Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 13 : La tempête après le calme

Vous savez quoi? Je n'ai pas craqué hier et je suis hyper fière de moi. Le vendredi reste le jour de poste yeah !

ET LE BIATHLON IS BACK je sais que je fais peu de point sport ici (Ballon d'or France Football, shame on you Robert méritait mieux) mais je ne peux passer à côté de l'évenement de l'hiver à savoir le biathlooooon avec une poursuite masculine qui va être MAGNIFIQUE (et à laquelle je renonce. Mais c'est vraiment pour la bonne cause, pas vrai ? :D (petite escapade au salon du livre jeunesse de Montreuil)) 

Et au fait il faut vraiment que je vous partage cette chanson qui est véritablement l'hymne des sœurs Abbot, vraiment elle a été écrite pour elles je trouve (et pour moi et ma sœur je pense ...). Evidemment sortie tout droit de la mélancolie avec la comédie musicale Mozart Opéra Rock que j'ai vraiment beaucoup trop écoutée au collège ==> 

Donc je vous ai laissé sur l'intervention peu délicate de Joséphine. C'est parti pour la suite ! Bonne lecture à tous.tes <3 

***

Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne à la gorge. 

- Winston Churchill 

***

Chapitre 13 : La tempête après le calme.

Jeudi 18 octobre 1990 :

Je ne sais pas ce que j'ai provoqué. Une bombe ? Un pschitt ? Tout ce que je sais c'est que je veux savoir. Et eux aussi. C'est juste qu'ils n'en ont pas encore conscience. Mais j'ai planté la graine ...

***

Farhan revenait des serres de Botanique quand la tempête était véritablement entrée dans sa vie.

Chourave était venu l'arracher à son déjeuner pour lui demander son aide pour les Géranium Dentu, comme la semaine précédente et Farhan s'était exécuté de bonne grâce et y avait passé son temps de midi. En ressortant, il était tombé sur une Maya Tabet en grande difficulté avec son sac et son télescope, trébuchant sur le sol inégal qui menait aux serres. Farhan s'était précipité pour la décharger avant que son instrument fragile ne se brise sur le sol.

-Pourquoi tu te balades avec tout ça ? s'étonna-t-il.

Maya était en train de rajuster son sac et son hijab, visiblement essoufflée d'avoir dû descendre puis la Tour de Serdaigle avec tout ce matériel. Elle lui adressa un sourire penaud.

-Après les cours, je vais directement à la tour d'Astronomie et elle est à l'opposé de celle de Serdaigle ! Il parait qu'on pourra observer Venus à l'œil nu mais je veux capter de belles images alors j'ai besoin de mon télescope !

Elle remit son sac sur son épaule et ajouta avec une grimace :

-Normalement, Bérénice devait m'aider mais euh ... je crois qu'elle est allée voir comment aller Joséphine.

Farhan hocha la tête en s'efforçant de paraître impassible. Après un premier cours de Potion où la jeune fille avait paru étrangement calme – si on n'exceptait les baies de Belladone – elle avait totalement disparu des couloirs de l'école. Il se doutait qu'elle restait dans sa chambre, loin de tout, et surtout loin de Charlie et après l'avoir découverte dans ces mêmes serres barbouillée de mascara, il était secrètement curieux d'avoir des nouvelles par Maya.

-Et du coup ... ça va ?

Maya haussa les épaules.

-Je pense que Bérénice se ronge les sangs pour rien, Joséphine va rebondir – et le jour où elle le fera, on regrettera tous le temps où elle se cachait dans sa tour. Et Charlie, ça va ?

Farhan retint une grimace. Charlie oscillait toujours entre la culpabilité et l'acceptation, mais de façon moins violente qu'en début de semaine. Le pendule tendait à l'équilibre, notamment grâce à investissement accru du côté du Quidditch. Il avait même avoué que c'était agréable d'aller enfin chez Hagrid sans culpabiliser. Lentement, Charlie commençait à se défaire du vide et Farhan était certain que c'était également dû à l'absence de Joséphine. « Loin des yeux, loin du cœur » n'était pas une expression dénuée de sens.

-Il se remet.

-C'est quand même bizarre qu'on ne sache rien, commenta distraitement Maya. Ça rend Bérénice folle de ne pas comprendre pourquoi ils ont rompu ... Mais c'est typiquement elle, ça, d'être folle pour tout ce qui lui échappe.

Farhan devait faire une drôle d'expression – liée au fait qu'il était vraisemblablement le seul élève de l'école à comprendre cette histoire – car elle éclata de rire.

-Ne t'en fais pas, je ne vais pas te demander ce que tu sais ! Tu as raison, ça les regarde et il vaut mieux les laisser gérer ça ...

-Merci de comprendre.

Et c'était incroyable qu'elle le fasse ainsi avec tant d'empathie. La plupart de ses camarades ne comprenaient pas pourquoi il se mettait toujours en retrait, toujours à taire son avis ou ses informations. « Toi pour que tu l'ouvres il faut y aller », avait lancé Joséphine devant les portes du château. C'était une réalité : Farhan était une tombe. Parce qu'il savait bien les ravages que pouvait faire une langue trop pendue ou un avis qui n'avait pas à être. Il préférait laisser les gens faire leur choix seul plutôt que de s'imposer dans leur vie. Et c'était agréable de voir Maya comprendre plutôt que de l'accuser d'être « la Suisse » comme la plupart de ses camarades. Charlie lui avait déjà reproché cet aspect de sa personnalité. Il considérait cela comme un manque d'honnêteté. Mais pour Farhan, c'était une façon de le préserver. Merlin s'il savait tout ...

