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Chapitre 1 : Emporté par la foule ...

Juste pour le plaisir de vous mettre la chanson d'Edith Piaf en tête. 

Moi? Impatiente de vous montrer mon premier chapitre et de savoir ce que vous pensez de Farhan et de Charlie? JA-MAIS ! 

Non mais pour les premiers postes je préfère faire une semaine d'écart pour vous laisser appréhender rapidement l'histoire : le chapitre 2 sera posté vendredi prochain et à partir de là je prendrais le rythme d'une fois toutes les deux semaines ! 

Voilà, j'espère que vous apprécierez ! :D 

PS : Lille est champion de France de Football hiiii Perri si heureuse si vous saviez (ceux qui me suivent sur insta je pense que vous savez). ENSEMBLE NOUS SERONS TOUS VAINQUEEEEURS 


***

Une foule n'est pas une compagnie, les visages ne sont qu'une galerie de tableaux et la conversation n'est rien qu'un bruit de cymbales où il n'y a pas d'affection.

- Francis Bacon 

***


Chapitre 1 : Emporté par la foule ...

Samedi 11 août 1990

Il fait un soleil éclatant aujourd'hui. Vraiment, je suis aveuglée depuis ma chambre : ça donne une lumière magnifique dans la pièce. C'est pour ça que je suis heureuse d'avoir la plus petite des trois, c'est vraiment la mieux éclairée. Avec les tentures beiges et le lustre de cuivre, ça me donne l'impression d'être dans un nuage de douceur. Comme dans un rêve où l'air se colore de dorure. Je ne sais pas pourquoi les riches se sont appropriés cette teinte : elle appartient au soleil. Il n'a que lui qui sait faire ressortir au monde ses couleurs les plus pures.

Incroyable les conneries que je peux raconter en vacances ... Peut-être la pire période de l'année. Je n'ai tellement rien à faire que je provoque des disputes avec les parents, juste pour animer un petit peu ce manoir sinistre. C'est arrivé ce matin, c'est peut-être pour ça que j'écris ... Comme d'habitude. Déverser ma rage et ma colère par de l'encre. Me calmer par des banalités. Ce n'est pas un journal, c'est une carnet-catharsis. Heureusement, il est temps de retrouver le chaos du Chemin de Traverse ...

Enfin bref. Ophélia va se marier. Si si. Avec le petit-fils de Cornelius Fudge. Maman est si fier ... C'est plus difficile à dire du côté de papa mais je ne suis pas sûre qu'il apprécie pleinement l'heureux élu. Il va y avoir une grande fête de fiançailles juste avant la fin des vacances, avec toute la bonne société anglaise, peut-être même le Ministre lui-même. Je me demande si je vais pouvoir imposer Charlie ...

Quelle question. Evidemment que je vais leur imposer Charlie. C'est mon seul moyen de survivre à cet enfer.

***

-Vous auriez Sorts et enchantement niveau 5 ?

-Je ne trouve pas le manuel de Potion ! Rupture de stock ? A la veille d'une rentrée des classes, c'est scandaleux !

-Papa, je pourrais avoir ce livre sur les Tornades ? S'il te plait !

-Monsieur ! Monsieur, j'aimerais être encaissée ! Ma fille entre en première année, nous avons nombre de magasins à encore visiter !

-Ça ne vend pas de BD ici ? Pff !

La mention des bandes dessinée à elle seule décida Farhan O'Neil à lever le regard sur la foule à ses pieds. Perché en équilibre précaire sur la plus haute étagère de Fleury et bott, il avait une vue parfaite sur la fille aux cheveux bouclés qui râlait copieusement contre le manque de diversité dans la boutique. Fâchée, elle claqua la porte qui teinta une seconde plus tard avec de nouveaux parents, de nouveaux élèves venus pour la rentrée. Le pauvre libraire devait faire face à une armée munie d'effrayante listes scolaires à l'encre verte et de Gallions trébuchants qui rendaient la tâche acceptable. Farhan réprima le sourire mesquin qui lui venait aux lèvres. Il appréciait la boutique pour ce qu'elle était, et le libraire qui le laissait hanter les étagères. Malheureusement, le libraire dut voir des traces d'amusement sur son visage car il brandit le poing en sa direction.

-Hé, petit ! Je te vois ! Alors si tu ne veux pas que je te renvoie à ton père avec un coup de pied aux fesses, efface-moi ce sale sourire de ton visage !

-Désolé, Randolf !

Randolf secoua la tête d'un air désabusé et encaissa la femme qui lui tendait une pile conséquente de livre – pour une première année, certainement. Farhan ferma son grimoire et se pencha un peu pour apprécier le monde qui fourmillait à ses pieds. Le Chemin de Traverse était toujours dans une effervescence hors norme l'été. Petit, il avait fui cette agitation de grands sorciers qui se préoccupait peu du gamin maigrichon qu'il était et lui marchait volontiers sur les pieds mais en grandissant il goûtait parfaitement ce parfum d'exaltation. Chaque été était un éternel recommencement, une nouvelle page blanche qui se tournait pour chaque élève de Poudlard et il trouvait le phénomène aussi fascinant que délectable. Farhan tripota la couverture du grimoire qui se déployait sur ses genoux, vaguement mélancolique.

Sept pages à noircir. Et il arrivait à la dernière.

