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La Dame Blanche

Légende Alodienne


Il était une fois, du temps des monstres et des dieux

Une déesse à la peau blanche comme l'opale

Si belle que tous ne pouvaient que l'envier

Mais tous craignaient la seule vue de son châle


En effet son souffle gelait monts et rivières

Ses embrassades asséchaient jusqu'à la terre

Ses doigts fins ôtaient toute chaleur, tout espoir

Sous son voile entrainant ses amants dans le noir


Les immortels virent, tout d'or qu'ils furent drapés,

Qu'à tous ses charmes, eux même pouvaient succomber

Des terres fertiles, ses frères et sœurs terrifiés

La chassèrent sans jamais rien regretter


Elle alla alors en plaider jusqu'aux cieux

Hôte de tous immortels en ces lieux

Azurs qui dans ce monde nouveau-né

Ses pairs à leur insu avait condamné


Les cieux écoutèrent alors, avec attention

Les complaintes au sujet de son aliénation

Avant de les balayer en l'espace d'un instant

Caprice fougueux de l'azur inconstant


« Ne sois point ainsi attristée, pauvre hère

Par la triste teneur de ta destinée

Car, de mon règne sur l'ensemble de ces terres

Tu as l'unique et immense honneur d'être la clef »


Trahie et désemparée, la Dame Blanche était

Dans un acte de rage, elle alla les cieux embrasser

Mais ceux-là n'en que furent que peu longtemps inquiétés

Quand de leur Calcème sacré, ils burent l'Ondée


Et les cieux qui l'avaient pourtant attirée en ce monde

Promesse des matins de printemps et des soirées d'été

L'abandonnèrent aux griffes de sa solitude profonde

Et fermèrent les yeux afin de mieux régner


Dame Blanche pleura ses larmes immortelles

Milliers de dagues poignardant la terre veule

Belle au châle transparent paré de perles

A jamais condamnée à errer, seule


« Pourquoi le ciel m'a-t-il ainsi promis

Le bonheur et la couleur de la vie

Des embrassades chaleureuses, et des joies

Les restes gelés gisent devant moi


« Ô, Ciel Ingrat et perfide, maudit sois-tu

Tant de promesses creuses, dame sans vertu !

Tes manigances sur ce monde ont jeté disgrâce

Au nom de quoi d'autre que de tes ambitions voraces »


Mais lointain le ciel fit la sourde oreille

Et seule resta la dame aux yeux de vermeille

Parcourant le monde à la recherche de l'âme

Qui survivrait aux attraits de ses charmes


Seule, toujours, de la première heure à la dernière

Passant les âges, inchangée par les ères

Chargée du poids de son immonde solitude

Guidant jeunes et anciens jusqu'aux rives de la quiétude


Mais jamais son regard empli de blâme

Ne put se détourner du fief de l'être infâme

Consciente que de toute chose un temps viendra

Dont il sera son destin de venir sonner le glas


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