Embarrassé, Farhan passa une main sur sa nuque et trouva la chaine qui tenait son Khasma. Une présence apaisante qui lui arracha un sourire. Il leva le télescope de Maya. Il était rouillé par endroit et le verre de la lunette était rayé. Certains liens de cuivre ne tenaient que par un fil.

-Tu as besoin que je t'accompagne avec cette chose ?

-Hé ! Un peu de respect ! Je l'ai eu en promotion en première année, j'ai fait une super affaire !

-Il tombe en lambeau, ton affaire. Tu as Botanique ?

Maya le fusilla du regard avant d'admettre du bout des lèvres :

-Oui ... Oui, c'est ça. Mais avant je veux que tu présentes tes excuses à mon télescope !

Un sourire amusé s'étira sur les lèvres de Farhan devant l'attachement absurde de Maya à son tas de ferraille dans lequel elle ne devait plus voir grand-chose. La Serdaigle semblait sur le point d'insister devant la mine proche de la condescendance de Farhan mais se figea en plein geste. Son regard se perdit au-dessus de l'épaule du Gryffondor et s'écarquilla.

-Jo ?

Farhan se tendit immédiatement, pris de court par la scène. Mille gargouilles il ne manquait plus que ça ... Lentement, il pivota pour apercevoir ce qui avait ainsi crispé Maya. Il ne reconnut pas tout de suite Joséphine : sa première impression était d'être face à un Détraqueur enveloppée dans sa cape noire, le capuchon baissé sur son front pour la protéger du vent. Seuls quelques longues mèches dépassaient de cette masse de tissu et Farhan finit par percevoir un regard brillant au milieu de l'obscurité de la capuche. Un regard comme hanté. Il était toujours en train de chercher Joséphine dans cette étrange apparition lorsque sa voix s'éleva depuis dessous le capuchon :

-Il faut que vous consultiez vos dossiers d'adoption.

Farhan sentit son estomac immédiatement se contracter de façon douloureuse, avant même de réellement assimiler de quoi Joséphine parlait. Maya fut bien plus vive que lui en se fendant d'un cri étranglé avant de plaquer ses deux mains sur sa bouche.

-Mais Jo ! Non mais ... enfin ... Jo !

Joséphine haussa les sourcils et Farhan vit enfin se reconstituer son véritable visage. Les mots parvinrent alors enfin à pénétrer son esprit et ses poings se serrèrent au moment où Maya explosait :

-C'est Bérénice qui t'a raconté ça ? C'est ça ? Je lui avais dit de ne rien dire, comment elle ose, elle ... Pourquoi ... ?

-Parce que visiblement, vous n'avez pas assez de recul pour remarquer ce que nous on a capté d'un coup d'œil, rétorqua Joséphine avec aplomb. Et c'est quelque chose qui doit vite être vérifier.

-Mais pourquoi ? Bon sang, je l'ai répété cent fois à Bérénice : je ne veux pas savoir, je ne veux rien savoir, je suis très heureuse comme je suis !

-Attends ..., souffla Farhan, dépassé.

Il n'avait pas réussi à quitter Joséphine du regard. Les détails de son visage lui apparaissaient plus fragrant à mesure que les secondes passaient. Le maquillage n'avait pas suffi à masquer ses cernes et son teint blafard mais c'était son regard qui interloquait Farhan. Brillant, étincelant et veiné de rouge, il semblait épuisé et pourtant rarement il n'avait vu une telle intensité, une telle détermination.

Oh par Merlin, elle est sérieuse.

La constatation lui fit l'effet d'un électrochoc et il se tourna vivement vers Maya, abasourdi.

-Tu as été adoptée aussi ?

Maya semblait brusquement au bord des larmes. Elle évita le regard de Farhan pour le vriller vers Joséphine, à la fois furieux et accusateur.

-Ce n'est pas juste, Jo ...

-Quand ? insista néanmoins Farhan.

Des voix se mirent à danser dans son esprit mais il les repoussa d'un formidable effort mental. Il contempla cette jeune fille, de deux ans plus jeune, son hijab bleu marine qui encadrait son visage ovale au nez droit et aux pommettes hautes. C'était idiot, mais à présent que la possibilité était évoquée, il voulait absolument avoir une réponse, vite, rapide. Qu'elle coupe le fil de ses pensées avant qu'elles n'aillent trop loin. Maya se prit le visage entre les mains et ce fut un filet de voix qui s'échappa de ses lèvres :

-J'avais trois ans ... Mais je m'en fiche ...

-Trois ans, répéta Farhan d'une voix blanche.

Lui en avait eu cinq. Ils avaient deux ans d'écart.

Farhan eut l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Avant que ses jambes ne cèdent devant la pression, il lâcha le télescope qui alla s'écraser au sol avec un tintement métallique qui sonnait comme une agonie. Mais loin de s'inquiéter, il préféra faire quelques pas sur l'herbe, le souffle coupé.

Trois et cinq ans. Deux ans d'écart, des origines vraisemblablement arabes. Il fallait être fou pour ne pas y songer.

Mais par tous les mages de ce monde. Jamais il n'aurait voulu y songer.