En contre-bas, le peuple sorcier n'avait cure de ses états d'âmes et poursuivait sa quête acharnée des fournitures. Conscient des effets de foule, Farhan avait pris soin d'acheter des livres dès qu'il en avait reçu la liste, au cœur du mois de juillet. Il n'aimait pas être au cœur des mouvements de grande ampleur, mais prenait un malin plaisir à les observer depuis le haut de son étagère, accessible par l'échelle du libraire. Son meilleur ami Charlie disait souvent qu'il aimait contempler le chaos depuis sa tour d'ivoire et que c'était justement pour cela que le Choixpeau l'avait envoyé à Gryffondor : pour qu'il se mêle du chaos.

Farhan tressaillit et ferma les yeux lorsque l'étagère trembla sous lui face au brouhaha et l'agitation constante. Dans son esprit, les échos se mêlèrent aux explosions et aux cris et tout tangua autour de lui.

Non ! Non, reculez ! Shahrazade !

Il lâcha le livre pour s'agripper aux étagères et fit preuve d'une immense volonté pour ouvrir les yeux et s'ancrer à la réalité. Ce qui avait provoqué le tremblement était la chute des livres de la bibliothèque sur laquelle il était perché, et tout ce qu'il voyait depuis sa hauteur était les grimoires qui se déversaient par dizaines droit sur une petite silhouette perchée sur une échelle et qui croisait les bras au-dessus de sa tête. Chassant les échos de sa tête, il tira sa baguette et cria en même temps que deux ou trois autres voix :

-Immobilis !

La chute des livres s'arrêta brusquement et l'ensemble des grimoires se trouvèrent en suspension dans l'air comme d'étranges oiseaux dans la boutique. La fille sur l'échelle jeta un regard inquiet vers le haut avant de souffler de soulagement. Farhan soupira en découvrant une queue-de-cheval d'un rose fuchsia et un visage en forme de cœur qui se fendit d'un grand sourire quand ses yeux se levèrent vers lui.

-Hé ! Merci du coup de main, Farhan !

-Qu'est-ce que tu as fait, Tonks ?

La jeune fille haussa les épaules d'un air penaud et monta les barreaux de l'échelle pour attraper les livres en suspension. Le cœur de Farhan s'arrêta de battre quand elle tendit un bras vers l'un d'autre eux, le corps à moitié dans le vide, en équilibre précaire.

-Tonks, tu vas tomber !

-Mais non !

Elle attrapa le livre d'un geste brusque et l'échelle trembla. L'un des sorciers qui avait sorti la baguette et qui s'évertuait à présent à attraper les livres à sa portée se précipita pour agripper l'échelle et la stabiliser. Son visage rond était livide.

-Dora ma chérie arrête !

-Je m'en occupe, toi descends ! renchérit le libraire, entre irritation et résignation.

D'un coup de baguette, il rangea tous les livres que Tonks avait fait tomber. Loin d'être décontenancée par l'inquiétude de son père ou le regard furieux que Randolf dardait sur elle, Tonks grima l'échelle jusqu'en haut. Les barreaux tremblèrent sous ses derniers pas maladroits, aussi Farhan se dépêcha de lui tendre de la main et de l'aider à se hisser sur son perchoir. Il retint un profond soupir.

Maintenant qu'il y songeait, faire monter Nymphadora Tonks, Miss Catastrophe de Poudlard, sur une échelle à trois mètres du sol, c'était criminel.

-Ouf, haleta la jeune fille en repoussa une mèche de cheveux rose sur son front. C'était moins une. Comment tu vas ? Oh papa ! On se rejoint tout à l'heure au Chaudon Baveur !

Elle se pencha pour faire un signe à l'homme au visage rond en bas et Farhan se retint de la plaquer contre le mur pour éviter qu'elle se penche davantage. Son père paraissait d'ailleurs inquiet et il ne pouvait pas lui ne vouloir. Pour le voir tous les ans, perchés depuis son étagère, Mr. Tonks était un homme profondément bon et qui aimait profondément sa fille – et dont la bedaine grossissait d'année en année. Devant les gestes insistants de Tonks, il finit par céder et disparut dans la foule qui se disputait toujours le moindre manuel scolaire dans une cacophonie dissonnante.

-Un jour, tu vas lui briser le cœur à cet homme, lui lança-t-il avec un sourire.

-Oh ça attendra le jour où je me marierais ! Comment tu vas alors ? Tes vacances, raconte ? Tu ne veux pas qu'on aille se promener ?

-En pleine cohue des fournitures scolaires ? Non merci !

Tonks éclata de rire. C'était sans doute la créature la plus étrange qu'il n'avait jamais vu à Poudlard. Cheveux roses, grosses chaussures noires à semelles épaisses et portant toujours un tee-shirt punk sous son uniforme de Poudlard, Tonks était à la fois la sorcière la plus brillante et la plus maladroite qu'il lui eut été donner de voir. Elle débordait d'une énergie folle, solaire, positive et fascinante avec ce don inné de pouvoir changer d'apparence à volonté. Chourave et Dumbledore en personne avait tenté de l'obliger à s'en choisir une afin de ne pas décontenancer professeurs et élèves – et prévenir toute illégalité – Tonks avait du mal à se fixer. Mais c'était bien elle et la source de sa maladresse légendaire : elle était un véritable feu follet.

-Franchement, je me demande comment tu peux rester aux basques de Charlie Weasley en étant si peu sociable !

