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Chapitre 10 : Déchaîner les enfers

C'EST MOI 

SI SI JE VOUS JURE J'AI REUSSIIIIIII 

Après des semaines de désespoir, j'ai fini par réécrire le morceau qui me manquait ! Oh la la je suis si heureuse, je vais pouvoir reprendre la publication à un moment où je suis ON FIRE sur l'écriture de cette histoire c'est magnifique ! 

Bon ne vous étonnez pas si vous trouvez donc le chapitre décousu ou mal écrit : tout a été réécrit, par morceaux. La première partie immédiatement, la seconde ça a été plus long - et c'est celle qui m'a bloqué. J'étais très fière de la première version, je suis plus dubitative sur la seconde mais je n'ai pas la foi de m'échiner - je pense que vous comprendrez. 

Juste un petit point sur la question de l'asexualité : des personnes fort aimables m'ont très justement fait remarqué que c'était un peu anachronique de parler d'asexualité dans les années 90, que c'était un phénomène existant, mais pas nommé et qu'il y a fallu notamment les échanges sur internet pour que ce soit une réalité acceptée socialement et devienne une vrai communauté.

 J'entends la remarque - mea culpa. J'ai néanmoins fait quelques recherches et découvert que le terme existe dans les milieux scientifique et sociologique depuis les années 70. Ce que je peux imaginer, c'est que certaines personnes proches de ces milieux - et notamment les associations LGBT de l'époque - pouvaient en avoir connaissance. Lauren a été dans ce genre d'association, comme elle le dit dans le chapitre précédent et j'imagine que ça justifie qu'elle connaisse le terme. Voilà, c'est bancal, mais je préfère faire ça et en parler clairement plutôt que tout réécrire ! - pitié plus de réécriture Perri est à bout. 

Voilà pour ça. Maintenant je vous livre le chapitre et - petite gourmandise - le chapitre d'après pour m'excuser de vous avoir fait poireauter tout ce temps. Et on se retrouve à la fin du chapitre d'après pour faire un petit point sur deux trois trucs parce que j'ai BEAUCOUP ECRIT (je dépasse les 300 pages à l'instant) et j'ai une meilleure vue de où je vais avec Farhan, Charlie et Joséphine. 

BONNE LECTURE <3 

*** 

 ! WARNING !

Certains propos dans le chapitre (la dernière partie surtout) peuvent heurter la communauté LGBT+. C'est fait dans un soucis de réalisme et en aucun cas ça ne traduit ma profonde pensée. Je vous demande pardon d'avance pour les heurts occasionnés. 

***

Un problème sans solution est un problème mal posé. 

- Albert Einsten 

***

Chapitre 10 : Déchaîner les Enfers.

Mercredi 10 octobre 1990

Je suis fatiguée. Même pas envie d'écrire. Pas dormi depuis deux jours. Réessaie de reprendre le fil de ma vie ... Oh, Berry arrive. A toute.

***

-Echec.

Joséphine observa l'échiquier noir et blanc, les yeux plissés par la concentration. Elle évitait de lorgner sur le sourire outrageusement satisfait de Bérénice au-dessus d'elle, ce fameux sourire d'araignée qui savait pertinemment que sa toile s'était refermée sur elle. La joue appuyée contre son poing, Joséphine considéra toutes ses possibilités et à mesure que son esprit sinuait sur les chemins du possible, elle voyait les portes se refermer une par une. Echec et mat en deux coups si elle protégeait avec son cavalier. Quatre si elle parait de sa tour. Elle pouvait sacrifier sa dame mais Bérénice aurait fini par grignoter ses pions en une dizaine de coups. Résignée, Joséphine passa son index le long de son roi. La pièce agrippa son épée et lui jeta d'un air indigné :

-Mais tu ne comptes pas abandonner quand même ?

-Oh la ferme, marmonna-t-elle en couchant la pièce. Bien joué.

Les pièces de Bérénice exultèrent face à leur victoire et celle-ci esquissa un sourire désabusé.

-Tu préfères abandonner plutôt que de me laisser dire « échec et mat » ...

-Parfaitement.

Joséphine replaça ses pièces bougonnes d'avoir perdu pour la troisième fois de l'après-midi contre celles de Bérénice. Sa sœur écarquilla les yeux en observant l'échiquier se reformer devant ses yeux.

-Attends, tu y retournes ?

-Pourquoi, tu as quelque chose de mieux à faire ?

Bérénice glissa un petit regard vers Maya qui travaillait plus loin sur une carte du ciel puis vers la fenêtre où le ciel était d'un gris orageux inquiétant malgré un temps sec. Finalement un sourire merveilleux retroussa ses lèvres et elle se remit à placer ses pièces avec enthousiasme.

-Mieux que t'apprendre l'humilité ? Non je ne crois pas. Choisis.

Elle enferma dans ses poings un pion blanc et un noir avant de les présenter à Joséphine. La jeune fille tapa dans l'un des poings et Bérénice lui dévoila le pion noir. Aussitôt, leurs pièces changèrent de couleur pour s'adapter au choix de Joséphine. Le fou blanc se frottait déjà les mains et se répandait en conseil :

-Ah, cette fois à nous l'honneur ! Je propose une petite partie écossaise pour ouvrir ...

-C'est moi qui choisis, le fit taire Joséphine, exaspérée. Et par ailleurs tu vas en C4.

-La partie italienne ? Mais c'est du vu et revu ça !

Joséphine soupira, faisant voler ses mèches châtains qui s'éparpillaient devant son visage. Elle les repoussa d'un geste impatient et fixa sa sœur par-dessus ses pièces d'échec.

-Pourquoi les tiennes ne contestent jamais tes décisions ?

-Parce que je prends toujours les bonnes, prétendit Bérénice avec un grand sourire. Cavalier en F3.

La pièce noire glissa sur le plateau avec grâce. En réalité, Joséphine connaissait la raison de ce décalage : Bérénice avait hérité du magnifique jeu d'échec de leur grand-père Max Abbot et l'âge les avait rendue dociles, à l'écoute de leur propriétaire quand celui de Joséphine avait été acheté deux ans plus tôt et, d'après les dires de leur mère, avait absorbé une partie de son caractère.

-Tu n'as pas des devoirs ? attaqua Joséphine en déplaçant son pion.

-Pas d'urgent. Et toi, tu n'as pas un petit-copain ?

Les lèvres de Joséphine se pincèrent et elle observa sa sœur mener de maître une partie qui tirait sur la défense Sicilienne. Un petit-copain. Un fantôme depuis plusieurs jours. Et encore, elle était entrée plusieurs fois dans un fantôme cette semaine, dans ses pensées comme elle avait pu l'être. Elle n'avait littéralement fait que des échecs de son week-end, perdant partie après partie face à Bérénice pour enfin récolter les lauriers de la gloire le dimanche après-midi. Son lundi avait été ponctué d'une exclusion de Métamorphose qui lui avait permis de respirer et d'une séance de Quidditch pour se défouler et son mardi, insipide avec des heures de runes et Défense contre les Forces du mal avec un professeur monotone n'avait en rien embrasé sa flamme. Elle sentait sa sœur observer sa réaction et elle la contenta en déclarant :

-J'ai essayé de lui parler et il a dit qu'il trouverait une solution. J'attends qu'il me dise qu'il l'a trouvé.

