ce que tu fais ? demanda Charlie avec douceur.
-Du patin à glace.
-Jo ...
-Je ne veux pas en parler, Charlie.
Compréhensif – et pas forcément prêt à subir sa colère – il laissa couler et s'assit sur son lit, silencieusement. La chambre était incroyablement nette pour une fille aussi chaotique mais il devina que l'elfe ou la gouvernante était à l'origine de cet ordre. Dans cet endroit à taille plus humaine et dépourvu de mondanité, il se sentit à nouveau respirer et en profita pour dénouer la cravate qui l'enserrait comme une corde de pendu. Il n'était non plus à l'aise avec la chemise qui entravait ses mouvements et dont il fit sauter un ou deux boutons pour laisser son poitrail développer sa respiration. Non, ce monde n'était pas fait pour lui. Il était un enfant du Terrier, du grand air. Un sportif. Alors rester statiques pendant des heures dans une tenue étouffante, non merci.
Joséphine finit par poser sa plume au bout de dix minutes et referma le carnet dans lequel elle écrivait. Elle avait toujours l'air contrarié, mais semblait plus calme, moins furieuse. Un petit sourire amusé retroussa ses lèvres quand elle vit Charlie, avachi sur son lit, la cravate entre les mains. Ses yeux étincelèrent.
-Vous prenez vos aises, monsieur Weasley.
-Tu sais, je n'aime pas plus ce genre de réception que toi. Je suis juste venu te soutenir.
-Désolée, souffla Joséphine, le regard brillant. Peut-être ... que je peux me faire pardonner ?
Charlie haussa les sourcils, perplexe et la jeune fille n'attendit pas pour être plus explicite. Elle se leva de sa chaise, traversa la pièce d'un pas souple avant de s'assoir à califourchon sur ses genoux et de l'embrasser. Mais ce n'était pas le tendre baiser qu'ils avaient échangés dans le Hall : c'était brut, écrasant et sa langue se dépêcha de s'infiltrer pour caresser la sienne avec envie. Déstabilisé, Charlie s'écarta. Ça n'arrêta absolument pas la jeune fille dont la bouche descendit dans son cou
-Jo, attends ... Tu es sûre de ne pas vouloir en parler, plutôt ?
-Certaine, confirma-t-elle en prenant son visage en coupe. Maintenant embrasse-moi, Weasley.
Son souffle sentait encore le citron qui avait parfumé leur dessert et dans leur position Charlie avait douloureusement conscience de son corps contre le sien – et comme chaque fois, ça le laissait plus perplexe qu'autre chose. Il finit par hocher la tête et Joséphine plaqua de nouveau ses lèvres contre les siennes, chaudes, passionnées, emballées dans un rythme effréné que Charlie peinait à suivre. Il passa les mains sur ses jambes pour la stabiliser et découvrit que sa robe s'était retroussée sur ses cuisses mais cela ne paraissait par la gênait. Au contraire, c'était plus le tissu qui semblait l'indisposer car elle rompit le baiser pour passer la main dans son dos. Le bruit de la fermeture éclair affola Charlie qui lui prit les poignets.
-Attends, qu'est-ce que tu fais ?
-J'enlève ma robe. A moins que tu ne préfères le faire toi-même ... ?
Le pouls de Charlie s'emballa et il jeta un coup d'œil par la fenêtre qui n'ouvrait que sur le ciel encore clair. Ils avaient déjà eu l'occasion d'avoir une certaine intimité mais pas quand une centaine de personne risquait de les découvrir. Joséphine parut comprendre son inquiétude car elle se leva, le libérant de son poids et de sa présence. Elle ferma les rideaux puis tourna la clef dans la serrure avant de se tourner vers Charlie avec un sourire coquin. Il ne savait pas quoi penser de la flamme qu'il voyait briller dans son regard.
-Voilà, plus aucun risque. Peut-on s'y remettre ?
