Chapitre 7.
Submergé par la terreur, le jeune Confrère regardait d'un air impuissant l'illusion se répandre peu à peu sur son corps.
— Makis... tu dois... rompre le lien, articula Shamë, les dents serrées, alors qu'elle devait redoubler d'efforts pour palier à l'énergie magique qu'il lui absorbait.
Rompre le lien... C'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Plus le garçon tentait de refouler l'afflux de magie qui l'impactait, et plus ce dernier semblait gagner en puissance et en intensité. Cramponnée à l'encolure de sa jument, le front couvert de sueurs froides et les sourcils froncés, la Wazkaëf paraissait lutter de toutes ses forces pour interrompre elle-même cette connexion qui risquait de lui être fatale.
Ce fut au moment où le mirage atteignait les coudes de l'adolescent que sa camarade finit par lâcher prise.
— Makis ! vociféra-t-elle en ouvrant brusquement les yeux. Arrête de résister à la magie ! Laisse-la te traverser sans opposer de résistance et sans te concentrer sur elle ! Calme-toi, respire, et libère ton emprise, ou on risque d'y passer tous les deux !
Ces mots firent l'effet d'une décharge au garçon. Il se força à prendre une profonde inspiration, ferma les paupières et ne lutta plus en vain contre ce pouvoir surpuissant. Dès qu'il cessa de s'opposer à la magie et de se focaliser sur elle, il sentit comme un agréable courant le traverser et la bouffée de chaleur qui l'avait saisi s'atténua. Shamë parut elle aussi se relâcher, mais elle poussa subitement une série de jurons et reprit instantanément son attitude implacable.
— Il y a un problème ? s'enquit-il, inquiet. Et qu'est-ce qui m'est arrivé exactement ?
N'obtenant pas de réponse, il donna un petit coup de talon dans le flanc de son cheval pour le remettre au pas et tâcha de calmer les battements de son cœur. Désireux de ne plus se laisser dépasser par son pouvoir, il laissa les émanations magiques passer à travers lui sans s'en préoccuper. Quelques minutes plus tard, les picotements dans ses bras se dissipèrent et ses mains furent de nouveau visibles.
Soulagé, Makis put enfin se détendre et profiter du sublime spectacle qui s'offrait à lui. Sous la lumière des trois astres nocturnes, les feuilles du grand arbre Briwiel scintillaient doucement de multiples couleurs, offrant un tableau apaisant et resplendissant. Lorsque les deux cavaliers s'engouffrèrent sous ce plafond majestueux, cependant, les reflets irisés dus aux rayons de lune cédèrent la place à de délicates teintes opalines.
Le jeune Confrère les savait désormais hors d'atteinte des camps de garde, mais il préféra jouer la sécurité et attendit une poignée de minutes supplémentaires avant d'immobiliser leurs montures. Ils ne se trouvaient maintenant plus qu'à quelques dizaines de mètres du gigantesque tronc, profondément enfoncés sous le couvert de la canopée argentée.
— Nous sommes arrivés, chuchota-t-il prudemment à l'intention de sa camarade.
Celle-ci ne réagit pas immédiatement, mais finit par pousser un profond soupir et se laissa glisser au sol. Elle y demeura étendue un moment, et lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, elle contempla pendant un instant le plafond féerique qui s'étendait à perte de vue au-dessus d'elle. Puis la mage-guerrière se remit lentement debout et Makis comprit tragiquement qu'il allait passer un sale quart d'heure.
Shamë fulminait, mais son état d'agacement était tel qu'elle ne parvenait pas à l'exprimer. Ses joues étaient aussi rouges que ses cheveux malgré sa peau mate, et ses yeux furibonds lançaient des éclairs en direction du garçon.
— Ton rôle n'était pas très compliqué à tenir, me semble-t-il, asséna-t-elle finalement d'un ton glacial. Par ta faute, les soldats en faction auraient pu nous voir, on aurait atterri dans les geôles de la capitale et le Sommet nous aurait ramenés à la Confrérie par la peau des fesses.
— Que s'est-il passé ? demanda-t-il, brusquement saisi d'angoisse.