-Parfait, approuva Bérénice avec un sourire. Merlin que tu es orgueilleuse et pourtant tu es incapable d'avoir de la volonté avec ton copain ! J'adore Charlie bien sûr mais vraiment pas pour te voir ramper à ses pieds.

Joséphine sentit un sourire amusé effleurer ses lèvres et elle passa une main dans ses cheveux, les yeux rivés sur l'échiquiers. A force de ne voir plus que cela depuis deux heures, elle avait l'impression que son monde était fait de noir, de blanc, de ligne, de case. Cet univers aseptisé, simplifié dans sa forme, l'apaisait. Tout était plus petit, plus malléable dans ces cases noires et blanches. Elle n'avait pas la passion de sa sœur pour les échecs mais elle en comprenait les attraits.

Ça ne lui ressemblait pas d'attendre. D'attendre Charlie, d'attendre sa décision, d'attendre qu'il se trouve – qu'il les trouve. Mais ce week-end, elle s'était regardée dans le miroir finement ouvragé de sa salle de bain, et elle avait détesté son reflet – bien plus que d'habitude. Pâle sans maquillage, les rougeurs défigurant sa peau, les yeux enfoncés dans ses orbites, le regard aux abois. Joséphine Abbot, réduite à l'état de fantôme, trainant au bout d'un fil complétement aux dépend d'un autre. C'était aberrant, indigne, comme si elle n'existant qu'à travers lui. Alors c'était difficile mais pour une fois dans sa vie, Joséphine Abbot avait décidé d'être forte et de ne pas écouter ses pulsions, d'être la femme qu'elle méritait d'être. Alors pour tromper ses envies compulsives de traverser le château pour rejoindre Charlie, elle se faisait battre par Bérénice aux échecs.

-Cavalier en H3, ordonna-t-elle après de longues minutes de silence.

-Bien joué, admit Bérénice quand son cavalier prit son fou et menaça sa dame. Pion en C4.

Joséphine grimaça en remarquant que ce pion, si insignifiant, si faible, avait l'audace d'inquiéter son roi. Son premier réflexe aurait été de l'écarter du danger, mais après trois jours à jouer contre sa sœur, elle avait fini par comprendre que Bérénice l'acculait souvent pour mieux la pousser dans sa toile, en toute reine des araignées qu'elle était. Elle réagit sagement en avançant son cavalier vers la dame de sa sœur, qui se fendit d'un sourire.

-C'est bien, tu commences à comprendre. Tour en B2. Et au fait ... tu as des nouvelles de Farhan ?

-Pourquoi j'aurais des nouvelles de Farhan ? maugréa Joséphine, la joue appuyée contre son poing. La Tour prend la Tour.

Joséphine vit trop tard son erreur : Bérénice profita de l'espace déserté par sa Tour pour y engouffrer un pion qui menaça son roi avec son compatriote. Acculée, elle n'eut pas d'autre choix que de bouger son roi et de tenter de se sortir de la toile que sa sœur tissait autour d'elle. Bérénice poursuivit d'un ton badin :

-Je ne sais pas. Tu es plus tenace que ça, d'habitude. Ça t'a suffi de savoir qu'il était né en Palestine ?

Joséphine dédaigna l'échiquier pour observer sa sœur par-dessus ses pièces, suspicieuse. Pourtant le visage de Bérénice était serein, illuminé d'un petit sourire qui ne quittait que rarement ses lèvres. Elle n'avait besoin d'aucun maquillage pour souligner sa beauté et ne s'embarrassait pas d'un tel artifice. Pourtant, les doigts de Joséphine tapotèrent contre la table, agités par un tic nerveux.

-Bérénice ?

Sa sœur releva les yeux sur elle, ces grands yeux noisettes qu'elles avaient toutes les deux héritées de leur mère. Un lent sourire moqueur s'étira sur les lèvres de Joséphine.

-Tu n'aurais pas flashé sur Farhan O'Neil par le plus grand des hasards ?

-Non mais ça ne va pas, s'indigna Bérénice, outrée. Mais sérieusement, tu ne crois pas que j'ai autre chose à faire que de m'occuper des garçons ? Après t'avoir mis ta raclée aux échecs, je dois quand même aller commencer mon devoir de Sortilège et aller écrire mon journal de rêve pour la Divination ...

-Quelle idée de prendre Divination, en même temps ...

-Parce qu'il y a des choses qui échappent à toute logique, Jo. Parce que parfois, ça fait du bien de mettre son cerveau en pause. Et j'en ai besoin crois-moi ... Hier Elisa est venu me voir pour que je l'aide à organiser une réunion de bilan pour le premier mois des premières années ...

Joséphine leva les yeux au ciel face à l'engagement de sa sœur dans la vie étudiante de Poudlard. Il ne faisait aucun doute qu'un jour Miss Parfaite serait Préfète-en-cheffe pour qu'elle soit plus parfaite encore.

-Très bien, ravie de voir que ta vie est bien remplie mais justement où trouves-tu le temps de me demander comment va Farhan O'Neil que tu n'as croisé qu'une fois dans ta vie ?

Les joues de Bérénice rosirent légèrement et elle se trahit en glissant un regard inquiet vers l'espace bureau de leur Salle Commune. A proximité de l'immense bibliothèque qui couvrait tout un pan du mur, Maya était penchée sur un parchemin, munie d'une grande et élégante plume. Le regard des deux sœurs s'aimanta immédiatement et Joséphine fut prise d'un immense fou rire en rencontrant les yeux décontenancés de Bérénice. Son hilarité était telle que quelques têtes, dont celle de Maya, se tournèrent vers elles, interloquée mais Joséphine eut le plus grand mal à se calmer. Cela faisait une éternité qu'elle ne s'était laissée allée ainsi et le rire perça ses défenses : des larmes qu'elle retenait depuis trois jours profitèrent de l'occasion pour emplir ses yeux et rouler sur ses joues sans que personne ne puisse comprendre quelle était leur source réelle.

-Oh par Merlin !

-Jo, calme-toi, lui enjoignit Bérénice à voix basse. Ce n'est pas ce tu crois ... je te le dis si tu te calmes ...

-D'accord, d'accord, haleta Joséphine en essuyant les larmes sur ses joues. Pardon, je t'écoute ... Qu'est-ce qui se passe entre Farhan et Maya ?

-Mais la partie ? protesta l'une des pièces.

-Oh, silence ! rétorquèrent les sœurs.

Bougonne, la pièce croisa les bras sur sa poitrine et Joséphine darda un regard intense sur sa sœur, ses ongles pianotant impatiemment sur la table en attendant sa réponse. Bérénice hésitait visiblement, lança un dernier regard sur Maya avant de se pencher sur la table pour s'enquérir à mi-voix :

-Tu ne trouves pas qu'ils ... se ressemblent beaucoup ? Maya et Farhan ?

Les yeux de Joséphine papillonnèrent, avant qu'elle ne pose une main aussi théâtrale que sincère sur son cœur.

-Oh par Merlin, Morgane, Morrigan et tous les mages de ce monde ! Tu es ma sœur !

