Point de vue Lyssa :

Je ne comprenais décidément pas ce vampire, son boulot est de me kidnapper et pourtant il se permet de me faire de la psychanalyse à deux balles. J'étais d'une humeur massacrante et les filles en ont bien profiter. Elles ne posèrent même pas de questions et lorsque je leur parlais de mon idée, elles furent toutes d'accord. Je finis donc par les libérer de cette torture qu'était devenu l'entraînement. Je rangeais tout le matériel et les laissais se changer. Lorsqu'elles furent toutes parties ou presque, je me dirigeais à pas rageurs vers les vestiaires. J'étais de plus en plus énervée, ce vampire avait un don pour me mettre les nerfs en pelote. Je n'avais qu'une envie, me défouler et je comptais bien aller chasser cette nuit, cela faisait trop longtemps. Il allait aussi falloir que je m'entraîne et j'irai sûrement voir les loups pour cela, je suis sûre que Derek voudrait m'aider à vaincre le Traqueur mais c'est mon combat.
J'étais en train d'enlever ma jupe lorsque Lydia entre en claquant la porte. Tiens, elle aussi est en colère...

- Bon dieu, mais Lyssa qu'est ce qui t'as pris d'être aussi odieuse avec nous. Les filles n'ont pas posé de question mais j'estime avoir droit à des explications.

Bon d'accord, c'était contre moi qu'elle était en colère. Je ne voulais pas lui parler de ça, et je lui fis comprendre en soufflant d'exaspération. Il y a quelquefois comme maintenant, où je ne veux pas me confier et rester dans mon coin sans que personne ne me fasse chier. J'étais désolé si j'avais passé mes nerfs sur elles mais j'étais plutôt du genre à ressasser dans mon coin et à exploser à des moments totalement inappropriés.

- Je n'ai pas envie d'en parler, je suis trop énervée, on risque de s'engueuler et j'ai pas vraiment besoin de ça en ce moment.

- Ouais bas réveille-toi parce que là tu fais chier tout le monde avec ton humeur de merde.

Et voilà je m'en doutais, la journée ne pouvait qu'aller en empirant. Je finis de me changer alors qu'elle continu à me regarder, attendant une quelconque réaction. Réaction qui ne vient pas et elle finit par sortir en claquant la porte plus fortement que la première fois. Je me laissais glisser cinq minutes au sol, pour reprendre mon souffle et me levais. Je ne devais pas me détourner de ma mission, Lydia finirait bien par le comprendre.

*****

Je rentrais chez moi, toujours à moto mais sans ma blonde cette fois ci. Elle avait décidé qu'elle me faisait la gueule et était rentré avec l'une des filles. Soit. Je me vidais l'esprit et m'habillais toute en noir. Je mangeais vite fait quelque chose et laissais un mot à ma mère pour qu'elle ne s'inquiète pas. Arrivé devant ma moto, j'ai un moment d'hésitation qui dure à peine deux secondes avant que le visage de Tessa si identique au mien ne s'incruste devant mes yeux. J'enfourche ma moto pour la troisième fois de la journée et roule sans réfléchir vers mon terrain de chasse habituel. Je tombe rapidement sur un vampire mais il n'est pas seul. Une fille l'accompagne, elle me semble humaine à première vue et mon pressentiment se confirme lorsque je vois le bébé vampire s'en approcher et lui mordre délicatement le cou, la douceur qu'il met dans le geste me fait tiquer et lorsque je vois qu'il ne boit pas tant de sang que ça me perturbe un peu, je ne sais pas trop pour quoi mais je ne fais rien. Il ne fait rien de mal ?
Ce n'est que lorsque la fille s'évanouit et que le vampire la pose toujours avec délicatesse au sol que je quitte mon immobilité et attaque, c'est un vampire après tout...
Je n'atteins jamais ma cible, mon bras est stoppé par une poigne de fer, bon sang. Je me retournais et lançais un regard empli de haine à Kyle, ça ne pouvait être que lui. Toutefois j'eus le temps de voir le mouvement du vampire, il s'était placé devant la jeune femme comme si...comme si c'était moi le danger et pas lui. Je préférais me reconcentrer sur Kyle qui lui me regardait avec un regard effrayant, il me faisait presque peur tellement il était énervé. Je me libérais d'un mouvement brusque et fais à nouveau face au vampire, il n'avait pas changé de position. Soudain, la voix glaciale de Kyle éclate dans le silence de la ruelle et je ne peux empêcher un frisson parcourir ma colonne vertébrale.

