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III - 14. Tu seras mon élue


30 décembre – 2500 mots


Tu es mon élu, te dira le pouvoir.

Avec cette phrase, qui ne l'engage à rien, il cache habilement qu'il a eu quantité d'élus avant toi...

Livre des Sages


Terre, 8 mars 2011


« Vous n'êtes pas notre prisonnier » répéta l'agent du Bureau.

Il existait deux catégories d'employés dans cet immeuble et l'homme appartenait à la deuxième : les agents sans nom. Son badge ne comprenait qu'un matricule et un code-barre. Ces gens-là se connaissaient tous et s'interpellaient familièrement, comme les membres d'une caste particulière. Quiconque d'autre leur parlait, ils donnaient l'impression de ne pas s'y intéresser. Leur vie se déroulait dans les ombres.

« Mais nous avons grandement besoin de vous, monsieur Gillian, d'où l'accord que je vous ai proposé.

— Un contrat que je dois signer pour sortir. »

L'agent remit sa coiffure en place. On lui faisait un signe. L'écran devant eux s'illumina. Jim Denrey, qui se trouvait à plusieurs milliers de lieues d'eux, leur apparut en direct. Pour l'ouverture du Trophée de Westie, Armand avait assisté à une telle projection à la télévision, mais c'était alors une première mondiale.

L'homme trouva le moyen de glisser : « Vous n'êtes pas un homme ordinaire et vous ne pouvez pas l'être » avant de saluer platement son lointain supérieur.

« Monsieur Gillian, dit ce dernier, monsieur – il ne connaissait pas non plus son nom. Je ne voudrais pas m'immiscer dans vos procédures. Je suis certain que la SPEX gère parfaitement ce dossier. »

Armand l'intriguait comme une bête curieuse. Il voulait le voir, le tâter, le sentir.

« Oui, attaqua le fallnirien, je viens de Daln.

— Impressionnant.

— Je peux vous en apprendre sur ma planète autant que le ferait un livre d'histoire. En fait, je m'étonne que vous n'ayez jamais été en contact avec les anges.

— Hum... il n'y a jamais eu de contact entre Daln et la Terre, sauf dans un lointain passé, et de façon très ponctuelle.

— Il me semble – ou je devine peut-être – que les anges ont toujours empêché les voyages inter-mondes.

— À leur place je ferais de même, assura Denrey. Les anges... l'ordre d'Eden, c'est cela ? La cité céleste ?

— C'était cela.

— C'est-à-dire ?

— Eden a été détruite » intervint l'agent sans émotion aucune, car tout ceci était abstrait pour lui.

Armand se lança dans l'explication qu'il avait faite plus tôt à Marcion. Le directeur l'écouta attentivement.

« Rien de tout cela n'a été vérifié, avança l'homme de la SPEX, mais...

— Tout ceci est extrêmement grave. Si des puissances de grande envergure s'affrontent sur Daln, les conséquences pourraient en être dommageables pour la Terre. Vous vous en doutez, n'est-ce pas, monsieur Gillian ?

— Je comprends votre position.

— Nous devons tout savoir. Vous le comprenez aussi, n'est-ce pas ? Nous devons savoir comment fonctionne le concentrateur de von Zögarn que vous avez utilisé. Nous devons savoir comment repérer et prévenir l'arrivée de nouveaux dalniens sur Terre. Je dois savoir pourquoi vous êtes parti, Armand Gillian. »

Par ces mots, il montrait que le Bureau savait tout de sa précédente incursion sur Terre. Il s'y attendait. Qu'ils sachent ce qu'il voulaient savoir ; une question brûlait ses lèvres en retour, plus pressante : qu'était devenue May ?

« Je ne l'ai pas choisi, dit-il piteusement. Le concentrateur n'obéit pas. La magie qu'il utilise est, je crois, la même qu'emploient les anges d'Eden. Mais il n'est pas contrôlé. Il agit selon son humeur. Son humeur était de me renvoyer sur Daln. Sans doute croyait-il... que ma vie ici ne me convenait pas. Je ne sais pas.

