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Cléo passa quelques jours dans l'attente d'un message, d'un appel, d'un pigeon voyageur, n'importe quoi qui témoignerait de la présence de Leon. En vain.

Elle reprit son quotidien le lundi suivant, se levant aux aurores pour aller décharger le camion de livraison avec Siloë. Elles travaillaient toutes deux dans un magasin de fruits et légumes appartenant au père de Siloë – qui lui n'était jamais là car toujours malade, souffrant d'un déficit du système immunitaire. Siloë avait quitté le lycée l'année précédente, son bac en poche, et avait choisi de rester auprès de son père et de faire vivre sa petite boutique. Cléo, quant à elle, avait besoin de ce travail pour vivre. Elle venait donc tôt le matin, durant ses heures de trou, le soir et le samedi. Elle aimait la compagnie tranquille de Siloë et le soin qu'elle apportait à chaque chose. Elle aimait aussi les clients habituels et les discussions sans importance, la légèreté ambiante, le ronron endormant des frigos renfermant des cônes de glace l'été.

— Alors, ton concert de vendredi ? demanda Siloë le lundi matin, tout en soulevant une caisse de bananes.

— C'était top ! J'ai rencontré quelques personnes vraiment sympa, j'espère que j'aurai l'occasion de les recroiser. La musique était cool aussi, énergique et pleine d'émotions. Ça m'a fait du bien. Vivement le mois prochain !

— J'ai écouté un peu ce que faisaient Another Winter, puisque tu m'en as parlé. Effectivement, c'est très cool... Je serais bien venue aussi, en fait.

— La prochaine fois ! Tiens, aide-moi à porter ce carton.

Une fois les produits rangés dans le magasin, Cléo ouvrit la porte aux quelques clients qui attendaient devant et retourna chercher son sac de cours dans la réserve. Lorsqu'elle revint, prête à aller au lycée, elle se trouva nez à nez avec Bastien, le grand brun du concert.

— Oh, salut !

— Salut, s'exclama-t-il en retour. Il me semblait bien t'avoir déjà aperçue là. Tu bosses ici ?

— Oui, exactement. C'est un peu creepy que tu t'en souviennes, cela dit. Je vais être en retard au lycée, alors reviens à dix-huit heures si tu veux discuter.

— Je croyais que tu finissais à seize heures aujourd'hui ? s'écria Siloë depuis le fond du magasin.

— Non, j'ai du rattrapage. À ce soir, Siloë ! À plus tard, Bastien.

Il n'eut pas le temps d'en placer une, elle avait déjà franchi la porte du magasin ; il lui courut après, un peu déboussolé par sa précipitation.

— Je ne suis pas pressé, je peux t'accompagner. Tu es au lycée, alors ? En quelle classe ?

— En terminale. Et toi, quel âge as-tu ? Tu es difficile à situer, tu as l'air à la fois très jeune et très mature.

— J'aurai dix-neuf ans la semaine prochaine. D'ailleurs, j'organise une petite soirée sympa avec Edgar et Leslie, que tu as vus au concert aussi. Ça te dirait de venir ?

— Oui, pourquoi pas, s'il n'y a pas deux-cents personnes. Ce n'est pas mon truc, les soirées, et ça veut dire que je dois poser un congé au magasin, enfin c'est compliqué... Je te redis ça plus tard, là j'ai un devoir de philo sur lequel je n'ai pas assez bossé et j'aimerais pouvoir me concentrer. Reviens ce soir ou demain, j'aurai une réponse. Bonne journée, Bastien.

Et elle pressa le pas pour le distancer. Il s'immobilisa sur le trottoir, ne sachant quoi penser de leur échange. Lui avait-il fait peur en la retrouvant à son travail et en lui proposant immédiatement d'aller à une soirée avec des personnes qu'elle ne connaissait pas, ou à peine ? Ou était-elle simplement, comme elle l'avait dit, distraite par son travail au lycée et le magasin ? Il décida de pencher pour la deuxième option et résolut de revenir le soir-même, pour ne pas rester sur cette note légèrement désagréable – la précipitation de Cléo lui avait donné l'impression qu'elle le voyait à peine, et il n'aimait pas cela.

