Chapitre 19 : Sang pour sang
HELLO
Comment vous allez? En vacances ? Pas encore ?
Moi je reviens de ma semaine de ski où j'ai redécouvert quelques muscles restés inactifs trop longtemps. Cela dit, ça reste le seul sport où je suis meilleure que mon copain héhéhé. Et décidemment, la montagne ah la la !
Surtout qu'en même temps il y a les JO d'Hiver ! Quelques déceptions (Perrine Lafont, le fartage des snows ...) mais c'est compensé par King Quentin Fillon Maillet en biathlon, quel homme, C'EST TON ANNEE !
CE CHAPITRE. Pas grand-chose à dire, j'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture <3
***
La culpabilité ne sert à rien. Seule la conscience est ta sœur. Elle te dit la vérité. Elle n'a rien à te cacher. Elle est pire. Elle est ce que tu voulais être et que tu n'es pas.
- Richard Bohringer
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Chapitre 19 : Sang pour sang.
Mercredi 12 décembre 1990
C'est l'anniversaire de Charlie.
Le pire dans tout ça ? Je suis persuadée que si j'étais encore avec, j'aurais oublié. C'est idiot la mémoire. A moins que ce soit juste moi ? Mais voilà, je ne suis plus avec, je m'en suis souvenue. Ça fait mal. C'est impromptu, il faut que ça cesse. Vite, je le vois en Sortilège dans dix minutes.
Allez, rassurons-nous, pensons à autre chose ... le concours de potion par exemple. Très clairement la flemme, on ne va pas se mentir, mais Farhan m'a fait de la peine. Je ne peux pas ruiner son avenir juste parce que j'ai la flemme ... Il est bon en Potion. Très très bon, même. Seul il aurait toutes ses chances. Mais il s'est retrouvé à côté de moi. Drôle de patte du destin.
Oh non, si son avenir dépend vraiment de la bourse ... que la bourse dépend de moi ... Oh, O'Neil, trop de poids sur mes épaules ! Je réagis mal à la pression, moi. Et même à mon meilleur niveau je n'ai pas celui d'une Tonks ou d'une Esméra en Potion, il me surestime.
« Tout est parfait jusqu'à ce que tu te déconcentres et que tu foires ».
[Gribouillis rageurs]
Et si je me déconcentre et que je foires le jour-J, Farhan, est-ce que tu m'en voudras ?
BON, mauvaise réflexion, on se calme. A quoi on pense pour se calmer ? Voler c'est bien. Belle séance de vol hier. Et d'entrainement, Aidan était content. Oulà respire Joséphine. Ce n'est pas ton avenir qui se joue. RESPIRE.
***
-Joyeux anniversaire !
Un paquet fut vertement jeté au visage de Charlie, qui le repoussa en grognant. Mais le pire fut à venir : les ressorts de son matelas furent mis à rude épreuve quand des petits monstres grimpèrent sur son lit pour y sauter joyeusement.
-Allez réveille-toi !
-Maman t'a envoyé un cadeau !
-Même Percy en a un !
-C'est de la part de tout le monde !
-Oh misère, gémit Charlie en ouvrant un œil.
La première vision de ses dix-huit ans fut horrifique. Les jumeaux, assis sur son lit, l'observant avec le grand sourire du prédateur prêt à engloutir sa proie. Derrière eux, plus digne, un paquet pressé contre lui, Percy les lorgnait sévèrement derrière ses lunettes. Et enfin Farhan compléta ce portrait en fermant la porte par laquelle il venait vraisemblablement d'introduire ses frères, une tasse de thé à la main. Sans se redresser, Charlie le fusilla du regard.
-C'est quoi ce coup de traitre ?
-Mon cadeau d'anniversaire, je n'avais les finances pour t'en offrir un cette année, assura tranquillement Farhan avec un sourire.
-Humft. Gagne ta bourse de potion et tu pourras te rattraper.
Avec un effort monumental, Charlie parvint à se redresser et fit craquer ses cervicales. L'agitation de Fred et George bondissant sur son matelas avait achevé de le réveiller. Merlin, j'ai dix-huit ans ... Ce n'était pas un âge aussi symbolique que la majorité à dix-sept, mais ça restait l'âge qu'il aurait quand il sortirait de Poudlard. Fred finit par lancer un autre paquet à la figure de son frère, impatient.
-Allez, ouvre ! Je crois que celui- là viens de l'oncle Bilius.
-Mais non, tu as vu le paquet ? C'est de la tante Muriel ! protesta George avec un sourire machiavélique.
-Tante Muriel n'offrirait jamais de cadeau, rétorqua Charlie en soupesant le présent. Certainement Bilius ... Et oui, le point est pour Fred.
Fred brandit le poing, triomphant et observa avec ravissement son frère déballer son cadeau. Chez les Weasley, même les anniversaires ne leur appartenaient pas complètement. Aussi loin qu'il se souvenait, Charlie avait eu un de ses frères à ses côtés pour ouvrir ses cadeaux et vivre la fête par procuration, qu'il s'agisse de Bill ou du petit Ron. Mais les jumeaux tenaient certainement la palme : l'année dernière, le jour même de sa majorité, Charlie s'était réveillé pour découvrir qu'ils avaient déballés tous ses cadeaux – y compris la belle montre qui avait appartenu à son grand-père Prewett et dont ils avaient trouvé le moyen de briser le cadran. Bon, certes Charlie n'avait jamais porté la montre – entre le Quidditch et ses activités en plein air, il avait chaque fois peur de la bosseler. Cette fois, le désastre avait évité, certainement grâce aux efforts conjoints de Percy et Farhan.
Son oncle Bilius lui avait offert un assortiment de friandise – et le cadeau était suprêmement sobre connaissant le personnage haut en couleur. Nolan O'Neil, qui n'avait jamais manqué un seul de ses anniversaires depuis qu'il était ami avec Farhan, lui avait envoyé un livre sur les créatures aquatique de Grande-Bretagne et d'Irlande. Ses parents lui avaient offert une boussole neuve, accompagné d'un pull rouge décoré de Vif d'or et d'une paire de chaussette. Quand la dernière boite, sa mère avait soigneusement empaqueté ses muffins aux framboises dans lesquelles les jumeaux piochèrent allègrement sans même demander la permission.
-Je vous préviens tous les deux, en avril je vous mangerais tous vos gâteaux d'anniversaire, menaça Charlie en jetant un emballage chiffonné sur la tempe de George. Percy, tu veux participer au festin ?
Il lui tendit la boite où il avait réussi à sauver deux muffins de la razzia des jumeaux, mais son frère secoua humblement la tête.
-Non, garde-les pour toi, c'est ton anniversaire. Tiens (il lui tendit le dernier cadeau, celui qu'il pressait contre sa poitrine depuis son arrivée). C'est de la part de Bill et moi.
Il y avait une certaine fierté dans le ton de Percy à l'idée d'avoir participé et Charlie lui adressa un large sourire. Il comprenait parfaitement le sentiment, lui aussi s'était senti rempli d'orgueil lorsqu'il avait acheté avec Bill un cadeau pour leur mère à Pré-au-Lard. C'était une sensation extraordinaire de pouvoir donner.
-Mais, de notre part aussi ! objecta Fred.
-Vous n'avez pas mis un Gallion, juste deux noises !