Bérénice esquissa un petit sourire face à sa réaction. Qu'elle ait remarqué la ressemblance prouvait que Joséphine ne s'était pas réellement faite des illusions et que leurs esprits étaient câblés de la même façon. Cela confirmait une fois de plus que Bérénice était à la fois sa pire ennemie et sa meilleure alliée dans cette école.

-Je l'ai remarqué tout de suite, qu'est-ce que tu crois ...

-Moi aussi ! Enfin, en début d'année, quand je me suis retrouvée avec lui en Potion. Mais bon, Maya nous a bien prouvé que leurs histoires ne correspondaient pas ... Déception immense, je te l'accorde. Il n'y a pas de mystère : juste des occidentaux qui confondent tous les méditerranéens.

Les lèvres de Bérénice se pincèrent et son regard se glissa de nouveau sur Maya, toujours penchée sur son parchemin, son hijab soigneusement noué sur ses cheveux et sa nuque. Les doigts de Bérénice frappèrent ta tempe, un tic qui la prenait chaque fois que ses méninges tournaient à plein régime.

-Tu peux garder ça pour toi ? finit-t-elle par souffler. Vraiment, Jo ...

Interloquée par l'air conspirateur de sa sœur, Joséphine hocha frénétiquement la tête. Malgré ce que tous semblaient penser, elle était capable de tenir sa langue. Elle était assez intelligente pour comprendre qu'il y avait toujours un moment idéal pour divulguer une information. Résolue, Bérénice quitta son poste et se glissa sur le sol pour se poser contre le canapé à côté de sa sœur pour pouvoir baisser encore sa voix d'un ton :

-Maya a été adoptée.

-Quoi ?!

-Moins fort ! la pria Bérénice, les yeux écarquillés.

Joséphine balaya la pièce du regard pour vérifier que personne ne les écoutait et se pencha encore un peu plus vers sa sœur, excitée par la nouvelle :

-Tu te fous de moi ?

-Non ! Elle l'a su quand elle a reçu sa lettre de Poudlard ... Elle ne comprenait pas pourquoi elle était différente de ses parents, ça lui a mis le doute ...

-Mais elle ne pouvait pas être simplement née-moldue ?

Bérénice secoua la tête.

-Pas dans ce cas-là, non. Parce que ses parents ont fini par lui avouer que c'était vrai, qu'elle avait été adoptée et que cela pouvait être expliquer qu'elle soit magique. Ses parents étaient installés en Angleterre depuis quelques années mais ils n'arrivaient pas à avoir d'enfant ... Je pense que c'est pour ça qu'ils ont si bien accepté qu'elle soit une sorcière. Maya est leur miracle, le fait qu'elle soit magique ne la rend que miraculeuse encore.

L'amour manifeste que cela véhiculait de la part des Tabet arracha un pincement au cœur de Joséphine, mais elle repoussa cette désagréable sensation en vrillant son regard sur Maya. Son visage dégagé par le foulard lui permettait de facilement de lui superposer les traits de Farhan et encore une fois, elle fut frappée par la ressemblance. Le nez droit, les yeux en amende, les pommettes hautes ... Elle avait vu la porte brusquement se refermer lorsque Maya lui avait conté l'histoire de ses parents mais la voir se rouvrir si brusquement pompait l'adrénaline dans ses veines. Elle agrippa le bras de Bérénice.

-Mais explique ! Quand, pourquoi, où, comment ?

-Quand elle avait trois ans mais c'est tout ce qu'elle sait ... ça et que Maya est bien son nom de naissance ... Pour ce qu'elle sait, il se pourrait qu'elle ait été abandonnée.

-Vraiment rien ? insista Joséphine d'un ton avide. Elle n'a pas un dossier d'adoption ou quelque chose comme ça ?

-Si, mais d'après ses parents, il ne dit rien ... (Bérénice pinça des lèvres et ses doigts battirent de nouveau sa tempe). Mais ... je ne sais pas, l'histoire a toujours été trop ... parfaite. Ça faisait des années que ses parents peinaient à trouver un enfant – c'était difficile avec leur nationalité égyptienne – et soudainement, on les appelle pour leur confier une petite fille d'origine arabe de trois ans ! La vie de Maya est un véritable conte de fée et ce n'est plausible que si la magie est vraiment à l'œuvre derrière ...

Joséphine n'en croyait pas ses oreilles. Sincèrement, jamais elle n'aurait parié qu'une jeune fille aussi saine, équilibrée et souriante que Maya ait pu être adoptée. Elle songea à la force qu'il avait fallu à ce petit bout de jeune fille de onze ans pour se remettre de ce double choc : apprendre qu'elle était une sorcière et que ses parents n'étaient pas ses parents ...

-Et tu penses qu'il peut y avoir un lien avec l'adoption de Farhan ?

-Je n'en sais rien, à dire vrai. Mais ils ont été adoptés à la même époque et ... Je dis juste qu'ils se ressemblent assez pour qu'on puisse se poser la question.

Sa sœur ne pouvait qu'approuver. Maintenant que toutes les portes étaient ouvertes, elle sentait toutes les connexions se faire dans son esprit à une vitesse affolante. Elle revoyait Farhan sur les tribunes de Quidditch, les dents serrées, la voix de Charlie qui lui expliquait que ses parents étaient morts dans une attaque de Mangemort ... Les pièces de l'énigme étaient bien réelles : Joséphine n'avait pas rêvé. Ce n'était pas une illusion, c'était une véritable intuition et savoir qu'elle avait raison balayait tous les doutes qui avaient pu l'assaillir pendant trois jours et apaisait son âme tourmentée. Après avoir rassemblé ses éléments, elle avait envie d'aller plus loin, d'en savoir plus et s'assembler les pièces pour qu'enfin une image claire se forme et lui donne les clefs de l'énigme.

-Tu en as parlé à Maya ? Elle en pense quoi ?

Les yeux de Bérénice s'écarquillèrent. Elle jeta un regard inquiet à sa meilleure amie : sa chatte Bastet venait de lui grimper sur les genoux et elle paraissait à présent plus occupée à la caresser qu'à travailler.

-Mais non, bien sûr que non je n'en ai pas parlé à Maya ! Maya n'a jamais voulu trop en savoir sur sa vie d'avant et j'ai l'impression que Farhan est dans la même direction ...

-Mais Bérénice ! Tu te rends compte, s'ils sont de la même famille ? Comment ils ne peuvent pas avoir envie de savoir ça ?

Bérénice dressa un sourcil.

-Pour satisfaire notre soif de curiosité, tu veux dire ? Non, Jo, on ne peut pas agir de manière si égoïste. On n'a pas de preuve : imagine qu'on se trompe ... Qu'on leur fasse miroiter qu'ils puissent retrouver un morceau de leur famille et que finalement ce soit faux ... Je ne veux pas blesser Maya, Jo.

Joséphine soupira, vaincue. Ce n'était pas son but non plus. S'il y avait une personne dans ce bas monde qui méritait de ne pas souffrir, c'était bien Maya Tabet et elle admettait que leur hypothèse reposait essentiellement sur du vide, des impressions. Rien de tangible.

