19.
Elle fut réveillée par quelques chatouillis qui couraient le long de ses jambes. Andras ouvrit les yeux, s'étira, bailla à pleine gorge et sortit de son canapé en posant la main sur Sally.
- Tu as faim ? Moi aussi, dit-elle la voix ensommeillée et se dirigeant vers son réfrigérateur.
Elle l'ouvrit et fit la moue.
- Il n'y a plus grand chose là-dedans ! se redressant, elle ajouta en direction de la rate, il va falloir te débrouiller.
Sally était sur le canapé, debout sur ses petites pattes arrière attendant, les moustaches frémissantes. Mais, à ces mots elle bondit du canapé, se faufila par le trou d'aération, suivit par tous ses petits.
Andras claqua la porte du frigo, expira profondément et réfléchit tout haut :
- Bon ! Il faut que je me change et que je m'occupe de mes bébés avant de retourner voir ma mère. dit-elle en s'étirant encore, Quelle soirée !
Elle ramassa un jeans, enfila un tee-shirt qui pendait de l'armoire, attacha ses cheveux en une queue de cheval, attrapa ses clefs et sortit. Elle alla directement voir Nolan, le patron de l'animalerie auquel elle avait négocié ses bébés. Lorsqu'elle entra dans la boutique, celui-ci abandonna son client pour aller à sa rencontre.
- Salut Andras, quel bon vent t'amène ?
- Il n'y a aucun "Bon vent" qui puisse m'amener, Nolan !
A ces mots, Nolan changea de ton :
- Tu veux quoi, cette fois-ci ?
- Rien. Je te ramène.
- Quoi ? Bon... donne-moi deux minutes que je termine avec mon client et je suis à toi.
- Magne toi, je n'ai pas toute la journée.
Andras était face aux différents vivariums et en admiration devant tous ces reptiles. Du coin de l'œil, Nolan l'observait car il s'était rendu compte qu'à chacune de ces visites, ses bestioles étaient plus agressives. Il n'avait qu'une hâte en finir avec elle et qu'elle dégage de sa boutique. Cette fille n'était pas nette. Au début, il la trouvait plutôt sympathique. Ils avaient la même passion pour les serpents, les plus rares, les plus venimeux, ceux qui était interdit de posséder légalement. Il l'avait trouvé attirante, l'avait dragué ouvertement et elle n'avait répondu à ses avances que pour obtenir sa vipère du Gabon. Nolan avait toujours été surpris par son aisance à manipuler ces animaux et il se souvint de l'histoire qu'elle lui avait raconté sur l'oreiller lorsqu'il avait malencontreusement touché sa main droite où se dessinait entre le pouce et l'index, une cicatrice.
Andras n'avait que dix ans, sa mère lui demandait d'aller ramasser des fagots. Elle partait à l'aube et ne revenait qu'en fin de matinée. Tout en ramassant des fagots, elle flânait dans les hauts du bois de la vallée des moulins. Ce matin de cet été là, un homme sortit brusquement de derrière un arbre. Il l'attrapa, la jeta sur le sol, lui arracha sa robe et la viola. Lorsqu'il se retira, de ses deux pieds elle le poussa de toutes ses forces. Il ne put se rattraper, tituba, glissa et tomba en contre bas dans des fourrés de ronces.
Là, elle l'entendit hurler et se débattre. Debout adossée à un arbre, elle le voyait se redresser puis retomber dans la végétation. le silence revenu, elle s'approcha doucement du fourré. L'homme était là, étendu, inerte. Armée d'un bâton, elle le poussa deux fois mais à la deuxième fois quelque chose bougea. Elle lâcha le bâton, recula, trébucha et se retrouva assise par terre. Elle se releva, non sans mal, le cœur battant. Dos à un tronc, elle fixait ce corps. Un poids tomba de l'arbre et atterrit sur son épaule. Elle tressaillit, en sentant glisser sur son bras, une vipère. Dans son effroi, elle voulut se débarrasser de celle-ci qui l'agrippa à la main avec l'un de ses crocs. La vipère termina sa chute et rejoignit ses congénères sous le fourré. Andras figée, la regardait se mouvoir et glisser à côté du corps de l'homme. Elle regarda sa main égratignée et reprit son chemin comme si rien ne s'était passé.
Nolan l'avait écouté stupéfait, lui avait posé quelques questions mais Andras avait évité toute discussion supplémentaire. D'ailleurs elle cessa toute relation avec Nolan, sauf pour ses bébés. Et il le savait elle était là, uniquement pour ça.
- Alors, qu'est-ce qui me vaut ta visite ? demanda-t-il en refermant la porte derrière son client.
- Je dois partir et je ne peux pas emmener mes chéris avec moi. Alors, tu vas me les garder.
- Tu plaisantes !
- Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?
- Non, non, pas vraiment. Mais, tu veux que je les garde jusqu'à ce que tu reviennes ? Combien de temps ?