-C'est déjà ça ! assura Charlie pour mettre fin à la dispute qui s'amorçait. Merci à tous, je suis touché de vos efforts communs ...
Percy fronça du nez et croisa les bras d'un air bourdeur en lorgnant ses frères qui lui prenaient sans vergogne ses lauriers. Charlie se frotta la tempe, exaspéré. Son frère souffrait visiblement d'être au milieu de la portée et supportait de moins en moins l'ombre de Fred et George qui l'engloutissait d'année en année. Percy avait toujours mis un point d'honneur à suivre ses frères. Bill, en particulier, était son modèle sur terre : excellent élève, préfet et préfet-en-chef, Percy en avait fait l'étoile sur lequel son cap s'était fixé. Charlie avait conscience de l'être mais dans une moindre mesure. Lui, son jeune frère voulait simplement l'impressionner, voire le surpasser sur les domaines accessibles. Percy fonctionnait trop à la comparaison pour ne pas être sensible à l'aura grandissante des jumeaux derrière lui. Si Charlie ne ménageait pas sa susceptibilité, il allait en être quitte pour subir une mine ronchonne toute la journée. Sans attendre, il ouvrit le cadeau de ses frères pour découvrir un pull à l'effigie des Canons de Chudley, d'un orange vif qui allait jurer avec ses cheveux. Avec un sourire, il se leva et alla ébouriffer les mèches de Percy.
-Merci les moustiques, ça me touche.
-De rien. Oh attends, tu as fait tomber quelque chose !
Percy se baissa pour récupérer le morceau de parchemin qui s'était échappé du paquet et la tendre à son frère. Le sourire de Charlie se fana légèrement lorsqu'il reconnut l'écriture de Bill. Il avait peu correspondu avec son aîné depuis leur conversation à Pré-au-Lard et l'annonce de son départ en Egypte en janvier. Cette piqûre de rappel l'obligea à contracter la mâchoire et à abandonner la lettre sur sa pile de cadeau.
-Merci. Bon allez déjeuner maintenant ! Oust, je suis sûr que vous avez cours !
-On peut arriver en retard, ce sera seulement notre dixième de l'année, hasarda Fred avant d'être coupé par le coude que George lui planta dans les côtes.
-Mais tu as raison, on va y aller. A toute Charlie !
Et ils filèrent sans attendre, pieds nus et en pyjama, avec des rires qui arrachèrent des frissons à l'échine de Charlie. Il échangea un regard horrifié avec Percy.
-Oh la la, qu'est-ce qu'ils ont préparé ... ?
-Je n'en sais rien ... Mais quand je suis allé les chercher, ils avaient les doigts plein de peinture.
-Oh Merlin ...
Farhan pouffa depuis son lit où il s'était rallongé, mais Percy demeura raide, un pli sévère au coin de la lèvre. Lui aussi était encore en pyjama, mais il avait pris le temps de se coiffer et ses lunettes étaient impeccablement placées sur son nez.
-Tu pourrais les en empêcher. De faire une bêtise. Tu es préfet non ?
-C'est ça, ricana Charlie. Comme si mon insigne pourrait réfréner Fred et George ... Non, des menaces à la limite. Je vais aller les jeter dans le lac noir et on en parlera plus.
-Mais Charlie ! s'offusqua Percy, outré. Tu es préfet !
-Et le préfet que je suis ne verra rien de mes méfaits à venir. Après tout c'est mon anniversaire, non ?
Percy fronça du nez, mais préféra se retirer plutôt que d'argumenter. Charlie s'étira, quelque peu soulagé d'enfin voir partir ses frères et de se retrouver presque seul dans la chambre. La plupart de ses camarades étaient partis et ne restait que Farhan, affalé à l'envers sur son lit, les pieds posés contre le mur. Charlie piocha dans le plateau de victuaille et profita de sa tranquillité pour dérouler la lettre de Bill. Des flocons de neige lui sautèrent au visage et sa gorge se trouva prise par une forte odeur de sapin et de feu de bois qui lui rappelait indéniablement le Terrier au mois de décembre. Une bulle brûlante monta dans sa poitrine. Son frère lui avait envoyé un petit morceau de chez lui ... Il épousseta les flocons et lissa le parchemin devant lui.
Hé Joyeux anniversaire petit frère !
Ce n'est pas grand-chose notre cadeau, mais je sais que tu continues de grandir trop vite pour tes pulls aux couleurs des Canons. Je ne sais pas si tu as vu, mais ils ont encore perdus le week-end dernier ... Qu'on ne vienne pas me dire que les Weasley ne sont pas des gens fidèles !
Et petit plus : tout le monde a participé ! Ginny a insisté pour mettre tout l'argent de sa dernière dent de lait, elle a perdu sa dernière, tu verrais comment elle est fière ... Elle a veillé toute la nuit qu'un Gobelin ou le Niffleur vienne lui déposer ses pièces, papa a dû attendre l'aube pour se glisser dans sa chambre. Maintenant elle répète qu'elle n'est plus un bébé, mais j'ai encore dû la tenir pour que papa lui fasse manger ses légumes. Et c'est une teigne elle ! Bref, ils te souhaitent tous un joyeux anniversaire – tu verras à la fin de la lettre.
Bon sinon comment tu vas ? ça fait une éternité que tu ne m'as pas envoyé de lettre ... Tu m'en veux encore pour l'Egypte ? Ne nie pas, je sais que c'est ça. Ce n'est pas grave, on en parlera à noël ... Je sais que tu finiras par comprendre. Au fond tu as les mêmes envies : c'est juste que tu as trop d'honneur pour te l'avouer.
Mais ne parlons pas de ça : aujourd'hui, c'est ton jour ! Profite de chaque seconde ! J'espère que les jumeaux ne déballeront pas tes cadeaux cette fois – j'ai laissé des consignes à Percy, ça devrait bien se passer.
On se revoit à noël ! Essaie de ne pas trop ruminer d'ici là ... Encore un joyeux anniversaire.
Bill.
PS : Des petites notes de personnes à qui tu manques beaucoup :
Bonne anniversère Charlie. Revient vite. Ron.
JOYEUX ANNIVERSAIRE. J'AI TOUTE MES DENT. GINNY.
Les lettres enfantines de ses plus jeunes frères et sœurs arrachèrent un sourire nostalgique à Charlie. Ron n'avait fait aucun progrès en orthographe et Ginny s'obstinait à écrire en scripte mais il était touché par l'attention. Et sa petite sœur qui avait enfin perdu sa dernière dent ... Merlin, dire qu'il se souvenait de sa naissance, de l'avoir prise pour la première fois dans ses bras, tout content. Il s'était occupé de chacun de ses frères, mais Ginny ? Elle avait fait naître en lui un instinct protecteur surpuissant.
Cela adoucissait autant que cela rendait le reste de la lettre plus amère. « Au fond de toi, tu as les mêmes envies ... ». C'était la phrase qui gâchait tout, aux yeux de Charlie. Certes il n'avait pas complètement pardonné à son frère son abandon pour l'Egypte et cela rendait le reste des petite notes insupportables. « J'ai donné mes instructions à Percy », « j'ai dû la tenir pour lui faire manger ses légumes » ... Bill agissait encore comme l'aîné tout en fuyant son rôle. Charlie prit une profonde inspiration et replia la lettre. Son lit était jonché de flocons en train de fondre et dans l'air subsistait l'odeur irrésistible du Terrier. Elle emplit agréablement ses poumons et détendit chacun de ses muscles, assez pour l'apaiser définitivement et qu'il choisisse de retenir que ses frères et sœur avaient donné le peu qu'ils avaient pour lui faire plaisir. Et que rien que l'idée était le plus beau cadeau du monde.