-Justement parce que Charlie prend toute la lumière, rétorqua Farhan en fermant son livre, résigné. Alors toi, ton été ?

-Pas mal. Oh mais regarde qui vient de passer la porte !

La cloche de Fleury et Bott venait en effet de teinter et Farhan baissa les yeux. Aussitôt, il comprit pourquoi le ton de Tonks s'était teinté d'espièglerie et il sentit ses joues s'embraser. C'était dans ces cas-là qu'il remerciait son teint basané de méditerranéen : son embarras n'était pas toujours visible.

En bas, deux jeunes filles venaient de passer la porte, devançant de peu leur mère dans sa belle robe de sorcière verte, raffinée et élégante. La plus petite des filles avait ses cheveux châtain ramené en une ravissante tresse et avait un immense sourire qui creusait des fossettes sur ses joues rebondies. Elle était absolument adorable. La plus grande attirait moins l'attention et s'était par ailleurs perdue dans la foule, mais Farhan réussit à la suivre du regard. Grande et agile, elle dépassa souplement chaque personne avant de s'isoler dos à eux, devant les manuels de Métamorphose. Tout ce que Farhan percevait était cette longue chevelure châtain aux reflets de cuivre Tonks renifla avec dédain.

-Joséphine Abbott. Palmarès : n'a jamais pardonné à une pauvre petite Poufsouffle d'avoir pris la tête de classe.

-Tu veux rire ? Tu l'as semé dans la poussière, plutôt !

Les lèvres de Tonks se retroussèrent en un sourire fier. Il avait toujours trouvé ça parfait que cette jeune fille venait de l'unique Maison qui ne cherchait pas la gloire se retrouve propulsée meilleure sorcière de leur promotion. Pourtant, rien n'avait été évident : durant leurs premières années à Poudlard, c'était Joséphine Abbott, de Serdaigle, qui s'était élevée comme meilleure élève de la classe et Tonks avait vite été catégorisée dans les catastrophes en faisant exploser son chaudron dans les premières semaines. Farhan avait été son binôme tout le long de la troisième année et l'avait aidé à progresser, fort de ses talents en la matière. Puis Tonks avait pris confiance, appris à travailler et à manier la magie au moment où Joséphine semblait s'écrouler.

La jeune fille venait justement de tirer un grimoire de l'étagère et le consultait. Tournée de trois-quarts, Farhan pouvait enfin voir son visage de la couleur laiteuse de ceux qui ne voyait jamais le soleil. Une mâchoire carrée donnait à son visage un aspect buté, volontaire mais moins harmonieux que celui toute en courbe de sa jeune sœur avec laquelle elle partageait pourtant un nez retroussé et de grands yeux couleurs noisette.

-Tu la mates, accusa Tonks d'un ton malicieux.

-Mais non ! protesta Farhan en détournant immédiatement le regard.

-Je ne comprends pas, elle est même pas si belle que ça ... Je te pensais libéré de ton obsession ?

-Mais je ne suis pas obsédé ! s'étrangla Farhan, horrifié. Je ne l'ai jamais été, c'était juste ... un crush. Et encore, ça fait des années que c'est fini !

-Heureusement, tiens ...

Farhan faillit donner un coup d'épaule à la jeune fille avant de se souvenir qu'elle sera bien capable de dévaler dans le vide si jamais il la bousculait. Sans pouvoir s'en empêcher, son regard chercha Joséphine dans la foule et s'y arrima rapidement. Elle allait d'étagère en étagère avec sa jeune sœur mais contrairement à celle-ci elle s'attardait rarement pour ouvrir les manuels ou saluer une connaissance. Joséphine Abbott, c'était le genre de visage qu'on n'oubliait pas. Il se souvenait de la première fois où il l'avait vu. C'était dans la boutique d'apothicaire de son père, à l'autre bout du Chemin de Traverse et elle avait alors montré un tout autre visage. Il se souvenait de ses grands yeux curieux plantés sur les bocaux, des questions incessantes qu'elle avait posé à son père sur les capacités des ingrédients, la farouche détermination qu'elle avait montré à avoir chaque réponse malgré la réprobation de sa mère. Les premiers jours, elle était restée le seul visage qu'il connaissait à Poudlard, le seul qu'il reconnaissait, une sorte de point d'ancrage aussi informel qu'absurde compte tenu du fait qu'ils ne s'étaient jamais adressé la parole.

-Oh, Farhan ...

Il avait lui aussi perçu ce qui avait arraché la plainte à Tonks : un garçon s'était approché de Joséphine et celle-ci s'était jetée à son cou, le visage illuminé. Un garçon grand, musclé, aux cheveux d'un roux flamboyant qui en faisait une cible parfaite pour le regard averti de Farhan.

-Sérieusement, ça ne te dérange pas que ton meilleur ami sorte avec ton crush ? demanda Tonks d'un ton perplexe.

-Ancien crush, précisa Farhan quand Charlie Weasley se détacha de Joséphine. Et non, ça ne me dérange pas et il m'a demandé cent fois la permission avant d'accepter de sortir avec elle.

-Drôle de couple, il n'empêche.

-Deux Attrapeurs ...

