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Chapitre 15 : Une réponse pour mille questions

Bon, je suis faible hein. 

Non mais en vrai après vous avoir écrit j'ai réfléchi, et mercredi je pars aux Rousses pour Nouvel An (skier et manger de la raclette) avec mes ami.e.s de prépa, donc je serai très occupée et je ne suis pas sûre d'avoir des masses de réseaux. 

Donc voilàààà je doute pouvoir poster ce WE. Peut-être que je posetai lundi - quand je serais de reotur au travail T.T 

Sinon j'espère que votre Noël a été très agréable et que vous avez été gâté ! Alors, quelles sont les stars de vos cadeaux ? 

Et bonne lecture <3

***

Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. 

- Pierre de Coubertin

***

Chapitre 15 : Une réponse pour mille questions.

Vendredi 2 novembre

Samedi trois novembre

Match match match.

Concentration concentration concentration concentration.

Attrape le Vif d'or, Jo. Attrape-le. ATTRAPE-LE.

Attrape-le, comme s'il était ton bonheur qui te fuit depuis toujours, comme s'il était le bien que tu pourrais réinjecter dans ta vie. Débrouille-toi et attrape-le.

Enclenche la dynamique.

***

-Et le souafle est libéré !

La voix enjouée de Tonks heurta douloureusement les oreilles de Joséphine qui se dépêcha de hisser son balai au plus haut pour ne pas avoir à supporter cette cacophonie. Malgré tout, avec son mégaphone rose qu'elle avait elle-même confectionné malgré les réticences de McGonagall, la voix de la joyeuse Poufsouffle portait dans chaque coin du stade rempli de Poudlard.

-Et c'est le poursuiveur de Serdaigle, Randoph Burrow, qui s'empare du souafle le premier ! Mais quel saligaud, il nous grille la priorité, là, Louise avait presque la main sur le souafle ! Il vole aussi agile qu'un aigle vers les buts, évite Applebee de peu, et la passe à Roger Davies et ... Rôh.

Le grognement peu fair-play de Tonks fut noyé par les cris des Serdaigle devant le but du nouveau poursuiveur de leur équipe. Joséphine daigna baisser les yeux pour voir Roger Davies, un garçon de deuxième année à qui Aidan avait décidé de laisser sa chance. Il exécuta un rapide looping pour manifester sa joie mais se reconcentra vite sur le souafle qui était en possession des Poufsouffle. Joséphine eut un bref sourire. Elle devait l'admettre, ce garçon était rafraichissant.

-Le pire c'est que le but est beau, maugréa Tonks. Et que c'est le premier du match et le premier de la carrière de la carrière de Davies. Je trouve ça beau. Je suis trop sentimentale ! Ouh, mais le souafle est chez nous, à présent !

Joséphine leva les yeux au ciel devait l'enthousiasme débordant de Tonks et préféra s'intéresser à son adversaire du jour pendant qu'elle suivait avec ravissement la progression du souafle. Cédric Diggory était aussi en deuxième année, mais il était grand pour son âge. Lorsqu'Aidan lui avait annoncé que son adversaire avait douze ans, elle avait éclaté de rire, mais le petit était sérieux, appliqué : il arpentait le stade sur chaque diagonale et sa tête tournait comme une girouette. Joséphine avait remarqué sa première erreur. Jamais, depuis le début du match, il n'avait repéré sa position. Elle était invisible et pour le coup, c'était un avantage. Alors Joséphine continua d'évoluer dans l'angle-mort de Cédric. Ça l'obligeait à suivre sa trajectoire et à ne pas songer par elle-même. C'était heureux : sa tête était trop pleine de mauvaise ondes pour qu'elle cherche le Vif d'or par elle-même.

Son œil se braqua sur la tribune des Serdaigle. Bérénice avait réussi à sortir Maya de sa chambre : la jeune fille y était restée retranchée de longs jours, n'en sortant que pour les cours, depuis que Joséphine avait fait part de son hypothèse. Puis elle coula un regard vers les Gryffondor. Elle repéra rapidement la chevelure de feu de Charlie, assis avec quelques camarades de leur année – y compris Lauren McColley, remarqua Joséphine avec déplaisir. Mais pas de Farhan O'Neil dans son ombre. Alors elle observa Charlie, qui pointait le jeune Roger Davies d'un air approbateur. La colère l'emplit alors de nouveau et elle fit un écart sur son balai de rage. Leur conversation devant la serre restait source d'amertume. Après tous ses discours pour lui assurer qu'elle comptait, que sa voix comptait, après toutes les fois où il l'avait défendu d'être une égoïste sans cœur, voilà qu'il ravisait son jugement. Parce qu'ils n'étaient plus ensemble. Parce qu'elle avait – bien involontairement – touché Farhan. Son revirement sur elle et son refus de croire en sa bonne foi l'avait profondément blessé, assez pour qu'elle évite de remuer le couteau dans la plaie en évitant Farhan et Maya dans les jours qui avaient suivi. Elle n'en revenait tout simplement pas qu'il la pense ouverte à de telle mesquinerie – faire miroiter cette hypothèse, simplement pour faire du mal.

Je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas un monstre.

Voilà qu'elle en était réduite à se répéter cela.

D'une main, Joséphine se frotta le visage et repoussa une mèche qui s'était plaquée contre sa bouche. Aidan l'avait forcée à s'attacher les cheveux et elle détestait cela : elle avait l'impression qu'on tirait sans cesse sur son crâne. Elle repéra Cédric un peu plus haut, la tête tournant toujours comme une girouette avec une élasticité impressionnante. En bas, Tonks s'égosillait toujours :

-Et maintenant, cela fait 60 à 10 pour Serdaigle ! Dont trois buts du petit nouveau de douze ans : mes chers blaireaux, il n'y a pas de quoi être fier ! Un peu d'orgueil !

-A Poufsouffle ? ricana Jeremy Strettins, un Poursuiveur de quatrième année qui passait non loin de Joséphine. Elle peut courir.

Joséphine jeta un regard torve au Serdaigle qui se dépêcha d'aller prêter main forte à Roger Davies, de nouveau en possession du souafle et qui volait vers les buts. Les Poufsouffle avaient fait l'erreur de sous-estimer un gosse de douze ans ... Elle releva les yeux sur Cédric, brusquement inquiète. Peut-être qu'elle faisait exactement la même erreur ...

