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XIII - La mauvaise personne



Durant la semaine qui suivit, Sundar et Sabrina flirtèrent discrètement. Ils se souriaient, s'arrangeaient pour être proches l'un de l'autre quand ils se trouvaient dans le même groupe, mais ne tentèrent pas de s'isoler. Ils commencèrent cependant à échanger des messages le soir, de plus en plus nombreux. Le vendredi, ils prirent rendez-vous pour le lendemain. Sundar laissa Sabrina choisir le film et l'horaire. Elle avait proposé un titre qui promettait des superhéros et beaucoup d'action.

— Tu as aimé ? demanda-t-elle alors qu'ils sortaient de la séance.

— Plutôt ! Et toi ?

— Pas mal.

Elle avait l'air tellement peu convaincue qu'il se mit à rire.

— La prochaine fois, on ira voir quelque chose qui te plaît, proposa-t-il, touché qu'elle ait fait son choix en fonction de ses goûts à lui.

Elle rougit un peu et sourit. Considérant qu'ils s'étaient tous les deux manifesté leur intérêt mutuel, il lui prit la main, ce qu'elle sembla apprécier. Ils se promenèrent dans le quartier, puis il la raccompagna chez elle. Ils s'embrassèrent pour se dire au revoir et Sundar considéra que, pour un premier rendez-vous amoureux, il ne se débrouillait pas trop mal.

Le lendemain, Sabrina vint chez Sundar pour travailler avec lui. Il avait rangé la chambre qu'il partageait avec Arun, son petit frère, pour qu'ils puissent être à l'aise. Sabrina dit timidement bonjour à ses parents, quand il la présenta, et ils s'apprêtèrent à faire leurs devoirs. Arun fit alors un caprice, refusant de leur laisser la chambre, prétendant jouer à leurs côtés. Heureusement, la mère de Sundar intervint, ordonna à son plus jeune fils d'aller dans le salon et ferma la porte sur les deux adolescents.

Sabrina fut manifestement gênée d'être la cause de tout ce remue-ménage, mais satisfaite de l'arrangement. Ils firent le devoir qu'ils avaient prévu de composer ensemble, puis s'assirent côte à côte sur le lit de Sundar, pour discuter et se bécoter un peu.

— Qu'est-ce que tu aimes lire ? la questionna-t-il.

— Des romans policiers, confia-t-elle.

— Parce que ton père est agent de police ?

Elle gigota comme si la question la mettait mal à l'aise.

— Tu trouves ça bête ? s'inquiéta-t-elle.

— Pas du tout. C'est normal de s'intéresser à ce que font nos parents.

— Mon père n'enquête pas, précisa-t-elle, mais j'aime bien tenter de deviner qui est le coupable et ce qui se cache derrière le crime.

— Moi, je préfère la science-fiction, mais il y a des livres où on a les deux. Tiens, dit-il en allant prendre un volume dans sa petite bibliothèque, une enquête policière dans une station spatiale, tu crois que ça te plairait ?

— Pourquoi pas ?

Ils continuèrent à chercher ce qu'ils pourraient partager comme livres ou séries. Avant de partir, Sabrina dit à Sundar :

— J'aimerais en parler avec Chloé, avant que tout le monde sache qu'on sort ensemble.

— Elle s'en rendra vite compte, fit-il remarquer.

— Je sais bien, fit Sabrina un peu gênée. C'est... on est amies depuis des années, elle le prendrait mal si elle n'était pas la première à l'apprendre, c'est tout.

— Eh bien, envoie-lui un message et ce sera fait, proposa Sundar.

— Je ne peux pas faire ça.

— Pourquoi ?

— Elle le prendrait mal. Je dois le lui dire en face.

— Je ne comprends pas.

Sabrina ne répondit pas. Elle semblait vraiment contrariée par sa réponse. Sundar tenta de calmer le jeu.

— Bon, d'accord, j'ai rien dit ! Peut-être que c'est un truc entre filles qui me passe au-dessus. Tu me diras quand Sa Majesté t'aura donné le feu vert.

Il vit Sabrina baisser la tête. Il réalisa que sa tentative d'humour avait été prise au premier degré et qu'il l'avait blessée. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le front.

— Allez, t'en fais pas. Ce n'est pas grave. Parles-en à ta copine, ça me va.

Elle lui jeta un regard, comme pour vérifier qu'il était sincère. Il lui sourit et elle soupira de soulagement.

— Je fais ça au plus vite, lui promit-elle. Moi aussi j'ai envie de passer du temps avec toi au lycée.

