Chapitre 5 - Les pigeons.
Ils chevauchèrent vers le Nord toute la nuit durant, ne s'accordant une halte qu'au lever du jour. Makis, qui avait failli s'endormir plusieurs fois sur sa monture, se demandait sérieusement pourquoi son père avait voulu mettre autant de distance entre ces hommes et eux. Homaï n'avait d'ailleurs pas lâché un mot depuis leur départ précipité de Tanken, affichant une mine préoccupée. Alors qu'ils posaient enfin pied à terre, l'adolescent le questionna entre deux bâillements :
— Alors, qui sont ces tatoués pour que tu en aies si peur ?
— Les Fils de Nagir, ça te dit quelque chose ? répondit le mage.
— Pas trop, admit Makis en fronçant les sourcils. Je sais seulement que Nagir est le Dieu de la guerre, mais ça ne m'évoque rien de plus...
— Je ne suis pas surpris, il n'est pas vraiment permis d'en parler au sein de notre communauté, dit-il gravement. Les Fils ne Nagir constituent une sorte de guilde criminelle, un ramassis de voleurs, de fous et de barbares violents qui ont réussi à échapper à la prison, réunis sous le même emblème de chaos qu'ils arborent à l'épaule. Ils sont suffisamment malins et puissants pour passer entre les mailles des filets de la garde royale, si bien que la Cour ferme de plus en plus les yeux sur leurs agissements. Leur passe-temps favori est de semer la discorde partout où ils le peuvent, si bien qu'il y a quelques années, la plupart des missions confidentielles organisées au sein de la Confrérie visaient à contrecarrer leurs plans. Nous avons déjà eu de nombreuses altercations avec eux par le passé. Leur chef, Farol, est vil et sans pitié.
En réalité, un autre nom que celui de Farol venait à l'esprit d'Homaï chaque fois qu'il était fait mention des Fils, ravivant en lui beaucoup de mauvais souvenirs. Il n'en avait encore jamais parlé à Makis, jugeant préférable de le tenir en dehors de tout ça pour le moment.
— Cela colle avec la description de la Sireine et les individus que l'on a croisé en ville, murmura pensivement le Néophyte. Des assassins tatoués, qui disent agir au nom de leur père... Je comprends mieux les raisons de ton inquiétude.
— Ce qui est étrange, en revanche, c'est qu'ils n'ont pas fait parler d'eux depuis plus de trois ans, poursuivit le Confrère. Il doit y avoir une explication à leur soudaine activité... J'espère qu'ils ne préparent par un mauvais coup !
— Tout ce que l'on sait à leur sujet pour le moment, c'est qu'ils s'en donnent à cœur joie avec les pêcheurs à la taverne de Tanken et avec le peuple de l'eau du lac de Basaän.
— Il faut avertir le Sommet de la situation, affirma son paternel. Nous allons devoir faire étape dans une ville, en espérant y trouver des moyen-courriers...
Il déroula la carte du Royaume.
— Oh non... maugréa-t-il.
— Quel est le problème ? s'enquit instantanément le jeune Aazu.
— La citadelle la plus proche est Redsha. J'aurais préféré la contourner, mais étant donné que nous sommes bientôt à court de vivres et que nous devons expédier un message, nous n'avons pas le choix...
— Quel est le problème ? répéta Makis, ne voyant toujours pas où il voulait en venir.
— Redsha est l'une des villes les plus reculées du Royaume d'Adraendar. Les opposants à la Cour sont donc nombreux à s'y cacher, mais ils ne sont pas réprimés car aucun véritable acte de rébellion n'a jusqu'ici été signalé. Néanmoins, certains Confrères ont déjà eu des ennuis dans le coin : comme je te l'avais expliqué, notre communauté est perçue comme la cause du départ des Sylnaris et d'Erkalos, et tout ceci est considéré par certains comme une immense manipulation pour étendre les pouvoirs de la famille royale.
Il fixa très sérieusement le Néophyte.
