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Chapitre 6.

Makis se savait très mauvais menteur, mais jamais il n'aurait pu s'imaginer fournir une aussi piètre performance. Il eut beau marcher en traînant des pieds sur le chemin du retour, espérant retarder le moment fatidique, il savait que la confrontation avec Shamë serait inévitable – et sûrement pas des plus réconfortantes.

Lorsqu'il entra dans le salon de sa cabane, il sentit instantanément le regard de braise de la mage-guerrière le sonder. Il n'eut pas à prononcer le moindre mot ; son air déconfit parla pour lui.

— Je ne te félicite pas, dit-elle d'un ton cinglant.

Muré dans le silence, le garçon tenta de traverser la pièce d'une traite pour aller s'isoler dans sa chambre. À mi-chemin, la Wazkaëf lui barra la route.

— Ils ne t'ont pas cru ? demanda-t-elle plus calmement.

— Le Sommet refuse de me laisser quitter la forêt tant que je ne lui aurais pas récité la vraie énigme de l'Oracle. Les dirigeants n'ont plus confiance en moi, rétorqua-t-il amèrement.

— C'était prévisible, soupira-t-elle en secouant la tête. Il ne nous reste plus qu'à inventer une histoire qui tienne la route et à espérer qu'ils changent d'avis...

— Tant pis, la coupa Makis, je ne veux pas attendre davantage. Peu m'importe leur considération, je vais tenter de partir cette nuit. Et si ça ne te plaît pas, rien ne t'oblige à me suivre. Je me suis enfoncé seul dans cet embarras, alors j'en assumerai seul les conséquences.

Il la poussa sur le côté et s'enferma dans sa chambre, incroyablement frustré. Le reste de la journée passa lentement : le jeune Confrère, rongé par un mélange d'excitation et d'appréhension, ne cessait d'arpenter la pièce à grands pas. Le reste de la cabane demeurait étrangement silencieux, comme si Shamë souhaitait faire oublier son existence ou avait tout simplement disparu.

Quand le crépuscule vint allonger les ombres des arbres et déposer de jolies teintes dorées à travers les bois, Makis s'attela à rassembler ses affaires. Son paquetage était assez volumineux, et pour cause : il n'avait aucune idée du temps que lui prendrait cette quête, ni même où elle allait le mener et s'il reviendrait un jour. L'adolescent attendit encore une poignée d'heures après la tombée de la nuit, puis troqua sa toge bleue contre des habits de voyage bien moins contraignants.

La boule au ventre, il souleva son baluchon et poussa le battant. Même pendant la soirée, la mage-guerrière n'avait montré aucun signe de vie, et s'il avait du mal à l'admettre, le jeune Aazu se sentait peiné qu'elle ne prît pas la peine de lui dire au-revoir à défaut de l'accompagner. Il se trompait lourdement.

Campée devant l'entrée, son propre paquetage déposé à ses pieds, Shamë semblait attendre sa venue. À peine eut-il ouvert la bouche pour protester qu'elle annonça d'un ton sans appel :

— Je viens avec toi.

Son regard déterminé fit voler en éclats toute la rancune du garçon.

— Mais... pourquoi ? balbutia-t-il. Si je m'enfuis maintenant, j'aurais enfreint le règlement et je serais lourdement sanctionné. Tu viens tout juste d'intégrer les rangs de la Confrérie et tu mets déjà ton avenir en péril ?

— Est-ce que tu crois avoir le choix ? rétorqua-t-elle. Sans moi, tu ne survivrais pas trois jours hors de la forêt.

La véracité de ces propos arracha un sursaut à Makis, ce qui acheva de lui remettre les idées en place. Plus que la simple envie de voyager aux côtés de la Consœur, sa présence était pour lui d'une nécessité vitale. Il lui adressa un regard de profonde reconnaissance mais ne reçut en retour qu'un haussement de sourcils ironique.

— Tu n'es pas encore prêt à vagabonder par monts et par vaux sous ta propre responsabilité, ricana-t-elle.

Elle ouvrit la porte et s'engouffra au-dehors, enveloppée par l'obscurité. Lorsque l'adolescent sortit à son tour, son stress – qui s'était momentanément envolé – revint au galop. Ils traversèrent les bois sans encombre, silencieux dans l'air frais de la nuit. Une fois aux écuries, la Wazkaëf équipa sa jument et la tira hors de sa stalle.

— Shamë, fit soudain remarque le jeune Aazu d'un ton piteux, je n'ai pas de cheval... Il faudrait qu'on s'arrête à Triëm...

— Hors de question, réfuta-t-elle. Ce serait dangereux et une perte de temps.

Elle désigna les quelques chevaux qui, accrochés aux barrières extérieures, avaient sûrement été préparés pour le lendemain.

— Un de ceux-là fera l'affaire. Le pie, par exemple.

— Tu n'as aucun scrupule ?

Elle dénoua d'un geste sec la corde qui retenait l'étalon à la barrière.

— Aucun, rétorqua-t-elle en lui tendant la longe de l'animal. Allons-y.

Heureusement pour eux, les écuries de la Confrérie ne se situaient pas loin du sentier principal qui menait à la sortie des bois. Ils essayaient de se déplacer sans bruit, mais les chevaux chargés faisaient craquer les branches mortes. Alors que Makis ne les estimait plus très loin de la barrière invisible, une voix transperça l'obscurité, les faisant sursauter :

— Halte-là !

L'homme qui quitta le couvert des arbres et vint se dresser au milieu du chemin était la dernière personne que Makis aurait souhaité voir à ce moment-là.

— Le Sommet suspectait une tentative d'évasion intempestive de ta part, Makis, clama Migarth avec un sourire narquois. Le Doyen a eu raison de me mettre en faction à la sortie de la forêt cette nuit.

L'adolescent crispa son poing autour de la bride de l'étalon. Il s'était une nouvelle fois montré trop irréfléchi et avait foncé droit dans la gueule du loup. Sa propre erreur l'insupportait tant qu'il ne prit pas la peine d'incliner la tête pour saluer son supérieur. Le jeune Maître, qui jubilait, ne parut même pas noter ce manquement à la règle.

— Comme il te l'est imposé, poursuivit Migarth, tu vas bien sagement faire demi-tour, ramener ce cheval qui ne t'appartient pas et rentrer te coucher.

Makis ne bougea pas d'un pouce, cherchant désespérément une solution. Le Maître, impatienté par son mutisme, fit un pas vers lui mais s'interrompit brusquement lorsque Shamë s'avança à son tour.

— Étant donné que le Sommet ne désapprouve pas mon départ, je vous laisse régler le problème entre vous. Bonne nuit.

Tirant sa jument derrière elle, la mage-guerrière dépassa l'homme en toge rouge qui ne manifesta pas la moindre intention de l'arrêter. Sans un regard en arrière pour le jeune Aazu, elle s'éloigna et disparut au détour du sentier, engloutie par l'obscurité.

— Makis, répéta Migarth d'un ton plus ferme, tu n'as pas l'autorisation de quitter la forêt tant que tu n'auras pas révélé la prophétie. Retourne immédiatement à ta cabane.

Une fois de plus, le garçon resta immobile. Ce n'était toutefois pas dû à celui qui se tenait face à lui, mais bien à celle qui s'en était allée. Shamë venait de le laisser tomber, elle qui avait insisté pour l'accompagner et qui l'avait conforté dans ce départ nocturne. Alors qu'il allait se laisser envahir par le désespoir, il entendit une voix étouffée dans son dos.

— Laisse-le partir...

Makis se retourna d'un bond. D'une démarche claudicante, luttant pour ne pas s'empêtrer dans son ample toge blanche, le Doyen se dirigeait vers eux. Parvenu à leur hauteur, il toussa à plusieurs reprises et reprit :

— Laisse partir ce garçon, Migarth...

D'un même mouvement, ses deux cadets s'inclinèrent puis le Maître répondit d'un air circonspect :

— Vous m'aviez pourtant formellement ordonné de ne le laisser quitter les bois sous aucun prétexte !

— Le Sommet a changé d'avis. Nous avons eu une nouvelle concertation dans la soirée.

— Mais je croyais que cette décision n'était réversible qu'avec l'accord de tous les dirigeants, et...

