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II - 1. Soirée de bal (1)


11 novembre 2018 – 2000 mots


Que dire de Twinska ? C'est une ville agréable. L'été la plonge dans une profonde léthargie, car la lumière du soleil est désagréable aux vampires. Avec ses nuits allongées, l'hiver est la saison des bals. L'aristocratie vampire cultive ses marques de richesse. J'ai connu quelques-unes de ces fêtes. Il me semble qu'elles se répètent toujours, je ne sais pas bien ce que l'on y recherche. Une fois, dans cette agitation de soie et de musique, m'est venue la crainte que tout ceci ne soit qu'un grand gâchis, car les convives ne seraient là que pour passer le temps, ou se persuader de leur propre éclat...

L'événement fondateur de la Salvanie moderne est certainement la révolution, il y a quatre siècles, la fin de l'Empire et la création du système de gouvernement actuel, Ministrat-Consultat. Parmi les « grandes familles » d'aujourd'hui, rares sont celles qui ont encore des liens avec le sang impérial. L'Impératrice Rouge, la monstrueuse Alma Treskoff, dernière à occuper ce trône, n'a eu aucun descendant. C'est peut-être en raison de sa jeunesse toute relative que l'aristocratie salvane cultive une telle admiration vis-à-vis des derniers reliquats du sang bleu fallnirien, dont les vampires de haut rang parlent la langue mieux que le salvane.

Bill Velt, Mémoires de guerre, Chapitre IV


Twinska, capitale de la Salvanie, 25 mars 2010


C'était soirée de bal chez le comte Pavlov. Comme il est d'usage, parmi la liste foisonnante d'invités, il en était un dont le comte s'enorgueillirait particulièrement. Il dirait à ses collègues, amis et connaissances du Consultat et du Club de chasse, en se lissant la moustache : certes, le marquis de Remula a décliné notre invitation ; voyez-vous, il a fort à faire, avec ses entreprises qui font faillite, comme je le comprends. Mais nous serons ravis de compter parmi nous le baron Jassois. Le connaissez-vous ? Naturellement.

On pensait à tort, poursuivrait-il devant ses amis estomaqués, qu'il n'y avait plus de bonnes familles en Fallnir, qu'ils avaient tout nivelé au profit de leur Directoire et de leur Présidence. Ce serait une erreur ! Comme le disait le vicomte Stotchine, les plus belles fleurs poussent à l'ombre de l'Histoire. Entre nous, je suis de ceux qui pensent qu'il n'y a pas d'avenir à Fallnir sans une noblesse de qualité. Le Directoire ne sera qu'une parenthèse dans leur politique. Et nous, avec notre Consultat ? Je ne me laisserais pas aller à de tels commentaires, mais si vous me demandez mon avis...

Donc, le baron Jassois. Vous l'avez certainement déjà croisé la semaine passée, lors de la réception pour les cinquante ans du marquis Retier. Il est venu le visiter, de Rema jusqu'à Twinska ! Il paraît qu'ils sont très proches amis. Oui, le jeune baron n'a que trente-cinq ans, mais que voulez-vous, à ces personnes exceptionnelles, la jeunesse n'est pas un empêchement, mais un atout.

« Comment sais-tu tout cela ? » demanda Vladimir en l'aidant à descendre du tramway.

Leam resserra son manteau noir. Tous deux disparaissaient avec aisance dans l'ombre des lampadaires de la grande rue ; la lumière tamisée glissait sur eux avec connivence. Vladimir ne craignait pas d'être refoulé à l'entrée, mais il paniquait à l'idée de cheminer gauchement dans les pas de sa compagne, comme un bibelot superflu que l'on place par défaut au sommet du buffet du salon, où il disparaît vite sous un voile grisâtre de poussière.

Les derniers flocons de l'hiver tourbillonnaient dans l'air. Celui-ci venait tôt, à Twinska, en même temps que les longues nuits qui leur attiraient quelques touristes de l'Ouest. La capitale de la Salvanie ne se révélait véritablement que durant cette saison. On croisait parfois de jeunes humains fêtards, les yeux bouffis par le manque de sommeil, qui tentaient vainement de s'habituer au rythme vampire.

La rue se remplissait de voitures à chauffeur. Ces monstres d'acier rutilants, coulés dans le bronze des dieux, qui se barraient la route, se heurtaient presque, attendaient leur tour, avaient quelque chose de fascinant et de ridicule. Des badauds s'arrêtaient sur le trottoir d'en face pour voir les portes s'ouvrir, les messieurs et les dames en émerger en faisant claquer leurs talons sur le tapis violet. Mais le spectacle se poursuivant avec monotonie, ils reprenaient vite leurs occupations. La prochaine séance du cinéma ouvrait bientôt, les restaurants se remplissaient, les musiciens de rue animaient le centre-ville de Twinska.