Elle changea de stratégie et partit dans la direction opposée à celle de Cédric pour enfin partir en quête du Vif d'or. Elle aimait être attrapeuse : c'était elle qui avait le fin mot de l'histoire. Elle qui pesait sur le match, voire qui en décidait l'issue. En bien comme en mal. En ce moment, elle avait l'impression de provoquer plus de mal que de bien : chez elle, chez Charlie, chez Maya et Farhan avec la bombe qu'elle venait de lâcher dans leur vie. Peut-être qu'enfin, il était temps de faire le bien. Pourtant, la petite balle dorée semblait introuvable : elle voyait Charlie avec Lauren dans les tribunes, elle voyait le mégaphone rose bonbon de Tonks, elle voyait le petit Roger Davies enchaîner but sur but mais du Vif d'or, aucune trace. Joséphine secoua la tête, exaspérée. Merlin tout puissant, concentre-toi, Joséphine ! Malheureusement, la concentration n'avait jamais été sa qualité première, contrairement au jeune Cédric qui ne déviait jamais de sa mission. Joséphine était en train de scruter les tribunes quand Tonks hurla dans son mégaphone :

-Diggory a vu quelque chose ! Oui, il vient de plonger – quel virage, quelle dextérité ! On a cent points de retard, moi je dis que c'est le moment parfait !

-Merde ! jura Joséphine.

Elle exécuta un demi-tour en épingle et n'attendit pas de parfaitement localiser le Vif d'or pour foncer sur Cédric. Il avait en effet plongé, presque à la verticale, le bras tendu vers un point doré qui s'échappait de toute la puissance de ses petites ailes. Joséphine poussa son Nimbus à bloc mais l'évidence était elle qu'elle le songea même pas à armer son bras : elle était beaucoup trop loin. Elle se pencha sur son balai pour lui donner plus de vitesse lorsqu'une trainée noire passa devant elle et bloqua complètement sa couse : elle freina en urgence avant de heurter Cédric, lui aussi pris de court par le cognard qui venait de brutalement interrompre leur trajectoire. Le Poufsouffle vacilla même de son balai et Joséphine le rattrapa in extremis par le col de sa robe. Le Vif d'or, lui, avait profité du chaos pour s'enfuir.

-Quel coup de McColley ! s'égosilla Tonks alors qu'un soupir de déception s'élevait des tribunes de Poufsouffle. Oh, je vous en prie, soyez fair-play, ce coup de batte était légendaire ! Par contre je ne te donnerais plus jamais mes devoirs de métamorphose, Aidan ! Ne me regardez pas comme ça, professeur, vous savez très bien qu'on se refile nos devoirs !

-Merci, souffla Cédric à Joséphine. Je me voyais déjà par terre ...

Joséphine haussa les sourcils devant le garçon. A cette hauteur, la chute aurait été terrible et Serdaigle venait de lui faire perdre le Vif d'or et pourtant il souriait avec une telle sincérité qu'elle en fut décontenancée.

-Pas de quoi. Cramponne-toi toujours au manche.

Et elle fila sur les hauteurs et attendit d'être en vol stable pour poser une main sur sa poitrine endolorie. Un souffle erratique s'échappait de ses lèvres et sa course avait laissé sur son côté une pointe douloureuse. Le manque de forme et le nombre incalculable de cigarette fumée ces derniers jours commençaient à se faire sentir ... Elle était lentement en train de reprendre son souffle quand elle remarqua qu'Aidan s'était porté près d'elle. Il tenait sa batte d'une main et son balai de l'autre, souple et vif sur son balai comme une panthère.

-Où est-ce que tu étais ? Il avait déjà plongé depuis cinq secondes quand Tonks a hurlé !

-Je surveillais l'autre côté du stade, répliqua Joséphine, exaspérée, avant d'ajouter à contrecœur : merci pour le cognard.

-Pas de problème, Jo, mais je ne serais pas toujours là. Bouge-toi un peu !

Et il descendit brutalement pour frapper un cognard qui arrivait dans leur direction : la balle noire alla heurter les brindilles du balai du poursuiveur de Poufsouffle qui lâcha le souafle, déséquilibré. Jeremy Strettins veillait et le rattrapa pour aller inscrire le dix-septième but de Serdaigle. Il était connu que leur gardien était leur gros point faible : le but était donc d'inscrire le plus de points possibles et les poursuiveurs atteignaient largement l'objectif, au grand damne de Tonks dans la tour du commentateur :

-Richard, quand tu disais avoir renouveler l'équipe, je ne savais pas que c'était avec de vrais blaireaux ! Oh, encore un but de Davies, génial. 180 à 50 en faveur de Serdaigle à présent ! Cédric, c'est ton moment, sauve notre honneur avant qu'Abbot ne se réveille !

Oh mais si même Nymphadora Tonks réclame la tempête, ragea intérieurement Joséphine en prenant quelques mètres de hauteur pour avoir une vue s'ensemble sur le stade. Cédric était juste en dessous d'elle et le hurlement du vent assourdissait quelque peu les commentaires de Tonks. Elle resta quelques secondes en vol stationnaire à épier le terrain du regard – le terrain, pas les tribunes. Les tribunes étaient pleines de distraction. Joséphine jeta un coup d'œil aux nuages sombres au-dessus d'elle. Il faisait sombre : ce n'était pas l'idéal pour repérer la balle dorée, mais il faudrait faire avec. Le vent soufflait fort, glacial et les doigts découverts par ses mitaines de laine étaient engourdis. Elle resta sur les hauteurs, à tourner autour du terrain, assez loin pour ne pas être distraite et pour avoir en visuel Cédric. Maintenant, il ne lui échapperait pas.

-Et but de la jeune poursuiveuse Leslie Graham ! annonça joyeusement Tonks. Merci ma grande, tu réduis la marque, 200 à 60. Et c'est elle qui récupère le souafle, elle le passe à Watson, Watson ... Argh le nouveau cognard de McColley ! Bon sang, il nous aura fait mal à chaque fois, quel Capitaine de panache ! C'est Davies qui récupère le souafle, Davies à Strettins, Strettins qui évite un cognard lancé par Morton ! Strettins qui file vers le but et ...

Mais Joséphine se désintéressa complètement de la suite. Elle venait de repérer le Vif d'or, tout en bas des tribunes de Serpentard : il virevoltait de façon circulaire, lentement mais bien dissimulé. Son cœur se mit à tambouriner dans la poitrine et elle amorça une accélération avant de brutalement freiner. Cédric était plus proche d'elle : si elle plongeait vers la balle, il la suivrait et l'attraperait bien avant. Alors elle rongea son frein et exécuta un lent demi-tour pour faire mine de continuer de chercher, sans quitter le petit point d'or des yeux. Avec soulagement, elle constata que Cédric lui tournait le dos et était parti dans la direction opposée. Dès qu'elle fut assurée qu'il ne verrait pas ses mouvements, elle plongea.