- Barre toi et emmène la avec toi.

Je le vois se pencher pour prendre l'humaine dans ses bras et je ne peux faire le moindre pas que j'étais déjà ceinturé par des bras trop fort par rapport à mon petit corps. Je n'avais jamais remarqué qu'il était si musclé. J'étais coincée contre lui et le même frisson que la dernière fois me pris et je fus incapable d'utiliser ma magie.

- Si tu veux que ton secret en reste un, fermes ta gueule sur ce qu'il s'est passé ici. Tu ne veux pas m'avoir comme ennemi. Et la prochaine fois, tu choisis un lieu un peu plus approprié, ça t'évitera de tomber sur elle !

Je vois le bébé vampire avaler difficilement sa salive et partir sans demander son reste avec sa...copine ? Dès qu'il a disparu, je suis à nouveau libre de mes mouvements. Je tourne toujours le dos à Kyle ce qui ne semble pas vraiment lui plaire si bien qu'il m'attrape par le bras et me place face à lui. Ses yeux sont noirs et je le sens bouillonner de l'intérieur. Je ne sais pas ce qu'il va faire et ça me perturbe grandement. Soudain, il éclate de rire, un rire glacial qui me fait plus peur que lorsqu'il me regardait sans rien faire. Il paraît comme fou, son rire est presque désincarné. Et j'ai soudain envie de fuir. Si je ne me suis pas battue au plus haut de mes capacités, je comprends que lui non plus, par ce simple rire. Il me pousse violement, je n'ai pas eu le temps de l'éviter que je heurte le mur avec violence. L'air est totalement expulsé de mes poumons et je tousse quelques secondes, les mains autour de ma gorge. Sa voix est, elle aussi désincarnée, j'ai l'impression qu'il pourrait me blesser juste avec ses mots. J'ai peur comme je n'ai jamais eu peur, même ce jour-là.

- Regarde toi, Chasseuse. Tu es toute tremblante et tu pus la peur. Tu comptais le tuer hein ? T'en avais l'intention et bien tue moi à la place, c'est ce que tu avais dit non, dès que tu me voyais en dehors du lycée, que tu allais me tuer c'est bien ça ? Et bien vas-y, je suis tout à toi !

Je ne voulais pas répondre, je ne pouvais rien dire, j'étais tétanisée. Mais lui, lui attendait une réponse, son poing s'abat à quelques centimètres à peine de ma tête, je sursaute violement. Et lui toujours aussi méprisant ricane. Je ne touche plus le sol et je n'en mène pas large. Mais lui, il s'acharne sur moi et moi, comme une idiote, je ne réagis pas, je le laisse me gueuler dessus, je le laisse me faire peur sans résistance. Sa dernière question me met face à mes actes, je n'ai jamais fait de distinction entre les méchants et les gentils, pour moi, tous les vampires sont néfastes et je me rends compte que j'ai juste été aveuglé par mon premier ressenti. Je me sens tellement mal que je suis comme anesthésiée, je ne sais même plus ce qui m'entoure. Je reviens à la réalité lorsque mes pieds touchent à nouveau le sol, Kyle est toujours là devant moi mais il n'est plus menaçant, il me regarde presque avec peine et même avec un peu de pitié. Il touche ma joue mouillée, comment ça mouillée ? Et je comprends en touchant moi aussi ma joue que je m'étais mise à pleurer, pas à gros sanglots, loin de là mais je pleurais tout de même. Et pour la seconde fois à cause de lui. Mais qu'est-ce qui cloche avec moi, je pleurais en deux jours plus qu'en 11 ans...

- Je veux juste que tu répondes à ma question, si je t'avais laissé faire, tu l'aurais tué n'est-ce pas ?

Je ne peux qu'hocher la tête, incapable de parler. Et soudain, le regard que le vampire m'a lancé tout à l'heure me revient, il m'a regardé comme on regarde un danger, mais pour lui, j'étais Le danger, pour lui et sa copine. Et je comprends enfin que je ne suis pas la seule à connaître leur existence mais que je suis bien la seule à ne pas l'avoir accepté. Je plaque mon dos contre le mur et prends ma tête dans mes mains. Je finis tant bien que mal jusqu'à glisser au sol. Je ne pleure plus mais ce n'est pas l'envie qui m'en manque. J'ai été conne et ça me bousille. J'ai l'impression d'être un monstre, combien de vampires innocents est-ce que j'avais bien pu tuer.
Je sens Kyle s'assoir à côté de moi mais il reste à distance, une distance que j'ai bizarrement envie de combler. On garde le silence pendant un moment, chacun dans nos pensées et on commence à parler en même temps. Trop gênée, je lui dis de commencer.

