Chapitre 7 - « Je te parle. »
La saison de natation avait commencé depuis quelques semaines déjà et on ne pouvait pas dire que c'était la joie. Sur les cinq compétitions qu'il y avait eu pour l'instant, Percy n'en avait gagné qu'une seule et ça n'allait pas en s'arrangeant.
Je ne sais pas si c'était parce que le niveau était plus élevé ou si c'était parce qu'il avait une baisse de régime, mais il n'arrivait pas à ce classer plus haut que la troisième place. Ça commençait d'ailleurs sérieusement à lui peser sur le moral puisqu'à chaque fois qu'une compétition approchait, c'est-à-dire environ toutes les semaines, il se faisait aussi silencieux qu'une carpe et il n'y avait rien que je puisse faire pour le sortir de cet état léthargique.
Évidemment, aujourd'hui n'était pas une exception et alors que j'étais assise dans les gradins peu remplis puisque les compétitions étaient bien moins prisées qu'au lycée, je le regardai arriver à la quatrième place. Il tenta de cacher sa déception, mais c'était écrit partout sur son expression et on n'avait pas besoin de le connaitre pour s'en rendre compte.
Encore une fois, il ne me lança pas un seul regard avant de rejoindre les vestiaires d'un pas trainant et les épaules affaissées. De mon côté, j'allai l'attendre à l'extérieur en me demandant ce que j'allais bien pouvoir faire pour essayer de lui remonter le moral, même s'il y avait peu de chances pour que j'y arrive.
Il arriva une dizaine de minutes plus tard et me fit un petit sourire, mais qui sonnait complètement faux et qui ne pouvait même pas convaincre un chien. Je n'eus même pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il m'entrainait déjà avec lui en direction de son dortoir. Pendant tout le trajet j'essayai de lui parler, mais il ne répondait que par des réponses courtes et je me demandais même s'il m'écoutait.
Dès qu'on entre, il s'installa directement par terre appuyé contre son lit et ne dit plus rien du tout. Avec un soupire, j'allai m'installer derrière lui et posai mes mains sur ses épaules.
« Écoute Perce, tu ne penses pas qu'il serait plus judicieux que tu me parles ? »
« Je te parle. » Répondit-il, mais il manquait tellement de conviction que même lui n'en croyait pas un seul mot.
« Tu ne parles pas, tu marmonnes. » Répliquais-je en levant les yeux au ciel. « Et puis, tu sais très bien que je ne parle pas de parler en général, mais plutôt de me dire ce qui se passe dans ta tête. »
J'accompagnai mes paroles en lui passant une main dans les cheveux et il soupira en fermant les yeux. « Je n'ai pas envie d'en parler. »
Je fronçai les sourcils. « Et bien, c'est dommage car tu vas être obligé de m'en parler. Je ne vais pas te lâcher jusqu'à ce que tu m'expliques pourquoi tu as l'air d'une momie ambulante et pourquoi tes résultats en compétitions ne font que chuter. »
« Je sais pas pourquoi ! » Finit-il par lâcher un peu plus durement que je ne l'aurais souhaité. « Mais je ne suis pas comme toi, je ne peux pas abandonner comme tu l'as fait. » Il dut sentir mon malaise soudain car il se passa une main sur le visage. « Désolé, je n'aurais pas dû dire ça. »
« Non, tu as raison. » Admis-je même si ce n'était pas facile. « J'ai abandonné, mais, comme tu l'as dit, toi tu ne peux pas. La natation compte bien trop pour toi pour que tu sois capable de t'en passer un jour. Mais je peux aussi te dire que tu n'aimes pas avoir ces résultats et que ce n'est pas en restant enfermé dans ta bulle que ça va s'arranger. »
Il posa sa tête contre mon genoux et me laissa passer une main répétitive dans ses cheveux qui étaient encore humides. « Je sais bien, mais le truc c'est que je ne sais pas pourquoi mes résultats sont aussi mauvais. Je ne comprend pas ce qu'il faut que je fasse pour les améliorer. »
Je pris quelques secondes pour réfléchir avant de hausser les épaules. « Et bien, peut-être que tu fonctionnes encore comme tu fonctionnais au lycée. »
Il ouvrit un oeil et me fixa. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Il est incontestable que tu étais le meilleur au lycée et, même si tu en avais l'impression, tu n'avais pas besoin de travailler au maximum de tes capacités pour avoir ce niveau. » Je commençai à jouer avec une de ses mèches de cheveux, complètement absorbée par ma réflexion. « Or là, tu es en concurrence avec des nageurs beaucoup plus doués et beaucoup plus expérimentés que ceux du lycée, mais tu n'as pas changé ta manière de t'entrainer. Tu te reposes sur tes capacités déjà acquises. »
« Donc ce que tu es en train de dire, » embraya-t-il en plissant les yeux, « c'est que même si j'avais déjà l'impression de donner mon maximum, il faut que je repousse mes limites car je peux faire bien plus que ça ? »
« Exactement. » Acquiesçais-je. « En plus, tu as la chance d'exercer tes deux passions à la fac, donc on ne peut pas dire que travailler plus sur l'une ou sur l'autre ne soit une contrainte morale. Tu ne le fais pas à contre-coeur. »
Ma réflexion semblait lui avoir ouvert de nouveaux horizons et sa joie de vivre habituelle commençait à reprendre sa place. « Cette explication est bien plus logique et plausible que toutes celles que j'avais imaginées jusqu'à présent. »
« Qu'est-ce que tu avais imaginé ? » Demandais-je avec curiosité.
Il me regarda d'un air grave et secoua la tête. « Crois-moi, il ne vaut mieux pas que tu saches. » Ensuite, il se redressa légèrement et m'embrassa sur le nez. « Merci, t'es la meilleure. »
« Tu me le dis souvent oui. » Le taquinais-je avec un sourire malicieux.
C'est à ce moment là que la porte de la chambre s'ouvrit et qu'un grand blond aux yeux bleus et à l'air malade entra. Il me jaugea du regard avant de fixer Percy d'un regard froid. « Elle n'a pas le droit d'être ici. »
Percy leva les yeux au ciel et lui rendit son regard. « Et qui est-ce qui le dit ? Encore tes stupides lois que personne ne respectent ? »
« Et bien, le campus devrait interdire aux étudiants des autres universités de s'introduire ici, encore plus quand il s'agit des rejetons d'Harvard. » Répliqua-t-il d'un air hautain et je pouvais déjà dire que je ne l'appréciais pas.
Percy se leva et prit ses affaires. « Tu sais Octave, ce n'est pas parce que tu as quelque chose contre les New-Yorkais et les étudiants d'Harvard que ça te donne le droit d'être irrespectueux. »
Et sur ces bonnes paroles, il me prit par la main et m'entraina dehors.
Une fois un peu plus loin, je me tournai vers lui et penchai légèrement la tête sur le côté. « C'était quoi son problème ? »
Percy haussa les épaules et me lança un regard exaspéré. « J'en sais rien, mais je ne suis pas sûr de terminer l'année ici.é
Et je comprenais très bien pourquoi.
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