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Chapitre 14 (partie 1)

Un seul avait refusé de signer. D'une manière ou d'une autre, je pense que je l'avais poussé à le faire par notre discussion dans le carré de l'Endurance. Alors, dans la foulée, la vingtaine de nations antarctiques se réunissait sous le commandement unique de Guillaume Perret contre Providence.

Et la guerre éclatait.

J'avais tout fait pour l'empêcher : pouvoir, chantage, émotions... Dans un dernier essai de pacifisme, j'avais tenté de négocier un accord, mais Tom Anderson avait refusé : il voulait abattre, disait-il, le tyran en train de naitre. Et je compris que la guerre était plus forte que moi : les hommes la recherchaient. C'était ainsi : pour qu'un dialogue belliqueux ait lieu, il fallait que les deux interlocuteurs y consentent. Et le président de Providence jouait le jeu de Perret, baissait dans mon estime, fonçait vers la guerre.

Ce matin-là, quelques centaines d'hommes étaient rassemblés à l'entrée du village, entourés par une trentaine de cavaliers. J'étais montée sur le versant pour prendre de la hauteur et admirer le spectacle répugnant. François, avec le grade d'amiral, commandait la flotte, composée d'une trentaine d'hommes. Le commandant montait un cheval à la robe blanche qui traversait les rangs en piaffant. Les hommes se turent petit à petit sous le regard impérieux de leur roi. Le public était là, sur les versants, comme moi, et Guillaume savait qu'on attendait son discours :

- Soldats ! Vous êtes des bâtisseurs d'un nouveau monde, car l'ordre que nous fonderons sur les ruines de nos adversaires durera des siècles et des siècles jusqu'à la prochaine Transition. Songez que vous êtes les pionniers de cette société qui dans cinquante ans sera bercée de vos combats et de vos exploits. Et à vous, citoyens et citoyennes, reviendra l'honneur d'être appelés pères et mères de la nation.

Des acclamations répondirent et je souris. Le monde avait bien changé depuis deux ans. Nous revenions à l'âge des héros, si ce n'était l'âge de bronze. Mais à bien des égards, l'Apocalypse avait des airs de commencement. Les luttes inhumaines contre un changement climatique impitoyable, les efforts désespérés de paix, les sempiternels débats sociétaux sur le respect des autres... C'était comme si l'homme s'était tendu, dans une tension surhumaine, vers un dépassement de sa nature et de la nature, effort qui l'avait affaibli avant de faire éclater le monde comme une bulle crevée. Mais s'ouvraient de nouveaux défis, plus personnels, plus courageux : le dépassement et l'affirmation de soi, l'imagination pour un nouveau monde et l'émerveillement de la nature, l'abnégation totale jusqu'à donner sa vie pour que se réalise le nouveau projet national rêvé...

L'armée s'ébranla et j'essuyais une larme. « François, reviens vite », murmurais-je le cœur serré. Ils seraient de retour dans deux semaines, quand les premiers rayons de soleil auront réapparu. J'y voyais un signe de bon augure, mais que pouvait-il sortir de bon de cette campagne ?

- Agathe, viens voir !

Noah était quelques pas au-dessus de moi. Il me souriait gentiment et je le rejoignis en poussant difficilement le landau. Il vint m'aider à le tirer et nous conduisis un peu plus loin, de l'autre côté de la ligne de crète, à quelques mètres d'un large pierrier dangereux.

Plus bas, tout un pan de la falaise s'était s'effondré sous le ressac. Un pic dominait les flots tempétueux sous une pleine lune qui brillait comme un soleil. Le relief découpé projetait sa part d'ombre menaçante sur les flots scintillants. Et j'entendis le vent se lever, se fondre au grondement de la mer jusqu'à venir éclater tout près de nous. J'aurais pu parler des énergies de la nature qui venaient nourrir mon âme, des visions nocturnes d'esprits malicieux ou des pensées métaphysiques qui s'invitaient à moi, mais ça aurait été nier un sentiment plus fort, plus profond et bouleversant.