— C'est pourquoi nous devons rester aussi discrets que possible. Je compte sur toi pour tenir ta langue !
Makis déglutit difficilement et acquiesça en lui assurant qu'il essaierait de faire de son mieux. Il avait rarement vu son père se montrer aussi tendu.
— Est-ce que l'on risque d'y croiser aussi les Fils ? demanda-t-il nerveusement.
— Honnêtement, ça m'étonnerait... Cette partie du Royaume n'est pas particulièrement intéressante à leurs yeux, puisqu'il n'y a ni richesses ni retentissement dans le reste de l'Adraendar. Enfin, nous verrons bien...
Les terres se faisaient de moins en moins verdoyantes à mesure qu'ils s'éloignaient de la région d'Ysana, et le climat était davantage chaud. À cause du vent sec qui leur cinglait le visage, ils avaient dû s'emmitoufler dans leurs capes de voyage, mais en contrepartie ils suaient à grosses gouttes. Quant à la route qu'ils suivaient, elle était à l'image des campagnes qui courraient à perte de vue : déserte. Les deux voyageurs arrivèrent le lendemain en vue de Redsha, dans la fin de l'après-midi. C'était une ville entourée de hauts remparts en grès qui semblait avoir poussé au milieu de nulle part, puisqu'il n'y avait rien d'autre autour que des étendues pierreuses balayées par les bourrasques.
Les Aazu échangèrent un regard entendu puis se dirigèrent vers les portes aux massifs battants de bois. Le soldat qui gardait l'entrée avaient l'air las et son uniforme était rougi par la poussière ; il leur jeta un rapide coup d'œil et les laissa passer sans même les saluer. Les écuries, accolées à la muraille, étaient quasiment vides, et Makis se demandait sérieusement s'il était bien prudent d'y laisser leurs chevaux, de peur qu'ils eussent disparu à leur retour.
— Mieux vaut ne pas nous séparer, chuchota Homaï en marchant vivement afin d'échapper au regard inquisiteur des habitants, soulevant derrière lui des nuages de terre desséchée.
Il crispait le poing autour de son bâton et Makis en faisait de même avec son arc, dissimulé sous sa pèlerine. Des enfants vêtus de haillons étaient assis sur le seuil des maisons, relevant la tête sur leur passage ; d'autres petites silhouettes disparaissaient aux coins des murs à leur approche. Le Néophyte ne se faisait plus d'illusions quant à la pauvreté de cette région reculée, à en juger par la maigreur de ces jeunes visages.
— Trouvons rapidement les échoppes ou le marché, poursuivit le mage à demi-voix. Enfin, s'il y en a... Nous nous occuperons du pigeon après.
Tandis que l'adolescent restait sur les talons de son père, qui effectuait les différents achats chez les marchands de la place centrale, il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Il avait l'impression d'être dévisagé, analysé, et que tout le monde le fixait d'un air malsain en échangeant des messes basses. Peut-être n'était-ce que le fruit de son imagination...
— L'eau est hors de prix ! marmonna le Confrère lorsqu'il eut terminé, en rangeant son gousset allégé.
— Qu'est-ce que tu as pris ? demanda Makis en ouvrant le sac à provisions.
— Des dattes, des galettes de maïs et... de la viande de chèvre séchée. Il va falloir t'en contenter, c'est tout ce qu'il y a.
Le Néophyte fronça le nez mais ne protesta pas, songeant à tous les enfants qu'il avait croisés dans les rues un peu plus tôt et qui ne mangeaient sûrement pas à leur faim.
— Reste à trouver une volière, maintenant, reprit son paternel. Le problème, c'est que je n'en ai aperçue nulle part.
Ils firent plusieurs fois le tour des ruelles de la ville sans pour autant dénicher ce qu'ils cherchaient. Le soleil déclinait lentement, tout comme leur énergie.
— Je commence à penser qu'il n'y a pas le moindre pigeon dans cette citadelle maudite, soupira le mage en essuyant son front couvert d'un mélange de transpiration et de poussière.