— Hum. »

Peu lui importe que Denrey le croie ou non, du moment qu'il réponde à la question !

« Qu'est-elle devenue ? tenta-t-il.

— Qui ça ?

— May. Vous devez savoir de qui je parle...

— Non, monsieur Gillian, je connais votre dossier par cœur et je ne vois pas de qui vous parlez. J'en conclus que la SPEX a laissé des trous. Je passerai un coup de fil. Vous souhaitez revenir à votre vie d'avant, sur Terre, c'est bien cela ? Le Bureau peut vous y aider. En collaborant avec nous, votre situation pourra s'améliorer. »

Collaborer avec le concentrateur ne lui avait pas beaucoup apporté...


***


Lorsque la douleur s'arrêta, Leam ouvrit les yeux sur la petite pagode de maître Zhu. L'énigmatique dryen se trouvait toujours face à elle.

« Avez-vous aimé le thé ? demanda-t-il.

— Qui êtes-vous, où sommes-nous et est-ce que je suis en vie ?

— Nous nous situons dans ce que l'on appelle un monde astral. Il s'agit d'une réalité au-delà de la réalité. Vous devez comprendre, Leam Fédorovitch, que je suis vieux. J'ai longtemps attendu. J'ai longtemps réfléchi. Je suis si vieux que mon corps n'existe plus ; seul subsiste mon esprit, dans ce monde.

— Vous êtes bloqué ici.

— Vous pensez que je ne peux franchir ces frontières, mais en vérité, il n'y a aucune frontière. Regardez : nous parlons.

— Aidez-moi à retrouver Vlad.

— Vladimir Fédorovitch, votre époux, est encore en vie, bien que très affaibli par ses blessures. Vous le retrouverez tantôt. Est-ce que vous reprendrez du thé ? »

Elle fit un geste de dédain. Le thé astral ne l'avait pas convaincue la dernière fois et il ne la convaincrait pas plus cette fois-ci.

« Vous vous êtes admirablement bien battue, indiqua maître Zhu.

— Quand ça ? Contre l'ange ? Vous trouvez ? »

En y repensant, elle se voyait d'un œil extérieur ; elle, le monstre frappant de toute la force de sa colère, brisant un être déchu, certes, mais malgré tout un des êtres les plus beaux qui soient...

« Non, contre vous-même. Vous avez hésité à laisser la bête prendre le contrôle. Elle ne l'a pas fait. Vous n'avez pas mordu. Vous n'avez pas bu.

— Oui, en fait, c'est parce que je n'ai pas eu le temps. »

Son corps astral ne portait nulle trace de blessure, mais elle se souvint en avoir reçu. Si elle ne se trouvait pas dans un hôpital, Leam mourrait dans la journée.

« Vous vous trouvez dans un hôpital, souffla Zhu, sur Terre.

— Comment suis-je arrivée ici ?

— À l'aide du concentrateur portatif utilisé par Armand Gillian.

— Il a intérêt à me ramener sur Daln...

— Hélas, l'appareil a été détruit.

— Mais quel crétin !

— Calmez-vous, Leam. Cette colère que vous portez vous détruit davantage, et elle ne résout rien.

— Vous ne savez pas ce que c'est que l'impuissance. Vous êtes là, assis, bien tranquille, à ne rien faire. Mais comme vous ne faites rien, vous ne vous souvenez pas ce que ça fait, quand le monde entier se met d'accord pour vous faire souffrir !

— Prétendez-vous appliquer l'enseignement de Kaldar, Leam Fédorovitch ? Pensez au deuxième envoyé. »

Il advint que le sage, en chemin à travers des pâturages, croisa un marchand.