-Alors qu'est-ce qu'on fait ? On leur arrache des cheveux pour les envoyer à Ste-Mangouste ?

Un sourire frémit sur les lèvres de Bérénice mais elle balaya l'idée d'un geste de la main.

-Non, ce serait impossible à réaliser pour Farhan. Je pensais plutôt les pousser à réclamer leurs dossiers d'adoptions. L'histoire de Maya est floue, mais il doit y avoir un détail dans son dossier qui nous permettrait de la relier à celle de Farhan qui a plus de précision.

Une date et un lieu, se souvint Joséphine en fouillant sa mémoire. Les parents de Farhan étaient morts à Belfast en 1978 et lui-même ne devait la vie qu'au courage de son père adoptif. Elle sentit son cœur s'emballait à l'idée. Ils n'avaient pas besoin de grand-chose. Une date ou un lieu. Si l'une des deux indications correspondaient, elles pourraient envisager de confronter Maya et Farhan. Joséphine battit des mains, extatique de voir le labyrinthe qui se déployait devant elle.

-Fantastique ! Faisons cela : harcèle Maya et moi je vais ...

Son sourire mourut sur ses lèvres. Elle s'apprêtait à ajouter qu'elle harcèlerait Charlie qui lui-même harcèlerait Farhan, mais encore fallait-il que les choses s'arrangent entre eux ... Et Joséphine était coincée dans sa Tour, comme une princesse inaccessible, pour se couper des envies de réellement retrouver son petit-ami. Bérénice parut vaguement peinée par le trouble de sa sœur car elle posa une main douce sur son bras.

-Je suis sûre qu'il ne va pas tarder à venir te voir. C'est quelqu'un de bien : il ne va pas te laisser des semaines sans nouvelles ...

Joséphine se dégagea vivement, piquée par la sollicitude de sa sœur. Il ne manquerait plus que cela : devoir supporter la pitié de Sainte-Bérénice ... Elle passa une main dans ses longs cheveux cuivrés et détourna le regard. Ce faisant, elle le posa à nouveau sur leur partie laissée à l'abandon et où les pièces semblaient dormir devant l'inactivité des sorcières. Assoupi, le roi noir s'affaissait sur son épée. Comme elle aurait aimé que sa vie ne se réduise à la simplicité de soixante-quatre cases faites de noirs et de blanc ...

-Jo, souffla doucement Bérénice.

-Jo !

Joséphine leva les yeux sur Aidan McColley qui venait d'entrer dans la Salle Commune, son sac sur l'épaule. Y voyant là l'occasion d'échapper à une conversation aussi gênante que frustrante avec sa sœur, elle sourit largement à son Capitaine.

-Hé.

-Les sœurs Abbot complotent ? s'amusa-t-il en lâchant son sac à la place qu'avait occupée Bérénice plus tôt.

-C'est ce qu'on fait de mieux, prétendit celle-ci avec un adorable sourire qui creusa ses fossettes. Que peut-on pour toi, Capitaine ?

Aidan s'affaissa sur le sol, l'air fatigué. Son visage facilement rougi par la montée des sept étages lui donnait l'air d'un souafle irlandais.

-Pas grand-chose. Juste te dire qu'on a entrainement demain, après les cours. Essaie de ne pas être en retard cette fois, tu as déjà grillé tes deux jokers.

-Je suis toujours à l'heure quand tu lâches le Vif d'or !

-Mais tu loupes toujours la séance tactique ! Sérieusement c'est une insulte à mon travail, je mets des heures à les préparer !

Joséphine haussa les épaules, modérément impressionnée. La vérité, c'était qu'elle avait le poste qui demandait peut-être le moins de tactique. Attrapeur, c'était une question d'habilité, de vitesse et d'instinct alors elle ne voyait pas la nécessité de sa présence aux séances de tactiques. Elle observa Aidan, ses cheveux blonds-roux et ses pâles tâches de rousseurs ainsi que le badge qu'il abordait fièrement sur sa poitrine. Une version pauvre de Charlie Weasley, dans tous les sens du terme.

-Je la forcerais à être à l'heure, intervint alors Bérénice, provoquant le grognement de sa sœur. A coup de pied aux fesses s'il le faut.

-Bah tiens, j'aimerais bien voir ça, railla Joséphine en laissant sa tête aller vers l'arrière. Autre chose Capitaine ?

-Oui. Les premières années ont enfin leur deuxième séance de vol prévue pour la semaine prochaine, je me disais qu'on pourrait y faire un tour pour observer les futures recrues ...

-Vous savez que les Poufsouffle ont un nouvel Attrapeur ? leur apprit Bérénice d'un ton badin. Cédric Diggory, un deuxième année ...

Joséphine darda sur sa sœur un regard agacé. Comment pouvait-elle également se permettre d'être parfaite sur le seul terrain qui chez les Abbot n'appartenait qu'à elle ? Mais Aidan hocha la tête. Un pli soucieux était apparu entre ses sourcils.

-Oui, Alice Miller m'a dit ... Il parait qu'il est doué. Mais je ne me fais pas trop de soucis pour Poufsouffle : dans leur équipe, ils n'auront que lui. Leur Capitaine n'a fait entré que ses amis dans les postes qui leur manquait et leur Gardien est une véritable passoire ... Non, je pense qu'une nouvelle fois, ça va se jouer entre nous, Serpentard et Gryffondor. L'équipe de Charlie ne paye pas de mine mais ...

-Charlie est capable de gagner des matchs à lui tout seul, acheva Joséphine d'un ton suprêmement ennuyé.

-Et il l'a fait plusieurs fois ces dernières années, ajouta Bérénice. Je vois, ça craint encore pour nous ...

Aidan poussa un soupir défaitiste. La dernière fois que Serdaigle avait gagné une coupe, ils étaient tous les deux en première année. L'année suivante, le jeune Charlie de douze ans et la Capitaine Gwenog Jones qui jouait maintenant chez les Harpies de Holyhead avait permis à Gryffondor de gagner la dernière coupe avant les cinq dernières ne soient raflées par Serpentard, éteignant tous les espoirs des autres Maisons. Mais peu important la coupe pour Joséphine. Elle n'avait aucune ambition, ni professionnelle, ni collective. Le Quiddich, c'était juste un moyen assumé de tester ses limites, le challenge de s'imposer dans une équipe constitué de garçons et la façon la plus saine qu'elle avait trouvé de se défouler, d'hurler sa rage au monde entier sans que cela ne soit perspetible.

-Pas nécessairement, on va s'entrainer dur pour essayer de casser le règne de Serpentard, assura Aidan à Bérénice.

-Comme tous les ans, chantonna doucement Joséphine.

-Et un peu d'optimisme ne nous ferait pas de mal, Abbot ! Pour ta peine, dernière chose : Charlie te cherchait.

La phrase eut pour mérite d'effacer complétement le sourire cynique sur ses lèvres et la fit se redresser de telle façon à ce qu'on aurait pu la croire montée sur ressort. Son cœur s'était emballé de manière bien trop brusque.

-Quoi ?

Aidan échangea un sourire dépité avec Bérénice.

-Il revenait de l'entrainement : il m'a demandé de te dire qu'il avait besoin de te parler si jamais tu voulais bien descendre de ta Tour.

