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IV - Illusyom

Sarah connaissait l'adresse par cœur. Durant les deux années précédentes, elle s'était rendue une bonne dizaine de fois au siège des éditions Illusyom.

Les récits écrits étaient devenus un genre marginal pendant plus d'un siècle, lorsque les innovations technologiques avaient permis la visualisation, voire l'expérimentation directe de ce qui par le passé ne pouvait être que décrit. Mais il y avait eu un regain d'intérêt pour les « canevas imaginatifs » que représentaient les ces ouvrages, quand la population avait fini se blaser même de ce « nouveau monde » qui n'en était plus vraiment un.

Les histoires qui donnaient aux lecteurs la possibilité de s'évader et de stimuler leur imagination avaient recouvré une popularité certaine. La lecture était devenue une activité prisée, essentiellement pour les milieux les plus aisés et cultivés. Un fait que Destinées Secondes n'avait pas pu ignorer : la société offrait précisément aux clients les univers qu'ils avaient appris à connaître et apprécier par ce biais.

Lorsqu'elle avait envoyé son numescrit à Illusyom, Sarah avait encore la certitude que son œuvre serait reconnue à sa juste valeur et que l'éditeur la recontacterait rapidement. Elle était persuadée que Les Mille Périls d'Edryll et son héroïne, la reine-guerrière Ellandria, rencontreraient les faveurs des professionnels comme du public. Elle n'était certes pas la seule autrice à avoir fait preuve d'autant de naïveté : elle avait attendu de longs mois sans recevoir le moindre retour ; durant cette période, Destinées Secondes avait apprécié son profil et lui avait offert son emploi.

Même si cette perspective avait éclairci sa vie, elle n'avait pas perdu de vue ses rêves de publication : quand tous ses messages étaient restés sans réponse, elle avait choisi de se rendre directement au siège – tout en étant vaguement étonnée de découvrir qu'il en existait un, à l'heure où tant de sociétés étaient devenues totalement immatérielles. C'était un grand immeuble argenté, qui empruntait la forme d'un livre ancien en position ouverte, avec des fenêtres alignées comme des caractères sur les pages de ses murs. Elle y avait été accueillie par une hôtesse en chair en os, qui l'avait poliment, mais fermement dirigée vers une assistante harassée ; elle l'avait reçue exactement six minutes et quarante-trois secondes, pour lui expliquer qu'un nombre sans cesse croissant de numescrits parvenait à Illusyom et qu'il était normal de devoir attendre un peu.

Depuis, chacune de ses visites s'était soldée de la même manière... Au fil du temps, elle avait fini par se résigner : après tout, il n'y avait pas eu de rejet définitif. Elle pouvait encore espérer...

Sans doute avait-elle eu tort, d'une certaine manière, d'insuffler autant de ses idées dans la création d'Eurdyth : la reine guerrière, les deux royaumes opposés, les péripéties à travers les univers secrets... Mais elle avait été persuadée que cela ne constituait pas le cœur et l'âme de son œuvre, qu'il n'y avait aucun mal à cela...

Mais à présent, les suggestions répétées de la testeuse lui faisaient soupçonner qu'on l'avait tout bonnement utilisée. En présentant son numescrit à Illusyom, elle s'était engagée à ne l'envoyer à aucun autre éditeur, tant qu'elle n'aurait pas reçu de refus en bonne et due forme : la société s'était ainsi assuré un accès exclusif à ses écrits. Ce n'était sans doute pas un hasard.

Quand Sarah posa le pied sur le trottoir de l'immeuble, c'était avec la ferme intention de ne pas s'en laisser conter : elle mettrait Illusyom en face de ses responsabilités. Elle avait pris avec elle, sur une carte mémorielle, tout le scénario de l'épopée d'Eurdyth, avec les différentes péripéties et les ajouts de la testeuse. Elle n'aurait aucun mal à prouver qu'il y avait eu des fuites ; elle menacerait de traîner les éditions en justice, et parviendrait peut-être à leur arracher la publication de son œuvre. Certes, une petite part d'elle-même lui soufflait qu'elle se berçait d'illusions, qu'elle ne ferait pas le poids face aux hordes d'avocats que devait entretenir Illusyom, que cette action pourrait même lui coûter sa place à Destinées Secondes. Mais il était toujours permis d'espérer que les éditions chercheraient à éviter le scandale.

Elle pénétra dans un vaste hall au dallage autolumnescent ; l'hôtesse blasée se trouvait toujours derrière son guichet, posant sur elle son regard terne et résigné qui signifiait clairement : « Encore vous ? »

Elle s'approchait du comptoir quand quelque chose attira son attention : juste à côté, un espace holographique diffusait des images d'une personne étrangement familière. Elle paraissait bien plus ordinaire sans les tenues glorieuses de la reine Valendra, mais elle demeurait clairement reconnaissable : il s'agissait bien de la testeuse ! Prise d'un terrible soupçon, elle se tourna vers l'hôtesse :

« Pouvez-vous me dire qui est cette femme ? »

L'employée lança un coup d'œil vers l'holoprojecteur :

« Elle ? Vous ne la connaissez pas ? C'est Emi Adam, notre auteur vedette ! »

Sarah sentit son cœur se serrer douloureusement :

« Non, balbutia-t-elle. Je ne savais pas...

— Vous ne devez pas prêter attention à grand-chose. Elle participe actuellement à la création d'un monde artificiel. Elle joue le rôle de l'héroïne... On se demande pourquoi, ajouta-t-elle avec mesquinerie. Mais en tout cas, une chose est sûre, ça va faire une sacrée pub pour eux comme pour nous... »

Sarah cligna des yeux ; en tant qu'autrice, elle avait assez d'imagination pour supposer le pire :

« Que voulez-vous dire ?

— Qu'elle détiendra les droits exclusifs pour écrire les romans dérivés de son aventure à Destinées Secondes... »

Si l'un des énormes globes contenant les univers artificiels s'était soudain effondré autour d'elle, Sarah ne se serait pas sentie plus anéantie. Elle avala difficilement sa salive.

« Vous vouliez quelque chose, au fait ? » s'enquit l'hôtesse, impitoyable jusque dans son ingénuité.

« Non, rien... Merci ! » souffla Sarah d'une voix blanche, avant de se diriger vers la sortie. 

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