-Oh ! Mais c'est qu'on assiste à une attaque d'Abbot ! A-t-elle repéré le Vif d'or ?

-Bon sang, Tonks ! la maudit Joséphine.

Malgré le vent qui sifflait à ses oreilles, Joséphine avait entendu le cri de la commentatrice : elle avait tout calculé pour prendre Cédric de court et voilà qu'elle gâchait tout ! Car le jeune homme fit présentement demi-tour sur son balai et partit en piquet sans la moindre hésitation. Ils étaient à équidistance de la balle dorée qui tenta de s'échapper devant l'assaut et se retrouvèrent l'un en face de l'autre. Joséphine tenta de faire parler toute la puissance de son Nimbus, les poumons brûlant devant l'effort de la course mais le balai de Cédric était visiblement de qualité car il restait à sa hauteur, la main déjà tendue vers la balle qui volait à tire-d'aile. Joséphine s'apprêtait à tendre la sienne, les dents serrées, quand une quinte de toux lui déchira la gorge. Gênée, elle porta sa main à son cou et perdit de la vitesse. Les larmes aux yeux et la respiration bloquée, elle ne put voir ce qui se déroula ensuite. Mais quand tout se calma dans son corps, Cédric remontait en piquet, les ailes argentées du Vif d'or dépassant de son poing.

-Incroyable ! hurlait Tonks alors que les tribunes de Poufsouffle se soulevaient. Diggory attrape le Vif d'or ! Abbot avait une petite avance mais a été vraisemblablement gênée, c'est ... dommage parce que les points ne nous évitent pas la défaite, mais disons qu'elle aurait été encore plus lourde si Abbot avait attrapé le Vif d'or alors mille fois merci Cédric ! Tu sauves l'honneur !

Avec un cri de rage, Joséphine se dépêcha de regagner le sol. Une fois débarrassée de son balai et les deux pieds ancrés au sol, elle put laisser la toux toujours coincée dans sa poitrine exploser. Elle tenta de la réprimer dans son coude, sans succès et elle sentit quelqu'un donner de grandes tapes dans son dos, trop brutales pour être efficaces.

-Aidan, gémit Joséphine, la voix rauque. Ça ne m'aide pas ...

-Oh, désolé ... De l'eau ?

Le Batteur lui tendit une gourde et Joséphine attendit que sa toux se calme pour en prendre. La fraîcheur apaisait sa trachée endolorie. Derrière Aidan, l'équipe venait de poser pied à terre, moitié euphorique, moitié inquiets.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Strettins, énervé. Tu as avalé sa salive de travers ou quoi ?

Joséphine fut tentée de lui recracher l'eau qu'elle avait dans la bouche à la figure ; malheureusement, Aidan se décala entre son poursuiveur et son attrapeuse avant qu'elle ne puisse songer à s'exécuter.

-Pour le coup, c'est un mauvais concours de circonstance : elle était la première sur le Vif d'or. Il y a des jours comme ça, mais heureusement, vous avez fait du super boulot. Vraiment les gars, je vous félicite – et surtout toi, Roger. Quelle maîtrise pour une première !

Le jeune homme rougit devant le compliment pendant que les autres garçons de l'équipe lui donnaient de grands coups dans le dos. Strettins continuait de lorgner Joséphine l'air mauvais, mais l'enthousiasme d'Aidan et ses coéquipiers l'empêchait visiblement de renchérir et il aida l'autre Batteur à hisser Roger sur ses épaules. Aidan attendit qu'ils s'éloignent avant de se tourner vers Joséphine, occupée à avaler l'eau qu'elle avait gardée dans ses joues au cas où aurait fallu qu'elle la crache au visage de Strettins. Il se frotta le front du manche de sa batte.

-Ecoute, Jo, ce n'est vraiment pas grave. Si tu avais le droit à l'erreur sur un match, c'est sur celui-là...

-Je pensais que c'était un concours de circonstance, rétorqua-t-elle, la voix toujours éraillée. Pas une erreur.

-Un concours facilement évitable ... si tu arrêtais de fumer.

Joséphine sentit ses joues s'échauffer. Elle se rendit alors compte que, malgré sa toux enfin calmée, les larmes n'avaient pas quitté ses yeux et les traits d'Aidan paraissaient flou. Elle était incapable de lire son expression. Le Capitaine tapota maladroitement son épaule.

-Mais ce n'est pas grave, c'était un très beau coup. Tu t'es bien reprise après l'alerte de Diggory, tu ...

-J'ai perdu, Aidan.

-Mais on a gagné. Et peut-être que si tu avais attendu dix minutes pour enclencher l'attaque, ou que tu l'avais fait dix minutes plus tôt, ça n'aurait pas été le cas. Donc ce n'est pas grave.

Elle n'avait absolument pas calculé cela et malgré les paroles rassurantes d'Aidan, cela ne rentrait absolument pas dans ses conclusions. Elle avait perdu. Elle avait laissé échapper le Vif d'or. Elle s'était fait battre par un gamin de douze ans. Tout ça à cause d'une fichue quinte de toux. Sa vision se brouilla plus franchement et elle battit des paupières pour chasser les larmes.

-Très bien. Je vais me doucher. Profitez bien de la fête ...

-Jo ...

Mais il ne put aller plus loin : non seulement Joséphine fit prestement volte-face, mais en plus le reste de l'équipe vint accaparer leur Capitaine pour fêter la victoire. Personne ne vint chercher l'Attrapeuse.

Joséphine essuya d'un revers de manche une larme qui avait roulé sur sa joue. Elle ne savait même pas pourquoi elle pleurait. Un mélange amer de déception et de désespoir. Elle avait voulu inverser la machine infernale qui broyait sa vie depuis quelques jours : c'était un cuisant échec. Même quand elle faisait les choses bien, un petit grain de sable venait enrayer la dynamique. C'était vraiment l'histoire de sa vie ... Elle s'apprêtait à sortir du stade quand une voix la stoppa dans son élan :

-Hé ! Abbot !

C'était le jeune Cédric Diggory, le poing toujours serré sur le Vif d'or. Il venait de gagner et pourtant il n'y avait nulle trace de triomphe sur son visage. Juste un air penaud sur un minois d'ange qui attendrit assez Joséphine pour qu'elle cesse sa fuite pour darder un regard sur lui. Il resta quelques secondes, les épaules voûtées, avant de tendre une main amicale à la jeune fille. Elle la considéra sans la saisir, et Cédric eut un bref sourire.