Alors qu'ils regagnaient la place centrale en traînant des pieds, il s'arrêta soudain et son visage s'éclaira.
— Regarde ! Regarde là-bas ! s'exclama-t-il.
— Un office postal ? tenta Makis sans en être lui-même convaincu.
— Non, pas du tout ! Une harpie du canyon des Vents-Hurlants ! Je vais aller lui demander de l'aide... Attends-moi ici !
Homaï parlait couramment le langage des harpies, l'ayant appris grâce à une autre Consœur au sein de leur communauté. La créature en question avait un corps humain mais deux amples ailes rousses lui poussaient le long des bras. Ses joues et son front étaient couverts d'un duvet de même couleur, et ses jambes étaient dotées de pieds griffus.
— Salut !
Cette voix fit sursauter le Néophyte et il se tourna vers le garçon du même âge que lui qui l'avait interpellé. Vêtu d'un simple pagne, il était solidement baraqué et sa peau bronzée était par endroit couverte de suie.
— T'es nouveau ? Je t'ai jamais vu ici avant ! enchaîna-t-il joyeusement.
— À vrai dire, je suis seulement de passage. Je voyage avec mon père, vers le Nord.
— Et tu viens d'où ?
— Près de Triëm, dans la région d'Ysana.
— Tu restes ici longtemps ?
— Non, nous devrions repartir ce soir.
— Ce soir ? répéta l'autre en fronçant les sourcils. Dépêchez-vous, alors ! Les portes ne vont pas tarder à fermer, et elles ne rouvriront qu'à l'aube...
Une idée fusa dans l'esprit du jeune Aazu.
— Tu ne saurais pas où je pourrais trouver des pigeons voyageurs, par hasard ? demanda-t-il avec entrain.
— Il n'y a pas de volière à Redsha, répondit l'autre. Il y a bien le vieux Zod qui en élève quelques-uns, mais il est un peu bizarre, alors personne ne s'approche de lui... Il habite près de l'entrée de la ville.
C'est à ce moment-là qu'Homaï revint et gratifia son fils d'un regard noir.
— Je... Je dois y aller, balbutia le Néophyte. Au revoir !
Le mage attendit qu'ils se fussent un peu éloignés avant de fulminer :
— Bon sang, mais qu'est-ce qui t'a pris ?
Makis haussa les épaules.
— Ce n'est rien, c'est juste un garçon de mon âge qui voulait faire connaissance.
— J'espère surtout pour toi qu'il n'a pas été envoyé par ses parents pour avoir des informations à ton sujet...
— À part ça, tu as appris des choses auprès de la harpie ? questionna l'adolescent, désireux de changer de sujet.
— Non, d'ailleurs elle n'était pas très aimable... Quand je lui ai demandé si elle savait où trouver une volière, elle a cru que je la prenais pour un moyen-courrier et elle s'est vexée.
— Moi, je sais où nous procurer des pigeons ! se vanta Makis, fier d'avoir devancé son paternel.
— Tu plaisantes ? s'écria ce dernier en se tournant brusquement vers lui et en le fixant d'un regard mi admiratif, mi suspicieux. Où l'as-tu su ?
— Le garçon avec qui je parlais m'a aidé. J'aurais sûrement pu en savoir plus si tu ne m'avais pas interrompu, lâcha-t-il avec un ton faussement accusateur.
Il guida ensuite Homaï vers l'entrée de la ville et le Néophyte constata que les grandes portes étaient encore ouvertes. Pas de quoi paniquer dans l'immédiat. Les deux membres de la Confrérie se mirent à arpenter les ruelles et, après quelques laborieuses minutes d'errance, ils finirent par dégoter une vieille porte en bois marquée du nom « Zod ». Le reste de la bâtisse n'était pas en meilleur état : les murs étaient fissurés, les volets percés et aucune lumière ne provenait de l'intérieur, donnant à l'endroit un aspect sinistre.