Pire que tout, il sentait le regard de Joséphine sur lui, brûlant, intense. Maintenant qu'elle était lancée, les mots sortirent avec une fluidité qui s'infléchit légèrement pour se teinter de douceur :

-Quand je t'ai dit que vous vous ressembliez, ce n'est pas parce que vous étiez tous les deux arabes. Je le pensais vraiment et Berry aussi. Par le chaudron de Merlin, regardez-vous dans un miroir.

-Jo, arrête, exigea Maya d'une voix sourde. S'il te plait, arrête ...

Farhan se frotta la mâchoire, complétement déboussolé. Il n'osait pas regarder Maya, donner raison à Joséphine en vérifiant si effectivement ils avaient des traits communs. Elle avait raison : ça ne l'avait pas frappé. Mais c'était difficile de comparer son propre visage ... Le jour où elle le fera, on regrettera tous le temps où elle se cachait dans sa tour, avait dit Maya avec un éclat de rire. Simplement, il était sûr que jamais elle n'aurait parié que ce serait vers elle que Joséphine se tournerait. Farhan s'y était attendu. Mais dans son chaudron, pas dans sa vie.

Calme-toi, ce n'est rien, tenta-t-il de se tranquilliser. Elle te l'a dit : son cerveau fonctionne beaucoup trop : cette fois, il a extrapolé. Il sentait enfin sa respiration s'approfondir et se laissa à son tour tomber accroupi dans l'herbe pour mieux reprendre le fil de ses pensées. Le regard des deux filles tomba sur lui, incrédule mais il les ignora toutes les deux.

-Farhan, ça va ? s'inquiéta Maya. Ne l'écoute pas, elle ...

Elle s'interrompit, horrifiée et leva un regard apeuré sur Joséphine qui la considérait avec une expression choquée.

-Elle quoi, Maya ?

Les yeux de Maya se remplirent de larme. De rage, elle se laissa tomber à son tour à côté de son télescope désarticulé et continua de darder un regard furieux et abattu sur Joséphine.

-Pourquoi tu nous dis ça ? C'est pas juste ... Bon sang, ce n'est pas juste ...

-Tu t'es posé la question ?

Farhan reconnut à peine le timbre de sa voix. Il essayait de minimiser ce qui était en train de se dérouler, mais c'était de plus en plus difficile. Les larmes de Maya rendaient la chose même impossible. C'étaient des larmes d'aveu. Elle pressa sa paume contre son front et inspira longuement.

-Tu as été adopté en même temps que moi. Evidemment que je me suis posé la question. Mais ... je ne voulais pas me la poser, à quoi ça sert ? Qu'est-ce qu'on va chercher ?

-Une famille, non ? lança Joséphine.

Le mot fit monter une boule dans la gorge de Farhan et il enfouit sa tête entre ses mains. Devant les myriades de possibilités qui s'infiltraient dans son esprit, il s'autorisa à faire ce que jamais il ne s'autoriser : fouiller sa mémoire. Et presque aussitôt, il se mit à trembler de tous ses membres.

Reculez ! Shahrazade !

C'était le seul indice qu'il n'avait jamais eu. Sa main fébrile vint se perdre sur sa poitrine et serra son Khasma à travers sa chemise. Maya crispa immédiatement ses doigts sur son épaule.

-Ecoute, c'est peut-être simplement une coïncidence, OK ? C'est ce que j'essaie de me dire et c'est probablement vrai ... pourquoi on aurait été séparé, hein ?

-Pourquoi en effet, renchérit Joséphine d'un ton entendu.

Elle les rejoignit sur le sol et arracha sa capuche, dévoilant une avalanche de mèche cuivrées qui accrochaient les rayons du soleil et l'auréolaient presque. Littéralement, Farhan avait l'impression d'avoir l'ange et le démon sur son épaule, sans réellement savoir qui était qui. Il resta encore quelques secondes statique, trop conscient de la main de Maya et du regard brillant de Joséphine, avant de lâcher du bout des lèvres :

-C'est quoi, ton hypothèse ?

Maya lâcha un petit soupir et se replia sur elle-même, vaincue. Le soulagement effaça les traces de colère qui avaient piqué le visage de Joséphine et elle s'empressa de répondre d'une voix résolument posée :

-Vu la ressemblance ? Frère et sœur, cousin et cousine, minimum.

-Et tes arguments ?

Le visage de Joséphine se rembrunit et ses lèvres se tordirent. Elle les observa toutes les deux mais parut moins assurée quand elle entonna :

-Beaucoup la ressemblance. Beaucoup la coïncidence de la date. (Et cligna des yeux et parut avoir une soudaine illumination qui la fit se redresser). Et la cicatrice de Maya.

-Quoi ?

Farhan tourna le visage vers la Serdaigle qui avait immédiatement porté la main à son cou, comme figée. La peau était masquée par le hijab, mais le geste de la jeune fille trahissait une véritable douleur. Joséphine fit un vague geste en sa direction.

-Voilà, celle-là. Tu l'as toujours eue, non ? (Elle tourna le regard vers Farhan). Et tes parents sont morts dans un attentat, avec des explosions et un incendie. Ça fait sens, non ?

-Ce n'est pas parce que ça fait sens que c'est la vérité, rétorqua Maya en laissant retomber sa main.

-Alors prouve-moi que j'ai tort. Demande ton dossier d'adoption. Si le lieu ou la date correspond à Farhan, c'est que Berry et moi avons raison. Belfast, février 1978.

-Oh Merlin, soupira Farhan.