-J'attrape le Vif d'or, mais vous gagnez. Tu m'as bien eu ...

-Comment ça ? s'étonna-t-elle.

Cédric rentra la tête dans ses épaules, l'air penaud. Il finit par avouer dans un filet de voix :

-J'avais repéré le Vif d'or. Mais je savais que si je l'attrapais maintenant, on perdait alors ... (Il haussa les épaules, déconfit). Si tu n'attaquais pas, jamais je n'aurais suivi ... mais mieux vaut perdre de dix points que de cent-soixante.

Joséphine le dévisagea, abasourdie. Cela expliquait pourquoi il n'avait pas hésité à plonger à l'alerte de Tonks ... le garçon avait un plus grand sens de la stratégie qu'elle, visiblement – et un plus grand sens de l'équipe. Elle le voyait sur son visage. Peu importait la petite balle qui se débattait encore dans son poing : il était complètement défait et portait sur ses épaules la responsabilité de la défaite. Il serait un excellent leader, le jour venu, évalua Joséphine, le cœur serré. Beau garçon, charismatique – déjà la coqueluche de son équipe – avec un sens de l'honneur absurde. C'est Charlie, songea douloureusement Joséphine. Un Charlie de douze ans dont les armes étaient encore à faire.

-Ce n'est pas donné à tout le monde d'attraper le Vif d'or dès son premier match, fit remarquer Joséphine d'un ton neutre. Essaie d'en profiter au lieu de te focaliser sur la défaite.

Cédric lui sourit, avec une simplicité qui lui serra le cœur. Il était vraiment très mignon, avec des cheveux bruns à peine ébouriffés par le vent et de doux yeux gris. Elle n'était pas assez idiote pour en vouloir à ce gamin qui venait de jouer son premier match de Quidditch. Il avait joué sa partie – c'était ses poumons qui l'avaient lâché. Mais quand il baissa les yeux sur le Vif d'or frétillant dans son poing, les yeux de Joséphine se mouillèrent de nouveau sans raison et elle se dépêcha de fuir. Les élèves sortaient en masse du stade et elle put facilement se fondre dans la foule malgré son balai et ta tenue de Quidditch. Tout le monde était rendu euphorique par le premier match qui lançait la saison et parlaient animation des deux deuxièmes année qui avaient animés la partie. La nouvelle génération avait brillé jusqu'à en éclipser leur aîné. Joséphine se retrouvait une nouvelle fois cantonné à l'ombre et elle détestait cela. Au moins, cette invisibilité permettait de cacher ses larmes.

Emportée par la foule, elle entra dans le Hall et faillit rater la présence d'un homme bedonnant près des grandes portes. Son visage rond lui était vaguement familier et elle comprit quand elle aperçut Farhan O'Neil près de lui. C'était l'apothicaire du Chemin de Traverse ... le père adoptif du Gryffondor. Les jambes de Joséphine ralentirent seules et son regard tomba sur le rouleau de parchemin que l'apothicaire tenait entre ses mains. Incrédule, elle ne put s'empêcher de s'immobiliser et de chercher Farhan du regard. Le jeune homme finit par lever les yeux sur elle et après une seconde de battement, lui adressa un sourire crispé. Encouragée, Joséphine s'avança vers eux, son balai toujours à la main. Son état devait être déplorable après le match, la toux et les larmes mais peu importait.

-Alors, comment ça a fini ? s'enquit Farhan dès qu'elle fut à sa hauteur.

Joséphine haussa les épaules d'un geste qu'elle espérait nonchalant.

-J'ai perdu, mais Serdaigle a gagné. Les bébés ont été à la hauteur.

-Les bébés ? répéta l'apothicaire, perplexe.

Il n'avait définitivement rien de Farhan. Les cheveux gris, corpulent, et une belle moustache qui cachaient ses lèvres, il avait même plutôt tendance à en être l'opposé. Il n'était pas si petit et pourtant Joséphine pouvait le regarder droit dans les yeux. Il interrogea son fils adoptif du regard, qui, vaguement gêné, finit par faire les présentations.

-Mon père, Nolan. Joséphine, elle est dans la même année que moi à Serdaigle. (Une étrange étincelle brilla dans son regard et la commissure de ses lèvres se releva légèrement). C'est elle qui a provoqué tout ça.

-Oh, lâcha Nolan O'Neil en clignant des yeux.

Joséphine fusilla Farhan du regard avant de tendre une main résolue à l'apothicaire.

-Joséphine, la tempête.

-Tout de suite ...

Nolan éclata de rire et serra volontiers la main de Joséphine. Sa poignée était franche, sans volonté d'écraser les doigts de l'autre ou d'imposer une domination comme elle pouvait le voir chez son père.

-Et bien vous avez l'œil aguerri, visiblement ...

-Quoi ?

Le regard de Joséphine passa de Nolan à Farhan en passant par le rouleau de parchemin que l'apothicaire serrait toujours dans son poing. Ses yeux s'écarquillèrent et un sentiment de triomphe tel qu'elle n'en avait plus connu depuis une éternité vint courir ses veines et balayait toutes les émotions négatives dont elle avait pu s'imprégner ces derniers temps.

-J'avais raison ?

-On ne sait pas encore, la tempéra Nolan alors que Farhan se retranchait dans l'ombre. Disons simplement ... qu'il y a un faisceau de preuve.

Il échangea un regard avec son fils. Farhan s'était appuyé contre le mur derrière, les épaules affaissées, les yeux rivés sur la file d'élève qui entrait dans le Hall pour se déverser dans la Grande Salle. De son sourire, il n'y avait plus aucune trace : juste un air grave qui assombrissait son visage. Nolan soupira et serra le parchemin des deux mains.

-Hum ... Je reviens, je vais saluer Sylvanus. Je ... je prends ça.

Il désigna le parchemin avant d'accrocher le regard de Joséphine. Dans ses yeux, la jeune fille lut la secrète supplique qu'il lui adressait : rester avec son fils. Ne pas le laisser attendre Maya seul. A dire vrai, elle n'avait pas un seul instant songer à partir depuis qu'elle avait vu le parchemin dans les mains de Nolan et comprit ce qu'il renfermait peut-être alors elle n'eut aucun mal à hocher la tête. Visiblement rassuré, l'apothicaire s'engouffra dans la Grande Salle et Joséphine s'adossa au mur à côté de Farhan. Il lui jeta un regard de coin.

