Chapitre 3 : De manière soft. Ou comment s'ennuyer lors d'une évasion préparé à la dernière minute.

Je sors de la camionnette en faisant un grand sourire à la voiture derrière. Ils auront beau dire qu'il y avait quelqu'un là dedans ils n'ont aucune preuve.

D'après les panneaux, nous ne sommes pas loin de la frontière entre le Missouri, localisation des quatre murs dans lesquels j'ai passés mes précédents jours, et le Kansas, état dans lequel je suis supposer récupérer mon ancienne vie.

A mon avis ils ont dû bloquer toutes les frontières, ça ne servirai donc à rien de tenter de passer ailleurs.

Je jette un coup d'œil à la Rose qui enjambe la barrière de sécurité et me rejoins dans le champ à côté. Elle hoche la tête : essayer de passer ailleurs est inutile d'après elle aussi.

Le problème de cette route, c'est qu'il n'y a rien nul part. De l'herbe à perte de vue... De plus, on va devoir se débarrasser de ma combinaison orange. Si on la laisse dans ce secteur, ils comprendront immédiatement que je suis parti en direction du Kansas.

Alyssa doit partager mon avis car d'un signe de la main elle m'encourage à la suivre tout en restant silencieuse. Elle doit avoir un plan. C'est bien la seule que je suivrai ainsi sans poser de question mais je dois reconnaître que je reste sur mes gardes.

On avance ainsi parmi le blé pendant quelque minute, suffisamment pour que la queue de voiture arrêtée au barrage soit assez loin de nous. On traverse la route, et l'ensemble orangé de la prison sous le bras, je marche à ses côtés le long de la national.

Je ne peux plus m'empêcher de la questionner sur son idée.

- On fait soft, à ma manière. Même si t'aime pas ça et que t'es pas d'accord. On dépose délicatement ta combi dans une voiture qui roule vers l'intérieur du Missouri. Au revoir la preuve sur le lieu où on se dirige. Ensuite on va dans la station essence qu'on a dû croiser il y a cinq minutes, on vole une jolie décapotable et pas trop loin du barrage on joue le coup de la panne. On demande de l'aide à un gentil policier qui nous dépanne rapidement et nous fait passer la frontière. On récupère les gars à Lola qui en plus de la camionnette brûle aussi celle qu'on aura récupérer et on continue la route comme prévu.

- Quel ennui... Je m'occupe de la voiture et toi de la combi.

- Hors de question ! Pourquoi ce serais à toi de faire le plus fun ? C'est TA combi en plus.

- Tu saoule. Bouge ton cul, on se retrouve à deux kilomètres du barrage dans vingt minutes.

A mon avis elle sera à cinq kilomètre du barrage, elle aura dix minutes de retards,  et la décapotable ne sera pas décapotable. Enfin, elle ne changera pas et au moins elle fait le job sans bavure. Contrairement à d'autre. Comme lui.

Je crache par terre. Il me répugne. Je jure sur mon chien qu'il va payer.

Une voiture s'arrête un peu plus loin et homme sort. La Rose sourit, chacun sa technique. Je m'arrête ici alors qu'Alys rejoins son énième prince charmant.

Moi aussi il faut que je trouve une stupide voiture pour mon "paquet". Je continu de marcher, m'éloignant des cops.

Une voiture ralentit et son conducteur me siffle. Je déteste les mecs. L'adorable passager ne trouve rien de mieux de me détailler, s'arrêtant longuement sur ma poitrine avant de me sourire.

- Smile babe ! T'as pas le droit de faire cette tête alors que t'as ce corps là !

Je vais le buter. Je mets ma main à ma ceinture, prête à sortir l'une de mes armes. Non, la Rose à préciser qu'on faisait à sa manière. Elle m'a sortie de ce trou à rats, je lui doit bien ça. Je prends une grande respiration avant de leur sourire et de m'accouder à leur portière.

Quelques mensonges plus tard et une fois ma main passée discrètement derrière le siège pour déposer l'uniforme d'une couleur dégueulasse, je m'excuse de la voie la plus suaves possibles au près de ces deux imbéciles sexistes prétextant que je dois retrouver une amie qui habite pas loin d'ici.

Ces petits cons se regardent avant de me proposer de monter. Je dois reconnaître que la proposition est tentante : je pourrais leur buter la gueule et voler la voiture. Soft, Alyssa a dit, soft.

Je leur offre mon plus beau sourire avant de leur annoncer qu'à mon plus grand regret ils ne vont pas dans la bonne direction. Sans leur laisser le temps de répondre je leur tourne le dos d'un mouvement magistral digne d'une diva avant de dandiner du cul pour m'éloigner.

La Rose serrait fière de moi, pour une fois. Elle qui qualifie ma méthode de sauvage et primitive...

Je traverse et attend ma complice à l'endroit prévue. D'après l'horloge de la radio de la voiture de ces deux macho, elle devrait arriver d'ici une ou deux minutes. Enfin,  si elle est à l'heure...

Une vingtaine de minute plus tard, une décapotable rouge s'arrête à mon niveau.

- Désolé pour le retard. Je me suis changé pour que ça colle mieux à mon rôle.

Elle a mis une robe noire extra-courte avec un décolleté immense. Je soupire alors qu'elle me tends un short trop court à mon goût.

- Rassure-moi, t'as pu t'épiler là-bas ? Enfile moi, ça et assis toi. Tu va mettre la chemise autour de ta taille. Je vais couvrir ton tatouage avec un peu de maquillage. Je vais t'apprendre ma technique, celle digne d'une femme.

- On a pas le temps de jouer.

Alys a toujours eu ce côté "grande sœur" avec moi. Faut dire que c'est elle qui m'a lancé dans le métier. J'avais seulement 5 ans quand j'ai volé mon premier truc avec elle. Pour mon premier meurtre faut attendre mes 10 ans. Elle m'a coaché les bases et grandir avec des chiens à fait le reste.

- Au contraire, ils s'attendent à ce que tu te rue vers les frontières, plus le temps avancent, plus ils en ont marre de fouiller les voitures. Maintenant tu la ferme et tu fais ce que je te dis. Je suis venue te chercher, c'est pas pour être coincé ici. C'est toi qui aura le rôle de la pouffiasse en perdition. Tu dois avoir l'air faible et affolée. Moi je serais la petite meuf timide, le bonus. Il faut qu'il est envie de toi, que pour lui tu sois le cadeau qu'il aura en fin de journée.

Je grimace. C'est d'un ennui mortel. Je ne dis rien, je n'ai jamais fuit. Moi je chasse, je ne suis pas la proie. Elle par contre à l'habitude de ce genre de mission, en mode excitation.

-Tu lui dit que la voiture à un problème et blabla, le but c'est qu'il baisse sa garde. Tu le noie sous les compliments, c'est le héro qui nous sauve, il est hyper doué, musclé et adorable. Tu lui donne ce numéro, ...

Elle me tandis un bout de papier

- ... et un point de rendez-vous dans le Missouri pour après sa journée. Au moment de partir un petit clin d'œil peut faire toute la différence. J'y enverrai l'une de mes filles, elle s'en occupera.