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Chapitre 3.

Makis eut beaucoup de mal à trouver le sommeil cette nuit-là. Étendu sur sa couche de toile, il ne cessait de changer de position. Les propos énigmatiques de la Druidesse lui retournaient le cerveau, sans qu'il parvînt à en saisir le sens. Elle ne s'était pas exprimée davantage, le laissant empêtré dans un brouillard confus. Ce n'est qu'à l'aube qu'il entra finalement dans un état de somnolence, mais il fut bien vite réveillé par la chaleur étouffante du désert qui s'insinuait dans son tipi.

Il sortit en vitesse, plissant les yeux face à la vive lumière du soleil matinal, et se réfugia à l'ombre d'une yourte. Le camp entier était en effervescence : les Wazkaëf couraient en tous sens, se criant des consignes et transportant du matériel en vue de la cérémonie qui devait avoir lieu le soir même. L'adolescent, qui souhaitait s'entretenir avec Shamë, s'extirpa finalement de son coin de fraîcheur et partit vagabonder en direction de la place centrale.

Après plusieurs minutes de recherche, une chevelure rouge attira son attention. Non-loin de là, sa camarade discutait avec Kedeíwë, qui gesticulait d'une main et maintenait de l'autre le panier posé sur sa tête. Il s'approcha des deux femmes et elles interrompirent brusquement leur échange en l'apercevant. La tante de la mage-guerrière possédait exactement les mêmes yeux que sa nièce, et le Néophyte se sentit mal à l'aise face à ces quatre yeux flamboyants braqués sur lui.

— Je... euh... bonjour, dit-il d'un ton hésitant. Je pourrais te parler un instant, Shamë ?

Elle acquiesça et lui fit signe de la suivre à l'intérieur de l'une des plus vastes yourtes.

— C'est chez moi, expliqua-t-elle rapidement. Vas-y, exprime-toi, je n'ai pas beaucoup de temps à t'accorder.

Elle semblait nerveuse et tendue.

— Pourquoi est-ce une double célébration ?

— En réalité, c'est une triple, soupira la jeune fille. Mes dix-huit ans, mon accomplissement de la première mission des étoiles – qui était de vous aider, toi et Homaï – et ma nomination en Consœur. Mais aux yeux de mon clan, seules ces deux premières occasions sont fêtées ce soir. Concernant mon intégration à la Confrérie, il n'y a que le chef et la Druidesse qui soient au courant.

— En parlant d'elle, justement... intervint Makis. Elle m'a tenu d'étranges propos hier soir, après avoir interrogé ses pierres. Comme des énigmes... Je tenais à t'en faire part afin que tu m'éclaires davantage sur leur sens, car personnellement je n'y comprends rien.

— Ce qui se dit chez la Druidesse reste chez la Druidesse, le coupa-t-elle sèchement. Ses pierres sont bien plus fiables que les miennes ou que celles de n'importe quel autre Wazkaëf, et elle accumule de nombreuses années de lecture derrière elle. Tu peux croire en ses prédictions d'avenir. C'est maintenant à toi de les interpréter comme bon te semble, et même si tout te paraît obscur à l'heure actuelle, un jour cela deviendra limpide.

Elle tourna les talons, mais alors qu'elle s'apprêtait à sortir, le garçon ajouta :

— Au fait, Shamë... Bon anniversaire.

*****

Le Néophyte passa le reste de la journée à alterner entre les siestes à l'ombre et les bains dans l'eau rafraîchissante de l'oasis. Il ne cessait de ruminer les prédictions de la vieille femme et les affirmations de sa camarade, additionnées au souvenir de son père qui l'habitait continuellement. À la tombée de la nuit, il dut toutefois se résoudre à revenir au camp afin de se préparer pour la cérémonie. Kedeíwë lui prêta une tunique traditionnelle décorées de motifs singuliers et lui ajouta un trait de couleur vertical sur chaque joue.

— Tu es parfait ! s'amusa-t-elle. Si tu faisais trente centimètres de moins, on pourrait presque t'intégrer au clan !

L'adolescent gagna ensuite la place centrale à pas lents. L'espace avait été métamorphosé : un grand feu de plusieurs mètres de diamètres y brûlait, et juste devant trônait une estrade de bois. En analysant les autres Wazkaëf, qui arrivaient peu à peu, il constata qu'ils étaient tous semblablement vêtus. Voyant que certains commençaient à prendre place devant le podium, Makis décida d'en faire de même et s'assit dans le sable un peu au hasard, sur un côté de l'esplanade.

— Tu ne peux pas te mettre ici, résonna la voix de Kedeíwë juste derrière lui.

