Part.I - 3.2 : La traque
Si Magnus jouit aujourd'hui de l'image dorée de l'empereur sage, fort et mesuré, la justesse historique nous oblige à nuancer.
Le sorcier est, au début de son règne, le jeune survivant d'une guerre traumatisante dans laquelle il a perdu sa famille. Les Humains représentaient alors, à ses yeux comme à ceux de ses concitoyens, la pire menace de ce monde, les créatures les plus dangereuses des trois domaines. Haine, vengeance, raison d'État, bien des raisons ont pu pousser Magnus à préparer ce qui demeure ni plus ni moins qu'un génocide.
L'an 157 fut ainsi marqué par le dénouement de la guerre, la mort de Nergal, l'intronisation du nouvel empereur et les préparatifs de cette impitoyable traque. Bien évidemment, toutes les victimes de la folie des Invocateurs étaient prêtes et désireuses d'apporter leur pierre à l'édifice. Magnus demeurait pourtant aussi patient que prudent.
Bien avant de débuter la chasse, il s'assura de la protection des ports océaniens du Vastazul, des colonies asuriennes unifiées, ainsi que des différents crieurs, possédés, sorciers et djinns qui s'étaient de leur propre initiative regroupés en villages après le massacre diligenté par Lior. Il était inévitable que les craintes demeurent vivaces dans l'esprit de chacun, pourtant, aucune agression invocatrice n'eut lieu. Ainsi, la deuxième partie du plan de Magnus pouvait débuter.
Au début de la décennie 160, l'empereur mobilisa quelques troupes asuriennes afin de mener des raids discrets aux alentours de Ness-Terath. Après quelques mois et plusieurs rapports estimant la population, l'armement et la défense des Invocateurs, Magnus mena lui-même ses cinq arcanistes pour mettre un terme à la menace.
L'enthousiasme montré pour cette entreprise avait de quoi effrayer les dignitaires ombrescents, non pas car ils trouvaient la démarche disproportionnée mais parce qu'un tel affrontement comportait des risques. Toutefois, ils demeuraient avant tout charmés par l'élan de leur empereur, son dynamisme et sa capacité à prendre des décisions fortes tout en agissant de lui-même.
La surprenante discrétion asurienne fit que les survivants de Ness-Terath, enfermés dans leur ville fortifiée, ne s'attendirent pas à une contre-attaque si rapide. Assurément, ils savaient qu'un retour de bâton allait bientôt arriver, mais sans doute pensaient-ils, non sans naïveté, qu'un exil dans leur cité, coupé de l'empire, suffirait à se faire oublier. Et si le voyage jusqu'au bastion humain fut lent et posé, à l'image de la marche de Lior, il ne fallut à Magnus et ses Arcanistes pas plus de cinq heures pour achever leur mission une fois la cité atteinte.
On estime que Magnus, par son célèbre tour de force de 157, élimina pas moins de 80% des effectifs invocateurs. Les trois quart des survivants, soit, au mieux, une quarantaine d'individus, rentrèrent à Ness-Terath, alors que le reste fuyait aux quatre coins de l'empire. La majorité des habitants enfermés à Ness-Terath ne comprenait en réalité que vieillards, femmes enceintes ou enfants. Les quelques combattants revenus de la Citadelle furent exécutés sans sommation et dans des conditions parfois très brutales. Les Arcanistes, notamment, étaient désireux de faire passer un message au reste de la population. En effet, ceux qui n'étaient pas aptes à se battre furent épargnés, ramenés à la Citadelle et placés dans les geôles du palais impérial... pour y mourir de vieillesse.
Avec l'aide de son jeune Conseil, Magnus avait rapporté une paix durable et mis un terme à la menace qui terrifiait les Profondeurs depuis des années. A eux cinq, les arcanistes avaient prouvé qu'ils pouvaient garantir la défense de l'empire en l'absence de l'empereur. A eux cinq, ils allaient poursuivre la traque de toutes les créatures qui pouvaient représenter une menace pour sa majesté impériale.
"Des filles et des garçons dépourvus de manuscrits ne peuvent représenter aucune forme de menace pour sa majesté", avait tenté de rassurer le Pénitent.
Il regretterait ces paroles quelques siècles plus tard.
Ce fut seulement après d'âpres négociations et la réunion des arcanistes que le jeune empereur parvint à convaincre ses conseillers de le laisser partir afin qu'il puisse marcher sur les traces de Thormir.
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