-o-

Sundar ne comprenait pas vraiment pourquoi Sabrina avait à ce point besoin d'avoir une conversation avec Chloé. Sundar n'appréciait pas tellement Chloé. Elle n'était pas une personne très bienveillante. Elle regardait tout le monde de haut et semblait toujours se demander si son interlocuteur méritait une miette de son attention avant de lui répondre. Elle était une amie d'Adrien, semblait supporter les autres membres de son groupe, mais s'arrangeait toujours pour qu'on n'oublie pas qu'elle avait une vie et des fréquentations qui étaient hors de portée de la plupart des gens. Que se passerait-il si elle ne le considérait pas assez bien pour Sabrina ? Sa récente petite amie se passerait-elle de sa bénédiction ou le laisserait-elle tomber ?

Le lendemain, après une demi-journée où il ne fit qu'échanger des regards à travers la classe avec Sabrina, il profita d'un moment où il était seul avec Adrien pour lui dire :

— Sabrina et moi, on sort ensemble.

— Ah, j'avais bien l'impression que vous vous entendiez bien. Félicitations ! sourit Adrien.

— Merci. Je peux te demander un truc ?

— Si c'est pour savoir si ça me dérange, non, pas du tout.

— Et Chloé ? Parce que Sabrina ne veut pas qu'on se montre, tant qu'elle ne lui en a pas parlé.

— Ah, je vois.

— Tu m'expliques ?

— Eh bien, Chloé est assez, comment dire... Disons que Sabrina ne veut pas qu'elle ait l'impression de ne plus compter.

— Comment ça ? Elle croit que Sabrina lui tournerait le dos parce qu'elle sort avec moi ?

— Elle a besoin de compter aux yeux des autres.

— Ne me dis pas qu'elle a peur que je lui fasse de la concurrence. Elle nous fait régulièrement remarquer combien elle est au-dessus de nous.

— Il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce que raconte Chloé, soupira Adrien. Elle n'est pas aussi sûre d'elle qu'elle le prétend. Sabrina ne va pas lui demander le droit de sortir avec toi. Elle va la rassurer sur le fait que cela ne change rien entre elles.

— Ok, compris. Alors, pour que les choses soient claires : Adrien, je vais sortir avec Sabrina, mais ça ne change rien entre nous.

Adrien roula des yeux et les deux garçons explosèrent de rire.

— D'accord, reconnut Adrien quand ils se furent calmés, j'admets que ça puisse sembler bizarre.

— Tu l'as dit. Enfin, bon, je suppose qu'il faut prendre les gens comme ils sont.

— C'est le début de la sagesse.

-o-

Le lendemain, quand Adrien arriva dans la classe, il constata que sa place à côté de Sundar était prise : Sabrina y était installée. Elle eut un sourire gêné et demanda :

— Cela t'ennuie ?

Adrien répondit :

— Aucun problème, je vais me mettre avec Chloé.

Sabrina le remercia d'un hochement de tête et il alla s'installer près de son amie d'enfance.

— J'ai envie d'être seule, aujourd'hui, grogna celle-ci à son encontre, alors qu'il s'asseyait.

— Tu ne vas quand même pas m'abandonner dans les griffes de Lila, protesta-t-il en sortant sa trousse.

— C'est ton problème, pas le mien.

— Chloé, Sabrina a le droit d'avoir une vie sentimentale, tenta-t-il de la raisonner.

— Elle m'avait déjà, moi !

Adrien songea dans un premier temps que cette affirmation était une de ces remarques égocentriques dont Chloé avait le secret. Puis il vit sa bouche pincée et ses doigts crispés. Il se demanda s'il ne fallait pas y voir davantage qu'un caprice d'enfant trop gâtée. Il tourna sept fois sa langue dans sa bouche, avant d'énoncer :

— On ne choisit pas par qui on est attiré.

Chloé resta un moment silencieuse, avant de demander :

— Et ça t'est déjà arrivé d'être attiré par la mauvaise personne ?

— Ce n'est pas la mauvaise personne. Elle n'est pas intéressée, c'est tout. Et oui, ça m'est déjà arrivé.

Comme elle le regardait, tentant manifestement de deviner de qui il parlait, il prétendit rapidement :

— Cherche pas, tu ne la connais pas.

— Vraiment ? (Elle réfléchit.) Quelqu'un sur un plateau ou un podium ?

Il hocha la tête.

— Oh. Et comment tu as fait ? s'intéressa-t-elle.