Le cœur de Joséphien manqua un battement et malgré elle, son regard alla trouver celui de sa sœur.

-Comment ça il n'est pas agenouillé devant la porte ?

-Oh Jo, soupira Bérénice. Ce n'est pas le moment de faire ta diva ...

-Non mais je rêve ! Qui a dit que je ne devais pas ramper devant lui ?

-Ce n'est pas ramper, là. C'est essayé d'arranger les choses, de parler en toute intelligence. Il fait un pas vers toi en voulant te parler ... alors il est peut-être temps de quitter la tour.

Joséphine réalisa alors qu'elle se sentait parfaitement bien, dans sa Tour, entre les montagnes et les étoiles, à essayer de faire entrer son monde dans l'espace quadrillé d'un échiquier. L'idée de descendre et d'à nouveau se confronter à la réalité de sa vie l'angoissa malgré l'attente qui l'avait grignoté de vouloir retrouver Charlie. Elle s'était retrouvée, avait retrouvé une dignité qu'elle avait crue disparue dans le miroir ouvragé de sa salle de bain.

-Et la partie ? protesta-t-elle dans un filet de voix.

Bérénice haussa les sourcils et observa l'échiquier abandonné où certaines pièces s'étaient même roulées en boule pour ronfler. Ses yeux sautèrent d'un pion à l'autre avec le vice de l'araignée jusqu'à ce qu'elle annonce :

-Mat en sept coups.

-Sérieux ? s'étonna Aidan, qui contemplait lui aussi le plateau. Comment tu ferais ça ?

Un sourire fier s'étala sur les lèvres de Bérénice. Joséphine savait que rien ne la comblait plus que de comprendre que malgré son statut de fille de quinze ans et surtout de femme, elle avait une intelligence supérieure. L'air dubitatif d'Aidan devait être pour elle le plus délicieux des nectars : en toute reine des araignées, Bérénice tissait de nouveau sa toile pour mieux dévorer sa proie. Elle congédia sa sœur d'un nouveau mouvement de la main.

-Jo ! Charlie t'attend !

-Je peux le faire poireauter encore un peu ...

Aidan et Bérénice la gratifièrent d'un long regard dépité et Joséphine finit par se sentir rejetée. Son Capitaine avait pris sa place en face de sa sœur, prêt à tenter de repousser l'inéluctable comme elle aurait dû le faire. Sa bouche se pinça en une mince ligne et elle finit par décréter avec une certaine froideur :

-J'y vais. A toute.

-A toute Jo !

Et sans se soucier du reste, Bérénice avança son pion.

***

Joséphine fulminait toujours d'avoir été jetée à bas de sa tour par sa sœur, rappelée d'un sifflement par Charlie et d'accepter cela beaucoup facilement. Trois jours à restaurer sa confiance en elle, à devenir plus que ce fantôme qui dépendant entièrement d'une autre personne. Elle passa une main troublée dans ses cheveux avant de la glisser sur sa gorge pour constater que son pouls battait à un rythme affolant. C'était donc ça l'amour ... ? Ne plus s'appartenir complétement, se sentir s'échapper, se voir dépérir en même temps que leur relation ? Elle n'était pas certaine d'apprécier cela. Cette sensation qui la parcourait depuis des semaines et contre laquelle elle luttait depuis trois jours depuis sa tour, celle qui semblait l'aliéner, éteindre sa flamme à petite feu. Elle était complétement dépendante de Charlie et de son attention. Bérénice avait raison : c'était navrant. Pathétique.

Et pourtant elle était là, à descendre les sept étages, sans maquillage, ses cheveux ondulaient autour d'un visage qu'elle savait blafard, sans savoir réellement où chercher. Aidan ne lui avait rien dit et elle aurait pu rester longtemps à errer jusqu'à ce qu'elle tombe enfin sur une personne susceptible de la renseigner. Joséphine retint un soupir résigné et ne tenta même pas de réprimer un ton ennuyé lorsqu'elle appela :

-Hé, Tonks !

La Poufsouffle se figea au milieu de couloir. Sa queue de cheval rose se démarquait admirablement de l'univers froid et gris du vieux château. Elle était étrangement seule et finit par se retourner de moitié, la main sur la lanière de son sac, sans l'ombre d'un sourire sur son visage.

-Abbot. Qu'est-ce que je peux pour toi ?

Et malgré son visage peu amène, elle restait polie, constata Joséphine, contrariée. Nymphadora Tonks, c'était une autre forme de perfection que Bérénice. La camarade adorable, souriante, solaire, celle qui fascinait avec ses talents de métamorphomage et impressionnait les professeurs par ses capacités de travail. La future Auror, reine de leur promotion chez qui la maladresse était plus attachante qu'autre chose. Même ses défauts alimentaient sa perfection. C'était extrêmement agaçant. Joséphine vouait un véritable combat à la perfection. Elle n'était acceptable que chez Charlie à ses yeux.

-Je cherche Charlie, annonça justement Joséphine sans prendre la peine de paraître aimable. Et comme tu es souvent collée aux basques d'O'Neil qui lui-même est l'ombre de Charlie ...

Les mèches roses de Tonks pâlirent, se rapprochant de la couleur et la consistance de la Barbapapa. Joséphine laissa échapper un sourire, fière de provoquer ainsi des réactions physiques chez la jeune fille.

-Je ne colle pas les basques de Farhan, rétorqua sèchement Tonks.

Ses yeux passèrent du bleu au marron le temps d'un clignement de paupière. Joséphine aurait pu rester longtemps à jouer ainsi avec Tonks à la regarder changer de couleur à chacune de ses piques mais sa main toujours appuyée contre sa gorge lui donnait une trop grande indication sur sa volonté de retrouver Charlie. Alors elle se contenta de fixer Tonks dans l'attente d'une réponse. La Poufsouffle se trémoussa et sa bouche se tordit.

-Et par ailleurs, il est parti travailler dans sa Salle Commune ... Sans Charlie. Je crois qu'il est parti voir Hagrid directement après les cours ...

Hagrid. Evidemment, pourquoi n'y avait-elle pas songé plus tôt ? L'irritation de Joséphine se manifesta par un claquement de langue. Il avait besoin de lui parler mais il allait se cacher chez Hagrid ? C'était une immense plaisanterie ?

-Très bien, murmura-t-elle d'un ton tremblant. Merci, Nymphadora.

-Tonks, rectifia-t-elle d'un ton sec. Je préfère Tonks.

Joséphine l'ignora superbement en faisant volte-face. Les exigences sémantiques de Tonks étaient bien le dernier de ses problèmes. Elle se dépêcha de descendre les derniers étages au pas de course et de sortir par les grandes portes du château pour pénétrer dans le parc. Le soleil brillait dans le ciel et rendait à l'herbe et aux nuances automnales leurs plus belles couleurs. Elle se mit à dévaler la pente qui menait jusqu'à ce que la cabane de Hagrid soit en vue. Elle s'immobilisa à ce moment-là, sur un plateau, le cœur au bord des lèvres. Sans pouvoir s'en empêcher, elle chercha dans sa cape à l'aveuglette avant de trouver son étui gravé et sa baguette. Sans lâcher la maisonnette du regard, elle en tira une cigarette qu'elle porta à ses lèvres et l'alluma d'une flamme tremblante de la pointe de sa baguette. Elle détestait cette cabane. Elle détestait que Charlie s'y réfugie, qu'elle en devienne une place inaccessible pour Joséphine, son jardin secret qui semblait être à pendant à tout ce qu'elle semblait lui faire subir. Elle expira sa fumée par les narines, tel un dragon furieux. Elle laissa échapper un petit rire en se demandant vaguement si la voir fumée comme un dragon la rendrait plus désirable aux yeux de Charlie. Son rire finit par s'étouffer dans une quinte de toux et son cœur se brisa en écho.

