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Chapitre 23.


Le voyage des huit Confrères fut très éprouvant. Ils avançaient au pas de charge, ne s'accordant que de très brèves pauses. Même les chevaux semblaient épuisés. Le groupe avait emprunté le même itinéraire que Makis et Homaï lors de leur voyage vers Anunosh, c'est-à-dire la route qui longeait la rivière vers le Nord. Puis, ils avaient traversé le Royaume en largeur au pied de la chaîne de montagnes pour se rendre au repère des Fils. Ce dernier se situait au Nord-Ouest, sur un contrefort des montagnes, non-loin de la frontière avec les Terres de feu.

Les huit avaient laissé leurs montures à Arigowyr, une ville fortifiée réputée pour fournir les meilleurs forgerons du Royaume et localisée à une dizaine de kilomètres au sud de la base de leurs ennemis. Ils contournèrent ensuite leur objectif par l'Ouest, passant à proximité des collines de Daewia qui marquaient la séparation entre le Royaume d'Adraendar et les Terres de feu. Les membres de la Confrérie se trouvaient désormais dissimulés à la lisière de la forêt qui surplombait le repère de Fils, sous la lumière du crépuscule, attendant le moment opportun pour s'infiltrer en douce.

Peu avant que le soleil ne disparût à l'horizon, une sentinelle vint prendre la relève sur le chemin de ronde et se tourna vers la vallée, soit dos aux Confrères.

— C'est le moment, chuchota Chamno.

Makis avait été désigné pour mener à bien la première étape, l'une des plus délicates : abattre le garde afin de s'approcher du repère sans que l'alerte fût donnée. Cela le faisait trembler d'appréhension. La main de son père se posa sur son épaule dans un geste apaisant et encourageant, mais ne suffit pas à chasser l'angoisse sans cesse grandissante qu'il ressentait.

Le poids de la responsabilité écrasait ses frêles épaules, et le fait d'avoir à tuer un homme n'arrangeait pas les choses.

— Il n'y a pas une minute à perdre ! le pressa une autre Consœur.

L'adolescent eut un petit sursaut de peur. Il déglutit avec difficulté et banda son arc, le bras aussi souple et lourd que du plomb. Il ferma un œil, ajusta son angle et expira un bon coup. Après tout, pourquoi paniquait-il à ce point ? Il ne ratait jamais son objectif et celui-ci était éloigné d'à peine cent cinquante mètres. Autrement dit, pour lui qui arrivait à atteindre des cerfs à deux cent mètres dans les plaines d'Ysana, c'était du gâteau... Le Néophyte souffla une seconde fois, plus lentement encore, sans relâcher la tension sur la corde. Enfin, après une poignée de secondes interminables, il tira.

Pour la première fois de sa vie, Makis manqua sa cible. Sans doute était-ce dû à l'accumulation de stress et de fatigue. Le trait siffla à quelques centimètres du visage de la sentinelle, décrivit une splendide courbe au-dessus du fort et disparut de l'autre côté. Évidemment, cela ne passa pas inaperçu aux yeux du factionnaire, qui se retourna d'un bond vers la provenance de la flèche. Les huit assaillants étaient figés de stupeur et d'effroi, Makis le premier. Il se remit à trembler, plus violemment encore qu'auparavant, et sentit des sanglots lui nouer la gorge. Les paroles de son père lui revinrent soudain en mémoire : « Tu es un irresponsable. ». Il manqua alors de s'écrouler au sol : tout était de sa faute, il avait tout gâché et, à cause de lui, le Royaume était perdu.

Pendant ce temps, le garde avait scruté la forêt de pins et avait fini par apercevoir les membres de la Confrérie. Il sonna immédiatement l'alerte. Ils l'entendirent hurler des instructions sans toutefois parvenir à les comprendre, et quelques instants plus tard des Fils en grand nombre déboulaient hors de leur base et se ruaient droit sur le bois. Les Confrères se dévisagèrent sans réagir, pâles comme des linges. Homaï fut le premier à reprendre ses esprits.

— Fuyez ! s'exclama-t-il.

Cela sembla tirer tout le monde de sa torpeur et ils firent volte-face. Mais à peine avaient-ils parcouru une dizaine de mètres à travers les arbres qu'une barrière de flammes se dressa devant eux. Makis bifurqua à droite mais constata amèrement que le feu les avait encerclés, les maintenant prisonniers.

— Personne n'a une magie qui pourrait nous être utile ? s'enquit désespérément Sanamé, la seule femme qui participait à l'expédition.

Tous secouèrent la tête. Dans un dernier espoir, Homaï se tourna vers son fils.

