Part.I - 1.2 : Les épreuves de l'existence
Aux premières décennies de joie succéda une période plus complexe. Potens tomba malade, son corps ne répondant plus aux exigences qu'il s'était imposé, alors Magnus s'en alla aux champs et aux lointains et maigres marchés où il pouvait vendre ses produits. Bien qu'il ne l'ait jamais dit à sa mère, car celle-ci l'en défendait, le jeune sorcier ne se priva pas d'user de ses dons pour subvenir aux besoins familiaux. Voir son père ainsi affaibli et sa mère abandonner peu à peu son enseignement n'attrista pas l'enfant tant que ça, au contraire, il ressentit un grand plaisir à s'occuper d'eux. Le temps était venu pour lui de prendre soin de ses parents comme eux l'avaient gavé d'amour depuis sa naissance.
Sur les marchés des terres du sud, Magnus aimait emporter ses livrets pour lire et relire l'histoire des domaines, des Douze, des différentes espèces, de l'Ombrescence et de bien d'autres sujets. A vrai dire, jamais le sorcier ne se séparait de ses ouvrages. Mais s'il fut un temps où sa mère aimait le voir aussi studieux, elle afficha peu à peu une mélancolie à chaque fois que son fils lisait. Alors qu'elle dormait, il creva un jour l'abcès avec son père :
Je crois qu'elle est en colère de ne plus avoir rien à m'apprendre... regretta Magnus.
Enfoncé dans un vieux fauteuil auprès d'un maigre feu, Potens leva des doigts affaiblis et répondit :
Non... Non ce n'est pas ça. Il est commun de voir certaines illustres familles confier quelques années l'un de leurs enfants à un précepteur de renom afin que celui-ci élève leurs aptitudes au-delà de leurs compétences naturelles. Ta mère est juste accablée que nous ne puissions pas t'offrir un tel enseignement...
Grandir et vieillir auprès de vous me convient parfaitement... assura l'enfant.
Mais ça ne nous convient pas, l'interrompit Potens.
Il posa sa main rachitique sur le bras déjà musclé de Magnus.
Tu as tant de potentiel mon fils, tant de potentiel... Tu es promis à de grandes choses, et nous ne devons pas t'empêcher d'atteindre les objectifs dont tu dois pouvoir rêver. Tôt ou tard, tu seras quelqu'un d'important. J'en suis convaincu.
Mais les ardents désirs de Potens ne se réalisèrent pas. Les décennies se suivirent, Magnus devenait toujours plus grand, plus fort, plus doué, alors que ses parents peinait à lui apporter leur aide. Et même si, au fond de lui, le jeune sorcier s'imaginait être pris sous l'aile d'un maître, il savait que sa vie ne pouvait se faire loin de sa famille. C'était là la culture des Sorciers, leur manière de penser.
Alors il abandonna les livres aux couches de poussière, délaissa ses secrets desseins pour se focaliser sur ses âpres cultures. Potens, Sapia et Magnus s'en allèrent encore plus loin vers le sud quand le fils atteignit les cent-cinquante ans, non loin d'une petite colonie d'asuras.
Il demeurait toujours un enfant qui s'émerveillait de la diversité des créatures que recelaient les domaines. Les charismatiques Djinns, les amicales Chimères, les intrigants Possédés, tous étaient considérés avec passion par le regard de Magnus. Au gré des marchés, il avait de même entendu parler de ces Hommes qui avaient investi le Bois Maudit, ces Nécromanciens, mais jamais il ne put mettre un visage sur ces mystérieux êtres qui l'intriguaient tant.
S'il serait flatteur de penser que cette lubie naissante pour les Humains reflétait une forme d'admiration, il n'en était en réalité rien.
Bien au contraire.
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