Leam et Vladimir cheminèrent avec aplomb. Ils furent bientôt assez proches pour se faire remarquer du cordon de sécurité, ces vampires à larges épaules censés fermer tous les accès et vérifier les cartons d'invitation. Prenant une ruelle perpendiculaire, ils passèrent devant des serveurs en tenue qui fumaient leur dernière cigarette ; l'un d'eux leur adressa un clin d'œil. Un agent en costume noir montait la garde à côté d'une porte en fer blanc, aussi inexpressif qu'elle. Avant même qu'il remarque leur présence, Leam prit les devants. Avec un geste de la tête qui fit tinter ses boucles d'oreille nacrées – en toc – et son sourire éclatant – dentifrice premier prix ; replaçant une des épingles d'or – faux – qui maintenaient ses tresses, elle indiqua qu'ils étaient sortis pour prendre l'air et craignaient d'avoir à recroiser madame Bounier, parce que, vous comprenez, elle m'en veut d'avoir jeté mes filets sur le beau vampire que voici, qu'elle destinait à sa nièce.

À partir de « vous comprenez », le garde ne voulut pas en savoir davantage, car ces histoires le laissaient aussi froid que peut l'être un vampire. Aussi leur poussa-t-il lui-même la porte en soupirant.

Quelques minutes plus tard, ils se glissaient parmi les serveurs et entraient dans une des salles.

« Comment fais-tu cela ? s'exclama Vladimir.

— C'est comme tout, une question d'habitude. »

Ici, le carton d'invitation n'avait plus court ; on les reconnut comme des invités et on les délesta de leurs manteaux.

« Le secret est d'avoir de l'aplomb » ajouta Leam en le tirant par la main.

Ils étaient venus tôt ; les invités arrivaient à peine et on ne dansait pas encore. Des serveurs en tenue blanche et noire, comme des musiciens d'orchestre, passaient en distribuant les coupes de mesnas ; l'atmosphère des salons s'installait déjà et les groupes se formaient, où l'on discutait des dernières nouvelles politiques, économiques, de la littérature, de l'art.

« Je suis dernièrement allé voir l'exposition des non-figuratifs.

— Eh bien, qu'en pensez-vous, monsieur ?

— Pour tout vous dire, je n'étais pas intéressé. C'est ma femme qui m'y a poussé. J'ai même été fort dubitatif au premier abord, puis... les œuvres m'ont conquis, il n'y a pas d'autre mot. Voyez-vous, le chef de file de ce mouvement, qui n'est autre que notre célèbre Wronska, est un génie de la peinture. Son mot d'ordre est : nous avons représenté des objets et des formes réelles durant des siècles, et si ce que nous voulons vraiment représenter ne se situait pas dans le réel ? Aussi a-t-il décidé d'ôter l'objet de la toile, selon ses propres mots, pour n'en garder que la substantifique moelle.

— Remarquable.

— Je pense que ce courant artistique a de l'avenir et que nous n'avons pas fini de parler de lui...

— Il me semble qu'à Fallnir, au contraire, on a beaucoup critiqué les ambitions des wronskiens, comme on les appelle là-bas.

— Si vous me permettez cette remarque, mon amie, l'art se trouve à Twinska, c'est bien connu. Fallnir est toujours en retard de vingt ans par rapport à nous. »

Vladimir ne pouvait s'empêcher d'observer les invités, d'y retrouver tel ou tel personnage dont il avait vu des photographies dans les journaux. Plusieurs membres du Consultat, des officiers de la garde nationale, des actrices célèbres, des musiciens, des artistes en vue, ce beau monde se retrouvait sous l'égide du comte Pavlov, comme le vendredi précédent chez Madame Bounier. À la vue de certains des uniformes glissés dans cette foule, un frisson électrique le parcourut soudain ; il s'agissait des plus hauts grades de la police Salvane, aux insignes cryptiques, aux décorations pompeuses ; ceux qu'il ne voyait d'ordinaire que très loin, lorsqu'ils passaient en revue la caserne Nord de Twinska.

Leam remarquait son trouble. Sans vouloir à mal, elle le traîna jusqu'à un petit groupe où la conversation se mourait. Un vampire étiré en hauteur, glissé dans un uniforme sur mesure comme un tube de peinture grise, tentait de garder à ses côtés un petit humain, costumé de bleu, avec des épaulettes brillantes, un insigne de cavalerie. C'était un officier des forces d'autodéfense fallnirienne, de passage sans doute pour raisons diplomatiques. Une vampire magnifique venait de les quitter en affectant un air las, déjà blasée par cette soirée identique à chacune des précédentes.