Avec un geste d'une lenteur calculée, elle écarta les deux pas de sa robe sur ses épaules avant de la laisser glisser à terre dans un feutrement presque inaudible. Le cœur battait à tout rompre, Charlie se força à ne pas fixer le plafond et planta son regard dans celui de Joséphine pour trouver un point d'ancrage. La vérité, c'était qu'il ne savait pas où poser les yeux. Il avait juste eu le temps d'imprimer que ses sous-vêtements étaient noirs et que la flamme dans son regard n'avait fait que se renforcer. Fort heureusement, elle se rapprocha vite de lui et reprit sa position sur ses genoux, mais cette fois quand Charlie l'enlaça, il trouva sa peau nue, chaude, déroutante. Quand elle l'embrassa de nouveau, le corps pressé contre le sien, il se sentit complétement perdu, englouti dans l'instant et complétement déconnecté.
C'est toujours pareil ... Détends-toi, Weasley bon sang ! Ferme les yeux, essaie de profiter ! Il tenta, laissa Joséphine s'occuper de sa chemise jusqu'à ce qu'elle glisse de ses épaules et que sa peau se retrouve contre la sienne. S'imprégner de sa chaleur, être touché par sa passion. Mais à l'intérieur, il avait conscience du vide qui répondait à tous les efforts de Joséphine.
-Jo, soupira-t-il alors que sa bouche se promenait dans son cou.
-J'en ai envie ...
Oh par le chaudron de Merlin. Ce n'était pas la première fois que Joséphine prononçait cette phrase. Il se souvenait du moment dans la Salle de bain des préfets, la première fois qu'ils s'étaient retrouvés nus l'un contre l'autre et où Charlie avait dû répondre qu'il ne se sentait pas prêt. La vérité, c'était qu'il avait été effrayé de ne presque rien ressentir au contact de Joséphine, de son corps, de ses caresses et la situation n'avait pas changé. Devant son mutisme, la jeune fille se redressa, les mains enserrant sa nuque. Ses cheveux volaient en voile fin et désordonné autour de son visage et ses lèvres étaient rouges et enflées, sa couleur effacée. Dans ses yeux dont la pupille prenait de plus en plus de place, Charlie sentait une supplique muette. Il caressa une mèche de ses cheveux, soyeuse, toute douce entre ses doigts. Un contact qui lui faisait plus d'effet que ce qu'il venait de vivre.
-Jo ... ne le fais pour de mauvaises raisons. Tu es en colère. Je n'ai pas envie d'être une vengeance.
Joséphine fronça les sourcils et recula un peu sur ses genoux.
-Alors je ne te fais pas envie ?
-Mais non, Jo ...
Mais si.
Joséphine resta statique ses genoux, les bras ballants. Son regard s'était mis à briller étrangement et Charlie se demanda l'espace d'un instant si ce n'était pas des larmes qui les faisaient étinceler ainsi. L'idée lui brisa le cœur et il la ramena contre lui dans une étreinte destinée à l'apaiser.
-Je te l'ai dit, je te trouve magnifique. Je veux juste que tu le fasses pour ...
-C'est pour une excellente raison, le coupa Joséphine d'une voix rauque. Pour toi. Pour nous. Pour me rappeler que j'existe. S'il te plait ...
Charlie sentit ses résistances fondre devant l'intensité du regard de Joséphine. Il la connaissait assez pour reconnaître quand elle se sentait vulnérable – et la supplique était un indice explicite. Alors un rejet risquait de la plonger dans le chaos. Pris par pitié, il finit par hocher la tête et posa de lui-même ses lèvres sur les siennes. Joséphine pressa son visage contre le sien et lorsqu'elle se pencha en avant, les entrainant tous les deux dans le lit, Charlie crut percevoir la caresse d'une larme.
***
Voilà ! J'espère qu'il vous a plu (moi j'ai adoré l'écrire celui là !)
On se retrouve cette fois dans deux semaines pour le chapitre 3 "Le dernier voyage" (et dans une semaine pour les lecteurs d'O&P !)
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