Il caressa le pull des Canons – en effet, il ne mettait plus son ancien depuis longtemps et envisageait même d'en faire cadeau à l'un des jumeaux – avant de retourner vers Farhan, toujours allongé sur son lit, l'air de vouloir finir sa nuit. Sa tasse de thé était vide sur sa table de nuit. Charlie lui donna une petite claque sur l'épaule qui lui fit ouvrir les yeux.
-Alors comment ça j'ai pas de cadeau ?
-Faut que je garde un peu d'argent, il parait que maintenant j'ai une sœur ...
Charlie garda les yeux fixés, guettant une quelconque réaction qui marquerait le trouble de Farhan mais son visage resta remarquablement serein. Il ne savait pas quoi en penser : parfois, il le surprenant prendre résolument l'autre direction dès qu'il croisait Maya, comme parfois il se précipitait vers elle, avide de rattraper le temps perdu. Et depuis quelques jours, il avait repris sa fâcheuse tendance à la réserve, d'où le scepticisme de Charlie concernant la nonchalance apparente qu'il abordait. Il s'assit au bord de son lit pour mettre ses chaussettes.
-Tu connais sa date d'anniversaire, au moins ?
-En avril ..., répondit Farhan avant de froncer les sourcils. Je crois. Elles sont nées à deux ou trois jours d'écart avec Bérénice ...
-Ça fait très « meilleure amie » comme anecdote.
-Des vraies perruches ! Elles sont toujours ensemble et Bérénice est un véritable Cerbère je te jure.
Charlie laissa échapper un petit rire.
-C'est elle donc que tu fuis ? Pas Maya ?
Ce fut avec une grande satisfaction qu'il perçut une once d'embarras sur le visage de Farhan. Il lui jeta un regard qui lui semblait aux abois.
-Ah. Euh. Oui, un peu. Je préfère quand on est seuls.
-Compréhensible. Et ... vous avez ... des nouvelles sur la suite des choses ?
-Oh non, marmonna Farhan en plaquant une main sur son front. On dirait Joséphine ...
Indigné par l'allusion, Charlie lui flanqua un coup sur l'épaule. Farhan le repoussa et se redressa sur un coude, une main passée dans ses cheveux.
-Hé ! Ce n'est pas parce que c'est ton anniversaire que tu as le droit de me frapper !
-Je pense que justement, si. Du coup, qu'est-ce que tu as répondu à Joséphine pour la même question ? Parce que si tu lui as répondu à elle et pas à moi, je vais être vexé.
-Oh la la ça va être pénible, persiffla Farhan en roulant des yeux. On va finir par se faire des réunions d'affaires et vous allez trouver tous les deux le moyen de vous supporter, ça m'évitera d'avoir à répéter cent fois les mêmes choses.
Charlie sentit ses joues rougir. Il n'avait toujours pas réellement adressé la parole à son ex-petit-amie et évitait toujours de se retrouver devant elle. Mais il admettait que la situation finirait par être pénible pour Farhan s'ils poursuivaient ainsi. Joséphine ne paraissait pas décidée à lâcher cette affaire, Charlie soutiendrait son ami jusqu'au bout : d'une manière ou d'une autre, ils allaient devoir collaborer ensemble.
-De toute façon, on est au point mort, enchérit immédiatement Farhan, morose. Et sincèrement, je doute qu'on trouvera quelque chose, mais Maya veut essayer ... Bérénice va essayer de soudoyer son père pendant les vacances. Moi je vais regarder mon dossier d'adoption en espérant qu'un détail sonnera. Et si les deux ne fonctionnent pas ...
Il haussa les épaules, défaitiste. Puis il s'efforça de sourire et tapota l'épaule de Charlie.
-Bon, c'est ma vie. Je suis habitué à vivre avec un trou noir. Bon, tu viens ? On a un petit-déjeuner d'anniversaire à entamer. Il faudra ça pour affronter le cours de Métamorphose ... Merlin, il faut que je finisse ma conclusion ... Quoi ?
Charlie venait de pâlir sous ses tâches de rousseurs. Il jeta un regard affolé à son balai qui gisait en bas de son lit après la séance de Quidditch de la veille ainsi que ses exemplaires de Balais-Magasine qui trainait sur sa table de chevet. De livre de métamorphose, aucune trace.
-Oh Merlin, elle va me tuer ... C'est mon anniversaire mais elle va me tuer quand même ...
-Ne me dis pas que tu n'as pas fait ton devoir ? s'écria Farhan, incrédule. Enfin, Charlie !
-J'ai oublié ! ça m'est complètement sorti de la tête ! Mille gargouilles de mille gargouilles ! Merde !
Il se dépêcha dans la salle de bain pour achever de se préparer, complètement affolé. C'était son anniversaire et la pire chose qui pouvait lui arriver était de provoquer chez Minerva McGonagall un mélange de colère et de déception. Elle semblait déjà bien assez dépitée qu'il ait perdu le premier match – elle ne l'avait pas dit, mais Charlie l'avait senti à quelques détails.
-Peut-être que si je lui dis que c'était pour entrainer l'équipe elle me pardonnera, s'imagina-t-il en s'élançant dans les couloirs avec Farhan.
-Si tu ne lui rends rien, elle va te transformer en hamster, objecta son meilleur ami, l'air amusé par l'idée. Allez tu n'as plus que ...
-Mais pourquoi tu ne m'y as pas fait penser ? Tu es mon secrétaire particulier d'habitude !
-Peut-être parce que j'ai d'autres choses sur le feu ces derniers temps ?
Il y avait une pointe d'aigreur dans le ton de Farhan, une pointe d'aigreur qui força Charlie à s'immobiliser net et à l'arrêter par le bras alors qu'ils arrivaient juste devant la salle de Sortilège. Son ami soupira et le contempla, l'air désolé. Charlie réalisa qu'il ne savait pas bien que répondre à cela. Une main invisible s'était mise à lui tordre les entrailles et il songea à tout ce qu'il rongeait et qu'il s'efforçait de repousser, par égard pour son meilleur ami, pour ses problèmes.
-Pardon, lâcha Farhan en se massant la tempe. Je ne voulais pas ... C'est juste ... Je sais que je ne suis pas très présent, que ...
Ses mots butaient contre ses lèvres et devant son regard décomposé, Charlie finit par trouver la bonne réaction, celle qui repoussa ses luttes intestines dans un coin de son être. Comment oublier ses problèmes ? Prendre corps avec ceux des autres. Charlie pressa immédiatement le bras de Farhan.
-Je sais. Ne t'excuse pas ... je sais. Et je ne t'en veux pas. On te gère toi, c'est la priorité. Enfin toi et Maya.
Un faible sourire s'étira sur les lèvres de Farhan et il se contenta de hocher la tête pour accepter la marque de soutien. Visiblement rassuré, il reprit sa marche en avant, mais sa trajectoire fut coupée par Joséphine Abbot qui arrivait en sens inverse, les cheveux encore trempés de sa douche, l'air déterminé. Charlie se figea mais elle leur adressa un sourire radieux qui ne se ternit même pas quand elle posa les yeux sur lui.
