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Chapitre 1 - Le Néophyte.

Les feuilles mortes craquèrent quand Makis posa un genou à terre. Avec une moue désappointée, il fixa son collet vide. Aucun lapin n'avait eu la malchance de passer au-travers. Tant pis, pas de ragoût pour ce soir. L'adolescent passa la main dans ses cheveux châtains et reprit sa progression furtive entre les arbres. À peine quelques minutes plus tard, il s'accroupit de nouveau derrière une souche.

Une vingtaine de mètres plus loin, une bécasse des bois furetait la litière. Aussi silencieux qu'une ombre dans cette lumière matinale, Makis encocha une flèche en plume d'oie sur son arc. Plissant ses yeux bleus, il ne prit pas plus d'une seconde pour viser. Il n'avait pas à se soucier de manquer ou non son tir ; de sa vie, il n'avait jamais raté sa cible, et tous s'accordaient à dire qu'il possédait un véritable talent d'archer.

Le trait transperça le crâne du volatile, qui s'écroula instantanément. Voilà qui suffirait pour le dîner. Le garçon rangea son arc, attrapa la bécasse par les pattes, fit demi-tour et s'élança sans plus se soucier d'être discret. Il connaissait la forêt de Dauthas comme sa poche, et pour cause : il y était né et ne l'avait presque pas quittée depuis seize ans.

Makis s'accorda une brève halte lorsqu'il croisa un parterre de jacinthes mauves et en cueillit quelques-unes avec soin. Peu après, les premières cabanes apparurent, disséminées dans les branches des arbres les plus robustes. Répandant quelques plumes dans son sillage, le jeune chasseur salua ses voisins, qui vaquaient tranquillement à leurs occupations et déambulaient sur les chemins de terre.

La cérémonie ne devait avoir lieu qu'à la tombée du jour, ils avaient encore du temps à tuer.

Au détour d'un talus, Makis atteignit enfin la cabane qu'il partageait avec son père Homaï, nichée dans les branches d'un immense chêne centenaire. Cette structure de bois, constituée de trois pièces adjacentes, était reliée au sol par un bel escalier qui serpentait le long du tronc. L'adolescent lâcha sans ménagement sa proie sur les premières marches, débarrassa ses vêtements de lin des plumes qui s'y étaient accrochées, et vint s'agenouiller au pied de l'arbre.

Il déposa délicatement son bouquet au cœur d'une petite alcôve creusée à-même le tronc, puis posa son front contre l'écorce.

Quand le temps sera venu pour moi de mourir, j'aimerais tout de même rester près de vous.

Tel avait toujours été le souhait de Kitana, la défunte mère de Makis. Cela faisait près de quatre ans qu'elle s'en était allée, mais son image restait gravée dans l'esprit du garçon comme si elle n'était partie que la veille.

Les morts en mission n'étaient pourtant pas fréquents au sein de la Confrérie de Käyen. La Consœur avait été appelée dans une quête à risque, mais les dirigeants avaient veillé à bien l'y encadrer. Pendant plusieurs semaines, on n'avait reçu aucune nouvelle d'eux. Un jour où Makis s'était absenté à Triëm, un village proche, l'un des compagnons de Kitana avait ramené son corps. Elle avait alors été simplement inhumée sous les racines du grand chêne.

Du moins, c'était là la version qu'Homaï avait toujours racontée à Makis. Ce dernier avait perdu sa mère quelques jours à peine après être devenu Néophyte. C'était le début d'une nouvelle vie qu'il allait pouvoir construire avec elle, mais tout avait brusquement basculé. Kitana avait quitté la Confrérie alors même que son fils venait d'y entrer officiellement.

C'est un grand honneur pour toi que de faire partie de la Confrérie, Makis, ne l'oublie jamais...

Telles étaient les dernières paroles qu'il lui avait entendu prononcer à son intention, juste avant le départ.

L'adolescent prit une profonde inspiration et ferma les paupières, tâchant de refouler les souvenirs mélancoliques qui l'assaillaient chaque fois qu'il se recueillait ainsi.

— Aujourd'hui est un jour important, souffla-t-il. C'est la première cérémonie officielle à laquelle je suis autorisé à participer. Tu te rends compte, après quatre ans ! Il paraît que tout le monde est convié, car c'est un évènement quasi-unique à l'échelle d'une vie. Mais papa a refusé de m'en dire plus... Peut-être que toi, tu sais ?

Le Néophyte marqua une pause et rouvrit les yeux. Une larme roula sur sa joue, tomba dans la terre et disparut instantanément, absorbée.

— Je viendrai tout te raconter quand ce sera terminé. Je t'aime, maman.

Il se redressa, épousseta son pantalon et adressa un signe de la main à la vieille mage qui passait sur le sentier, à quelques mètres de là. Tout le monde dans la Confrérie connaissait l'histoire de la famille Aazu, aussi personne n'était étonné de voir Makis passer parfois plusieurs heures en tête-à-tête avec un arbre.