— Tu ne pourrais pas tenter quelque chose ?

Ce dernier haussa des épaules tremblantes. Il ignorait comment reproduire ce qu'il était parvenu à faire lors de la bataille dans la forêt de Dauthas. La magie s'était sans doute activée sous l'effet d'une puissante émotion. Il eut beau fermer les yeux et se concentrer de toutes ses forces, l'adolescent ne trouva rien. De toute façon, il était trop tard. Les flammes disparurent aussi soudainement qu'elles s'étaient matérialisées, et les membres de la Confrérie se retrouvèrent non plus encerclés par du feu mais par une bande de Fils armés jusqu'aux dents.

Ils n'eurent d'autre choix que de se rendre. C'était toujours mieux que de foncer tête baissée vers une mort certaine. Alors que chacun d'eux se voyait dépouillé de ses armes et encadré de deux sbires, le regard de Makis tomba sur un homme qui se tenait légèrement en retrait. Un homme aux yeux d'un rouge sang, arborant un sourire cruel. Le Néophyte le reconnut aussitôt. C'était le pyromane qui avait fait flamber le vieux chêne soutenant leur cabane et protégeant Kitana.

Lui aussi semblait s'être remémoré le visage du garçon car ses lèvres pâles s'étirèrent encore davantage à sa vue. Makis songea qu'il devait être la cause du cercle de flammes. Il ne parvenait pas à détourner son regard de l'homme et sentit la colère revenir. Ses tremblements cessèrent brutalement, et cette même sensation de puissance qui s'était emparée de lui dans la forêt de Dauthas vint affluer dans tout son être.

C'était assez étrange, quoique moins diffus que la première fois. L'adolescent avait l'impression qu'il contrôlait légèrement plus la situation. Il chercha alors ce qui pourrait assouvir la soif de cette magie et son attention se porta automatiquement sur le pyromane. Il se concentra sur lui et sentit presque aussitôt une chaleur brûlante l'envahir. Comme s'il absorbait le feu de l'homme. Ce dernier commençait à devenir plus blanc encore, les jambes flageolantes et l'air paniqué. Non, se dit Makis, je dois cesser...

Il lutta alors de toutes ses forces pour rompre le lien et stopper cette magie qui semblait avide et inarrêtable. Même s'il avait la volonté de se venger de cet homme pour ce qu'il avait fait, il ne voulait pas que les effets secondaires de ce pouvoir se produisissent. La fois précédente, il en avait perdu connaissance.

Au prix d'un immense effort, le Néophyte parvint à mettre fin au sort. Il faillit tomber à genoux, le souffle court, affaibli et fatigué. La victime du maléfice semblait ne pas en mener large. Ayant également été vidée d'une partie de son énergie, elle dardait sur Makis des yeux ronds tout en essayant de se maintenir debout. Toute trace de sourire avait disparu de son visage pâle. Homaï également fixait son fils sans trop comprendre son soudain changement d'état.

Ils se firent ensuite conduire jusqu'au fort. Le garçon titubait tous les deux pas, se raccrochant bien malgré lui aux deux sentinelles qui l'encadraient. On les conduisit aux cellules, qu'Homaï connaissait bien, où on les emprisonna deux par deux. Le père et le fils Aazu se retrouvèrent ensemble. Sitôt la porte refermée, Makis se laissa tomber avec soulagement sur les couvertures rapiécées posées dans un coin, sur le sol de pierre.

— Peux-tu me dire ce qu'il s'est passé, et qui était ce Fils aux yeux rouges ? demanda doucement le Confrère en s'agenouillant à ses côtés.

— Je ne sais pas, balbutia l'adolescent. C'était comme dans la forêt de Dauthas, quand j'ai... tué les quatre hommes sans le vouloir. Je me sentais puissant et j'ai senti le feu de ce mage imprégner mon corps... Je ne sais pas pourquoi ma magie s'est portée sur lui... Peut-être parce que je lui en voulais d'avoir incendié notre arbre. Car oui, je le connais, je l'ai vu à la bataille dans la forêt.

Son père demeura silencieux quelques instants puis dodelina lentement de la tête.

— Il est encore trop tôt pour se prononcer sur la nature exacte de ton pouvoir, murmura-t-il avant de se relever.

Le Confrère aurait bien aimé s'évader une seconde fois, d'autant plus que le fil de fer était toujours dissimulé dans l'ourlet de sa manche. Mais cette fois-ci, les Fils avaient pris leurs précautions et placé un garde à la porte de chaque cellule qui contenait des membres de la Confrérie. Ils n'eurent d'autre choix que d'attendre et Makis en profita pour reprendre des forces.