— Que voulais-tu que je fasse ? Je suis passé à autre chose, c'est tout.

— À Kagami ?

— Par exemple, répondit-il.

Après coup, il réalisa que ce n'était pas flatteur pour sa petite amie. Il ne voulait pas que Chloé pense qu'il était avec elle par dépit, faute de mieux. Il appréciait vraiment le temps qu'il passait avec sa camarade d'escrime. Cependant, Kagami et lui n'étaient pas le sujet du jour.

— Chloé, ne rejette pas Sabrina, conseilla-t-il. Souviens-toi de ce qui s'est passé la dernière fois que tu l'as fait. Elle est vraiment attachée à toi et elle serait désolée de perdre ton amitié.

Chloé soupira avant de demander :

— C'est ce que tu as fait avec la personne qui t'a refusé ? Tu es resté ami avec elle ?

— Tout à fait. On collabore encore régulièrement sans problème. Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas amoureuse de moi que je dois cesser de la respecter et de l'apprécier.

— Et ce n'est pas trop dur ?

— Au début, ce n'est pas évident, reconnut-il. Et puis quand les choses se tassent, on est bien content de ne pas avoir foutu la relation en l'air. C'est important, les amis aussi. Plus qu'important : fondamental.

— Mhum fut la réponse de Chloé, alors que le professeur arrivait.

-o-

C'était la pause de midi. Sabrina lui avait proposé de rester avec Sundar et elle, mais Chloé n'avait pas voulu tenir la chandelle et avait préféré rester seule. Elle s'était isolée dans un couloir peu passant, dont une des baies vitrées donnait sur la cour. Là, personne ne viendrait la déranger.

Depuis sa conversation avec Sabrina, Chloé se sentait mal. Quelque chose d'important lui avait été pris et elle avait conscience que tout l'argent de son père ne pourrait pas le lui redonner. Elle avait eu des mots durs pour Sabrina, qui s'était excusée, mais qui ne l'en avait pas moins abandonnée. Une douleur avait transpercé Chloé et cela l'avait mise en colère. Que lui importait, finalement, le coup de cœur de Sabrina pour l'ami sans intérêt d'Adrien ? Si elle voulait fréquenter les moins-que-rien, grand bien lui fasse !

Adrien était venu à elle et avait mis des mots sur ce qu'elle ressentait. Cela l'avait un peu soulagée, mais pas beaucoup. Comprendre ce qui la rattachait à son amie était une bonne chose. Elle savait depuis longtemps qu'il y avait quelque chose de spécial à leur relation, sans pouvoir déterminer quoi. Cela lui faisait du bien de le savoir. Mais cela expliquait aussi pourquoi c'était à ce point douloureux.

Elle ne se sentait pas gênée d'être attirée par une autre fille. Elle aimait qui elle voulait et ne laisserait jamais personne le lui reprocher. Ce qui l'ennuyait, c'est de constater qu'elle avait donné son cœur à quelqu'un qui ne voulait pas d'elle. Et ça, c'était désagréable. Elle avait l'impression d'être vide et insignifiante. Elle détestait ça.

Elle savait cependant que Sabrina l'aimait, à sa manière. Elle avait dit et redit que sa relation avec Sundar ne changeait rien entre elles. Chloé savait que c'était vrai, dans un sens. Il y avait aussi l'attention et l'inquiétude dont Adrien l'entourait. C'était terriblement réconfortant. Ce qu'il avait dit sur les amis l'avait fait réfléchir.

Le problème, c'est qu'elle n'en avait pas tant que ça, d'amis. Parce qu'elle avait toujours pensé que Sabrina et Adrien lui suffiraient. Mais ils avaient grandi et ils avaient maintenant leurs affaires de cœur. Chloé ne passait qu'après. Cela lui fit mal de le réaliser.

Vers qui pourrait-elle se tourner ? Elle songea à Marinette, qui voulait tant être son amie. Chloé restait persuadée que c'était uniquement parce que leur inimitié constituait un échec dans son monde rose et gentil que Marinette voulait ce rapprochement. Chloé devait reconnaître que Marinette l'agaçait moins qu'auparavant. Qu'elle était plus posée et moins agaçante. Durant leurs réunions contre Lila, elle avait découvert une fille plus dure qu'elle ne l'imaginait, moins gentille, avec un petit côté implacable qui lui avait bien plu. Elle était remontée dans son estime. Mais cela n'en faisait pas pour autant une amie. Que partageaient-elles ? Avaient-elles quoi que ce soit en commun ?