— Ton lien me pompait trop de magie, et ta panique ainsi que la surprise m'ont déstabilisée. Par conséquent, mon illusion s'est dématérialisée pendant près d'une minute.
Le garçon sentit son estomac se nouer : ils auraient pu se faire repérer à cause de lui !
— Dans ce cas, pourquoi ne m'as-tu pas prévenu lorsque je t'ai demandé s'il y avait un problème ?
— Tu crois vraiment que je n'avais que ça à faire ? Entre canaliser l'énergie magique de l'arbre, rétablir en urgence le mirage qui nous couvrait et gérer la rupture de connexion entre nous, j'avais du pain sur la planche ! On ne peut pas vraiment dire que tu m'as aidée sur ce coup-là...
Ces petites complications semblaient l'avoir vraiment mise de très mauvaise humeur. La Wazkaëf se força à respirer profondément à plusieurs reprises, puis elle détourna son attention du jeune Aazu pour la focaliser sur le tronc.
— Ainsi, nous voilà enfin au pied du mythique arbre Briwiel, murmura-t-elle, pensive. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer...
En effet, si c'était bien dans cette zone que l'intitulé de la prophétie les avait menés, ils n'en savaient pas plus sur l'emplacement exact du portail astral. Devaient-ils creuser vers les racines, s'élever vers la cime ou bien tenter de s'engouffrer à l'intérieur du bois ? Makis eut beau s'arquer le cou, rien au-dessus de leurs têtes n'était susceptible de les aider, et mêmes les premières branches, si imposantes fussent-elles, était hors de leur portée.
— Reposons-nous un peu, suggéra le jeune Confrère, que cette journée de voyage avait éreinté.
— Pas maintenant, répliqua Shamë malgré son évidente fatigue. Le Sommet sait que nous sommes dans les parages, même s'il n'en connaît pas les raisons exactes. Trouvons d'abord un endroit plus sûr.
Les deux fugitifs se remirent en selle et entreprirent de contourner l'arbre, tout en conservant une certaine distance avec le tronc. Ils en firent une première fois le tour, sans succès. Lors de leur deuxième passage, cependant, un détail accrocha le regard du garçon.
— On dirait qu'il y a comme une embouchure, juste là, dans le bois, murmura-t-il en désignant un point plus sombre.
Ils s'en approchèrent et la mage-guerrière, accroupie et dague à la main, entreprit de dégager l'entrée du boyau, jusqu'ici obstruée par des lianes. Le passage obscur, situé au niveau du sol, était juste assez large pour qu'un humain pût s'y glisser à quatre pattes.
— Tu penses que c'est par là ? s'enquit Makis en glissant prudemment la tête à l'intérieur.
— Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, répondit la Consœur. Il faut y aller.
— Et pour les chevaux ?
— Laissons-les ici, à moins que tu ne tiennes absolument à les faire passer dans le conduit. Espérons seulement qu'on sera revenus bientôt.
Ils sélectionnèrent le strict minimum parmi leurs affaires, et lorsqu'ils furent fin prêts, le jeune Aazu décrocha une torche de la selle de sa monture et la tendit à sa camarade.
— Tiens, je te laisse l'allumer, lança-t-il.
Shamë le contempla un moment comme s'il était le dernier des dégénérés.
— T'es idiot ou tu le fais exprès ? demanda-t-elle en arquant les sourcils.
Déconcerté, Makis laissa son bras retomber mollement.
— Je te rappelle qu'on s'apprête à rentrer à l'intérieur d'un arbre, continua-t-elle d'un ton narquois. Donc à moins de réduire en cendres ce pourquoi on est là, je ne pense pas que le feu soit la meilleure option.
— Parce que tu as une autre idée, peut-être ? répliqua-t-il, vexé.
La Wazkaëf haussa les épaules.
— Je comptais y aller à l'aveugle. Je ne vois pas d'autre solution, sauf si miraculeusement ta tête se mettait à briller pour nous éclairer le chemin.