-Je n'a pas d'amande à taxer, prévint-t-il au moment où Joséphine disait :

-Alors vous avez vraiment cherché ?

Farhan porta cette fois franchement les yeux sur elle, les sourcils haussés en signe de surprise. Il passa une main dans ses cheveux et repoussa une mèche qui lui barrait le front.

-Hum ... Disons ... qu'il y avait trop de coïncidences pour qu'on les ignore.

Joséphine résista – de toutes ses forces – à la tentation de faire éclater sa satisfaction. Néanmoins, des traces infimes de son triomphe devaient se lire sur son visage : Farhan coula sur elle un regard désabusé démenti par l'ombre d'un sourire. Démasquée, Joséphine laissa le sien s'épanouir sur ses lèvres.

-Est-ce que je peux aller l'annoncer à Charlie pour qu'il cesse de me considérer comme un horrible monstre ?

Elle avait tenté de faire passer la blessure profonde sur le ton de l'humour et du détachement, mais elle doutait sérieusement de sa réussite. Farhan frotta un point entre ses yeux, l'air embarrassé.

-Oh. Désolé pour ça ... Je ...

Ses lèvres se tordirent et il observa de nouveau la file d'élève qui s'égrainaient. L'équipe de Serdaigle venait d'entrer dans un joyeux boucan, portant toujours Roger Davies en triomphe. L'amertume vint de nouveau former une boule au creux de la gorge de Joséphine jusqu'à ce que ses camarades disparaissent dans les étages. Son regard resta dardé longtemps sur les escaliers, assez pour que Farhan le remarque et soupire :

-Vas-y, vas les rejoindre ... C'est votre fête.

Joséphine se fendit d'un ricanement ironique.

-Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ils n'ont pas besoin de moi pour la fête. Du coup, c'est quoi le parchemin ? Ton dossier d'adoption ?

Farhan hésita, les lèvres pincées en une mince ligne, avant de souffler :

-Non. Des tests ADN.

-Déjà ?! suffoqua Joséphine, stupéfaite. Vous avez déjà fait des tests ? Mais Maya ...

-A accepté. Elle est venue me voir la semaine dernière. Avec son dossier d'adoption.

Oh. Par. Merlin. Ils m'ont écouté. Maya m'a écoutée. La réaction de la jeune fille l'avait particulièrement blessée. « Ne l'écoute pas ». Elle avait tellement entendu cette phrase qu'elle avait l'impression qu'à chaque fois, c'était sa voix qui s'envolait. Ces simples mots, ajouté à la réaction de Charlie, l'avait réellement plongée dans les abysses. Des abysses qui lui avaient permis de passer outre sa rupture, mais qui restaient difficilement surmontable. Mais à présent, elle atteignait enfin le bord du gouffre. Ils m'ont écoutée ! Elle releva le visage où des larmes s'étaient de nouveau mises à perler. Ça, c'est Dame Nature qui annonce son arrivée, songea-t-elle pour s'expliquer cette soudaine cession d'émotivité. Ou peut-être avait-elle besoin de dormir vingt-quatre heures d'affilé.

-Je suppose que je dois remercier Berry. C'est certainement elle qui l'a convaincu ...

-A dire vrai, même pas, ricana Farhan. Elle est juste rentrée chez elle pour faire le point. Je ne suis pas sûre qu'elle en ait parlé à ta sœur ... en tout cas moi, je n'en ai pas parlé à Charlie.

-Ah. Ça explique tout.

Farhan lui adressa un sourire penaud puis reporta son attention sur la porte d'entrée. A présent, les élèves arrivaient au compte-goutte, en ordre dispersé. Maintenant qu'elle y songeait, Joséphine n'avait vu passer ni sa sœur ni Charlie. Elle comprit une minute plus tard pourquoi : ils étaient ensemble, s'agitant avec de grands gestes en suivant une Maya Tabet qui s'avança volontairement vers Farhan et elle. Derrière elle, les cris de Bérénice et Charlie résonnaient :

-... n'a pas à décider pour eux ! Elle veut savoir, elle veut savoir, laisse-la tranquille !

-Ce n'est pas qu'elle que ça concerne ! Bon sang, mais je ne comprends sincèrement pas comment on a pu en arriver là, c'est absurde, du Joséphine tout ...

-Oh Merlin, fermez-la !

Bérénice se figea, pétrifiée d'horreur en découvrant sa sœur dans le Hall. Charlie faillit la percuter et posa deux mains sur ses épaules pour se rattraper. Ils fixèrent la Serdaigle, visiblement très surpris de sa présence. Leurs yeux écarquillés et leurs bouches bée ne fit qu'agacer davantage Joséphine qui leva les yeux au ciel.

-Merci, souffla Farhan, le visage entre les mains.

-Un plaisir, assura-t-elle avec hargne. Peut-on arrêter de faire du drame pour rien s'il vous plait ?

-Oh, pardon ? s'indigna Charlie. C'est toi qui dis ça ? Et toi ne te cache pas, ajouta-t-il à l'adresse de Farhan. Sérieusement, depuis quand cette histoire va si loin ?

-En même temps vu ta réaction, pas étonnant qu'il n'ait rien voulu te dire ...

-Joséphine !

Les voix s'étaient élevées depuis Charlie et Bérénice, de façon si impérieuse que Joséphine redressa les épaules pour les toiser. Avec un certain soulagement, elle remarqua que la boule douloureuse dans son estomac avait disparue quand elle croisa le regard de Charlie. Ne restait qu'une flamme de colère qu'il continuait d'attiser en la lorgnant avec suspicion. Maya finit par se placer au milieu du groupe, les deux mains levées en signe d'apaisement.

-Bon écoutez, la situation est déjà assez pénible. Que vous vouliez comprendre autant que nous, on comprend mais sérieusement je vous interdis de hausser la voix ! Je suis déjà à deux doigts de vomir ...

-Oh Maya, souffla Bérénice.

Elle voulut mettre une main sur son bras mais Maya se dégagea. Elle avait en effet le teint gris et évitait soigneusement de poser les yeux sur Farhan, tout aussi pâle et affecté contre le mur. Joséphine considéra le groupe qui s'était formé : deux adolescents dans l'angoisse et l'attente, une amie à moitié inquiète à moitié furieuse, un ami entre sollicitude et suspicion et Joséphine, la tempête qui avait amené la vérité dans leurs vies. Elle jeta un regard dans le Hall qui s'était vidé, si l'on exceptait Nolan O'Neil qui discutaient avec le professeur Brûlopot. Maya avait commencé à faire les cents pas sous le regard de Bérénice et Charlie s'était rapproché d'un Farhan qui visiblement s'était enfermé dans sa bulle. C'est bon, ça dure trop ..., ragea Joséphine devant cette insupportable inertie. Elle s'éloigna à grands-pas jusqu'à l'apothicaire qui écarquilla les yeux en la remarquant par-dessus l'épaule de Brûlopot.