Elle en était là dans ses réflexions, quand elle entendit la voix mielleuse de Lila s'élever derrière elle :

— Ma pauvre, qui aurait cru que Sabrina te préférerait cet idiot mal embouché ?

Alors que l'autre continuait à faire semblant de s'apitoyer sur son sort, Chloé ressentit une colère terrible. Voilà ce que Sabrina avait fait : elle l'avait ridiculisée aux yeux de leur ennemie. La fausse pitié de Lila la mortifiait profondément. Elle ne savait plus, à cet instant, qui elle haïssait le plus entre la peste affabulatrice et celle qui avait prétendu l'aimer pour toujours.

Elle ne vit pas le papillon violet arriver. Elle ne le sentit que trop tard s'insérer dans le badge qu'elle avait piqué sur son sac de classe – un cadeau de Sabrina.

— Solitaire, je suis le Papillon. Je te donne le pouvoir de faire connaître la souffrance de la solitude à ceux qui t'ont rejetée. En échange...

En un instant, Chloé ressentit des sentiments multiples : soulagement d'être comprise, reconnaissance de l'aide proposée, angoisse de révéler qu'elle était porteuse d'un Miraculous et de devoir le rendre à Ladybug, rage à l'idée d'en être réduite à se réjouir de l'aide du Papillon. Elle puisa dans ses réserves de fierté et lui coupa la parole :

— Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas de tes pouvoirs. À chaque fois que j'ai compté sur toi, j'ai tout perdu. Qu'est-ce qui te fait croire que j'ai envie de recommencer ? Dégage !

Chloé sentit sa haine pour Lila et Sabrina croître et fut sur le point de céder : même si elle était vaincue, elle pourrait les effrayer un moment et ce serait déjà réconfortant. Puis elle songea à Chat Noir, qui la guidait et l'encourageait dans son rôle d'héroïne. Elle se souvint de la fierté qu'elle éprouvait à chaque fois qu'elle lisait l'approbation dans les yeux de Ladybug, suite à un combat bien mené. Elle trouva la force de repousser ses rêves de vengeance. Ou plus exactement d'en changer la cible.

— C'est toi que je veux voir vaincu et implorant, dit-elle au Papillon en arrachant le badge noirci de son sac et le jetant au sol, aux pieds de Lila.

Alors que Chloé ressentait la fureur du Papillon contre elle, elle vit Lila éclater de rire.

— Tu es vraiment devenue pitoyable, Chloé ! Papillon, si tu cherches quelqu'un pour t'aider, j'accepte bien volontiers !

Lila ramassa le badge et se l'épingla à la poitrine. Chloé recula, cherchant mentalement l'endroit discret le plus proche pour se transformer. Alors qu'elle s'éloignait à toutes jambes, elle entendit le rire moqueur de son ennemie et serra les poings. On allait bien voir qui allait rire la dernière !

-o-

Marinette remontait de la cour où elle avait parlé à une élève qui avait un problème administratif pour rejoindre sa classe où l'attendait Alya. Désirant relire son cahier avant la fin de la pause – une interrogation écrite était prévue pour la première heure de l'après-midi, elle avait pris un chemin un peu plus long, qui la faisait passer par un couloir peu fréquenté. Elle éviterait ainsi la cohue des retours en classe. Au détour d'un couloir, elle se trouva face à une silhouette pourvue d'une paire d'ailes, qui tenait un arc à la main. L'akumatisée, car il était évident que cela ne pouvait être qu'une nouvelle victime du Papillon, était vêtue d'une toge d'un vert criard, parsemée de cœurs roses. Les deux couleurs juraient entre elles. Les yeux de cette créature, eux, exprimaient une malignité dérangeante.

— Cette chère Marinette, comme on se retrouve ! Je suis Cœur-perdu. Je cherchais Chloé, mais je me contenterai de toi pour commencer, s'exclama la mauvaise caricature d'Éros. Que dirais-tu de tâter des douleurs de la passion ?

Elle encocha une flèche et l'envoya en direction de Marinette. Celle-ci sauta vivement en arrière pour l'éviter en criant à l'attention des quelques élèves des alentours :

— Alerte akuma ! Cachez-vous !

— Je me fiche des autres, c'est toi que je veux ! fit savoir Cœur-perdu. Allez, attrape ça !

Une nouvelle volée de flèches partit en direction de Marinette, qui se mit à courir en zigzag pour les éviter. Soudain, elle sentit un choc et tomba à la renverse. Une personne s'abattit sur elle. Elle reconnut Méli-Mélo qui se releva vivement. Elle avait été touchée, cependant, prenant une flèche à la place de Marinette. La fine baguette s'était plantée dans son bras, qui paraissait désormais immobilisé.

