
CHAPITRE 26
Je mets très peu de temps à arriver au commissariat, le chemin est court et l'adrénaline me pousse à accélérer mon pas.
Retrouver Thalia...
Comment le commandant a fait ?
Gonflé par l'espoir, je pousse la porte du commissariat plus brutalement que je ne l'aurais voulu.
La métisse à l'accueil sursaute quelque peu, et je m'excuse une main levée.
- Tu es Théo Scavo ? Demande-t-elle.
- Oui.
- Le commandant Rocher t'attend déjà dans son bureau, tu veux que je te guide ?
- Inutile, je connais le chemin.
Je lui passe devant sans demander mon reste, et gagne le couloir.
J'arrive à la porte du commandant, toque, et sans attendre son invitation à entrer j'ouvre la porte.
Il est debout face à son bureau, et me sourit.
- Ah Théo. Bonjour, je t'attendais.
- Où est-elle ? Je demande de but en blanc.
Le commandant me sourit, et puis me désigne la porte.
- Ferme la porte s'il te plaît. Et assieds-toi.
Pressentant parfaitement que je risque de perdre du temps plus qu'autre chose si je proteste, je ferme la porte derrière moi, puis m'installe sur la chaise en face de celle du commandant.
Il ne perd pas de temps non plus, et puis s'assoit en face de moi.
Il sort un dossier, l'ouvre, et me dit :
- Je ne vais pas perdre de temps à te demander de tes nouvelles je crois que tu finirais par perdre ton sang-froid. Mais avant de t'exposer ma théorie, je dois vérifier certaines choses avec quelques questions.
- Une seconde, je dis. Vous avez prévenu mes parents que vous m'interrogiez à nouveau ? Vous leur avez parlé aussi ?
- Non, je t'ai appelé directement.
- Pourquoi ?
- Comme je te l'ai dis, je dois te poser quelques questions, dont seulement toi peut détenir les réponses.
Un coup de pression me serre le cœur soudain, et puis je dis, un peu calmé :
- Allez-y alors.
Le commandant jette un œil à ses dossiers, puis relève la tête.
- Je veux que tu me confirmes quelque chose. Est-ce que tu t'es bien endormi aux alentours de minuit samedi soir dernier ?
- Euh... Je pense oui.
- Et avant, tu étais dans le jardin avec Avril et Thalia ?
- Oui.
- Bien, c'est ce qui me semblait.
- Quoi donc ?
- Tu es vraiment venu prendre les informations dans le téléphone de Thalia, et illégalement.
Mon corps se tend.
Et puis je comprends mon erreur.
Même si mes amis et moi avons échangés les informations dans nos téléphones, les seules concernant des certaines photos d'Avril et moi sont dans le téléphone d'Avril. Elles prouvent que quelqu'un nous a pris, mais rien ne dit que c'était Thalia la photographe.
Je tente de me ressaisir :
- J'aurais très bien pu vous avoir menti à l'interrogatoire et avoir dit que je ne me souvenais de rien alors que si.
- Ce serait inutile et débile de ta part. Tu n'es ni l'un ni l'autre.
- Ok, vous avez gagné, j'accepte.
- Je ne t'en veux pas pour ça. Tu as même pu avancer l'enquête de ton côté, et je pense que j'aurais fais comme toi.
Il garde une seconde le silence, puis rajoute :
- Comme j'aurais certainement cherché à savoir si mes amis me mentaient.
Je soupire, ayant saisi que le commandant sait que j'ai piqué les vidéos des interrogatoires.
- Rien ne vous échappe hein ? Je râle.
- J'avais anticipé ta réaction. Un peu grâce à Avril.
- Comment ça ?
- Tu as donc vu son interrogatoire comme moi. Elle était très tendue et anxieuse à l'idée que je parle de sa maladie. Si elle savait qu'il n'y avait pas de risque pour que vos amis ou toi-même tombe dessus, elle n'aurait pas réagi ainsi. Or, là elle était extrêmement anxieuse. Ce qui m'a amené à penser qu'elle anticipait ta prochaine réaction, et se doutait que tu allais chercher à voir les enregistrements.
- Donc quand vous m'avez croisé mardi soir, vous m'avez laissé faire. Pourquoi ?
- Je te sais intelligent. Je voulais savoir comment tu réagirais de ton côté face aux révélations de tes amis. Surtout que je n'avais pas le droit de t'en parler directement puisque c'est censé être confidentiel.
Grâce à cette perche qui m'est immédiatement tendue, j'attaque :
- Ah oui ? Alors pourquoi avoir révélé à JP que la femme de Martel s'était suicidée ?
Le commandant garde le silence, et m'observe de ses yeux abyssales.
- Je m'attendais à ce que tu me poses cette question. Eh bien pour y répondre, je testais ton ami Jean Paul.
- Oula... Expliquez moi là vous commencez à me perdre.