Sa tête commençait à tourner. Il était réellement spectateur de la situation, incapable de jouer, de comprendre. Sa mémoire était un immense vide dans lequel il se perdait : à part les flammes, les explosions, Nolan et Shahrazade, il ne souvenait de rien. Le temps et le traumatisme avait effacé le visage de ses parents, son arabe, ses souvenirs. Il l'avait dit quelques semaines plus tôt : s'il avait eu une sœur, il l'avait oublié.

Mais ça ne voulait pas dire qu'il n'en avait jamais eue.

Il n'avait jamais rien voulu savoir. Mais Joséphine venait de planter une graine dans son esprit, une graine beaucoup trop facile à nourrir et faire germer. Bientôt, elle envahirait son cerveau.

Elle le savait. Elle savait pertinemment ce qu'elle avait provoqué dans son esprit : il le sentait dans son regard. Mais ce fut une nouvelle fois à Maya qu'elle s'adressa avec un peu plus de véhémence :

-Farhan connait les détails de son histoire, c'est toi qui dois apporter la pièce manquante. Maya, demande ton dossier d'adoption.

-Non, refusa Maya dans un souffle. Non, je ne veux pas, Jo ... je ne peux pas je ... je ne suis plus cette fille-là, je ...

Elle essuya une larme qui avait roulé sur sa joue, visiblement incapable de trouver ses mots. Ses yeux couleurs café restaient rivés sur Joséphine et Farhan devina qu'elle évitait ainsi de croiser son regard. Ils finirent par s'embraser d'une touche de colère et elle bondit sur ses pieds avant de ramasser son sac.

-C'est horrible ce que tu fais, Jo. Me mettre comme ça au pied du mur, c'est ... (Elle ferma les yeux et une nouvelle larme s'échappa). Je t'ai laissé le bénéfice du doute, je t'ai défendue mais là tu te conduis vraiment comme la fille égoïste et sans cœur que tout le monde décrit.

Joséphine ne parut même pas affectée par les reproches de Maya et esquissa même un sourire qui tenait d'avantage du rictus. Ses longs doigts allèrent chercher un brin d'herbe qu'elle découpa soigneusement de ses ongles.

-Je comprends que tu sois en colère contre moi. Mais réfléchis, Maya ...

Maya considéra Joséphine, déchirée, mais ne put soutenir longtemps son regard. La mâchoire contractée, elle s'en fut à grand pas, essuyant une nouvelle larme de sa manche et se dépêcha vers les serres sans regarder en arrière. Farhan la regarda s'éloigner, étrangement indifférent, anesthésié. Son esprit était encore rempli d'explosion, de voix diffuses, à la recherche d'un indice qui pourrait étayer les dires de Joséphine.

Si j'ai eu une sœur, je l'ai oublié ... Mais jamais, jamais son esprit n'avait fermé la porte à cette idée, réalisa-t-il, ahuri. C'était impossible, il était assez âgé pour se souvenir de ça ... A partir de quand se formait la mémoire à long terme ? Mais non. Le seul nom qui revenait était celui de Shahrazade. Mais il n'arrivait pas à savoir à quoi il renvoyait ... Maya ? Sa mère ? Une autre sœur ? Je suis censé savoir ça, se dit-t-il, désespéré. Je suis censé me souvenir, je n'étais pas si jeune ...

-Hé.

Joséphine s'était rapprochée et fouillait même dans un sac. Farhan mit quelques secondes à réaliser qu'il s'agissait du sien et qu'elle lui tendit son propre sachet d'amande qu'il gardait toujours dans une poche. Il haussa les sourcils et Joséphine eut un sourire penaud.

-J'ai remarqué que tu avais toujours de la nourriture dans son sac. Amandes ?

-Mes amandes.

-Et bien sois heureux que je ne mange pas tout le paquet. Je meurs de faim.

Farhan ne sut quoi répondre, et faute de quoi, il piocha une amande dans le paquet. Joséphine n'attendit pas sa permission pour elle aussi se servir et mastiqua son fruit sec avec un soupir de soulagement.

-Bon sang, je crevais vraiment de faim. Je peux reprendre une amande ?

-Tu lances souvent ce genre de bombe en taxant des amandes ?

Joséphine leva les yeux au ciel et grignota du bout des dents son fruit volé. Elle avait visiblement replié ses jambes sur sa poitrine tout en déployant sa cape tout autour d'elle et fixait l'endroit où Maya avait disparu.

-Je n'ai pas choisi le meilleur timing, c'est ça ?

Farhan soupira devant le ton utilisé : banal, presque indifférent. Incroyablement neutre compte tenu de la tempête qui venait d'éclater dans son cerveau. Il se massa la tempe, complètement sonné.

-Sincèrement ? Je ne suis pas sûr qu'il y ait un timing parfait. (Joséphine ricana et devant sa mine engageante, il finit par demander du bout des lèvres :) quand est-ce qu'on forme nos premiers souvenirs ?

Joséphine s'apprêtait à manger une troisième amande mais elle s'interrompit et écarta sa main de son visage. Maintenant qu'elle avait retiré sa capuche, Farhan se rendait compte d'à quel point elle était pâle. C'était plus flagrant maintenant que sa peau prenait la lumière : même me soleil peinait à l'illuminer.

-Tu essaies de te souvenir d'elle, c'est ça ?

Farhan ne répondit pas, le cœur coincé dans la gorge. Joséphine était assez intelligente pour comprendre et surtout, assez intelligente pour comprendre que c'était un échec cuisant. Et que ça le déboussolait. Complètement.