L'adolescent, qui avait parfaitement saisi la double insinuation contenue dans ces paroles, émit un grognement de mécontentement et fit signe à sa camarade de passer devant. Poussant son baluchon devant elle, la mage-guerrière s'engagea à quatre pattes dans le sombre conduit et l'adolescent prit immédiatement sa suite.
Ils parcoururent ainsi quelques mètres dans une obscurité qui s'épaississait peu à peu. Soudain, Shamë s'arrêta et marmonna :
— J'ai l'impression qu'on peut se mettre debout.
Makis distingua sa silhouette remuer, et quelques instants plus tard elle confirma ses propos. Soulagé, le garçon se redressa vivement mais, plus grand, se heurta la tête au plafond du tunnel. Il laissa échapper une flopée de jurons et s'avança d'un pas sans cesser de se frotter le crâne. Pouvant désormais se tenir normalement, il laissa la douleur s'estomper tout en ignorant sa camarade qui pouffait devant lui.
— Le conduit tourne vers la droite, affirma ensuite Shamë qui, les bras tendus latéralement, effleurait de la main les deux parois. Allons-y.
Cependant, à peine quelques mètres plus tard, il y eut un bruit sourd et la voix de la jeune Consœur s'éleva de nouveau.
— Attention, il y a une marche. Je crois que nous sommes au pied d'un escalier.
Ils entamèrent donc l'ascension à tâtons, avec pour seul repère les murs de bois brut qui les encadraient de part et d'autre et les marches qui se succédaient régulièrement. Les deux membres de la Confrérie grimpèrent ainsi de longues minutes et Makis, qui n'était pas à l'aise dans les espaces sombres et étroits depuis le labyrinthe de l'Épreuve de Lumière, sentait l'angoisse s'insinuer lentement en lui.
— Je te préviens, grinça soudain la mage-guerrière, tu as intérêt à te contrôler pour ne pas laisser la puissance de l'arbre te submerger. Je ne sais pas si tu entends la sève qui circule dans ce tronc, mais elle est chargée de magie à l'état pur. Si tes émotions venaient à l'emporter, tu risquerais de provoquer une catastrophe. Pense à ce que je t'ai dit tout à l'heure et calme-toi !
Le jeune Aazu tâcha de se concentrer sur sa progression et sur le bruit de leurs pas. Les cuisses en feu et le souffle court, il se faisait violence pour ne pas se laisser distancer par sa camarade, qui avalait les marches à un rythme soutenu.
— J'ai l'impression... qu'on est en train... de tourner autour du tronc, haleta-t-il après une poignée de minutes supplémentaires.
— En effet, marmonna-t-elle.
Il leur sembla soudain que l'obscurité se dissipait peu à peu. La lumière qui leur parvenait, d'abord ténue, s'intensifia peu à peu, et c'est avec soulagement qu'ils débouchèrent enfin à la sortie du tunnel. Les deux adolescents aspirèrent à grandes goulées l'air frais de la nuit qui venait leur caresser le visage. Au-dessus de leurs têtes, la densité du feuillage argenté ne leur permettait toujours pas d'apercevoir le ciel.
La galerie les avait menés dans un étage à l'architecture bien singulière, situé à environ un tiers de la hauteur totale du grand arbre Briwiel. Le trou par lequel ils venaient de sortir se trouvait à la jonction des branches les plus basses, laquelle formait un étrange plateau de la largeur du tronc, comme si le sommet du végétal avait été aplani. Du centre de cette place prenait naissance un second tronc, dont le diamètre ne devait pas excéder trente mètres et qui semblait constituer les deux tiers restants de l'envergure totale.
Depuis le sol, l'amplitude des branches et la quantité de feuilles ne leur avaient pas permis de distinguer cette deuxième structure, pour le moins intrigante. Interloqués, ils laissèrent leur regard grimper le long de cet édifice, dont une fois de plus on ne distinguait pas le sommet.
— Installons-nous par ici, proposa la Wazkaëf quand ils en eurent fait le tour. Je pense que nous devrions être relativement tranquilles.
Les adolescents posèrent donc leur paquetage et étendirent leurs couvertures à proximité du tunnel par lequel ils étaient arrivés. Bercés par le hululement des rapaces nocturnes et par les courants magiques qui émanaient de l'arbre, ils ne tardèrent pas à fermer l'œil.