C'était le Quiddich qui les avait rapprochés, lui avait raconté Charlie quelques mois plus tôt, après que Joséphine l'avait embrassé pour la première fois. Elle ne l'avait jamais battu et si au début cela avait rendu la jeune fille folle de rage, elle avait fini par apprécier la simplicité et la nonchalance de Charlie. En même temps, qui n'aimerait pas Charlie Weasley ? Il avait tout pour lui : préfet, capitaine, Attrapeur, charismatique, drôle, avenant, il avait tout du gendre idéal et c'était sans doute pour cela que la mère Abbott lui sourit largement quand Joséphine le lui amena.

-Tu es prête pour la dernière année ? finit par s'enquérir Farhan alors qu'en bas, Mrs. Abbott échangeait quelques mots avec Charlie. Prête pour devenir Auror ?

-Arrête, je ne sais même pas si j'y arriverais, rit Tonks en repoussant une mèche rose qui lui tombait dans les yeux. Peut-être, si tu es là pour m'aider en Potion ...

-Oh, il y a longtemps que l'élève a dépassé le maître ...

-Mais non, tu restes le meilleur élèves en Potion. C'est qui rend Rogue si furieux : un Gryffondor premier dans sa classe ! ça n'a pas dû lui arriver depuis qu'il enseigne avec les mauvaises vibrations qu'il donne ... Tu es sûr que tu ne veux pas ... je ne sais pas, devenir potioniste, travailler pour Ste-Mangoust ?

-La seule personne pour laquelle je travaillerais, c'est pour mon père, rétorqua Farhan avec lassitude.

Tonks n'était pas la première à s'étonner de son manque d'ambition compte tenu des talents naturels qu'il avait pour les Potions. McGonagall comme Charlie tentait de le pousser vers d'autres voies, mais la vérité c'était que Farhan n'était jamais plus heureux que dans la boutique où il vivait depuis ses cinq ans ou au milieu des serres humides de Botanique où ils collectaient l'objet de leur commerce. Il n'avait jamais imaginé une autre voie que de reprendre la boutique et cela tombait à point nommé car son père Nolan O'Neil, âgé de cinquante-neuf ans, commençait à voir sa santé décliner. Au début, ça n'avait été que des quintes de toux, des blocages de dos dû à la pénibilité de son travail dans les serres dans sa jeunesse, mais les passages à Ste-Mangoust se faisaient de plus en plus fréquent. Une en particulier au début de l'été avait donné des sueurs froides à son fils : ils avaient dû transplaner d'urgence et Nolan avait été admis plus d'une semaine à l'hôpital. Il avait deux employés sous ses ordres, mais Farhan ne s'y trompait pas : son père avait besoin de renfort. Et il était fier de reprendre le flambeau.

Tonks paraissait mal à l'aise. Elle s'était mise à regarder ses chaussures alors que sous leurs pieds, le monde continuait de défiler.

-Tu sais, tu seras son fils quoi qu'il arrive, commença-t-elle d'une voix prudence. Ce n'est pas parce que tu ne reprends pas la boutique que ...

-O'NEIL !

-Choukran* , soupira Farhan, soulagé de voir Tonks ainsi coupée dans son élan.

Mais l'agacement vint vite quand les sonorités arabes vinrent lui chatouiller les oreilles. C'était des habitudes qui le reprenait lorsqu'il cessait de réfléchir : son cerveau n'avait pas oublié qu'il n'était pas né ici et que l'anglais n'était pas sa langue maternelle. Fuyant le regard étrange de Tonks, il se pencha en avant pour découvrir que Charlie s'était détaché des Abbott – qui avait par ailleurs disparues de la boutique – et le fixait depuis le bas des étagères, les poings sur les hanches.

-Descends de là, le suricate ! Il faut qu'on cause !

-J'arrive ! (Il se tourna vers Tonks avec un sourire contrit) Désolé mais ...

-Je comprends. Juste ... Comment je fais pour descendre ?

Farhan considéra Tonks, ses grosses chaussures et l'échelle sur laquelle elle avait tombé une centaine de livre et faillit dévaler une ou deux fois, avant d'en déduire que c'était une cause perdue. Pourtant, il fut bien obligé de la précéder sur l'échelle, baguette en main au cas où elle dégringolerait brusquement. Ce fut la descente la plus périlleuse qu'il eut jamais entamé et Farhan se sentit pour une des rares occasions l'âme d'un véritable Gryffondor quand il posa le pied à terre et tendit la main à Tonks pour qu'elle bondisse après lui. Radieuse, elle adressa un grand sourire à Charlie.

-Et sans tomber ! Qu'est-ce que tu dis de ça, Weasley ?

-Bravo, Nympha ... Tonks, rectifia-t-il quand la jeune fille lui jeta un regard acéré. Pardon, je ne m'habitue pas.

-Humpf, grogna-t-elle, dubitative. Bon, je te le laisse. Essaie de le socialiser !

-Hé ! lança Farhan, vexé.

-On se retrouve à Poudlard !

Avec un grand sourire, Tonks s'en fut, sa queue de cheval rose bondissant joyeusement entre ses omoplates et la rendant unique dans la foule. Quand elle sortit de la boutique, ses cheveux avait changé de couleur et étaient passés à un joli blond miel qui étincelait au soleil. Fière d'elle, elle leur envoya un baiser à travers la vitrine et disparut. Farhan eut un sourire amusé qui s'effaça lorsqu'il croisa le regard entendu de Charlie.

-Oh non.