- Je n'en sais rien. De toute façon, tu n'as pas le choix. Sinon...
- Oh, oh...tu n'as pas besoin de me menacer, je vais te les garder Tes chéris. Simplement, je te demanderai une participation financière pour le gardiennage et la bouffe. D'accord ?
- Oui, c'est ça ! On pourra s'arranger quand je reviendrai. Tu passes les chercher demain. J'ai encore quelques détails à régler. Ok
- Pas de problème, c'est le jour de ma fermeture.
- Je sais.
A ces mots, Andras tourna les talons et partit. Elle s'arrêta à la supérette un peu plus loin, fit quelques provisions, des sandwichs, des chips, un pack de bière et deux bouteilles de Vodka. Puis, téléphona à Patricia.
- Alors tu t'es remise de tes émotions ? s'enquit-elle avant que Patricia puisse dire un seul mot.
- Andras ! T'es gonflée de m'appeler.
- Pourquoi ? Tu n'as pas passé une bonne soirée !
- J'ai fini en garde à vue et Danièle à l'hôpital. Tu sais ça ?
- Ouais, je m'en doutais et alors ? Tu es ressortie, non ?
- Ce n'est pas grâce à toi. Et, Danièle est toujours à l'hôpital, elle est...
- La pauvre petite ! Je ne t'appelle pas pour t'entendre geindre.
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Il faut que je te voie... Je veux t'emmener avec moi.
- M'emmener où ?
- On peut se voir ou pas ?
- D'...accord.
Patricia inquiète, tournait en rond dans sa chambre du foyer des jeunes travailleurs. Elle ne se souvenait pas de tout ce qui s'était passé à cette fameuse soirée mais se rappelait qu'Andras les avaient plantées. Elle et Danièle avaient été ramassées à poil. Danièle en sang et en état de choc emmitouflée dans une couverture de survie et elle euphorique faisant du rentre dedans aux gendarmes. Patricia avait le sentiment de s'être amusée comme une folle. Elle tournait en rond dans cette minuscule chambre car elle savait qu'Andras allait l'entrainer avec elle. Elle était partagée par cette envie et cette angoisse de réaliser des actes pas très catholique. Mais au fond, elle savait que son désir allait l'emporter.
Une demi-heure après Andras frappait à la porte.
- Alors, dans quoi veux-tu m'embarquer cette fois ? dit-elle pour l'accueillir.
- Dans une guerre.
- Une guerre ? Et puis quoi encore ! s'exclama-t-elle d'un air moqueur.
Andras entra, s'assit sur la seule chaise disponible, croisa les jambes en fixant Patricia :
- Écoute, je suis enceinte et je dois trouver la clé de la régénération.
- Tu es enceinte ! Et tu dois trouver la clé de quoi ?
- Je veux que tu m'accompagnes pour mener à bien mon projet. Changer ta vie de merde en une vie excitante et sans interdits. Qu'en dis-tu ?
- J'en dis que c'est plutôt bizarre ton explication.
- Je vais te prouver que ce que je viens de te dire est vrai. Ouvre la porte.
Patricia la regarda interloquée mais obéit. Sur le pas de sa porte, deux beaux gosses qu'elle avait repéré mais n'osait pas aborder, étaient là. Ils entrèrent en la bousculant légèrement, l'embrassèrent, lui caressèrent les seins, les fesses. Patricia jeta un coup d'œil à Andras qui souriante, allumait une cigarette. Elle en tira deux bouffées, se leva, toucha l'avant-bras de Patricia avec le bout incandescent et sortit la laissant prendre du bon temps.
- Je t'attends en bas, dit-elle en refermant la porte.
Patricia lui fit un signe de la tête, en se frottant l'avant-bras et retournant à ses amusements.
Trois quart d'heure plus tard, Patricia montait dans le 4x4. Andras, une cigarette à la main et une bouteille de Vodka ouverte dans l'autre :
- On peut y aller, dit-elle sur un ton de reproches ravalées.
- Une petite seconde, je boirai bien une petite gorgée pour me rincer le gosier.
Andras lui tendit la bouteille. Elle la saisit en lui demandant :
- J'aimerai que tu m'expliques...
Andras la fixa de ses yeux glacials :
- Maintenant, que tu es des nôtres.
- Des vôtres ?
Andras lui attrapa le bras de sa main droite. Patricia surprise regarda Andras puis la main posée sur son avant-bras. sa brûlure de cigarette et la cicatrice de Andras étaient côte à côte. Patricia observait les deux marques la bouche ouverte :
- six, six...soixante six !
Un sourire machiavélique se dessina sur le visage d'Andras :
- Nous partons, trouver la clé et nous battre pour laisser places à nos rêves les plus fous.
- Ouais, c'est un plan qui me plaît même si je n'ai pas tout imprimé. Je suis de la partie... C'est partie cria-t-elle en levant la bouteille de Vodka.
Andras jeta son mégot par la vitre et démarra.
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