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Chapitre X - Partie 2


     Aiden et Kuraja marchaient en silence depuis maintenant plusieurs minutes. L'homme suivait la jeune fille en laissant entre eux plusieurs pas d'écarts. Tous deux avaient relevé leur capuchon, et marchaient d'un pas lent. Les rares habitants du Dédale qui les croisaient en chemin, baissaient les yeux, et marmonnaient de courtes prières.

— Je n'avais pas remarqué à quel point le culte de Maa et Taivas avait pris de l'importance, dit Aiden d'une voix sombre.

     Voyant que la jeune fille faisait mine de l'ignorer, il lui attrapa le bras et tourna sur une ruelle déserte. Kuraja, après un léger moment de surprise, dégagea son bras d'un geste brusque qui fit tomber sa capuche. Ses yeux d'onyx luisaient dans la nuit d'une colère à peine contenue.

— J'ai comme l'impression qu'on ne se comprend pas toi et moi, lui dit Aiden.

     L'adolescente croisa les bras et releva le menton un rictus de dégoût barrant son visage.

— Mais au contraire, cracha-t-elle. On s'est très bien compris ! Vous ne voulez pas de moi dans votre joyeuse petite bande de rebuts.

     Aiden haussa les sourcils sous sa capuche, et s'adossa au mur le plus proche.

— Ah bon ? lui répondit-il d'une voix aux contours moqueurs. Aurais-tu l'obligeance de m'expliquer ce qui te fais dire ça ?

     La jeune fille, à qui le ton goguenard, n'avait pas plu, tourna la tête et ne lui répondit pas. Après quelques minutes de silence de plomb, elle prit une grande inspiration et marmonna :

— On ne renvoie pas chez elle une personne dont on a besoin. Mais après tout, je m'en doutais. Qui voudrait d'une personne « déviante » telle que moi ? murmura-t-elle en baissant la tête. Même le tueur, le débile et le coincé restent plus « normaux » et...

     Elle fut coupée dans son monologue par les deux mains d'Aiden qui lui avaient relevé le visage d'un mouvement brusque. Celui-ci avait découvert son visage bardé de cicatrice et s'était approché assez près pour que la jeune fille puisse toutes les détailler. Kuraja avait écarquillé les yeux de surprise et entrouvert sa bouche.

— Est-ce que je te semble normal ? lui demanda Aiden d'une voix dur. Écoute-moi bien petite, et ce quelle que soit la décision que tu prendras dans quelques instants ! La « normalité » ça n'existe pas ! Le connard qui l'a inventé, l'a fait dans le but de rendre coupables les pauvres malheureux qui refusent de rentrer dans leur foutu moule. Personne n'est normal ! Personne. Ni toi, ni moi ni même ton foutu prêtre ou je ne sais qui encore !

     Il avait martelé ses phrases de petits mouvements de l'index. Il finit par le lui planter sur le front. Kuraja ne broncha pas, semblant absorber ses paroles.

— Maintenant tu as le choix, soit tu les laisses entrer dans ton crâne et t'imposer leurs fadaises. Ou alors tu les envoies tous chier, comme tu l'as fait si bien avec nous tout au long de la soirée. Je ne te demande pas de changer, je ne te demande pas de devenir plus ou moins que ce que tu es ! Ce que je te demande, c'est si tu es prête à avancer sur un chemin qui s'éloigne de tout ce que tu as jamais connu ! Si oui, suis-moi, suis-nous !

     Sur ces dernières paroles, il se retourna et partit d'un pas brusque. Kuraja encore sidérée, prit quelques secondes, avant de s'ébrouer et de partir en courant à la recherche du singulier petit être brun.

— Qu'attendez-vous de moi ? lui demanda-t-elle le souffle court en le rejoignant.

     Celui-ci, qui avait rabattu sa capuche, sourit de toutes ses dents.

— J'attends de toi exactement l'inverse de ce que je veux chez les garçons. Dans leur cas j'ai besoin qu'ils ne soient « personne ». Je m'explique. Loki est le genre de personnage qui peut se glisser dans la peau de n'importe qui, et ainsi, rentrer partout. Mayele possède l'un des esprits les plus remarquables que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Malheureusement je doute qu'il puisse se faire passer pour nul autre que lui-même, enfin pour l'instant. Quant à Imire... Il possède des qualités indéniables, mais néanmoins peu présentables...

— Oui des qualités de tueur, continua la jeune fille en rabattant son capuchon. Ce qui n'explique toujours pas ce que vous voulez de moi.