-Salut !
Et elle s'engouffra sans attendre dans la pièce. Farhan et Charlie échangèrent un regard consterné.
-Je ne sais pas comment interpréter ce sourire ...
-Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose à interpréter ? protesta Farhan avec un haussement d'épaule. Non, sérieux, ne lui dis rien ! Laisse-la de bonne humeur, on a Potion après et j'en ai besoin ...
Charlie esquissa un sourire et promit d'un geste de se taire en faisant mine de coudre ses lèvres. Satisfait, Farhan entra dans la pièce, le préfet à sa suite. Aussitôt, ils se figèrent, dès qu'ils entendirent les premiers gloussements – dont le plus sonore venait de Joséphine elle-même, toujours debout au fond de la pièce, la main pressée contre ses lèvres. Charlie se plaqua une main contre le front, de plus en plus pâle.
C'était le jour de son anniversaire. Et dans sa profonde stupidité, il avait oublié que celui qui était à craindre n'était pas Joséphine, mais une paire de petits diables que Percy avait retrouvé les doigts pleins de peinture.
Ce n'était pas du grand art, mais le fond de leur salle de classe ressemblait à présent à une fresque chaotique faite d'un dragon n'appartenant à aucune espèce en particulière chevauché par ce qu'il soupçonnait être son effigie, poursuivant un Vif d'Or géant. Mais ce n'était pas le pire. Le pire était le professeur Flitwick, la moustache frémissante sur son estrade, sa robe de sorcier couverte de peinture rose et mauve, les cheveux couverts de paillettes et de confettis qui venaient visiblement d'être jetée du lustre sous lequel il se trouvait. Certaines particules étaient encore en suspens, tel des flocons de neige scintillants et tombait pour illuminer ses camarades – mais personne ne brillait plus que Flitwick. D'un geste nonchalant, le visage figé en une expression résolument neutre, le professeur épousseta les paillettes sur son épaule. Quand il se tourna vers Charlie, celui-ci s'efforça de ne pas faire un pas en arrière. Maintenant, les gloussements avaient même contaminé Farhan et ceux de Joséphine devenaient incontrôlables.
-Hum ... bien que ce soit un ... bel hommage, messieurs Fred et George en seront quitte pour une retenue, annonça le professeur d'un ton digne. Bon anniversaire Weasley.
***
Le professeur Flitwick resta paré de sa robe de sorcier colorée en mauve et rose et parsemée de paillette : les cinquième année le découvrirent à leur dépend, en même temps que la fresque au dragon chevauché par le à peine reconnaissable Charlie Weasley. Heureusement que Bérénice connaissait la valeur de son professeur, car il était très difficile de prendre Flitwick au sérieux dans cette tenue. Son autorité était déjà parfois mise à mal avec sa petite taille et sa voix fluette, mais cet accoutrement, c'était pire que tout et Bérénice l'entendit maugréer sur des élèves « qui devaient se surpasser s'ils voulaient le surprendre ». Un véritable défi lancé à ses détracteurs, songea la jeune fille en quittant la salle de cours, vaguement amusée. Elle se dépêcha à la bibliothèque, sans attendre Maya qui filait à son cours d'Etude des runes – le seul qu'elles n'avaient pas en commun, Bérénice ayant préféré la Divination qui avait plus souvent lieu le soir. Flitwick semblait se venger de son état sur chacune de ses classes et leur avait imposé un devoir très difficile et la jeune fille avait bien l'intention de ne pas le laisser lui ruiner ses vacances. Elle fut néanmoins découragée en arrivant à la bibliothèque : l'hiver n'était encore arrivé, mais les premières tempêtes de neige si, et avec elle son vent glacial qui calfeutrait les élèves à l'intérieur du château. De ce fait, la bibliothèque était bondée et Bérénice dut faire trois fois le tour de la pièce pour trouver une tablée qui pourrait potentiellement l'accepter. Elle y posa son sac et Charlie Weasley releva la tête, légèrement ahuri. Elle lui adressa un sourire.
-Salut. Euh ... Toutes les tables sont prises, ça te dérange si je viens ? Je ne prendrais pas de place, j'ai un devoir de Sortilège à commencer ...
-Je t'en prie, la rassura Charlie en poussant ses affaires pour lui faire de la place. Et désolé, je ne serais pas loquace, j'ai complètement zappé de faire un devoir de Métamorphose ...
C'était ce qu'elle remarquait, avec les livres qui jonchait la table et qu'il écartait pour lui faire de la place. Mais quand il se remit au travail, il tira à lui un long parchemin noirci d'une élégante écriture. Elle haussa les sourcils avec un certain dédain.
-Et du coup tu copies ? comprit-t-elle.
Charlie ricana et garda les yeux rivés sur le parchemin pour lui répondre :
-Non, je m'inspire juste. Tu crois que je ferais ça à McGonagall ? Que je ne la crois pas capable de voir la ressemblance entre nos devoirs ? Je ne suis pas suicidaire.
-Assez pour oublier de le rendre ...
Il grimaça et jeta un regard chargé d'appréhension sur ses livres et son devoir qui noircissait qu'un quart de son parchemin. Il s'y remit avec l'énergie du désespoir.
-Non mais ... j'avais beaucoup à penser ! Enfin bref, désolé Berry mais je m'y mets, hors de question que je mette McGonagall en rogne pour mon anniversaire ...
-Oh ! C'est vrai, joyeux anniversaire ... (Bérénice cligna des yeux, l'esprit brusquement illuminé). Un rapport avec l'état de Flitwick ?
-Peut-être, grogna Charlie, mécontent. Peut-être qu'aussi après avoir fini mon devoir, j'irais mettre la tête de mes frères dans la neige ...
-Carrément ? s'étonna Bérénice avec prudence. Tu ne préfères pas ... plutôt leur donner une retenue ? Tu es préfet, non ?
Charlie releva les yeux de son devoir pour longuement l'observer avec une certaine consternation.
-Il faudra que je te présente mon petit frère, lâcha-t-il finalement en retournant vers son devoir. Vous vous entendriez bien ...
Bérénice fronça les sourcils et tenta de rappeler à sa mémoire les différents frères de Charlie. Malheureusement, les noms, les visages et la rousseur se mélangeaient dans son esprit et elle abandonna pour sortir ses affaires de Sortilèges. Les voix s'éteignirent alors entre eux pour ne laisser que le froissement des parchemins et le feutrement des pages qui se tournaient. Bérénice soulignait son titre quand Charlie s'enquit brusquement :
-Maya n'est pas là ?
Bérénice eut un pauvre sourire. Elle commençait à être habituée à cette surprise chaque fois qu'elles étaient séparées, mais elle trouvait ça riche de la part de quelqu'un qui était lui-même la moitié lumineuse d'un duo fort.
-On a des options différentes. Et Farhan ?
-En Potion. Juste ... Maya va bien avec tout ce qui se passe ?
Bérénice suspendit sa plume au-dessus de son parchemin, indécise. Maya avait retrouvé une sorte d'apaisement depuis quelques semaines et passait de plus en plus de temps avec Farhan. Bérénice y assistait souvent, avec l'impression désagréable d'être le grain de sable dans la machine, la cinquième roue du carrosse. Ils parlaient de la Palestine, d'islam et parfois même arabe – puisque c'était leur principal dénominateur commun. Pour être honnête, elle ne savait pas quoi penser de ces entrevues. Ça lui paraissait aussi adorable ... que parfois artificiel. C'était difficile de devenir frère et sœur et Bérénice doutait qu'ils en aient parfaitement pris conscience.