Un bruit de poterie brisée acheva de le tirer de ses pensées. Le garçon attrapa la bécasse, avala l'escalier quatre à quatre et poussa la porte qui menait à la pièce principale de la cabane. Penché au-dessus du plan de travail de la cuisine, son père s'évertuait à séparer les grains de riz des tessons d'un récipient terre cuite.

— La chasse a été bonne ? s'enquit Homaï sans lever le nez.

— Plutôt, répondit Makis en abandonnant sa proie sur la table, le trait toujours en travers du crâne. Je te laisse t'en occuper, mais essaye de me garder quelques belles plumes.

Chasser ne lui posait aucun problème, mais dès qu'il s'agissait de plumer ou découper, la tête lui tournait. Il descendit une volée de marches, accrocha son arc dans sa chambre et contempla les flèches qu'il avait commencé à tailler la veille. Voilà qui allait le tenir occupé une bonne partie de la journée.

Quand le soleil fut presque à la fin de sa course, le jeune Aazu troqua ses vêtements de lin pour sa toge beige de Néophyte. Cet habit était le symbole même de son statut au sein de la Confrérie, et il se devait de le porter à chaque convocation officielle. Homaï apparut peu de temps après, également vêtu de sa toge bleue azur, couleur des Confrères et Consœurs à part entière.

Au même moment, l'appel résonna enfin à travers la forêt de Dauthas, faisant s'envoler des familles entières d'oiseaux qui s'étaient déjà installées pour la nuit. Trois longues notes de corne de brume, suivies d'une quatrième plus grave. Un frisson d'excitation parcourut le corps de Makis : ils y étaient enfin. D'un pas déterminé, il s'engagea à la suite de son paternel dans l'escalier puis le long des sentiers.

La forêt de Dauthas était située au sud de la verdoyante région d'Ysana, bénéficiant d'un climat printanier quasi-annuel, si bien que malgré le crépuscule, l'air était encore doux et transportait des effluves d'écorce et de sève. Les pas des membres de la Confrérie qui quittaient leur foyer foulaient les feuilles mortes fraîchement tombées, et le rassemblement forma bientôt un véritable cortège qui progressait en silence à travers les arbres. L'obscurité qui épaississait peu à peu les bois donnait à cette procession une allure de marche funèbre.

— Où allons-nous ? chuchota le Néophyte à son père.

— D'après ce que j'ai cru comprendre, nous nous rendons à la grotte de l'Oracle, où les prophéties de Käyen sont révélées, répondit-il tout aussi bas. Ne parle plus.

Dans la mythologie commune, Käyen, Déesse de la protection et de la paix, avait toujours été symbolisée par les trois lunes qui se partageaient le ciel nocturne. La Confrérie, créée bien des siècles plus tôt, lui vouait un culte et œuvrait régulièrement dans l'ombre afin d'assurer la prospérité du Royaume d'Adraendar. Lors de certaines phases lunaires très rares, des histoires d'azimut et de système de coordonnées écliptiques dont Makis n'avait compris traite mot, d'étranges prophéties étaient délivrées aux fidèles de cette communauté.

Ces missions divines, considérées comme prioritaires, étaient bien souvent déterminantes pour l'avenir du Royaume tout entier. Depuis la chute de l'Ancien Monde, les conflits se multipliaient inexorablement, et tous espéraient la prédiction d'ères plus paisibles. Jusqu'alors, la Confrérie était parvenue à percer les mystères de chaque présage et à les mener à bien, assurant un équilibre et une paix provisoires.

— Quand était-ce, la dernière fois ? insista malgré tout le garçon, ne pouvant contenir sa curiosité davantage.

— Il y a plus d'un siècle. Je ne sais même pas de quoi il était question dans cette prophétie, personne ne m'en a jamais parlé... Tais-toi, à présent.

Makis obtempéra et se contenta de suivre cette longue colonne de toges beiges et bleues. Après plusieurs minutes, le cortège atteignit l'entrée d'une large galerie souterraine. La pénombre y régnait, à peine atténuée par quelques torches. Peu après, le ciel disparut au-dessus de leur tête, remplacé par une sombre roche où perlaient des gouttes de condensation.

La procession s'enfonça toujours plus loin dans les sombres profondeurs de la terre, pendant un temps qui sembla durer une éternité à l'adolescent. La température avait chuté et l'humidité imprégnait l'air, le faisant grelotter. À la suite des autres, il déboucha finalement dans une ample caverne creusée à même la roche, péniblement éclairée par des rangées de flambeaux. La hauteur sous plafond n'avait pas de quoi impressionner, en revanche la circonférence était suffisamment importante pour accueillir les deux cents membres que comptait la Confrérie.

De vastes fresques blanches couvraient les murs et le plafond, agrémentées d'étranges symboles. Se basant sur ses notions en matière de runes, Makis put déchiffrer certains de ces caractères. La plupart se référaient à la mythologie et à la Déesse de la paix elle-même.