— Sauve-toi ! fit l'héroïne.

Marinette ne demandait pas mieux, mais elle se trouvait désormais tout au bout du bâtiment, dans un cul-de-sac. Il y avait bien la porte d'une classe à proximité, mais des élèves s'y trouvaient déjà et elle ne pourrait pas s'y transformer. Pour fuir, il fallait qu'elle passe devant Méli-Mélo et Cœur-perdu.

La porteuse du Singe était désormais la principale cible de l'akumatisée.

— Tu ne vas pas me casser les pieds longtemps, espèce de guenon, criait Cœur-perdu en tirant sans relâche avec son arc.

Marinette nota que Méli-Mélo n'était pas en très bonne posture. Elle aussi se retrouvait coincée au bout du couloir, sans possibilité de se mettre à l'abri et un de ses bras était hors d'usage. Elle utilisait son bâton pour repousser les flèches, mais cela ne suffit pas. L'une d'elles se planta dans sa cuisse, et elle s'effondra quand sa jambe cessa de supporter son poids. Cœur-perdu en profita pour immobiliser son autre bras, puis son autre jambe. Elle reporta ensuite son attention vers Marinette, qui avait suivi la scène, atterrée. La jeune fille n'était pourtant pas restée inactive. Elle avait sorti son téléphone de son sac et avait composé le numéro d'Adrien :

— Alerte akuma au troisième étage, au bout de l'aile sud, souffla-t-elle. Empêche les autres de venir dans le coin.

Une flèche se planta dans sa main et fit tomber le téléphone, alors que tout son bras devenait gourd. Par réflexe, Marinette arracha la flèche... et réalisa que son membre reprenait vie. Cette découverte ne lui servit malheureusement pas à grand-chose. Dans les secondes qui suivirent, elle se retrouva à terre, les deux jambes atteintes. Avant d'avoir pu mettre à profit sa découverte, elle perdit l'usage de ses deux bras, et se trouva totalement impuissante.

Marinette vit Cœur-perdu s'approcher d'elle en ricanant. Chat Noir, dépêche-toi d'arriver, pitié ! songea-t-elle avec ferveur.

— Je suis certaine qu'une gourde comme toi a trouvé moyen de s'amouracher de la mauvaise personne, supposa Cœur-perdu avec délectation.

Elle sortit de sa poche un vaporisateur et expliqua :

— Tu vas adorer ce parfum de ma composition. Il s'appelle Réminiscence nostalgique. Tu vas te souvenir de ton pire chagrin d'amour et nous raconter ça. Cela nous occupera le temps que Chat Noir et Ladybug arrivent.

Marinette se tortilla pour s'éloigner de sa tourmenteuse. Elle songea avec horreur aux conséquences si elle parlait : les élèves qui se terraient dans la classe d'à côté allaient tout entendre et Adrien.... Chat Noir, ne viens pas, pitié !

Marinette retint précipitamment sa respiration alors que les gouttelettes, pulvérisées en sa direction, se déposaient sur son visage. À ce moment, Cœur-perdu se trouva violemment expulsée sur le côté et Chat Noir emplit son champ de vision.

— Marinette, tu vas bien ? demanda-t-il d'un ton anxieux.

Celle-ci, n'osant respirer les restes de liquide qu'elle sentait encore sur ses joues, ne répondit pas, désignant du menton la fenêtre pour qu'il l'ouvre. Le héros ne perdit pas de temps : d'un coup de bâton, il fit voler le verre en éclat, faisant entrer un flot d'air frais. La jeune fille inspira une grande goulée. Cependant, des effluves de l'élixir étaient restés en suspension et Marinette ne put s'empêcher de confesser :

— Je l'aimais tellement !

Horrifiée à l'idée d'en dire davantage, Marinette se mordit violemment les lèvres.

— Cette personne a beaucoup de chance ! dit gentiment Chat Noir. Tu peux te lever ?

— Les flèches. Retire-les, vite !

Chat Noir n'eut le temps de rendre sa mobilité qu'à un seul des bras de Marinette. Déjà, Cœur-perdu revenait à l'attaque. Alors que le héros et l'akumatisée s'affrontaient, la jeune fille termina de se libérer toute seule, avant de se précipiter vers Méli-Mélo et la délivrer à son tour.

