Une toute nouvelle galaxie (épilogue)
"If we believe in possibilities and hope, even when the unexpected happens we don't lose our way, but discover a new one."
Kim Namjoon
- Céleste !!! Ta tasse de café. Elle traîne sur le comptoir... j'en donne pas cher si Henri met la main dessus...
- Ne l'appelle pas comme ça ! rit Céleste.
- Que veux-tu ! Il a la même tête : un petit visage fripé, les lunettes, la salopette à bretelles. Manque plus que le béret !
- C'est méchant... il n'a que 14 mois. Comment tu peux le comparer à Pépé Henri ?
Na-kyung mit sa main en coupe sous le petit menton baveux d'un air de dire : « Regarde ! C'est pas évident ? »
Le petit Hyong-keun mâchouillait un jouet en bois confortablement installé sur les jambes du jeune homme qui tentait de l'intéresser à un livre d'images. Vainement.
- En tout cas, c'est pas une lumière ! Il voit des canards partout ! Enfin des « canaaa ».
- Naki ! C'est un bébé, insista Céleste totalement en adoration devant eux.
Les cerisiers, la librairie, avaient tous fleuri d'un coup d'un seul. Du haut de son échelle, Céleste voyait les passants pressés ralentir le pas devant sa boutique pour se laisser aller, ne serait-ce qu'un instant, à la contemplation de cette beauté éphémère.
Il était beau, ce mois de mars !
Tout se déroulait à merveille. Sa librairie, « Au p'tit bouquin », fêtait ses six mois d'existence et les clients commençaient à se faire nombreux et fidèles.
Comme à Paris, les livres d'occasion côtoyaient les livres neufs dans un joyeux bazar parfaitement organisé. Il y avait cependant une différence notable : tout était plus lumineux bien qu'aussi chaleureux. Autre particularité, la librairie, pour satisfaire la clientèle locale, vendait autant de livres en français qu'en hangeul. Enfin, le commerce s'ouvrait sur un café-atelier pour artistes que dirigeait avec succès Na-kyung.
Le seul bémol - encore que cela provoquait souvent l'hilarité des visiteurs - c'était leurs prises de bec pour des broutilles. En général, cela commençait par l'agacement du jeune homme face à la désorganisation apparente de Céleste. Elle répondait vertement qu'il était vraiment de plus en plus maniaque. Il finissait par dire qu'il allait l'exproprier et elle remportait l'échange en lui rappelant que la propriétaire des lieux, à présent, c'était elle !
Les clients et les artistes venaient autant pour la qualité des services de l'endroit que pour la beauté et la personnalité des deux compères. Ils avaient déjà une renommée certaine dans Seorae village.
Depuis la réserve, Céleste entendit la clochette de la porte d'entrée tintinnabuler. Mais pas de « Céleste, un client pour toi ». Elle se figura que c'était probablement le groupe qu'attendait Naki. Mais la boutique restait étrangement silencieuse. Complètement absorbée par son inventaire, elle ne se laissa pas importuner par l'étrangeté de la chose.
C'est ainsi qu'elle fut surprise par deux grands bras qui s'enroulèrent autour de sa taille de nouveau fine. Passée la première surprise, elle se laissa aller en arrière et reposa sa tête sur l'épaule qui se présentait. Un baiser se posa sur sa tempe.
- I missed you, dit une voix fatiguée.
Céleste se retourna pour gratifier le géant, terrassé d'avance, d'un sourire enjôleur.
- Did you manage to get through the bookstore without getting hit by the two terrors?
- Not exactly... fit le jeune homme en tirant sur son sweat gris pour le tendre.
Ce dernier était maculé d'auréoles de bave.
- Since when is my son's name Henry?
- Since he looks like an old man according to Naki... fit Céleste en plongeant dans les bras de Namjoon.
Elle fit vivement un pas en arrière et prit un air concerné.
- Oh, and it looks like he's stupid, or at least has a worm in his brain...
- You mean like his parents? rit Namjoon.
- Yes, that's right, just like you! He sees ducks everywhere...
- Ok! All the more reason to keep it hidden from the media! plaisanta le jeune homme en attirant Céleste de nouveau contre lui.
Namjoon jouait avec les cheveux qui chatouillaient à présent la nuque de Céleste. Il laissa courir ses doigts à l'endroit où se trouvait la tâche de naissance ; il connaissait l'emplacement par cœur. Il aurait aimé la garder ainsi, tout contre lui, jusqu'à plus soif, mais elle commençait à se tortiller pour s'extraire de son emprise. Il se sentit blessé.
Mais lorsqu'il vit le visage de Céleste, il comprit et ne put s'empêcher de s'esclaffer : elle avait la marque de son pendentif imprimé sur la joue gauche. Namjoon ne le quittait que pour les événements professionnels et s'empressait de le remettre sitôt après. Il avait ainsi le sentiment que la jeune femme le suivait malgré tout.
De retour dans la boutique, il l'observa. Elle rayonnait auprès de ses clients. Il lui sembla qu'il n'avait jamais été aussi amoureux.
Na-kyung le sortit de sa rêverie en lui tendant le bambin de mauvaise grâce.
- Je dois retourner à l'atelier, fit-il en le regardant à peine.
Na-kyung digérait très lentement cette nouvelle vie.
Il gardait un œil acerbe sur son cousin et, comme il percevait bien l'exaspération de Namjoon, il s'en délectait. Avec parcimonie. Car le plus important, au fond, cela restait Céleste. Quand des bouffées de rancune lui revenaient, il se disait qu'il passait plus de temps avec elle que Namjoon, même s'ils ne vivaient plus ensemble. Il se réjouissait d'être un oncle ultra présent qui pesait dans l'éducation du bébé. Alors, oui, il gardait sa place, à une distance raisonnable qui ne souffrait aucune ambiguïté mais, pour le moment, il ne donnait aucun répit à son cousin.
Namjoon allait quitter la boutique avec Hyong-keun dans les bras lorsqu'il se surprit à revenir sur ses pas pour pénétrer dans l'atelier de Na-kyung. De loin, il lui fit un geste de la main qui voulait dire aurevoir. Puis, avant même qu'il ait le temps de réfléchir, il se lança :
- Merci ! Merci pour tout...
Son cousin lui sourit, sincèrement. Il formait une drôle de famille, certes, mais chacun y trouvait maintenant sa place et s'y sentait compris, soutenu et aimé. Peut-être que Na-kyung pouvait baisser la garde.
Céleste, depuis la librairie, les observait, tous les trois. Elle se dit que, finalement, elle avait réussi à sortir de sa tanière et que le monde et les hommes n'étaient pas si cruels et effrayants. Les "toujours", les "quoiqu'il arrive" avaient une vraie valeur qu'elle appréciait à présent.
Namjoon et elle étaient passés par le choc de deux univers et le chaos avant de pouvoir en créer un nouveau, inconnu, et infiniment excitant à explorer. Ensemble.
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