Rassemblés sur un promontoire rocheux légèrement excentré, les huit membres du Sommet contemplaient gravement la marée humaine s'introduire dans la grotte. Toujours sans un mot, les toges bleues et beiges se scindèrent en deux groupes distincts et s'attroupèrent autour de cette estrade. Le garçon aperçut son père parmi les mages. Lorsqu'enfin tous se furent immobilisés, un véritable silence de cathédrale s'installa dans cette caverne humide.

Le Doyen, dirigeant suprême de la Confrérie dont la blancheur capillaire rivalisait avec celle de sa toge, s'avança et prit la parole.

— Chers Confrères, chers Néophytes, clama-t-il. Si nous sommes tous réunis ce soir en ce lieu sacré, c'est parce que la douzième prophétie de Käyen est sur le point de nous être révélée. Sous peu, l'Oracle doit délivrer la prédiction de la Déesse. Cela fait cent vingt-trois ans que nous attendons ce moment, espérons qu'il ne nous présage rien d'obscur...

Puis le vieil homme traversa la plateforme à pas lents, son vêtement immaculé flottant tout autour de lui. Il grimpa les quelques marches d'un piédestal et s'approcha d'une large vasque remplie d'un épais liquide blanc. Les autres membres du Sommet firent cercle autour de lui dans une attitude solennelle, et l'attente débuta. Elle fut de courte durée car, à peine une minute plus tard, un violent courant d'air balaya l'assemblée, éteignant au passage toutes les torches et plongeant la caverne dans le noir total.

L'appréhension et l'impatience qui faisaient bouillir Makis de l'intérieur se décuplèrent. Il inspira profondément, savourant ce moment qu'il n'aurait sans doute jamais le privilège de revivre. Quelque part au plafond, une première rune se mit à briller. Ce furent bientôt toutes les fresques qui apparurent, scintillant d'une lumière argentée, mais c'était de loin l'emblème de Käyen qui irradiait le plus.

La rosace alambiquée peinte au-dessus de l'estrade se reflétait dans le liquide blanc de l'Oracle et répandait tout autour ses rayons opalins. Des murmures inquiets se propagèrent parmi les Confrères, et le Néophyte lui-même fut soudain pris d'un haut le corps en remarquant que le Doyen s'était figé face à la vasque. Entouré d'un halo de lumière, ses yeux étaient devenus blancs et ses mains étaient agitées de soubresauts.

Effrayé par ce spectacle, il ne put s'empêcher de demander à l'une de ses camarades :

— Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je n'en sais rien, on dirait qu'il communique avec l'Oracle... Peut-être qu'ils sont comme... connectés, répondit-elle précipitamment.

La jeune fille avait raison. Le dirigeant suprême demeura quasi-immobile pendant de longs instants, comme en transe, avant d'être finalement pris d'un sursaut et de revenir à son état normal. Comme par magie, tous les flambeaux se rallumèrent et les fresques retrouvèrent leur aspect initial.

Les huit membres du Sommet s'étaient déjà réunis, gesticulant et échangeant de vifs chuchotements. Leur nervosité apparente exacerbait celle de la foule de fidèles, si bien que le niveau sonore grimpa en flèche. Toutes les conversations se répercutaient sur les parois de la grotte : tandis que Confrères et Consœurs échafaudaient diverses hypothèses, les Néophytes se contentaient de partager leurs émotions à vif.

Près d'un quart d'heure plus tard, les sourcils froncés et la démarche saccadée, le Doyen se détacha finalement de ses assesseurs pour faire face à l'assemblée. Sa voix était aussi grave que ses traits lorsqu'il annonça :

— Je vais maintenant vous transmettre la prophétie telle qu'elle vient de m'être divulguée...

Six Sceaux sont synonymes de grande merveille

Une fois réunis, le titan ils réveillent

Arrive tout d'abord le Temps

Il croît avec l'âge, et nul ne peut le geler

Se présente ensuite le Sang

Il coule à flot dans les barbaries du passé

Vient en troisième la Lumière

Elle vogue en nous, parfois souillée par les abysses

Quatre, rêve d'une Vie prospère

Dans les terres hostiles ses espoirs périssent

Succède la Pierre en cinquième

Elle emprisonne les cœurs mais garde les sieurs

La Magie demeure en sixième

Racines antiques, mais elle s'adapte aux mœurs

Un nombre semblable d'Épreuves défiera

Celui qui au titre de titan prétendra

À peine prononça-t-il le dernier mot de la prédiction, que le silence qui s'était abattu céda de nouveau la place à un concert de chuchotements. Seuls les Néophytes se taisaient, n'ayant manifestement rien compris à cette étrange énigme. Mais la seule agitation de leurs aînés suffisait pour comprendre que tout cela n'augurait rien de bon.

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