Ce n'est pas toi le problème. Il te l'a assuré, tu n'as aucune raison de ne pas le croire ... Il a promis qu'il trouverait une solution pour que cela s'arrange ...

Et comme pour achever de tenter son âme, ce fut à ce moment que la porte de la petite cabane s'ouvrit pour laisser les yeux de Joséphien apprécier la chevelure flamboyante de Charlie. Son cœur se serra quand elle se rappela que c'était grâce à cette rousseur éclatante et assumée par une certaine longueur qu'elle avait posé la première fois les yeux sur Charlie Weasley. Et si lui l'avait remarqué pour la première fois en la battant sèchement au Quidditch, elle avait su rapidement, d'un seul coup d'œil, comprendre le potentiel qu'il avait. Certes, il était auréolé de toute cette perfection qu'elle détestait : Attrapeur de génie, adulé par sa maison, adorable et avenant même dans la défaite. Mais contrairement à Bérénice ou Tonks, cette aura de sainteté était accompagnée par la sincérité. Tout cela, Charlie n'avait absolument rien fait pour l'attirer. Il se contentait d'être lui-même et ne comprenait pas toujours pourquoi chacun de ses gestes provoquait un mouvement de sympathie de la part de Poudlard. Parfois, il semblait même en souffrir et c'était peut-être ce qu'avait apprécié Joséphine. Il n'était pas parfait parce qu'il voulait l'être : il l'était, tout simplement. La seule chose parfaite de son monde.

Le cœur remonté dans la gorge, elle l'observa sortir, adresser un sourire et quelques derniers mots à l'intérieur de la cabane. Il repoussa avec un grand éclat de rire le chien noir qui s'infiltrait entre ses jambes et Joséphine tira si fort sur sa cigarette que sa bouche s'assécha d'un coup. Le soleil éclaira son visage détendu et réjoui alors qu'il fermait la porte derrière lui. Son pas était souple, assuré et un petit sourire retroussait ses lèvres. Ce petit sourire léger, instinctif, celui qui ne semblait jamais le quitter et pourtant, Joséphine réalisa qu'il y avait une éternité qu'elle ne l'avait pas vu jouer sur ses lèvres. Une éternité ...

-Bon sang, qu'est-ce qu'il y a là-dedans pour qu'il s'y épanouisse plus qu'avec moi ... ? souffla-t-elle, mortifiée.

Elle ne se pressa pas et acheva sa cigarette avec l'impression que cette simple question déclenchait une tornade dans son esprit. Elle n'avait pas menti à Farhan en disant que son cerveau allait beaucoup trop vite : il sautait d'une réponse à l'autre, d'un souvenir à l'autre en essayant de toute relier ensemble, mais la seule chose que cela provoquait chez elle c'était un marasme de sentiment négatif qui bouillonnait dans son ventre.

Elle s'ancra à la réalité, enfonça ses pieds dans la terre pour s'empêcher de céder à une pulsion chez elle qui la poussait à dévaler la pente et à sauter au cou de Charlie, garder avec elle cette dignité qu'elle s'était efforcée de restaurer. Elle était descendue de sa tour : pour les derniers mètres, c'était lui qui viendrait à elle. Elle attendit impatiemment, sa cigarette entre les doigts, qu'enfin son regard se lève et l'effleure. Et quand cela arriva, que ses yeux bleus rencontrèrent ses yeux noisette, son cœur manqua un battement et le beau sourire, si spontané, de Charlie s'effaça sur ses lèvres. Son pas ne ralentit pas mais sa belle assurance parut fondre : ses épaules se voûtèrent et sa main vint se visser sur sa nuque. Joséphine le contempla avaler les mètres qui les séparaient, fumant la cigarette jusqu'au filtre avant de ranger le mégot dans son étui. Charlie était assez prêt pour remarquer son geste et le simulacre d'un sourire effleura ses lèvres.

-Tu sais toujours quoi faire pour m'attirer ..., souffla-t-il avant que sa bouche ne se pince. McColley t'a fait passer mon message ... ?

-Oui. Et je suis affreusement déçue de ne pas avoir eu le droit à ta personne agenouillée devant la porte de ma Salle Commune. Avec des fleurs. Pourquoi je n'ai pas le droit à ça ?

Sans l'ombre d'un sourire, elle rangea son étui dans la poche de sa cape et défia du regard, impassible. Elle devait l'admettre : sa maîtrise l'impressionnait et l'air coupable qui se dessina sur le visage de Charlie apaisa quelque peu la tempête dans son esprit.

-Peut-être parce que je pense que tu en as assez des artifices et que ... tu as besoin de concret ?

Joséphine inclina la tête sur le côté, touchée. Plutôt que de le montrer, elle haussa les sourcils en une question muette.

-Et donc ?

Charlie parut hésiter. Il embrasa la place du regard, du château les surplombant à la forêt qui s'étendait à leurs pieds, comme s'il cherchait une échappatoire. L'idée était insupportable à Joséphine. Une nouvelle volonté de fuir de sa part.

-On n'ira pas se balader ? proposa Charlie.

Mais Joséphine sentit ses résolutions vaciller à l'idée. Si par malheur elle quittait l'ancrage qu'elle s'était créée, elle avait l'impression que le peu de dignité qu'elle avait réussi à se reconstituer s'écroulerait. Alors elle secoua la tête et ses longues mèches châtain s'enroulèrent littéralement autour d'elle comme des serpents.

-Non. Non. Si tu as vraiment la solution que tu cherchais, tu me la donnes ici et maintenant. Et crois-moi je n'ai aucun scrupule à être si autoritaire. Tu sais ce que ça fait d'attendre trois jours ton bon vouloir en haut de ma tour ?

La bouche de Charlie se tordit et il détourna le regard, l'air encore plus coupable. D'un geste compulsif, il arracha l'élastique à son poignet pour attacher ses cheveux mi-longs en un chignon par-dessus son crâne avant d'écarter les quelques mèches qui lui tombait dans les yeux.

-C'est ... Oh mille gargouilles, je ne sais pas par quoi commencer, c'est ... incongru.

Joséphine garda le silence, les dents serrées pour retenir le flot de paroles qui menaçait de l'envahir. Charlie hésita, longuement, trop longuement et les secondes s'étiolèrent avec pour seul meuble la brise qui semblaient s'engouffrer entre eux pour mieux les séparer.