Environ deux heures plus tard, des pas résonnèrent dans le couloir et une clé tourna dans la serrure de leur porte. Cette dernière s'ouvrit en grinçant sur la dernière personne au monde qu'Homaï aurait souhaité voir. Enveloppé de sa cape noire et paré de son habituel regard vert et perçant, Jodeïshi claqua le battant et se planta devant les deux prisonniers.

— Tu nous as amené ta descendance, Homaï ! C'est parfait, je vais pouvoir finir proprement ce que j'ai commencé il y a deux ans, railla-t-il en guise de bonjour.

Makis vit son père se crisper à côté de lui. Quant à cet homme qu'il ne connaissait pas encore mais que le Confrère semblait avoir déjà côtoyé, il jubilait. Sa posture droite et fière ainsi que le rictus mauvais et condescendant qu'il arborait en disaient long sur son estime de lui-même.

— Tu es parti comme un voleur, la dernière fois, poursuivit le premier lieutenant des Fils de Nagir. Mais je peux t'assurer que tu ne nous échapperas pas aujourd'hui. Vraiment, quelle idée stupide de penser que vous pourriez nous dérober les Sceaux... Pauvres idiots ! La mise en place de la réincarnation est presque terminée, et le processus sera finalisé dès demain soir. Réjouissez-vous, vous aurez au moins le temps d'y assister avant de mourir !

Puis, dans un grand claquement de cape et de bottes, il tourna les talons et les enferma de nouveau. Un silence pesant s'installa, durant lequel Homaï fulminait et Makis ressassait les paroles de leur chaleureux et bienveillant visiteur.

— Qui était-ce ? questionna le Néophyte lorsqu'il fut à peu près sûr que son père ne risquait plus d'exploser. Et de quoi parlait-il en disant qu'il allait pouvoir finir ce qu'il avait commencé ?

Le Confrère ne répondit pas immédiatement. La tête dans les mains et les yeux clos, il semblait réfléchir. Quand il les rouvrit et les posa gravement sur son fils, ce dernier comprit qu'un fait tragique en lien avec cet homme s'était déjà produit par le passé.

— Makis, murmura-t-il d'une voix tendue que l'adolescent ne lui connaissait pas. Il y a quelque chose que je dois t'avouer...

* * *

Les marches se succédaient indéfiniment, les entraînant toujours plus bas. Makis n'aurait su dire depuis combien de temps ils descendaient ainsi ces froids escaliers de pierre, que les torches ne parvenaient pas à réchauffer. Ils devaient à présent se trouver à des kilomètres sous terre. Après une nuit et une journée dans leurs cellules, on était venu les chercher peu avant le crépuscule pour les conduire à la cérémonie de la réincarnation. Ne pouvant y échapper et sachant le funeste destin qui les attendait juste après, ils s'étaient résolus à sortir en traînant les pieds.

Quatre Fils ouvraient la marche ; venaient ensuite les huit membres de la Confrérie de Käyen, suivis de près par quatre autres sbires. Autrement dit, ils se trouvaient à égalité numérique, mais il aurait été suicidaire de tenter quoi que ce fût. En outre, leurs mains étaient liées dans leur dos à l'aide de chaînes fermées par un petit cadenas. Le Néophyte, qui sentait la fatigue l'assaillir, trébuchait toutes les trois marches - d'autant plus qu'on ne leur avait rien donné à manger ni à boire depuis leur arrivée.

Après cette interminable descente aux enfers, ils finirent par déboucher devant une porte noire à deux battants. Les quatre hommes les précédant ouvrirent l'entrée, s'écartèrent et attendirent que les prisonniers eussent pénétré dans la salle à leur tour pour les mener jusqu'à leur place. L'endroit était immense. Le sol, les murs et le plafond étaient constitués d'une pierre de jais, et les flammes vacillantes des centaines de flambeaux qui s'y reflétaient donnaient à la caverne un côté très angoissant. Tous les Fils semblaient déjà rassemblés là, en rang autour d'une sorte d'estrade circulaire en marbre. Les huit membres de la Confrérie furent alignés juste devant cette plateforme, et ceux qui les avaient accompagnés se postèrent derrière.

— Souriez, les gars ! ricana l'un d'eux, un colosse à l'air menaçant. Vous êtes aux premières loges !

Il régnait dans la salle un silence digne d'une cathédrale ou d'une crypte, seulement perturbé par le crépitement des flammes. Sur la dalle, Makis la voyait enfin, était tracée la rosace des Sceaux. À l'extrémité de chacune des six branches était enfoncé un cylindre : le Temps, le Sang, la Pierre, la Lumière, la Vie et la Magie. Ils étaient tous là, réunis, et le Néophyte s'attarda à les contempler. Tous leurs efforts avaient été vains. Dans quelques minutes, le Royaume d'Adraendar serait perdu à tout jamais.

