··· 13 ···
Cléo était perdue dans les yeux de Bastien, incapable de prononcer les mots qu'elle devait articuler. Elle passa la matinée avec lui, à se promener dans la ville, sans jamais réussir à mettre un terme à leur relation. Juste quand ce qu'ils partageait commençait à sonner juste, elle devrait laisser tout cela tomber ? Non, hors de question...! Au moment de se dire au revoir, elle l'embrassa dans le cou et lui susurra de venir chez elle le soir-même. Elle voulait tester avec lui aussi, maintenant qu'elle avait goûté à l'intimité avec Leon – d'ailleurs, Leon ! Elle devait s'occuper de son cas aussi.
Alors elle tira la carte magnétique de sa poche, entra l'adresse inscrite dessus dans le GPS de son téléphone et marcha une bonne demi-heure pour rejoindre l'hôtel.
Elle frappa à la porte de la chambre : pas de réponse. Elle entra donc, et trouva la pièce vide. Leon était sorti. Elle poussa un soupir de déception et s'assit sur le lit, curieuse, voulant observer un peu ce semblant d'espace personnel qu'il s'était aménagé. Sa valise était éventrée par terre au pied du lit, débordant de vêtement froissés ou jetés en boule. Sur la table de nuit, un pavé trônait, intitulé « The Furtives ». Elle s'en empara et le retourna dans ses mains afin de lire le synopsis. Ça avait l'air un peu perché. Elle se promit d'en demander une présentation à Leon.
Elle s'étendit sur le lit et attendit dix minutes, puis un quart d'heure. Toujours personne en vue. Elle finit par se lever, résignée. Elle devait être à la boutique à quatorze heures de toutes manières. Elle referma soigneusement la porte derrière elle et dévala les escaliers. Au détour d'un virage, elle se retrouva nez à nez avec un homme qui montait et elle manqua de se casser la figure – elle aurait fait un roulé boulé jusqu'en bas s'il ne l'avait pas fermement attrapée.
— Tu devrais être plus prudente, Cléo, ça serait dommage que tu t'abîmes.
Elle sourit à Leon et fronça aussitôt les sourcils après, ayant assimilé ce qu'il avait dit.
— Abîmer ? Je ne suis pas un objet !
Il rit doucement et l'embrassa sur la joue.
— Tu étais venue me voir ?
— Oui, je voulais te voir. Tu veux bien m'accompagner à la boutique ? Je vais être en retard autrement.
— Bien sûr. Laisse-moi juste deux minutes, il faut que je prenne un ticket de métro.
Cléo refusa de monter à nouveau les escaliers, plus par peur de ce qui risquait de se passer si elle se retrouvait à nouveau seule dans une chambre avec Leon que par flemme ; si bien qu'elle l'attendit au rez-de-chaussée et en profita pour remettre sa carte magnétique à l'accueil.
Ils se mirent en route lorsqu'il la rejoignit.
— Je ne pensais pas que tu viendrais si vite, dit-il en lui prenant la main.
— Je ne voulais pas te faire attendre trop longtemps.
Elle avait peur qu'il lui demande si elle avait quitté Bastien, car elle savait qu'elle mentirait par manque de courage. Elle n'en pouvait plus des mensonges, c'était étouffant et terriblement anxiogène pour elle.
— On se voit ce soir ? proposa-t-il ensuite. Il va falloir que je rentre à Londres demain ou après-demain, je dois enregistrer des chansons que j'ai écrites ici.
— Tu as écrit des chansons ici ? répéta Cléo étonnée.
— Oui, bien sûr... Je dois avouer que tu m'as inspiré.
Elle se sentit rougir.
— Je pourrai les écouter en avant-première, alors ?
— Peut-être... Mais pas avant qu'elles aient été correctement enregistrées. Tu sais quoi ? Je crois même que je vais en faire un EP. Ton EP. Clayoh's EP.
Il lui coula un regard tendre, auquel elle répondit par un simple sourire. La part rationnelle de son cerveau s'inquiétait d'une telle proximité si soudaine, d'un tel engagement de la part de Leon – lui dédier un EP ! – cependant l'autre partie de son esprit était complètement sous le charme, imbibée d'admiration et, disons-le, d'amour. Leon avait quelque chose d'enivrant, qui brouillait ses radars et lui retournait complètement la tête et le cœur. S'il lui demandait de sauter d'une fenêtre pour prouver son amour, elle y réfléchirait sérieusement.
Une fois devant la boutique, elle l'embrassa pour lui dire au revoir et lui promit de se libérer le lendemain pour le voir.
L'après-midi passa plutôt vite : Siloë avait reçu des livraisons, si bien qu'il fallait tout mettre en rayon et faire un peu de rangement. Elles bavardèrent de leurs vacances communes qui arriveraient bientôt : elles avaient décidé de fermer le magasin deux semaines pour partir ensemble chez des amis de Siloë habitant en Sardaigne. Cléo était terriblement impatiente, ce serait son tout premier voyage hors de France et la toute première fois qu'elle prendrait l'avion.
À la fin de la journée, Cléo passa dans une boulangerie acheter des chouquettes pour Bastien. Elle gambada ensuite jusqu'à sa coloc, heureuse de passer à nouveau du temps avec lui. Au fond d'elle, ses deux relations la rendaient profondément heureuse, et son double jeu l'excitait même. Une minuscule part d'elle se sentait comme une gangster, puissante, retorse et maligne, et elle aimait ça. Cette sensation lui faisait peur pourtant : elle craignait d'y céder et de cesser d'essayer de remettre les choses à l'endroit.
— Bonsoir Bastien ! s'exclama-t-elle, guillerette, lorsqu'il ouvrit la porte.
Il la repoussa alors qu'elle tentait de l'embrasser. Elle se heurta alors à son visage fermé, avec ses yeux dans lesquels luttaient peine et colère.
— Tu ne vas pas voir ton autre copain ce soir ? cracha-t-il.
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