-Déjà, il faut que tu comprennes que ... C'est vraiment une chose qui me concerne. Que j'ai encore du mal à accepter, à intégrer et ... je suis vraiment désolé, je sais que j'ai mis ta patience à rude épreuve et sincèrement ça mériterait que je me mette à genoux devant toi ... et vraiment ...

-Weasley ? Accouche.

Charlie prit une grande inspiration et laissa tomber ses bras plusieurs fois, comme pour se détendre et injecter du sang au bout de ses doigts, avant un match de Quidditch. Alors que les mots semblaient se bousculer sur ses lèvres, Joséphine vit avec stupeur une expression presque douloureuse traverser son visage. Brièvement, fugacement mais son regard d'Attrapeuse était vif.

-Déjà, il faut que je te rappelle quelque chose, c'est que je n'ai jamais été aussi attaché à une fille. Sérieusement, je pensais que le couple ce n'était pas fait pour moi ... jusqu'à ce que je te rencontre. Jo, je t'adore ...

-Tu sais, le coupa-t-elle sèchement, ma mère disait toujours que tout ce qui précède un « mais » ne compte pas. Et clairement, tout ton début de phrase appelle à un « mais » alors viens-en en fait.

Les lèvres de Charlie se pincèrent. Sa tête oscilla doucement d'une épaule à l'autre jusqu'à ce qu'il lâche :

-Mais. J'ai ... je ne suis pas comme les autres gars, Jo. Il y a des choses que ... je ne ressens pas de la même façon.

Joséphine fronça les sourcils, incapable de savoir comment elle devait comprendre ces paroles. Charlie le perçut pertinemment car il poussa un nouveau soupir. Après un instant d'indécision, il réduisit l'espace entre eux et prit la main de Joséphine avec une grande douceur. De ses autres doigts, il caressa sa paume et les veines sur son poignet dans un geste destiné à apaiser et qui malgré sa tempête intérieure arracha un frisson à la jeune fille.

-Quand je suis avec toi, je ne ressens pas ... les choses qu'on est censé ressentir. La passion, l'excitation ... Je ne la ressens pas ...

Joséphine retira sèchement sa main des siennes, piquée au vif. La tempête remonta de son estomac à sa poitrine avec une violence lancinante.

-Excuse-moi ?

Sa voix n'était pas plus élevée qu'un murmure, mais il était si furieux qu'il avait claqué à ses propres oreilles. Charlie sembla mortifié par sa réaction, mais également résigné, comme s'il l'avait anticipé.

-Arrête, Jo, je t'ai dit que ce n'était pas quelque chose qui te concernait. C'est moi. Apparemment, je serais ... asexuel.

Joséphine le contempla, bouche, une boule chauffée à blanc dans sa gorge qui ne demandait qu'à exploser. Le mot éveilla une lueur de curiosité qui lui permit de prolonger sa maîtrise et son ancrage.

-Asexuel ?

-Ce sont des personnes qui ne prennent aucun plaisir dans l'amour physique, expliqua Charlie, visiblement soulagé que Joséphine n'explose pas. Je ne savais pas du tout que c'était possible ... Il a fallu que je me renseigne mais ... c'est comme ça.

-Et comment ça se soigne ?

Charlie ouvrit de grands yeux, déconcerté, avant de comprendre la question de Joséphine. Il secoua la tête, l'air effaré.

-Non ... Non, Jo, ce n'est pas une maladie. Ce n'est pas quelque chose qu'on soigne. C'est ... Je suis comme ça, c'est tout. C'est déjà très dur pour moi de l'accepter, de comprendre et d'intégrer que ... c'est normal, ce n'est pas une anomalie.

Ce n'est pas une anomalie. Joséphine n'en croyait pas ses oreilles. Elle dévisagea ouvertement Charlie, les yeux grands ouverts, incapable d'elle-même d'intégrer ce qu'il était en train de lui expliquer. Son cerveau déformait tout, insinuait en elle une réalité différente qui fit monter l'abattement et la colère en elle. Ses poings se serrèrent.

-C'est tout ? C'est tout ce que tu as trouvé ?

Les larmes affluèrent à ses yeux et elle les repoussa d'un battement de paupières. Charlie l'observait, complètement déconcerté. Il fit un nouveau pas vers elle, esquissa un geste pour lui reprendre la main, mais Joséphine eut un mouvement recul. Erreur fatale. Son ancrage se brisa ; son monde vacilla. Elle enfouit son visage entre ses mains et une larme s'échappa entre ses doigts. Heureusement, Charlie ne put la voix et sa colère masqua son désarroi :

-C'est vraiment tout ce que tu as trouvé ? Asexuel ? Il était là le problème, tu ... ne ressens rien  ? 

-Ce n'est pas un problème, juste ... une réalité... 

-Pas un problème ? persiffla Joséphine, furieuse. Je te laisse visiblement de glace et ... Ce n'est pas un problème  ? 

-Ce n'est pas une excuse, c'est un ... vrai truc.

Mais la voix de Charlie manqua cruellement de conviction et une bouffée d'angoisse monta dans la poitrine de Joséphine. Une vieille angoisse, vieille comme elle.

-C'est moi ? Je ne suis pas assez bien, je ne te fais pas envie ?

-Oh par le caleçon de Merlin, gémit Charlie en se massant la tempe. Je le savais ...

-Quoi ?

-Que tu réagirais comme ça ! Que tu ramènerais tout à toi ! Tu m'as écouté, Jo ? C'est quelque chose qui me concerne. Ça n'a rien à voir avec toi, je ... Au contraire. Je t'adore, Jo, vraiment tu es peut-être la fille qui m'a fait le plus envie dans ma vie. Si ça ne marche pas avec toi, ça ne marchera avec personne.

Joséphine tenta de reprendre le fil de ses pensées, un semblant de logique, tenter de comprendre, mais son ancrage brisé avait balayé ses certitudes. Ses ongles irréguliers s'enfoncèrent douloureusement dans sa paume et une fois insidieuse s'inséra dans son esprit. Et voilà ... tu as joué avec et tu l'as cassé.

TAIS-TOI ! Le désespoir était tel qu'elle faillit l'exprimer à voix haute et la fit frémir. Faute de mieux, elle tenta de se créer un nouvel ancrage, un semblant de stabilité, les pieds plantés au sol, mes mains plongées dans les poches de sa cape. Retrouve le fil, Jo.

-Donc ?

Charlie cligna des yeux. En une seconde, elle venait de passer du feu à la glace.

-Donc quoi ?

-C'est quoi la conclusion ? Qu'est-ce que tu essaies de me dire ? Je ne t'excite pas – et que ce soit de ta faute ou de la mienne, peu importe. Qu'est-ce qu'on fait ?

La froide logique apaisait quelque peu les tourments qui l'ensevelissait complètement et malgré les mots de Charlie elle sentait que l'idée s'insinuait comme un venin. Tu ne lui plais pas ... Tu n'es pas désirable.

-Donc ... il va falloir que tu décides si tu veux faire avec ou non. Mais ... Jo, cette situation c'était intenable. Je ... je ne veux plus m'y confronter, je n'ai pas envie de ...

-Moi.

La froideur de son ton arracha un visible frisson à Charlie et Joséphine en reçut une certaine satisfaction. Garde la glace. Le feu attise le feu ; la glace l'accule.