-Quand est-ce que tu l'invites à sortir ?

-Mais jamais ! C'est une amie, Charlie, exactement comme toi !

Mais Charlie semblait sceptique. Il n'était pas grand, malgré son immense réputation mais ses épaules étaient deux fois plus larges que celles de Farhan et son tee-shirt orange des Canon de Chudley semblait étroit pour son puissant poitrail. Un physique impressionnant complétement démenti par son visage franc et constellé de taches de rousseur et le sourire qui retroussait toujours ses lèvres.

-Ah non, moi je suis quand même à un niveau au-dessus parce que je suis ton meilleur ami, rappela Charlie d'un air important. Au fait : tiens-toi prêt.

-Quoi ?

-Farhan !

Farhan eut juste le temps de pivoter pour accueillir les bras ouverts de la mère de Charlie, Molly. Sans attendre qu'il soit prêt, elle m'enlaça et le força à courber l'échine pour qu'elle puisse embrasser sa joue.

-Mais c'est que tu as encore grandi, par Merlin !

-Je suis presque sûr que c'est grâce à la tarte à la mélasse que j'ai mangé chez vous la semaine dernière, plaisanta Farhan en se massant la nuque. Encore merci, Mrs. Weasley.

Mrs. Weasley eut un sourire rayonnant et tapota la joue du jeune homme d'un geste affectueux. Derrière elle, les jeunes frères de Charlie, des jumeaux de douze ans, tentaient déjà de grimper à l'échelle mais le plus vieux des frères, Bill, qui venait d'achever ses études, les ramena au sol d'une main ferme. Il tenait encore le col de l'un d'entre eux quand il tendit une main amicale à Farhan. Plus grand et plus fin que Charlie, il partageait néanmoins cette chevelure rousse que les deux portaient plutôt longue – à ceci prêt que les mèches de Bill était raides et soignées quand celles de Charlie ondulaient facilement.

-Ça va mon grand ? Prêt pour la dernière année ?

-Je crois qu'on n'est jamais vraiment prêt ...

Bill eut un grand sourire. Le jumeau au bout de son bras faisait de grand geste pour se dégager mais la main de l'aîné restait ferme sur son col.

-Je comprends. Et pour tout te dire, on ne s'habitue jamais réellement à quitter la place ... Déjà un an que j'ai quitté Poudlard et pourtant j'ai l'impression que je dois encore y retourner !

-Ça c'est parce que tu n'as pas encore quitté les bancs de l'école, plaisanta Charlie. T'es encore un gamin.

De sa main libre, Bill donna un coup de poing dans l'épaule pourtant puissante de Charlie.

-Moque-toi ! Je suis en train de rendre mes derniers dossiers et dans deux mois j'ai fini ma formation, crétin. Je serais un vrai adulte. (Il secoua le jumeau qu'il tenait toujours par le col, un sourire aux lèvres). Tu entends ça Freddie ?

-Oui, glapit Fred, à moitié étranglé. Tu pourras me botter les fesses, j'ai compris !

-Je peux déjà te botter les fesses. Il faut juste que maman n'y regarde pas de trop près.

La mère en question lui donna une tape sèche sur le torse, le regard étincelant. Fred en profita pour se dégager et se dépêcha de rejoindre son jumeau, un air machiavélique sur le visage. Bill soupira et écarta largement les bras.

-Maman ! Tu as fait s'échapper ma proie !

-Tu seras un adulte le jour où tu aurais un métier, William Weasley. Tu as envoyé tes lettres au Ministère ?

Bill resta impassible face à l'air accusateur de sa mère. Derrière eux, Arthur, le père, feignait d'être absorbé parce que leur cadette babillait en pointant les livres sur la Divination.

-Je le ferais quand j'aurais fini ma formation, maman. J'ai encore des tonnes de dossier à rendre et ce n'est pas facile de se concentrer dans cette maison avec six enfants qui courent partout.

-Tu me comptes dans les six ? s'offusqua Charlie, une main sur le cœur.

-C'est même toi le chef de la bande !

-Personne n'entre à Poudlard cette année ? demanda Farhan d'un air affable.

Il savait d'expérience que l'ambiance chez les Weasley pouvait facilement s'enflammer et il préférait la désarmorcer avant qu'une dispute éclate dans cette famille et n'aggrave son mal de tête causé par la cacophonie ambiante. Mrs. Weasley se radoucit en posant les yeux sur Farhan et Charlie lui jeta un regard reconnaissant par-dessus l'épaule de sa mère.

-Non, Ron se sera l'année prochaine. Où est-il d'ailleurs ? Ron !

-Qu'est-ce que tu veux, à sept on s'y perd, lui souffla Charlie avec un sourire mutin. Mais bon si on dépose Percy ici toute l'après-midi, je suis sûr qu'il ne bougera pas, Bill se charge de Fred, on prend George avec nous et papa s'occupe de Ron et Ginny pendant que maman fait les courses !

-Comment ça, « maman fait les courses » ? répéta Mrs. Weasley, les yeux plissés. Tu es majeur non ? Alors tu vas faire tes courses tout seul pendant que je m'occupe de tes frères.

Sur ce, elle prit la main du plus jeune d'entre eux – roux également, comme les boucles désordonnées de sa mère ou la tignasse peu soignée de son frère – et adressa un dernier sourire à Farhan.