-Je ne sais pas s'il y a un moment précis, évalua Joséphine avec une certaine prudence. Et je pense que quand on a vécu un traumatisme ... c'est difficile. Ta mémoire a certainement dû être impactée parce que tu as vécu. Et tu avais quoi, cinq ans ?

Joséphine parut intensément réfléchir, les yeux plissés. Au bout de quelques secondes, elle finit par se rendre à l'évidence et secoua la tête.

-Non, à part un flash où Ophélia tente de me couper les cheveux avant que ma mère n'arrive, rien du tout. Je pense que c'est normal que tu ne te rappelles pas ...

Farhan se sentit respirer plus librement aux arguments de Joséphine. Il étala ses jambes devant lui pour libérer la tension qui s'était emparée de lui et expirer bruyamment. La paralysie s'éloignait lentement et les pensées irriguaient de nouveau son esprit de façon plus calme, mais aussi plus tangible. Il prenait enfin conscience de ce qui s'était joué.

Oh ... Oh par Merlin ...

Et Joséphine restait à côté de lui, à grignoter ses amandes sans un mot, et finit même par s'allonger dans l'herbe pour exposer son visage au pâle soleil de midi. Elle lui lança à l'aveugle :

-Si tu veux que je parte, je comprendrais.

-Pourquoi tu restes ?

Joséphine haussa les épaules sans prendre la peine d'ouvrir les yeux.

-Parce que je viens justement de lâcher une bombe dans ta vie. Avec un timing discutable et des raisons tout aussi discutable. Et j'avais faim et je savais que tu avais à manger dans son sac.

-C'est quoi les raisons ?

Il préférait se concentrer là-dessus que sur Maya. Car la fiabilité de l'hypothèse dépendait en grande partie des motivations de Joséphine. La première qui vint à l'esprit de Farhan, c'était Charlie. Charlie qui lui avait fait du mal – Charlie à qui elle voulait faire du mal. A travers lui ? Et il savait d'ors et déjà que si c'était celle qu'elle évoquait, la colère qu'il parvenait à mettre à distance depuis quelques minutes l'envahirait. Et la façon dont Joséphine tordit les lèvres laissa planer le doute.

-Bon sang ...

-Ecoute c'est juste ... je ne serais pas te dire, en fait. On réfléchissait sur ça avec Berry, juste avant que ... Charlie et moi ... (Elle grimaça et se passa une main sur le visage). Bref. Ça fait un moment qu'on y réfléchit et on savait déjà que ça allait très dur d'obliger Maya à aller demander son dossier. Berry voulait le faire en douceur mais je savais que ça ne marcherait pas. Qu'un jour ou l'autre, il faudrait que quelqu'un vienne secouer tout ça.

Farhan lui jeta un petit regard, toujours un peu sceptique. Ses cheveux s'étaient déployés autour de sa tête comme une auréole et ses doigts jouaient avec une amande dans un geste nerveux.

-Ça m'a paru évident, quand je vous ai vu. Si personne ne vous mettait le nez dessus, vous ne verriez rien. Alors quitte à être une tempête, autant l'être pour quelque chose d'utile.

C'était moins pire que ce à quoi Farhan s'attendait. Jusqu'à ce qu'un étrange sourire s'étire sur ses lèvres et qu'elle ajoute :

-Et il se peut que j'aie besoin d'occuper mon esprit en ce moment et que c'est le meilleur moyen que j'ai trouvé.

Farhan laissa échapper un son à mi-chemin entre le rire et le soupir. Vidé, il se laissa à son tour tombé dans l'herbe, les deux mains sur le visage, incapable de rassembler correctement ses pensées. Joséphine n'était pas seule sur cette hypothèse : sa sœur y avait également songé. La meilleure amie de Maya. Mieux placée, moins extravertie.

Oh par Merlin c'est réel.

-Ne te torture pas, renchérit Joséphine avec une certaine sagesse. La réponse n'est pas entre tes mains, mais entre celles de Maya.

-C'est pour ça que tu l'as mise au pied du mur ?

Les yeux de Joséphine s'ouvrirent avant de se plisser devant le soleil. Les traits de son visage s'étaient tendus devant le ton sec de Farhan. Les larmes de Maya avaient été bien trop cruelles, trop significative de la douleur qu'elle lui causait. Elle fit de nouveau tourner l'amande entre ses doigts.

-J'aime beaucoup Maya, murmura-t-elle. Je ne prendrais pas le risque de faire valser sa vie pour rien.

Farhan trouvait qu'elle avait d'étrange façon de prouver son amitié, mais se garda bien de le lui faire savoir. Après tout, Joséphine avait un fonctionnement qui lui était propre et vivait une période difficile. Maintenant qu'il y songeait, ça devait être la première fois depuis trois jours qu'elle descendait de sa tour. Il l'observa à instant en train de mastiquer son amande avant qu'une bouffée d'angoisse ne le fasse suffoquer. Il se passa la main sur le visage, à court de solution.

-Jo ?

Joséphine sursauta et il se fustigea d'avoir laissé échapper cette simple syllabe. Il avait tellement entendu Charlie l'appeler ainsi que ça avait fini par s'incruster dans son esprit. Il s'attendait à ce qu'elle se moque ou sorte de ses gongs mais ce fut un simple sourire qui s'étira sur ses lèvres.

-Oui, Farhan ?

-Puisque tu me taxes mes amandes, je peux te taxer quelque chose ?

Elle parut dubitative et fronça les sourcils.

-Demande toujours ...

-Une clope.