-Je l'ai compris. Tu n'as pas envie de moi.

Les mots répandaient un goût de cendre dans sa bouche. Quelques flashs défilèrent et déchirèrent son esprit – leurs premiers émois dans la salle de bain des préfets, les baisers qu'elle avait voulu passionnés, leur première fois, dans les larmes et la rage ... toutes ses images chatoyantes se ternissaient lentement et lui crevait le cœur. Charlie lui jeta un regard penaud à travers ses cils.

-Je ... Joséphine, je crois que je n'aurais jamais envie de personne. Encore une fois, à toi de voir si tu peux faire avec ...

-Faire avec ? cingla-t-elle avec un ricanement incrédule. Tu veux quoi, qu'on reste ensemble sans être vraiment un couple, c'est ça ? Bon sang, c'était quoi, alors ? Nous c'était quoi ? Tout ça, c'était quoi ? Une corvée ?! J'étais une corvée, Charlie ?

L'expression de son visage, à la fois lasse, affectée et résignée, paralysa complètement Joséphine. Mais c'est ça ... Elle arracha ses deux mains de ses poches et les porta à son crâne, enfonçant ses doigts dans ses cheveux pour trouver un nouvel ancrage ; car sous ses pieds, le sol se dérobait. Elle se sentait à deux doigts de répondre tout entière à l'appel de la gravité.

Il était parfait et tu l'as brisé, souffla la voix sans trouver d'obstacle.

-Mais non, protesta néanmoins Charlie, fatigué. « Nous » ça ne résume pas à l'aspect physique ... J'ai adoré chaque moment passé avec toi, Jo, mais ... ceux-là gâchait tout, oui.

C'était la phrase de trop. La phrase que Joséphine ne pouvait supporter. Rien n'allait : renier complètement la lente exploration de leurs corps qui, même s'il ne l'admettait pas avait été une part de plus importantes de leur relation, et réduire cette part à cendre et amertume ... Et l'utilisation du passé. Charlie semblait lui laisser le choix. « Si tu peux faire avec ... » mais avait déjà pris la décision pour elle.

Parce que c'était clair. Joséphine ne pourrait pas faire avec. Une relation était-elle vraiment pleine sans intimité physique ? Pourrait-elle continuer à l'approcher tout en songeant qu'il était visiblement dégoûté par son contact ? L'idée lui fit monter des larmes brûlantes aux yeux et transforma son estomac en un nœud douloureux qui se tordit sur lui-même. Je gâche tout. Encore une fois, tu as tout gâché ...

-Va-t'en.

Sa voix n'était pas plus haute qu'un murmure, mais Charlie n'en recula pas moins d'un pas, comme heurté. Il l'effaça immédiatement en voulant s'approcher de Joséphine mais elle le repoussa d'un geste.

-Va-t'en ! Va-t'en, je ne veux plus te voir, va-t'en !

-Jo, arrête, murmura Charlie, une main en avant. Jo, je ne veux pas te laisser comme ça, je veux ... Ce n'est forcé ...

-Ah bon ? Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ?! Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? Tu ne peux pas me toucher alors va-t'en ! Je t'en supplie va-t'en !

Mais Charlie resta, les yeux tristes portés sur elle, mais tout dans ce regard lui fit insupportable. Ce regard lui crevait littéralement la peau. Pitié, douleur, résignation ; elle n'y voyait pas le dégoût. Elle ne l'avait jamais vu et pourtant il était là, sous-jacent, c'était forcé. Ses jambes faillirent se dérober sous elle, mais elle puisa dans ses dernières forces pour une dernière attaque : des deux mains, elle repoussa Charlie au torse. Elle avait beau être grande, Charlie pesait deux fois plus lourd qu'elle et bougea à peine : ce furent ses hurlements qui le firent enfin reculer :

-Mais tu ne m'as pas entendue ? Va-t'en !

Le cri lui détruisit la gorge, mais il sembla enfin atteindre Charlie. Il la dévisagea, un peu sonné.

-Tu veux vraiment que ça se finisse comme ça ... ?

-J'en sais rien mais je veux que ça se finisse !

Et voilà. C'était elle qui le mettait, le point final, qui prenait la décision. Qui reprenait le fil. Qui déchaînait les enfers en elle. Et Charlie le comprit. Un pas, puis deux en arrière, les yeux toujours rivés sur Joséphine en une expression de désolation qui lui était insupportable. Pars, pars avant que je te crève les yeux ! Ce regard, ce regard dans lequel elle s'était plongée et qui à présent la glaçait jusqu'au sang. Les gestes qu'elle avaient pensés plein de tendresses mais qui visiblement avait été forcés, arrachés – par elle, pour elle, peu importait. Chacun l'avait souillé.

Charlie finit par partir. Comprendre qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle avait besoin d'espace – peu importait la conclusion, la traduction fut la même. Il commença à dévaler la colline, jetant derrière son épaule des petites regards déchirés qui montraient qu'il n'était pas à l'aise avec la situation, peut-être même qu'il aurait voulu rester près d'elle. Mais s'il était resté, Joséphine aurait sorti la baguette – ou les griffes. Dans sa poitrine, une créature lui labourait le cœur.

Il était parfait mais tu l'as brisé.

Joséphine rassembla ses dernières brides de courage pour ignorer l'appel de l'herbe à ses pieds : elle suivit Charlie du regard, sa lente descente jusqu'au chemin qui l'amènerait au château, ses fréquents arrêts qui chaque fois obligeait son cœur à marquer le pas. Puis enfin, il disparut.

Joséphine inspira un long souffle lorsqu'enfin, la chevelure rousse de Charlie ne fut plus visible. Elle tenta d'appeler à elle une sérénité, quelque chose de positif. Je suis débarrassée. Plus besoin d'attendre son bon vouloir dans ma tour ... Je vais pouvoir me retrouver. Mais les mots amers avaient transformé les souvenirs en poison qui réveillait avec leur acidité des peurs qu'elle pensait enfouie. La fatigue, l'émotion et la douleur finit par l'étreindre assez pour que son souffle se mut en gémissement. La main portée à la poitrine, elle se recroquevilla sur elle-même et répondit enfin à l'appel délicieux de la gravité. Ses genoux rencontrèrent l'herbe dans un petit choc qui se répercuta au fond d'elle.

Bon sang ... mais qu'est-ce qui cloche chez moi ? 

Et enfin, elle s'écroula. 

***

Pitié, gardez à l'esprit que j'ai galéré à le réécrire ahah ! Mais bien sûr j'accepte vos critiques  - chapitre trop lourd, peut-être un peu trop drama - mais ça c'est le côté Joséphine, vous en conviendrez ... BREF j'attends vos réactions ! 

Je défendrais simplement Joséphine sur le fait qu'aucune fille des années 90 (et même beaucoup de notre époque) ne prendrait bien cette discussion. On n'admet peu que les garçons ne puissent pas éprouver de désir face à une fille et je pense que vous avez finir par le comprendre, Jo a des complexes et ça N'AIDE PAS. 

MAIS on finit par avancer sur l'intrigue que je veux mettre en place : ALLELUIA. Maintenant je vais trouver la citation du prochain chapitre, vous le poster et faire un point : BISOUS

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