-Et toi tu viens à la maison quand tu veux, et on se revoit le 1er septembre.

L'air profondément maternel de Mrs. Weasley toucha comme d'habitude énormément Farhan, qui en perdit ses mots et se contenta d'acquiescer. Elle prit ses deux cadets par la main et se dépêcha vers les jumeaux qui avaient tout de même réussit à faire tomber les livres disposés en tête de gondole. En sortant, elle ordonna à Bill s'arracher leur dernier frère, Percy, à sa lecture. Charlie soupira.

-Merlin qu'elle peut être étouffante ...

-Je n'en sais rien ... Je la trouve parfaite.

-Ça, c'est parce que tu n'as pas d'outils de comparaison.

Farhan leva les yeux au ciel et accompagna son meilleur ami aux quatre coins de la boutique pour acheter ses manuels. Ce rappel peu délicat de sa situation ne le heurtait plus depuis longtemps : il était le premier à plaisanter sur le fait qu'il avait grandi sans mère. Il n'était pas sûr d'avoir ressenti le manque tant son père avait une place omniprésente dans sa vie. Par automatisme, sa main effleura la chaine à son cou. Il attendit d'être sorti de la boutique pour en sortir le pendentif qui y pendait. Il représentait une main d'argent, les doigts resserrés et serties de pierres émeraudes et de jade. Farhan avait fait assez de recherche pour savoir que, de là où il venait, on appelait ça le Khmasa ou « La main de Fatima » du nom de la fille du prophète de la religion musulmane.

La seule chose qui lui restait de son monde avant ses cinq ans.

Il effleura l'œil au centre de de la paume, celui qui était justement censé chasser le « mauvais œil », qui faisait du Khmasa un talisman en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

-Farhan ?

Farhan replia précipitamment ses doigts sur le bijou et se rendit compte qu'il était arrêté au milieu de la foule. Charlie, quelques mètres devant lui, lui jetait un regard perplexe avant de ses yeux ne glissent devant son poing refermé. Ses lèvres se pincèrent et Farhan lui adressa un petit sourire.

-Je déteste quand tu me regardes comme ça.

-C'est le regard de l'ami inquiet.

-C'est moi qui devrais être l'ami inquiet. Ta copine t'a fui bien vite, non ?

Charlie s'empourpra et se trouva un intérêt soudain pour la vitrine de Tissard et Brodette. Or, il se trouvait que la boutique de luxe exposait justement un modèle de robe de mariée qui dansait seul dans la vitrine avec son bouquet de fleur et la flambée de Charlie s'étendit à ses oreilles quand Farhan éclata de rire.

-Oh, arrête le suricate ! persiffla-t-il en se détournant. Pour tout te dire, elle est chez ton père. Du coup, on va à la boutique de balai ! J'ai besoin d'une nouvelle boussole si je veux pouvoir enfin écraser Serpentard.

-Le rêve de ta vie ...

-L'objectif de ma vie, rectifia Charlie.

Il entraina Farhan sans vergogne jusqu'à la boutique d'accessoire de Quidditch et Charlie examina les boussoles avec la plus grande des attentions. C'était sans doute la plus grande blessure du Capitaine de Gryffondor à ce jour : être un élément modèle, star de l'équipe, véritable virtuose de sa discipline dans une équipe qui ne valait pas une noise. C'était à un point que Charlie avait supplié Farhan de postuler au poste de Poursuiveur, deux ans plus tôt mais malheureusement il était aussi à l'aise sur un balai qu'au milieu d'une foule. Néanmoins, Charlie avait ressorti Gryffondor des abysses : il avait gagné la coupe dès sa première année avec des performances étincelantes du haut de ses douze ans. Puis l'équipe orpheline de sa Capitaine Gwenog Jones, qui à présent jouait en professionnelle, avait enchainé les quatrièmes et troisième place jusqu'à ce que le brassard atterrisse sur le bras de Charlie deux ans plus tôt. Il avait alors fait remonté Gryffondor à la deuxième place, à la lutte derrière les intouchables de Serpentard qui raflaient toutes les coupes depuis quatre ans.

-Ce sera qui le Capitaine l'année prochaine ? demanda Farhan quand ils sortirent de la boutique avec la boussole la moins chère. Le Gardien ?

-Dubois. Oui, pas le choix, c'est le plus âgé. C'est une hécatombe cette année, je dois renouveler la moitié de l'équipe, dont les deux Batteurs.

-Pas de quoi faire une croix sur la coupe, non ? Tu vas l'avoir, cette fois.

Le sourire de Charlie se figea sur ses lèvres et il rangea souplement la boussole dans le sac qui contenait déjà ses manuels scolaires.

-On verra. Bon, on va dire bonjour à ton père ?

-Et risquer de croiser ta copine ? Qu'est-ce qui se passe, raconte !

Charlie rejeta sa tête en arrière et poussa un soupir à en faire trembler les pavés. Un véritable dragon. La rougeur qui avait mis du temps à disparaître revint en force.

-Sa grande sœur se fiance dans dix jours, elle veut que je vienne. Sauf que ... Bon sang, les Abbot ! Tu me vois au milieu de la bonne société sorcière ? Il parait que le Ministre sera carrément là ! Attends que je dise ça à mon père ...

Il observa sa main, comme s'il l'imaginait tenant une coupe d'hydromel vêtu d'une robe de soirée et que la vision lui faisait horreur. Farhan réprima le sourire amusé qui lui venait aux lèvres.