Charlie partageait peut-être ses doutes. Mais elle ne voulait pas les alimenter : ça avait été déjà assez difficile pour lui d'accepter ce qui était en train de se passer.
-Très bien, mais le temps que tu t'en inquiètes, ton devoir ne s'écrit pas, fit-t-elle remarquer avec un adorable sourire.
Charlie leva les yeux au ciel mais s'y replongea docilement.
-Décidément, il faut que je te présente Percy ...
Ah ! Celui à lunette, reconnut Bérénice en fronçant du nez. Celui qui avait un rat ... Elle l'avait vu dans le Poudlard Express. Elle s'en retourna à son devoir, morose. Pourquoi ne la voyait-on qu'avec des intellos à lunette ... ? C'était pareil pour sa mère : aux fiançailles d'Ophélia, elle s'était arrangée pour la faire danser avec un cousin de Cassius, un garçon élancé, plutôt élégant et avenant, mais qui correspondait selon elle à sa benjamine : un intellectuel qui venait d'avoir ses ASPIC avec brillo et qui nettoyait ses lunettes toutes les cinq secondes. Non seulement Bérénice ne s'était jamais intéressée aux garçons, mais en plus elle trouvait ça presque offensant cette manie que son entourage avant de la catégoriser ainsi.
-Et bien, et bien ...
Devant cette voix, Bérénice et Charlie levèrent le regard l'un vers l'autre, dépités. Il y avait même un brin de panique dans les yeux du Gryffondor, mais il ne laissa rien paraître quand il leva les yeux vers Joséphine. La jeune fille venait de se porter à leur hauteur, son sac sur l'épaule. Ses cheveux scintillaient étrangement, comme son uniforme et Bérénice comprit qu'elle était couverte de paillettes qu'elle semblait visiblement peu désireuse de se retirer. Non, c'était bien le style de Joséphine de vouloir briller de mille feux ...
-Tu n'es pas censé être en Potion, toi ? marmonna Charlie.
-Tss, Weasley, chantonna Joséphine en posant son sac sur une chaise. On n'est plus ensemble, je n'ai plus de compte à te rendre.
-Jo, soupira Bérénice, une main sur la tempe.
Elle savait qu'il arrivait à sa sœur de sécher les cours et c'était une pratique qui la consternait. C'était d'autant plus frustrant que la Potion était peut-être la matière dans laquelle Joséphine prenait le plus de plaisir : ça appelait à son instinct, à son besoin de toucher, sentir les choses. Sa sœur roula des yeux devant la plainte de Bérénice et ses mains se crispèrent sur sa lanière.
-Tu as quelque chose à dire, Berry ?
-Moi oui, rétorqua Charlie d'une voix trainarde. J'accepte de m'agenouiller et à demander ton pardon si tu es fait un effort en Potion.
Joséphine cligna des yeux, visiblement interdite. Ceux de Bérénice s'écarquillèrent devant la proposition des plus sérieuses de Charlie. Il n'allait pas ainsi flatter la mégalomanie de sa sœur ? S'humilier ainsi le jour même de son anniversaire ? Et demander pardon pour quoi ? Tout le monde s'était interrogé sur les intentions de Joséphine, Charlie avait simplement le seul à avoir le courage de confronter la tempête.
-Pardon ? douta Joséphine, suspicieuse.
-Cette histoire d'épreuve, ça va stresser Farhan, expliqua Charlie sans lever le nez de son parchemin. Et c'est horrible, parce que visiblement c'est suspendu à toi – et c'est peut-être pour ça que tu sèches, d'ailleurs. Tu ne fuirais pas un peu tes responsabilités ?
La mâchoire de Joséphine se contracta mais Charlie, les yeux toujours rivés sur son devoir, l'ignora pour poursuivre avec un certain flegme :
-Et on est tous ici d'accord que Farhan a des choses plus importantes à penser. Donc si tu veux qu'il se concentre sur ses origines, il va falloir que tu libères son esprit des autres problèmes – et tu es un problème en Potion, Joséphine Abbot. Et comme je suis un ami adorable, je suis prêt à faire des sacrifices pour le bien de Farhan. Alors, tu acceptes le deal ?
Il était bon, devait admettre Bérénice. Et cela révélait parfaitement de sa connaissance de Joséphine. Celle-ci paraissait un peu décontenancée par la proposition, comme par l'explosé de son ex-petit-ami et oscillait visiblement entre l'indignation et l'incompréhension. Elle resta longuement statique, les dents serrées, le regard rivé sur Charlie avant qu'enfin, sa maudite mâchoire daigne se déverrouiller :
-A genoux, Weasley.
-Je n'ai pas entendu de promesse ? objecta Charlie, une main derrière l'oreille. Moi, Joséphine Abbot ... ?
-Tu veux un serment inviolable aussi ?
-Oh, non. Je pense sincèrement que ta parole suffira.
Il est très bon. Donner de la valeur à ses mots, c'était le meilleur moyen de mettre Joséphine en confiance – et c'était dit d'un ton si doux, presque penaud ... C'était mieux que des excuses à genoux, de l'avis de Bérénice. Même le visage de sa sœur s'adoucit quelque peu et elle consentit à jurer :
-Moi, Joséphine Abbot, promet de faire des efforts en Potion pour ne pas stresser davantage le pauvre petit Farrell ...
-Oh c'est pas vrai tu le fais exprès, râla Bérénice.
-Evidemment qu'elle le fait exprès, confirma Charlie avant de se tourner franchement vers Joséphine. Et ça comprend arrêter de sécher ?
-Oui bah tu m'excuseras, je ne vais pas débarquer maintenant. Bon, ma partie maintenant. A genoux !
Elle battit des mains, brusquement excitée et dans son agitation quelques paillettes dégringolèrent de ses cheveux pour flotter en suspension dans l'air. Un pâle rayon de soleil les irisa et elle se trouva littéralement baignée dans une aura scintillante. Charlie poussa un profond soupir et n'attendit pas pour tomber de sa chaise, en équilibre sur un genou, les bras ouverts comme pour faire don de sa personne. Au-dessus de lui, extrêmement satisfaite, Joséphine avait croisé les bras sur sa poitrine. Autour d'eux, certains élèves leur jetèrent un regard curieux et les joues de Bérénice s'échauffèrent. C'était d'un ridicule ...
-Jo, je suis désolé d'avoir sous-entendu que tu étais un monstre, annonça Charlie d'un ton solennel. Tu avais raison.
Le sourire de Joséphine était étrangement faible compte-tenu de la scène et Bérénice comprit qu'elle voulait garder sa dignité. Peut-être même qu'au final, ça n'avait qu'une importance mineure à ses yeux. Elle balaya par ailleurs les excuses d'un geste nonchalant de la main et se détourna ci-tôt les mots prononcés.
-Je note. Bon, je vais fumer, vous gardez mon sac ? Merci !
-Quelle diva, marmonna Bérénice, consternée alors que sa sœur se précipitait vers la sortie de sa démarche souple. Il ne fallait pas lui donner satisfaction, Charlie ...