Cette dernière, sans un remerciement, se dépêcha de rejoindre le combat. De son côté, Marinette s'éloigna rapidement. Heureusement, l'alerte ayant été donnée, les alentours avaient été évacués et les endroits discrets ne manquaient pas. Très vite, Ladybug rejoignit ses coéquipiers. Ils n'avaient pas perdu de temps. À eux deux, ils avaient réussi à désarmer leur adversaire, qui était beaucoup moins dangereuse sans son arc.

— L'akuma est dans le badge, l'amok dans un vaporisateur qui est dans sa poche, lui indiqua Chat Noir à son arrivée.

— Compris. Chat, par la droite, Méli par la gauche.

Alors que Cœur-perdu tentait de repousser ses deux adversaires, le yoyo de Ladybug s'enroula autour de ses jambes. Il ne fallut que peu de temps aux héros pour récupérer les deux items maléfiques et les purifier.

— Tu en as mis un temps à venir, protesta Méli-Mélo alors que Ladybug s'apprêtait à invoquer son Lucky Charm.

— Je n'étais pas à côté, se défendit la Coccinelle.

— On a gagné, c'est ce qui compte, temporisa Chat Noir.

Ladybug rendit son apparence à Lila, mais aucun des héros ne vint la réconforter. Ils se félicitèrent de leur victoire et repartirent dans des directions différentes.

-o-

Une heure plus tard, alors que Marinette sortait de son interrogation d'anglais, elle vit qu'Adrien l'attendait dans le couloir.

— Tu te sens bien ? demanda-t-il. On m'a dit que l'akumatisée s'en était prise à toi.

— Ah bon ? s'étonna Alya.

— Désolée, Alya, l'interro commençait, je n'ai pas eu le temps de te raconter, se justifia Marinette. Et puis, ce n'était pas grand-chose : j'ai été immobilisée, mais ce n'était pas douloureux. Chat Noir est rapidement arrivé à la rescousse et m'a délivrée.

— Tu as été sauvée par ton héros ! fit mine de s'extasier Alya. Comme c'est romantique ! Qui sait si tu ne lui as pas tapé dans l'œil ? Peut-être qu'il va venir miauler sous tes fenêtres, ce soir.

— Ce brave garçon sauve trois personnes par mois, opposa Marinette. Même s'il a un cœur d'artichaut, il ne développe sans doute pas un intérêt romantique pour chacune d'elles.

— Comment ça, un cœur d'artichaut ! s'indigna Adrien avant de se reprendre. Vous croyez ? fit-il semblant de se demander.

— En tout cas, il est très populaire, affirma Marinette. Il doit avoir autant de fans que toi !

— Possible, reconnut Adrien avec un sourire amusé.

— Certaines ont des mugs de Chat Noir sur leur bureau, fit remarquer Alya avec un regard insistant vers Marinette, et d'autres des posters d'Adrien Agreste au-dessus de leur lit. Certaines ont même les deux, si ça se trouve, ajouta malicieusement la blogueuse.

— Pourquoi choisir ? interrogea Marinette sur le ton de la plaisanterie. Bon, on a gym, on va être en retard. À plus tard, Adrien !

-o-

Marinette et Alya rejoignirent Adrien, Sundar, Sabrina et Chloé quand ils sortirent du lycée.

— Quelqu'un sait pourquoi Lila a été akumatisée ? demanda Marinette.

Adrien et Sundar secouèrent négativement la tête.

— J'étais avec elle, expliqua Chloé. L'akuma était venu pour moi. Je n'en ai pas voulu.

Sundar la regarda avec stupéfaction. Il ne savait pas qu'on pouvait repousser un akuma. Il n'avait pas eu l'impression que c'était une option quand il avait été attaqué.

— C'est possible de résister ? s'étonna Alya. Je n'en ai jamais entendu parler.

— C'est la seconde fois que je le fais, affirma Chloé d'un ton qui la défiait de la traiter de menteuse.

— T'es trop forte, Chloé ! s'exclama Adrien, mettant fin à toute tentative de remise en cause.

— Très bien joué, ajouta Marinette, qui ne semblait pas douter non plus de la véracité des propos.

Le compliment fit manifestement plaisir à Chloé, qui se rengorgea.

— Lila s'est proposée à ma place, continua-t-elle. Ça lui plaît bien, à cette garce, de se faire utiliser par le Papillon !

— Tu vois, Sabrina, commenta Adrien, il ne fallait pas te biler l'autre fois pour avoir été la cause de l'akumatisation de Lila. Elle coopère avec le Papillon dès qu'elle en a l'occasion.