-N'y va pas si ça te dérange.

-Je pense que j'irais, ne serait-ce que pour soutenir Jo, soupira Charlie, résigné. Elle va se jeter du toit si jamais je la laisse seule face à ça. Mais il va falloir que je demande à mon père son costume qu'il met pour les grandes occasions au Ministère, il est usé et repassé ... Déjà que le père de Jo ne m'aime pas beaucoup ...

-Il n'a pas essayé de te connaître. Et pour le costume, attends, on va demander au mien. Attention ...

Il agrippa le bras de Charlie pour le dégager avant qu'il ne marche sur les pieds d'une fillette. La petite fille, effrayée, courut se réfugier dans les jupes de sa mère et Charlie pesta le reste du trajet sur la ville, sa foule et son manque de verdure. La boutique d'apothicaire fut en vie, reconnaissable par la queue qui débordait le long de sa vitrine. Farhan n'eut aucune vergogne à faire passer Charlie malgré la protestation des passants et huma avec soulagement l'air teinté de sauge et d'odeurs herbacées qui indéniablement le faisait sentir chez lui. Son père avait mis toutes ses économies dedans quelques années plus tôt, pour réaliser un rêve autant que pour offrir un environnement sain à Farhan et s'il admettait que parfois, l'Irlande lui manquait, Farhan lui était reconnaissant d'avoir pris cette décision. Il avait adoré grandir ici. La boutique était bondée d'élève venus chercher leur nécessaire à Potion pour l'année et ils ne tardèrent pas à remarquer les filles Abbott et leur mère devant la caisse tenue par Nolan O'Neil. Il leva un œil courroucé en voyant un ombre s'approcher de ses comptes mais un sourire fit frémir sa moustache grise quand il identifia les nouveaux venus.

-Où est-ce que tu étais, toi ? On a besoin de monde en boutique.

-A Fleury et Bott, répondit Farhan avec un sourire. Mais je t'amène Charlie pour le renfort !

Charlie donna à son meilleur ami un coup de pied dans le tibia. Les yeux de Nolan étincelèrent. C'était un homme assez petit, râblé aux longs cheveux gris attachés sur sa nuque et à la moustache de fer sur une lèvre presque inexistante. Quelques tâches de rousseurs demeuraient pour rappeler ses origines irlandaises, ainsi qu'un accent de Belfast à couper au couteau. Il se pencha sur Mrs. Abbott avec un petit sourire.

-Veuillez le pardonner, madame, mon fils me dérange toujours dans les pires moments ... Vous savez ce que c'est ...

-Votre fils ? s'étonna-t-elle.

Elle eut la pudeur de ne pas les dévisager ouvertement de ses yeux noisette qu'elle avait légué à ses filles. La plus jeune lui ressemblait fort avec son visage délicat et son nez retroussé et ce fut elle qui jeta un coup d'œil agacé à sa mère face à cet éclat.

-Maman ...

-Ce n'est rien, on a l'habitude, la rassura Nolan en tendant la monnaie. Bonne rentrée les miss !

Joséphine haussa très haut les sourcils. Elle ne s'était pas gênée pour considérer ouvertement Nolan et Farhan et celui-ci avait eu la nette impression qu'elle avait joué au jeu des sept différences. Une perte de temps : il était évident d'un seul coup d'œil qu'ils n'avaient pas la moindre goutte de sang en commun. Farhan était fin, les traits et le teint méditerranéens, les yeux sombres quand Nolan était pâle, court sur pâte, le regard clair. Comme c'était une histoire très compliquée à expliquer, son père trouvait la parade en disant que Farhan ressemblait à sa mère mais cette fois personne ne réclama d'explication. Après avoir récupéré ses pièces et ses achats, la mère et la fille s'en furent libérer la place. Seule Joséphine resta à proximité du comptoir et se rapprocha de Charlie avec un fin sourire.

-Je comprends mieux pourquoi tu voulais rester à Fleury et Bott ... Tu me trompes avec ton pote ?

-Non, mais enfin ! s'indigna Charlie alors que Nolan partait d'un petit rire. On est venu ... demander quelque chose au père de Fa'.

-Ton costume, celui que tu portais au syndic de l'association des commerçant du Chemin de Traverse, précisa Farhan à son père. Il devrait lui aller, non ?

-Un costume ... Oh ! (Les yeux de Joséphine s'agrandirent et elle attrapa la main de Charlie). Oh merci, merci ! Je te jure que si tu ne venais pas, j'allais déclencher un cataclysme à cette fête !

-Absolument ravi de sauver la fête, grimaça Charlie. Et remercie Farhan, c'est lui qui me sauve.

-Merci Farhan !

Farhan retint le couinement de souris qui lui était monté dans la gorge quand Joséphine Abbott avait planté son regard dans le sien. C'était sans doute la première fois qu'elle posait de façon si franche ses yeux sur sa personne, qu'elle lui adressait la parole. La partie de lui qui aurait tout donné pour que ce soit le cas dans ses jeunes années était complétement figé par l'instant, mais l'adulte qui commençait à naître réussi à acquiescer sans faire jaillir le moindre son problématique de sa bouche. Son mutisme intrigua néanmoins Joséphine qui se tourna vers Charlie, un sourcil dressé.

-Il a perdu sa langue ?