Mais Charlie sourit et se releva dignement. Il s'épousseta les genoux et quand le soleil frappa ses cheveux roux, Bérénice perçut de nouveau le miroitement des paillettes.
-Boh, c'est vraiment un maigre sacrifice ... Si ça peut permettre à Farhan de finir l'année sereinement ... Apaiser les choses ...
-Quelle abnégation.
Le sourire de Charlie se teinta de ravissement, ignorant la réserve de Bérénice pour prendre le compliment tel quel et il se replongea dans son devoir. La jeune fille l'observa, assez dubitative. Un tel don de soi la rendait assez perplexe. Charlie et Joséphine étaient dans la phase difficile et délicate de l'après-relation, et elle s'était trouvée envenimée par l'affaire de Farhan et Maya. Bérénice aurait compris que Charlie continue de garder ses distances avec Joséphine et ce geste rappela à elle la question qu'elle s'était posée pendant quelques semaines.
Pourquoi avaient-ils rompu ?
Qui avait quitté qui ? Pour quelles raisons ? Les rumeurs avaient parcouru Poudlard mais aucune n'avait été avérée. Joséphine était demeurée coite sur le sujet et Bérénice doutait qu'elle se soit confiée à qui que ce soit. Sauf ... Son regard tomba sur le sac abandonné de Joséphine, sur la chaise entre elle et Charlie. Un vieux sac de cuir noir craquelé qu'elle refusait de changer depuis ses quinze ans, par pur esprit de contrariété. Et souvent, à l'intérieur ... L'esprit de Bérénice se mit à surchauffer. Joséphine reviendrait, mais généralement, elle prenait le temps de savourer ses cigarettes et elle détestait la foule comme celle qui avait envahie la bibliothèque. Alors sans perdre une seconde, elle attrapa le sac et le hissa sur ses genoux. Trop occupé à se dépêcher de finir son devoir, Charlie ne releva même pas la tête.
Osant à peine respirer, Bérénice ouvrit le sac et se mit à fouiller. Pas de cachette, pas de poche cousue dans une doublure : son journal était là, largement accessible, coincée entre son manuel de Potion et des liasses chiffonnées de parchemin. Sans attendre, Bérénice l'extirpa du sac et le posa devant elle. La lumière des chandelles fit briller les entrelacs d'or sur la couverture, mais elle se dépêcha de l'ouvrir plutôt que de l'admirer. Un sourire retroussa ses lèvres quand elle se retrouva face à des pages vierges et blanches. Normal, songea-t-elle en sortant sa baguette. Mais Josie va rarement au bout des choses ... elle se contente de la surface.
-Revelio, murmura Bérénice.
Les feuilles tremblotèrent et l'espace d'un instant, des traits d'encre s'esquissèrent mais tout s'évanouit vite. Bérénice hocha la tête, satisfaite. Son intuition avait été juste : Joséphine avait mis des protections, mais des protections brisables. Il fallait juste trouver le bon dosage. Au bout de trois tentatives, le contre-sort fonctionna et brisa le verrou qui enfermait le cœur ardent de Joséphine.
Les pages se noircirent progressivement de l'écriture ronde de la jeune fille. Bérénice en demeura un instant hébétée et jeta un coup d'œil à sa montre. Il lui avait fallu moins d'une minute ... Elle n'en espérait pas tant. Elle avait simplement désiré tester les protections du journal, jamais elle n'avait pensé qu'elle pourrait commencer son exploration. Elle hésita une fraction de seconde à le faire. Joséphine allait revenir, la voir, ce n'était pas prudent ... Puis au milieu d'une ligne, son prénom apparut et la curiosité finit par l'emporter sur la prudence. Pour la première fois de sa vie, Bérénice avait accès aux songes sans filtres de Joséphine – et c'était un cadeau inestimable.
La première page datait du 21 décembre 1987, visiblement la date de l'achat. L'écriture était plus ronde, plus enfantine et constellée de nombre de fautes d'orthographe qui firent plisser le nez de Bérénice. Sans surprise, Joséphine s'était épanchée sur une dispute avec leur père. Son cœur se serra devant les mots et le désarroi de sa sœur face à l'exigence paternelle. Elle sentait que les pensées appartenaient à une autre Joséphine, plus jeune, plus impressionnable ... plus désireuse de plaire. « Je ne comprends pas, c'est ma première mauvaise note de l'année, écrivait-t-elle d'un ton que Bérénice entendait plaintif. Et ce n'est pas ma faute si je ne suis plus première de la classe, le cours de Métamorphose est vraiment difficile ... Il n'a jamais rien dit à Ophélia quand elle ramenait des mauvaises notes alors pourquoi moi c'est la fin du monde ? Est-ce qu'avec Bérénice aussi ce sera la fin du monde ? Parce que pour l'instant elle pavane, mais il faudra voir quand le niveau va s'élever si elle sera aussi parfaite ... » Bérénice eut un bref sourire en lisant cette dernière phrase. Et non ma chère sœur, j'ai les reins plus solides que toi, songea-t-elle en tournant les pages. Elle jeta un bref coup d'œil pour vérifier que Joséphine n'arrivait pas et se replongea dans sa lecture.
Beaucoup de passage était autant une déception qu'ils l'intriguait : c'étaient des descriptions, des pensées décousues et parfois complètement incohérentes, presque des jeux d'esprit. Parfois, elle résumait son mal-être en un mot, une phrase, un sigle. Certains jours étaient barrés d'une croix rageuse. De ce que la jeune fille percevait, le style était déjà très élaboré pour une adolescente de quatorze ans et était en constante amélioration. C'était peut-être la première chose que Bérénice découvrait : sa sœur avait une plume. Subtile, poétique, parfois tranchante et piquante. Parfois les pages n'étaient que cela : une sorte d'exercice d'écriture, écrire pour écrire et Bérénice zappa vite tous ces passages de vide. Dans les premières pages, elle sentait également que sa sœur avait toutes les peines du monde à se confier et beaucoup de ses phrases se finissaient par « non ... je ne peux pas écrire ça ». Vite, Bérénice fit défiler les pages pour en arriver à une part de la vie de Joséphine plus récente.
Les lettres arrondies s'étaient tassée, l'écriture s'était faite plus mature, mais aussi plus amère. La jeune fille sourit lorsqu'elle croisa les paroles de La chanson de la pluie que leur mère leur chantait petite. Puis enfin, elle croisa son prénom et son sourire se fana sur ses lèvres. Son cœur s'alourdit comme une pierre qui creusa un fossé au creux de sa poitrine.
Berry était toute mignonne, elle. J'entendais les gens autour de moi, la complimenter, s'extasier devant elle et elle qui souriait avec ses fossettes ... J'ai envie de planter des épines dans ses fossettes.
C'est ça, Bérénice c'est la reine des araignées. Je préfère ça à la reine des échecs, ça fait moins classe.
Oh oui, il faudrait que je parle de l'asexualité à Bérénice, ça va peut-être lui parler ...
-L'asexualité ... ? souffla Bérénice, furieuse.
-Pardon ?!
Charlie redressa la tête, si brusquement que ses cervicales durent protester. Pour peu, Bérénice l'aurait oublié. Elle avait même oublié pourquoi elle avait dans un premier temps céder à la tentation – comprendre pourquoi ils avaient rompu. Elle ne s'y était même pas intéressée une seconde et par ailleurs, même dans son journal Joséphine n'avait que très peu écrit dessus. Dans les jours de la rupture, c'était beaucoup de chanson, de descriptions anodines, d'épanchements insupportable sur sa douleur – sa douleur, toujours la sienne, exagérée, montrée à son paroxysme. Mais de la cause, rien du tout.
