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IV. LE VENT DU NORD

Ce fut la vieille Monroe qui me trouva le lendemain matin. En réalité, elle ne s'appelait pas vraiment comme ça. Son vrai prénom était Marilyn, mais tous les habitants de l'île la surnommaient « vieille » et « Monroe » pour des raisons évidentes.

Je ne me rappelle plus comment elle me réveilla ce matin-là, ni comment elle avait su où me chercher, mais en l'espace de quelques minutes j'étais passée des galets froids et mouillés de la baie au siège passager de sa petite auto argentée. Quand nous longions la côte, la voiture se fondait dans la couleur du ciel.

Elle m'avait emmitouflée dans une épaisse serviette de bain. Des ancres y étaient dessinées, affadies par le temps ou par le sel. Elle marmonnait soucieusement C'est le vent du nord et C'est un miracle que tu sois en vie. Je ne me souvenais de rien, si ce n'est de la voix de Bérénice me berçant sur le rivage.

La maison de Marilyn était petite mais pittoresque. La peinture des volets s'usait à cause des embruns, rongeurs insatiables. Des bottes de pluie boueuses étaient posées sur les pointes de la palissade entourant un potager envahi par les pissenlits. Il y avait un goéland paresseusement couché sur les tuiles du toit pleines de lichen.

Quand je passai l'entrée, un carillon résonna dans l'air, y resta suspendu un moment avant de se fondre dans le soupir du ressac. Monroe m'installa à la table de la cuisine. La chaise qui m'accueillit, je le savais, avait été construite dans une coque de bateau par Nigel, son fils unique, parti vivre sur le continent en suivant la femme qu'il avait épousée.

Elle tourna dans la maison, changea ma serviette trempée et me mit un bol fumant entre les paumes. Une tisane à l'orange. Je l'avalai d'une traite, me brulai la langue.

Comment m'avez-vous trouvée ? m'enquis-je après l'avoir remerciée.

Mon haleine formait un nuage entre la chaleur de ma bouche et la température ambiante de la pièce.

C'est le vent du nord, répéta-t-elle.

Elle avait un regard sagace de sorcière. Elle se baissa un bref instant, sortit un bonnet rougeâtre d'un sac plastique crépitant.

C'est le vent du nord qui me l'a apporté. Dans le jardin. Alors je suis descendue à GB.

Gaze Bay...

Ce n'est pas correct, pas correct d'y être allée hier. N'as-tu pas entendu ?

Entendu quoi ?

Au Silver Tortoise, on murmure que c'est cette nuit que la Styx a lieu.

Je ne pouvais pas dire que je l'ignorais. Partout dans l'île on crachait Elle arrive entre ses dents. Mais je l'avais oubliée à cause de Bérénice, j'avais oublié que la plus grosse marée de l'année approchait de ses eaux noires et cruelles à cause d'une sirène au nom de constellation. La Styx, parce que si vous aviez ne serait-ce qu'un pied dedans, vous étiez déjà mort.

Elle en avait tué des gens, ici. Une fois, un prêtre a été emporté. On le sait, parce qu'au matin il n'y avait plus personne pour faire craquer la reliure de la Sainte Bible à l'heure de la messe, et qu'un crucifix fut repêché deux jours après dans un filet, entre des harengs et des dorades.

Je t'interdis de sortir ce soir, Vega. Sinon tu rejoindras ton père, monseigneur Marvin et les navires des chansons. C'est un miracle, un miracle...

La nuit venue, j'étais toujours chez Marilyn. Je sommeillais dans un canapé au cuir collant qui couinait quand je bougeais. Je m'étais lavé les cheveux, avais retiré le sable et les algues de ma nuque. Mes mains et mes joues étaient encore irritées par la violence du vent salé.

Je n'arrivais pas à dormir, bien sûr. Je pensais à elle, à Bérénice. Elle me manquait déjà atrocement. Mais je savais que la vieille Monroe et les buveurs du bar portuaire avaient raison : la marée approchait, dangereuse, gonflant les eaux de vagues féroces, dessinant dans le ciel des zébrures électriques.

Le tonnerre retentit. Je me levai, me rendant à la cuisine pour observer la mer, le ciel, et le rideau de pluie entre eux. Deux amants qui s'aiment encore mais se disputent de ne pas le savoir... La tempête était encore pire qu'hier, des gouttes saumâtres striaient la vitre comme pour la déchirer. J'essayai de voir Gaze Bay, au nord-ouest de l'île.

Dans la bleuté noirâtre du soir, fuyant un éclair éclatant le camaïeu vespéral, je crus apercevoir une flamme rousse, et le bruit malmené d'une femme qui pleurait.

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