« Une bonne journée à toi ! lui souhaita le marchand. Je n'ai jamais connu journée plus belle que celle-ci. Mes affaires se portent bien, le soleil brille haut dans le ciel, il me semble bien que demain sera un excellent jour de marché. Loué soit Kaldar, loué soit sa sagesse qui ouvre les yeux des conscients quant à la beauté du monde. Je crois bien que j'irai prier au temple demain.

Appliques-tu l'enseignement de Kaldar ?

Tous les jours, affirma le marchand, je donne l'aumône aux plus pauvres que moi. Puisque je ne souffre pas et que ma vie se déroule sans accroc, je souhaite ardemment que tous ceux qui m'entourent vivent de même. »

Et il aida le vieux sage à traverser un torrent.

Le lendemain, passant sur le même chemin, le sage recroisa la route du marchand.

« Quel malheur ! s'exclama-t-il. La nuit même, nous avons été cambriolés. La moitié de mon stock est perdue.

Mais toi, as-tu toujours foi ? Appliques-tu l'enseignement de Kaldar ?

Pas aujourd'hui, je n'ai pas le temps ! Mes affaires sont menacées de ruine, aussi je désire plus que tout être plaint et aidé. Mais personne ne me vient en aide ! Personne ne me plaint ! Je ne vois pas pourquoi je viendrais aider les gens dans le besoin si personne ne m'aide, moi.

Vois, homme, tu n'as appliqué l'enseignement de Kaldar que lorsque cela ne te coûtait rien. Maintenant que la vie te paraît plus difficile, tous tes principes s'écroulent, c'est donc que leurs fondations n'étaient guère solides. C'est donc que tu n'étais pas vraiment sage.

Ainsi parla le deuxième envoyé de Kaldar.

Il la mettait face à un texte dont elle souhaitait refouler la pensée, pour ne pas se découvrir elle-même hypocrite. Oui, le kaldarisme ne se vivait que dans la difficulté. Les véritables croyants se reconnaissaient alors. Invisibles le reste du temps, les justes brillaient dans l'obscurité.

« Je suis désolée, dit-elle.

— Ce n'est rien.

— Je suis sur Terre, avez-vous dit. Je dois rentrer sur Daln. Comment faire ?

— Je ne peux vous aider qu'en révélant votre propre lumière. Tel est le rôle d'un sage.

— Quelle lumière ? Je n'ai vu pour l'instant que mes ombres, et j'en ai beaucoup.

— Là où il y a de l'ombre, Leam Fédorovitch... »

Il ne termina pas sa phrase, ou bien Leam n'entendait-elle déjà que la moitié de ses mots, comme si maître Zhu lui parlait en s'éloignant d'elle.

« Vous êtes de la famille de l'empereur Vilna, qui a régné sur Twinska il y a presque mille ans. L'empereur est aujourd'hui un personnage de proverbe ; on le disait invincible et seule sa cousine, Alma Treskoff, put avoir raison de lui. Vous êtes la descendante de cette personne. Les vampires, en ce temps-là, sur Daln, possédaient une énergie surnaturelle que l'on nomme atman. En ce temps, les anges de Daln n'étaient encore que la plus réservée, la plus pusillanime des quatre races. Marchands, banquiers et usuriers chétifs et habiles de leur intelligence, ils arpentaient le monde en se gardant du danger. Il advint que l'atman fut pris aux vampires et donné aux anges. On prétend que c'est Unum qui leur fit ce don. Je n'en sais trop rien. Je crois qu'Unum a depuis longtemps cessé d'exister.

— Quel rapport avec moi ?

— Les énergies de Daln sont en ébullition. L'atman, cette force qui a longtemps fait le pouvoir des anges, leur a échappé. Il revient à ses anciens maîtres. Vous en faites partie...

— Vous insinuez que je possède ce pouvoir ?

— Ce démon qui vous ramène au passé des vampires, qui cela peut-il bien être d'autre ? »

Maître Zhu prit le ton de celui qui en sait bien plus qu'il ne veut le dire.