La tante de Shamë avait également terminé de se parer pour l'évènement, et chacune de ses pommettes était décorée de trois rayures horizontales.

— Notre place au sein du clan est définie par le nombre de missions des étoiles que l'on a accompli, poursuivit-elle en souriant et en désignant ses joues. C'est en quelque sorte une preuve de notre capacité à prendre notre destin en main. Par conséquent, lors des cérémonies telles que celle-ci, il y a un placement hiérarchique à respecter. En tant qu'invité, tu es un envoyé des astres et tu possèdes donc une place de choix. Tu dois t'installer au centre, juste en face de l'estrade : c'est ici que viendront les dirigeants du clan après le rituel.

Son ton était bienveillant, mais le Néophyte sentit qu'elle tenait à lui faire comprendre qu'il avait intérêt à respecter les coutumes du clan. Il s'exécuta sans résister et alla se rasseoir au beau milieu de la place, se sentant observé par des dizaines de paires d'yeux. L'assemblée formait un demi-cercle autour du podium : d'un côté avaient été rassemblés tous les enfants, puis se succédaient les mages-guerriers aguerris. Makis nota que les adultes siégeant le plus à gauche étaient ceux qui arboraient davantage de peinture sur le visage, et que leur âge se faisait également plus avancé. Quant à ceux assis près des enfants, à droite, ils semblaient plus jeunes et présentaient généralement un seul trait de couleur.

Les murmures se tarirent soudain, alors que trois silhouettes gravirent les marches de l'estrade et se détachèrent devant les flammes. La Druidesse, qui avait retiré ses échasses et retrouvé sa petite taille habituelle, s'avança jusqu'au bord et fixa intensément la foule.

— C'est veillée par les étoiles que, ce soir, une autre Wazkaëf quitte son insouciante jeunesse pour se plonger toute entière dans ce monde de chaos qu'est l'âge adulte, prononça la vieille femme d'une voix forte. Mais malgré cela, Shamë s'est déjà honorée en prouvant aux astres qu'elle avait la force de braver le destin qu'ils ont tracé pour elle. Elle a accompli sa première mission la tête haute, et c'est désormais sans crainte qu'elle s'avance vers son avenir. Puissent les étoiles guider ses pas par-delà les cieux.

Elle se tourna ensuite vers la jeune fille, qui tira une courte dague de sa ceinture et la lui tendit. D'un mouvement sec, l'ancienne lui coupa une mèche de ses cheveux rouges et la jeta dans les immenses flammes. Ces dernières semblèrent alors doubler d'intensité, crépitant vers le ciel avec ardeur.

— Que par le noir te soit accordée la reconnaissance de ta vaillance, et que par le feu elle te soit assurée pour l'éternité ! s'exclama la Druidesse.

Shamë s'inclina en avant et son père, muni d'une espèce de pinceau, vint lui dessiner un étrange symbole sur le front. Puis la vieille femme leva les bras, faisant scintiller ses innombrables bijoux à la vive lumière des flammes. Du gigantesque brasier se détacha alors une longue langue de feu, qui dansa dans la nuit et s'étira vers l'estrade, jusqu'à lécher le visage de la mage-guerrière à l'emplacement exact de son nouveau tatouage.

La jeune fille ne bougea pas d'un pouce, et Makis aperçut ses yeux flamboyants qui le fixaient sans ciller. Le Néophyte sentit ses poils se hérisser : dressée ainsi devant le feu, figée dans une expression farouche, Shamë faisait vraiment froid dans le dos. Même s'il commençait à s'habituer à son sale caractère, il devait bien admettre qu'il ne la connaissait que partiellement et que son esprit demeurerait pour lui un mystère.

Après quelques secondes, la langue de feu regagna le brasier comme elle était venue. Aussitôt, le chef du clan saisit sa fille et la souleva du sol avec une facilité déconcertante, ce qui déclencha un concert de hurlements dans le dos de Makis. Tous les Wazkaëf sans exception exprimaient leur joie en criant des mots dans le dialecte qui leur était propre – mais dont le Néophyte parvenait enfin à saisir quelques bribes – et en applaudissant à tout rompre. Il se joignit à cette effusion de bon cœur, observant sa camarade enlacer tour à tour son père et la Druidesse en affichant un large sourire. Son attitude avait vraiment basculé du tout au tout.

Les acclamations perdurèrent durant plusieurs minutes, et lorsque Shamë descendit de l'estrade, tous se ruèrent vers elle pour la féliciter et examiner son nouveau tatouage. Elle eut un mal fou à se frayer un chemin vers Makis et parut soulagée lorsqu'elle se laissa tomber dans le sable à ses côtés.