-Excusez-moi de vous interrompre, lança-t-elle avant même de s'arrêter à leur hauteur. Je pense qu'il y a deux personnes dans ce hall qui attendent depuis déjà trop longtemps et qui ont besoin d'être fixés très vite.

-Je sais, répondit l'apothicaire d'un ton affable. Je sais, mais je pense aussi qu'ils avaient besoin ... d'espace. (Il se tourna vers le professeur avec un sourire crispé). Merci Sylvanus, tu m'enverras les coordonnées de l'éleveur d'Abraxan ?

-Oh je peux vous donner celles de mon grand-père Max si vraiment vous en voulez un, intervint Joséphine avant que son professeur ne puisse ouvrir la bouche.

-Max Abbot, confirma néanmoins Brûlopot avec un sourire désabusé. C'était précisément l'adresse que j'allais fournir – vous êtes clairvoyante, Joséphine.

-Vraiment ?

Joséphine ne put s'empêcher de dévisager son professeur, incrédule. Elle ignorait totalement qu'il avait des liens avec son grand-père, Maximilian Abbot, un veuf qui vivait dans la campagne écossaise depuis sa retraite en tant qu'Auror. Peut-être la personne qu'elle préférait dans sa famille et pourtant qu'elle voyait le moins. La relation entre son père et son grand-père avait toujours été conflictuelle et sa réputation d'excentrique campagnard en avait une persona non-gratta aux fiançailles d'Ophelia. Brûlopot sourit avec bienveillance.

-Bien entendu, l'élevage de Max est remarquable. Je vais vous laisser, Pomona m'attend pour le déjeuner ... Au revoir, Nolan. Ravi d'avoir eu de tes nouvelles ... Réponds à mes lettres, la prochaine fois – sinon je demande à ton fils de te harceler.

Avec un clin d'œil presque canaille, Brûlopot s'engouffra dans la Grande Salle et l'apothicaire soupira, le parchemin décisif serré entre ses doigts. Contre toute attente, il posa une main sur l'épaule de Joséphine, l'entraînant avec elle pour rejoindre le groupe, l'air affligé.

-Tu as une petite idée de comment gérer ça, toi ?

Joséphine se tut, prise de court. Elle hésita, lorgnant Farhan qui s'était à présent assis à même le sol avec Charlie, et Maya qui continuait de battre les dalles en se tordant les mains.

-Je ne sais pas s'il y a une bonne façon. Mais je pense que s'ils ne savent pas vite, Maya va vraiment finir par être malade.

-Et je crois qu'elle ne sera pas la seule, marmonna Nolan avant de s'immobiliser. Bien. Je l'ouvre ou vous préférez le faire ?

Il agita le parchemin, déjà froissé par sa prise fébrile de l'apothicaire. Maya se cacha la tête entre les mains et s'éloigna de quelques pas, l'air suffoqué. Farhan quant à lui fixa son père, le regard hagard, avant de faire un geste évasif de la main.

-Je t'en prie ...

-Oh Merlin, murmura Charlie.

Bérénice le fusilla du regard et il sembla ravaler ses mots. Avec une lenteur insupportable, Nolan arracha le sceau du parchemin avant de le dérouler. Derrière ses lunettes rondes, ses yeux parcoururent chaque ligne du parchemin pendant des secondes qui s'étirèrent en des éternités. Si Maya évitait toujours de regarder, le reste du groupe avaient les yeux rivés sur le visage de Nolan, resté impassible jusqu'à ce que son regard se fixe et qu'il le baisse sur Farhan. Le coin de sa lèvre tressauta.

-Et bien ... il semble que Joséphine ait été en effet ... comment a dit Sylvanus, déjà ?

-Clairvoyante ? proposa la jeune fille d'un ton neutre.

La commissure des lèvres de Nolan tressaillit. Il plia le parchemin en deux en opinant du chef.

-C'est ça. Clairvoyante. (Il marqua une pause, visiblement ému). Vous êtes frère et sœur ...

-Oh Merlin, gémit Maya d'un ton étranglé. Oh Merlin, oh Merlin ...

Elle s'éventa le visage des mains, les larmes aux yeux et Bérénice se dépêcha de la tranquilliser en mettant ses deux mains sur ses épaules, le visage résolument constitué en un masque de calme et de détermination. Un tel sang froid pour une situation si stressante était aussi impressionnant qu'effrayant. Mais mieux valait la froide réflexion de Bérénice que le feu d'artifice qui faisait rage dans l'esprit de Joséphine.

J'avais raison !

Si seulement elle avait pu le hurler au monde entier ... C'était si tentant : s'égosiller, crier, vociférer à s'en déchirer la voix à la terre – et en particulier à Charlie – que non elle n'était pas un monstre d'égoïsme mais qu'elle avait réellement perçu une vérité cachée, décelé un mystère et que sa voix avait compté. Que sans elle, jamais ils n'auraient découvert cela. Merlin que cela lui ferait un bien fou, jouissif, de jubiler ... Mais il y avait des larmes dans les yeux de Maya. De la douleur et de l'incompréhension dans ceux de Farhan. Elle n'était pas cruelle au moins de se réjouir de leur désarroi – et de l'aggraver. Alors elle savoura l'air incrédule et choqué de Charlie pour compenser, veillant à ne pas laisser s'épanouir le sourire qui effleurait ses lèvres.

-OK, souffla Nolan, visiblement décontenancé par la sentence. Très bien ...

Il passa plusieurs fois les doigts sur la tranche du parchemin, comme pour le plier correctement mais cela semblait plus être un geste compulsif pour rester maître de lui-même.

-C'est ... Mille gargouilles ... je ne comprends pas, vraiment ... (Il se pinça l'arrête du nez, soulevant ses lunettes au passage, avant de mettre une main sur l'épaule de Maya). Si j'avais su ... Si on m'avait dit ... je t'aurais prise aussi ... sans hésiter.

Maya observa l'homme par-dessus ses mains toujours plaquées contre son visage. Elle contempla l'homme, qu'elle voyait sans doute pour la première fois – ou alors qui n'était pour elle qu'un lointain commerçant qu'elle croisait une fois par an sans jamais imprimer son visage. Incapable d'articuler le moindre mot, elle hocha la tête. Mais à côté d'elle, le regard de Bérénice s'assombrit.