Le Confrère toqua et, ne recevant pas de réponse, finit par pousser le battant, qui pivota en grinçant et raclant le sol. L'intérieur n'avait rien à envier à la façade, vétuste et abandonné. Des pots ébréchés, des restes de nourriture et des brins de paille jonchaient le sol, et dans un coin s'entassaient des dizaines de chaises aux pieds cassés.
— Je pense que le garçon s'est bien payé ta tête, s'esclaffa le mage.
Makis ne répondit pas, boudeur. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à repartir, une voix mystérieuse leur parvint depuis le fond de la pièce.
— Entrez, entrez... Bienvenue, bienvenue chez Zod ! Zod ne reçoit pas beaucoup de visite, pas beaucoup... Zod se sent si seul, si seul...
Un vieil homme fit son apparition. Il avait le visage crasseux, mais pas assez pour dissimuler son teint pâle. Ses cheveux blancs et filasses tombaient jusqu'à sa taille maigre, et ses yeux gris brillaient d'une étrange lueur. Il marchait pieds-nus, vêtu simplement d'une ample tunique qui avait dû être beige dans une vie antérieure. À sa vue, les Aazu eurent tous deux un mouvement de recul.
— Restez, restez avec Zod ! s'exclama aussitôt l'autre. Zod est très, très heureux de votre présence !
— Est-il vrai que tu possèdes des pigeons ? demanda Homaï en braquant ses yeux jaunis sur leur hôte.
— À qui, à qui parlez-vous ? demanda le vieil homme en vérifiant s'il n'y avait personne derrière lui.
— Pardon... Est-il vrai que Zod possède des pigeons ? rectifia-t-il.
— Il lui manque une case, à celui-là, marmonna discrètement Makis.
Le terme « bizarre » employé par le garçon lui apparaissait maintenant comme un bel euphémisme. Zod hocha vigoureusement la tête.
— Sûr, sûr ! Suivez, suivez Zod !
Il se précipita vers l'escalier du fond avec une vivacité surprenante pour son âge, le grimpa comme une flèche et appela ses visiteurs depuis l'étage supérieur. Makis y suivit prudemment son père, et à peine la dernière marche franchie, plissa violemment le nez. Il régnait dans cette pièce une chaleur presque suffocante. Le sol était couvert de fétus de paille et de fientes d'oiseaux, créant un mélange d'odeurs saisissant. Les murs étaient agrémentés de perchoirs sur lesquels se reposaient une dizaine de pigeons, et un trou dans le toit en ardoise laissait voir un pan de ciel.
Les oiseaux roucoulèrent doucement lorsque le vieil homme s'approcha d'eux et l'un vint se poser sur son épaule. Homaï s'accroupit instinctivement quand deux autres voletèrent vers lui.
— Les pigeons de Zod sont gentils, très gentils ! Ils ne feront jamais, jamais de mal aux amis de Zod.
— Nous aurions besoin de l'un des pigeons de Zod pour délivrer un message urgent.
— Sûr, sûr ! Les oiseaux de Zod sont très, très intelligents et très, très rapides ! Écrivez, écrivez votre message et Zod enverra le pigeon.
Le Confrère se hâta donc de rédiger sur un morceau de papier tiré de sa besace, mais laissa au vieil homme le soin de l'attacher à la patte de l'animal. Puis Zod tint le pigeon au creux de ses mains, se plaça sous l'ouverture du toit et le projeta dans les airs.
— Vole, vole ! s'exclama-t-il.
L'oiseau émit un roucoulement indigné, perdit quelques plumes et s'envola finalement. Lorsqu'il passa au-dessus de la muraille, un filet vint l'emprisonner et le clouer au sol. Le garçon qui avait aidé Makis s'empara du message, tordit le cou du volatile et détala sans demander son reste.