- D'accord. Mais je vais te parler de choses confidentielles, qui sont pour le bien de l'enquête. Tu ne devras pas en parler autour de toi, bien que ce soit pour cette raison précisément que je t'ai fais venir ici aujourd'hui.
- D'accord...
- Jean Paul habite au 234 allée des mésanges à Anse.
- Oui, on vous l'a assez répété aux interrogatoires.
- Justement. A côté de quoi cette grande maison est-elle ?
Je réfléchis, et réponds :
- Hum... une forêt ? Là où mes amis ont joué ?
- Mais encore ?
Je blêmis.
- Le fleuve. La Saône.
- Exact.
- Vous pensez que Thalia est là... Je chuchote, tremblant.
- Non Théo, me rassure le commandant.
- Alors quoi ? Je m'enquis, nouveau plein d'espoir.
- Si je te parle de ce fleuve, c'est parce que JP y habite à côté, et que la femme de ton professeur de mathématiques s'est noyée là bas.
- Quel est le rapport ? Je demande.
- Elle a laissé une lettre de suicide à son mari. Le soir où elle s'est donné la mort, il était chez son frère.
- Mais encore ?
- La lettre a été retrouvée chez Martel sur la table du salon. L'écriture est bien celle d'Andréa Martel. Il passait la soirée chez son frère tandis qu'elle devait rester plus longtemps à son travail, elle était journaliste. Plus important encore, elle était enceinte.
J'écarquille les yeux.
- Quoi ?
- Oui. D'après les recherches effectuées c'était surtout Martel qui voulait un enfant, pas sa femme. Ton professeur a même révélé qu'elle ne supportait pas la grossesse, et son gynécologue a confirmé. Andrea Martel ne supportait pas sa grossesse, et s'est donnée la mort bien qu'il existe sans doute des raisons plus sombres aussi.
- Bon d'accord, mais quel est le rapport avec JP ?
- Nous pensons que ton ami a assisté au suicide de Mme Martel.
- Comment est-ce possible ? Je dis.
- Il habite juste à côté, et l'autopsie révèle qu'Andréa Martel est décédée le mercredi 6 mai. Il était chez lui à l'heure du suicide, et il a pu être traumatisé par cet évènement, si je lui ai parlé de Martel c'était pour aviser sa réaction.
- Mais JP n'avait pas l'air traumatisé... Je dis.
- C'est vrai, mais il pouvait totalement le cacher.
- Bon d'accord, et où est le rapport avec Thalia ?
- Eh bien... Thalia prenait bien des cours de chant et de piano ?
- Oui...
- Entre quelle heure et quelle heure ?
- Les jeudis, de 18h à 19h30, 20h des fois.
- Mais cette fois elle a dû y aller le mercredi 6 mai nous sommes d'accord ?
- Oui...
- Je pense qu'elle a elle aussi assisté au suicide d'Andréa Martel.
- Ah... Ah bon ? Je dis.
Et puis je me souviens.
Comme elle était perturbée ce soir-là.
Elle avait assisté à un suicide.
- C'est ce que je crois.
- Et pourquoi a-t-elle disparue dans ce cas ? Pourquoi être partie ?
- C'est ce dont je voulais te parler, en réalité je ne sais pas exactement, je voulais simplement être sûr que tu viendrais. Mais, il y a de fortes chances pour qu'elle soit chez Jean Paul.
- Quoi ?
- Oui. Il est possible que Thalia ait subi un choc en voyant la femme de Martel se suicider, qu'elle ait même essayé de l'en empêcher, et qu'elle n'a pas réussi. Après ça, elle a fui, sans alerter la police que quelqu'un se noyait. Si elle l'avait fait, peut-être que Mme Martel aurait pu survivre, on aurait pu la prendre en charge à temps et elle aurait survécu. En fuyant, Thalia a commis un délit de non-assistance à personne en danger. Elle a eu peur. Elle pensait peut-être s'en sortir, mais le lendemain quand elle a revu Mr. Martel dans son cours particulier elle s'est rendue compte qu'elle ne pouvait pas soutenir son regard. Alors elle a décidé de disparaître, et quand elle a compris que JP aussi avait assisté au suicide de Mme Martel elle lui a parlé de son histoire. Depuis, il la cache.
- Alors... Jean Paul cacherait Thalia depuis le début ? Parce qu'elle est incapable d'assumer le fait d'avoir assisté à un suicide et de n'avoir pas réagi ?
C'est totalement plausible. C'est exactement le genre de Thalia.
Elle aurait totalement pu faire ça.
- C'est ça. Mais avant d'envoyer des équipes fouiller la maison de Jean Paul, j'aimerai que tu me confirmes le fait que lorsque Thalia est rentrée chez vous ce 6 mai, elle était anormale.
Rocher me regarde droit dans les yeux.
Je réponds :
- Oui. Elle était... Angoissée, perturbée, terrifiée.
- Ça correspond. Merci Théo, j'envoie des équipes chez Jean Paul immédiatement.
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