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3. Un départ



Les druides de Ki séparaient le monde en divers éléments : pierre, vent, foudre, cristal, feu, eau, bois, métal.

Selon leur sensibilité, les tribus nomades se réclamaient de l'un ou l'autre de ces éléments ; à l'exception de la pierre, propriété du dieu Enki, patron des citadins et des fermiers, et du vent, matière du dieu Enlil, responsable de l'ensemble des nomades.

J'ai trouvé dans les écrits d'Alleris Bombastus une association tout à fait originale entre ces éléments originels et les neuf forces – ou formes d'existence, comme il les appelle – structurant l'univers.

Adrian von Zögarn, notes sur l'Omnimonde


De toutes les régions de la terre de Ki, le Sud était connu comme la plus aride. Durant ses étés interminables, l'homme s'abritait de la chaleur sous des reliefs de pierre comme l'insecte dans son trou. Au lieu d'apporter de l'humidité, la saison des pluies, tout en orages, déversait des torrents aussitôt disparus dans les interstices du sol.

Cependant, la tribu Málem ne manquait de rien. Les droms, ruminants sans prédateurs, les seuls à vivre sur cette terre, se nourrissaient avec opportunisme : insectes, mollusques, lichens, herbes, vers de terre. Leur lait, leur viande, leur cuir et leur fourrure donnaient sa subsistance à la tribu. Le reste provenait des chasses et du commerce.

Or, chasser impliquait de monter vers le Nord, au risque de croiser des citadins peu amicaux, voire une autre tribu.

« La saison des pluies arrivera tôt cette année, jugea Sat en levant le nez vers le ciel.

— C'est tout ce que tu as à dire ? le moqua Almena. J'aurais pu faire cette remarque à ta place. »

Un amoncellement de cumulus leur volait la lumière d'Utu. Leurs chevaux paissaient dans cette ombre soudaine. Sat, le sourcier de la tribu, avait été chargé de veiller sur Almena lorsque ses parents avaient disparu. Il avait rapidement laissé la jeune fille exercer sa liberté, quand bien même elle nuisait à la tranquillité des chefs de Málem. Sa présence était synonyme de critique, de remise en question. Au grand dam des plus âgés, elle excellait aux joutes verbales des feux de camp. Pour les plus jeunes, plutôt portés sur la bagarre, elle était l'intouchable. Ses facultés d'observation lui avaient appris sur le tas un amalgame de techniques uniques et redoutables. Inconscient celui qui la défierait en duel d'honneur.

« Que fait Kira ? s'impatienta-t-elle. Il sympathise avec les blés ? »

Le jeune homme qui dirigeait le groupe apparut entre deux reliquats de fumée. Il marcha vers eux. Kira était membre du second cercle, juste après celui des chefs. C'était un authentique guerrier des tribus du métal, contempteur invétéré des citadins enfermés dans leurs murs, pris au piège de leur petitesse, là où Ki appartenait aux nomades. Il n'avait jamais de mots assez durs pour qualifier les tribus du bois et du cristal, des sanguins d'un côté, des cinglés de l'autre ; lors des veillées, on le trouvait sans cesse à affûter une lame « réservée » pour eux.

« Alors ? » demanda Sat.

Le sourcier allait sur ses quarante ans, mais son œil habitué à distinguer toutes les formes de nuages avait cerné le premier les colonnes de fumée qui montaient de la plaine.

« Un affrontement entre citadins, dit Kira. Vous pouvez venir voir. Il ne reste aucun survivant. »

Le camp vaincu avait laissé ses morts derrière lui, se repliant dans une forêt de cèdres qui inspirait la méfiance. Les conquérants avaient mis le feu à des piles de cadavres pour marquer leur victoire, sans prendre la peine de fermer leurs yeux, ni même de piller les morts. Ils n'avaient ni respect, ni haine pour ces malheureux, rien que la pire des indifférences.