« Mademoiselle Leam ! » lança l'humain joufflu, son visage s'éclairant et s'empourprant à la fois.

Son fort accent fallnirien mangeait la moitié de ses mots.

« Un honneur... ici... je ne savais pas... présente... le colonel Viktor, de votre garde nationale... grande efficacité... personne remarquable... colonel, Leam Fédorovitch.

— Enchanté, dit Viktor, qui se sachant relégué au second plan, affecta un air lugubre.

— Quelle surprise, dit Leam. Général Marien, je pensais que vous étiez déjà reparti.

— Des problématiques... urgents problèmes... nouveautés impromptues... forcé de rester... le train ne repart... mercredi prochain. Mais vous-même... et monsieur... »

Ne sachant au juste quelle posture adopter, Vladimir s'était d'abord raidi comme un piquet de tente. Mais le général Marien – le chef des forces d'autodéfense fallniriennes – considérait Leam comme une bonne amie et l'incluait déjà dans leur cercle. Il fallait croire que, malgré les privilèges du grade, ces réceptions l'ennuyaient au plus haut point.

« Nous nous sommes croisés la semaine dernière, expliqua Leam, mais tu étais de garde.

— Et ce monsieur... tenta le général, inquiet sans doute de voir ce bras déjà pris par quelqu'un d'autre.

— Vladimir Kerckhoffs, un ami, sourit Leam.

— Brigadier Kerckhoffs, si je ne m'abuse, avança le colonel Viktor avec l'air intimidant de quelqu'un qui sait qu'on se moque de lui, et le fait savoir.

— Mon cher Viktor, dit le fallnirien en hâte, vous intimidez monsieur... voyons... avez-vous vu le baron Jassois ? On dit que c'est la grande attraction de ce soir. »

Conscient que son salvane avait du plomb dans l'aile, il passa discrètement au fallnirien, que le beau monde de Twinska parlait avec la même application, quoique de manière trop littéraire, comme une langue morte. Aussi s'efforçait-il déjà de bavarder comme un livre.

« Non, je ne l'ai pas vu, avoua Leam, et à vrai dire, je ne sais pas à quoi il ressemble.

Ma chère, vous n'aurez qu'à compter le nombre de personnes ; si plus de dix d'entre elles s'écrasent comme les raisins au pressoir, c'est que le baron est au milieu.

— Je gage qu'il n'apporterait pas beaucoup plus que vous, qui connaissez tout aussi bien Fallnir.

— Ah ! Vous me flattez, mademoiselle. »

À ce mot, il se souvint de l'existence de Vladimir qui, sans doute, douchait ses espoirs inavoués.

« Brigadier Kerckhoffs... vous avez le mérite d'un uniforme plus, euh, original. Je ne l'aurai pas reconnu. »

Il est vrai qu'il n'avait pas d'étoiles, ni d'épaulettes, ni d'éperons, ni d'insigne, ni de médaille...

« Je suis affecté à la caserne Nord de Twinska.

— Dans la police, eh ? fit le général en fronçant les sourcils. Nous avons besoin de gens comme vous, brigadier. Je veux dire, la Salvanie a besoin de jeunes comme vous. Hein, colonel, vous aimeriez voir plus de beaux jeunes vampires bien bâtis dans votre garde nationale, n'est-ce pas ? déroula-t-il en s'empêtrant dans ses propres paroles.

— Certainement, dit Viktor. La garde n'est pour l'heure qu'un ramassis d'incompétents désœuvrés qui passent plus de temps à parader dans les bals qu'à réfléchir à leur véritable mission. Il est vraisemblable qu'au moment où le Consultat aura besoin d'elle, il découvrira le pot aux roses. »

Son sérieux inébranlable avertit le Général Marien que la conversation prenait un tour politique, ce qui avait manifestement tout pour lui déplaire.

« Un charmant couple, vous ne trouvez pas ? D'amis, je veux dire. Resplendissants, c'est cela. Res-plen-dis-sants. Si j'étais encore jeune, brigadier... mais voilà, j'ai pris de l'embonpoint et de la moustache, il faut s'y faire. »

Le colonel maugréa quelque chose ; il aurait aimé manifestement savoir comment ces deux étourneaux s'étaient introduits dans la réception. Mais l'agitation coupa court à ses marmonnements, car le comte Pavlov venait d'entrer, accompagné de son invité d'honneur, le fameux baron Jassois.

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