« Cette énergie a porté de nombreux noms et sans doute connu de nombreux mondes. Mais il est une constante dans son histoire. Il ne se met au service des uns que pour mieux les trahir plus tard. Il joue le rôle de l'esclave mais impose ses vues. Il prend la forme d'un outil alors qu'il tire lui-même les ficelles du destin.

— Vous en parlez comme s'il avait une volonté.

Atman possède une volonté. Cette volonté vous dit de mordre. De saisir le rôle qu'il vous donne, celui qu'eurent les vampires en un temps révolu. Vous devez résister à ce démon sinon vous en deviendrez l'esclave : dans le même temps, parce que vous avez cruellement besoin de pouvoir, vous devez marcher sur cette corde raide, sans perdre de vue qui vous êtes réellement. Il cherchera à faire dévier l'objet de vos désirs. Il cherchera à vous enivrer de pouvoir. Si vous discernez le chemin de la sagesse, il n'en sera rien.

Que Kaldar vous garde, Leam. »

Quel vieux cinglé, se dit-elle soudain.

Elle eut l'impression d'émerger d'un rêve auquel elle aurait assisté dans le miroir. Son propre reflet lui parut alors, celui d'une vampire superbe et féroce, aux crocs acérés, aux griffes plus dures que le métal, qu'elle polissait avec une pointe de diamant.

Leam était dans ce miroir. Son double, cette copie transfigurée de son corps, lui parlait. Sa voix exerçait une emprise, une fascination, un pouvoir dont elle n'aurait jamais pu rêver. Une telle vampire était faite pour régner. C'était l'impératrice rouge, Alma Treskoff. Elle avait quitté son domaine oriental pour la capitale Twinska. Elle avait traversé la cour de l'empereur Vilna comme on surnage en eaux boueuses ; elle état parue devant l'empereur, suprême et fascinante ; il l'avait aussitôt prise pour concubine. La nuit même, Vilna avait péri égorgé de ses dents.

« Toi et moi, Leam, sommes du même sang prédateur. Nous régnons sur le faible, parce que telle est la loi. Telle est notre justice. Ces créatures nous craignent et nous vénèrent. Elles ont besoin d'un maître qui dispense pour elles la douleur et le plaisir ; une main les nourrit, l'autre les tue. Elles ne peuvent pas voir le monde sans ces deux mains. En notre absence, ces créatures se meurent de désespoir. La main du maître leur manque, qui donne sens à leur existence misérable. »

La vampire du passé, qui avait son visage, leva un verre de sang et y trempa ses lèvres.

« Il me tarde que tu comprennes, Leam. Tu as goûté au pouvoir. Tu en as aperçu l'attrait. Ta lutte est déraisonnable ; elle te fatigue pour rien. Prends ce qui te revient, Leam Fédorovitch. Tu seras mon élue. »

Leam voulut se forcer à ouvrir les yeux, mais la présence de la vampire ne s'effaça pas. Elle restait dans son champ de vision, superbe et ultime, comme une tache indélébile. Le sang... le seul moyen de combler la soif dévorante, le seul moyen d'atténuer la colère.

Elle se trouvait sur un lit d'hôpital, sous une lumière artificielle. Debout à son chevet, un médecin vérifiait les appareillages qui mesuraient sa tension et son rythme cardiaque ; il examinait l'intraveineuse qu'on lui avait installée.

Il n'y a pas de maître Zhu, se dit-elle. Il n'y a pas de temple de Bamès. Je suis seule avec mon démon.

Elle se sentit soudain immensément forte. L'homme était si proche, si faible ; la lumière aveuglante décuplait sa colère. Elle s'arracha à son sommeil, prit appui sur le montant du lit et tenta de planter ses crocs dans la gorge découverte. Elle la manqua de peu et fut noyée de remords. Re-mord. Comme si le démon insatisfait se retournait vers elle.

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