Les autres nomades qui accompagnaient Kira s'étaient empressés de faire les poches de quelques-uns des corps. Ils n'avaient plus besoin de leurs bijoux, porte-bonheurs, bagues et bracelets de métal, mais ceux-ci pouvaient encore poursuivre leur histoire. Non que la tribu Málem voue une adoration au métal ; plutôt un respect de tradition.

« Je n'aimerai pas être à leur place, dit Kira. Je n'aimerai pas que ma mort ressemble à ça.

— Et que penseraient-ils de toi, ces hommes, s'ils te voyaient chargeant une tribu du bois ?

— Ce n'est pas pareil. Les citadins nous regardent de haut, rien de plus. Les tribus du bois nous ont toujours blessés au sang.

— La séparation des tribus n'est pas si ancienne, intervint Sat. Tu serais surpris d'apprendre qu'elle date d'un siècle et d'une querelle entre deux chefs, qui sont morts depuis sans descendance. N'est-ce pas plus ridicule encore ? Tu portes les vestiges d'un conflit entre deux hommes qui se détestaient. Tu ne les as jamais connus. Tu ignores jusqu'à leur nom, jusqu'à leur existence même. Ils n'ont rien fait de grand de leur vivant. Et ils sont encore là, condamnés à vivre une éternelle guerre dans le cœur de ceux qui les ont suivis dans le temps... »

Incapable de faire quoi que ce soit de cette vérité, Kira s'écarta d'Almena et de son tuteur.

« Quel abruti » commenta la jeune femme.

Sat changea aussitôt de sujet, une gravité nouvelle dans la voix.

« Je suis désolé de ce que je m'apprête à faire, Almena.

Ces nuages devant nous me disent que nous sommes à l'extrême Nord de notre expédition. Mais je veux aller encore plus loin.

— Que veux-tu faire ?

— Tu as besoin de liberté, Almena. Plus que ma présence ne peut te le permettre. Je t'en ai laissé autant que je pouvais, mais ce n'est pas assez. J'ai peur de brider ton destin. Et je sais que ton destin est exceptionnel ; crois-moi, je l'ai su bien avant que les chefs ne te placent sous ma protection.

Il désigna un point au loin.

— Je vous laisse. Là-bas commence le territoire des tribus du cristal.

— Ils t'accepteront ?

— On a toujours besoin d'un sourcier. »

Almena surjouait l'étonnement, car elle avait entendu Sat préparer ce départ avec les chefs de Málem. L'homme ne s'était jamais montré paternaliste, ni même paternel ; il souhaitait s'effacer discrètement de son existence.

« Tu fais ça pour moi, encore.

— Autant pour toi que pour moi. J'ai peur de te retenir en arrière, sans le vouloir. J'ai peur que tu viennes vers moi avec des questions trop difficiles, auxquelles j'apporterais la mauvaise réponse. Je ne veux pas.

— On dirait que tu nous annonces un sombre futur.

— Il n'y a pas de lumière sans ombre. Je sais que ton destin est exceptionnel, mais je ne sais pas encore quelle est cette tempête dans laquelle tu brilleras. J'ai peur pour toi, j'ai peur pour moi sans doute, je crains d'être parmi tes adversaires, à t'empêcher d'accomplir cette destinée. Alors je pars.

— Je te reverrai, dit Almena.

— Tu ne me reverras pas. J'étais de passage dans ton existence. Je suis satisfait de ce rôle ; il est temps de le mener à terme. »

Un orage éclata, frappant au hasard dans la forêt de cèdres. Almena ne regarda pas Sat s'éloigner. Parmi tous ces événements qui agrégeaient sa vie, elle cherchait encore l'ordre, la raison d'être, le dénominateur commun. Elle pourrait alors prendre au hasard un galet dans le lit de ce fleuve et se rendre compte, en levant la tête, que tous les autres lui étaient semblables.

Mais ce n'était pas encore le cas.


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J'introduis un personnage pour le faire disparaître aussitôt. C'est uniquement pour vous déconcentrer.

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