     Aiden eut un bref rire, et se replaça derrière la jeune fille en baissant la tête. Jouant son rôle de guide de Taivas à la perfection.

— Mais j'attends de toi exactement ce que tu viens de faire sans même t'en rendre compte . Je veux que tu sois la noble de premier rang que tu es ! Je veux que tu t'intègres dans les cercles les plus fermés, comme tu en as le droit. Je veux, que sur un simple froncement de sourcils, ou une douce caresse de la main tu fasses se mouvoir les cours. Les garçons, même avec les armes les plus dangereuses, ne pourront jamais égaler la force de destruction de la parole d'une primante ! Mais pour ce faire, j'ai besoin que tu joues le jeu des cours. Et donc, que tu restes domiciliée aux Marches, que tu restes en dixième position sur la liste de la couronne...

— Huitième, le coupa Kuraja d'une voix hautaine.

— Huitième, encore mieux ! Ton rôle sera à la fois plus complexe que celui des garçons , et plus dangereux aussi. Tu n'auras qu'un seul déguisement : ton rang. Avec nous, sois celle que tu veux, dis tout ce que tu veux. Mais dehors, à la cour, tu seras exactement ce que je veux que tu sois. Est-ce bien clair ?

— Oui ! Aussi clair que la lune Maa mon père.

................

     Aiden, après avoir raccompagné leur nouvel élément, était rentré d'un pas léger à la maison. Il lui semblait plus intelligent de laisser au couple quelques instants d'intimité. Leur fils, Saldus, était parti chez des proches de la famille le temps de mettre les choses en place. Son absence, conjuguée au manque de proximité, devait peser sur le couple.

     Quand il entra discrètement par la porte d'entrée, il n'entendit aucun bruit. Il se faufila discrètement jusqu'à la porte de la cuisine d'où filtrait un rayon de lumière. Prenant grand soin de masquer son ombre, il jeta un coup d'œil dans la pièce.

     Rajahtava tournait le dos à un Adroman fatigué. Les deux mains posées sur la table et le front plissé, elle semblait en proie à des sentiments contradictoires. Adroman s'approcha doucement d'elle et joua avec une des mèches qui s'étaient échappées de sa lourde natte. Il se pencha et lui souffla quelques mots à l'oreille tout en frottant son nez contre celle-ci.

     Rajahtava frissonna mais ne réagit pas plus que cela. Adroman baissa son visage et commença à disperser de légers baisers le long de sa mâchoire avant d'enfouir son visage dans le creux de son cou. Le petit gémissement qui s'échappa de sa bouche fut le signal que son mari attendait.

     Il l'attrapa et l'installa sur la table, en se plaçant entre ses jambes. Rajahtava posa une de ses mains sur ses pectoraux et, glissa la deuxième dans ses cheveux , l'exhortant à se rapprocher. Cédant bien volontiers à son injonction silencieuse, le grand blond se pencha vers sa femme tout en lui attrapant la mâchoire qu'il releva lentement.

     S'en fut trop pour Aiden, il se retourna et tituba dans la pièce. Un kaléidoscope de sons et d'images lui parvint. Des yeux d'onyx, un voile qui renforçait leurs attraits hypnotiques. Un éclat de lumière aussi blanc que ses dents, et la caresse rafraîchissante d'un rire cristallin. Des draps blancs, qui tranchent avec le vert de l'herbe, et des vallons de peau aussi mordorés que les sables du désert. Et cette odeur, aussi puissante que l'orage, aussi subtil que les ruisseaux. Cette odeur de jasmin, que même la puanteur du Boyau, n'avait pas réussi à lui faire oublier.

     Aiden trébucha et tomba, alors que d'autres images lui revenaient en tête. Des ténèbres dans l'âmes, des cris inhumains et toujours ces grattements et grincements qui lui vrillaient les oreilles. L'impression de toujours tomber plus profondément dans l'oubli, de s'enfoncer dans des tréfonds sans fin. De ne devenir rien de plus d'un grain de poussière. Une entité aussi faible, et inutile que les autres parias des tentacules immondes de cet univers fétide qu'est le Boyau.

     Aiden resta prostré dans une position fœtale un temps qui lui parut infini. Des gémissements dans la salle d'à côté le tirèrent de cet état de torpeur. Il se releva difficilement et fut agiter de soubresauts. Il courut difficilement vers la porte d'entrée et vomit sur les marches le contenu de son estomac.

  Encore...

     Il s'essuya la bouche d'un geste de dégoût et s'enfonça dans la nuit. Ne sachant si c'était le sommeil qui le fuyait, ou si c'était lui qui fuyait les rappels de rêves. 

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