Mais cela, les deux membres de la Confrérie l'ignoraient ; ils remercièrent Zod et s'empressèrent de quitter la bâtisse délabrée, soulagés d'enfin prendre congé du vieux fou qui y vivait. En sortant, cependant, une mauvaise surprise les attendait et doucha leur satisfaction. La herse avait été abaissée et les deux battants de bois fermés, les prenant au piège dans l'enceinte de la citadelle. Homaï jura et son fils vit de l'inquiétude passer dans ses yeux marron.
— Comment se fait-il... Nous nous sommes fait avoir ! cracha le mage.
Le Néophyte rentra la tête dans les épaules sans dire un mot. Dans un excès de présomption pour avoir dégoté les pigeons voyageurs avant son père, il en avait oublié de lui préciser que l'entrée de la ville fermait du crépuscule à l'aube.
— Tant pis, ajouta-t-il en serrant les poings. Trouvons de quoi dormir et tâchons de ne pas nous faire remarquer. Reste sur tes gardes !
La tombée de la nuit avait métamorphosé le bourg, le rendant désormais froid et hostile. Il n'y avait pas âme qui vive dans les rues, et seules quelques torches disposées çà et là perçaient les ténèbres. Même les trois lunes semblaient briller d'un éclat plus terne au-dessus d'eux. Ils finirent par dénicher ce qui s'apparentait le plus à une auberge, où des femmes et des hommes au visage buriné discutaient bruyamment. Toutes les conversations se turent dès qu'ils posèrent un pied dans la salle, les plongeant dans le malaise.
Le Confrère s'adressa à celle qui se tenait derrière le comptoir et semblait être la patronne de l'établissement.
— Bonsoir, demanda-t-il poliment, auriez-vous une chambre de disponible pour cette nuit, pour deux personnes ?
La femme plaqua trois choppes pleines à ras bord sur le bois brut avant de considérer les voyageurs pendant de longues secondes.
— Ça se trouve, rétorqua-t-elle. Mais payable immédiatement.
Homaï déboursa donc les trois pièces demandées et ils s'en furent à l'étage supérieur sans plus attendre, contournant un homme ivre avachi dans l'escalier. Sitôt dans leur chambre, ils fermèrent la porte à double tour.
— Je ne la sens pas, cette ville... Je ne la sens pas, cette auberge... Je ne les sens pas, ces gens... bredouilla Makis en fixant anxieusement son père.
— Moi non plus, si ça peut te rassurer. Garde ton arc à portée de main, on ne sait jamais. Je prends le premier tour de garde, je te réveillerai pour la relève.
L'adolescent acquiesça mollement, bailla à s'en décrocher la mâchoire et s'étendit sur le matelas raide dont il disposait. La couverture était rongée aux mites et une araignée sortit à toute allure du dessous de l'oreiller, mais il s'en moquait. Il était tellement fatigué qu'il ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil.
Lorsque le Néophyte sentit son père le secouer doucement, il eut la désagréable impression qu'il venait tout juste de fermer l'œil. Impression vite balayée par les mots du Confrère :
— Cela fait plusieurs heures que je veille... souffla celui-ci. À ton tour maintenant, je compte sur toi.
Le mage s'allongea à son tour avec un soulagement non-dissimulé et le garçon vit rapidement son souffle se faire plus lent et régulier. Makis s'assit sur sa paillasse en se frottant les yeux, l'arc posé sur les genoux et le dos contre le mur, de telle sorte qu'il faisait face à la porte. Sans cesser de bailler, il fixa son regard sur la serrure et tâcha de rester concentré. Ses paupières étaient lourdes, si lourdes... Il avait de plus en plus de mal à les maintenir ouvertes. Ses mains relâchaient leur pression sur l'arme un peu plus chaque seconde et il sentait sa tête s'affaisser doucement sur son épaule.
La sensation de métal froid contre sa peau le réveilla soudainement et lui fit prendre conscience qu'il s'était assoupi. Le jeune Aazu ouvrit brusquement les yeux, pour réaliser qu'il avait un couteau plaqué sous la gorge.
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