— Tout ça m'a donné chaud ! s'exclama-t-elle joyeusement.

— Tu as l'air de bonne humeur, pour une fois, ne put s'empêcher de signaler le Néophyte.

Il s'intéressa bien vite au nouveau symbole qui ornait son front pour ne pas avoir à affronter le regard noir qu'elle lui lança.

— ça ne t'a pas brûlé ? s'enquit-il.

— Ce sont les flammes enchantées de la Druidesse, expliqua la mage-guerrière. Elles ne peuvent pas faire de mal. Tu pourrais passer au travers du brasier sans rien ressentir.

Ils furent interrompus par l'arrivée du chef du clan et de l'ancienne, bien vite rejoins par Kedeíwë, sa fille – la petite qui était venue les accueillir à leur arrivée – et bien d'autres que Makis ne connaissait que de vue. Le placement protocolaire ne semblait plus être de rigueur et tous bavardaient joyeusement. On leur ensuite fit passer des assiettes de terre cuite remplies de mets succulents, qui furent vidées en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Le clan passa une bonne partie de la nuit à festoyer autour du feu, chantant et dansant sous la lumière bienveillante des trois lunes. L'adolescent se joignit aux festivités, appréciant cette nouvelle facette de Shamë qui semblait s'épanouir plus que jamais, entourée par les siens. Il fut parmi les premiers à aller se coucher, après s'être débarbouillé le visage, en songeant que plusieurs jours de voyage l'attendaient dès le lendemain.

De nouveau réveillé à l'aube par la chaleur torride, il fut étonné de constater qu'il était loin d'être le premier levé. C'était presque à se demander si certains ne s'étaient tout simplement pas couchés, car le camp rayonnait de son habituelle activité. Le Néophyte empaqueta rapidement ses affaires, désireux d'échapper au plus vite à l'atmosphère suffocante de son tipi, et se hâta vers les écuries situées à l'autre bout du hameau.

En atteignant par la place centrale, où les dernières braises du feu rougeoyaient encore et où des Wazkaëf s'attelaient à démonter l'estrade, il surprit sa camarade et son père en pleine discussion devant leur yourte. Lorsqu'il apparut à la périphérie de l'esplanade, ils le fixèrent instantanément en échangeant des messes basses. Makis traversa l'espace d'un pas pressé, dérangé par les quatre yeux rouges braqués sur lui. Il avait la drôle de sensation qu'il était précisément l'objet de leur conversation, et lorsque qu'il capta le regard profond que Shamë lui adressa, il commença à courir, paniqué.

Slalomant entre les petites habitations, il gagna les écuries et se laissa glisser au sol, le temps de laisser redescendre son rythme cardiaque. Le comportement des deux Ktar n'était pas pour le mettre à l'aise et il espérait que rien de trop grave ne se tramait derrière son dos. Son étalon, qui avait perçu son affolement, se mit à piétiner le sol sablonneux, et le garçon s'empressa de l'apaiser.

— Il y a un problème ? retentit une voix derrière lui.

L'adolescent hurla et fit un bond de côté, ruinant par la même occasion tous ses efforts pour calmer son cheval. C'était simplement Shamë, qui se tenait sur le seuil de la stalle avec son baluchon.

— J'ai l'impression que je te fais peur, marmonna cette dernière en fronçant les sourcils. D'abord tu t'enfuis, et maintenant tu cries. Qu'est-ce que je t'ai fait ?

Elle ne croyait pas si bien dire. L'image de sa camarade devant le brasier lui revenait sans cesse en mémoire, ainsi que ses étranges affirmations concernant les prédictions de la Druidesse et son récent comportement sur la place.

— Rien, répondit fébrilement Makis en se frottant la nuque. J'ai simplement l'impression que... tu me caches quelque chose. Il est évident que ton père et toi vous entreteniez à mon sujet tout-à-l'heure, et ça me turlupine.

Elle le fixa sans ciller, de son regard profond et perçant, mais lâcha cependant :

— Ne t'en fais pas pour cela.

La jeune fille se dirigea ensuite vers l'une des bêtes et déposa devant elle son paquetage.

— Tu changes de monture ? demanda le Néophyte, surpris, en constatant que ce n'était pas le cheval qui lui avait été prêté à la Confrérie.

— Oui, mon père m'a offert cette jument pour mon anniversaire.

Elle tira une selle et ajouta tristement :

— Pour remplacer Nikayla...

