··· 2 ···
— Thanks a lot for you support!
Il était devant la salle, ses cheveux emmêlés par le vent nocturne qui s'était levé. Un petit groupe de jeunes discutait avec lui.
— Hey Leon! lança Cléo en se postant à ses côtés. Eh, mais j'ai discuté avec vous cet après-midi ! fit-elle à l'intention des fans.
— Cléo mais pas comme Cléopâtre ! s'exclama un grand brun en la dévisageant.
Elle se souvenait vaguement que son prénom ressemblait à Benjamin ou Julien.
— Cleo, hello, répondit enfin Leon.
Son regard passait du brun à la jeune fille, perplexe et méfiant. Les deux jeunes gens avaient parlé en français, si bien qu'il n'avait rien compris de leur échange.
— C'mon Cleo, let's go grab a drink.
— Venez avec nous ! proposa rapidement Cléo aux autres fans.
Le brun parut ravi et lui adressa un clin d'œil complice.
— I thought it would be just the two of us, grommela Leon.
— Sure, assura Cléo en posant la main sur son bras. But later. I came here to make friends.
Les trois français se présentèrent : Bastien le grand brun, et son meilleur ami Edgar avec sa petite amie Leslie. Tous se mirent en route vers un bar d'une rue adjacente. Bastien se porta à hauteur de Cléo pour lui demander si elle habitait dans le coin. Il avait parlé en français dans l'idée d'éloigner Leon, mais le chanteur refusa de se laisser déloger et esquissa un sourire satisfait lorsque Cléo répondit en anglais :
— Yeah, I'm renting a tiny room not so far from here. Maybe I'll make you visit, sourit-elle à Leon.
Ils s'installèrent tous les cinq en terrasse et commandèrent à boire. Ils étaient tous majeurs, sauf Cléo, qui demanda un jus de pomme détonnant au milieu des bières de ses nouvelles connaissances. La discussion allait bon train, tous pétillaient de bonne humeur due à l'excitation du concert. Leon avait l'air un peu fatigué, son regard se perdant dans le vide au milieu de ses phrases et son attention décrochant lorsque quelqu'un lui parlait. Cléo, quant à elle, avait remarqué le jeu de drague peu subtil de Bastien et se retenait de soupirer chaque fois qu'il lui souriait ou lui décochait une question trop personnelle pour une première rencontre.
— I think I'll go home, finit par lancer la jeune fille en déposant sur la table la monnaie pour payer son verre.
Leon bondit aussitôt sur ses pieds, au taquet, et ils abandonnèrent le trio de français sans autre forme de procès. Une fois hors de vue, un coin de rue passé, la tête de Cléo s'échoua dans le cou de Leon. Il passa un bras autour de ses épaules, un peu étonné de ce soudain rapprochement, et lui demanda à mi-voix la route à suivre. Elle le guida jusqu'à la porte kaki de son immeuble, et le précéda dans l'escalier, tenant sa main dans la sienne.
Elle poussa enfin la porte du studio et le laissa admirer la petitesse de son espace vital : le bureau sous le lit mezzanine, la salle de bain où on avait à peine la place de se retourner entre la douche étriquée et le lavabo au robinet branlant, le coin de cuisine où les placards s'empilaient jusqu'au plafond pour contenir à grand peine le peu de vaisselle qu'elle possédait ; enfin, la ridicule table qui avait du mal à supporter deux assiettes en même temps, et la guitare acoustique pendue à un pan de mur.
— Wow, it really is tiny, remarqua Leon en embrassant la pièce du regard.
Le nez de Cléo chuta en direction du bout de ses chaussures.
— But it seems cozy.
Il s'assit sur le tapis bleu pastel et ouvrit les bras, l'invitant à le rejoindre. Elle retira ses chaussures en vitesse, déposa son sac sur la table et vint s'installer face à lui, avant de changer d'avis et s'allonger sur le dos par terre.
— Ce Benji avait l'air de s'accrocher à toi comme une moule à son rocher, plaisanta Leon.
— Oui, il avait vraiment envie qu'on fasse connaissance.
— C'est ton type de garçon ?
— Je n'ai pas vraiment de type, ça dépend du feeling que j'ai...
— Mmh, je vois. Mais tu le trouves beau ?
— Roh, qu'est-ce que ça peut te faire ? Il est d'un charme classique qui ne m'attire pas spécialement l'œil.