Il s'effondra face contre terre avant d'avoir pu terminer sa phrase. Hébété, Makis jeta des coups d'œil inquiets autour de lui. Le vieillard avait disparu, mais Shamë, elle, se tenait penchée au-dessus du corps inanimé de l'homme en toge rouge.

— Allons-nous-en, chuchota-t-elle vivement. Je ne sais pas vraiment quand il va se réveiller, mais je préfère m'éloigner le plus possible d'ici là.

— Mais... toi... Migarth... le Doyen... balbutia le jeune Confrère, les yeux écarquillés.

— Le vieux n'était qu'un mirage de ma conception, il m'a servi pour détourner l'attention de l'autre imbécile.

— Pourquoi ne l'as-tu pas tout simplement convaincu ?

— Il était trop suspicieux, rétorqua-t-elle. Ça n'aurait pas marché, alors j'ai profité qu'il soit focalisé sur autre chose pour l'assommer par derrière.

Elle récupéra sa monture, cachée derrière un gros arbre, se mit en selle et ajouta sèchement :

— Nous sommes tous les deux fautifs à partir de maintenant ; toi pour avoir désobéi au Sommet, moi pour avoir agressé un de ses membres. Alors partons d'ici avant que quelqu'un d'autre ne nous tombe dessus !

Ces mots firent l'effet d'une décharge électrique à l'adolescent. Il s'installa rapidement sur son cheval d'emprunt et le lança au galop à la suite de celui de la Wazkaëf. Alors qu'ils filaient à travers champs dans le silence de la nuit, Makis réalisa que sa camarade l'avait une nouvelle fois sauvé. Et dire qu'il avait eu la stupidité de penser qu'elle l'avait abandonné à son sort !

À l'approche de Triëm, ils ralentirent leurs montures pour leur permettre de souffler un peu, chevauchant côte à côte. Un peu gêné, le jeune Aazu ne savait pas trop comment remercier la mage-guerrière.

— Shamë, murmura-t-il finalement. Ce que tu as fait tout-à-l'heure... c'était vraiment une très belle illusion.

Malgré la pénombre ambiante, seulement percée par la lumière des trois lunes, Makis crut déceler sur son visage impassible l'esquisse d'un sourire. Lui en arracher un qui ne soit dû ni à l'ironie ni à la moquerie, c'était une de ses plus grandes victoires.

* * *

Près de cinq jours plus tard, ils atteignirent enfin la région qu'ils recherchaient. Dans les vastes plaines de Wyldess, les cultures étaient abondantes et ils passèrent à proximité d'un nombre incalculable de fermes ou de hameaux. Située à une centaine de kilomètres environ de la capitale, ces étendues étaient zébrées de nombreuses routes à fort trafic commercial, où les caravanes marchandes se succédaient à longueur de journée.

Dans le début de l'après-midi, ils laissèrent derrière eux tout ce fourmillement humain pour s'enfoncer davantage au cœur du biome. Alors que le jeune Confrère commençait à les croire perdus, un éclat accrocha son regard.

Devant eux, sur la ligne d'horizon, un point lumineux brillait de mille feux, les éblouissant presque.

— Qu'est-ce que c'est que ce machin ? bougonna Shamë, vaguement déconcertée.

— Il étincelle sous le soleil de midi, murmura le garçon en fermant les yeux. C'est le grand arbre Briwiel. C'est là que nous allons.

À mesure qu'ils cheminaient dans sa direction, l'irradiation se faisait de plus en plus intense. Au coucher du soleil, l'immense végétal parut même prendre feu. Alors que l'astre rougeoyant disparaissait derrière l'horizon, les deux cavaliers durent se stopper à moins de deux kilomètres de leur but – un véritable soulagement pour Makis qui avait mal aux paupières à force de garder les yeux plissés.

D'une part, l'imposante stature de l'arbre les figeait de stupeur : le diamètre du tronc à sa base devait avoisiner les cent mètres, et les plus hautes branches pointaient vers le ciel à pas moins d'un kilomètre de haut. D'autre part, et ils venaient de le remarquer car les rayons qui leur brûlaient les yeux avaient disparu en même temps que le soleil, la périphérie de l'arbre était ponctuée à intervalles réguliers de camps de garde.

— Je ne savais pas que l'accès était surveillé, marmonna le jeune Confrère, perplexe.