-Justement ... comment vous avez pu ne pas savoir ?

-Ah, les fameuses questions que soulèvent la réponse, enchérit Joséphine, un sourire tordu aux lèvres. On commence par laquelle ?

-Jo, siffla Charlie.

-Non, elle a raison, dit Bérénice avec fermeté. Sérieusement, il faut remettre de la rationalité dans cette situation ...

-De la rationalité ?

La voix émanait de Farhan, éraillée et presque gutturale. Depuis l'annonce, il fixait un point devant lui, un point qui semblait se situer dans un autre monde tant il était lointain, voilé. Il toussota, comme pour faire passer une boule qui restait coincée dans sa gorge et se redressa. Pendant quelques secondes, il parut reprendre contact avec la réalité et leva les yeux sur Bérénice.

-C'est ... très spécial, comme situation, alors s'il te plait, évite de parler de rationalité.

Bérénice parut peinée et eut l'intelligence de ne pas renchérir. Charlie crispa sa main sur l'épaule de son ami, les lèvres pincées.

-De la rationalité, c'est peut-être un peu fort. Peut-être simplement ... insister sur les bons côtés de la chose. Vous avez perdu votre famille ... mais vous vous êtes retrouvés ...

Mais avant ça, ils ont été séparés, rétorqua silencieusement Joséphine alors que Farhan laissait aller sa tête contre le mur, visiblement vidé. Pourquoi, comment ? Un accident ? A dessein ? C'était toutes ses questions qui tourbillonnaient dans l'esprit de Joséphine, mais Farhan préféra prendre une grande inspiration qui permit à ses épaules de s'affaisser. Il tenta d'accrocher le regard de Maya, mais celle-ci lui tournait le dos, la main vissée à la nuque – à l'endroit de ses cicatrices.

-Bien ... essayons de se dire ça.

Maya se retourna, comme si elle avait senti le regard de Farhan lui brûler le dos. Quelques larmes avaient dévalé ses joues et elle les essuya d'un revers de manche, le respiration courte. Elle resta quelques secondes à le contempler, l'air perdu et Charlie parut se sentir obligé d'intervenir avec son amabilité habituelle :

-Et crois-moi, Maya, ce n'est pas si terrible d'avoir un frère ... Crois-moi, j'en ai cinq – et ça, c'est terrible. Crois-moi, j'en échangerais bien un ou deux contre Farhan ...

-Lequel ? fit mine de se demander Joséphine. Celui qui a caché un gnome de jardin dans ta penderie ou celui qui a décidé de se brosser les dents dans la salle de bain alors que tu prenais une douche ?

Si Charlie la fusilla du regard, Bérénice pinça des lèvres pour réprimer son rire et un sourire frémit sur les lèvres de Nolan. Seuls Maya et Farhan demeurèrent stoïques mais Bérénice ne s'avoua pas vaincue et désigna Joséphine du pouce.

-Et Farhan aurait pu se retrouver avec une sœur lunatique à l'humour douteux comme Jo, mais il tombe sur une fille adorable comme toi ...

-Merci Berry, grinça Joséphine avec une grimace. On peut parler de la petite sœur qui s'élève et écrase les autres ?

-Bref, la coupa Bérénice avec un regard appuyé pour elle. Ce qu'on voulait dire c'est que ... Bon sang, vous retrouvez une famille. Et ... Vous êtes des gens géniaux – enfin je pense, je ne te connais pas vraiment Farhan, mais du peu tu as l'air vraiment gentil. C'est ... c'est plutôt cool. C'est inespéré. Un miracle.

Elle insista sur le mot, ponctuant son discours d'une pression sur l'épaule de Maya. La jeune fille plaqua de nouveau une main sur sa joue, avant qu'elle ne glisse de nouveau jusque sa gorge. Son regard se balada entre Bérénice et Farhan, incapable de se fixer, de réaliser.

-Oui ... oui ... c'est juste ... (Elle mit une main sur sa tempe). Ça ... ça remet tout en cause ... Je ... (Elle s'interrompit et vrilla ses yeux sur Farhan, catastrophée). Oh mon Dieu, je suis Palestinienne. De Jéricho.

Farhan la contempla avant de se fendre d'un impensable éclat de rire. Il était bref, s'étrangla vite dans sa gorge, mais cette simple hilarité suffit à crever la bulle de tension dans laquelle le groupe était plongé plus efficacement que leurs dernières tentatives.

-En fait tu dois certainement être née ici ... Ils ont émigré quelques mois après ma naissance ...

De nouvelles larmes emplirent les yeux de Maya. Avec une étrange émotion, Joséphine imagina ce que cela devait être pour elle de voir sa véritable identité, ce trou noir qu'elle maintenait depuis des années, se reformer pièce par pièce.

-Ils ... Tes parents ... (Elle battit des cils et de nouvelles larmes dévalèrent ses joues). Nos parents ...

-C'est ça, souffla Farhan. Oh, Dieu ... désolé, papa.

Joséphine en aurait presque oublié la présence de Nolan O'Neil à ses côtés. Il tordait toujours les résultats dans ses mains mais il s'efforça de sourire face à son fils

-Non, surtout ne t'excuse pas. Farhan, si je t'ai adopté, c'est précisément pour que ne soit pas arraché à tes racines. L'Auror qui gérait la catastrophe disait que tu pourrais être confié à une famille moldue et ... ça m'a retourné l'estomac d'imaginer que, si c'était le cas, tu ne comprendrais jamais rien à ton histoire. Alors crois-moi, je suis très heureux de la voir se reconstituée ... pièce par pièce.

Ça c'est de l'abnégation, dut admettre Joséphine. Farhan hésitait vraisemblablement entre le sourire et les larmes et opta pour un troisième choix en levant le visage et en s'affaissant contre le mur avec un gros soupir. Joséphine, elle, chercha le regard de sa sœur. Et quand elle le croisa, elle comprit qu'elles avaient isolé toutes les deux le même mot dans la phrase de Nolan O'Neil.

-Vous vous souvenez du nom de l'Auror ? s'enquit Joséphine. Celui qui couvrait l'attaque ?

-Non mais ..., commença Charlie, les sourcils froncés.

-Un jour, il faudra bien qu'on se les poses, ces questions, le coupa Maya, les yeux brillants, avant de se tourner vers Nolan. Alors, vous vous souvenez ... ?

Nolan se frotta la nuque, l'air embarrassé.