Derrière nous, l'altitude nous offrait une perspective sur toute une ligne de crètes qui s'étirait à l'infini. Au loin, petits points minuscules, l'armée fuyait sous le vent, bientôt avalée par la masse des distances et les montagnes antarctiques. Et les voiles de François disparaissaient derrière l'horizon. Les sommets rocheux se fondaient dans une brume nocturne sous la clarté des étoiles.

Je m'assis sur le sol et plongeai immédiatement dans une méditation profonde. Noah, à côté de moi, ne faisait plus de bruit et je devinais qu'il s'était lui aussi laissé aller à la contemplation. C'était une prière chargée d'admiration, comme un esthète qui se laisse progressivement touché par le tableau qui lui fait fasse ; le temps passe et sa compréhension croît tandis qu'il se laisse pénétrer des multiples émotions et vérités contenues dans l'œuvre. Un sentiment de faiblesse ou d'humilité le saisit face à l'artiste, jusqu'à refaçonner son être. L'art est venu transformer son âme pour la rendre plus belle.

Consommation, surconsommation, guerre, pillage, débat, dénonciation, scandale, cris et fatigue... Il suffisait juste de se poser et d'admirer dans une religieuse attitude de respect. La gorge nouée, je savais que toutes les révélations qui traversaient alors mon esprit seraient foulées au pied par ces hommes épris de guerre. La question de la survie ou le désir de revanche contre une terre qui nous avait tout pris étaient plus forts que ces vagues émotions de respect et d'admiration... Cette fois, c'était la colère qui jaillissait et me rendait fébrile. Guillaume Perret nous avait réduits, François et moi, à l'état de pantins. Je me sentais impuissante, spectatrice d'un chaos croissant nous conduisant droit au massacre et au malheur.

Je me relevai.

- Noah, il faut que tu m'aides.

Je confiai mes trois enfants à Hanna avant de partir vers la carrière. J'avais appris avec quelques maçons comment fabriquer de petits édifices. Ce devait être ma cathédrale, flèche de splendeur vers le ciel et l'au-delà.

François me conta plus tard leur expédition. Loin de toutes ces considérations métaphysiques, cinq navires faisaient voile vers les rivages du mont Vinson. Ils devaient prendre leur temps pour arriver en même temps que les fantassins, c'est-à-dire une semaine de navigation. Et mon mari en profita alors pour réaliser le plus beau coup d'éclat de sa carrière. Là où certains ne rêvent que de conquêtes, nous étions de ceux qui préfèrent laisser s'infuser doucement nos idées pour régner par l'esprit.

Avec intelligence et finesse, François réussit à s'attacher tous les marins de la flotte, en fragilisant leur relation avec Guillaume Perret. Il ne s'agissait pas exactement d'un acte de déloyauté puisqu'à aucun moment il ne manqua de respect à son souverain. Il rajoutait simplement un échelon dans la hiérarchie de la confiance et conditionnait le soutien au roi à sa propre fidélité.

Il sut les guider avec assurance au milieu des tempêtes et des récifs. Il instaurait un climat de joie et de détermination qui les poussait au dépassement de soi et à l'amitié. Je savais que François avait un tempérament de leader. Mais il réalisa en cette semaine de navigation un exploit qui devait nous servir longtemps.

Et quand les hommes dormaient, qu'il était seul à veiller à la barre et que le vent se calmait, il se prenait à rêver, un crayon à la main, du destin de notre famille. Il traçait des itinéraires, échafaudait des scénarii, listait les nécessités, et dessinait toujours, dans un coin du carnet, un petit albatros. Symbole de liberté et souvenir. Je jouais l'harmonica pour faire danser Shack et Bau. Il fredonnait l'air, un crayon à la main.

Et ils approchèrent des côtes providentiennes. Une bruine légère obstruait le champ de vision, mais François avait anticipé. Il demanda aux deux autres navires de traverser la baie pour empêcher toute sortie. Il hésita un instant avant d'appeler les capitaines dans sa cabine et leur dit :

- Guillaume m'a demandé de faire blocus pour empêcher toute sortie. Et d'agir avec intelligence. Si les Adéliens commettent un massacre sans respect même pour leurs chefs, nous nous trouverons dans une position diplomatiquement très sensible vis-à-vis des autres puissances. Pour rassurer les chefs, si le président de Providence cherche à passer, seul, vous le laisserez fuir. Est-ce que je peux vous faire confiance ?