Lorsqu'ils s'éveillèrent, quelques courtes heures plus tard, le jour s'était déjà levé et le chant des oiseaux résonnait tout autour d'eux. Bien loin du véritable feu d'artifice auquel ils avaient eu droit la veille, le feuillage reflétait ce jour-là une lumière terne et grisâtre. Dans le ciel, le soleil se cachait derrière une épaisse couche de nuages.
— Au moins, ça a le mérite de ne pas nous brûler les yeux, marmonna Shamë en s'étirant.
Après une rapide collation, ils remballèrent leurs affaires et examinèrent de plus près les sentiers qui s'offraient à eux. De chacune des branches – dont le diamètre à la base devait avoisiner les dix mètres – démarrait un escalier aux marches moussues taillées à même l'écorce. Les pistes disparaissaient rapidement derrière les rideaux de feuilles mais paraissaient s'élever vers la cime de l'arbre.
Les deux membres de la Confrérie décidèrent de ne rien laisser de côté et se mirent à arpenter les innombrables marches. C'était un véritable dédale qui se perdait dans les hauteurs, serpentant sur les différentes ramifications et les entraînant parfois jusqu'aux extrémités des branches, où une vue imprenable sur la plaine s'offrait à eux.
La lumière commençait à décliner lorsqu'ils revinrent, bredouilles, à leur point de départ. Ils avaient suivi chaque chemin, escaladé chaque branche, étaient montés jusqu'à la cime et s'étaient essayés à tous les escaliers possibles, sans rien trouver de plus que de la démotivation.
Éreinté, Makis contourna l'entrée du tunnel et posa son front contre la surface dure du second tronc. Il ferma les yeux et laissa la magie du grand arbre Briwiel courir sur sa peau. Quelque chose, à l'intérieur, semblait l'attirer inexorablement. Il laissa ses doigts glisser sur les lianes et toucha soudain un interstice vertical presque obstrué par la mousse. Saisi d'une brusque inspiration, le jeune Confrère murmura :
— Se perdre est le meilleur moyen de se trouver, sans craindre la mort où toute vie doit mener. Il faut s'oublier afin de se souvenir, sans s'abaisser à la lâcheté de mentir.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, une ouverture sombre de la taille d'une porte occupait le bois sur lequel il se tenait appuyé quelques instants plus tôt. La mage-guerrière, bouche-bée, l'avait rejoint et contemplait l'entrée de cette nouvelle galerie qui se présentait à eux.
— C'est... le portail astral ? balbutia-t-elle.
— Je ne pense pas, répondit pensivement le garçon. Ça ne ressemble pas à ce que l'Oracle m'a montré.
Sceptique, elle passa sa main à travers le trou et brassa l'air pendant quelques instants. Semblant n'y déceler aucun effet néfaste, elle lança vivement :
— Allons voir.
Elle ramassa son baluchon et s'engagea d'un pas décidé vers ce nouvel inconnu. Piqué par la curiosité, Makis refoula la bouffée d'appréhension qui le gagnait et s'engagea à la suite de sa camarade. Sitôt l'ouverture franchie, le spectacle qui se révéla à lui manqua de le faire tomber à la renverse.
L'espace dans lequel ils venaient de pénétrer était si vaste qu'il était impossible de croire qu'il s'agissait de l'intérieur du tronc. Ce puit sans fond était l'abri de milliers de lucioles, qui volaient paresseusement et illuminaient ces épaisses ténèbres d'une myriade de points chatoyants. Étonnamment brute et réelle dans cette atmosphère légère et féérique, une mince passerelle de bois se perdait dans l'obscurité et semblait mener droit au centre de l'arbre.
— Aux saintes paroles s'ouvre le cœur du sage, souffla l'adolescent, ébahi.
La Wazkaëf acquiesça lentement puis s'aventura sur l'étroit pont, faisant s'écarter les insectes luminescents sur son passage.
— Tâche de ne pas tomber ! s'exclama-t-elle avec une pointe de moquerie.