— Mais comment fait-on pour repousser un akuma ? interrogea Sundar, qui voulait se tenir prêt s'il était attaqué une seconde fois.

Chloé haussa les épaules.

— Il te propose ce dont tu as le plus envie. À toi de décider si tu veux obtenir les choses par toi-même ou si tu acceptes d'obéir à un malade pour les avoir.

— Sans compter que ses victimes n'obtiennent pas grand-chose, au final, souligna Marinette.

— Mais comment penser à tout ça quand on est empli de rage ou de déception ? s'inquiéta Sabrina.

— Retourne tes sentiments contre lui. Il est tellement imbu de lui-même qu'il n'est pas compliqué de le détester et de l'envoyer balader. Ce n'est pas si compliqué dans le fond, conclut Chloé.

— Eh, si tu laisses entendre que c'est facile, on va moins t'admirer, plaisanta Adrien. Laisse-nous faire comme si on avait une des héroïnes de Paris parmi nous ! Trop la classe !

Chloé parut encore plus fière et Marinette regarda Adrien en secouant la tête, comme si elle n'arrivait pas à croire qu'il puisse comparer Chloé à Ladybug ou Méli-Mélo.

— Je ne sais pas si je serais davantage excitée ou vexée si je découvrais les héros de Paris dans mon proche entourage proche, fit rêveusement Alya.

— Ce n'est pas comme si ça risquait d'arriver ! remarqua Chloé d'un ton moqueur.

— Ce doit être douloureux pour les héros de Paris de cacher la vérité à leurs amis, fit doucement Marinette. C'est triste de devoir trahir la confiance de ceux qu'on aime.

Chloé haussa les épaules et Adrien couvrit Marinette d'un regard bienveillant :

— C'est parce que tu penses de cette manière qu'on t'apprécie, Marinette. Mais je suis certain que, s'il le fallait, toi aussi tu saurais t'endurcir pour faire ton devoir.

-o-

Le mois de mai offrit, comme souvent, une semaine dont le climat s'apparentait au plein été. Avec enthousiasme, les Parisiens sortirent leurs robes et pantalons légers, oubliant momentanément pulls et manteau. Le beau temps s'étant maintenu jusqu'au week-end, Juleka invita tous ses amis à venir pique-niquer et passer une après-midi sur Le Liberté. Marinette accepta, autant pour le plaisir de passer du temps en plein air avec ses camarades, qu'avec l'espoir de revoir Luka. Elle ne l'avait pas recroisé depuis qu'elle avait repoussé sa proposition (et, accessoirement, reçu le baiser le plus sensuel de sa vie).

Elle joua un moment avec la possibilité de sortir avec lui – s'il était toujours intéressé, bien entendu. L'année écoulée avait été pour elle beaucoup plus sereine que la précédente. Finis les émois amoureux. Elle avait réussi à décourager sans peine ceux qui avaient tenté de flirter avec elle. Sa relation avec Adrien la satisfaisait pleinement. Ils se voyaient presque tous les jours, avaient de nombreuses activités en commun et chaque moment partagé était agréable, dépourvu de toute gêne ou d'ambiguïté. Son groupe de héros s'entendait bien – ce qu'elle n'aurait jamais imaginé avec une recrue telle que Chloé – et elle avait pris de l'assurance dans son rôle de cheffe de bande et de gardienne.

Elle se sentait, désormais, suffisamment mature et en paix avec elle-même, pour avoir une relation sentimentale. Surtout avec un garçon aussi séduisant que Luka (et qui embrassait aussi bien). Elle tenta de se représenter ce que cela donnerait.

Sans doute de très bons moments, conclut-elle. Des discussions paisibles, des attentions charmantes, de la musique, du respect, de la complicité. Et des baisers délicieux (elle reconnaissait faire une petite fixation dessus). Elle se surprit à sourire, les joues toutes roses.

Puis elle soupira. Dans cette représentation idyllique, elle avait oublié les départs précipités, les mensonges, la dissimulation. Elle avait omis la responsabilité écrasante et l'emploi du temps compliqué. Elle avait laissé de côté la culpabilité qu'elle ressentait à brouiller les pistes, quand Alya approchait trop près de la vérité, ou quand elle lisait la déception dans les yeux de ses parents après un de ses retards ou prétendus oublis.