Il harnacha à son tour son étalon puis sangla ses affaires, saisit la bride et le tira au-dehors. Shamë le suivit, emmenant derrière elle son nouveau destrier et celui qu'elle devait rapporter. Ils gagnèrent la place, où la totalité des Wazkaëf semblait s'être rassemblée pour leur souhaiter au-revoir. Quelques membres du clan s'attroupèrent autour du garçon, lui exprimant leur gratitude et le bénissant au nom des étoiles. Makis alla également remercier la Druidesse, qui lui assura que les astres veilleraient sur son avenir, et lorsqu'il s'approcha du chef, celui-ci se dressa sur la pointe des pieds et lui glissa à l'oreille :

— Prend bien soin de ma fille.

— À vrai dire, c'est plutôt elle qui prend soin de moi, murmura le jeune Aazu.

Après ces adieux larmoyants – Kedeíwë et sa fille ne cessaient de pleurer en enlaçant Shamë, qui les repoussait tant bien que mal –, ils purent entamer leur périple, laissant derrière eux ce petit peuple aux tatouages noirs et aux coutumes singulières. Makis appréhendait cette nouvelle traversée du désert brûlant au beau milieu de l'après-midi. Pour lui qui supportait assez mal la chaleur, le calvaire était plutôt prévisible. De plus, la bonne humeur de sa camarade semblait avoir été éphémère, car lorsqu'ils reprirent la route, elle arborait de nouveau un visage fermé et un regard déterminé.

La traversée de la plaine aride dura un peu plus de deux heures. Les trois équidés ainsi que Makis tiraient la langue, souffrant des températures élevées. Lorsqu'ils regagnèrent enfin la route, ce fut un réel soulagement pour le Néophyte.

— Les étoiles t'ont-elles confié une nouvelle mission ? s'enquit-il alors qu'ils laissaient peu à peu le désert derrière eux.

— Oui, murmura-t-elle en portant son regard vers l'horizon.

— Et en quoi consiste-t-elle ? insista le garçon.

— Je ne peux pas vraiment en parler, répondit-elle évasivement. Pas pour le moment, en tout cas.

— Ah, marmonna-t-il d'un air déçu. Est-ce qu'elle s'annonce difficile ? Combien de temps penses-tu qu'elle devrait te prendre ?

— Au moins toute une vie, rétorqua la Wazkaëf d'un air fermé.

Elle n'ajouta plus rien et fit passer sa monture au trot. Le Néophyte n'eut d'autre choix que de la suivre, avec cette énigme supplémentaire gravée dans son cerveau surchargé. Il se demanda toutefois si cela n'était pas en lien avec sa conversation sur la place.

Leur voyage se déroula sans encombre, hormis un groupe de brigands que Shamë eut tôt fait de mettre en déroute. Ils empruntèrent les voies que Makis connaissait désormais très bien, passant Redsha puis le lac de Basaän, pour finalement atteindre Triëm. La forêt de Dauthas se dessina peu après, et c'est avec soulagement que l'adolescent retrouva cet environnement qui lui était familier.

Le soleil disparaissait derrière l'horizon lorsque le Sommet les congédia enfin, après avoir longuement écouté le récit de leur périple – bien que Shamë tint à ne pas trop en révéler sur les coutumes de son Clan – et après leur avoir détaillé le déroulement de la cérémonie, qui devait se tenir dès le lendemain. Le garçon s'écroula dans le salon sans même prendre la peine de déballer ses affaires et resta perdu dans ses pensées jusqu'à ce que la nuit eut complètement envahi la forêt.

Il essayait de ne pas le montrer, mais ce passage vers une autre vie l'effrayait. Le Néophyte savait pertinemment qu'il allait devoir se confronter à d'autres dangers, bien plus terrifiants et complexes que ceux qu'il avait connus jusqu'alors, mais il n'osait pas en faire part à sa camarade de crainte de paraître lâche à ses yeux. Il prit une grande inspiration et souffla finalement d'une petite voix :

— J'hésite à devenir Confrère... Je ferais peut-être mieux de quitter la Confrérie et de m'installer dans un coin tranquille, loin de toutes ces péripéties et de toute cette violence.

La Wazkaëf se délaissa immédiatement de ses occupations et vint s'asseoir en face de Makis.

— Tu as peur de ce qui nous attend en nous engageant de la sorte ? s'enquit-elle.

Elle avait l'air tout à fait sérieuse. Lui qui redoutait d'éventuelles moqueries de sa part, il fut rassuré de constater qu'il n'en était rien. Il acquiesça donc lentement en réprimant un frisson. Puis Shamë accrocha son regard et lui demanda gravement :

—Avant de songer à tourner le dos à la Confrérie, t'es-tu demandé s'il existaitun autre moyen de sauver ton père ?

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