Joséphine écarquilla les yeux avant d'éclater ouvertement de rire jusqu'à de nouveau basculer dans l'herbe. Farhan se sentit rougir devant son hilarité. Bien sûr que ce n'était pas évident qu'il fume – et c'était dû au fait qu'il le faisait surtout en soirée, après quelques verres. Et que sa tante Fiona lui avait tendu sa première cigarette à quinze ans – son père lui en voulait toujours pour cela. D'un geste fluide, elle extirpa son étui des poches de sa cape et le tendit à Farhan.

-J'avoue, je ne m'attendais pas à ça ! Et Charlie ne te laisse faire ?

Farhan prit l'étui et tira une cigarette qu'il coinça au coin de sa bouche. La mention de Charlie ne parut pas troubler Joséphine – sans doute parce qu'elle était concentrée sur la vision d'un Farhan, apparemment propre sur lui, en train d'allumer une cigarette de la pointe de sa baguette. Il rejeta un nuage de fumée dans l'air et ses épaules se détendirent enfin.

-Normalement, non. C'est pour ça que ça reste entre nous.

Joséphine haussa les sourcils et se redressa pour venir s'assoir à côté de lui. Elle prit elle-même une cigarette et contempla Farhan, l'air songeur.

-Tu sais que ... tu n'es pas un de ses frères ? Et qu'il n'a pas à te dire quoi faire ?

Farhan leva les yeux au ciel, mais il était stupéfait de la remarque, si juste. Maya avait raison, Joséphine voyait tout. Il ne put s'empêcher de songer qu'ils étaient semblables sur ce point : personne ne leur demandait leur avis et ils savaient se rendre invisibles, volontairement ou non. Un magnifique environnement pour tout décortiquer autour de soi. Il ne sut si c'était la cigarette, la proximité ou le fait que Joséphine venait de mettre en une phrase un joyeux désordre dans sa vie mais il trouva la hardiesse pour rétorquer :

-Tu sais que ... tu ne pouvais pas le faire non plus. Avec Charlie.

Le visage de Joséphine se crispa et elle abaissa sa cigarette où s'élevait un mince filet de fumée. Encore une fois, Farhan s'attendait à ce qu'elle explose mais elle ne répondit rien et se contenta de prendre une bouffée qui fit rougeoyer sa pointe. Son visage s'était teinté d'une vague mélancolie qui acheva définitivement de l'humaniser aux yeux de Farhan.

-Ce sera la grande leçon du jour, O'Neil. On ne peut pas forcer les gens ...

***

Je vais la tuer.

Charlie descendit quatre à quatre les escaliers qui menait au deuxième étage, furibond. Il venait directement de la Tour de Gryffondor, où il avait laissé Farhan se noyer dans la douche après qu'il lui eut expliqué ce que Joséphine venait de lui faire subir. Et même si lui-même avait tenté de le convaincre qu'il y avait un fond de vérité, que leur rupture n'avait rien à avoir avec les agissements de Joséphine, Charlie en doutait. Toute la peine, la culpabilité qu'il avait pu ressentir à l'égard de sa petite-amie s'était immédiatement envolée pour ne laisser qu'une colère qui courrait ses veines.

Elle était prévenue. On touche un cheveu de Farhan, je mords. Tu le savais, Jo, évidemment que tu le savais !

Il repensa à toutes les fois où elle avait fait exploser sa potion, juste pour tester les limites de Farhan. C'était ce que Joséphine savait faire de mieux : tester les limites, les siennes et celles des autres. Et elle connaissait parfaitement celles de Charlie. Elle venait de la franchir. Consciemment.

Je vais la tuer.

Et en plus, il était presque persuadé d'avoir senti une odeur de tabac sur Farhan quand il était revenu. Même là, elle arrivait à le corrompre. En même temps, il ne pouvait en vouloir à son meilleur ami de s'être laissé aller à cette faiblesse après la bombe qui venait d'exploser dans sa vie. Demandez vos dossiers d'adoption ... Dire que c'était lui qui avait raconté l'histoire de Farhan à Joséphine. Lui qui lui avait donné les cartes pour lui faire du mal.

Il arriva enfin au rez-de-chaussée et se mit à parcourir tous les corridors à la recherche de Joséphine. Il crut être rapidement victorieux en découvrant une tresse cuivrée au bout d'un couloir, mais lorsque la fille se retourna, Charlie découvrir Bérénice – et pire, son amie Maya, pâle et affligée derrière elle. Il se sentit coupable quand il vit la détresse de la jeune fille et s'approcha lentement. Bérénice fut la première à le voir et son visage s'assombrit.

-Laisse-moi deviner. Tu cherches Jo ?

-On ne peut rien te cacher ...

Bérénice pinça les lèvres et chercha le regard de Maya. Mais la jeune fille gardait le sien rivé sur les dalles de pierre qui couvraient le sol. Elle finit par bredouiller qu'elle retournait dans la tour et quand Bérénice voulut la suivre, elle l'en empêcha d'un geste de la main. Maya grimpa les escaliers en vitesse, les poings serrés et la mâchoire de Charlie se contracta.

-Je te jure, je vais ...

-Tu ne vas rien faire du tout, le coupa Bérénice avec fermeté. Tu penses que tu es la personne la mieux placée pour sermonner Joséphine ? Tu penses qu'elle va t'écouter ?

-Je me fiche qu'elle écoute et je ne veux pas la sermonner ! Je veux juste la prévenir que si elle approche encore une fois Farhan ...