-Non, répondit précipitamment Farhan une fois que le couinement eut descendu dans sa gorge. Non, je vais ... je vais chercher le costume, je reviens.

-Encore merci, Mr. O'Neil ...

Farhan n'entendit pas la réponse de son père à son meilleur ami. Il fit volte-face et s'enfonça dans l'arrière-boutique à l'atmosphère étouffée. Il se retourna juste pour voir Joséphine, souriante, pressant contre elle le sac qui contenait son matériel pour la Potion pour l'année à venir. Sa main s'était logée dans celle de Charlie qui parlait toujours à son père, la mine affable. Il venait d'éclater d'un rire tonitruant quand Farhan se résolut à refermer le rideau derrière lui et à enfin se couper de la foule qu'il cherchait à fuir depuis ce matin.

Mais cherchait-il vraiment à la fuir ?

Il monta dans les étages pour découvrir l'appartement qu'il occupait avec son père depuis ses cinq ans : la cuisine et le living-room d'un style assez ancien, irlandais, avec une touche de botaniste avec la plante grimpante qui s'épanouissait à la fenêtre et le petit arbre aux prunes dirigeable que Farhan arrosa avant de grimper dans les étages supérieurs. Il trouva rapidement le costume bleu dans la penderie de son père. Il voulut descendre, se dépêcher de rejoindre son meilleur ami, espérer secrètement croiser le regard de Joséphine et apprendre ce qu'il y avait derrière le visage qui lui avait servi de point d'ancrage en première année, mais ses pas s'arrêtèrent seuls devant sa chambre. Avec un soupir vaincu, il poussa la porte et son grincement fendit le silence.

C'était une petite pièce, occupée d'un lit simple et d'un bureau poussé contre la fenêtre qui lui servait également de table de chevet tant l'espace était réduit. La malle qu'il avait commencé à préparer gisait au milieu de la pièce, ses robes de sorciers à l'intérieur avec son écharpe de Gryffondor et tous les manuels qu'il avait acheté au début de l'été. Mais il dédaigna sa valise pour s'avancer vers un bureau jonché de parchemin, de livre de facture moldues et de carnet de notes. Il en prit un pour ouvrir sur ses tentatives de maîtrisée l'écriture incroyablement riche et complexe qu'était l'arabe.

C'était comme ça qu'il compensait le manque. Il avait toujours su qu'il avait été adopté – le mystère était difficile avec un père comme le sien et il lui restait de vagues souvenirs de sa vie d'avant. Des automatismes en langue arabe, des noms, des odeurs. Ses parents étaient des Palestiniens émigrés après la guerre du Kippour, lui avait raconté Nolan dès qu'il avait été assez grand pour savoir. Et un jour, ce qu'ils avaient cherché à fuir leur avait explosé à la figure d'une manière qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. En 1978, la guerre contre les Mangemorts battaient son plein et l'hôtel que ses parents occupaient avait été victime d'une attaque. Nolan, qui habitait dans le coin, s'était précipité pour aider et avait sorti un Farhan âgé de cinq ans des flammes. Les parents, eux, étaient morts sur le coup de l'explosion, mais l'apothicaire avait pu retourner dans leur chambre d'hôtel éventrée et récupérer quelques objets, dont le Khmasa que Farhan portait au cou et un vieux Coran à moitié calciné.

Alors Farhan ne savait pas exactement qui étaient ses parents. Il ignorait même s'ils étaient sorciers – et il était d'ailleurs probable que ce ne soit pas le cas. Mais il se raccrochait à ces quelques objets, au peu que Nolan avait pu tirer des autorités sorcières et moldues après le drame, à savoir leur statut de réfugié de guerre. C'était à travers ça qu'il tentait de faire le lien : se renseigner sur la religion musulmane, la Palestine, leurs us et coutumes. Parfois son cerveau se souvenait que sa langue maternelle était l'arabe et sa langue fourchait et chaque fois Farhan avait l'impression de retrouver un peu plus de son passé.

Il n'y avait jamais eu de manque. Nolan avait été un père formidable, et Farhan avait adoré grandir dans cette boutique, être le gamin du Chemin de Traverse. Il avait adoré faire ses études à Poudlard (il n'y avait pas d'école reconnue au Moyen-Orient), et si Charlie n'avait pas été dans sa vie, ça aurait été pour le coup un cruel vide. Mais plus il grandissait, plus il approchait de l'âge adulte, plus Farhan sentait monter en lui la volonté de percevoir cette page manquante de son histoire. Cette envie le reprenait chaque fois qu'il était seul, son cerveau laissé à l'abandon, prêt à céder à la faiblesse et c'était sans doute pour la tromper qu'il s'était précipité dans la foule, admirer les vies des autres plutôt que de se concentrer sur la sienne.

-Farhan ? Farhan, Charlie doit partir !

Farhan referma précipitamment le cahier et ses lettres calligraphiques. L'envie qui s'était mise à tanguer dans son esprit s'envola dès qu'elles disparurent à ses yeux, et il put descendre, le costume bleu nuit de son père sous le bras, l'esprit à moitié serein. 

***

Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! 

Merci à Anna' pour la relecture et le brainstorming, c'est la meilleure <3  

On se retrouve la semaine prochaine avec le chapitre 2 "Un long dimanche de fiançailles" ! (Et demain pour O&P, je ne vous oublie pas ...) 

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