-Vous savez, ce genre de nuit, les détails tombent dans l'oubli pour ne retenir que l'essentiel ... C'était il y a douze ans, je ... je vais voir si ça me revient.

-Sinon j'enverrai une lettre à mon père, proposa Bérénice. Il est Auror, il a fait quelques interventions pendant la guerre ...

Le ricanement sonore et ironique de Joséphine lui valut d'avoir les regards du groupe posés sur elle, entre incompréhension et exaspération. Avec une feinte nonchalance, elle fit tourner son balai entre ses doigts, un rictus aux lèvres.

-Parce que tu penses vraiment que papa te répondra ?

-Oh Merlin que tu vas être insupportable maintenant que tu sais que tu avais raison, soupira Bérénice, résignée.

Joséphine pointa son balai sur sa sœur, les yeux plissés.

-Et je te ferais remarquer que je suis incroyablement sage compte tenu du fait que ...

-Oui, oui, adorable, la coupa Bérénice d'un ton sec. Maintenant continue à l'être en trouvant des solutions avec moi. Peut-être que papa se souvient de quelque chose ou pourra nous donner le contact. C'est une piste à envisager.

-De ce que je sais, on n'a jamais trouvé les Mangemorts responsables de l'explosion du La Mon House Hôtel, intervint Nolan, dubitatif.

-Mais peut-être que le rapport des Aurors est plus précis sur ce qui s'est passé ... (Elle se tourna vers Maya). Ça vaut le coup de tenter, non ?

Maya semblait incapable de prendre la moindre décision. Elle observa Bérénice, Nolan puis chercher le regard de Farhan sans le trouver. Faute de mieux, elle finit par abonder dans le sens de son amie et donna son accord d'une petite voix.

-Très bien, entonna Nolan d'un ton ferme. Et je pense qu'assez de décisions ont été prises pour aujourd'hui.

Il consulta sa montre, l'air soucieux et Farhan se redressa soudainement devant l'attitude de son père.

-Tu t'en vas ?

-Il ne faut pas que je tarde, admit-t-il, désolé. Fiona rentre ce soir avec un portoloin international et elle veut que je vienne la chercher en transplanage d'escorte ... Tu connais son côté diva ...

Farhan essuya un petit rire et Joséphine se retint de l'interroger sur cette Fiona. Mais en tout cas, son souvenir et le départ de son père parurent lui donner la force de mettre son émotion de côté et de se lever. Il s'appuyait largement sur le mur, Charlie se précipita vers lui l'air inquiet, mais en une seconde il était de nouveau sur pied, le visage résolu.

-OK, je vais te raccompagner.

-Et moi je vais monter, annonça Maya dans un filet de voix. Et ... je ne sais pas, me noyer sous la douche.

Farhan parut fuir le regard que la jeune fille chercher, la mâchoire contractée. Après un instant de flottement où Joséphine pourrait littéralement sentir sur ses épaules tout le poids du choc, du secret et de l'embarras, le groupe se délita : Farhan raccompagna son père et Bérénice suivit Maya dans les escaliers. Jusqu'au bout, la jeune fille chercha à intercepter le regard de celui qui était à présent son frère mais Farhan garda le sien rivé sur la sortie et la fuite. Avant de sortir, Nolan lui mit la main sur l'épaule et Joséphine vit avec quelle force le Gryffondor s'y accrocha. Le pauvre était littéralement en train de tanguer.

Occupée à observer les réactions, elle se rendit à peine compte qu'elle se retrouvait seule avec Charlie, toujours assis à terre, la tête rejetée en arrière. Il n'avait pas esquissé le moindre mouvement, ni pour suivre Farhan ni pour remonter dans son dortoir. Il avait l'air aussi choqué, voire plus, que pouvait l'être les principaux concernés. Joséphine attendit que Maya disparaissent de sa vie, tourne à l'angle de l'escalier, pour se tourner vers lui et enfin laisser échapper le sourire de triomphe qu'elle réprimait depuis de longues minutes. Charlie ferma les yeux et plaqua une main sur son front.

-Oh non ...

-Oh si ! Oh si Weasley, je veux des excuses et je les veux à genoux ! J'avais raison bon sang, j'avais raison et tu m'as accusée à tort !

-Alors je ne suis pas sûre que tu aies fait ça pour les bonnes ...

Mais Joséphine venait de brusquement d'avancer, son balai à la main et son ombre s'abattit brutalement sur lui de façon menaçante. Il amorça un mouvement pour se redresser à moitié, mais elle était si proche que la moindre tentative reviendrait à la bousculer et il finit par s'affaisser de nouveau contre le mur. Pour garder contenance, il la fusilla du regard depuis sa basse position.

-Oh arrête Joséphine, tu ne vas pas me dire que tu l'as fait par bonté d'âme ?

Le sourire de Joséphine s'agrandit. Le regard de Charlie restait circonspect, prudent et il était évident dans sa crispation qu'il craignait un affrontement, une crise de colère. Mais cette fois, toutes ces petites choses coulèrent sur elle comme l'eau qui ruisselle. Elle se sentait protéger par un talisman inestimable, une sensation d'euphorie incroyable qu'elle n'avait plus ressentie depuis une éternité. Et dans cette bulle de bienfaisance, le lien terrible qui l'unissait à Charlie, son appréciation, son regard, avait été coupé. Dans cette bulle, elle avait l'impression d'enfin redécouvrir le goût de la liberté.

-Tu sais quoi ? Je m'en fiche. Crois-moi ou ne me crois-moi, qu'à cela ne tienne. J'avais raison et c'est tout ce qui compte.

Sans attendre sa réponse ou savourer sa réaction, elle fit volte-face et s'en retourna à sa Salle Commune en faisant tournoyer son balai entre ses mains. Tant pis si elle n'avait pas su attraper le Vif d'or ou que visiblement, Charlie continue de la considérer comme un petit monstre qui voulait sa perte. Elle avait eu raison, et la découverte haletante d'un mystère l'attendait à présent. 

***

Et voilà pour ce chapitre (que j'avais eu un mal fou à achever, je suis restée bloquée un moment au milieu). Il vous a plu ? <3 

Pour Tonks en commentatrice, ce n'est pas canon mais je trouve que c'est cohérent, elle aime le Quidditch mais semble trop maladroite pour y jouer ... Un choix qui vous plait? 

Pour la suite, j'essaierai samedi (j'ai énormément d'avance sur cette fic, je peux me le permettre. Sinon je n'arrive pas à avoir le temps, bieeen on se retrouvera pour O&P !) 

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