- Sur notre vie, François.

- C'est de la trahison. Vous savez pourquoi j'agis ainsi et j'en prends l'entière responsabilité, mais vous me laisserez parler avec Guillaume lorsque la bataille sera terminée.

Les hommes acquiescèrent et François leur fit signe de partir. Son navire avait reçu d'autres ordres : il devait entrer dans la rade et créer un front sur le port pendant que les troupes à pied et la cavalerie attaqueront par les crètes. Ils agiront dans la partie nocturne du jour, dès que sonnera la trompe.

Tout avait été minuté : la foudre adélienne devait éclater sur le petit village tranquille pour le réduire en miettes. Et suivrait une guerre longue et continuelle contre toutes les micro-sociétés, jusqu'à ce qu'une à une, elles ploient devant Guillaume Perret. Nous étions cinq ou six mille sur ce bout de continent et les hommes voulaient encore réduire ce chiffre... Pour un peu plus de pouvoir. Que de gâchis !

François était sur le pont. Il avait ordonné de mettre à l'eau un canot pour atteindre le port en quelques coups de rame. Les hommes avaient saisi leurs armes et se tenaient près de leur poste. L'oreille tendue, ils attendaient. La brume occultait entièrement toute perspective sur la brume. Et la tension montait. Mon époux faisait passer dans sa tête l'air de l'harmonica et ses poings se crispaient sur son arme.

A quelques pas de là, sur le flanc du mont, le ministre des Affaires étrangères avait déclaré deux semaines auparavant que l'Adélie était « protectrice de l'Antarctique, défendant la démocratie, les droits de l'homme et la paix. » Et Guillaume : « j'ai inscrit mon nom du côté de ceux qui recherchent la paix. » Combien de fois le mot « paix » avait-il été prononcé dans leurs discours ? Et les hommes, tapis dans l'ombre, attendaient la guerre... François était parcouru de frissons de colère, les nerfs à fleur de peau.

- La nuit est tombée. C'est pour bientôt... Dit-il à l'un de ses lieutenants.

- C'est le pire, l'attente. Les doutes reviennent et l'angoisse monte lentement. Je voudrais juste que la trompe sonne et...

La trompe sonna. Les deux hommes sursautèrent avant de se jeter un regard inquiet. François fit signe aux marins de descendre dans le canot et quitta le navire en dernier, laissant simplement quelques hommes de quart. On entendait au loin le tumulte monter et le village s'activer. La défense s'organisait rapidement : Tom Anderson avait dû donner des ordres. Mais la brume et la nuit remplissaient tout d'un nuage opaque de mystère : on ne savait pas d'où viendrait la lame ennemie, où serait porté le coup de l'adversaire...

Les hommes débarquèrent rapidement sur le port et repoussèrent les quelques marins qui tentaient déjà de prendre la fuite. François donna des ordres pour bloquer toutes les issues du port et s'avança avec quatre hommes dans les ruelles du village. Il leur interdit d'entrer dans les maisons pour piller et leur demanda même de veiller à ce que les fantassins respectent aussi l'asile des habitants.

Tous les Providentiens s'étaient regroupés au-dessus du village pour faire face à l'armée du roi. Mais François comprit immédiatement qu'ils n'avaient aucune chance : la cavalerie conduite par Melchior opéra une manœuvre d'encerclement, fortifiée par les troupes d'infanterie. Leur situation semblait désespérée, mais un groupe de Providentiens parvint à créer une percée et entama le repli général vers le village. La cavalerie voulut les poursuivre, mais elle se trouvait gênée par les reliefs parfois trop escarpés, quand les hommes sautaient agilement de bloc en bloc. Une course-poursuite s'engagea que mon époux suivit en tant qu'observateur privilégié. Providence revenait vers lui, et avec seulement quatre hommes, ils ne faisaient pas le poids.

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