- Tu n'es pas un monstre, ça fait un moment que je te suis d'accord, bien plus longtemps que ce que tu peux savoir. Tu n'as jamais tué des "gentils" vampires.

Il cherche à me rassurer alors qu'il a toutes les raisons de me haïr, il veut m'aider à sortir ma tête de l'eau. Je ne sais pas si ça me rassure, ça veut simplement dire que je n'en ai pas eu en face de moi. Est-ce que je les aurais tués si je les avais vu, elle est là la vraie question.

- Oui mais est ce que j'aurai su faire la différence, est ce que je les aurais laissé s'expliquer ? Non, et tu le sais, je suis trop encrée dans mes préjugés, je les aurai tués sans me poser de question.

De le dire à voix haute me met encore plus mal. Et je me demande dans quelle catégorie de vampire est ce que je dois le placer. Je ne sais rien de lui en fait, je n'ai jamais voulu en savoir plus sur lui. Pour moi il n'était qu'une cible à abattre, et maintenant ?

- Ça a l'air de cogiter sévère dans ta tête, Chasseuse. J'ai presque l'impression de voir de la fumée sortir de tes oreilles.

Et il redevient le Kyle moqueur, celui qui ne prends rien au sérieux. Ça allège considérablement l'atmosphère. Mais je ne peux empêcher une question de passer la barrière de mes lèvres.

- Et toi, petit Traqueur, es-tu encore un danger pour moi ?

Il ne répond pas pendant quelques secondes puis pousse un long soupir. Il se passe la main dans les cheveux signe qu'il est gêné. Je vais pour lui dire qu'il n'a pas à répondre à ma question mais il commence à parler.

-C'est compliqué Lyssa, je ne suis pas censé faire ce que je fais, je suis censé t'enlever et t'amener à la Reine mais je ne fais rien de cela...

-Pourquoi ?

Ma voix n'est qu'un souffle, je veux savoir, la curiosité me bouffe de l'intérieur. Mais je vois à son regard qu'il ne répondra pas à ma question.

- Le pourquoi n'a pas d'importance, la seule chose que tu dois savoir c'est que je ne suis plus un danger. Mais il faut que tu saches que ce n'est qu'une question de temps avant qu'Elle n'envoie quelqu'un d'autre...

Bizarrement, ça ne m'inquiète pas tant que ça, je ne sais pas, c'est comme si je me sentais rassuré. Toutefois, ma nature suspicieuse se réveille et je me demande si tout ceci n'est pas qu'une mise en scène. Après tout je ne sais rien de ce Traqueur, il peut très bien jouer la comédie. Mais j'ai la certitude qu'il ne se fout pas de moi et qu'il est sérieux. Il ne m'aurait pas dit toutes ses choses sinon. J'enlève toutes craintes de mon esprit et me lève en m'appuyant sur son épaule. Il se lève quelques secondes après moi et on reste comme deux idiots à se regarder en chien de faïence. Puis il me sourit, et je me dis qu'il est vraiment canon. Cette pensée me fait rougir sans que je ne sache trop pourquoi. Son sourire s'agrandit, comme s'il savait à quoi est-ce que j'étais en train de penser. Il doit le savoir en fait j'en suis pratiquement sur et je remets en place les murs protégeant mes pensées. Il me regarde encore un peu puis regarde le ciel.

-C'est une belle nuit pour passer par les toits. Je vais te laisser Alyssa, mais avant ça, j'aimerais faire quelque chose.

Et là sans prévenir il embrasse ma joue avec douceur, d'un baiser qui veut dire je ne sais quoi mais qui me touche plus que je ne veuille bien l'admettre... Mes joues sont cramoisies, elles me brûlent. Je ne sais pas ce que je pense de ce baiser mais en tout cas, il ne me laisse pas indifférente. Il me tourne ensuite le dos et me dis d'une voix presque chaleureuse :

- On se voit demain pour ton projet d'horreur et cette nuit fait moi plaisir, rêve de moi...

Il s'en va après avoir lâché sa bombe en riant et mes joues deviennent encore plus rouge si ce n'est possible, un sourire prend place sur mes lèvres. Et je ris toute seule dans cette ruelle mal éclairée.

Cette nuit, je ne rêvais pas de lui mais je ne fis pas non plus de cauchemar...

*****