— Moi si, répondit pensivement la Wazkaëf, je suis allée me documenter dans les archives de la Confrérie l'autre jour. Il existe en fait une très forte concentration d'activité magique autour du grand arbre Briwiel. Certains disent que c'est la source même de tous les pouvoirs. Un tel potentiel étant dangereux et incontrôlable, et par peur de bouleverser l'équilibre du Royaume en cas d'entreprises inconsidérées, le Conseil royal a préféré complètement sécuriser la zone. Dorénavant, tout tentative d'approche est réprimée et sanctionnée par les soldats en faction dans les camps alentours. Même eux n'ont pas le droit de s'approcher, car il faut pour cela obtenir une dérogation spéciale à la capitale – que seuls quelques rares archéologues, historiens, magiciens ou savants se voient accorder.

— Mais comment va-t-on faire pour passer inaperçus ? souffla Makis. Il doit y avoir à peine trois cent mètres entre chaque poste avancé...

— J'ai peut-être une idée, mais c'est tout de même risqué...

Elle décocha un regard irrité à son camarade.

— Surtout si tu ne peux pas t'empêcher de produire une catastrophe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ajouta-t-elle d'un ton perçant.

À la surprise du garçon, elle mit pied à terre et tira vers lui sa jument, puis vint attacher la longe de sa monture au harnais de celle de Makis. Tandis qu'elle se mettait à nouveau en selle, le jeune Aazu la regardait sans trop comprendre.

— Je vais placer une illusion sur nous. La manipulation ne va pas être aisée, entre autres parce que le volume à couvrir est assez important et que je devoir nous masquer en trois dimensions tout en m'adaptant au décor qui va évoluer autour de nous. C'est pourquoi je vais devoir focaliser toute mon attention sur ma magie et non sur la conduite du cheval, et c'est là que tu interviens.

Avec un sourire narquois, elle ajouta :

— En espérant qu'aller tout droit et maintenir l'allure au pas ne soit pas trop compliqué pour toi...

Avec un rictus contrarié, Makis donna un petit coup de pied à son étalon, qui se mit en route. Au même instant, Shamë posa la tête sur la crinière de son destrier et ferma à-demi les yeux, modélisant son pouvoir pour peu à peu les entourer d'une bulle de mirage. Être ainsi plongé au cœur même de l'illusion rendait Makis inquiet, d'autant plus que lui et la Wazkaëf étaient parfaitement visibles.

— Comment peux-tu être assurée de la fiabilité de ton effet d'optique si tu ne peux pas toi-même le voir ? questionna-t-il.

— Tais-toi.

Face à cette réponse sèche, l'adolescent rentra la tête dans les épaules et jugea préférable de ne plus interrompre la mage-guerrière, d'autant plus que le chemin à parcourir était encore long.

La majeure partie de la traversée se passa sans encombre, Makis s'acquittant jusque-là de sa tâche avec facilité. Les choses se compliquèrent quand, à environ cinq cent mètres de leur destination, il commença à ressentir d'étranges fourmillements dans tout son corps. Il frictionna ses bras avec vigueur, mais la sensation s'amplifiait à mesure qu'ils réduisaient la distance les séparant de la masse dorée.

Il comprit soudain pourquoi. Les puissantes émanations magiques du grand arbre Briwiel se répercutaient en lui et éveillaient lentement son pouvoir. Le jeune Confrère sentit la panique le gagner : cette magie, qu'il était incapable d'identifier et de contrôler, le terrifiait. Il lutta de toutes ses forces pour la refouler, mais il était hélas incapable de contrer l'influence de cette source titanesque.

Brusquement, une bouffée de chaleur lui embrasa la poitrine et les picotements empirèrent.

— Makis, arrête ça tout de suite, marmonna la Consœur en fronçant les sourcils.

Sans trop comprendre ce qu'elle voulait dire, le garçon baissa les yeux vers ses mains qui le démangeaient de plus en plus. Un violent haut-le-cœur vint le secouer : ses doigts étaient en train de disparaître. Comprenant enfin ce que voulait dire sa camarade, il leva un visage effrayé vers elle.

Sans le vouloir, il était en train d'absorber la magie de Shamë.

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