•••

La journée passa à une allure folle pour Cléo. Elle passait ses heures de cours à dessiner dans la marge de ses cahiers ou sur ses mains ; elle ne s'était pas fait d'amis au lycée, elle avait toujours la sensation d'un énorme décalage entre elle et les jeunes de son âge. Elle se sentait bizarre, à côté de la plaque, à l'ouest, et n'aimait pas cette sensation ni l'énergie que cela lui demandait de comprendre ce que faisaient ou pensaient les autres lycéens. C'était comme devoir en permanence traduire tout ce qui se rapportait aux autres et à leur monde.

Avec Siloë, Cléo n'avait pas ces efforts à fournir. Siloë était simple et silencieuse, un modèle d'honnêteté et de calme ; c'est ce que Cléo aimait chez elle. Elle considérait Siloë comme son amie.

Cléo passa prendre une douche chez elle avant de retourner au magasin. Lorsqu'elle y arriva, elle trouva Bastien en pleine discussion avec Siloë à la caisse. Cléo sentit une pointe d'anxiété en le voyant : pourquoi revenait-il si tôt ? Qu'avait-elle qui avait attiré son attention ? Elle se ravisa ensuite : c'est elle qui lui avait dit de revenir dans la soirée, il ne faisait que l'écouter.

— Bonjour, Bastien.

— Salut ! fit-il avec entrain. Comment a été ta journée ?

— Correcte. Et toi ?

— Correcte aussi.

Le regard de Siloë passait de l'un à l'autre – elle paraissait médusée, sans doute étonnée de voir son amie sociabiliser.

— Excusez-moi, vous vous connaissez d'où ? demanda-t-elle.

— On s'est rencontrés au concert de vendredi, expliqua Bastien. On a bu un coup ensemble ensuite, c'était sympa. Cléo est de bonne compagnie.

Il la vit rougir du coin de l'œil. La jeune fille se balançait d'un pied sur l'autre, se grattait la paume des mains pour s'occuper les doigts. Elle était visiblement mal à l'aise.

— Tu veux bien prendre la caisse pendant que je fais l'inventaire de légumes en réserve ? s'enquit Siloë en relevant ses cheveux châtain en un chignon peu soigné.

— Bien sûr. Je vais juste poser mes affaires avant.

Une fois hors de vue, Cléo s'accorda une seconde pour prendre une longue et profonde inspiration, avant de revenir vers Bastien.

— Alors, parle-moi un peu de toi ! lui lança-t-elle ensuite. On n'a pas vraiment eu le temps de faire connaissance vendredi, on a surtout parlé du concert.

— Eh bien, je m'appelle Bastien, je suis relieur, à la fois restaurateur et créateur... C'est-à-dire que je fabrique de beaux livres, j'en restaure, je répare le papier et les couvertures. C'est un magnifique métier qui me convient bien.

Un artiste, alors ? Cléo s'était peut-être trompée dans sa première impression. Elle l'avait imaginé étudiant en école de commerce ou un autre cursus bateau menant à un métier inintéressant. Elle s'assit sur le haut tabouret placé derrière la caisse pour l'écouter, hochant légèrement la tête pour l'inviter à poursuivre.

— Je vis en colocation avec Edgar et deux autres filles – pas Leslie, on ne veut pas de couples à la coloc –, et c'est très chouette de vivre avec eux, on apprend plein de choses les uns des autres et sur la vie à plusieurs. On a un chat et le chien d'Edgar pour égayer notre quotidien. Et puis voilà, c'est tout, je crois que j'ai bien résumé ma vie actuelle.

— Ça a l'air super cool. Tu me ferais visiter ?

— Oui, carrément ! Même dès ce soir si tu veux.

Cléo sourit, animée par l'envie d'en découvrir plus. Les yeux de Bastien s'adoucirent, s'attendrirent presque.

— Je suis dispo ce soir, effectivement. Ça me donnera peut-être aussi envie de venir à ta soirée de la semaine prochaine, qui sait ?

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