Se retenant de regarder en contrebas, il la suivit après avoir jeté un dernier coup d'œil au dehors qui s'éloignait derrière eux. Ils n'eurent cependant pas trop de distance à parcourir : une quinzaine de mètres plus loin, la passerelle s'élargissait en une plate-forme circulaire. Au milieu de ce palier trônait une porte nacrée à la poignée finement sculptée.
— C'est lui, murmura Makis en s'arrêtant à la périphérie du plateau. C'est le portail astral que j'ai vu dans la prophétie...
Les yeux brillants, il dépassa la mage-guerrière et s'empressa de faire pivoter le battant. De l'autre côté, les lucioles et le vieux tronc du grand arbre Briwiel avaient cédé leur place à un véritable champ d'étoiles, de galaxies et de comètes. Elles s'étendaient à perte de vue en un tableau éblouissant qui raviva la détermination du jeune Confrère.
— Allons-y ! s'écria-t-il.
Lorsqu'il se retourna, cependant, tout son engouement fut soufflé comme la flamme d'une bougie. Shamë n'avait pas bougé. Figée à l'extrémité du pont, elle gardait les yeux baissés, comme fuyant le regard de Makis.
— Qu'est-ce que tu attends ? lança-t-il timidement, sentant sa voix s'éteindre à mesure qu'il craignait de comprendre.
— Makis... Je ne viens pas.
L'adolescent lâcha la poignée et laissa son bras retomber le long de son corps.
— Mais... pourquoi ?
Elle prit une profonde inspiration et répondit d'un air grave :
— Mon destin m'appelle ailleurs. Je dois te laisser pour un temps afin d'aller traiter d'une affaire importante, mais je serai de retour bientôt, je te le promets. Et puis, il s'agit tout de même de sauver ton père... C'est à toi que l'Oracle a montré le chemin, c'est donc à toi seul qu'il incombe de le suivre.
— Mais, je croyais... Tu avais insisté pour m'accompagner en prétendant que tu devais me protéger !
La mage-guerrière esquissa un sourire.
— Je ne sais pas plus que toi ce qui t'attend derrière ce portail. Mon aide ne sera donc pas d'une très grande utilité. Ne t'en fais pas, si je te laisse partir ainsi, c'est parce que je t'estime prêt à prendre ta survie en main. Je ne pensais pas réellement ce que je t'ai dit avant de quitter la forêt de Dauthas, mais ça m'évitait d'avoir trop à justifier ma présence sur ce voyage.
Les poings crispés, Makis s'exclama :
— Tu ne peux pas me planter maintenant ! Pas après tout ce qu'on a traversé ensemble ! J'ai besoin de toi !
— Tu ne comprends pas ! s'emporta-t-elle. Même si cela me fait aussi mal qu'à toi, je n'ai pas le choix ! C'est ce qui est écrit !
Il savait pertinemment que la partie était perdue d'avance. Résigné, il détourna le regard et tâcha de se convaincre qu'il allait désormais poursuivre son aventure sans pouvoir ne compter sur personne. La Consœur s'avança en farfouillant dans sa sacoche. Parvenue à la hauteur de son camarade, elle lui montra un étrange minéral. Parfaitement lisse et d'un noir de jais, il était en forme de spirale et percé en son centre d'un trou elliptique.
— C'est ma première pierre, expliqua-t-elle avec émotion. Elle est reconnaissable entre mille. Je l'ai reçue de ma mère peu avant qu'elle ne meure, et c'est la plus fiable pour toutes mes prédictions. Lorsque je serai de retour au grand arbre Briwiel, je la jetterai à travers le portail astral. Arrange-toi pour passer voir régulièrement quand tu seras... de l'autre côté. Tu sauras ainsi à quel moment revenir.
Même si elle essayait de paraître forte, sa lèvre inférieure tremblait. Elle étreignit brièvement son camarade et lui souffla :
— Je suis désolée... S'il-te-plaît, fais attention à toi et essaye de ne pas mourir comme un idiot. Nul ne sait ce qui se cache par-delà les étoiles.
Puis elle fit demi-tour et s'en alla, avalée par la nuée de points scintillants, laissant Makis seul face à la porte.
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