Un détail attira soudain l'attention de l'adolescent : tous les Sceaux émettaient des volutes colorées, correspondant à la couleur de la relique. Le blanc, cependant, produisait des spirales noires.

— Que s'est-il passé avec le Sceau de lumière ? chuchota-t-il à son père le plus discrètement qu'il put.

Le visage du Confrère se ferma.

— Ils sont sans doute parvenus à le corrompre à l'aide de la magie noire, marmonna-t-il.

Makis frissonna. De la magie noire... Quelques secondes plus tard, tous les visages se tournèrent vers la porte. Quatre hommes venaient de faire leur entrée. Sûrement ceux que les membres de la Confrérie haïssaient actuellement le plus au monde. Le premier était très grand et avait une carrure impressionnante. Son visage balafré était sévère et il portait une cape somptueuse ornée de fourrure. L'adolescent entendit Chamno murmurer qu'il s'agissait de Farol, le chef des Fils. À sa gauche se tenait un autre homme, plus petit, mais au regard brillant d'intelligence - Chamno le nomma comme Ghrimah, le second lieutenant.

À la droite du chef se dressait ensuite Jodeïshi. Makis sentit son sang se mettre à bouillir dans ses veines. C'était celui qui avait engendré la mort de sa mère... À peine quelques heures plus tôt, son père lui avait révélé toute la vérité à propos du décès de Kitana, cette même vérité qu'il s'était efforcé d'occulter ces deux dernières années par peur de la réaction de son fils. Et, depuis, Le Néophyte vouait une haine profonde à cet homme.

Enfin, celui qui fermait la marche n'était autre que Bazkan, l'ancien Maître et désormais ennemi de la Confrérie. Il paraissait très à l'aise et fier de son nouveau statut. En passant près des huit prisonniers, il leur jeta un regard diabolique, sans une once de culpabilité ou de regret. Ils contournèrent tous les quatre la plateforme et se tournèrent face à l'assemblée.

— La cérémonie de la réincarnation va pouvoir commencer ! s'exclama Farol d'une voix vibrante. Et, avec elle, la naissance d'une nouvelle ère ! Plus personne ne pourra remettre en question la suprématie des Fils de Nagir ! Gloire et honneur au Dieu de la guerre !

Des acclamations retentirent à travers la caverne et se répercutèrent longuement sur les parois. D'un geste, le chef ramena le silence.

— Que celui qui a reçu l'honneur de devenir l'enveloppe charnelle d'Erkalos s'avance !

Le cœur de Makis manqua un battement lorsqu'il vit quel homme venait d'effectuer un pas en avant tout en retirant sa cape dans un geste très théâtral. Frappés de stupeur et d'effroi, les Confrères virent Jodeïshi gravir lentement l'estrade et s'avancer vers le centre de la rosace.

— Pou... pourquoi lui ? balbutia le garçon, médusé.

— Je ne sais pas, répondit son père d'une voix hachée par la colère. Farol a dû juger préférable de risquer la vie d'un de ses sous-fifres plutôt que la sienne... C'est plutôt malin, après tout, d'autant plus que Jodeïshi lui a juré fidélité et obéissance et qu'il est lié à son chef par un puissant sortilège. Ainsi, Farol pourra contrôler le titan mais sans avoir à en assumer les conséquences.

C'est un vrai cauchemar, songea Makis. Maman, sors-moi de là, je t'en supplie... Six mages, tous vêtus de toges noires et le visage masqué par un capuchon, surgirent de la foule et se disposèrent autour du cercle magique contenant les Sceaux. Ils se mirent à marmonner des incantations dans une langue étrange de façon parfaitement synchronisée, les bras écartés. Une éblouissante lumière commença alors à irradier de la rosace, se faisant plus vive à chaque seconde.

Tout le monde gardait ainsi les yeux rivés sur le processus qui s'enclenchait lentement. Personne n'avait remarqué qu'Homaï s'agitait doucement, étant en fait en train de crocheter le cadenas qui le maintenait prisonnier à l'aide du fil de fer caché dans l'ourlet de sa manche. Quand les Fils debout derrière lui entendirent la chaîne tomber au sol, il était déjà trop tard.

Le Confrère se jeta en avant, bondit sur l'estrade et prit la place de Jodeïshi, accomplissant dans un même mouvement un terrible sacrifice et sa vengeance personnelle.

Fin du Tome 1.

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