Bérénice laissa échapper un ricanement de dépit devant la hargne qui transpirait de la voix de Charlie.

-La menace ! Evidemment que ça va marcher, évidemment que ça ne va pas du tout l'encourager !

-Parce que toi, tu acceptes qu'elle fasse du mal à ta meilleure amie ?

Bérénice resta coite et jeta un regard inquiet à l'escalier que Maya venait d'emprunter. Elle semblait tiraillée et le prouva en entortillant une mèche de cheveux qui s'était échappée de sa tresse autour de son doigt.

-D'accord, la manière n'est pas fine et elle le fait certainement pour des mauvaises raisons, souffla-t-elle, résolue. Mais ... on peut retirer quelque chose de bien de cette histoire.

Charlie la considéra, dubitatif. A dire vrai, la seule chose qu'il en tirait de bien était une normalisation de ses sentiments pour Joséphine : à présent, l'idée de retourner avec elle lui semblait parfaitement ridicule. Et pourtant il en avait passé des jours à hésiter, à songer qu'il avait trop écouté les autres ... Mais cette histoire faisait ressortir le pire de la jeune fille et lui rappelait qu'il ne pouvait pas composer avec.

-Quoi, tu veux lui faire comprendre que c'était mal et qu'elle n'a pas à jouer avec les gens comme ça ?

-Elle ne joue pas, répliqua Bérénice, exaspérée. Elle ... mène une enquête. Je te l'accorde, ce n'est pas très délicat comme tactique et peut-être que tu as raison et qu'elle en profite pour t'atteindre à travers Farhan – c'est de ça que tu as peur, non ? Mais ... au moins ça permettra d'avoir quelques réponses. Si j'arrive à convaincre Maya ...

-Mais pourquoi tu voudrais la convaincre ?

Lui-même avait conseillé à Farhan d'oublier tout ce que Joséphine avait dit avant qu'il ne parte se doucher. Bérénice le dévisagea avec une surprise qui agaça Charlie.

-Il faut éteindre l'incendie, Bérénice, pas l'attiser ...

-Mais ...

-Il est hors de question que je laisse Farhan courir après un songe que lui fait miroiter Joséphine. De quoi elle se mêle, sur quoi elle se base ? La ressemblance physique, une coïncidence de calendrier ? Sérieusement, c'est pathétique !

-Mais Charlie ... et si ... ?

-Si quoi ? Farhan connait son dossier d'adoption. S'il avait eu une sœur, ça aurait été noté quelque part, non ?

Bérénice paraissait sceptique et son visage se renfrognait à mesure des choses de Charlie. Celui-ci réalisa alors qu'il ne trouverait aucun soutien en la sœur de Joséphine, comme il l'avait espéré. Aussi étrange que cela pouvait paraître, Bérénice allait dans son sens. Elle allait attiser l'affaire, pousser Maya à se renseigner. Mille gargouilles, comment pourrait-t-il préserver Farhan de l'union des deux sœurs Abbot ? Rien que l'idée était terrifiante.

-Bien, lâcha Charlie, résigné. Je vais te laisser ... A plus Berry ...

-Attends, tu vas faire quoi ? (Charlie l'ignora et s'en fut dans le couloir pendant qu'elle criait derrière lui :) Charlie, laisse ma sœur tranquille ! Charlie !

Elle ne songea même pas à le poursuivre – sans doute parce qu'elle n'en avait pas la condition, ni l'envie. Alors Charlie s'enfonça dans le parc, là où Farhan avait laissé Joséphine après plusieurs minutes à tenter de se remettre la tête à l'endroit. La conversation avec Bérénice ne l'avait pas calmé, loin de là et une bouffée de colère le submergea lorsqu'il repéra enfin Joséphine, adossée aux serres de Botaniques à l'endroit même où Farhan l'avait laissé. Elle était assise en tailleurs, penchée sur un carnet qu'elle avait callé contre ses cuisses, l'air inconsciente du froid ou de Charlie qui arrivait vers elle comme une furie. Il fallut que son ombre s'abatte sur elle pour qu'elle relève la tête. Elle eut un mouvement de recul qui lui fit heurter la serre et plaqua son carnet ouvert contre sa poitrine.

-Oh mon dieu !

-Par Merlin, qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ?!

Le regard de Joséphine flamboya. Tout énervé qu'il était, Charlie ne put tout de même s'empêcher de remarquer ses cernes et sa pâleur mais cela ne l'affecta pas pour autant. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient face à face depuis leur rupture et il avait l'impression d'être complètement anesthésié face à son charme – et c'était un petit miracle sachant qu'il avait passé des jours entiers à hésiter, encore attaché à elle. Mais comment être attaché à quelqu'un qui semblait déterminer à vous faire du mal ? Ils se défièrent quelques secondes du regard avant que Joséphine ne cède. Elle rangea son carnet dans le sac qui reposait à ses pieds, le visage fermé.

-Je vois que Farhan n'a pas attendu ...

-Jo.

La simple syllabe se teintait de froideur et cela arracha un rictus de dépit aux lèvres de Joséphine. Elle se releva et repoussa ses longs cheveux derrière son épaule.

-Je sais ce que tu crois, mais tu as tort. Tu n'as rien à voir là-dedans, Weasley. Rassuré ? Je peux passer ?

Mais il resta les pieds ancrés au sol à la fusiller du regard en espérant ce que cela provoquera une trace de remord sur le visage de Joséphine. Or, la seule chose qui demeurait, c'était ce petit rictus, ce sourire presque effronté qu'elle portait comme un masque. Comment avait-il pu la trouver belle ? Pareille grimace l'enlaidissait.