En revanche, il y avait beaucoup sur elle. Beaucoup plus qu'elle ne se l'était imaginé. Du bien, il fallait qu'elle l'admettre – sur ses capacités de réflexion, sur la volonté de s'en sortir par elle-même, sur ses dons aux échecs. Mais il y avait ces petites phrases piquantes, imprégnées de jalousie qui prenait le pas sur le reste. Joséphine avait voulu lui planter des aiguilles dans les fossettes ? Elle en avait planté dans son cœur. Bérénice en était si affectée que les larmes lui montèrent aux yeux.
-Berry, insista Charlie, subitement affolé. Qu'est-ce que tu viens de dire ?
-Je ... je viens ...
Les mots se refusaient à s'aligner correctement dans son esprit et elle s'en trouva frustrée. Les mots de sa sœur lui devinrent soudainement insupportable et elle referma sèchement le carnet, la main posée à plat dessus, les ongles enfoncés dans la couverture.
-Je l'ai défendue ... je l'ai toujours défendue ... et elle ... elle ...
Charlie la dévisageait, abasourdi. Il avait pâli sous ses taches de rousseur et avait complètement abandonné son devoir sur la table. Puis son regard tomba sur le journal et il le pointa d'un air mal assuré.
-Bérénice ... c'est quoi ça ?
Bérénice papillonna des yeux dans l'espoir de chasser les larmes, mais elles ne firent que s'accumuler. Le visage de Charlie était complètement brouillé et elle s'entendit à peine répondre dans un filet de voix :
-Son journal ...
La vision de Bérénice était réduite, mais elle sentit très clairement la tension qui venait de s'abattre sur Charlie. Pendant quelques secondes, un silence de plomb régna entre eux deux, un silence qui permit à la jeune fille d'enfin refouler le gros de ses larmes. A présent, elle la percevait avec une grande facilité, cette lueur de panique dans les yeux de Charlie. Il abattit sa main sur le carnet, près de la sienne.
-Qu'est-ce que tu as lu ?
Sa voix était rauque, presque menaçante mais cela atteint à peine Bérénice. Elle revoyait les mots de sa sœur défiler devant ses yeux et cela attisait à part égale le chagrin et la colère. Son poing se serra sur le journal.
-Je ... elle ... bon sang, je l'ai défendue, toujours ! Et elle, elle écrit ça ...
-Bérénice. Qu'est-ce que tu as lu ?
La jeune fille le contempla sans comprendre. Charlie aussi avait l'air furieux, mais surtout, il semblait rongé par l'anxiété. Avec une lenteur indigne de son esprit, elle finit par faire le lien avec le seul mot qu'elle avait laissé échapper de sa lecture. L'asexualité. Elle ne le connaissait pas, mais était assez intelligente pour décomposer le terme. A – privatif. Sexualité. Absence de sexualité. Oh oui, il faudrait que j'en parle à Berry de l'asexualité, ça devrait lui parler ... et juste avant cette phrase qui donnait à Bérénice l'envie de cracher sur le journal, quelques mots sur Charlie. Son alter-égo masculin ..., avait écrit Joséphine, pas plus tard que la semaine dernière. Préfet, parfait, gloire de la famille ... sans la moindre passion. Bérénice venait subitement de comprendre que c'était dans le lit qu'était visiblement morte leur relation, mais ça ne lui procura aucune satisfaction.
C'était ce mot qui provoquait l'angoisse dans les yeux de Charlie et Bérénice ne sut réellement quoi en penser. A-sexualité. Il n'avait pas eu envie de coucher avec sa sœur visiblement et alors ? Elle ne pouvait pas l'en blâmer. Que Joséphine se permette de juger sa propre intimité lui était hautement plus désagréable et la plongeait dans un grand désarroi.
-Rien de grave, tenta de le rassurer Bérénice. Des trucs sur moi ...
-Des trucs qui contiennent le mot « asexualité » ? douta Charlie, les yeux plissés.
-Tu connais ? lança-t-elle d'un ton qu'elle espérait innocent, mais qui sonna étranglé. Moi ça ne me dit rien ... elle ... elle écrit qu'elle devrait m'en parler.
C'était bien, ça, songea-t-elle en remarquant que Charlie se détendait. Son regard s'était même rempli de compassion et Bérénice baissa les yeux, intimidée, presque humiliée. Il doit ressentir la même chose, réalisa-t-elle. Sous son poing fermé, le journal se déroba et elle comprit quand elle le vit entre les mains de Charlie.
-Laisse ça, Berry, chuchota-t-il d'un ton qui manquait de calme. Laisse, c'est ... Oublie. Donne, on va ranger ça. Si elle te voit avec, elle va te déchiqueter.
Amorphe, Bérénice le laissa faire, lui arracher le journal et le replacer soigneusement dans son sac. Elle se sentait incapable d'esquisser le moindre geste. Elle étouffait. La simple vision de la besace de cuir craquelé la rendait nauséeuse.
-Bérénice, oublie, martela Charlie, presque sévère. Jo ne sait pas de quoi elle parle. Elle n'a pas de filtre quand elle est en colère, ça dépasse sa pensée ...
Non. Non, c'est précisément ce qu'elle pense. Les yeux de Charlie planter sur elle restaient suspicieux et compatissants à la fois et elle commença à remarquer les quelques regards qui se tournaient vers elle et son regard embué. La sensation d'oppression lui fit tourner la tête et elle se leva sans réellement l'avoir décidé.
-Je ... je vais prendre l'air.
Et sans attendre la permission ou l'assentiment de Charlie, elle fit volte-face et lui abandonna ses affaires. Les mots tourbillonnaient en elle comme un maelström qui déchirait son ventre. Une larme s'échappa de ses yeux et elle l'écrasa du dos de sa main. Elle n'en revenait pas de se mettre dans un état pareil pour des mots ... mais il fallait admettre qu'elle tombait de haut. De très haut. La chute était brutale.
-Berry ? Berry, ça ne va pas ?
Bérénice se figea dans le couloir. Elle tourna à peine la tête, paralysée. Accoudée à une fenêtre, la cigarette à la main, Joséphine la dévisageait avec une certaine perplexité de ses grands yeux noisette. Les mêmes que les miens. Parce qu'on se ressemble. On est du même sang. Bérénice prit une profonde inspiration pour se donner contenance et dit d'une voix encore prise par l'émotion, mais relativement égale :
-Je ne me sens pas bien, je vais aller me reposer ...
-Dame Nature ? suggéra Joséphine avec une certaine sollicitude. Je les sens aussi qui vont arriver, ça me laboure les entrailles ...
Elle tira tranquillement sur sa cigarette, un faible sourire aux lèvres, toujours scintillante de ses paillettes sous le soleil hivernal. Les poings de Bérénice se serrèrent et elle se mordit l'intérieur de la joue. Elle ne voulait pas laisser échapper le moindre mot. Pas la moindre faiblesse. Pas lui donner une nouvelle occasion de cracher son venin. Non, elle ne lui ferait pas ce plaisir, elle resterait digne, elle ...
-Alors comme ça, tu me penses asexuelle ?
Joséphine s'étrangla dans sa bouffée. Malgré le fait qu'elle venait de piétiner ses résolutions et sa dignité, Bérénice en reçut une sauvage satisfaction.
-Pardon ? haleta sa sœur, incrédule.
Bérénice ne pouvait plus reculer. Alors elle courut vers son destin à toute jambe :
-C'était écrit en toute lettre. « Il faudra que je parle de Bérénice de l'asexualité ». Que ça devrait me parler.
Les yeux de Joséphine s'étrécirent. En contre-jour, auréolée de la lumière pâle d'hiver, elle semblait presque diabolique.
-Tu as lu mon journal.
L'affirmation était dite d'un ton glacial, tranchant. Bérénice ne chercha même pas à nier. Au contraire, elle laissa exploser le marasme d'émotion qui lui brûlait la poitrine depuis plusieurs minutes :
-C'est tout ce que tu as à dire sur moi ?! Après tout ce que j'ai fait ?
-Tout ce que tu as fait ?!
-Oui ! Tu te plains d'être invisible, mais moi aussi je le suis, moi aussi ! La preuve, tu n'as rien vu ! Tu n'as pas vu que depuis des années, je sers de tampon entre toi et les parents ! « Berry va chercher ta sœur », « Berry, fais attention à Jo à Poudlard », « Berry, dis à maman que je ne veux pas de robe bleue » : c'est épuisant ! Et pourtant je le fais, je le fais parce que tu es ma sœur et que j'essaie de te comprendre, oh Merlin que oui, j'essaie ! Je suis la seule qui fasse cet effort dans cette foutue famille et toi tu fais ça !
Joséphine resta de marbre face aux cris de sa sœur, le visage figé en un masque remarquable d'impassibilité, sa cigarette fumant paresseusement entre ses doigts. Elle se permit même d'en faire tomber les cendres et sa nonchalance attisa le ressentiment de Bérénice.
-Je savais que je t'agaçais. Je savais que tu étais jalouse de moi – oh que si, Jo ! assura-t-elle quand sa sœur ouvrit la bouche. Oh que si tu es jalouse à en crever ! Parce que moi je suis parfaite et toi tu ne l'es pas ! Je le sais, ça, je le sais, mais comme toutes les sœurs, non ? Moi aussi je suis un peu jalouse de toi, de ton indépendance – et je suis même jalouse d'Ophélia ! Mais pas au point de cracher sur vous comme tu le fais !
Les sourcils de Joséphine se haussèrent. La colère commençait à fendiller son masque par petite touche : le pli dur au coin de la lèvre, l'étincelle dangereuse dans son regard, la façon dont ses doigts se crispaient sur sa cigarette. Mais tous ces petits signes coulèrent comme de l'eau sur Bérénice qui poursuivit avec hargne :
-Et que tu te permettes de juger ma vie ! D'accord je n'ai eu aucun copain, je n'ai jamais couché avec personne mais en quoi ça te concerne ? J'ai quinze ans, qui tu es pour me juger ? Qui ?! Ça t'a tellement frustrée que Charlie se refuse à toi qu'il faut que tu t'attaques à mon absence de vie sexuelle ?
-Oh Berry, arrête-toi là, la prévint Joséphine dans un sifflement furieux. Tu ne sais pas de quoi tu parles alors quand on ne sait pas, on se tait.
-Mais c'est ça, pas vrai ?
-Berry !
-Tu es tellement aigrie, tellement jalouse, tu me réduis à une créature infecte dans ton journal ! Je ne m'y suis pas reconnue, je ... (Elle plaqua ses paumes contre ses yeux pour retenir les larmes). J'avais l'impression d'être un monstre, un monstre dans lequel tu dois planter des épines, un monstre qui menace ! Une araignée, c'est tout ce que je suis pour toi ?!
-C'est que tu n'as pas pris la peine de tout lire, se contenta de se défendre Joséphine.
Elle paraissait soulagée que le sujet se soit si vite éloignée de Charlie, soulagée d'en revenir à ce qu'elle avait fait de sa sœur sous sa plume et Bérénice en fut ulcérée. Elle avait cru être quelqu'un, pour sa sœur. Plus que l'un des membres de sa famille qu'elle s'exécrait. Plus qu'Ophélia – et de ce qu'elle avait vu, Ophélia n'avait qu'un rôle mineur dans le journal. Non, la grande méchante, c'était Bérénice.
-Après, tu n'aurais jamais dû lire ça, fit vertement remarquer Joséphine. Jamais ... comment tu as osé ... ?
-Comment j'ai osé ? Tu es sérieuse ? Tu vas me faire la morale ? Je n'ai rien fait de pire que tu n'as fait à Maya et Farhan !
-Justement, tu ne l'aurais jamais fait à Maya.
Il y avait de l'amertume dans son ton, le même venin qui transpirait dans beaucoup de ces mots. De la jalousie. Maya était plus sa sœur qu'elle-même, criait-t-elle silencieusement. Mais Maya ne l'aurait jamais traitée d'araignée. Et le monde des sœurs avait ses lois propres, ses codes propres, ces douleurs propres. Que la benjamine lise le journal intime de la cadette, c'était d'un cliché banal.
-Maya, je sais ce qu'elle pense, se défendit Bérénice. Elle ne cache rien. Toi tu enfouis tout. Je comprends mieux pourquoi ... une araignée ...
-Tu choisis vraiment de voir ce que tu as envie, persiffla Joséphine, irritée. Vraiment tu as des œillères, c'est décevant ... Ce n'est pas tout ce que tu es pour moi, Berry. C'est tout ce que tu as choisi de retenir !
-Alors dis-moi ! Vas-y, profites-en, dis-moi !
Joséphine la considéra longuement, les yeux étincelants de courroux. Entre ses doigts, la cigarette s'était éteinte et elle la jeta d'une pichenette par la fenêtre avec un certain dépit. Elle se décolla du mur et commença à partir dans le couloir à pas raide.
-Non. Tu as pris le droit de lire, Berry. Tu as lu. Maintenant choisis.
-Tu es lâche.
Joséphine éclata d'un rire sans joie et leva ses bras au ciel sans même se retourner.
-Et oui, Joséphine est lâche et égoïste, si tu connais la chanson chante avec moi ! (Elle fit brusquement volte-face et dévoila à Bérénice un visage qui n'avait pas la moindre trace de sourire). Maintenant, reprends encore une fois ce droit Berry ...
Elle laissa sa menace en suspens, mais Bérénice n'eut pas besoin de plus pour que son échine d'hérisse. Elles s'affrontèrent quelques secondes du regard avant que Joséphine ne se fende d'une révérence moqueuse pour ensuite fuir – et sans doute verrouiller son cœur un peu plus encore.
***
Alors votre verdict?
Pour vous donner mes sensations d'écriture, cette dernière scène est le genre qui s'est écrite avec une idée pour donner quelque chose de différent et j'ai été moi-même un peu surprise du résultat. Merci d'ailleurs à Anna' pour sa relecture !
Je précise que Bérénice n'a pas complètement compris ce qui est derrière le terme "asexuel". Elle le déconstruit phonétiquement, lui accorde un sens qui n'est pas complètement le sien. La compréhension viendra plus tard !
Voilààà à la semaine pro pour O&P <3 (avec j'espère plein de médailles d'ici là !)
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