Non, elle ne se sentait pas prête à ajouter une complication dans sa vie, aussi agréable que cela aurait pu être. D'ailleurs, si elle se sentait prête à renoncer aussi facilement à Luka (malgré ses baisers enchanteurs), c'est bien qu'elle n'était pas amoureuse de lui, seulement attirée physiquement. Dans d'autres circonstances (s'il avait été moins amoureux, si elle avait été plus disponible), elle aurait pu céder à cet attrait. En l'occurrence, les circonstances ne s'y prêtaient pas. C'était bien dommage, mais ce n'était pas dramatique. Elle pouvait le supporter.

-o-

Luka avait vivement approuvé les invitations lancées par sa sœur. Elle lui avait demandé si cela ne le gênait pas qu'elle fasse venir Marinette. Il lui avait dit qu'il serait heureux de la revoir et c'était la vérité. De ce qu'il avait saisi des conversations entre Rose et Juleka, il savait qu'elle n'avait pas de petit ami et qu'elle semblait totalement guérie de sa passion malheureuse pour Adrien. Ce dernier point lui avait fait plaisir. Non qu'il aurait été incapable de se réjouir pour elle si elle avait trouvé le bonheur. Il n'était pas aussi mesquin (il l'espérait, du moins). Par contre, il aurait été déçu d'apprendre qu'elle lui avait menti en prétendant ne pas l'avoir repoussé pour Adrien. Il ne voulait pas ce genre de mensonge entre eux, même énoncé avec la meilleure intention.

C'est donc avec un plaisir non feint qu'il la vit embarquer sur la péniche. Quand elle le repéra, elle eut un sourire heureux et vint à lui. Ils se firent la bise et se regardèrent, ravis de se revoir.

— Ça fait longtemps, regretta-t-il.

— C'est vrai, convint-elle. Dis-moi ce que tu deviens.

Ils discutèrent un moment. Il lui parla de son année de terminale qui se touchait à sa fin, des épreuves du baccalauréat qu'il était en train de préparer. Elle lui demanda ce qu'il avait prévu pour plus tard et il évoqua un futur stage chez un luthier.

— Je te vois bien là-dedans, estima-t-elle.

— Et toi, toujours le stylisme, à ce que je vois, répondit-il en examinant la charmante robe dans laquelle elle était venue.

Elle rosit un peu.

— Cela se voit tant que ça que ce n'est pas professionnel ? fit-elle semblant de s'offusquer.

— Tu sais bien que non. Je reconnais ton style, c'est tout.

Ils continuèrent à parler, pendant que les autres invités montaient sur le pont et les saluaient au passage. Marinette paraissait en pleine forme, bien plus épanouie que l'année précédente. Elle était plus posée, visiblement en paix avec elle-même. Elle salua avec la même chaleur ses amis, Alya et Nino, et le couple Adrien et Kagami, qui arriva peu après.

Au cours des heures qui suivirent, Luka put observer la manière dont Marinette interagissait avec Adrien. C'était une relation clairement amicale. Il ne vit aucune gêne ni élan réprimé, dans le langage corporel de son amie alors qu'elle parlait avec celui dont elle avait été follement amoureuse.

Cependant, alors que l'après-midi avançait, Luka repéra une dissonance qu'il mit un moment à identifier. Enfin, il comprit. Ce n'était pas chez Marinette que se trouvait l'anomalie, mais chez Adrien. Vis-à-vis de sa petite amie, il n'avait cessé d'être attentionné et affectueux : il s'était levé pour lui chercher à boire ou à manger, lui tenait la main ou la taille, vérifiait qu'elle était bien installée. Mais au fur et à mesure que les heures s'écoulaient, Adrien passait de plus en plus de temps dans les groupes où se tenait Marinette. Ils parlaient ensemble, sans exclure les autres, mais sans jamais se séparer. L'attitude de Marinette ne changeait pas. Par contre, si Adrien restait physiquement proche de Kagami, son intérêt était de plus en plus absorbé par la brunette avec qui il plaisantait et riait.

Le regard préoccupé de Kagami fit comprendre à Luka qu'il n'était pas le seul à s'en rendre compte et à en tirer la conclusion qui s'imposait : tout en étant encore attaché à sa petite amie, Adrien était inconsciemment attiré par Marinette.

Luka se demanda ce qui allait se passer, quand Marinette s'en rendrait compte à son tour.

-o-

Voilà le chapitre. Désolée, je n'ai pas eu le temps de répondre aux commentaires. Je ferai de mon mieux d'ici la prochaine fois, mais je ne promets rien, je suis entre deux conventions.
Dans le prochain chapitre, on conseillera à quelqu'un de Laisser place à son instinct.

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