— Et moi, je suis d'un charme classique ?
— C'est un interrogatoire ? Sérieusement, tu étais plus subtil au concert ! Je suis tentée de te mettre à la porte !
— Excuse-moi, je suis nerveux d'être seul avec toi alors je dis n'importe quoi et ça te met mal à l'aise... Pardon.
S'ensuivit un petit silence tendu.
— Ce soir, tu as chanté une chanson qui ressemblait un peu à ça- (Cléo fredonna l'air du refrain.) ...tu pourrais me la jouer à nouveau ?
Leon acquiesça, tendit le bras pour décrocher la guitare sèche de son stand mural et la cala sur sa cuisse. Il gratta quelques notes, grimaça en notant qu'elle n'était pas accordée et s'occupa de bien tendre les cordes.
— Tu ne t'en sers pas souvent, si ?
— Pas vraiment, non. Je trouve ça super triste de jouer seule dans ma boîte.
— Your box?
— Mon appartement. C'est comme ça que je l'appelle, il est tellement petit qu'il me fait penser à une boîte de conserve.
Leon fit la moue puis gratta un accord, hocha la tête pour lui même et commença l'intro de la chanson que Cléo avait réclamée.
— Je te la joue en acoustique, prévint-il avant de se mettre à chanter.
Il ne força pas sur sa voix autant que pendant le concert, il devait sans doute s'économiser pour ne pas perdre ses cordes vocales avant la fin de la tournée. Cléo ferma les yeux, savourant la douceur nouvelle de sa musique. Elle sentait son regard posé sur elle, légère brise d'attention qui la réconfortait. Elle se sentait vue, face à lui. Elle se sentait enfin importante, digne d'être le centre de l'attention de quelqu'un. Leon n'était pas comme Bastien qui avait jeté son dévolu sur elle faute de mieux ; Leon était sincèrement intrigué, curieux d'en apprendre plus.
La chanson s'acheva mais Leon continua sur les mêmes accords, improvisant désormais. Il laissa sa voix libre de choisir de grimper plus haut, de choisir les syllabes qu'elle voulait, et ses mains libres d'agencer les notes et les accords comme elles le souhaitaient. Cléo se sentit doucement glisser vers le sommeil, oubliant momentanément qu'il y avait un garçon dans sa studio qui devait poursuivre sa tournée et était probablement déjà en retard.
Leon finit par arrêter de jouer et laissa un silence profond habiter la pièce. Cléo rouvrit les paupières et sourit à son invité.
— Thank you, murmura-t-elle.
— I think I have to go now, dit-il à regret.
— Well, let's go then. I'll go with you.
— You don't have to, look at how tired you are.
Elle se redressa pour au moins le raccompagner à la porte – même si, étant donné qu'elle était à seulement un pas du tapis où ils s'étaient installés, c'était loin d'être nécessaire – et lui prit doucement la main.
— Thank you so much, Leon. This was one of the best nights of my life.
— Eh, thank you. It's been great hanging out with you. Is it okay if I ask you for your phone number ?
Cléo reprit ses esprits d'un coup et le lui dicta en se concentrant de toutes ses forces pour réveiller sa mémoire et ne pas se tromper. Elle n'était pas très douée avec les chiffres. Leon la remercia et un petit silence mal à l'aise s'installa. Le cœur de Cléo se mit à battre fort, fort, plus fort que jamais alors que des pensées s'infiltraient dans son esprit. Elle tenta d'y résister d'abord, avant de rendre les armes car qu'est-ce qui pouvait mal tourner ? Au pire, elle ne le reverrait jamais.
Alors elle descendit son regard sur sa bouche, puis replongea dans ces yeux dont elle n'avait toujours pas déterminé la couleur exacte. Il sourit tout doucement, lui enveloppa la joue d'une main et embrassa tendrement ses lèvres. Alors qu'il se reculait, elle s'agrippa à sa chemise et l'attira de nouveau à elle. Il l'embrassa à nouveau, puis parsema son cou de baisers brûlants. Leurs souffles s'étaient faits courts, haletant à l'unisson.
Une sonnerie de téléphone retentit soudain. Leon jura, fit quelques pas en arrière et tira son portable de sa poche.
— C'est les gars, balbutia-t-il un peu déboussolé par l'intensité de leur étreinte. Il faut vraiment que j'y aille, je suis désolé.
— It's okay. À bientôt... N'oublie pas de m'appeler !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro