i. Surprise !
Mai 1941
— Aby ? m'appelle Maggie tandis que nous descendons les marches en pierre de notre école.
— Oui ?
— Aujourd'hui, c'est ton anniversaire.
— Oui, je sais bien... Où veux-tu en venir ?
Mon amie me regarde avec un regard entendu.
— Pour fêter ça, je te propose de faire un tour au parc ! Ce n'est pas tous les jours que l'on a quinze ans ! Il y aura les garçons de Saint Charles, et le fameux Thomas...
— Oh. Tu sais, ce n'est pas trop ma tasse de thé... Les sorties, tout ça... Mais, vas-y, toi ! Surtout s'il y a Thomas.
— Tu ne peux pas m'abandonner comme ça... insiste Maggie. Les cours se terminent le mois prochain, et le soleil rayonne ! Tu ne peux pas rester enfermée toute la journée...
— Je suis désolée, Mag... Miss Griffiths compte sur moi ce soir, je ne peux pas vraiment sortir à ma guise.
— Mmh... Je comprends, capitule Maggie en m'enlaçant une dernière fois. Mais j'ai besoin de te retenir quelques secondes encore, pour t'offrir ton cadeau...
— Oh, il ne fallait pas...
— T-t-t ! fait Maggie en claquant sa langue contre son palais.
Elle se met à fouiller dans sa besace et en extirpe un petit objet enveloppé dans du papier kraft. Elle me le tend avec un grand sourire.
— Tiens !
Je saisis le paquet et l'ouvre doucement.
— Oh, tu ne veux pas faire les choses normalement pour une fois ? Déchire tout !!
Je m'exécute, amusée. Je roule le papier cadeau en boule et le fourre dans ma poche. Un petit écrin bleu nuit se tient à présent dans ma main. J'échange un regard avec Maggie.
— Quel genre de folie as-tu encore fait... ?
— Ne me pose pas de question, ouvre !!
Je me mords la lèvre et ouvre l'écrin. À l'intérieur se trouve une petite broche en forme de clé de sol avec une fleur en son centre.
— Tu es... Tu es complètement folle ! Ça a dû te coûter un prix fou !
— Tu plaisantes, rien n'est assez fou pour ma meilleure amie !
Je souris, émue, et la serre dans mes bras une dernière fois.
— Merci, merci infiniment...
— Elle te plaît, au moins ?
— Si elle me plaît ? Elle est magnifique ! Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir...
— Attention, c'est de l'argent véritable ! Et la fleur, c'est de l'ambre.
Je me mords la lèvre inférieure.
— Où as-tu trouvé une merveille comme celle-ci ?
— Aha ! C'est un secret, mademoiselle.
— Tu n'es pas drôle !... réprimandé-je.
— Je ne te dirais rien.
Je fais une fausse moue vexée. Elle éclate de rire.
— Merci encore, Mag... Ça me touche énormément.
Je dépose un long baiser sur sa joue.
— On se voit demain ? me questionne-t-elle.
— Évidemment ! Désolée de m'enfuir comme une voleuse... Passe le bonjour à Thomas de ma part.
— Compte sur moi.
Je lui adresse un dernier signe de la main et disparaît, quittant l'école pour la journée. Je cours presque pour rejoindre le foyer qui m'accueille depuis septembre. Miss Griffiths se montre très gentille et maternelle envers moi, mais étant donné que je suis la plus vieille résidente du foyer elle me donne pas mal de responsabilités envers les autres petites filles, surtout les plus jeunes.
Lorsque je passe la porte, tout est étrangement silencieux.
— Hey, il y a quelqu'un ? Miss Griffiths ? Isa ? Lottie, tu es là ?
N'obtenant pas de réponses, je me dirige vers la cuisine où les filles sont normalement en train de prendre leur goûter. Malheureusement, la pièce est vide. Je fronce les sourcils. Ça, ce n'est pas normal. D'habitude, il y a toujours quelqu'un dans les cuisines.
Tandis que j'essaie de me rappeler Miss Griffiths m'a fait part d'une quelconque sortie dans le parc aujourd'hui, je me dirige vers le petit salon où j'ai l'habitude de me retrouver pour lire. Je pousse la porte. La pièce est plongée dans la pénombre. J'entends quelques bruits étranges, comme des chuchotements. Je tâte le mur sur ma gauche et appuie sur l'interrupteur.
— SURPRISE !! BON ANNIVERSAIRE, ABY !
Je n'ai pas le temps de réagir que je suis assaillie de bisous et d'autres marques d'affection en tout genre.
— Mais, mais qu'est ce qui se passe ?!
— On t'a fait une surprise pour ton anniversaire ! explique la petite Lottie en souriant, dévoilant le trou à la place de son incisive droite. J'espère que t'es contente !
— Oui, beaucoup ! Je suis juste... très surprise.
Elles éclatent de rire.
— C'est le but ! s'exclame Isa, une petite brune, la plus vieille après moi.
Je souris.
— Merci beaucoup les filles, vous êtes adorables...
Je m'accroupis pour les attirer dans une étreinte collective.
— Je peux, moi aussi ? demande une voix en face de nous.
Je lève les yeux. Georgia Griffiths, la directrice de l'établissement, se tient debout devant moi sur ses longues jambes. Elle porte une longue jupe bleue marine et un chemisier blanc, comme presque tous les jours. Ses souliers sont plats et vernis. Cependant, au lieu de son habituel chignon serré, elle a laissé ses cheveux libres, dévoilant de jolies boucles qui tombent sur ses épaules. Miss Griffiths était une amie proche de ma mère, je l'ai toujours connu, bien que je ne la voyais pas souvent. Elle me fait un immense sourire et me tend les bras. Je viens m'y blottir.
— Joyeux anniversaire, Aby, me dit-elle à l'oreille.
— Merci beaucoup...
Mes yeux se mettent à piquer. Je les essuie rapidement, reniflant. Les filles me fixent de leurs grands yeux curieux.
— Pourquoi tu pleures ? demande Sierra, une petite brune aux yeux sombres.
— Parce que je suis heureuse !
— Mais, on pleure quand on es triste ! intervient Lottie. Pas quand on est heureuse !
— On peut pleurer pour les deux ! explique Isa. Aby est émue, parce que notre surprise lui a fait très plaisir. Pas vrai, Aby ?
— C'est exactement ça, je confirme en souriant.
— Bon, les filles, que diriez-vous de passer à la deuxième surprise ? propose Miss Griffiths.
Des exclamations de joie surviennent du petit groupe.
— Encore une ? je m'étonne. Ça alors, je suis bien gâtée !
— C'est moi qui ai eu l'idée ! affirme Betty, une petite fille aux cheveux roux en bataille et au grands yeux bleus.
— Oui, mais c'est Katie et moi qui l'avons fait ! réplique Martha, du haut de ses dix ans.
La petite Katie, huit ans et — presque — toutes ses dents, confirme d'un hochement de tête.
— Merci à vous toutes, les filles. Vous êtes les meilleures, j'assure en essuyant mes dernières larmes.
Miss Griffiths nous amène jusqu'à la cuisine.
— Elles ont absolument tenu à te faire ta tarte préférée, celle aux fraises. Je n'ai même pas vérifié le résultat...
— Martha a fait brûlé la pâte ! dénonce Nicole en secouant ses courtes boucles brunes.
— C'est faux ! se défend Martha. Elle a juste un peu trop cuit !
— S'il vous plaît, les filles ! j'interviens avant que ça ne dégénère. Peu importe à quoi elle ressemble, je suis persuadée que votre tarte aux fraises est délicieuse.
Elles me font toutes un sourire éclatant.
j'espère que ce premier chapitre vous a plu !! je vous poste le deuxième tout de suite haha ;)
n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, même s'il ne se passe pas grand chose :')
je vous embrasse 💓
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