-Arrête de faire semblant. Alors je vais être très clair, Jo : tu ne te t'approches plus de Farhan. Si j'apprends que tu as bousillé une de ses potions ou que tu lui as encore parlé de cette histoire avec Maya, je te jure que je vais changer de visage avec toi.

Le visage de Joséphine s'assombrit en une expression inquiétante et même son étrange sourire finit par se faner.

-Pardon ?

-Je sais que tu es en colère contre moi, Jo. C'est naturel et je veux bien l'entendre. Mais Farhan et Maya n'ont rien à voir dans notre histoire et je trouve ça horriblement indécent de ta part de les impliquer ainsi. Si tu as de la colère, dirige-la contre moi et je ferais ce que je peux pour l'affronter. Mais laisse les autres tranquilles.

Joséphine le dévisagea avec un mélange de stupéfaction et dégoût. Ses yeux parcoururent le visage de Charlie pendant quelques secondes, comme si elle se sentait obligée de se remémorer ses traits – comme si elle les avait effacés de sa mémoire.

-Parce que c'est ce que tu penses ? souffla-t-elle, incrédule. Oh Merlin ...

Elle paraissait réellement abasourdie – abasourdie et en colère. Celle-ci commença à prendre forme sur son visage, à crisper ses traits et assombrir son regard.

-Je t'ai dit que ça ne te concernait pas, Charlie, persiffla-t-elle. Arrête de déformer les faits. Ça fait des jours que je mets tout en œuvre pour éviter de penser à toi, tu crois vraiment que maintenant qu'on est plus ensemble, mon monde continue de tourner autour de toi ? Et que je suis assez mauvaise pour lancer ce genre de bombe juste pour t'atteindre ?

Charlie garda le silence, inflexible et le visage de Joséphine se décomposa littéralement sous ses yeux.

-Oh mille gargouilles, tu le penses vraiment ...

-Jo ... tu as prouvé par le passé que tu étais capable de faire des actions inconsidérées quand tu étais en colère. Et généralement, tu n'es pas très regardante des dommages collatéraux ...

Joséphine parut choquée par l'allégation et une étincelle embrasa définitivement ses prunelles. Des deux mains, elle repoussa Charlie sur le torse, sans réussir davantage que de le faire reculer d'un pas. Un pas qui lui suffit pour se dégager et lever les bras au ciel d'un air dramatique.

-Oh ! Excuse-moi, j'oubliais à qui j'avais à faire ! Saint-Charlie, preux chevalier et défenseur de ses gens, à la vie à la mort, prêt à terrasser les monstres qui les menace ! C'est ça que je suis maintenant, à tes yeux ? Un monstre ?

-Alors ça, c'est tout toi ! ragea Charlie, incrédule. Te victimiser, faire de toi une martyre dans l'affaire alors que oui, Jo, tu as un côté menaçant ! Surtout quand tu es en colère, ne le nie pas ! La colère, ça réveille tes pires instincts !

Avec amertume, il resongea à leur première fois, justement provoquée par la colère et la douleur de Joséphine. Il hésita à l'évoquer, comme preuve ultime des mauvaises décisions qu'elle pouvait prendre – des décisions dévastatrices – sous le joug du courroux, mais l'exemple lui semblait bien trop cruel. Joséphine continuait de le fixer, proprement outrée.

-Alors tu crois vraiment que c'est ça ? Je ne suis gagnée par la colère, que tu n'as pas assez compté pour moi que je prenne le droit de détruire mentalement ton meilleur ami et la meilleure amie de ma sœur – une fille adorable, au passant – en leur faisant miroiter ça ? C'est ça que tu penses de moi, Charlie, vraiment ?

L'interrogation faillit le faire vaciller tant Joséphine semblait sincère dans son indignation. Il ignorait s'il avait réellement compté pour elle – et il ignorait ce qu'était réellement « compter », pour elle. Est-ce qu'elle l'avait aimé assez pour se contenir ? Ou est-ce que sa rage était plus forte que ses sentiments ? Incapable de démêler la chose et de trouver une réponse sur le visage de Joséphine, il lâcha du bout des lèvres :

-Je ne sais pas ...

C'était sans doute la pire des réponses – il le lut sur son visage. Elle recula d'un pas, comme secouée par la réponse avant de se fendre d'un rire qui n'avait absolument rien de joyeux ou de naturel.

-Oh Merlin ... moi qui pensais ... moi qui pensais que tu étais un des rares qui m'avait comprise, qui a fait l'effort de ... Waho (Elle se redressa, le visage impassible mais le regard flamboyant). Merci de m'avoir ouvert les yeux, Charlie. C'est heureux que tu n'aies aucun désir pour moi et que je ne puisse pas composer avec. Parce qu'on allait droit dans le mur.

Avant qu'il ne comprenne s'il devait être blessé, vexé ou soulagé par sa remarque, elle fit prestement volte-face et s'en fut d'un pas furieux, la chevelure irisée par les quelques rayons de soleil qui daignaient enfin montrer le bout de leur nez.

La rupture était enfin entamée. Et debout face au parc et à la beauté terrible de Joséphine, il ignorait si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

***

ET VOILAAA, votre verdict? 

On se retrouve la semaine prochaine pour O&P - et l'ultime crossover avec l'Héritage d'Ilvermorny ...  


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro